714e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…

Sur ce blogue, on n’apprend pas à écrire un roman ou des nouvelles, on enflamme son imagination. Les exercices que j’invente, aiguillonnent l’esprit. Mon but est de conduire toute personne vers le créateur plus ou moins claquemuré en elle. L’enfant imaginatif avec lequel elle se réconcilie définitivement dès qu’elle se prête au jeu. Après quoi, elle décide de mener le projet d’écriture qui lui convient.

32 réponses

  1. iris79 dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…
    Et aussitôt il vit l’ossature d’une maison apparaitre. Interpellé, il sonna à côté. Là un immeuble s’éleva sous ses yeux ébahis. Il continua tout au long de la voie et vit, stupéfait, la rue renaitre avec ces habitations semblables à des hologrammes. Il revint sonner à la première porte et non seulement personne ne vint lui répondre mais en plus les contours de la maison commencèrent à s’effacer. Il se mit alors à sonner frénétiquement à toutes les sonnettes sans attendre de réponse de peur que les habitations ne disparaissent comme elles étaient venues. Il avait vu juste, certaines semblaient s’évanouir plus vite que d’autres, il reprenait donc sa course effrénée et sonnait, sonnait encore et encore. Il remarqua cependant que toutes ces sonnettes produisaient un son différent, une note même, et que selon l’ordre dans lequel il sonnait, une mélodie prenait forme à ses oreilles. Il fit donc appel à ses compétences de musicien et sonna en jouant la mélodie de « jingle bells ». A bout de souffle, il s’arrêta un moment et remarqua qu’une maison brillait d’un éclat plus intense que les autres. Il s’approcha, prie une grande inspiration et sonna…
    Au bout de quelques secondes, il crut entendre des pas se rapprocher bien qu’il ne vit personne. La porte pourtant s’ouvrit sur une silhouette évanescente qui lui dit d’une voix envoutante :
    -nous vous attendions, entrez.
    Elle s’effaça pou le laisser passer. Après avoir hésité un instant, il entra dans la maison et dans la seconde qui suivit, toutes les maisons et autres immeubles s’écroulèrent comme un château de cartes laissant sur le bord de la voie les sonnettes alignées.
    Il ne tarda pas avant qu’un autre étranger se présente à Doorbell city

  2. Jean-Pierre dit :

    Ce matin-là, je commençais à lire les nombreux mails reçus la veille, et j’en trouve un qui m’avait été envoyé hier matin par mon pote Jean-Jacques :

    « Salut J-P, je m’ennuie beaucoup depuis que ma copine m’a largué.
    Je lui avais promis un beau voyage pour fêter l’anniversaire de notre rencontre. J’adore la montagne et le Grand Canyon m’a toujours fait rêver. J’ai pensé qu’un voyage au Colorado hors des sentiers battus lui ferait plaisir. J’avais déjà acheté les billets pour profiter d’une promo sur internet.
    Elle me les a jetés à la figure : elle refuse de crapahuter sur des sentiers escarpés car elle a le vertige en montagne et des chevilles fragiles. Elle était très en colère parce qu’elle s’attendait à une balade romantique en gondole à Venise. Elle m’a traité de connard, elle a pris ses affaires et a claqué la porte. Pour surmonter le choc, je me suis offert le cocktail que j’avais préparé pour la fête, et j’ai pensé aux disparitions étranges qui se passent dans ces paysages grandioses. Ça m’a donné l’idée d’un roman qui commence comme ceci :
    Arrivé à Doorbell-City l’étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…»

    À ce moment précis, celle de mon téléphone interrompit ma lecture. C’était Jean-Jacques :
    — Allô J-P ! C’est J-J. Tu n’as pas répondu à mon mail. Je suis à l’agence de voyages de Bordeaux. Je viens de présenter mes billets à l’accueil, et la fille me les a redonnés : « Ni échangeables ni remboursables, c’est écrit dessus ! » [rire de la fille en fond sonore]. Elle m’a expliqué que si j’étais passé à l’agence, elle m’aurait déconseillé de traîner ma copine là-bas car ce séjour est plutôt sportif ». Je l’ai regardée et j’ai dit « Vous… »
    [Un éclat de rire sonore l’interrompt. J’imagine que l’index de la fille a battu comme un métronome et qu’elle en rigole encore…]
    — Allô J-J ? Je ne t’entends plus. Qu’est-ce que tu veux de moi ?
    — Euh… Je… je suis sûr que ça te ferait du bien de crapahuter dans ce décor grandiose, si tu es disponible du 13 au 21 septembre.
    — Euh ? Laisse-moi réfléchir…
    — Je… je te passe la fille.

    — Bonjour ! fait une joyeuse voix féminine. J’ai besoin de vos coordonnées pour valider votre billet et d’un chèque de 200€ parce que la promo « internet » n’est pas valable depuis une agence.
    — Euh ?… Est-ce qu’il peut m’entendre ?
    — Non, affirme la fille.
    — Alors, je crains de ne pas être suffisamment sportif… et je ne souhaite pas payer à moi tout seul tous les faux-frais du séjour. Il n’osera pas demander ça à un inconnu du même niveau sportif que lui. Peut-être connaissez-vous quelqu’un qui serait heureux d’en profiter. Un ex, par exemple. Ou un de vos clients.
    — Ça doit pouvoir se faire, dit la fille. J’explique la situation à votre copain.

    Elle raccrocha aussitôt.

    Je n’ai plus jamais eu de nouvelles de Jean-Jacques,
    mais je reçois régulièrement des prospectus de l’agence de Bordeaux.

  3. Urso dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…

    C’est marrant ce truc.
    J’appuie, je sonne et hop, des billets de un dollar tombent du ciel.
    L’homme n’en revenait pas.
    Il avait marché une centaine de mètres, sonné à plusieurs reprises et à chaque fois, il recevait une pluie de billets de banque.

    Ouais si cela continue à ce rythme, je vais être riche.
    À un moment il se retourna. Il ne vit rien.
    Plus de sonnettes et surtout plus de billets tombés du ciel.
    Ah ! Ah ! c’est un gag cette ville fantôme, à moins que quelqu’un ou quelqu’une me joue des tours.
    Peut-être qu’une organisation malfaisante m’envoie des billets du ciel.

    Il sonnait à toutes les sonnettes qu’il voyait. Cette fois-ci plus de billets de banque.
    Mais des « produits » américains : Coca-Cola, chewing-gum, hot-dog, whisky … qui tombaient aussi d’en haut.
    Non et non se dit-il.
    Moi je veux des produits français, des terroirs, et bien de chez nous !

    Sa phrase n’étant pas encore terminée, voilà qu’apparut à l’homme, un perroquet avec les couleurs de l’arc-en-ciel. Puis un deuxième, et un troisième perroquet.
    Les trois lui tinrent ce discours.
    Ici nous sommes dans un pays étrange. Mais si tu le veux nous pouvons changer le cours des choses.
    Et hop sans que le monsieur dise ouf, voilà que la ville devint complètement différente, avec des belles maisons, des commerces, des rues, des parcs.

    Lui l’homme se transforma en un petit garçon et la ville où il se trouvait, était la ville où il passait ses vacances, chaque été, avec ses grands-parents.
    Le garçon regarda un peu bizarrement les trois perroquets qui étaient toujours là.
    Ils lui firent une sorte de clin d’œil et ils s’envolèrent.
    Ils laissèrent le petit garçon avec ses grands-parents, qui étaient en train de lui acheter une énorme glace aux multiples parfums.

    L’enfant dit à sa mamie et pas à papy (?).
    Tu sais mamie cette année en classe la maîtresse nous a raconté une drôle d’histoire.
    « C’était un monsieur qui était dans une ville étrange, sans habitants et uniquement avec des sonnettes, et à chaque fois qu’il sonnait sur une sonnette il pleuvait plein de billets de banque. De un dollar très exactement ».

    La grand-mère écoutait attentivement.
    Et cette histoire dit-elle ça se passe je crois à Doorbell-City ?
    Le petit garçon trouva étrange que mamie connaisse le nom de cette ville.
    Puis il dégusta sa succulente glace. Content d’être en vacances et de se promener avec son papy et sa mamie.

  4. Anne Le Saux dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette. Instantanément, une maison se matérialisa devant lui. Plutôt pimpante, vert clair, de hautes et larges fenêtres pour laisser entrer la lumière, un étage avec petit balcon, un toit en tuiles rose clair, une cheminée blanche. Mais personne à l’horizon, pas de signes de vie humaine ou animale.
    Perplexe, il poursuivit sa route et sonna presque malgré lui de l’autre côté de la rue pour voir si le phénomène allait se reproduire. Une maison d’un bleu azur apparut. Une tache de couleur dans la grisaille de ce matin de novembre. Un regard vers l’arrière : la maison verte avait disparu.
    Il courut jusqu’à la sonnette suivante et appuya rageusement deux fois. Il voulait comprendre. Non seulement une maison blanche émergea de la brume mais un chien noir aboya, manifestement content d’avoir de la visite. L’étranger se baissa pour le caresser. Quand il releva la tête, d’innombrables chiots avaient envahi la pelouse. Joyeux, curieux de tout, ils l’entouraient flairant ses chaussures, sautant sur son pantalon. Les 101 dalmatiens en version non tachetée ! Mais toujours pas d’humain.
    Il avisa une sonnette géante aux multiples boutons. Il appuya frénétiquement sur la plupart d’entre eux. Un curieux immeuble sortit du sol. Il manquait une partie du 2ème étage et tout le 6éme. Le 7ème et le 8ème flottaient suspendus dans le ciel. Il s’empressa d’appuyer sur les sonnettes qu’il avait oubliées et l’immeuble entier se découpa dans l’espace. Il commençait à comprendre.
    Il avisa alors une clochette retenue par un élastique qui l’empêchait de tintinnabuler dans le vent. Il l’agita délicatement. Son doux son fit apparaitre une cabane de jardin en bois rouge. Le décor alentour était bucolique et un murmure de rivière caressait les arbres. Une cabane de pêcheur, pensa-t-il. De plus en plus désarçonné, il hurla
    – Il y a quelqu’un ?
    Descendant du ciel, une voix douce répondit
    – Oui
    – Je cherche la poste
    – Troisième rue à gauche, cinquième sonnette sur la droite. Vous sonnez six fois de façon prolongée
    Rassuré, l’étranger poursuivit sa route. Il avait enfin trouvé ce qu’il cherchait.

  5. ourcqs dit :

    Nulle maison ou immeuble, que le vide. Sentiment d’arriver dans un autre univers déshumanisé . Il appuya sur une sonnette pour se rassurer, et comme réponse un grand silence, le néant . Intrigué il testa la suivante, et submergé par une musique planante, sons inconnus, rythme apaisant, il décida de continuer son exploration . Essayant au hasard, il fut enveloppé de rayons de lumières jouant avec ses gestes, ses déplacements, merveilleux !! dans l’obscurité, pas de panique, il sentait bien quelques fr^lements mais toujours agréables,
    Il ne cherchait plus à comprendre cette prolifération de sonnettes, à s’échapper , l’absence d’autres hommes ne le gênait pas, tout à ses nouvelles sensations .
    Complètement absorbé par cette ambiance, il fut secoué, étourdi, par un fracas terrible . Surprise !! la sonnerie du réveil lui rappelait sa banale condition, il appuya sur la sonnette, ravi de son escapade …

  6. Jean Marc Durand dit :

    « Arrivé à Doorbel l-City, un étranger fut déboussolé. La ville hormis d’innombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette… »

    Voilà, c’était un bon plan d’attaque. Un vieux coin boueux d’Amérique profonde comme la taille de leurs poubelles, du mystère à deux balles, une touche de psychanalyse gratuite, la vague évocation d’un passé oublié et pis qu’avant c’était bien mieux … Ou la culpabilité d’avoir laissé crever ses vieux au fin fond de la campagne… Ou le regret d’une enfance idyllique perdue… Ou ce temps qui fait chier, rien qu’à passer trop vite…Ou ce retour d’un père parti, et que petit, il en était certain, il sonnerait à la porte, pour s’excuser d’avoir trop bu et cogner parfois sur la mère…Enfin, à peu près tout d’un ketchup pseudo littéraire… tout pouvait coller à son écriture. Il y en aurait à peu près pour toutes les dérives possibles d’un être humain, un lecteur moyen, un aimable perturbé de la vie, un qui conservait toujours une poche à sa veste, pour y ranger un bouquin, un révolté du dimanche qui s’en foutrait bien que le livre déforme sa veste.

    Enfin, l’écrivain s’autorisa une pose. Il existait tant de possibilités, à partir d’un simple délire….ça allait le faire. Il projetait déjà les adaptations télévisuelles, 80 épisodes, au moins, puis une adaptation raccourcie de 3 heures, quand même, pour le grand écran.

    Avec les nouvelles techniques, il visualisait déjà, à peu de frais, les contours des maisons vides et des salles pleines.

    Bientôt 5h du matin. L’écrivain avait déjà terminé sa journée de travail.

    Alors Stephen, se servit un grand bourbon, comme dans la vie de ses histoires.

  7. Françoise Rousseaux dit :

    Dorbell-City, la ville des sonnettes…je ne me souviens plus qui m’en avait parlé. Comme j’avais un doute sur la véracité de ces propos, j’avais consulté internet et oui, Dorbell-City existait bel et bien. Ce n’était pas à proprement parler une ville, car il n’y avait aucun édifice visible, mais le long d’une route, entre deux larges panneaux annonçant l’un l’entrée, l’autre la sortie de l’agglomération, des poteaux s’alignaient, tous porteurs d’une sonnette. Très intriguée, je décidai de m’y rendre…
    Avant de me mettre en route, j’avais voulu configurer mon GPS, mais il refusa tout net. Revenant aux vieilles méthodes traditionnelles, je consultai une carte de la région concernée et je finis par dénicher un tout petit point dénommé D-C. Ce devait être là…Je concoctai un itinéraire et me voilà partie.
    Je passe sur les péripéties du trajet ; en deux jours, j’ai atteint mon but et garai ma voiture sur un parking à l’entrée de la ville, ou plutôt ce qui en tenait lieu. Deux trottoirs s’étiraient de part et d’autre de la route, et le long de chacun d’eux, il y avait les fameuses sonnettes, espacées d’une dizaine de mètres environ…
    D’abord, je me suis contentée de marcher sur un des trottoirs ; l’endroit était désert, silencieux.J’ai déambulé pendant un moment, et tout à coup j’ai réalisé que je n’avais qu’une envie : appuyer sur une des sonnettes. Finalement, je me suis arrêtée devant un des poteaux et j’ai appuyé mon index sur le bouton. Une sonnerie retentit et tout à coup, je me trouvai plongée dans un tout autre décor. Le long de la route s’alignaient des maisons en bois ; le trottoir, tout à l’heure banalement goudronné, était une passerelle de planches, montée sur pilotis. La route était en terre battue. Et il y avait des gens ! Quelques femmes, vêtues de robes longues et toutes coiffées d’un chapeau. Et des hommes, déguisés en cow-boys ! L’un d’eux, un grand barbu au visage buriné, me regarda fixement et je me sentis mal à l’aise. C’est alors que je remarquai les sonnettes, toujours visibles sur leurs poteaux. Comme je n’avais guère envie de rester coincée dans un western, j’appuyai de nouveau sur un bouton. Cette fois, j’entendis un son grave et la lumière baissa brutalement. Le village en bois avait disparu. Je me retrouvais au pied d’une colline où se dressait une maison, sous un ciel bas et sombre. J’avançai sur le chemin qui montait vers la maison, quand une enseigne s’alluma soudain : MOTEL. Une angoisse soudaine me saisit..cette maison…il me sembla entendre un ricanement sinistre. Oh mon Dieu, Psychose, c’est Psychose ! Le film qui a traumatisé ma jeunesse ! Je fis demi-tour et dévalai le chemin, qui s’aplatit et s’enfonça dans la grisaille. Toujours ces maudites sonnettes sur le côté ! Je courais, sans oser me retourner et je commençais à désespérer quand j’aperçus une silhouette familière : le panneau qui se tenait à l’entée de D-B ! Je l’atteignis péniblement , le dépassai et soudain la grisaille se dissipa . Ma voiture était là, juste devant moi. Je m’engouffrai à l’intérieur, démarrai aussitôt et repartit en sens inverse…
    Je ne me souviens pas du tout du trajet de retour. Tout ce que je sais, c’est qu’une fois rentrée chez moi, je n’avais aucune envie de raconter mon aventure à qui que ce soit. D’ailleurs, plus le temps passe, plus j’ai des doutes : l’ai-je vécue réellement ? En tout cas, je vous laisse vérifier si la ville des sonnettes existe toujours. Je ne veux plus en entendre parler !

  8. Avoires dit :

    Arrivé de nuit à Clocheporteville, il fut tout d’abord déboussolé. Drôle de nom pour une localité se dit-il. Très vite son égarement laissa place à l’éblouissement que produisait cet étrange endroit. Un spectacle étonnant s’offrait à lui : les étoiles ne brillaient plus dans le ciel parce que le ciel n’était plus au ciel mais était descendu sur la terre ! Des centaines de petits points lumineux scintillaient le long de ce qui avait dû être des rues, des places, des impasses. Il se rendit compte qu’il n’y avait nulle maison, nul immeuble. Clocheporteville n’avait aucune construction ! Seules les sonnettes subsistaient et leur éclat dessinait une insolite géométrie lumineuse tantôt serpentine, tantôt rectiligne. Stupéfait, ébahi, incrédule, il finit par se diriger vers une de ces étoiles terrestres et appuya sur une sonnette. Son index trembla…Pourquoi ? se demandait-il, personne ne me répondra bien sûr, c’est ridicule ! En effet, personne ne se manifesta. Il avisa une autre étoile, posa de nouveau son index, attendit. Rien ne se passa. Une troisième tentative eut le même résultat. Tout à coup, il frissonna, se sentit étranger et la surnaturelle beauté du lieu lui devint hostile. L’éblouissement avait disparu. Il était seul dans une ville fantôme illuminée par des sonnettes rescapées on ne savait pourquoi. Il se dit que peut-être la ville n’avait existé que sur plans et que les sonnettes avaient été d’abord mises en place dans le but d’attirer de futurs habitants. Les constructions seraient édifiées plus tard. C’était sans doute ainsi qu’il fallait voir les choses. Il décida de partir, tourna la dos à Clocheporteville. La curiosité étant malgré tout la plus forte, il se retourna. Il frissonna de nouveau.

  9. Grumpy dit :

    On lui avait dit « pour ça, le mieux c’est que tu ailles à Sonnette-ville… »
    Il a eu beaucoup de mal à trouver, il a su qu’il y était quand il a vu tellement de traces piétinées dans la poussière, beaucoup beaucoup étaient venus faire la même recherche. Ils sont repartis sans avoir trouvé se disait-il, ils ont viré tourné un sacré moment, ça se voit.

    A part ces traces, on ne voyait rien du tout. Un grand espace plat, sec et terne, un paysage de Western.

    Ah si ! Je vois une sonnette, toute seule, à hauteur de main d’homme mais suspendue à rien. Cet endroit, un vide total, sauf elle. Bizarre, anormal et angoissant, il faut que je sois prudent : il monte sur la pointe de ses pieds et sonne.

    Une grosse voix descendue du ciel « Qui c’est ?  Vous voulez quoi ?»

    – Je cherche la YEAR TOWER.
    – Vous y êtes
    – Je ne la vois pas
    – Normal elle est transparente
    – Elle est haute ?
    – 366 étages

    Un peu plus intrigué, il poursuit :
    – Oui mais une année c’est 365 jours pas 366 ?
    – Et le 29 février qu’est-ce-que vous en faites ? C’est l’appartement terrasse, réservé au Boss, il possède une autre tour moins discrète à N.Y. City. Il ne vient que tous les 4 ans pour inspecter et chercher des idées nouvelles.

    – Mais moi il fallait que je sonne au 4 août ?
    – Impossible, vous reviendrez Monsieur, je vous dirai comment faire pour obtenir un rendez-vous une année bissextile. Là c’est impossible, l’immeuble est virtuel, construit par l’I.A. En ce moment il est loué par Disney qui tourne « la Tour invisible »

  10. Michel-Denis ROBERT dit :

    714 – On the good corner, I found a rare pearl : a splendid glass paste lamp. Oh ! Excuse me, je suis déboussolé.

    Voilà, je reviens d’Angleterre, plus exactement de Doorbell-City, une nouvelle ville. Au premier abord, il m’a semblé qu’il s’agissait d’un immense lotissement en projet. Mais de ces lieux émanait une spéciale ambiance : quelque chose de particulier difficile à identifier que je n’avais jamais ressenti auparavant. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction.
    Nulle maison ou immeuble que le vide, sauf ces sonnettes comme suspendues en attente de leurs propriétaires.
    A la recherche d’un site pour la nuit, je roulais au pas dans mon furnished-space. Le GPS m’indiqua ce lieu, idéal pour me ressourcer. S’il s’agissait d’un grand espace pour accueillir les voyageurs, personne pour me réceptionner.
    Les sonnettes étant à portée de main, nul besoin de descendre de mon space, je me risquais à solliciter la plus proche. Une sonnerie comme celle des téléphones anciens. Et puis cette voix de baryton presque chantante :
    – You’r driving on the wrong side.
    J’étais justement à gauche, je ne comprenais pas.
    – Sorry, I don’t understand.
    – You’r driving on the wrong side, répéta la voix.
    Décidément, ces Anglais ont l’esprit de contradiction. J’étais suivi.
    – Qu’est-ce que vous avez dit ?
    – Rien. Je pensais seulement que j’étais du bon côté.
    – Ici, vous ne serez jamais du bon côté, répondit-elle, dans un français impeccable, toujours en chantonnant. Inutile de sonner à toutes les sonnettes, vous n’êtes plus en âge.
    – Pardon !
    – Ne faites pas de commentaires, avancez lentement. Que faites-vous ici ?
    – Le GPS m’a indiqué cette ville très accueillante. J’ai suivi, tout simplement.
    – Ne soyez pas ridicule, nous savons pourquoi vous venez. Nous devons vérifier votre identité. Vous avancez lentement. Vous allez devoir passer douze épreuves de fiabilité.
    – Mais j’ai besoin de me reposer !
    – Ne discutez pas. Suivez nos indications.
    – Mais je suis en vacances.
    – Ne discutez pas. Nous devons inspecter votre mémoire. Nous créons un nouveau monde.
    – Je ne vous ai pas donné mon autorisation.
    – Ne discutez pas. Suivez nos indications. Prenez la prochaine rue à droite. Vous ne pouvez pas faire demi-tour. Vous êtes engagé…

  11. mijoroy dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…
    ─ Bonjour, bienvenue à Doorbell-City. Si votre appel concerne une information sur les horaires et tarifs des billets de trains, veuillez appuyer sur la troisième sonnette sur votre droite. Si vous appelez pour connaître la disponibilité des hébergements environnants veuillez appuyer sur la quatrième sonnette derrière vous en partant de votre gauche. Pour un appel concernant le bar le plus proche, appuyez sur la dixième sonnette derrière vous en partant de la droite. Pour tout autre demande veuillez patienter Miss Dring et Dring et son équipe de coquettes va vous répondre.
    ─ Coquette 007 de la team Dring Dring, pour vous servir. Que puis-je pour vous ?
    ─ Je suis perdu. Pourriez-vous me remettre sur les rails ?
    ─ Quel est votre numéro de wagon ?
    ─ Mais je ne suis ni un wagon ni une locomotive. Je suis un HUMAIN !
    ─ En ce cas veuillez vous rendre à la sonnette deux kilomètres plus loin en partant de votre droite. Lorsque vous arriverez à la cloche à bétail prenez à gauche, tirez la chevillette et la bobinette cherra, puis de suite sonnez sur la première sonnette visiophone que vous trouverez. Continuez tout droit environ 15 minutes, et la prenez la venelle en diagonale, jusqu’au carillon en forme de serpent à sonnette. Prenez alors à gauche, vous ne pourrez pas la louper. C’est Mademoiselle Einstein. Elle a un cerveau tatoué sur le bouton pressoir.
    ─ Euh, vous avez parlé un peu vite, pourriez-vous répéter, s’il vous plaît ?
    ─ Ah non j’suis Coquette 007, pas un curé. Je ne suis pas habilitée à répéter la messe pour les sourds. Au revoir cher monsieur.

  12. Sylvianne Perrat dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…
    Un serpent jaillit. Le fameux serpent à sonnette ! Il prit ses jambes à son cou, ce qui n’est pas très pratique quand on est cul de jatte.
    Une 2e sonnette l’attira. Il voulait élucider ce mystère. Des sonnettes sans maisons. Parfois, dans son métier d’agent immobilier, il avait croisé des maisons sans sonnette. Un casse tête. Il tira sur la petite corde et fit tinter une petite cloche. Rien ! Il recommença. Là, comme en filigrane, une maison apparut. Comme en transparence. Un portail couleur arc en ciel s’ouvrit, il avança le bras. Son bras devint transparent. Il hésita. Avancer et peut-être disparaître ou reculer et regretter ? Courage ! Il avança à petits pas. La maison se matérialisait. Jolie, coquette. Avait-il franchi l’horizon ? Était-il de l’autre côté ? Une fois, enfant, il avait, un matin en bayant aux corneilles, franchi la limite de la vie. Il en gardait un souvenir doux. « Là-bas », c’était rassurant. La quiétude. Il avait eu du mal à revenir.
    Il franchit le seuil avec espoir. Là, étaient assis tous les êtres qu’ils avaient croisés et aimés. Tous ceux qui lui avaient tendu la main. Ceux, aussi, à qui il avait tendu la main. C’était une assemblée paisible. Tous avait enfin compris.
    Tout simplement, il sourit.

  13. CATHERINE M.S dit :

    Arrivé à Doorbell-City
    Un étranger fut déboussolé
    Nulle maison, immeuble ou logis
    Aucun arbre ni même une fleur
    Pas le moindre petit pissenlit
    L’air sentait le vide, le malheur
    L’abandon ainsi que la peur
    Autre élément troublant
    Au milieu de ce néant
    D’innombrables sonnettes
    Placées le long des voies
    Sur des portes en piteux état
    Mais que faisaient-elles là ?

    L’étranger ôta sa casquette
    Éteignit sa cigarette
    Appuya sur l’une d’elle, sonna
    Entra
    Derrière la porte
    Une langue morte
    Se réveilla
    Balbutia quelques mots
    Galimatias
    Imbroglios
    L’étranger répondit à son charabia
    La ville autour sortit de sa torpeur
    Des bruissements, une rumeur
    Des silhouettes
    Sorties de leurs cachettes
    Des paroles lancées en l’air
    Des lumières
    La vie à nouveau
    Des MOTS.

  14. Alain Granger dit :

    Une trappe s’ouvrit dans le sol. Une femme apparut alors aux yeux du visiteur.
    – Que veux-tu étranger ?
    – Je suis journaliste et je viens pour interroger les habitants de Doorbell-City. Je fais un papier pour le journal national : « Le Monde avoue ». la France s’interroge et voudrait en savoir plus sur votre combat.
    – Venez, descendez boire un café. Il fait meilleur à l’intérieur. Le vent est chargé des gaz provenant de l’usine.
    Le journaliste descendit quelques marches avant de pénétrer dans cette demeure sous la terre. Des fils couraient sur le plafond assez bas. Des éclairages sommaires sortaient de ces fils comme des verrues lumineuses. Les meubles de récupération avaient oublié l’esthétique pour demeurer pratiques. Il n’y avait que l’essentiel. Un homme était attablé autour du petit déjeuner avec ses deux enfants. Ils n’étaient guère bronzés mais depuis les grandes pollutions plus personne n’était bronzé. La famille fit assoir le journaliste. La femme avait parlé à son homme. Elle fit chauffer le café. Le journaliste interrogea son compagnon :
    – Alain Terrieur, c’est bien vous ?
    – Effectivement, répondit l’homme aux épaules larges et au regard déterminé.
    – Vous êtes le leader de ce mouvement ouvrier d’occupation de la ville construite et gérée par l’usine.
    – On peut dire ça. Vous avez rencontré des constructions, vous ?
    – Non, effectivement.
    – Depuis la grand grève, le patron de « Et si l’or » a refusé de rénové nos maisons. Il a laissé les acides présents dans cet air pollué, abimer nos demeures. Alors nous avons réagi, nous avons aménagé les sols et détruit les murs abimés et à moitié écroulés. Ainsi nous avons pu profiter d’une spécificité de la loi sur les loyers. Celui-ci ne peut être prélevé si la maison ne comporte pas de fenêtre.
    – Vous êtes aux frontières de la légalité ?
    – Oui car le patronna a dépassé les frontières de l’exploitation. Souvenez-vous. Pourquoi la grande grève ? Pas d’augmentation des salaires depuis 10 ans et des loyers qui s’envolaient tout en réduisant les prestations et l’entretien. Nos revenus étaient si smic que nous avons décidé un tremblement de terre. Nous avons retourné cette terre pour nous enterrer dessous. « Pas de sous, nous dessous ! » tel était notre slogan. Le patron de « Et si l’or » ne pouvait tous nous licencier. Alors nous avons continué de travailler mais en ne payant plus de loyer afin d’augmenter artificiellement nos revenus. De nous poursuivre en justice, le patron est revenu bredouille. Après les différents recours, le conseil d’Etat a tranché en notre faveur.
    – C’est pour cette raison que je suis là. Votre lutte est un modèle dans le monde ouvrier.
    – Oui, le slogan trouvé par un journaliste est devenu viral dans les réseaux sociaux et dans la presse : « Sous tes rêves la vie souterraine ». Nous l’avons bien entendu repris lorsque, durant notre repos du week-end, nous manifestons devant la préfecture ou le ministère de l’industrie afin d’obtenir des augmentations. A cette situation sismique nous réclamons 6 smic.
    – C’est un peu exagéré, vous ne trouvez pas ?
    – Cela reste une base pour négocier. Mais d’un autre côté, ne trouvez-vous pas scandaleux que le salaire mensuel du PDG, Yvon Gategaz, atteigne 176 fois le montant du smic ? depuis longtemps déjà l’intersyndical réclame la création d’une échelle de salaire de 1 à 10 au sein des entreprises. Mais le patronna ne veut pas l’entendre.
    – Comment est la vie sous terre ? N’est-il pas trop difficile de ne pas voir la lumière ?
    – Si bien sûr, c’est difficile, très difficile, mais le combat est difficile comme l’est l’humiliation quotidienne que nous impose le patronna dont Gategaz est le représentant. La vie est tellement facile pour lui derrière les vitres de son château, ou de l’une de ses 2 résidences secondaires. L’une à la montagne et l’autre au bord de la Méditerranée.
    – Je sens une pointe de jalousie.
    – Point du tout. Cet exemple juste pour montrer l’injustice flagrante. D’un côté la vie comme des taupes et de l’autre la vie au top du luxe. Voilà, tout simplement.
    – En tout cas merci de m’avoir reçu. Votre café est excellent.
    – Moi je vous laisse. Je dois partir au boulot. Ma femme pourra répondre à vos autres questions. Je lui fais entièrement confiance pour ça. Pendant que je suis dans l’arène ma petite reine se prépare à conduire les enfants à l’école souterraine. Tenez, je vous épingle le pins « Sous tes rêves la vie souterraine ».

  15. camomille dit :

    Oui, il fut déboussolé.
    Il appuya donc sur une sonnette qui sonna.
    « Je ne suis pas fou » se dit l’homme. « Si la sonnette sonne, c’est que je suis dans du réel ? »
    La sonnette ayant sonné, il entendit une voix :
    – « c’est pourquoi ? »
    – « Heu… heu… Où suis-je s’il vous plaît ? »
    – « Ben à Doorbell-City ! C’est pourquoi ? »
    – « C’est… c’est pour une sonnette » lança-t-il sans réfléchir.
    – « Servez-vous ! »
    L’homme examina les sonnettes à sa portée et tendit le doigt vers une sonnette classique.
    – « Celle-là ! C’est celle-là que je voudrais ! »
    – « Servez-vous, vous ai-je dit »
    Il se servit.
    Il repartit.

    Depuis, l’homme est tous les soirs sur scène.
    Son sketch « les sonnettes et moi » est un triomphe.
    Il savoure son succès, mais dès qu’il est dans sa loge il murmure :
    – « Et dire qu’ils croient tous que j’ai inventé cette histoire! »

  16. FANNY DUMOND dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, le vide. Il appuya sur une sonnette et c’est alors qu’un quinquagénaire, une canette de bière dans une main et une clope dans l’autre, se matérialisa devant lui.

    – Oui, c’est pourquoi ? lui demanda-t-il d’un ton revêche.

    – Bonjour, monsieur. Moi, c’est Dean. Je suis sur la route sur les traces de Kerouac et je suis complètement perdu. Votre ville ne figure sur aucune carte et je suis très étonné de ne voir aucune habitation ici, malgré toutes ces sonnettes qui flottent dans le vide le long des rues.

    – Hein ! Je ne comprends rien de rien à vos élucubrations. Vous vous shootez à quoi, jeune homme ? Vous venez me déranger pendant que je suis en train de suivre Léon Marchand.

    – Alors, comme ça, vous aussi, vous marchez. On pourrait faire la route ensemble tous les trois.

    – Foutez-moi le camp d’ici. Si vous n’êtes pas bien, à quatre rues de là, vous trouverez l’hôpital qui possède une aile HP. Mon voisin d’en face, vous voyez la maison qui avait des volets verts, fût un temps, il y a fait plusieurs cures de désintoxication. Mais vu le résultat !

    – C’est pas Dieu possible, je vais devenir fou ! s’écria l’étranger. Comment pourrais-je le trouver votre hôpital alors qu’à part son panneau à l’entrée, votre patelin n’existe pas ?

    – Alors là, c’est fort de café ! Je suis pourtant bien réveillé et je n’en suis qu’à ma cinquième bière. Vous êtes aveugle ou quoi ! Vous ne voyez pas les constructions ni ma maison que j’ai bâtie à la sueur de mon front pendant une bonne décennie ? J’en suis très fier, c’est la plus belle à des dizaines de lieues à la ronde. Hélas, le revers de la médaille d’or, c’est qu’elle m’a couté mon divorce parce que Madame n’a pas supporté trois jours de vivre comme une bohémienne dans un bungalow de 20 mètres carrés. Venez voir comment je l’ai bien aménagée avec tout le confort possible.

    – Ce serait avec plaisir, cher monsieur, mais j’ai encore du chemin à faire pour rejoindre des amis à Frisco.

    – Jamais entendu parler. Je ne suis jamais sorti de Doorbell-City et, pour tout vous avouer, je ne sais plus comment j’y suis arrivé.

  17. Eleonore Gottlieb dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…
    Après avoir fait 3 fois le tour de la ville, troublé il regarda tout autour de lui, s’arrêta se gratta la tête. Il n’était plus sûr de rien… Encore une fois il se trouvait hors du monde … le ciel était gris, sans nuage. Il eut peur. Un cauchemar ? ou un rêve ? il fit quelques tours sur lui-même, retourna sur ses pas pour s’assurer qu’il n’avait rien oublié de regarder, que ses yeux étaient ouverts, on ne sait jamais ! Décidément non. Il mit ses mains dans ses poches, sentit ses clés et ses mouchoirs. Pas de doute il était bien vivant et son pardessus était bien le sien.
    Ne se posant plus d’inutiles questions il observa l’avenue déserte. Une minuscule lueur se posa sur une sonnette argentée. C’était le signe infaillible. Il était arrivé. Il posa son index sur le bouton brillant.
    Un rideau de poudre irisée s’ouvrit, il répandait une douce musique qu’un vent subtile diffusait autour de lui. L’étranger passa au-delà de ce souffle tiède. Ce fut l’éblouissement. Il était arrivé.
    La musique, les couleurs, les mots, tous les artistes, tous les visionnaires étaient là, ils cueillaient des étoiles, des miettes de beauté irradiaient entre leurs mains. Leurs visages rayonnaient mais leurs yeux pleuraient, de douloureuses larmes coulaient le long de leurs joues. Alors ils redoublaient de courage et envoyaient des pluies d’étoiles sur le monde. Les anciens continuaient depuis des années sans jamais se lasser, des plus jeunes les aidaient pour plus vite remplir des sacs de lumières, les enfants, qui savaient encore rire et s’amuser, jetaient en riant les paillettes étincelantes sur le monde d’en bas si malheureux et désorienté.
    Quelques personnes les recueillaient et essayaient d’en offrir à l’humanité souffrante et aveuglée. Certains les ramassaient délicatement, d’autres les écrasaient sans même les voir.
    Il me reste un bout d’étoile au fond du cœur qui me permet d’écrire, alors je vous l’offre pour un tout petit instant de lumière .

  18. 🐻 Luron'Ours dit :

    714/SANSONNET, LE PASSEREAU
    La ville, hormis et cetera… Ne comprenait rien ! C’est ce que je ressentis au sortir de la bretelle, en contemplant le rond-point où tournait un embouteillage de voitures, à 9h, devant le bassin d’emploi, c’est un cas, un cas d’arrache. Il aurait fallu pas moins de 10000 sonnettes pour tous les employés qualifiés venus du monde entier ! Ici, on va voir ce qu’on va voir, rien moins que la fusion solaire, un gigantesque chauffe-plat. Du dehors, on n’aperçoit qu’une sorte de transfo avec des poteaux et des câbles. La Durance se prête une fois de plus à ce jeu industriel. Loin des villes. En 1945, pourquoi avoir bombardé quelques ponts et effrayer la population quand la résistance avait déjà programmé de les faire sauter ? La bonne idée serait, comme à doorbell city, de ne laisser que d’innombrables sonnettes le long de voix bien éclairées, mais sans aucune construction. Je me voyais appuyant sur le timbre: ceci n’est pas une ville aurait dit Magritte le Belge tirant sur sa pipe. Il n’y a pas de crèche, deux stades, de sanatorium, pas de bain public ni de champ de course, pas de tripot ni de casino ! Je sonnai : vous êtes en communication avec… Doudoudou… Vous allez être mis en relation avec le service… Doudoudou… J’étais étonné et ravi de ne pas être rejeté ! Je suis représentant en rasoir de sûreté, avant-hier je vendais des tapis, hier des aspirateurs. J’ai trop bien fait mon boulot : il ne me reste plus rien, je les ai bradés, j’étais convaincu de leur inefficacité, n’argumentant que sur leur silence… Et, voilà t’y pas que l’un d’eux, menaçant, s’ avant vers moi… Au secours il va m’avaler.🐻

  19. Rose Marie Huguet dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette…

    Je suis un infatigable voyageur. J’aime découvrir, faire des rencontres hors des sentiers battus. J’en ai vu des choses surprenantes et incroyables, mais là, même un scénariste hollywoodien n’y a pas encore pensé.
    En quête d’une supérette, je suis le panneau indicateur qui me mène à Doorbell-City. Je découvre une large artère encadrée d’arbres, de vertes pelouses, de buissons de fleurs et rien d’autre si ce n’est que des poteaux, tous identiques, bien alignés séparés les uns des autres d’une quinzaine de mètres. Je m’approche du premier poteau. Je reste scotché. Je regarde autour de moi. Rien. Je suis perplexe. Qu’est-ce que je dois faire ? C’est un gag !? Une sonnette, oui, une sonnette sur le poteau, de quoi se poser des questions sur sa santé mentale.
    Je m’enfuis ou je sonne ? Je suis curieux, alors je sonne. Tant pis si je suis l’acteur principal d’une grosse blague. J’attends. La pelouse se soulève. Mes yeux s’écarquillent. L’envie de prendre mes jambes à mon cou me reprend. Je me fais violence, je respire profondément et me prépare au pire. Émerge une tête toute souriante (ou moqueuse ?).
    Bonjour ! En quoi puis-je vous aider ?
    Je reste planté comme un con, ne sachant quoi dire, mes yeux rivés sur lui. C’est vrai, je ne m’attendais pas à voir un être humain. D’ailleurs je ne savais pas à quoi je devais m’attendre : animaux savants, robots, extra-terrestres…
    Lui aussi me regarde, pas du tout surpris. Il se marre devant mon air perdu.
    Je bafouille : je cherche la supérette. J’ai bien cru qu’il allait s’étrangler. Il y a de quoi ! D’autres auraient posé des questions plus intelligentes : pourquoi, comment … la singularité de cette ville. Moi, c’est l’estomac qui a parlé.
    Il m’invite à le suivre. Bien que peu rassuré, je le suis. La curiosité est trop forte. Nouveau choc ! Je me retrouve dans un grand salon, lumineux, confortable. J’aperçois une cuisine, un couloir. Une maison normale, quoi ! Il me demande de l’attendre, le temps de se chausser pour m’accompagner à la supérette. Mon cerveau n’arrive plus à suivre.
    De retour, il ouvre une porte, m’invite à la franchir et je me retrouve dans une rue, avec des maisons de part et d’autre, des gens qui vont et viennent. Il y a des plantes, des arbres, on respire un air frais chargé de bonnes odeurs. Les gens se sourient, se parlent, semblent heureux. Une ville, comme des milliers d’autres. Tout y est, rien ne manque. Je lève la tête. Il y a un ciel, des nuages qui bougent, qui parfois cachent le soleil. Quelle est donc cette technologie ?
    J’hallucine ! Je ne sais où donner de la tête. Une ville, une vraie ville mais enterrée. J’y crois pas, pas possible. Non, il y a un truc. J’ai oublié de me réveiller. Je rêve. On arrive sur une place qui accueille le marché. Mon accompagnateur m’indique la supérette.
    Avant de vous y rendre vous devez passer à la mairie où l’on vous donnera votre carte d’approvisionnement valable dans tous les commerces. On vous y communiquera également le numéro du logement qui vous sera attribué.
    Hein !? Je ne comprends pas. Je veux juste acheter deux trois choses et repartir.
    Repartir ? Mais vous ne pouvez pas ! Il n’y a pas de sortie.
    Je blêmis, je transpire, je manque brutalement d’air. Mais, vous êtes sorti de chez vous lorsque j’ai sonné ? Donc il y a des sorties.
    Je ne suis pas sorti, seule ma tête est apparue telle un périscope.
    Devant mon air ahuri, il m’explique que je me trouve dans un centre de recherches destiné à étudier la nouvelle forme d’habitat pour les humains aussi bien sur terre que sur d’autres planètes. N’avais-je donc pas lu la pancarte à l’entrée de la ville ? Il est bien spécifié que quiconque entre reconnait avoir pris connaissance des conditions et les accepte. L’expérimentation dure cinq ans. Les participants ne peuvent et ne doivent en aucun cas quitter la ville souterraine. Ils ne sont autorisés qu’à ouvrir la trappe pour accueillir les nouveaux volontaires. Toute désobéissance est passible d’une peine de prison à vie.
    Moi, enterré cinq ans !? Ça va pas, non !?
    Piégé par une simple sonnette !? Une grosse, très grosse tempête monte en moi. Je pousse un cri si stridant que les alarmes de surveillance se mettent à hurler, un court-circuit se produit. Toutes les issues s’ouvrent. D’abord apeurée, la foule se précipite à l’extérieur, décampe à tout va. En une minute Doorbell n’est plus qu’une coquille vide.
    Je vais à la supérette, je me sers et reprends ma route vers de nouvelles aventures. Je ne suis pas un rat de laboratoire, moi ! Je suis un être libre !

  20. Nadine de Bernardy dit :

    Arrivé à Door Bell City un étranger fut déboussolé. La ville,hormis d’innombrables sonnettes, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide.
    Chaque sonnette portait une indication au dessus d’un interphone. Il appuya par curiosité sur celle qui disait :
    Fichez moi la paix !!!!!
    Une lumière rouge s’alluma, une voix furieuse cria:
    Savez pas lire, voyez ben que j’veux pas être dérangé .
    L’étranger eut juste le temps de glisser un :
    Sorry, i beg your pardon sir
    que la lumière s’était éteinte.
    Sur une autre sonnette était écrit:
    Sonnez deux coups brefs et un long
    Ce qu’il fit, une voix moqueuse se fit entendre :
    Merci l’inconnu, tu t’es laissé prendre à mon attrape nigauds, ça me fait toujours rire d’entendre ces trois coups. Bonne chance pour la suite.
    Toutes les sonnettes comportaient une consigne, il en tenta beaucoup sans grand intérêt.
    Il commençait à être las, se rendant compte qu’il lui faudrait plusieurs jours pour tout découvrir. Il en tenta une qui promettait:
    Ici on loge pour pas cher
    S’attendant au pire il sonna, à son grand soulagement un lit, sorti de nulle part,apparu devant lui. Une vois suave s’enquérit :
    Bienvenue, pour le petit déjeuner vous êtes plutôt thé ou café ?

  21. Antonio dit :

    Arrivé à Doorbell-City un étranger fut déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide. Il appuya sur une sonnette sous le regard effaré d’un habitant assis au loin sur la voie.

    Un air connu retentit au-dessus de sa tête, comme de petites clochettes portées par le vent.

    « Jingle Bells, Jingle Bells ! »

    L’habitant, affolé, se releva et détala pour disparaître dans la poussière. L’étranger se tint sur ses gardes. Pas une âme ne pointait le bout de sa vie à quelque porte ou fenêtre inexistante. La ville était comme rasée, avec ses grandes allées qui distribuaient des carrés de jardins en friche, aux airs de cimetière sans sépulture. Cela faisait froid dans le dos.

    « Jingle Bells, Jingle Bells ! »

    La petite musique s’arrêta de tintinnabuler quand une voix l’interpella :

    — Oui ? C’est à quel sujet ?
    — Bonsoir, je m’appelle Johnny Bigoude et je suis de passage dans la région. Je cherche un endroit pour me reposer avant de reprendre la route à l’aube en direction du Grand Canyon. Je suis épuisé et tout semble désert par ici.
    — Je vois, je peux vous offrir le repos, mais pas éternel, hein ? Promettez-moi de repartir dès demain matin.
    — Oui, je vous le promets. Où dois-je me rendre ?
    — Ne vous inquiétez pas, je viens vous prendre. Le voyage sera bref mais il secoue un peu.

    Johnny tourna la tête, à droite puis à gauche, s’attendant à voir surgir son hôte quand une attaque surprise le saisit au cœur. Il voulut appeler à l’aide, mais il s’étrangla dans son dernier souffle.

    — Je vous avais dit que ça secouait un peu. Mais on s’en remet aussitôt.
    — En effet, c’est hou ! … Mais où sommes-nous ?
    — Chez moi. Un petit cumulus de 25 mètres carré. C’est cosy mais on a une belle vue sur Las Vegas. Regardez là-bas !
    — Mais je n’ai plus mon corps ! Qu’est-ce que… mais…
    — Encore heureux ! À quoi voulez-vous qu’il vous serve ici ? Sans lui, pas besoin de manger ni de se mirer, vous êtes léger comme l’air et cela ne nous empêche pas de nous voir, n’est-ce pas ?
    — Oui, c’est… c’est curieux.
    — C’est curieux parce que vous cherchez une forme là où il n’y a qu’être et souffle. La vie, quoi. Détendez-vous, vous êtes en vie, mon ami ! Donc vous repartez à l’aube pour le Grand Canyon. Beau voyage ! Et vous venez d’où ?
    — Du Wyoming !
    — Il est vrai que passer par la vallée de la mort est le plus direct. Vous verrez, c’est magnifique. Vous y rencontrerez de grands esprits, comme Wakan Tanka, un vieil ami Sioux exceptionnel.
    — Mais comment je…
    — Je quoi ?
    — Je récupère mon corps.
    — Désolé de vous dire qu’il faut définitivement faire une croix dessus. Soit le gars des pompes funèbres de Door-Bell s’en est discrètement chargé, soit les pygargues à tête blanche en feront leur déjeuner. Le mieux c’est de partir sans. Par contre, si vous voulez en incarner un autre, vous ne serez pas arrivé avant quelques années.
    — Qu’est-ce vous me racontez ? Je suis MORT ?
    — Pour vos amis, oui, sans aucun doute. Mais pour vous, non. Puisque je vous dis que vous êtes en vie, débarrassé de ce corps qui vous semblait si cher et ne fait que tous nous embarrasser. Je ne comprends pas où est le génie de son créateur qui nous oblige à y entrer et sortir en permanence pour le maintenir en vie. C’est une énigme qui me dépasse. Alors que là, on peut vagabonder au gré du vent.
    — Mais vous êtes un assassin !
    — Hého ! C’est vous qui m’avez sonné ! Moi je n’ai fait que vous rendre service. Vous sembliez épuisé, au bout de votre vie. Et quand l’heure sonne, comme dit…
    — Arrrrrgh ! Bouuuuuuh …. Je veux retourner sur terre !!!!
    — Oui, c’est ça, laissez aller votre colère. J’ai l’habitude. Et vos amis en bas, vous en serons reconnaissant. Cela fait deux mois qu’il n’a plu par. Alors, un bel orage ici, quel merveilleux cadeau vous leur faites !

  22. Nouchka dit :

    Parti deux ans plus tôt de son village normand, il arrive ce matin-là, à Doorbell-City. Quelqu’un lui avait évoqué cet endroit. L’étranger en question en avait été déboussolé. La ville, hormis d’indénombrables sonnettes installées le long des voies, ne comprenait aucune construction. Nulle maison ou immeuble, que le vide.
    Notre Normand appuie sur une sonnette à l’entrée de la ville, à la recherche d’indications sur les usages imposés par la cité.
    La gâche de la porte invisible émet un son métallique et le vide en trompe l’œil se fend d’une ouverture de la taille d’une double porte d’entrée. Derrière un judas grillagé à l’ancienne, une enfant l’observe.
    – Bonjour, pourriez-vous m’indiquer le centre d’information touristique ? Je cherche un hébergement pour cette nuit.
    – Vous êtes à la bonne adresse Monsieur. Faites trois pas en avant, s’il vous plait.
    Arnold s’exécute. Le sol se dérobe alors et descend quelques secondes dans un puit de pierre. Cet ascenseur le dépose au milieu d’un jardin intérieur, entouré d’une galerie comme dans les cloître de son pays.
    Il entend à proximité la berceuse de Mozart interprétée par un chœur d’enfants. Arnold ne sait s’il s’agit de l’écoute d’un enregistrement ou un groupe in vivo.
    Dans ce lieux superbe, Arnold écoute ces morceaux et oublie le pourquoi de sa descente ici. Il se sent attendri, fragile et n’ose bouger, attentif aux voix, aux harmonies que les voutes amplifient majestueusement.
    Les notes solo et les trilles lui donnent la chair de poule en dépit de la température ambiante. Il resterait bien ici, statufié, à emplir sa tête et son cœur de cette musique céleste.
    Sans en prendre conscience, il pleure doucement de bonheur. Quel cadeau ne vient-on pas de lui faire !
    L’enfant de l’accueil le prend par la main et le guide vers la verrière de lumière où sont rassemblés les jeunes choristes.
    « Pourquoi n’ai-je pas découvert plus tôt un tel univers de beauté » se demande-t-il.
    Tout ici est sublime. Il respire à plein poumon cette sérénité. Il devient un autre lui-même.
    Troublé de toutes ces émotions sensorielles, il s’assoit sur la pierre chaude d’un banc, ferme les yeux et attend…
    Attend que la vie ou la mort viennent ici le chercher.

  23. Métivier dit :

    Dogbull, c’est comme cela que se nommait l’étranger. Il allait de surprise en surprise, sitôt après avoir appuyé sur le bouton sonnette. Un interphone surgit du sol, une trappe ouverte par l’interrupteur sonore laissa passer une sorte de digicode avec un petit haut parleur.
    Veuillez décliner votre identité et l’objet de votre visite, laissa t il échapper d’une voix métallique.
    Dogbull donna son nom et demanda pourquoi la ville n’avait pas d’habitation et qu’à perte de vue s’alignaient des sonnettes ésseulées de leur habituelle construction humaine.
    Il n’attendit que quelques secondes pour s’entendre dire :
    Doorbell-City n’accepte pas les étrangers, ni les curieux et vous demande de passer votre route.
    Dogbull ne se laissa pas intimider et d’un naturel plutôt hargneux et teigneux réitèra sa question tournée différemment pour enfin obtenir une réponse à son interrogation :
    J’ai soif et faim, je marche depuis de nombreux kilomètres, je suis éreinté, pourriez vous me confier l’adresse d’un bon hôtel restaurant ?
    Là aussi, le haut parleur répondit de sa voix d’acier froid :
    Étranger, passez votre chemin vous trouverez d’ici 5kms tout droit après la dernière rangée de sonnettes au sortir du petit bois de bambous, Ringdrink-city où vous pourrez vous restaurer.
    Le haut parleur ajouta aussi :
    Là bas vous pourrez vous renseigner et savoir tout se que vous voulez.
    Dogbull, désemparé ronchonna un peu et n’insista pas, il compris qu’il n’aurai rien à tirer de toutes ces sonnettes hétéroclites. Il lui fallait passer son chemin…

  24. 🐀 Souris verte dit :

    Algo venait de Patagonie, tout ce long voyage pour rencontrer une cousine encore inconnue, le seul membre de sa famille qui lui restait. Sur la lettre il n’ avait pas bien compris l’adresse qui, hormis le nom de la ville de Doorbell city ne comportait qu’une description fort détaillée de la sonnette de son appartement ! En digne fille de l’oncle Aliper, elle devait être un peu  »sonnée ». Il arriva donc aux abords d’une grande avenue nue de constructions mais dont les rails d’un ancien tramway étaient fort bien entretenus, bordés d’arbres bonsaïs fruitiers et colorés différemment tous les dix-quinze mètres. Il repéra donc le cerisier bleu -décidément tout est bizarre ici- et appuya sur la sonnette orange zébrée jaune comme indiqué dans le courrier. Aussitôt une jolie tente sortie de nulle part apparût. En tissu imitant la pierre à s’y méprendre et en hauteur un balcon tout fleuri. L’ensemble était ravissant comme sorti d’un livre pour enfant. La cousine Alpertine lui sourit  » soit le bienvenu au pays des rétrécis. En effet, c’était un village liliputien. Il se plia jusqu’à terre et lui tendit délicatement un petit doigt de peur de l’écraser comme une mouche.
    Puis il sortit de sa besace un gâteau de voyage grand comme la place de la république et comme par miracle, de chaque bonsaï sortit une tente… Il y en avait de toutes les couleurs et Algo avait l’impression d’être dans un champ de fleurs. En un rien de temps une centaine de convives de pressèrent autour de l’énorme gâteau et ça riait, chantait… Un vrai bonheur. Algo était heureux, lui le géant d’avoir procuré toute cette joie. Aussi, quand on lui proposa de rentrer dans la communauté des ‘rétrécis’ il accepta sans hésitation en regardant avec envie un joli bonsaï pommier.
    Et en Patagonie on n’entendit plus jamais parlé d’Algo.

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