720e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Racontez l’histoire de la petite souris qui avait peur des oreillers.
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Racontez l’histoire de la petite souris qui avait peur des oreillers.
Une petite souris qui aime manger du fromage.
N’importe lequel et de n’importe quel pays, pourvu qu’il soit bon.
Ainsi, elle allait souvent de maison en maison, en essayant de ne pas trop se faire voir, et en grignotant ici et là de petits morceaux de fromage.
Elle faisait cela depuis de longues années.
Un matin d’automne, elle pénétra à petits pas dans un bel appartement parisien et ce qu’elle vit lui remémora des choses pas belles du passé.
» C’était l’époque où avec papa souris elle faisait la tournée des popotes, pour apporter quelques pièces d’or aux chaumières de son village et des villages avoisinants.
Une fois son papa entra dans une chambre à coucher et ne ressortit pas.
Elle alla voir et fut bouleversé.
Son papa était en train d’être avalé par trois énormes oreillers. Elle ne put rien faire pour le sauver. Elle s’en alla en disant que jamais plus elle regarderait de près un sale oreiller « .
Dans cet appartement où elle venait d’entrer, justement elle vit plusieurs oreillers, étrangement dans presque toutes les pièces.
Elle s’affola, eut très peur, et repartit à l’allure d’un tgv roulant en pleine campagne.
Elle descendit les escaliers de l’immeuble, complètement paniquée, à l’idée d’avoir revu ces satanés oreillers.
Dans la rue, elle allait très vite, se disant qu’elle l’avait échappé belle. Qu’elle aurait pu connaître le sort de son père.
Et là, grâce peut-être à un signe du destin, elle rencontra un ami de toujours, le dénommé Topinambour.
– Pardi dit-il en voyant petite souris, que fais-tu dans ce quartier ?
Il avait bien vu qu’elle était fortement agitée.
– Allez viens, reprit-il allons prendre un verre de rhum quelque part. Ça te changera les idées !
Voilà comment petite souris, en voyant son cher et joyeux ami Topinambour, elle oublia la scène qu’elle avait vécu.
Grand lecteur d’Alexandre Dumas, il lui raconta plusieurs histoires de mousquetaires.
Et des fois, lorsque petite souris visite d’autres maisons, à la recherche de succulents fromages, elle répète, avec une petite voix et presque sans s’en rendre compte cette petite devise (qu’elle a dû apprendre quelque part, et que peut-être elle déforme un peu) :
» Ma vie au Brie, mon coeur au Skieur et mon âme à l’Edam « .
Sa maman lui avait dit :
« Maintenant, tu es assez grande pour passer ton permis de faire pondre les dents des enfants».
Alors elle avait appris les règles à respecter, les panneaux à consulter, les alarmes à désactiver. Le papier bleu lui avait été délivré sous réserve d’une première expérience pratique réussie. Cela tombait bien, Lucas venait de tirer assez fort sur sa dent pour qu’elle s’extraie de sa gencive en sang.
Depuis quelques jours, Petite souris avait exploré les lieux, pressentant l’imminence de la chute. Ses incursions dans la chambre de Lucas l’avaient terrorisée. Elle avait assisté à une violente bataille d’oreillers entre Lucas et son copain Mathis. Un oreiller pouvait donc être une arme de destruction massive se disait-elle. Il lui fallait trouver un stratagème pour faire pondre la dent sans avoir à se glisser sous cet oreiller de malheur. Elle avait bien envisagé de déposer son présent sur la table de nuit ou dans la poche du pantalon. Mais les règles du permis étaient claires : il fallait impérativement glisser la surprise sous l’oreiller et de surcroît sans réveiller l’enfant.
Après maintes idées vite abandonnées, une lumière s’alluma dans sa tête de petite souris. Elle s’arma d’une canne à pêche, de quelques briques de Lego et d’une cuillère en bois. Il lui fallait faire levier pour soulever l’oreiller et glisser la récompense en dessous. La manœuvre était délicate mais pas impossible.
Malheureusement Petite souris rata son coup, Lucas se réveilla en hurlant et raconta à ses parents l’attaque de cuillère qu’il avait subie. Petite souris a été recalée au permis et a été affectée aux courses dans les placards de la cuisine. Tâche moins noble mais autrement moins dangereuse… et pas besoin de permis !
Elle est bien mignonne avec sa petite frimousse toute ronde. Ses oreilles, toujours aux aguets, font comme un petit diadème. Cela lui donne l’air d’une petite fée bienveillante et cette allure lui va bien. En effet dans sa tribu elle est chargée d’honorer les dents de lait des enfants de la famille-hôte où elle et les siens ont élu domicile,
Avec sa petite truffe rose, posée à l’extrémité de son museau, elle détecte la nécessité d’intervenir. Chaque fois qu’une dent de lait tombe il y a dans la maisonnée, pas vraiment une odeur, mais une atmosphère qu’elle renifle.
« C’est exact . Ce mélange d’excitation liée à la circonstance et de je ne sais quoi procure une vrai sensation bien perceptible à mes narines,
Cette famille-hôte me donne beaucoup de travail. Les jeunes enfants sont plusieurs et les parents sont très attachés à la tradition de « la nuit de la dent de lait ». Il faut donc à chaque fois se glisser sous l’oreiller pour échanger la dent contre le petit cadeau marquant l’événement,
Je suis fière de rendre ce service mais n’en suis pas moins effrayée de devoir me glisser sous… Enfin sous… Vous comprenez… ? Oui quoi ! Sous l’oreiller ! Ce n’est pas le risque de me tromper de destinataire, pas non plus l’obscurité mais les oreillers de ces jeunes sont peuplés de créatures dont il advint de se méfier,
L’autre jour je me suis trouvé face à Obélix s’apprêtant à jeter un menhir. Hé, si il loupe son coup ? Un menhir, une petite souris, je vous dit pas le résultat ! Plus tard je me suis retrouvé face à San Goku* . Les boules de feu qu’il lance sont passées si proche de moi qu’il a failli me roussir les moustaches
Au fil des générations ma lignée familiale a développé une expertise inégalée entre oreillers et dents de lait. A l’époque les oreillers changeaient de couleur, on passaient de l’uni aux rayures puis aux carreaux. On savait à qui l’on avait à faire ; maintenant !
Une autre fois, sous un oreiller c’est Ran-tan-plan qui a voulu sauter dans mes bras ; ou plutôt dans les pattes. Naturellement il s’est loupé, s’est aplatit violemment sur le parquet au risque de réveiller l’enfant et de faire échouer ma mission. Lors d’une autre occasion c’est Flash McQueen* qui a déboulé à toute allure. Il s’en est fallut de peu que je sois écrasée, à défaut d’être ratibouillée,
Enfin, çà c’était avant. Avant que je rencontre la reine des neiges. Bien qu’elle ait failli me transformer en glaçon pour l’éternité nous avons discuté un bon moment. Nous avons fait le tour des oreillers des chambres et m’a fait la présentations de tous ces héros. Ils sont devenus mes potes. Cela n’exclue pas les surprises, mais maintenant cela va beaucoup mieux.
Quand j’aurais fini ma mission, quand j’aurais honoré toutes les dents de lait de la famille, j’irais directement à Angoulême et je ferai connaissance avec plein de nouveaux ‘‘potes’’ »
La petite souris ne dormait que d’un œil. Il faut dire qu’elle avait peur des oreillers. Elle savait qu’on ne pouvait pas se reposer sur eux : dès qu’il y avait un problème, ils essayaient d’étouffer l’affaire. Elle préférait s’en remettre à son ami, Paul Hochon qui lui affirmait qu’il était prêt à se lancer dans la bataille si nécessaire, dans un souci de justice et pour éviter que chacun tire la couverture à soi. Il faut dire que, disposant d’un bon matelas, il avait le moyen de ses ambitions…
– Il était une fois une petite souris qui avait peur des oreillers.
– Peur des oreillers ! Mais un oreiller, ce n’est pas méchant !
– Va savoir.
– Elle était oreillophobe, alors !
– Ca n’existe pas.
– Alors, ton histoire est une impasse.
– Non ! Tu dois trouver la suite.
– Mais, c’est ton histoire, c’est toi qui dois savoir.
– Pas forcément. Tu sais, les souris, c’est l’interaction qui les intéresse. Des fois, elles sont fatiguées, surtout quand elles doivent affronter les oreillers.
– C’est vrai que c’est gros un oreiller par rapport à une petite souris. Elle peut se sentir dépassée par les évènements. En même temps, la nuit, il ne se passe pas grand chose.
– Ca, c »est ce que tu penses. Mais pour les souris, la nuit, c »est sans doute là où elles travaillent le plus.
– Tu veux dire, dans leurs rêves !
– Dans les tiens, surtout. Elles affrontent des géants. Les oreillers, c’est symbolique. Elles luttent contre eux pour rendre ton sommeil léger. Au matin, quand tu te réveilles, elles vaquent à de nouvelles occupations. Et tu peux affronter ta journée. Les géants ont disparu.
– Mais alors, d’où vient cette histoire où elle apporte des sous quand on perd une dent ?
– C’est un conte pour enfants. Quand ils grandissent, ils remplacent leurs dents par des nouvelles dents plus solides. La petite souris affronte l’oreiller pour subtiliser la dent perdue, elle l’échange contre une pièce pour rassurer l’enfant et l’aider à grandir.
– Ah d’accord !
– Et donc, plus on a les dents solides, et plus on peut gagner d’argent !
– En principe, oui, c’est ça !
– Et cette histoire de sans-dents ?
– Ca, c’est un détournement des contes de fées. Pour se moquer des pauvres !
– Mais ça sert à quoi de se moquer des pauvres ?
– A rien, sinon à les affaiblir un peu plus.
– Mais, c’est une idée de débile !
– Je ne te le fais pas dire.
A la cure thermale, Petite Souris travaille depuis des années à l’entretien et la distribution des oreillers offerts aux curistes qui séjournent sur place. Elle est, comme les autres employés saisonniers, souriante, attentive mais cet aspect rassurant, cache un profond mal-être. Petite Souris est d’une nature anxieuse. Elle n’aime pas du tout la tâche qui lui est dévolue. Ce statut de saisonnier la rend vulnérable à la moindre réclamation de l’un des curistes. Elle a conscience qu’à la porte de l’établissement, situé dans une vallée reculée, nombre de candidats aux postes souvent non qualifiés que les thermes proposent, attendent.
A longueur de journée, Petite Souris trie, compte, distribue, lave et repasse taies et oreillers. Le Centre des Thermes se fait, en effet, un devoir de diversifier les produits annexes aux soins, qui donneront une image de luxe aux clients soucieux de ce bien-être ponctuel. Ainsi, rendre possible le choix de l’oreiller fait partie de ces attentions qui rendront la nuit ou la sieste régénératrice.
La cure thermale est un monde particulier, qui rassemble des patients, transformés dès leur arrivée, en palmipède.
Dès la sortie du vestiaire, des troupeaux blancs, portant le sac thermal turquoise (réservé aux chaussures de ville, aux sous-vêtements et aux clés) rejoignent les locaux de soins.
C’est étrange de constater qu’en dépit d’un uniforme identique, les curistes ont des aspects assez diversifiés. Suivant la taille, le volume et la démarche, ces oiseaux sont plus ou moins courts vêtus, découvrant le poil aux pattes, le bronzage ou la peau glabre et pâle. La démarche est nonchalante ou tonique mais toujours, les pieds semblent plus écartés qu’en ville, sans doute afin d’assurer aux claquettes de plastique une stabilité sur le sol humide. Ce sont ces balancements de l’épais peignoir blanc qui donnent, un dandinement de canard, aux curistes. La ceinture en est resserrée, lâche ou dénouée. Quant au bonnet de bain ou à la charlotte, il confirme le ridicule de l’accoutrement qui se parfait de lunettes correctives. Hors des couloirs, les curistes ôtent le plumage et découvrent une anatomie qui, assez souvent, déborde du maillot de bain.
Ici, le bruit est très présent. Non pas celui des curistes qui s’expriment peu, d’autant qu’ils sont privés de leurs prothèses auditives dans cet univers mouillé, mais surtout, en raison du niveau sonore de l’eau pulsée employée. De son côté, le personnel appelle pour chaque soin le nom des curistes programmés dans la tranche horaire du moment et doivent souvent renouveler leurs appels enflant plus encore le vacarme.
Nos palmipèdes sortent de leur séance quotidienne abrutis mais prêts à revenir le lendemain, volontaires pour améliorer leurs capacités physiques grâce aux bienfaits de l’eau thermale.
C’est alors qu’ils vont trouver à la lingerie, local sans fenêtre et sans attrait, Petite Souris et les divins oreillers. A qui celui en épeautre ; écales de Sarrazin ; coton et millet ; duvet et plume ; crin ; coton et paille ; mousse ; noyau de cerise ; fibre polyester et bien sûr, antiacarien…
Petite Souris en fait des cauchemars. Elle se voit distribuer les produits confondant épeautre et sarrazin, noyau de cerise et crin… Chaque matin, elle se réveille harassée par ses terreurs nocturnes quel que soit l’oreiller qu’elle ait cherché à tester pour elle-même. Cet été, pour comble de motif d’anxiété, le bruit circule que les thermes ne rouvriront pas au prochain printemps. Si cela se concrétise, Petite Souris devra trouver un emploi qui l’obligera sans doute à partir vers une grande ville où son expérience actuelle ne pourra lui servir que, peut-être, dans l’hôtellerie.
Dans le village, le sac thermal turquoise des curistes les différencie des randonneurs et autres vététistes. Ceux-ci, un jour peut-être, abandonneront chaussures, bâton de marche, casque et destrier pour, à leur tour, fréquenter les thermes. Petite Souris aimerait bien, malgré tout, passer de l’autre côté du miroir et venir un jour exiger ce que réclament les patients pas toujours très patients.
Basil perdit sa première dent de lait un jour d’école, pendant la récréation. Comme elle bougeait depuis quelques temps, il savait que ça devait arriver et selon les recommandations parentales, il la retira rapidement de sa bouche. Il la montra à la maîtresse, qui lui suggéra de la laisser tremper dans son gobelet . En attendant…
C’est alors qu’un de ses petits camarades lui dit : « Il ne faut pas la perdre, si tu veux que la souris passe ! » La souris ? Basil ne comprenait pas. Alors les autres enfants lui expliquèrent : quand on perd une dent, on la met le soir sous son oreiller ; durant la nuit,une petite souris passe et elle met une pièce de monnaie à la place de la dent. Et certains énumérèrent toutes les pièces qu’ils avaient gagnées . Une véritable fortune !
La maîtresse ne fit aucun commentaire, mais elle donna à Basil une enveloppe où il glissa la minuscule dent, afin de pouvoir la ramener chez lui sans la perdre…
Le soir venu, il montra fièrement l’enveloppe à ses parents et leur annonça qu’il placerait la dent sous son oreiller, afin que la souris lui apporte une pièce. Papa et maman se regardèrent ; ils avaient l’air embarrassé. Plus tard, il les entendit discuter vivement dans la cuisine. Il lui sembla entendre : « Cette histoire de souris, qu’est-ce que ça m ‘agace ! »Mais bon, ils n’avaient pas émis d’avis défavorable en sa présence , aussi glissa-t-il la minuscule perle blanche sous son oreiller en se couchant. Quand Papa et Maman se retirèrent après l’histoire et le bisou, il guetta dans l’obscurité la venue de la souris . Mais aucun trottinement ne se fit entendre et il glissa dans le sommeil sans s’en apercevoir. Au matin, dès son réveil, il glissa la main sous l’oreiller . Consternation ! La dent était toujours là et aucune pièce en vue ! Il s’en plaignit à ses parents à la table du petit déjeuner. De nouveau, ils échangèrent un drôle de regard. « Eh bien » dit Papa, l’air embêté ; il s’arrêta là. « Eh bien, répéta Maman, c’est peut-être que la petite souris a eu peur de ton oreiller »…
Plus tard, à l’école, Basil raconta à ses petits camarades que la souris n’était pas venue parce qu’elle avait peur de son oreiller. « Mais pourquoi ? s’exclama l’un deux, les souris ont peur des chats, pas des oreillers ! » Oui, mais justement…
Basil était un grand amoureux des chats ; ses parents refusaient d’en avoir un tant qu’ils habitaient en appartement. Du coup, il collectionnait toutes sortes de chats : bibelots, peluches, photos…Sur ses housses de couettes, il y avait des têtes de chat et aussi sur les taies d’oreiller, alors, bien sûr, tout s’expliquait !
Quand Basil retrouva ses parents à la fin de la journée, il leur demanda de lui trouver une taie d’oreiller sans chat . De nouveau un échange de regards, de nouveau une discussion dans la cuisine…Lorsqu’il fut couché, ils vinrent le voir. Ils lui expliquèrent qu’ils cherchaient depuis quelques temps une maison à la campagne et qu’ils en avaient trouvé une qui leur convenait. Ils ne lui en avaient pas encore parlé parce qu’ils voulaient lui faire une surprise, mais là, il allait devoir réfléchir. En effet, s’ils déménageaient dans cette maison, ils pourraient avoir un chat. Seulement il était très probable que la souris qui avait peur de l’oreiller aurait encore plus peur d’un vrai chat. Alors que choisir ? Adopter un chat, ou y renoncer pour obtenir quelques pièces en échange de ses dents ? A lui d’y réfléchir..
Le mois suivant, ils déménagèrent dans leur nouvelle maison et dès que l’occasion se présenta, ils adoptèrent un chaton. Basil avait renoncé à la souris !
Le temps passa. A Noël, il reçut parmi d’autres cadeaux une taie d’oreiller ornée de souris, clin d’oeil de ses parents. Mais quel ne fut pas leur embarras quand leur fils leur déclara un soir : « J’ai encore perdu une dent à l’école. Je vais la mettre sous mon oreiller et c’est ma Mimine qui m’apportera une pièce ! »…
Petite Souris ne riait plus, ne chantait plus, ne dansait plus. Elle tremblait, elle tremblait de peur. Depuis qu’on avait installé la télévision dans la chambre du grand père, elle avait découvert les chaînes d’information vingt quatre heure sur vingt quatre. Elle avalait tout ça et n’avait plus aucun recul.
En fait, ramasser les petites dents sous les oreillers et distribuer des pièces en contrepartie, elle n’était pas contre. Pas folichon, mais pas contre.
Mais par la télé, elle avait découvert l’inflation et se disait que ses un ou deux euros, c’était bien peu. Depuis, elle avait peur de tomber sur un morveux ou une morveuse, qui de dépit, lui tirerait la queue ou les oreilles, ou lui défriserait la moustache ou lui peindrait les ongles en rose.
Et puisque c’est sous les polochons qu’elle trouvait les dents, elle projeta ses angoisses sur tous les oreillers. Sa peur devenait presque phobique. Elle en perdait le sommeil. Surtout depuis qu’elle avait appris que le père de famille était devenu cégétiste. Il était donc certain que sa descendance n’allait pas se contenter de ses misérables piécettes.
Elle avait envisagé un déménagement vers la maison voisine. Mais la mère était banquière. Et dans ce monde là, plus ils sont riches, plus ils sont radins et plus ils en veulent. Les chiens ne font pas des chats et ces gamins de banquiers, comme leurs parents, ils auront vite fait de me la faire à l’envers. Emballé c’est pesé. Et t’as rien vu venir. Quoi que je fasse, je me fais plumer, se disait elle.
Alors, la villa d’en face ? Impossible car remplie de marmots. Ça pullulait dans tous les coins et recoins. Un mouflet chaque année ! Pensait qu’à ça les vieux !! Pas le temps d’éduquer leurs enfants. Trop bruyant, trop fatigant, trop, trop, trop… Alors que faire ? C’était la valse hésitation.
Le lundi : je pars. Le mardi : je ne pars pas.
Le mercredi : je fais la valise.
Le jeudi : où est cette fichue valise ?
Le vendredi : pas de valise. C’est un signe
Le samedi : j’y vais, j’y vais pas. J’y vais, j’y vais pas ?
Le dimanche : je suis épuisée. Que la vie est dure !
Souris, habituée à se laisser porter par les événement n’arrivait pas à prendre une décision aussi importante. L’idée d’un départ était effrayant pour elle. Une peur chassant l’autre, elle se glissa sous l’oreiller du grand père pour dormir toute la journée.
AAAAH !! Un hurlement strident réveilla toute la maison, même l’ancêtre.
Sous l’oreiller, Souris s’était trouvé face, non pas à une mignonne quenotte, mais aux râteliers du papi. Deux fois quatorze grosses dents.
Sans réfléchir et sans valise, Souris prit ses pattes à son cou et court encore aujourd’hui. On l’aurait vu en montagne.
La montagne accouchera t elle d’une souris ?
Une petite souris
Loin d’être aguerrie
Continuait de craindre les oreillers
Qui la menaçaient de l’étouffer
Qu’est-ce donc que cette histoire
Qui laissait croire
Aux petits humains
Qu’elle serait passée avant le matin
Déposer un cadeau
Oh, Oh, Oh
Comme dirait le Père Noël
Dans ses virées annuelles !
Mais je n’ai ni son gabarit
Ni son aura
Lui est adoré, moi pas
On m’attrape facilement par la queue
Pour me jeter dans une poubelle
Avec un certain mépris
On voudrait que moi
Petite souris des villes
Je sois soumise et servile
Taratata !
Pas question !
Je fais la nique aux traditions
Qu’on me laisse tranquille
Toutes les dents des enfants
Peuvent bien tomber
Je n’en ai vraiment rien à cirer !
720/EN TAPINOIS
Raconter l’histoire de la petite souris qui avait peur de l’oreiller ! Ça, c’est un défi ! Soit une petite souris lambda plutôt hardie, curieuse, fureteuse même, et un oreiller bêta, placide, pas si gonflé, alité ! Celui-ci n’a rien d’effrayant : normal, bien carré sur son duvet d’oie recyclé quand cela-là, tellement affairé, atchoum… Rhume, allergie, phobie ? Mais, un éternuement si discret qu’il ne dérangea pas Robert le pieux !🐻
Eve, la petite souris, avait peur des oreillers depuis que ses parents faisaient de l’oreiller l’ogre méchant qui allait la transformer si elle n’était pas sage. Papa souris disait parfois :
– Je te glisse sous l’oreiller du petit Jésus si tu ne finis pas ta soupe.
Eve avait appris que lorsque le petit garçon de la famille espagnole avait perdu une molaire, une incisive ou bien une canine, l’enfant Jésus plaçait sous son oreiller ou son traversin, le soir avant de s’endormir, le morceau d’ivoire perdu. Au matin l’enfant passait sa main sous l’oreiller et ne manquait pas d’y voir une pièce en lieu et place de la dent. Eve se voyait puni pour avoir croquer un fruit défendu. Eve quittait son paradis familial car la dent la transformait en argent. Terminé la petite Eve qui sourit. La dent du bonheur de l’enfant Jésus faisait le malheur de la petite Eve, une Eve qui avait perdu son paradis. « Eve lève-toi et danse avec la vie. L’écho de ta voix est venu jusqu’à moi ». Ainsi parlait le serpent. Il réveilla Eve la souris. Le cauchemar était fini. Elle retrouvait son paradis : papa et maman souris et puis, tout près d’elle la dent qu’Eve avait perdu durant la nuit. Plus tard, elle rencontrerait son Adam et avec lui, elle n’aurait plus peur des oreillers.
Racontez l’histoire de la petite souris qui avait peur des oreillers.
Elle avait toujours eu peur du noir. Alors partir en mission au milieu de la nuit et se faufiler sous l’oreiller, impossible ! Rien que d’y penser, elle étouffait. Elle n’avait toujours pas compris pourquoi on confiait ces missions aux jeunes souris. Elle trouvait profondément injuste d’être envoyée au charbon. Cette mission était très risquée après tout ! Elle n’avait pas eu la chance de repérer le chemin de jour avant la fameuse nuit. Et puis transporter la pièce sans qu’elle ne tombe ni ne roule sur le sol n’était pas donné à toutes les souris. Les cours de transports étaient très rares et très chers. Ses parents s’étaient sacrifiés pour lui en payer deux ou trois mais cela suffirait-il ? Rien n’était moins sûr. Plus que tout, les oreillers l’angoissaient. Quelle manie d’en mettre autant dans les lits ! Zéro visibilité pour se faufiler jusqu’au lieu fameux. Comment se repérer ? Après tout, il aurait été bien plus judicieux de déposer les pièces sur la table de nuit. Quand elle osa soumettre cette idée, elle essuya le courroux des professeurs. Elle se décida à suivre un stage préparatoire. Au point où elle en était, après avoir eu des entrainements qui finissaient en syncope à la simple vue des coussins, il fallait faire quelque chose ! Elle rencontra alors celui qui allait changer sa vie. Un professeur hors norme, qui l’initia patiemment aux différentes étoffes, aux tissus les plus divers. Il sut écouter ses peurs, l’amener sur le chemin de la confiance et celui du lit des bambins. Il sut aussi expliciter l’importance de sa mission et ce qu’elle représentait dans le rêve des enfants. Et ça, elle ne l’avait pas encore mesuré et le comprendre changea la donne. Elle se sentit alors investie d’une mission et mit tout son cœur au service des attentes de ceux qui avaient perdu une dent.
Sa première mission fut une réussite. Elle eut un peu peur à l’approche du but et retint sa respiration mais une fois dans le noir complet, elle murmura le mantra que lui avait enseigné son professeur et contre toute attente fu très agréablement surprise par la douceur de l’étoffe de l’oreiller. Elle trouva cela tellement douillet qu’elle pensa même un instant s’attarder et profiter mais elle n’avait pas encore suffisamment d’expérience pour prendre autant de liberté. Elle se rappela les enseignements et le protocole de dépose de la pièce et du transport de la dent et glissa dans l’obscurité sans encombre.
Elle était tellement heureuse ! Elle prit dans ses missions suivantes tellement de plaisir à frôler avec talent les étoffes des oreillers qu’elle acquit rapidement une véritable expertise qu’on lui demanda de partager avec les novices. Mission qu’elle accepta avec fierté et reconnaissance. Affronter ses peurs en valait vraiment la peine. Car elle était vite balayée et remplacée par un sentiment de joie, de satisfaction du travail bien fait et du bonheur tout simple mais immense d’avoir fait rêver les enfants.
Sa maman, dès son plus jeune âge, lui avait tendrement mais fermement expliqué que sa carrière était traçée. Pas besoin de réfléchir à un talent hypothétique. De mère en fille, depuis 5 générations, chaque souris dès son 2e anniversaire devait guetter chaque nuit, les petites dents placées sous les oreillers des enfants. Elle emportait dans sa petite besace des pièces de 2 €, bien brillantes. A priori, c’était un beau métier. Faire plaisir aux enfants, c’est gratifiant. Sauf que notre petite
Lucie avait peur des oreillers et avait développé une allergie sévère.
Il faut dire que sa mère avait accouché sous un oreiller lors d’une expédition dentaire. Et Lucie avait failli mourir étouffée. Au moment de son expulsion. L’enfant édenté s’était retourné brusquement et les avaient quasiment écrasés.
Quand le jour de ses 2 ans, sa mère lui remit solennellement sa besace, elle trembla de tout son corps. Elle éternua 10 fois comme à chacun de ses stress.
Elle devait rapporter une dent et déposer une pièce….
Impossible d’aller sous l’oreiller ! Elle tourna dans tout le quartier. Et là, elle vit la plaque : Dr Souriceau Dentiste au 1er étage.
Pas de hasard ! « Je grimpe. » Elle se glissa dans le cabinet entre deux patients.
Victoire un plein pot de dents.
Elle en prit une poignée et laissa 2 ou 3 pièces.
Et elle fila. Maligne, la Lucie.
A la fin de la nuit, elle rentra au nid et s’endormit.
A l’aube, des pleurs affreux envahirent toute la ville. Tous les enfants édentés pleuraient.
Leur petite quenotte était toujours sous l’oreiller et nulle trace de pièce.
Une colonie de souris avait élu domicile dans un traversin. Planqué sous les oreillers on y touchait rarement. Sauf que depuis un moment le lit avait changé d’occupant. Et chaque matin on assénait des claques vigoureuses sur les oreillers pour les regonfler. Ils doivent être bien méchants pour qu’on les corrige de la sorte pensent les souris. Méfions-nous d’eux ! Et c’est ainsi qu’est née cette légende un peu simpliste que les souris ont peur des oreillers ! Allons donc ! A qui voulez vous faire croire ça ? Une souris… Ça n’a peur de rien. 🐭🐀
Pourquoi moi petite souris, j’ai tant peur des oreillers ?
Parce qu’un jour, voulant une pièce déposer,
À la place d’une dent, j’y ai découvert tout un dentier,
L’anecdote aurait pu passer au grand bêtisier…
Si l’auteur de la farce n’en était pas coutumier,
Et croyez-moi, je l’ai moyennement appréciée,
Je n’avais plus qu’un but, sa facétie, lui faire payer…
Toute une journée, je l’ai longuement épié,
Constatant que sa prothèse, une fois bien brossée,
Dans une boîte consciencieusement il rangeait,
Une nuit discrètement dans celle-ci je me suis glissée,
Avec difficulté, dans ma gueule je forçais l’objet,
Après une bonne nuit de sommeil, les yeux encore embués,
D’une main hasardeuse, le farceur saisit le boîtier,
À peine ouvert, je bondis vers son gros nez,
Que je saisis à pleines dents bien volontiers,
Trop heureuse de m’être enfin vengée,
Hurlant, vociférant et cherchant à se protéger,
Avisant un seul refuge, il mit sa tête sous l’oreiller…
Oh ! c’est bien trouvé , le dentier
Merci beaucoup Avoires !
Elle est bien mignonne avec sa petite frimousse toute ronde. Ses oreilles, toujours aux aguets, font comme un petit diadème. Cela lui donne l’air d’une petite fée bienveillante et cette allure lui va bien. En effet dans sa tribu elle est chargée d’honorer les dents de lait des enfants de la famille-hôte où elle et les siens ont élu domicile,
Avec sa petite truffe rose, posée à l’extrémité de son museau, elle détecte la nécessité d’intervenir. Chaque fois qu’une dent de lait tombe il y a dans la maisonnée, pas vraiment une odeur, mais une atmosphère qu’elle renifle.
« C’est exact . Ce mélange d’excitation liée à la circonstance et de je ne sais quoi procure une vrai sensation bien perceptible à mes narines,
Cette famille-hôte me donne beaucoup de travail. Les jeunes enfants sont plusieurs et les parents sont très attachés à la tradition de « la nuit de la dent de lait ». Il faut donc à chaque fois se glisser sous l’oreiller pour échanger la dent contre le petit cadeau marquant l’événement,
Je suis fière de rendre ce service mais n’en suis pas moins effrayée de devoir me glisser sous… Enfin sous… Vous comprenez… ? Oui quoi ! Sous l’oreiller ! Ce n’est pas le risque de me tromper de destinataire, pas non plus l’obscurité mais les oreillers de ces jeunes sont peuplés de créatures dont il advint de se méfier,
L’autre jour je me suis trouvé face à Obélix s’apprêtant à jeter un menhir. Hé, si il loupe son coup ? Un menhir, une petite souris, je vous dit pas le résultat ! Plus tard je me suis retrouvé face à San Goku* . Les boules de feu qu’il lance sont passées si proche de moi qu’il a failli me roussir les moustaches
Au fil des générations ma lignée familiale a développé une expertise inégalée entre oreillers et dents de lait. A l’époque les oreillers changeaient de couleur, on passaient de l’uni aux rayures puis aux carreaux. On savait à qui l’on avait à faire ; maintenant !
Une autre fois, sous un oreiller c’est Ran-tan-plan qui a voulu sauter dans mes bras ; ou plutôt dans les pattes. Naturellement il s’est loupé, s’est aplatit violemment sur le parquet au risque de réveiller l’enfant et de faire échouer ma mission. Lors d’une autre occasion c’est Flash McQueen* qui a déboulé à toute allure. Il s’en est fallut de peu que je sois écrasée, à défaut d’être ratibouillée,
Enfin, çà c’était avant. Avant que je rencontre la reine des neiges. Bien qu’elle ait failli me transformer en glaçon pour l’éternité nous avons discuté un bon moment. Nous avons fait le tour des oreillers des chambres et m’a fait la présentations de tous ces héros. Ils sont devenus mes potes. Cela n’exclue pas les surprises, mais maintenant cela va beaucoup mieux.
Quand j’aurais fini ma mission, quand j’aurais honoré toutes les dents de lait de la famille, j’irais directement à Angoulême et je ferai connaissance avec plein de nouveaux ‘‘potes’’ »
L’histoire de la petite souris qui avait peur des oreillers.
Est ce que cela remontait à la saison dernière,ou les voisines les chauves-souris se deguisaient en fantômes, cachées sous un drap de lit blanc ?
En fait, petite souris avait trouvé ce stratagème « avoir peur des oreillers » pour réaliser son grand rêve : devenir cascadeuse.
C’était quand même bien plus excitant de faire de la tyrolienne,lancer des fils pour escalader ou traverser les espaces.ou bien faire l’equilibriste sur un livre posé de biais sur la table de nuit.
Ah oui c’est bien plus stimulant que de se glisser directement sous l’oreiller.
Alors elle a dit avoir peur, des sensations bizarres dans le ventre dès qu’elle s’approche d’un oreiller.
Elle pensait dire être allergique mais finalement la peur lui a semblé l’argument le plus implacable.
Personne n’aura rien à y redire.
Et hop ,vive les cascades et détours périlleux.
Ah la vie est belle.
Depuis qu’elle avait failli mourir étouffée, une petite souris avait peur des oreillers. C’était arrivé une nuit lorsqu’elle ne trouvait pas la quenotte et qu’elle s’était emmêlée dans la taie. Elle ne savait toujours pas comment elle avait trouvé l’issue pour sortir indemne de cette prison. Quand elle avait raconté sa frayeur à sa famille, sa fratrie s’était moquée d’elle. Soi-disant que c’était très marrant de se balader en catimini dans des maisons dans lesquelles on découvrait plein de trucs intéressants que l’on pouvait grignoter en passant. Et puis, c’était super rigolo de feinter les matous, gavés de croquettes, qui roupillaient comme des bienheureux sur les lits. Son papa s’était fâché et l’avait traitée de froussarde, et puis sa maman l’avait consolée. Elle lui promit de l’accompagner la prochaine fois dans sa mission d’apporter de la joie aux petits berchus. Alors, grâce à ses bons conseils et astuces, la petite souris est délivrée de sa phobie.
Quelque part dans le monde :
– Maman, la petite souris n’est pas passée, s’écria Corentin déçu.
– Ah bon ! s’étonna sa mère bien embêtée. Attends, on va chercher ensemble.
Par, on ne sait quel tour de passe-passe, Corentin trouva, dans un pli de la couette, une pièce pour s’acheter tout plein de bonbons qui font tomber les dents ; c’est la maîtresse qui l’avait expliqué !
Une autre petite souris aurait-elle, elle aussi, peur des oreilles ?
L’était une p’tite souris BIRIBI
Qui des oreillers avait la trouille OUILLE OUILLE OUILLE
Depuis que sa maman POIL AUX DENTS
Dans l’un d’eux l’avait oubliée SACREDIE
Perdue dans le coton DIREDON
Elle crut mourir de peur OUI MA SOEUR
Petite souris ne dû son salut LUSTUCRU
Qu’au trou dans la couture CHER ARTHUR
Elle rongea vaillamment RANTANPLAN
Depuis elle évite avec soin SAINT GLINGLIN
Tout oreiller passant par là TRALALA
Moralité :
Souris égarée doit avoir bonnes dents
Pepita est une petite souris bien embêtée. Sa peur des oreillers la ronge. Et bien sûr, elle ne sait pas pourquoi. Elle a tenté d’en parler à sa mère qui a fait la sourde oreille, tant les cris des petits frères et sœurs lui prennent la tête.
Elle se sent bien seule dans les trous du Monde, sans le gruyère attendu.
Pepita se découvre le besoin de la connaissance interne. Ça lui chatouille les quenottes. Du coup elle se décide à grignoter quelques conseils dans la bibliothèque de la maison. Elle se tape tout le rayon psychologie. Ça fait lourd pour son petit estomac et ne lui allège pas la tête. Tous ces avis savants, très divers et très contradictoires, ça la cafouille encore plus.
Elle se sent un peu désespérée.
Pepita espère se réchauffer quand même auprès d’un psychiâtre, mais le bougre brûle toutes les étapes des cendres de sa petite enfance.
Pour le pshychatnalyste, elle n’a pas trop confiance. A tous les coups, il planque un oreiller sous son divan.
Du coup, elle téléphone à SOS, le service téléphonique gratuit et anonyme, « Souris Ose Souris ». Elle a causé plusieurs fois avec de drôles de ratons laveurs d’un peu tous les styles, mais des qui décrassent tout en douceur, sans jamais te lessiver. Ça récure et parfois même, toute cette bienveillance, ça blanchit.
Depuis, ça va mieux et le lecteur de mon texte aussi, car je le vois, il sourit !
Racontez l’histoire de la petite souris qui avait peur des oreillers.
Souriceau, un couple jeta son dévolu sur moi. J’étais mignon à croquer, disaient-ils et je ferais le bonheur des enfants. Ils aménagèrent une grande cage, bien équipée. La nourriture était bonne. On me dorlotait, me choyait.
De temps à autre je voyais passer un de mes congénères poursuivi par le chat de la maison. Le pauvre, il courait dans tous les sens cherchant à se mettre à l’abri de son prédateur.
Moi, j’étais pénard. Le chat avait l’interdiction formelle de s’approcher de moi.
Mais un jour, les choses commencèrent à changer. Un des nombreux petits de ma famille d’adoption, perdit sa première quenotte. Cris, pleurs, on ne s’entendait plus.
Pour le calmer, les parents lui promirent que la petite souris allait passer cette nuit pour lui laisser une petite pièce en échange de sa petite dent qu’il devait mettre sous son oreiller. Bien que peu rassuré, le bambin cessa ses cris. Moi, j’étais sceptique . Je pigeais pas vraiment.
La nuit venue, les parents vinrent me chercher. On me mit une espèce de laisse, on m’emmena à la chambre du p’tit, on me glissa sous l’oreiller, on me bouscula car je cherchais à fuir.
Je couinais tant que je pouvais. On m’obligea à me balader sous l’oreiller qui m’empêchait de respirer et ce jusqu’à ce que l’enfant commence à bouger et entrouvre un œil. Alors, vite on m’extirpa et on me remit dans ma cage. J’étais à l’agonie.
Bien évidemment, au matin l’enfant était aux anges ! Il ne lui tardait qu’une chose, perdre une nouvelle dent. Ses frères et sœurs , voulaient eux aussi vivre la même chose.
Et cela se produisit plus vite que je ne l’espérais. J’en ai fait des circuits sous les oreillers. Ils étaient devenus ma hantise. J’ai voulu m’évader, j’ai mordu, j’ai fait la morte, j’ai monnayé ma place avec une consœur qui n’a rien voulu entendre. Elle avait connu l’enfer des oreillers. Elle préférait être poursuivie par tous les chats du quartier. Et moi donc !
J’ai eu une période de répit. Jusqu’à ce jour où toute la famille s’est réunie autour de moi. Ils souhaitaient me remercier. Dans un sac, ils avaient conservé toutes ces fichues dents de lait qui me rappelaient de si mauvais souvenirs. Dès que je ferme un œil, je vois une montagne d’oreillers qui me tombent dessus inlassablement.
Qu’est-ce qu’ils attendent encore de moi ?
On a un cadeau pour toi, s’écrient-ils !
Et chacun de brandir de mini oreillers qu’Ils mettent dans ma cage pour un meilleur confort de vie.
La porte est ouverte, je vois le chat qui me reluque, j’admire ses dents, je prends mon élan, saute de la cage, m’élance vers lui et ce couillon se sauve comme s’il avait le feu aux fesses.
Une ombre, un oreiller, je couine, m’enfuis. Voici mon nouveau prédateur.
Il était une fois une petite souris qui vivait dans un trou à rats qu’elle louait à un marchand de sommeil sans scrupules. Imaginez un meublé de vingt centimètres carrés, sous les toits, avec pour seul confort un couchage en laine de verre à côté d’une tapette en bois en guise de kitchenette où elle s’attablait, tous les quatre matins, pour claquer entre ses dents un bout de fromage qu’elle se faisait livrer.
Un bout de claquos qui se méritait. Non pas qu’elle risquait sa vie à fourrer son nez dans ce piège à souris dont elle connaissait parfaitement le mécanisme, mais elle craignait, plus que tout, les oreillers sous lesquels elle devait s’aventurer pour gagner sa croûte dans les chambres à dents de lait de l’étage en dessous.
C’était la saison. Les taies bourgeonnaient de petites têtes blondes sous lesquelles se cachait un trésor inestimable. Seulement, la petite souris était maintenant attendue. Dans la nuit bleutée de la chambre, éclairée par une petite fée lumineuse veillant sur les songes enfantins, le petit rongeur s’avançait prudemment. Il savait que si la lumière aveuglante d’un faux jour se faisait, il devrait à nouveau subir une course-poursuite fatale pour échapper à une chasse au balai, à la pelle, au couteau même. La dernière fois, ce fut quand il s’apprêtait à cueillir le fruit de sa quête. La pelle en fer lui était passée à quelques centimètres de la tête, avant de s’enfuir dans l’interstice minuscule de la porte entrouverte.
Cette fois, la petite souris savait qu’ils ne la rateraient pas s’ils la prenaient en flagrant délit de vol. Elle claquait des dents rythmant le souffle d’un visage profondément endormi. Elle connaissait bien cette musique du sommeil paradoxal. C’était le moment d’opérer. Elle devait faire vite. Ce qu’elle craignait, c’était ce qui se cachait derrière la porte. Elle n’avait pas le choix. L’oreiller était là, écrasé sous le poids d’un corps inhabité où la conscience s’en était allée sur le dos d’un rêve. Elle se faufila dessous, et tira vers elle ce qu’elle était venue chercher.
Son butin dépassait ses espérances. Une grosse pièce en argent qu’elle eut du mal à serrer entre ses dents. Quand le faux jour se fit. Elle resta figée, sous la lumière de sa victoire, encore sous l’émotion de cette médaille inespérée. Un cri strident, comme un hymne de la terreur, suivit et tout le poids de sa gloire lui tomba soudain dessus.
À moins que ce ne fut celui d’une pelle en fer.
La petite souris ne fréquentait pas les oreillers, elle avait trop peur des dents. Le dessus, elle s’y risquait, surtout pas le dessous. C’est un endroit dangereux. Il arrive qu’on y trouve des dents et même des dendelès. C’est pire !