708e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit…
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Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit… Quand elle le vit, elle resta sur sa faim : elle qui aurait souhaité picorer en se mettant au ver, fut bien obligée de reconnaître que tout allait de mal en pis : elle se faisait asticoter par un vulgaire lombric qui lui demandait en plus ses lettres de créance. D’où venait-elle et qui était-elle ? Une pie nacothèque ? Une pie douze ? Une pie 3,14…
Finalement, elle déguerpit piteusement en se promettant de revenir, envers et contre tout…
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit …
Qui presque sans gêne n’arrêtait pas de faire pipi. Devant la pie complètement hilare.
Elle en oublia son frichti.
Elle réussit à demander à monsieur s’il avait des problèmes de vessie.
Apparemment l’asticot ne comprit pas la question. Peut-être qu’il ne savait pas ce qu’était une vessie.
Le pauvre il n’arrêtait pas. Toute cette pipi pour un si petit asticot, la pie avait du mal à comprendre.
C’est sûr elle en dirait deux mots à sa gynéco.
Gynéco frichti tricherie, ces trois mots défilèrent dans la petite tête de la pie.
Tout à coup elle se mit à hurler : où est mon frichti, je suis venu exprès du Pérou pour le manger. Frichti frichti hurlait-elle. Si fort que notre asticot arrêta enfin de pisser.
Il rajusta son slip et son falzard, et courut dans la cuisine préparer un frichti dernier cri.
Notre brave pie qui avait une faim de loup se léchait les babines à l’idée de déguster un bon frichti.
Elle pensa aussi quelle voudrait bien refaire sa vie avec ce drôle d’asticot.
Une pie en son bel habit frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot, couleur abricot, accourut ventre à terre et lui proposa pour commencer, un verre.
Margot, la pie en son noir habit broché de blanc accepta l’offre en souriant, enfin en claquant du bec, plus exactement.
L’asticot abricot appela son second, l’escargot .
« Sers donc à Melle Margot notre vin maison » lui ordonna-t-il
« Avec chips et cacahuètes lança la pie en son bel accoutrement. J’ai la dalle ! »
D’une reptation assurée, le second s’en fut au bar. L’asticot le suivait à la trace.
L’affamée pie attendait, l’estomac dans les pattes.
Le rampant revint vers elle, plus abricot que jamais, un vrai lumignon ! N’y tenant plus, Margot se jeta sur lui et le déglutit avec délices.
L’escargot, devenu de ce fait, à son insu, premier, arriva à son tour, portant sur sa coquille la commande de vin et d’amuse-bec, un exercice d’équilibre très casse-gueule vous en conviendrez.
La pie attifée et toujours aussi affamée se rua sur le tout, l’escargot y compris et en fit son frichti !
– Non mais ce n’est pas bientôt fini, tout ce bruit ? Et qui es-tu, ami ou ennemi ?
– Je suis…la pie …qui a mis son plus bel habit …pour se faire un ami… et un petit frichti !
– Un frichti ? Tu oublies. Et vite. Une pie en son habit ? Sais-tu, « chère amie » ce que mon papa faisait des pies ? Il allait les chasser jusques en haut de leurs nids ! Oui… A la cime des peupliers, et des autres grands arbres aussi !
– Mais pourquoi diable une telle envie ?
– Parce que c’était sa vie. Sa vie d’enfant abandonné, sans famille, sans un moindre sou petit.
– Mais pourquoi chercher des nids de pies ?
– Parce qu’en ces temps-là plus qu’en ces temps-ci, les petits courageux étaient pris comme apprentis chasseurs par les mairies.
– Je n’entends rien à ce que tu dis.
– Les garçons courageux comme lui, et désargentés aussi, avaient ce parti : grimper tout à la cime de l’arbre, à leurs risques et périls, pour y attraper un nid de pie. Et le rapporter à la mairie. Et recevoir la prime : un sou, un tout petit sou.
– Et les petits de la pie ?
– Et les œufs et les petits devaient périr. Ainsi va la vie. Car votre race, madame la pie, n’est point
jolie, ni ne fait envie.
– Ah ! Fi ! qu’ouïs-je aujourd’hui ici ? Tant d’infâmies !
– La vérité « ma chérie » ! Je n’aime guère les pies, et je te le dis. Vous avez tout envahi, dans nos campagnes, nos villages et nos petites villes. Vos nids en haut des arbres se multiplient. On dit…que vous mangez les petits des mésanges. Et mon papa leur avait fait un nid. Tu les en as sûrement bannis. Ma maman un jour vous a vues dans son petit jardin : une énorme bagarre …entre pies : une pie isolée, victime de la confrérie des autres : même entre vous, pas de pitié. Elles l’ont battue, jusqu’à ce qu’elle perde la vie. Alors, oui…je te le dis…Mon papa a quitté cette vie. Ma maman aussi. Aujourd’hui, plus aucun galopin ne monte aux cimes des arbres. Les petits sont trop nantis. Ils sont désormais abrutis devant leurs écrans. Et les pies se multiplient. C’est pour moi un grand dépit. Alors, pour ton frichti, très chère pie, il faudra payer le prix. Le prix de ta vie. Car te voilà au piège prise. De ce boui-boui, pour toi plus de sortie. Tant pis. Et quand ta chair aura bien pourri, pour moi, oui, ce sera un gros frichti…Un frichti d’asticot ! A la pie.
La pie
« Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit… » Telle est l’enseigne suspendue à l’entrée du cabaret La Pie qui Chante.
– Avez-vous vu la publicité qui en est faite sur ce pignon ?
– Savez-vous pourquoi la pie est associée à cet établissement parisien Oscar ?
– J’ai oui dire que les danseuses y portent un smoking bicolore à queue de pie et que leur propension à jacasser ont donné l’idée à Charles et Paul de cette enseigne et de ce nom à l’établissement.
– J’ai d’excellents souvenirs des chansonniers qui jouent leurs sketchs et chansons satiriques en lien avec l’actualité sur les ondes. En particulier le dimanche matin.
– Je ne me souviens pas avoir entendu les chansonniers du cabaret La Pie Qui Chante sur les ondes.
– Il y a bien d’autres artistes. Le Grenier de Montmartre, l’émission radiophonique, par exemple, donne le micro à de nombreux humoristes et auteurs de bons mots.
Il est vrai que plusieurs établissements mettent en scène ces artistes. Sur Paris, il y a entre autres, le Théâtre de Dix Heures, le Caveau de la République, le Théâtre des Deux Ânes et Les Trois Baudets… Il y a eu Le Chat Noir, par le passé.
– Oui, l’ambiance décontractée de certaines scènes et leur taille de mouchoir de poche facilitent le contact entre artistes et public.
– Et si nous allions à la Pie qui Chante voir ce qu’il en est ! Je ne suis jamais entré là-bas.
– Excellente idée Oscar. Allons-y de ce pas, en dix minutes, nous pouvons nous y présenter.
– Il y en a du monde sur le trottoir, à l’entrée. Faufilons-nous entre les petits groupes de bavards et de fumeurs.
Toc, toc, toc sur le heurtoir. Un petit volet inséré dans la porte s’entrouvre. La porte s’ouvre à son tour sur un personnage déguisé en pie avec non seulement l’habit mais aussi un masque énigmatique :
– Bonsoir Messieurs, puis-je voir votre invitation.
– Nous n’en avons pas. Nous espérons néanmoins pouvoir assister à la revue de ce soir.
– Désolé Messieurs, ce soir nous avons une soirée réservée aux grossistes de Monsieur Jean, indique le portier.
– Ah, c’est dommage. Mais, qui est Monsieur Jean ?
– Monsieur Jean Chabanon, des confiseries La Pie Qui Chante. C’est un fidèle client de la maison. Il se dit qu’il a appelé sa société marseillaise de confiseries La Pie Qui Chante en référence aux soirées passées ici….
– Cette soirée est-elle costumée ?
– Je crois que telle est la consigne mais, si j’en juge les groupes en attente sur le trottoir, beaucoup des invités n’ont pas osé traverser Paris déguisés en oiseau.
– Pourrions-nous prendre une réservation pour la semaine prochaine ?
– Bien entendu Messieurs mais si vous acceptez d’attendre que les invités soient installés, il se peut qu’il reste une table pour vous accueillir.
– Vous êtes très aimable, ce serait avec joie. Nous nous mettons là, et attendons que vous nous fassiez signe.
– Oscar, c’est formidable. En attendant, nous allons pouvoir étudier les spécimens grossistes en confiserie.
– Vous avez raison l’ami, c’est toujours un jeu instructif.
– Ils sont tous en costume-cravate. Croyez-vous que ce soit leur tenue de travail ou celle du dimanche ?
– En fonction de leur maturité apparente, ils doivent avoir le choix entre deux costumes probablement.
– Il n’y a pas une seule femme pour représenter la marque…
– Ni un seul jouvenceau,
– Ni un seul homme de couleur mais certains ont cependant, le teint rougeaud
– Par contre, des grands, des gros, des chauves,
– Et quelques exemplaires de tendances opposées,
– Tous, ou presque, fument,
– Ah, regardez, les filles du spectacle entrent sur le côté du bâtiment.
– La porte d’entrée de la clientèle s’entrouvre.
– Oh mon dieu, voyez-vous les deux bonbons qui proposent aux invités d’entrer.
– Ah, je les reconnais. Il y a un Michoko dans son papier noir et doré
– Et Stoptou, « force et fraicheur de la réglisse et de la menthe » comme dit la réclame.
– Ils sont très bien imités ; ils sont superbes !
– Même si nous ne pouvons entrer ce soir, le présent spectacle ne me fait pas regretter d’être ici.
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’Asticot ouvrit… illico
ahuri lorsqu’il découvrit ce drôle d’oiseau rococo,
Que voulait donc ce malappris, riche en fourberies, qui le traitait toujours avec mépris ?? l’accablant de moqueries
Bien connu pour ses tartufferies, ses jacasseries interminables toujours désagréables, ses innombrables crapuleries
Apparemment , hypocrierment, meurtrie, la pie se rabougrit, plaidant la dureté de la vie, son corps tout amaigri ,
Se moquant de ce pauvre incompris, pas du tout attendri, Asticot, maître des lieux
lui servit un pot bien pourri de son fricot de midi, avec une bonne rasade de bouffonneries …
708 – Une pie, en son bel habit frappa à la porte d’un boui-boui, espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit :
– C’est pourquoi, dit celui-ci, d’un air patibulaire d’en avoir deux ?
– Bonjour beau jeune homme ! Serait-il possible ici, que je puisse sustenter mon joli corps ?
– Oh que oui ! Belle dame ! Entrez donc, dit-il en contemplant ses formes avantageuses. Vous avez votre carte ?
– Quelle carte ?
– La carte du parti pris pardi !
Elle tira de la poche intérieure de son costume… Mais elle n’eut pas le temps de finir son geste. Le ver songea à la plumer. Vous permettez, dit celui-ci, joignant le geste à la parole. Il se permit, en effet, de lisser les plumes de la demoiselle.
– Si vous écrivez, je vous autorise à prendre cette plume. Elle lui tendit la plus belle pour écrire.
– Je ne sais pas écrire.
– Oui, je vois, vu votre configuration. Je n’ai pas les yeux dans mes poches. J’aurais pu me douter. Alors, vous me le servez cet en-cas ?
– En cas de quoi ?
– Un en-cas, c’est quelque chose à manger.
– C’est fermé.
– Bin, non, puisque vous m’avez ouvert.
– Par curiosité ! Je vous ai vue belle, par le judas.
– Il ne faut pas se fier aux apparences, surtout à travers un judas. La preuve, vous me volez dans les plumes et vous ne savez pas écrire. Vous volez ma carte. Et moi, je vous dis qu’en cas de vol, je suis plus forte que vous.
– Quelle mouche vous pique ?
– En parlant de mouche, retournez à votre élément.
Une pie, en son bel habit,
frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit…
Et ne s’en laissa pas conter
quand il reconnut de suite un danger.
Il claqua la porte au bec de la pie
Ne se laissa pas impressionner
Par la belle qui pépie
-« Inutile de pleurnicher
Je ne te donnerai pas un radis !
-aidez-moi ! Je vous en supplie »
Soufflait-elle d’un ton blessé
-« le boui-boui est fermé ! Inutile d’insister ! »
-Pauvre de moi, que va-t-il m’arriver ?
-va-t’en, tu trouveras bien quelqu’un d’autre à plumer !
La pie, les plumes en berne s’en retourna dépitée
Adieu ventre rempli !
Elle s’envola, continua à chercher
Mais elle finit par tomber
Elle mourut seule, de faim et de froid, transie
– Une pie, en son bel habit noir et blanc…
– Non. Blanc et noir !
– C’est pareil. Une pie, en son bel habit noir et bl..
– Non. Blanc et noir. Je suis comme le zèbre, blanc et noir.
– Pfffue ! Une pie, en son bel habit blanc et noir…Ça sonne moins bien mais c’est comme tu veux.
– Je veux
– Une pie, en son bel habit blanc et noir, frappa à la porte d’un boui-boui, espérant un frichti.
– Mais pour qui me prends-tu ? Mets toi bien ça dans la tête, Maguelonne, je ne suis pas et ne serai jamais une vulgaire mendiante. Moi, je chaparde. Je chaparde avec panache, je chaparde comme une reine. Compris !
– Pie Jacasse, laisse moi écrire mon récit.
– Je ne jacasse pas, chère Maguelonne. Moi, je suis une artiste, une étoile. Dans mon opéra, je cascaille. Je cascaille, telle une caille bien dodue que je me taperai bien volontiers avec quelques raisins.
– Tu t’encanailles mon impératrice ! Mais il te faut remettre les pattes sur terre. Tu es maigrelette, ta blancheur grisouille, ta jeunesse fout le camp et tu en es réduite à taper à la porte de ce boui-boui.
– Tais toi, insolente ignorante.Ce boui-boui, comme tu dis, c’est la façade cachée du premier temple disco. J’en étais la star. Et du crépuscule à l’aurore, sur les boules à facettes, je cascaillais. J’ai popularisé le disco, moi ! Et toutes les nuits ça se déhanchait, ça se trémoussait sur le dance-floor. AIE ! La vie était joyeuse, pas d’arthrose à cette époque. On n’avait pas le temps.
– Mais ce temps est révolu, ma Pie Cascaille. Regarde ce drôle d’asticot tout rabougri qui ouvre la porte. Il est répugnant.
– Inculte ! Regarde le bien. C’est un asticot abricot bien rebondi et plein de strass. Il m’a reconnu. Il n’attendait plus que moi. Allez, move tes hanches Maguelonne. Je relance le disco !!!
– T’as pas besoin de champignons hallucinogènes, toi. Ça part tout seul.
– Oh les jeunes, vous ne comprenez rien.
Une pie, en son très bel habit
Frappa à la porte d’un boui-boui
Espérant un frichti de son ami
Mais derrière l’huis point de fourmi
C’était Luis, la sardine portugaise
Qui vivait en ce lieu désormais
Des ormeaux il se nourrissait
Prenant le temps et ses aises
« Le tsar dîne et n’aime point être dérangé»
Lui répondit le nouveau locataire
Qui se voyait roi des étrangers
Sur cette nouvelle terre
Il chantonna: « I am Happy »
Pour narguer le quémandeur
Oiseau de Malheur que cette pie
Dans l’entrée du commandeur
Pour tout festin il jeta une noix
Aux pieds de la pie affamée
L’oiseau s’en alla, dépité
Voir son député et homme de loi
A la vindicte l’étranger fut jeté
Diffamé par les propos de la pie
Point de quiproquo projeté
Mais un racisme en nous tapi
Luis de son huis fut déclos
Puis chassé et pourchassé
La Pie récupéra cet enclos
D’où l’étranger fut chassé
A cette histoire point de morale
Car notre monde est anormal
La peur de l’intrus, cet inconnu
Est encrée et ténue
Etranger rien ne t’est pardonné
Plus que parfait tu te dois d’être
Aucun futur ne t’est donné
Sans notre cachet à tes lettres
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit…
Ça grogne en moi, mon estomac se manifeste. Il est aussi vide qu’un porte monnaie en fin de mois. Il faut que je trouve de quoi le tapisser. Le hic, c’est que mes finances sont comme lui, creuses. Je dois reconnaître que je suis un tantinet différent de mes congénères. Je suis une pie non pas voleuse mais feignasse. Les voleuses échangent leurs larcins contre de bons mets dans des endroits chics où sont servis des plats si fins et goûteux pour leurs palais. Moi, je rêvasse. Avec un peu de chance, une bonne âme me file ses restes. Mais bon, ma famille commence à en avoir ras la casquette de me sustenter.
Avec mon beau smoking, queue de pie, je donne le change. Il ne viendrait à personne l’idée de penser que je ne suis qu’une façade. J’en joue, je me pavane, bref je trompe mon monde mais pas mon estomac.
Je dégote un boui boui en espérant que mon image va impressionner le tavernier et que fier qu’un personnage comme moi franchisse sa porte, le plat me soit offert. Je lisse mes plumes afin de mieux plumer le maître des lieux.
Oups ! Ce fut un drôle d’asticot qui vint à ma rencontre. Ça ne sentait pas bon, dans tous les sens du terme. L’asticot me dévisagea, un sourire en coin et m’invita à m’assoir à une table gluante. L’atmosphère était irrespirable. Pour un peu, j’aurais pris la poudre d’escampette, mais mon estomac refusa tout net.
L’asticot vînt vers moi, très obséquieux : Messire, permettez-moi de vous inviter à découvrir nos différents produits. Vous pourrez constater l’étendue et la grande qualité de notre gamme. Je l’accompagnais au self service duquel s’échappait une odeur nauséabonde. Asticot ne me quittait pas des yeux. Il fallait absolument que je conserve ma superbe, quitte à faire virer au bleu mes belles plumes noires faute de respiration.
Des centaines d’asticots verdâtres, chétifs, amputés pour certains, agonisants pour d’autres, me regardaient, les yeux m’implorant de les choisir pour abréger leurs souffrances. Même mon estomac se vrillait à l’idée d’accueillir en lui ces aliments.
Gardant ma dignité, je demandais au tavernier s’il avait une autre espèce d’asticots car y ayant déjà goûté, j’avais envie de déguster quelque chose de nouveau.
Ah ! Je reconnais en vous un fin gourmet, me dit-il. Suivez-moi ! Il m’emmena dans une arrière salle où mouches, larves, asticots et autres bestioles de tous poils partageaient un minuscule réduit où ils s’entassaient dans une chaleur torride. Je pâlis ! J’avais beau avoir faim, ce fut au tour de mon bec de se clouer refusant que de tels individus franchissent sa porte.
Vite, vite, il fallait que je trouve quelque chose à dire. Le regard goguenard de maître de cérémonie me donnait froid dans le dos alors que je transpirais à grosses gouttes en raison de la nausée qui m’envahissait.
Votre choix est tel, que je ne sais que choisir, lui ais-je dit, d’autant que vous avez des spécialistes que je n’ai encore jamais vues ailleurs. Auriez-vous l’amabilité de m’en dire plus ?
Bien sûr, Messire ! Toutes les espèces que vous venez de voir, viennent du restaurant à la bonne pie, place des voleurs à Jacasse. Ce restaurant étoilé, d’une très grande éthique, nous cède les restes de ses clients afin que d’autres moins bien lotis puissent eux aussi goûter à la gastronomie. Une fois par mois, nous sommes livrés et c’est ainsi que pour un prix dérisoire nous avons la très grande satisfaction de régaler des hôtes tels que vous.
Je commençais à chanceler. Comment j’allais m’en sortir ?
Asticot commençait à se tortiller. Si vous le souhaitez, je vous prépare un petit assortiment, une petite mise en bouche, ainsi vous pourrez ensuite sélectionner le met qui vous a le plus ravi le palais, me proposa t’il.
Je me sentais piégé. Son regard de plus en plus pénétrant ne me laissait pas d’échappatoire possible.
J’acceptais, mais une nouvelle bataille débuta : bec ne voulait plus s’ouvrir et estomac ne voulait pas héberger ces trucs qu’il avait senti.
Le tavernier revint avec une sélection verdâtre dont la couleur déteignit sur moi. J’étais devenu pie vert.
Devant ma décomposition, asticot se tortillait de rire à en perdre haleine.
Il repartit vers sa cuisine en hoquetant et se retournant vers moi avec un regard moqueur.
Il revint très rapidement avec une belle assiette garnie de produits fins, appétissants, dégageant une douce odeur qui faisait chavirer les papilles.
Ceci est un cadeau de votre famille qui vous souhaite un excellent anniversaire ! Ne sachant quoi vous offrir, ils ont pensé qu’une petite blagounette serait très appropriée et vous donnerait matière à réflexion.
Bon appétit Messire !
Une pie dédaigneuse s’était prise d’amitié
Pour un vers de bancoule bien dodu, un animal
Qui a plus de gras que de plumes et, pitié
Moins d’os que de de chair. Où est donc le mal
Me direz-vous ? C’est que la première est gourmande,
Prédatrice du second, l’asticot charnu de la bande.
Dame Pie émoustillée malgré le dégoût de cette pitance inattendue.
S’imaginait se délecter du loustic trémoussant sur sa langue,
Celui-ci tentant de se contorsionner dans un sursaut de survie,
Alors qu’elle le plaquerait sur sa langue, puis son palais,
Pour en aspirer le nectar à la saveur noisette.
Certes la becquée n’est pas ragoûtante, mais la faim
Ne justifie-t- elle pas les moyens ?
Ainsi vers dodu heureux n’en soupçonna rien
Présenta la nouvelle venue aux siens,
Qui lui firent bon accueil comme on sait le faire
Chez les gens courtois et affables. Hélas,
Trois fois hélas, cette vorace leur fit leur affaire
Ayant enfin trouvé le frichti escompté.
Quelle gourmande votre pie !
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot lui ouvrit et aussitôt elle s’installa à une table près de la fenêtre.
– Tavernier, apportez-moi la carte. Ça fait trois jours que je n’ai pas mangé, je meurs de faim. Mon resto préféré a mis la clé sous la porte.
– Suite à une descente d’inspecteurs de l’hygiène. J’ai lu ça dans la gazette. Chez moi, tout est frais du jour et fait maison. Je n’ai que le plat du jour et pas de carte à rallonge. Aujourd’hui, c’est fricassée de fourmis rouges, c’est à prendre ou à laisser.
– Des fourmis rouges ! s’écria la pie. Vous voulez ma mort ou quoi ?
– Je remarque que madame a le bec fin. Tous mes clients sont vaccinés contre l’acide formique et ne font pas la fine bouche. Personne ne vous retient, allez voir à côté si j’y suis.
– Advienne que pourra. Je suis pressée, j’ai un speed dating pour me remplumer. J’espère que celui-ci n’est pas un autre de ces baratineurs. Que je vous raconte ce qui m’est arrivé hier soir…
– Au cas où vous n’auriez pas remarqué, moi, j’ai du boulot, ma salle est comble et mes clients s’impatientent, expliqua le tenancier en rajustant sa toque qui lui tombait sur les yeux.
Dix minutes plus tard, il posa sur la table une assiette remplie à ras bord.
– Si cela convient à Madame, le plat du jour noté sur l’ardoise devant ma porte : méli-mélo de graines, de vers, d’insectes, de fruits et d’escargots qui pullulent en ce moment. On n’a plus qu’à se baisser pour ne pas mourir de faim.
– Vous êtes un drôle de zèbre, vous ! Vous m’avez bien fait marcher. Donnez-moi une serviette. Je ne voudrais pas tacher ma jolie robe, c’est la seule que j’aie pour me tenir propre.
– Si vous pouvez faire trois pas, vous en trouverez sur le guéridon à votre droite, dit le bistrotier prêt à jeter son tablier aux orties.
Quand elle eut dégusté son repas, la pie s’envola par la fenêtre grande ouverte.
Une pie, en son bel habit
Frappa à la porte d’un boui-boui
Espérant un p’tit frichti
C’est un drôle d’asticot qui lui ouvrit
Un très vieux papy dégarni
Lunettes cerclées sur le bout du nez
Sourire un brin édenté
Visage tout plissé
Un pinceau à la main
– Que veux-tu bel oiseau
De si bon matin ?
– Je me suis perdu dans les rues de Kyoto
Et j’ai si faim
Le vieux peintre fit entrer la pie
Dans son mini logis
Et partagea avec elle
Son modeste bol de riz
L’oiseau déploya ses ailes
Et picora quelques grains
Tous les deux presque rassasiés
Et comblés
Partagèrent encore une pomme
Avant de s’octroyer un petit somme
Au réveil le peintre proposa
A notre pica-pica
De lui faire le portrait
Ce qu’elle accepta sans délai
Depuis ce jour-là
Ces deux-là ne se quittèrent plus jamais
Et ont longtemps vécu
Dans une harmonie absolue
Pendant que l’artiste s’adonnait
A la calligraphie sur un vieux parchemin
Il n’était pas si rare de voir
Le bel oiseau perché sur l’autre main.
bravo, bien mené
Merci Mijoroy !
– C’est quoi que vous voulez, Belle Dame tout en noir ?
– J’ai la dalle mon ami, j’ai la dalle !
– Ah ! Elle a la dalle, la Belle Dame ! Mais qu’y puis-je moi ?
– Me l’ôter Camarade, me l’ôter … voyons !
– Vous ôter la dalle ?
– Mais OUI que je vous dis… Abrutis !
Ç’en était trop pour le drôle d’asticot qui alla chercher un dictionnaire :
Il feuilleta, feuilleta et trouva enfin:
« Avoir la dalle = avoir faim »
« Abrutis = hébété »
– Ah ! Voilà, j’ai compris ! S’écria-t-il en souriant, soulagé…
– Bon alors ? Vous me l’ouvrez cette porte ou quoi ?
La porte s’ouvrit, effectivement, et tout en grand,
La pie prit son envol,
et VLAN la porte se referma violemment à tout jamais sur le corvidé.
MORALITÉ : faut jamais humilier un drôle d’asticot tenancier d’un boui-boui, surtout lorsqu’on a la dalle.
708UN BOUI-BOUI
Qui frappe à l’huis, qui ? Un drôle d’asticot ouvrit !
Père-sept-heures, son attaché-case tenu par une chaînette au poignet, un drôle d’oiseau, dans l’encoignure. Qui, du bec intercepte, de l’œil détecte : quid de cette malle d’osier, juste un reliquat de vos larcins ? Et pourquoi cette parure larvaire, se cache- misère, vous servirait-il de couverture, vermisseau ? Ainsi, quand la pie entre en scène, quoique le sachant, elle inquisite.Sa livrée est un passe. Prédatrice, elle en a les attributs, la gestique brusque, attentive, elle se pose. L’ hôte, l’asticot danse maintenant : son arme, la séduction. Déjà, dans l’arche, Noé n’en voulait pas, il ne dut son salut qu’à la transformation. L’insecte a plus d’un tour dans son sac : la cohabitation, le partage, les valeurs… Un transformiste au sommet de son art contre un oiseau en tenue de gala, qui, au deuxième tour l’emportera ?🐻
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit.
« Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi ! »
Il chantait un drôle d’air en se trémoussant nonchalamment, avec les stigmates de la larve toxico, respirant les psilos à gogo, sans pudeur. Il était nu comme un ver. La pie en resta bec bée.
« Mangez-moi, mangez-moi, mangez-moi ! »
Il n’en était pas question. L’oiselle ne mordrait pas à l’hameçon.
« Garçon, un peu de tenue, voyons ! jacassa-t-elle. Vous m’avez l’air totalement inconscient. Je pourrais vous gober d’une becquée. Et ce n’est pas l’envie qui m’en manque, j’ai une faim de hibou et vous m’avez l’air… hmm, bien bâti. Mais avant de passer à table, j’apprécie les bonnes manières. Couvrez-vous donc et laissez le chef vous cuisiner à ma demande. La maison a bien changé.
— Ce sont les temps qui ont changé, ma damoiselle, répondit l’asticot, béat et stone. Ici, nous ne faisons désormais que de la restauration rapide… hihi ! À emporter, quoi ! Nous sommes aussi frais que prêts à consommer… héhé ! Alors vous me mangez ?
— Vous m’avez surtout l’air bien farci. Et je ne sais pas avec quel psychotrope encore. Je n’ai pas envie de voir des faucons roses ou me prendre un ovni en plein vol. Il n’y a pas un boui-boui dans le bois où l’on peut manger nature, ma parole. C’est dingue ! Mais d’où sortent tous ces fast-woods ?
— Mais de terre, ma damoiselle… héhé ! Ça pousse comme des champignons… hihi !
Une pie en son bel habit
frappa à la porte d’un bouiboui
espérant un frichti
un drôle d’asticot ouvrit
d’un beau sourire l’accueillit
mon amie qu’est ce que pour vous je puis
m’offrir le couvert répondit la pie
ici savez il n’y a rien de gratuit
précisa le lombric avec un certain mépris
mille merci alors jacassa la pie
qui d’un coup de bec l’asticot engloutit.
Une pie, en son bel habit,
Transie sous la pluie
attendant l’éclaircie
Frappa à la porte d’un boui-boui
à l’heure de midi
Espérant un frichti
confit ou salsifis
Un drôle d’asticot
lui ouvrit son logis
Et la laissa franchir le seuil
sans avoir réfléchi
Comme on laisse le loup
entrer dans une bergerie
La pie transie
fut d’abord ahurie
Devant ce lombric
du genre maki rikiki
Mais ne voulant pas paraitre impolie
Elle garda pour elle ses stimuli
Mais comme l’appétit
vient devant un buffet garni
La faim de la pie
surgit en tsunami
L’asticot enfin comprit
Et déguerpit sous le tapis
Maudit soit la courtoisie
Se dit le ver meurtri
Pas ravi d’être en repas, servi
Par ce bel après-midi Gigi la pie s’en vint frapper à la porte du nid boui-boui.
Espérait elle un frichiti ?
Que nenni !
– nada, rien à claper là, reprenez votre barda et basta !
Mais elle n’en resta pas là et lourdement insista
– Si si écoutez-moi je viens vous rapportez quelque chose qui vous appartient… Et que je n’ose…
Dérouté autant que surpris, il ouvrit
Ce n’est une ni deux ni trois mais une bonne dizaine d’oisillons qui passèrent le portillon.
– mais c’est qui ceux-là ?
– le résultat de vos folies, de la démesure de vos ébats !
La pie jacasse : vous êtes un drôle d’asticot ! 🐀
Une pie, en son bel habit, frappa à la porte d’un boui-boui espérant un frichti. Un drôle d’asticot ouvrit…
L’hiver n’en finissait pas, et comme dans la fable, la pie ayant chanté tout l’été, elle se trouva fort dépourvue… Pour faire simple, elle n’avait plus rien à manger. Elle avait bien essayé inlassablement de se mélanger à la gente ailée, chacun gardait son territoire avec fermeté. Les merles régnaient sur le jardin où ils surveillaient chaque ver de terre, les mésanges lui donnaient le tournis avec leurs balais incessants, les pique-assiettes de moineaux ne laissaient rien derrière eux. Quant au pic épeiche, il tapait du bec à longueur de journée ce qui l’agaçait au plus haut point, et il en fallait pour l’agacer. C’était plutôt elle qui agaçait les autres entre ses chapardages en tout genre et ses bavardages dénués de sens. Sa compagne avait même fini par s’enfuir à tire d’aile ! Le ventre creux, elle s’était bien aventurée autour des maisons, espérant quelques miettes, voire carrément l’assiette du chat, mais méfiante comme elle était, chut…. Il ne faut pas le répéter… elle s’enfuyait dès qu’une bestiole à poils apparaissait que ce soit un chien ou un chat !
Il lui fallait trouver une solution, le plumage mouillé, la peau sur les os, elle avait piètre allure au point de ressembler au vieux corbeau décharné dont elle se moquait si souvent. Elle sentait bien qu’elle n’allait pas passer l’hiver si elle continuait à se laisser aller. Son instinct de survie lui dictait de se reprendre et d’agir. Elle rentra au vieux nid à moitié détruit, nid qu’elle avait partagé ces dernières années avec sa compagne… cette simple évocation, lui fit monter les larmes aux yeux… allons, allons, reprends toi se dit-elle, fais toi une beauté, et prends la direction qu’emprunte ce vieux barbon de corbeau quand il meurt de faim.
Elle attendit la tombée de la nuit, vola, et vola encore. Essoufflée elle se posa sur une haute grille métallique que le vent faisait grincer. Heureusement c’était la pleine lune, elle observa le paysage autour d’elle. Des dalles et des pierres se succédaient à perte de vue. Eh bien pensa-t-elle ce n’est pas ici que je vais faire un festin. Mais qu’est-ce qu’il peut bien trouver dans cet endroit désert, le vieux charognard qui pue du bec.
Au même instant elle ouvrit tout grands les yeux. Ses pupilles dilatées au maximum lui permirent d’apercevoir plusieurs tas de terre fraîchement retournée. C’est sûr, c’est là qu’il vient. La pie s’approcha sans bruit, lustra son bel habit de deux coups de pattes et frappa à la porte d’une cavité qui ressemblait à un vieux bouiboui, espérant un bon frichti. Un drôle d’asticot rondouillard lui ouvrit la porte. L’odeur nauséabonde la fit reculer. Peut être avait-elle été trop optimiste quant à la qualité du frichti, mais elle n’allait pas faire la difficile, ce n’était pas le moment. Elle se pinça le nez, baissa la tête et entra dans une sombre taverne. C’est complet lui retorqua le maitre d’hôtel et il lui tourna le dos. Effectivement ça grouillait de partout et ça boulotait le nez dans la tambouille. Mais où suis-je tombée, se dit-elle ? personne ne semble se préoccuper de moi, c’est étrange. Et si je jacassais, je suis sûre qu’ils vont me remarquer. Eh, la petite dame, on se tait, chacun son tour, hurla le garçon, allez consulter l’ardoise et faites votre choix. La liste était longue, sûre qu’elle allait se régaler. Chaque plat était précédé d’un numéro, voilà qui va me simplifier la tâche pensa-t-elle. Numéro 1 : cervelle de moineau, numéro deux : œil au beurre noir, numéro trois : foie cirrhosé, numéro 4 : rotules aux bleus… hum hum, fit-elle en se grattant la tête, c’est exactement la description du vieux schnock qui nous chassait à coup balai… ah mais ça me revient, il est mort il y a trois semaines…. Ahhh nonnnn pas ça , et elle s’enfuit sans demander son reste !