709e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Un imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète « , pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible !
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Un imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète « , pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible !
Il eut l’idée de créer un imprévu prévu ! Pour une fois, il ferait plaisir ! Il s’installa à une terrasse de café. Commença une boisson irréalisable, chaude avec des glaçons.
Et écouta… les conversations fusaient autour de lui. Chacun racontait, bavardait. Quelques rires éclataient. Des confidences chuchotées. Mais un homme l’attira. Seul, il écrivait sur un un cahier d’écolier à grands carreaux. Il jeta un coup d’oeil. Une espèce de journal intime.
Des vœux, des souhaits étaient listés en vrac. « Le soleil toute la journée, un coup de fil de son meilleur ami, un chèque attendu dans sa boîte aux lettres… une rencontre imprévue… »
Ah non. Aujourd’hui, pas d’imprévu. Il en avait assez de surprendre !
Cet homme avait prévu de rendre visite à sa mère. Il hésitait. Ils devaient se parler. Enfin, à cœur ouvert. Avant de partir, il avait envie, besoin d’entendre combien elle l’avait aimé, choyé pendant ses premières années.
L’imprévu n’était pas habitué à créer du prévu, du planifié.
Il regarda son agenda, chose qu’il ne faisait jamais. Dans quel sens, cela se lit ce truc ? « Ah ! C’est l’anniversaire de sa maman ! Ça c’est prévu ! »
Une marchande de fleurs, imprévue, passa devant l’homme au cahier. Elle lui offrit une rose blanche. Surpris, il l’a prit et sauta dans un taxi qui ne passait pas par hasard et partit à la rencontre de son enfance.
Tiens, je vais faire un truc imprévu aujourd’hui.
Je vais reprendre les exercices de Pascal Perrat !
Désolé.
Pas au bon endroit
Un imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète « , pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible !
Et si je faisais tomber la pluie sur cette belle cérémonie ? Ils avaient décidé de la faire en plein air sans solution de repli ! Une folie !
Je me vois donc bien mettre le cahot sans que cela tourne au fiasco car je les crois plus intelligents ! Et c’est là que je suis utile ! Oui car je vais les obliger à déployer des trésors d’inventivité et de réflexions pour que ce moment unique le soit et encore plus à cause de moi et de mes frasques !
Allez rions et attendons…
Et bien voilà ! Regardez-moi ça ! Ils ne sont pas beaux là, tous blottis sous leur parapluie ? Ils ont sorti des toiles magnifiques sous lesquels ils se serrent comme des lutins sous des champignons ! Incroyable ! Ils ont trouvé des accessoires assortis ! Et puis mais oui, ils rient ! Ils rient de la situation ! Ça, c’est ma grande fierté ! ils se sont adaptés sans rechigner ! Ils en ont même fait un atout qui marquera autrement leur journée et contribuera à faire de ce moment en cet endroit un souvenir unique, plus piquant et drôle tout simplement parce que j’étais là.
Un truc pas possible…
Oui, c’est ce que j’allais faire…
Mais pour que la surprise soit là, il fallait surtout que ce truc ressemble à quelque chose de normal. Tout ce qu’il y a de normal et de banal.
Veiller à être conforme, lisse. Pas un cheveu qui dépasse. Pas un hoquet, pas un soubresaut qui puisse éveiller les soupçons.
Il fallait se fondre dans la masse, l’anonymat le plus complet.
Mon idée était toute simple. Il s’agissait d’écrire un texte, ni trop long, ni trop court.
En employant des mots courants que tout le monde comprendrait et qui ne rebuteraient pas.
Mais la particularité c’est que celui-ci, malgré son aspect anodin, serait en fait rédigé en langage codé.
Un code très spécial qui aurait le pouvoir de provoquer des changements inattendus.
En effet, une heure après avoir lu ce texte, toute personne ayant un nom de famille commençant par une consonne, se transformerait en kangourou.
Tandis que les autres, avec un nom de famille débutant par une voyelle, deviendraient des autruches.
Alors, bien sûr, je vous entends déjà me dire :
« Oui, tout ça, c’est bien beau mais ce n’est que de la théorie. Une sorte de divagation bien loin de la réalité. Où, quand et comment allez-vous rédiger ce texte ? »
Et je m’entends déjà vous répondre :
« Mais, ce texte vous l’avez devant vos yeux. Et à l’instant même, vous venez d’en achever la lecture ! »
Un imprévu s’interrogeait : « Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète », pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible ! Pourquoi ne pas empêcher toute solution : « Certains, se disait-il, trouvent toujours dix solutions à un problème… Comment faire pour qu’un problème n’ait pas de solution… Il fallait avoir du front pour imaginer une telle idée… surtout quand l’intelligence artificielle se met à pallier toute déficience humaine. Pour ce, il fallait commencer par empêcher tout rassemblement sous peine qu’en s’y mettant à plusieurs, les humains en trouvent une… En fait, l’imprévu était bien embêté car pour parvenir à ses fins, il fallait tout prévoir…ce qui n’était pas son fort. Alors, il finit par s’abandonner, certain qu’un autre imprévu surgirait au coin de la rue…
Un imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète « , pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible !
Youpi demain c’est le grand jour.
J’ai enfin l’autorisation pour vendre … des GPS de poche.
Je les fais moi-même dans ma cave surtout la nuit lorsque des fois je n’arrive pas à dormir.
C’est du fait maison, complètement artisanal.
Des GPS de poche pour se déplacer dans la rue et aussi dans la vie. Dans toutes les directions et tous les sens.
Je ne sais pas pour quelle raison ces GPS, il y a beaucoup de fourmis et de chats que je rencontre dans mon travail quotidien, qui en réclament.
Alors demain je les vends sur la grande place du marché, dans mon petit village de Bretagne.
C’est sûr des fourmis et des chats il y en aura en pagaille, qui s’arracheront mes beaux GPS.
Oh oh je ne refuse pas d’autres acheteurs, par exemple des baleines, des ours ou des caïmans … En fait, tous les animaux et toutes les bestioles qui existent sur Terre.
Ah j’oubliais et aussi les humains, s’ils en veulent ça sera avec plaisir de leur vendre mes splendides GPS de poches décousues.
Également tout terrain, qui ne souffrent ni du beau temps, ni de la chaleur, de la glace et du froid polaire.
Voyez pour l’imprévu que je suis, faire des GPS dans ma cave, lors de mes heures d’insomnies, c’est plus qu’une passion.
Et puis je ne les vends pas cher. En particulier aux fourmis et aux chats qui seront, je l’espère, mes principaux clients.
Ce que je regrette c’est que cette vente n’arrive qu’une fois par an, le reste du temps vous le savez je suis si occupé par mon job.
Bon je vous laisse les amis. Avec mon pote 2 prévu, qui est venu m’aider, on est en train de charger sur un camion les GPS que j’ai fabriqués, pour les apporter pas loin du lieu de vente, pour demain (dans un garage fermé à clé).
Demain je les vendrai tous.
Ah mince j’oubliais.
Demain au village, il y aura une petite fête en mon honneur. Il y aura à manger et à boire. Tout à volonté. Des gaufres, des hot dog, de la barbe à papa … de la sangria, de la choucroute …
Et aussi des GPS de chez bibi. Venez en famille, ou seul, cela n’a pas d’importance.
Avec un bon GPS, dans la vie, tout est prévu. La vie prend du sens, et avec pas beaucoup d’essence à l’allumage et un peu au freinage.
Un imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? pensait-il.
Oui, j’en ai assez de tomber systématiquement dans la facilité, il me faut un peu pimenter ma vie qui est bien morne ces derniers temps. Et c’est sans compter les critiques de mes confrères qui me tapent sur les nerfs. Difficile de supporter : alors on vieillit !… quand ce n’est pas : tu la prends quand ta retraite ?. . Je devrais la prendre dans quelque mois, mais pas question de l’avouer, j’ai toujours fait plus jeune que mon âge. En toute honnêteté, ce ne sera pas vraiment une vraie retraite, je sais déjà que je vais poursuivre mon activité en douce, histoire de continuer à pourrir la vie de la race humaine qui le mérite bien. Orgueilleuse, intransigeante voire méchante les individus qui la constituent, méritent que je me mette en travers de leur chemin de temps en temps. Je dois par contre reconnaître que mes amis ont en partie raison, je me suis laissé aller ces derniers temps, me cantonnant aux affaires familiales le plus souvent. Comme les ministres, il me fallait changer de portefeuille !
Je dois viser un poste prestigieux et bien choisir l’hôte dans la vie duquel je vais m’immiscer. Un truc pas possible me vint à l’esprit, cette histoire de ministre me guida vers ma victime. Il me faut un individu sûr de lui, prétentieux, mégalomane, égoïste, pervers narcissique à ses heures, ce n’est pas ce genre de profil qui manque lorsque l’on s’élève dans les sphères de la société.
Ça y est, j’ai trouvé. Il me reste à préparer consciencieusement le petit dernier de mes imprévus… mais arrêtez de m’interrompre vous saurez en temps voulu sur qui j’ai jeté mon dévolu. Vous êtes vraiment bien curieux.
J’en perds le fils… je dois d’abord déterminer le moment idéal, c’est sûr que les débats vont être âpres et trainer en longueur. Le dossier est épais donc tout devrait se jouer en fin de semaine et tard en journée. Vu l’importance du sujet traité, j’aurai cette fois tous les médias présents, ce sera l’apothéose de ma carrière, j’en suis maintenant convaincu. C’est sûr j’ai fait le bon choix.
L’ambiance était tendue, les joutes oratoires se succédaient. En le voyant jeter un œil à ses notes je savais qu’il avait du lourd. J’avais eu le choix entre le trou de mémoire, l’erreur ou le « pas de chance » pour lequel j’avais eu une préférence. Pris par sa faconde, il n’allait s’apercevoir de rien jusqu’au moment où il allait tourner la fameuse page.
’’J’aimerai que l’on évoque les jurés’’ dit-il de sa voix forte et claire qui portait jusqu’au fond de la salle. Comme un seul homme ceux-ci tournèrent la tête dans sa direction.
’’Parmi eux’’ continua-t-il, ‘’deux pourraient avoir un préjugé défavorable à l’égard de mon client. En effet…le premier et le troisième juré…. Là il avait besoin de ses notes, et quand il tourna la page, il se tut. Baissa la tête…
’’Oui, Maitre’’, dit le juge, qu’en est-il des jurés.
’’Eh bien c’est-à-dire que…’’
’’Maitre vous ne nous avez pas habitués à ce genre d’hésitation’’.
L’avocat de la partie adverse en profita pour demander la parole.
‘’Accordé’’, dit le juge.
’’Ces personnes ont été tirées au hasard et leurs professions ne me semblent poser aucun problème’’.
Devant le silence persistant de l’avocat de la défense…. Qui semblait pétrifié devant sa feuille…
’’Dans ce cas continuons’’, se contenta de dire le juge.
Mais c’est pas possible, ce dit intérieurement notre avocat de la défense (enfin ses propos furent un peu plus agressifs et vulgaires), il est bien noté : aucune personne étrangère dans les bureaux et cette cruche de secrétaire qui amène son môme tous les mercredis. C’est sûr, c’est lui qui a crayonné ma feuille au point de faire des trous dedans ! … j’ai perdu mon procès, pour qui vais-je passer ? … et ma réputation, ma carrière dans tout cela ?! … dépité, l’air sombre, il s’assit attendant la fin du procès et un verdict à coup sûr pas du tout favorable à son client .
Quant à moi l’imprévu, je pense que ma carrière est bel et bien repartie, la retraite attendra !…. et il s’éloigna du tribunal en jubilant.
Il s’approcha de moi. De moi, vous-dis ! Et me commanda d’écrire. « Mais… je suis dans mon train qui
me ramène de mon sud-ouest natal vers la capitale ! Et j’ai tant à faire. Organiser mes prochains
voyages en train, par exemple ! ». – « Laisse tomber » me dit-il : « Attention, un imprévu peut en
cacher
un autre ». – « Et ma leçon d’italien pour demain ? ». – « Va tutto bene » me rétorque-t-il. « Viva
la
vida ! ». Comprenant qu’il aurait réponse à tout, je cédai. Un peu vite. Volontiers. Je l’avoue.
Voire avec
plaisir…ou délectation. Mais qu’écrire sur cet imprévu ?
Il n’était pas prévu. S’abandonner. Et juste se laisser aller… Au risque de raser, ou se raser…Ou
raisonner, déraisonner ? Et pourquoi pas prendre les choses à l’envers ? Pré – vu : vu à l’avance
…déjà
vu donc !? Alors quel intérêt de le revoir ? La vie est dans l’imprévu, car la vie est au-delà de
ce qu’on
peut imaginer. Car les possibles sont impensables. Dieu seul a plus d’imagination que
nous…beaucoup
plus, inimaginablement plus…Les imprévus tricotent et détricotent les mailles de nos ouvrages. Je
revois ma mère qui nous tricotait des vêtements pour nous habiller quand nous étions enfants peu
« fortunés * ». (* peu d’argent mais beaucoup de chance, celle de l’amour des parents). Comme Dieu
le
Père pour nos vies, ma mère, « elle », savait faire. Pas moi. J’ai retrouvé récemment le bout
d’écharpe
que je n’ai jamais finie. Peut-être, au soir de ma vie, saurai-je la terminer pour mes vieux
derniers
jours ? Elle suivait un « patron », je me souviens. Drôle de nom. Et aussi des lignes de
consignes que je
voyais comme des signes kabbalistiques et incompréhensibles. Comme j’admirais sa patience. Et
comme je trouvais long tout ce temps à attendre mon futur joli pull. Une maille à l’endroit, une
maille à
l’envers…Quand une maille sautait, elle savait la reprendre. Dans la vie, tant de mailles sautent,
qu’il
est impossible de rattraper avec nos grosses aiguilles et nos mains malhabiles… Et à quoi
bon vouloir
ramener le fil dans l’ordre de nos petites prévisions et de nos calculs mesquins et égoïstes ?
L’ouvrage
sera tellement plus beau si nous acceptons de nous abandonner à la Providence et au hasard. Einstein
écrivait : « Le hasard, c’est Dieu qui se promène incognito. ». Pourquoi donc ai-je appris et noté
cela
avant-hier ? Certainement pour l’offrir aujourd’hui. Laissons-nous aller au hasard d’une rencontre
inattendue, d’un rendez-vous déplacé sans nous agacer, d’un engagement pris qu’on jugera plus
important qu’un autre. Car bien sûr, sous prétexte de « lâcher-prise », il ne s’agit pas de
s’abandonner
et se laisser flotter et emporter sur le cours de la vie, sans aucune volonté. Gardons,
c’est certain, nos
valeurs, nos principes et tentons toujours d’agir selon notre conscience. Pouvoir toujours se
regarder
dans un miroir. Et être en capacité de se dire : « Mon ami, tu as fait ce que tu as pu. Même si
ce n’était
pas prévu ».
J’ai connu et vécu dans un pays bien différent de notre petite et belle France : c’est le grand et
beau
Brésil. J’y ai trouvé une philosophie de vie complètement opposée à notre cartésianisme français.
Est-
ce parce que ce peuple a connu dans son passé récent dictatures et inflations galopantes qui
rendaient
les lendemains incertains et les plans même à court-terme tout à fait vains ? Ou qu’il a connu dans
un
passé plus lointain les souffrances d’une mixité forcée qui survivent encore dans des inégalités
sociales exacerbées et dans comme un abandon à la fatalité ? Est-ce parce que c’est le pays du
Carnaval et de son insouciance ? Il semble que seul le moment présent y compte vraiment. Alors,
à
quoi bon tirer des plans sur la comète ? A quoi bon prévoir sa vie et tout organiser et
planifier ?
Vivons bien l’instant qui s’offre à nous. Ce matin, le soleil s’est levé, et le Christ du Corcovado
à Rio
ouvrait ses bras pour bénir ce jour nouveau **. Et même s’il se cache derrière les nuages toute la
journée, il se couchera ce soir. Ça, je le sais. Tout le reste n’est que conjectures. Quelles
leçons de vie
dans ce pays… Chacun devrait pouvoir y faire un séjour assez long pour en comprendre cette
philosophie de vie, et revenir dans notre pays avec un autre regard. « Il me semble que la misère
serait
moins pénible au soleil » chantait Aznavour. « Emmenez-moi…la la la la…. » …
Voilà où m’a conduit cet imprévu qui voulait peut-être détruire un couple…Il s’est immiscé dans mon
voyage. Bientôt, mon train arrivera à Paris. Terminus. Juste le temps de vous écrire encore au
sujet de
ce bel imprévu qui s’interrogeait : Sachons lui dire et l’accueillir avec le sourire : « Monsieur
l’imprévu,
je vous attendais, soyez le bienvenu ».
** « Soyez les bienvenues » : c’est justement ce que je viens de dire, à ce moment précis de ma
relecture, à ces deux voyageuses brésiliennes inconnues, qui ont reconnu mon sac de voyage de Rio.
Hasard ? Sourires ! Viva la vida.
Nadine Cassan Rémond
Un imprévu s’interrogeait :
Comment occuper cette semaine
Sans se donner trop de peine ?
Concernant lundi il savait
Une grève de bus
Pour qu’ils aillent tous au boulot
A pedibus jambus
Et mardi, cerise sur le gâteau
Une belle panne de métro
Trop rigolo
Mercredi c’est facile
Personne au bout du fil
Les réseaux ont disparu
En terre inconnue
Ils doivent donc tous sourire, se parler
Se regarder
Peut-être même se toucher
C’est osé !
Jeudi, une tuile amie est tombée
Sur un péquin qui se promenait
Il lui a dit qu’elle exagérait
De lui piquer son boulot
Ce à quoi elle lui a rétorqué
T’en fais pas mon zozo
Du boulot, y’en a pour deux
Sur ce,
Ils ont fait ami-amie
Et dès le lendemain vendredi
Ils ont tourneboulé
Une bonne partie du quartier
A qui ils ont mis la tête à l’envers
Alors même qu’ils s’apprêtaient à voter
La semaine s’est ainsi achevée
Dans un chaos plus ou moins calculé
Quant à nos deux complices
Fuyant la police
Ils se sont vite carapatés
Et bien planqués
Pour, en douce, ricaner …
Un imprévu s’interrogeait : comment occuper ma journée ?
Depuis si longtemps, j’ai tout vu, tout entendu, avalé toutes les couleuvres. De l’imprévu à défriser le bourgeois à l’imprévu qui ratatouille tout sur son passage, j’ai tout fait.
Maintenant je me répète interminablement, plus d’imagination, plus de motivation. Je déprime grave !
Puis une idée lui vint, une idée à coucher dehors, une idée de fou désespéré. Un truc pas possible, quoi !
Et si je mélangeais tout: le bien, le mal, le beau, le laid, la richesse, la misère, la culture et l’ignorance…Je mets tout ça dans un gros boulier loto avec une bonne grosse dose d’imprévu et je tourne la manivelle en chantant à tue-tête. Il me faut de l’outrance, de la luxuriance, de la démesure. Peut être que ça va leur remettre la tête à l’endroit… ou pas.
Après le Big Bang, ce sera le Big Bazar !
709 – Un imprévu s’interrogeait.
Dans ce monde conventionnel, question cruciale de survie, comment occuper ma journée ?
S’immiscer dans un voyage, il l’avait déjà fait.
Lors de ses dernières vacances. L’agence de tourisme avait tout prévu. C’était juste inscrit dans sa pub. » Nous prévoyons tout pour vous ! » Une véritable aubaine. Une entr’ouverture enfin possible ! Chic, il s’était frotté les mains d’avance.
Sur le tarmac, un premier signe annonciateur, l’avion avait une heure de retard. Des rumeurs de mécontentement se firent entendre. Cependant, le décollage, dans des conditions normales. Mais en cours de vol, confirmation, le jet fut pris dans une tempête et frôla la catastrophe. Il l’avait filmée. Et la voisine s’était rapprochée. Son parfum : « Imprévisible » ! Une touche inopinée de surprise. Ca, vraiment, c’était un bon imprévu ! Mais un autre, étranger à son champ de compétence était venu carrément lui couper l’herbe sous les pieds. Un attaché-case délogé de son compartiment lui avait causé une bosse sur le front. Du coup, il le constata, cet intrus s’était retourné contre lui. Il se dit alors que tout son art résiderait dans l’opportunité de sa survenue. Pour surprendre, il devrait accepter d’être d’abord lui-même surpris. Comme par hasard, il devrait composer avec celui-ci.
De fait, il était passé au second plan et son effet en fut diminué. L’inconvénient de taille, c’était qu’un autre invité vienne surenchérir. Et c’était la catastrophe sur la catastrophe. Inadmissible ! D’ailleurs, Hollywood l’avait trop exploité. Ce n’était plus vendeur. Il fallait non pas forcer, mais booster la créativité.
Non, ce qu’il lui fallait, c’était un véritable imprévu, totalement impromptu, improvisé, inespéré. Il changea complètement l’orientation de ses objectifs. Celui qui perturbe l’intimité, celle d’un couple, par exemple ! Il avait essayé aussi. Cela s’était avéré encore plus improbable et beaucoup plus risqué que le précédent. Un oreiller s’était interposé. Pendant une période, il ne contrôla plus rein. Il craignit d’être taxé d’amateurisme.
Il se résolut, alors, à consulter une voyante. Celle-ci le dévisagea d’un air amusé non dissimulé.
– Attendez, dit-elle, en s’empêchant de rire aux éclats, vous me demandez la seule chose que je ne peux pas prévoir, un imprévu me demande l’impossible, vous plaisantez ou quoi !
– Mais que vais-je devenir ?
– Vous voulez que je vous dise ?
– Oui, donnez-moi une solution.
– Vous êtes tombé amoureux de la surprise. Ce n’est plus vous qui décidez. C’est elle.
Un Imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète « , pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible !
Pas toujours simple d’être un enquiquineur. On aime bien mettre des bâtons dans les roues des gens, ça nous fait marrer, mais on finit par se lasser, toujours la même rengaine.
Le truc le plus fou que j’ai fait, ce fut la pandémie de la Covid. Là je me suis surpassé. Ce cirque que j’ai semé à travers le monde ! Mais tout a une fin. Les enquiquinés ont fini par trouver le moyen de me court cicuiter.
J’aimerais bien trouver un truc dans le genre, histoire de sortir des sentiers battus, mais quoi ?
Je dois me concentrer. Je suis un imprévu, donc je me dois d’être imprévisible. Sauf que le hic, c’est qu’avec le temps, les gens se méfient de tout et s’ingénient à anticiper mes éventuelles actions. Faut bien dire qu’à force de reproduire les mêmes choses, ils finissent par ne plus se faire piéger par moi.
Bon sang de bon sang ! Remue toi les méninges ! Mes collègues ont déjà fait pas mal de choses : bugs de toutes sortes, tempêtes non prévues, éruptions volcaniques, tsunamis. Bref que des imprévus qui ont semé trouble, prises de tête, etc…
Une petite idée commence à germer dans mon imprévisible cerveau. Je m’en vais voir du côté du dark web. J’y ai quelques potes pas vraiment des saints, mais bon. On va faire avec ce que l’on a.
Je lance une requête pour créer un sombre imprévu, du genre jamais vu.
Rapidement, un groupe nommé «semeurs de troubles» me propose son aide. Ils ont élaboré un plan que je dois suivre à la lettre sans poser de questions.
Je dois me rendre Kourou où une nouvelle fusée bourrée de technologie sera bientôt lancée en direction de la lune pour y déposer du matériel militaire destiné à la protection de la terre. Des astronautes aguerris avaient été sélectionnés. La mission était ultra secrète et sécurisée.
Waouh ! Ça sentait bon la pagaille à venir !
Mes potes du dark web ont diffusé des Fake news sur les membres de l’ équipage, obligeant les grands pontes à retarder le lancement pour un énième contrôle. Cet imprévu gracieusement offert par mes hackeurs préférés, me permit de me glisser dans les lieux, tranquilou.
L’équipe était sur les dents, d’autant que de mon côté j’irriguais à tout va. J’étais sur tous les fronts. Un imprévu de solutionné, deux surgissaient. Il faut dire que j’avais beaucoup de matière sous la main. Le lancement fut reporté à plusieurs reprises, car telle une mauvaise grippe, les imprévus étaient particulièrement contagieux.
Les hackeurs avaient une suite de prévue. Ils me demandèrent de poursuivre mon jeu à bord de la fusée qui allait être lancée, tous les imprévus ayant été balayés, du moins c’était ce qu’ils pensaient.
J’étais ravi ! Un huis clos ! Le rêve suprême pour un enquiquineur imprévu. Je leur en ai fait voir de toutes les couleurs. Même qu’ils étaient a deux doigts de quitter la fusée. Car rien n’allait. A bord l’ordinateur qui leur permettait de contrôler la navigation n’avait pas été mis à jour. La version était obsolète. Ils durent faire face et très rapidement à ce grave imprévu. Un de plus sur la longue liste.
Allaient-ils pouvoir atterrir ? Et surtout repartir ?
Bon an mal an, la fusée arriva à destination. Se posa pour moi la question, et maintenant ? J’allais pas continuer à les perturber, je voulais moi aussi retrouver le plancher des vaches.
Je les laissais en paix, réfléchissant dans mon coin à l’étape du retour. Ils déchargèrent le matériel de surveillance, firent un contrôle très poussée de la fusée et allèrent dormir. J’en fis de même. Il fallait que mon esprit soit vif !
Purée ! J’avais oublié l’apesanteur ! A mon réveil, je me suis senti tout mou, mon cerveau ne suivait plus.
Et patatras ! Plus de fusée. Partie ! Je me retrouve seul au milieu de matériel militaire sans utilité pour moi.
J’ai du mal à comprendre ce qui m’arrive, je navigue entre deux eaux. Vous parlez d’un imprévu pour un imprévu. Je repère un drapeau bien statique. Je vais vers lui, allez savoir pourquoi. Je lis : ouvrez les caisses. Elles sont pour vous.
Je ne comprends plus rien. Je suis étourdi. Je suis les instructions. J’ouvre les caisses. Des milliers d’imprévus s’en échappent. Une voix résonne du fond d’une caisse : vous vous rappelez de nous ? Nous sommes vos victimes, le collectif « semeurs de troubles ».
A nous de rire, maintenant ! Bon séjour sur la lune !
Un imprévu s’interrogeait : »comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète »pensait -t-il. Une idée lui vint,un truc pas possible.
Et si je changeais le cours d’une vie, celle de cette famille là.elle est unie.ils sont si proches les uns des autres.
Ils reçoivent mamie mauve tous les dimanches midi , pour le traditionnel « poulet rôti -pommes de terre sautées,salade, avec la tarte maison servie en dessert »
Le fumé de ce repas me chatouille toujours les narines.
Et les voir trépignant d’impatience à l’entrée de l’Ephad des mimosas, attendant de voir sortir du couloir la mamie toute pimpante.
Elle se met du rose aux joues pour donner un peu de fraîcheur à toutes ses rides. Ces signes d’une vie bien remplie d’émotions belles ou difficiles.ces signes qu’elle en a vu des choses,pas toujours faciles, mais qu’elle est toujours là aujourd’hui.
Elle s’est accrochée à cette vie et elle avance dans sa robe à fleurs.ses cheveux bichonnés la veille par la coiffeuse qui vient, dans la résidence, exprès, pour elle.
Elle avance et se réjouit d’avance de cette journée, pleine de promesses.
Ils embarquent tous dans la voiture familiale et filent à la maison.
Après le repas, c’est souvent jeux de société.
Chacun y trouve son compte,entre les jeux de mimes,ceux à compter et ceux de stratégies.
Et on entend les rires fuser,on glousse, on se trémousse sur sa chaise.
La joie est là, c’est sur.
Alors,qu’a pu prévoir imprévu?
Quelqu’un qui annonce une naissance ? Un changement de travail ?
Pas un décès quand même ! On l’aime bien Mamie Mauve!
Quelqu’un a gagné au loto ? Faudrait -il encore jouer se dit imprévu !
Bah, alors,quoi!!
Et bien, dit soudain imprévu, j’ai eu une idée lumineuse et. Cette idée c’est …
Oui, une idée lui vint qui le ragaillardit aussitôt.
« Je suis génial ! » se dit-il,
Et voilà comment notre Imprévu reprit goût à la vie :
Le glas sonne,
Joseph va bien leur manquer…
Tous ses vieux potes de la belote sont là.
Georges se mouche bruyamment, les autres se recueillent en silence.
Joseph, que l’on a habillé du dimanche pour la circonstance, repose en paix.
Imprévu se frotte les mains.
« c’est le moment »se dit-il ! « à moi de jouer ! ».
Quelqu’un se racle la gorge,
C’est pas Georges, c’est pas les autres, c’est… c’est… mais c’est Joseph !!!!
Stupeur à bord !
Joseph entrouvre les yeux,
Soulève un avant-bras et lance :
– Salut la compagnie !
Puis il repart aussitôt dans sa nouvelle vie, un sourire malicieux au coin des lèvres.
Affolée, l’assemblée appelle un médecin.
Le médecin arrive tout essoufflé.
Il confirme bien le départ définitif de Joseph et face à la stupéfaction de l’assemblée, il se sent obligé d’ajouter :
– Que voulez-vous, ça fait partie des imprévus de la médecine.
Nous étions tout près des fêtes. Pour cette occasion, le parfumeur réputé
ISSIÇASENTBON avait lancé au tout dernier moment une nouveauté. Il savait mieux que personne que la surprise inciterait la clientèle piquée de curiosité à se précipiter dessus d’autant plus que le design de son flacon était particulièrement réussi. Ça n’a pas loupé.
C’est qu’il avait du nez ! Mais au fond, ce ne fut pas tant la beauté du cristal, le rosé envoûtant du liquide, qui firent son succès, plutôt son nom qui attira les amatrices, pensez donc … IMPRÉVU. Ça c’était attractif, que cachait ce joli nom : un mystère à découvrir ? Alors on pouvait tout rêver, tout.
Les maris ayant souvent quelque écart à se faire pardonner, ne sachant jamais quoi offrir misèrent comme souvent sur la coquetterie de Madame. Encore un truc qui marchait à chaque coup. Ces coquins ou ces faux-culs espéraient sans le dire pouvoir en profiter un tant soit peu lorsqu’ils honoreraient Madame d’un bisou dans le cou en partant ou en rentrant du travail.
Il n’y eut pas besoin de faire beaucoup de publicité, un simple spot à la télé et c’était pari gagné. Il se vendit fort bien, ça oui, les parfumeries n’arrivaient pas à refaire leur stocks partis « comme des petits pains ».
Hélas ! IMPRÉVU fut un beau loupé. Un scandale. Il provoqua pétitions, bagarres… Même une manif de consommateurs floués brandissant des pancartes « REMBOURSEZ » faillit atteindre la Bastille en larguant tout du long des pavés dans les vitrines de parfumeurs.
Le bien nommé IMPRÉVU ne gardait pas longtemps sa délicate fragrance. Défaut de fabrication, elle virait, au bout de quelques jours, IMPRÉVU empestait d’une odeur dont on avait bien du mal à se débarrasser. Et lui ‘ne se sentait plus’ : il avait bien réussi son coup !
Un imprévu s’interrogeait : » Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète « , pensait-il. Une idée lui vint, un truc pas possible !
Antoine et Marie étaient tout heureux d’avoir enfin trouvé la location de leurs rêves dans cette campagne loin de la ville bruyante et polluée. Ce matin-là, après trois heures de route, ils arrivèrent à destination et s’étonnèrent de voir le portail et les volets ouverts et des rideaux aux fenêtres. Lorsque Antoine voulut ouvrir la porte, la clé ne pénétrait pas dans la serrure. De colère, il tambourina sur la porte quand, soudain, un homme, on aurait dit un gnome, les accueillit avec une carabine.
– Qu’est-ce que vous venez foutre chez moi, dégagez de là sinon je vous tire comme des lapins, hurla-t-il.
– Nous avons loué cette maison à monsieur Maslin, bégaya Antoine.
– Vous avez dû vous tromper d’adresse. Cette maison est dans ma famille depuis des générations et fait bien des jaloux dans ma famille, se radoucit le type devant les trois gosses effrayés qui s’étaient mis à pleurer.
Antoine lui montra le bail et tout concordait dans les descriptions. Ensuite, il tomba sur un numéro de téléphone inconnu.
– Ne me dis pas qu’on s’est fait arnaquer ! hurla Marie hystérique. Tu te rends compte, le camion de déménagement va arriver, on est des SDF. Comment qu’on va faire, surtout avec les gosses qui n’ont plus d’école et nous deux avec nos boulots qui nous attendent. Tu me la copieras avec tes idées à la gomme de louer à l’aveuglette avec une seule photo des extérieurs.
Anéanti, le couple et ses enfants s’assirent sur la pelouse dans l’attente de jours meilleurs. Après avoir fourragé dans sa barbe histute, l’homme leur dit :
– Je connais une vieille dans le village, elle a plus de 90 berges, qui pense louer une maison avec un beau jardin et deux chambres de plus qu’ici et ça vaudrait peut-être le coup, surtout que l’idée d’un viager lui trotte dans la tête pour assurer ses vieux jours, comme elle dit.
– C’est bien beau tout ça, mais l’autre escroc nous a tant plumés avec son loyer à 1 500 euros et trois mois de caution que nous n’avons plus les moyens de remettre ça.
– 1 500 balles par mois ! s’étonna le bonhomme. On n’est pas à Paris ici. J’ai ma petite idée de qui nous a fait un coup pareil. À malin, malin et demi. Il ne va pas s’en tirer comme ça, le beau-frère.
Le soir venu, Antoine et Marie trinquaient avec lui dans le salon de leur charmante maison, tandis qu’Imprévu, tout content d’avoir passé une journée trépidante, se demandait comment occuper son lendemain.
Un imprévu s’interrogeait. Comment allait-il occuper sa journée ?
Son agenda était vide pour la première fois, lui que l’on sollicitait à la demande et se voyait même obliger de refuser des commandes, jusqu’à hier. Aujourd’hui, rien.
Pas d’appel de dernière minute du grand chef pour un dossier urgent à rendre qui nécessite de repartir au bureau, pas d’accrochage sur la route qui s’éternise derrière un constat peu amiable, pas le moindre incident qui vous dispense, vous excuse. Rien. Comme si ses clients avaient décidé, aujourd’hui, de se passer de leur précieux alibi, clé en mains : « Ma chérie, désolé, j’ai eu un imprévu ».
Pour la première fois, il faisait face à un semblable. Un imprévu de grande taille et qui pesait bien plus lourd que lui, pas le genre qu’on balaye d’un revers demain, le genre qui s’impose et s’installe pour longtemps. Parfois, pour la vie. Ou, plutôt, je devrais dire : pour la mort. C’était donc ça, une Épée de Damoclès. C’était la première fois qu’il en croisait une. Sa lame était si tranchante, qu’il ne lui viendrait pas à l’idée de croiser l’affaire avec elle. Mais l’intuition le poussa à entamer une improbable discussion.
« Vous êtes en mission ? »
L’Épée ne répondit pas.
« Oui, bien sûr, sinon vous ne seriez pas là. Ce n’est pas une journée pour moi. Aujourd’hui, le chaland boude l’insouciance, les contretemps, les petits écarts. Pourtant, d’habitude, le dimanche… On dirait qu’il n’en a que pour vous, je me trompe ?»
Même silence.
« Veuillez m’excuser, c’est indiscret. Secret d’affaires. Si votre client a le bras aussi long que votre lame, ce doit être un gros bonnet. Et vous comptez rester longtemps dans la… ? »
Il n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’il détala avant de se faire trancher la langue et le reste. C’est que l’affaire semblait importante, voire d’État. Soudain, il comprit. Une idée alors lui vint, un truc pas possible !
« Demain, promis, mes petites affaires reprendront » se jura-t-il.
Dans le petit village de Bidon au sud de l’Ardèche, la population semblait bien divisée sur la qualité de leur quotidien.
D’un côté, les blablateurs et d’un autre, les bougons se livraient à de sempiternelles joutes oratoires
Si bien que cette cité était baptisée par la presse comme le « BLABLA LAND » et le « RONCHON LAND ».
Au milieu de la commune, BLABLA LAND regroupaient des tribuns de tous poils qui déversaient promesses, et dans RONCHON LAND, les bougons s’adonnaient à proférer de multiples doléances et rancoeurs.
– Que s’est-il passé dans cette bourgade si tranquille ? demanda un touriste à un agriculteur.
– Plus d’oseille ! Nos assiettes sont devenues tristes, nous n’avons plus qu’à manger les pissenlits par la racine ! Bel avenir, n’est-ce pas ?
Mais c’était sans compter sur la présence de l’Imprévu toujours prêt à faire la pluie ou le beau temps.
Soudain, le ciel s’éclaircit, un gigantesque halo lumineux se répandit sur cette terre ardéchoise si bien que les habitants demeurèrent hypnotisés.
Un imprévu de taille se produisit : une pluie de pièces tomba du ciel.
Un curieux se précipita dans un champ, sidéré par la brillance de ces pièces.
Seulement, lorsqu’on s’en approchait, elles repartaient en s’élevant dans les airs.
Les gamins y voyaient un jeu, le yo-yo peut-être et les adultes avaient bien du mal à les canaliser.
Le sol en était jonché ; Puis, les habitants entendirent dans le ciel une parade aérienne, et là des papiers commencèrent à virevolter.
Des billets de banque à la pelle se déversaient sur leurs têtes.
Des sourires illuminèrent les visages, la magie de Noël opérait bien avant l’heure !
Cependant, parmi les habitants certains ne sombraient pas dans la crédulité, ils y voyaient une manigance de Satan, alors que d’autres y constataient un miracle.
Toutefois, les villageois des autres communes y voyaient l’œuvre d’extra-terrestres ce qui fit naître dans l’opinion publique des sentiments contrastés.
Alors entre mirage et miracle, où se logeait la Vérité ?
Un imprévu s’interrogeait : « Comment occuper ma journée ? M’immiscer dans un voyage ? Perturber un couple ? Je me répète », pensait-il. Un souvenir lui revint, un truc pas possible !
La vie, la mort, l’amour, oui, moi l’imprévu, je suis capable de jouer sur l’Histoire, je l’ai déjà fait ; comme vous allez le lire. Je laisse la plume à l’instigatrice, Suzie, née le 31 juillet 1914, jour de la mobilisation générale de la Grande Guerre, et de l’assassinat de Jean Jaurès :
« J’aurais pu être institutrice en classe primaire, mais craignais d’être injuste : j’appréhendais de ne pas supporter certains élèves. J’ai donc été institutrice de famille, préceptrice.
Ma mère m’a fait rencontrer mon futur mari. Au retour d’un l’enterrement auquel ils assistaient, elle était accompagnée d’un jeune homme, qui offrait son aide pour réparer un fer à repasser. Maman connaissait ses parents très pieux qui s’occupaient de beaucoup d’œuvres.
Au départ, Maman favorisait l’idée de ce mariage. Elle avait entendu le curé évoquer une religieuse de Valognes, dont le frère était amoureux de moi. D’excellentes recommandations ont été faites sur la famille et sur le garçon que tout le monde appelait Manu.
Je ne suis pas tombée amoureuse de suite, c’était d’abord l’occasion de distractions et Manu était très sympa.
Pour lui, ce fut le coup de foudre, je dois l’avouer en toute modestie…
Puis Maman a rendu visite à ma sœur et a totalement changé d’avis concernant cette éventuelle union ! Ce n’était pas le même milieu social. De plus, Manu connaissait très bien mes frères et, lorsqu’il les rencontrait, leur offrait un verre au café : dans la vision puritaine de Maman et de mes sœurs, ce ne pouvait être qu’un alcoolique !
Elle l’a pris en grippe. Pour nous rencontrer, il a donc fallu user de ruses et subterfuges. C’était la source de tensions.
Le 24 juin 1944, un bombardement a eu lieu la veille de l’arrivée des Américains, par un avion anglais qui bombardait les usines Amiot. Ils ont dévié de leur objectif.
Maman et moi étions dans un abri adossé à la maison, en compagnie d’une voisine. Elle faisait une petite sieste, la tête appuyée sur l’épaule de Maman qui elle, tricotait des gants. Il y avait également dans notre abri un jeune prisonnier russe que nous cachions : Dimitri. En face de chez nous habitaient des Russes blancs. Le père travaillait pour les Allemands dans l’organisation Todt, qui construisait les blockhaus le long de la côte. Le travail était effectué par les prisonniers que les Allemands mettaient à sa disposition. Dimitri en faisait partie. Il fût recueilli et caché. Il venait souvent à la maison, car il était amoureux de moi. Ce qui n’était pas du tout réciproque ! Nous l’appelions Métro, n’ayant pas compris, à cause de son accent, le sens de son nom.
J’étais à la porte de l’abri, éloignée de Maman et de la voisine d’environ un mètre cinquante.
J’ai soudain vu une lueur verte, aveuglante… Je n’ai pas le souvenir d’avoir entendu la détonation, puis ce qui m’a marquée c’est le silence… Ensuite j’ai entendu les pleurs et gémissements de Dimitri …
Suite au choc, j’ai été aveuglée pendant vingt-quatre heures. J’ai crié « Maman, je suis aveugle ! Je suis aveugle ! ». Comme elle ne répondait pas je l’ai cherchée à tâtons. Dimitri s’est sauvé, paniqué, dans le cellier à charbon. J’ai trouvé le casque que portait Maman… qui n’était pas vide, hélas…
Je suis allée me pencher à la fenêtre appeler au secours. Deux hommes ont prévenu les pompiers.
Quand ils ont vu l’état de Maman et de la voisine, ils se sont d’abord occupés de Dimitri et de moi. Je voyais de moins en moins. Ils nous ont emmenés à l’hôpital Maritime.
J’en suis sortie pour l’enterrement de Maman et de la voisine. Mes frères et sœurs n’ont pas pu venir, ils étaient loin et ignoraient tout. J’étais seule pour accompagner ces deux femmes, toute seule pour représenter les deux familles. Nous sommes allés à pied au cimetière, en passant par la gare. C’était le vieux cimetière. Au retour, les Américains bombardaient les forts de la grande jetée.
Par la suite, quand j’ai annoncé mon intention de me marier, mes frères, avec lesquels je m’entendais bien, ont été délégués par la famille pour essayer de me trouver une situation à Paris et m’éloigner de lui. Evidemment ça n’a pas marché.
Seul mon frère aîné est venu à notre mariage, il était mon témoin. Il est venu et reparti en stop. La période rendait les déplacements difficiles. Un couple d’amis y a également assisté, ainsi que les officiers américains avec lesquels j’avais travaillé comme interprète. Il faisait mauvais temps ce jour-là. Tout s’est passé simplement, nous étions neuf. Une infirmière américaine m’avait vendu ses chaussures ! J’avais pu me confectionner un tailleur, noir car nous étions en grand deuil. J’avais trente ans, Manu trente-trois. Nous sommes allés à cette occasion voir une opérette »
Vous comprenez maintenant comment je m’immisce dans l’Histoire. Bon, je ne fais pas cela tous les jours. C’est pour cela que je me souviens si bien de la succession d’évènements qui a permis à ce couple de s’unir en dépit des conventions et de la guerre.
Reste, maintenant, à trouver comment occuper ma journée, aujourd’hui.
S’ennuyant dans son quotidien, un imprévu s’interrogeait. Comment occuper ses journées autrement qu’en s’immiscent dans un voyage, en perturbant un couple.
Il lui fallait un truc pas possible, la méga idée du siècle. Quelque chose dont on parlerait dans le Landerneau, la France entière et même au delà.
L’action la plus folle, inattendue qui soit, touchant non pas quelques quidams sans intérêt, mais la masse.
S’en était fini de ces interventions à la petite semaine, il allait faire passer ses confrères pour des amateurs.
L’imprévu se voyait déjà à la une des quotidiens, pourchassé par les paparazzi, invité sur les plateaux de télévision ,décoré de la légion d’honneur, adulé par les femmes les plus en vue.
Bon, tout ça c’était bien joli, mais il n’avait encore pas l’ombre du moindre soupçon de cette IDEE.
Il alla se coucher, espérant que la nuit lui porterait conseil.
Un nain prévu s’interrogeait. « Comment occuper ma journée du 30/06/2024, quel costume, quelle coiffure, quels sous vêtements, quel parapuie, quel cirage sur mes chausures et sur ma langue…..?
A suivre…ou pas! Enfin pas au pas!
709/INTERRO ÉCRITE
Quand tu ne sais pas quoi , écris le . Ça dérogeait à l’idée de ce qu’il était lui, l’Imprévu. Pourtant, il faut occuper sa journée, s’immiscer dans un voyage, perturber un couple. Il claqua des doigts, j’ai un truc pas possible. Je vais courtiser. Chacun croit qu’il lui est légitime de l’être, tout en doutant que ça s’adresse à lui. Je m’immiscerai dans un couple, je perturberai leur voyage de noces, je m’occuperai le jour du mariage des moindres détails.
Depuis peu, j’étais coach chez un organisateur d’événements, ma tâche, prévoir les aléas d’une cérémonie, le hasard du dépouillement. L’œil était dans le cabinet, allié à une tenancière, un vigile, à un obscur, un ignoré. Je m’étais fait l’ami d’un faux pas. Fonctionnaire, je répertoriais : talons cassé de, l’oubli des anneaux, le témoin qui ne vient pas…
Alors, imprévu, on courtise. Un peu mon neveu. Cette journée sera inoubliable, plus qu’hier, moins que demain.🐻
709/UN AIR DE RIEN
On me dit importun. Bien innocemment je commence à tourner comme une âme en peine. Comme une petite musique lancinante. Un ‘ je ne sais quoi ‘ qui plane en souriant dégageant une odeur de menthe et d’estragon. Et c’est comme ça qu’on sait que je suis là. Inoffensif ? Peut être, allez savoir ? Moi-même je ne saurais vous le dire. L’essentiel est que j’y sois, l’air de rien je m’insinue, m’immisce , glisse dans le vent jusqu’à ce que je sois dans l’air du temps. J’ai sauté dans un quadrille, virevolté dans une valse, frotté dans un tango et maintenant je scande dans le slam.
Pas une ride, je suis sans âge, je vaticine. Gênant ? Pas forcément, mais tenace assurément.
Je suis ? Je suis…
Je suis la mémoire du temps.🐀