La réalité est intangible, impalpable. Aie ! je me cogne dedans ; pas grave, tout vas bien, j’existe. La lumière sort de la fenêtre de la pièce où je me trouve et inonde la campagne sombre.
Le temps calme s’agite doucement créant une sorte d’ondulation éolienne, comme un souffle salvateur. Mes draps s’envolent et la nudité m’habille complètement, elle me soustrait aux regards impudiques, il n’y a de personne.
Au loin, les saules pleureurs brandissent leurs branches comme le V de la victoire, joyeux sans savoir pourquoi, alors qu’à l’est le soleil est à son zénith tout en se couchant, éclairant ainsi un espace imperceptible qui s’étend à l’infini. A l’horizon de ce ciel brumeux perce une lumière éblouissante comme la pénombre. Les feuilles d’automne montent dans les arbres et fleurissent de mille couleurs uniformes.
Dans la salle à manger les nouilles cuisent tranquillement sur le divan en attendant le sifflement de la cloche du petit déjeuner. Elles font glouglou, glouglou en cadence avec le tic-tac de la pendule égrenant les minutes au rythme des secondes qui me semblent durer des heures.
Au sortir du théâtre sans acteurs, situé au centre du hameau, la foule solitaire se disperse d’un bloc laissant apparaître les canards de la basse cour. Ils ont quatre pattes, chaussent du 41, du 38 pour les cannes. Tous plongent, en maillot de bain, dans la piscine et m’éclaboussent.
C’est le début de je ne sais quoi qui se termine. Assoiffé je me désaltère en buvant une bouteille vide tout en surveillant la soupe qui boue dans le frigidaire. J’en goûte une cuillerée avec ma fourchette pour pouvoir l’assaisonner.
Pleinement réveillé je ronfle du sommeil du juste. Je ferme les yeux pour tout voir d’un seul regard car dans la rivière l’eau coule vers sa source et les truites la traversent pour nidifier sur la rive opposée, justement là où un coq roucoule de plaisir en voyant ses canetons éclore.
Le réveil sonne l’heure de se coucher j’en profite pour allumer la nuit. Avec son frémissement caractéristique le café est entrain de passer ; il traverse la pièce tranquillement. Une petite tasse me fait du bien, cela me sort de la réalité, je vais pouvoir rêver maintenant.
Je suis devant une vitrine de vêtements très chers. Il est évident que cette boutique est largement au-dessus de mes moyens et que je ne pourrai même pas en franchir le seuil. Alors, je me contente de regarder les différents articles en soupirant.
A ce moment-là, une dame très aimable s’approche et me dit : « Tenez, je vous donne cet argent ! Je n’en ai pas besoin du tout et je pense qu’il vous sera plus utile qu’à moi. » J’essaie de protester pour la forme mais la dame insiste et me remet une belle liasse de billets. C’est incroyable !
Puis, je flâne dans les rues, le ciel est d’un bleu splendide et la température parfaite. J’entends de la musique partout et beaucoup d’éclats de rire. Je m’aperçois que tous les gens sourient et qu’ils ont l’air heureux. C’est incroyable !
Soudain, je me retrouve dans le bureau du maire et je le questionne :
– J’ai l’impression d’être dans une ville idéale. Comment est-ce possible ?
– D’où venez-vous, chère madame ? De quel siècle ?
– Je suis une personne qui vit en 2023.
– Ah, vous savez nous sommes en 2150 et les temps ont bien changé.
– Que s’est-il passé ?
– Contre toute attente, l’humanité a évolué dans le bon sens.
– Vraiment ???…
– Oui, vraiment. Tous les êtres humains savent maintenant qu’ils font partie de la même famille et qu’ils sont reliés par des valeurs telles que la solidarité, la générosité et l’altruisme.
Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
Raconter par le menu ! Quoi ? Pourquoi par le menu ?
Je ne me plierai pas à cet impératif pour la bonne raison que c’est plutôt d’une carte dont j’ai envie de parler. Celle du ciel, mais pas n’importe lequel …
Je ne trouve pas les mots pour parler du rêve que je n’ai jamais fait et que je rêve de rêver. Je veux parler de la magnificence de ciels étoilés. Non pas ceux des nuits d’août de chez nous où il faut faire un vœu parce-qu’il y « une pluie d’étoiles filantes » et que tout le monde devient astronome, mais les ciels lointains, inaccessibles. Ceux des lieux où il n’y a pas trace de vie humaine, où les constellations Andromède, la Baleine,Cassiopée, les Gémeaux ou le Sagittaire nous offrent une réalité inatteignable, une merveilleuse beauté, de brillantes énigmes.
Comment donc décrire tout cela par le menu ? Je ne sais pas.
653/Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
On venait de nous donner le sujet de la rédaction à faire dans les deux heures suivantes : » Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait ».
J’avais mal dormi, et j’étais là à mon bureau devant ma feuille blanche. Mes copains et copines de classe écrivaient fébrilement ; en désespoir de cause je décidai de relater mon dernier rêve ! Même avec ses grosses lunettes, la prof n’y verrait que du feu…
Du feu il y en avait au loin et les villageois racontaient que celui-ci avait été allumé par des postulants « pompiers » qui s’exerçaient à acquérir une expérience avant de passer l’examen qui leur permettrait d’exercer cette profession.
Je voulus me joindre à eux mais dans ma précipitation je tombai et me fracturai la jambe. On me conduisit à l’hôpital et pendant mon séjour je tombai amoureuse du chirurgien:un vieux beau d’au moins 45 ans.
Deux mois après je retournai au lycée, m’assis à mon bureau où se trouvait encore ma feuille de rédaction. Je la finis et la portai à la prof qui m’infligea une retenue pour absence non justifiée……
Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
Oh que c’est drôle, je n’avais jamais connu ça.
C’est extraordinaire de vivre une telle expérience, même de quelques centièmes de secondes.
Jamais j’aurais imaginé qu’en rêve je puisse être cette grande richesse de la vie, de l’humanité et certainement de son devenir.
Je le sens, je le sais. En vivant ces moments de bonheur, même très courts, moi et mes « compatriotes » nous oeuvrons pour la paix sur Terre, la joie dans les familles.
De vivre dans la bonne humeur, l’optimisme, en se disant que ce qui est mal dans le monde n’est que passager, temporaire. Que les beaux jours, même en hiver, seront toujours présents.
Oui nous les sourires du jour, de la nuit, d’une belle jeune fille dans le métropolitain, dans la rue … nous sommes un bien de l’humanité.
En rêve, je suis sourire, qui l’aurait crû.
Et puis quel chemin je peux faire dans une journée. En l’espace de quelques secondes je change plusieurs fois de personnes.
Que c’est merveilleux, toutes ces sensations que je suis en train de vivre, j’apparais et disparais et je renais sur d’autres lèvres.
Je suis partout à la fois, je me balade, j’y prends du plaisir, une certaine jouissance. Dans la ville, à la maison, dans les prisons, dans les hôpitaux … dans une chambre avec un couple enlacé … nous pouvons être partout.
À l’instant présent, je viens d’apparaître sur les lèvres d’une dame. Elle est jeune et s’appelle Charlotte.
Mince c’est elle, c’est bien elle, une collègue de mon service que je croise presque tous les matins dans l’ascenseur.
Oh et moi qui suis là aussi ; juste à côté, gauche, réservé, timide, ne cessant aussi de la dévorer du regard tant elle est belle, Charlotte.
Quelle chance inouïe ce matin d’être sourire, celui justement de Charlotte. La fille de mes rêves, à qui je n’ose déclarer mon amour fou.
Tiens, d’où vient cette petite voix ? Qui dans mon rêve, me murmure à l’oreille gauche :
« Vas-y nom de Dieu lance toi, profite en, parle lui, avec des mots bleus et doux.
Tu es son sourire.
Alors n’hésite pas à lui dire une parole ou deux. Dans cet ascenseur qui lui semble froid, avec sa carapace d’acier très bien assemblée.
Regarde bien. Elle aussi, on dirait qu’elle est amoureuse de toi.
Son sourire demeure, il ne s’en va pas. Ah ah tu as le beau rôle toi.
Grâce à ce rêve : tu es à la fois son sourire, et tu es dans cet ascenseur à quelques centimètres d’elle.
Oh ses yeux qui se mettent à briller. Pardi, tu as gagné la partie, tu as réussi.
Invite-la cet été à Capri. À voler vers l’infini pour la vie ».
**
– Noé qu’as-tu ! tu somnoles, dépêche-toi, le manager est passé ; la réunion débute dans cinq minutes.
Ce matin, tu présentes l’énorme dossier sur …
– Charlotte, désolé, je ne sais pas, j’ai dû rêver
Tu sais, c’est toi qui me troubles.
-Ah bon.
– C’est ton sourire. Il fait chavirer mon cœur.
N’allons pas à cette réunion.
Partons vite. Tiens à Capri.
Je t’aime Charlotte …
La soucoupe volante se fond dans le ciel. D’un bleu azur parfait. Son bourdonnement léger évoque celui d’un insecte.
Elle se pose avec grâce dans mon jardin entre le petit bassin et le cerisier. Une passerelle se déplie sans bruit, dans un ballet de marches blanches que prolonge un tapis rouge parsemé de fleurs des champs.
Une corne de brume retentit. Invitation au départ… Je m’approche, tentée par le grand voyage cosmique. Pas âme qui vive. Du moins, pas de forme humaine.
J’hésite. Je suis en pyjama, pantoufles aux pieds, cheveux en bataille. Une pensée furtive « Je n’ai pas mon passeport ni ma carte bancaire ». Une voix dans ma tête répond à cette objection « pas besoin, là où tu vas ». Alors, je monte.
Tout est calme, d’un blanc immaculé. Pas de poste de commande. Tout juste un bouton pour refermer la porte. Ma pensée s’égare. Une frayeur me saisit. Où vais-je ? Suis-je en sécurité ?
La soucoupe décolle à la verticale et monte, monte telle une fusée. Les couleurs s’estompent. Tout est cotonneux, éthéré, inconsistant. Mon corps flotte, libéré de sa pesanteur.
Je suis un nuage.
Je suis bien.
Je suis en route pour l’éternité.
Une lune énorme, argentée, est accrochée au-dessus de la prairie. J’avance à pas circonspects… Je me faufile dans les hautes herbes… Tout à coup, j’arrive dans un espace dégagé, en forme de rond, que je ne reconnais pas. Là, au milieu se tient mon ami le Renard ; nous nous flairons le museau, je le poursuis autour du rond, puis demi-tour : c’est moi devant et lui derrière.Ensuite, nous mulotons avec un bel ensemble.
Mais soudain, plus de lune…un ciel obscur. Le renard a disparu. Je suis au milieu de la prairie toute fauchée . Autour de moi, une dizaine de Chats, assis, immobiles. Je vais de l’un à l’autre, ils me font allégeance, je suis la reine de la prairie !
C’est alors qu’un énorme Chien surgit . Sauve-qui-peut ! Une course éperdue m’amène jusqu’à un grand arbre que j’escalade aisément. Me voici perchée sur la cime et bien décidée à y rester, tandis que le stupide molosse s’époumone tout en bas. Oh, un hibou géant me survole ! Ne va-t-il pas m’agripper dans ses serres ? Je m’élance de branches en branches, aussi agile qu’un écureuil…
Ah, je suis à présent sur le toit de la maison ; la lune brille de nouveau dans le ciel, je suis assise sur le faîte du toit, je domine. Mais quelle est cette main qui me grattouille le menton ? Je n’en crois pas mes yeux : Elle est assise à côté de moi, les pieds pendants dans le vide ! Là, je commence à avoir de sérieux doutes. Ne suis-je pas en train de rêver ? Moi, sur le toit, passe encore, mais Elle ? Impossible ! D’ailleurs, elle disparaît soudainement et un orage monstrueux s’abat sur la maison ! Cette fois, je suis vraiment en mauvaise posture !
Et tout à coup, je me réveille…sur le canapé. Elle est de nouveau assise auprès de moi, un livre sur les genoux. Elle me caresse, elle murmure : »Alors, Mimine, à quoi rêvais-tu ? ». Ses yeux plongent dans les miens ; pendant quelques instants, on se fixe. Mais dans mes opales vertes, fendues d’un mince trait noir, rien ne transparaît…Non, elle ne connaîtra jamais mes rêves de chat, et parfois, elle doit le regretter. Elle n’a plus qu’à les rêver…
Pendant la lecture je me demandais qui était cette narratrice sans soupçonner une chatte et je me suis aussi demandé qui était cette Elle
Bon effet de surprise
La nuit est noire et profonde. Rien d’étonnant pour moi car je suis aveugle de naissance. Ce qui m’a permis d’acquérir une ouïe exceptionnelle.
J’entends parler. Mais je ne comprends pas ce qui se dit. Ces voix semblent lointaines. C’est étrange.
Il faudrait que je me lève. Ouvrir la fenêtre. Chasser d’éventuels brigands. Sonner le tocsin.
Rien que d’y penser je suis épuisé. Je n’ai même pas la force de bouger un petit doigt.
Allez Janot, courage, tu es un homme valeureux.
A l’instant même de cette pensée, j’ai l’impression d’être déplacé. Et c’est ainsi que je découvre l’horreur :
Par tous les saints et les dieux de l’univers !
Par tous mes brodequins crottés !
Je suis enfermé dans un cercueil !
J’étais donc censé être mort ?
Le croque-mort aurait-il oublié de me croquer l’hallux ?
Pris de panique…
Je me réveillerais !
Cela aurait été un cauchemar
Mais ce n’est qu’un non-rêve !
Lorsque j’étais ado, mon père me demandait tous les matins ou presque si j’avais rêvé du prince charmant. La réponse était invariablement « Mais, papa !! ».
Cela me gênait terriblement, comme les baisers sur la bouche (avec la langue, beurk…) au cinéma d’alors. C’était tabou, cela supposait des indécences que je n’étais même pas capable d’imaginer, moi qui étais une jeune fille tout ce qu’il y avait de plus sage et ignorante. (Ben oui, je vous parle du milieu du siècle dernier, hein ? Pas d’internet, peu de télévision et des journaux d’ados qui ne risquaient pas de nous inciter au « mal » : Mademoiselle Age tendre, cela ne s’invente pas.)
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à ce prince charmant inconnu et qui n’apparaissait jamais dans mes rêves. Comment l’aurais-je rêvé ?
Franchement, je n’arrive pas à imaginer comment je me le serais représenté lorsque j’avais cet âge incertain, cette période où je ne savais pas encore exactement qui j’étais. Où l’avenir était encore un sacré flou artistique, où je n’avais pas encore basculé entre l’adolescente et la jeune adulte comme on dit maintenant. (Vous avez remarqué ? Plus le temps passe et plus on devient adulte tard : il fut un temps où l’on devenait adulte dès la puberté… Oui je sais, je digresse, bonne stratégie d’évitement…)
Les seuls princes charmants potables étaient alors ceux des contes de fées de mon enfance : celui de cette niaise de Blanche-Neige, de cette maladroite de Belle-au-bois-dormant, ou de cette souillon de Cendrillon… Mais j’étais déjà bien trop vieille pour rêver de ceux-là.
Ca y est, je sais pour quelle raison il m’est impossible de raconter ce rêve non fait ; je viens enfin de le découvrir : les princes charmants, vous savez quoi ?, c’est comme les licornes, ça n’existe tout bonnement pas.
Patricia
L’adolescence que vous évoquez c’est aussi la mienne
Cela me fait un effet étrange de me dire que j’ai vécu au siècle dernier. Cela fait 23 ans! Il faudrait que je me me fasse à cette idée
Quant au Prince charmant, il existe Patricia. C’est comme le Père Noël qui existe pour le s enfants tant qu’ils y croient
Un prince charmant parfait, vraiment ?
S’il suffit d’y croire, je vais m’y mettre alors 😂 (allez, je vous fais une confidence : à l’époque, mon prince charmant était Julien Clerc…si, si…)
Et le vôtre ?
Ce soir je me suis endormi devant la télé. J’ai vu le début et la fin du spectacle de Messmer. Malgré ce trou, ça ouvre des possibilités !
Je suis le grand Messmer, hypnotiseur fascinant, devant une salle pleine d’admiratrices. Puis je la vois, elle et son regard fourbe, elle et son sourire en coin condescendant, elle et sa plastique appétissante intouchable pour moi..
Mes yeux fixent les siens. Je lui projette des tonnes de tourbillons, de spirales, du noir et blanc, en veux- tu en voilà. Elle rentre en transe hypnotique sans lâcher le blanc de mes yeux. La puissance de mon regard la soumet à mes désirs.
Ben attendez, c’est quoi mes désirs? Alors là je suis en panne. Et vous c’est pas la peine de rigoler. J’ai pas l’habitude. Tout ce que je souhaite c’est une part de pizza, une bouteille de vin rouge, un bon steak, quelques billets tombés d’une poche. Mais une femme qu’est ce qu’il faut dire, qu’est ce qu’il faut faire ? Ça se réfléchit.
Ben qu’est ce qui se passe ? Elle s’efface, elle disparaît en tourbillonnant avec un rire de sorcière du Moyen-Age. Ah, chouette elle revient. Oh non, c’est sa mère qui me vomit les pires injures, me frappe à grands coups de peau de zèbre.
Je hurle dans la nuit. Je suis en nage, hagard . Comprends rien. J’ai des remontées acides, l’intestin qui gargouille. Pourrais pas aller à la messe ce matin.
Monsieur Messmer je ne vous dis pas merci. Ça démarre bien puis tout fout le camp. C’est l’histoire de ma vie, et ma vie c’est pas un rêve ! J’aime pas les rêves, éveillé ou pas. Je préfère mon gros rouge.
Et si pour changer, j’étais méchant, agressif, rancunier ?
Alors, dans ce rêve, je serais en guerre contre ceux qui m’agacent. Si, si, il y en a quelques uns !
Je couperais le doigt de celui qui se le met dans le nez. J’obligerais celui qui aura sali la table à lécher ce qu’il y aura laissé. Je barbouillerais de terre celui qui entrera les pieds sales dans la maison. J’obligerais celui qui mentira à ravaler ses bêtises. Je rentrerais dans la carrosserie de celui qui n’aura pas respecter mon espace vital. Je retrouverais les quelques odieux personnages supportés au travail et les obligeraient à réparer leurs bassesses, leurs décisions iniques.
Je leur dirais tout le mal que je pense d’eux et leur démolirais la façade.
Je serais à mon tour égoïste, maldisant et vénéneux pour me venger d’eux.
Je crois qu’il est temps que je sorte de ce faux rêve.
C’est épuisant de se vouloir assassin, cela ne soulage pas du tout des rancœurs que l’on a gardés en mémoire
Il était si menu, ce rêve que je ne n’avais pas fait, qu’on aurait pu difficilement en faire tout un plat littéraire. Aucune consistance, pas la moindre texture, même pas l’ombre de l’entrée d’une soupe. Aucun gaspacho glacé pour construire des châteaux espagnols. Aucun tour de manège dans les contes d’apothicaire, ceux qui vous frôlent une bonne santé pépère, un esprit flottant entre deux eaux de vaisselle, celle du quotidien et celle de l’exceptionnel. La règle de l’exception m’avait déjà tapé plus d’une fois sur mes doigts de faits.
Je consultais souvent les livres de cuisine d’écritures. Je tâtais des recettes pour les appliquer sur le mur, m’en tartinais les mimines et les retranscrivais à ma mode de Quand ça vient, un bon jus de tripes, une large tranche à saucer les mots, un pain complet dans la tête, avec toutes ces graines et ces possibles germinations.
Je n’aimais pas les étoiles dans les assiettes, avec leur vue balconée sur les charmes financiers, les gâteaux moelleux des trop riches. Je préférais les gâteaux secs et les gargotes des routiers. On y trouvait toujours un coin de salle, sans réservation. Le plat du jour vous maintenait le diesel à la bonne température de la journée. Et la mécanique roulait, vaille que vieille.
J’aimais surtout, au-delà de tout relent charnel, pique-niquer au bord des rivières. Un éternel pêcheur y oisifaisait sa vie. Je piquais les cornichons polonais dans leur bocal, en suçais le vinaigre puis dégustais de la poésie, les miettes plus ou moins desséchées des nageurs de grand fond, ces plongeurs en apnée.
Je siestais mon semblant de fatigue. Les fourmis me prenaient pour Gulliver. Les liens avec la nature ne me ficelaient jamais rien d’autre qu’une nouvelle attention possible à l’environnement. Tant que la source pouvait couler.
Puis je rentrais dans ma cabane. Je bavardais au jardin avec les soucis des fleurs et la probable angine du rouge gorge. Je risottais un reste, oignons, tomate et riz en écoutant Respighi. Je baignais mes pieds dans un mélange chaud et savonneux, je taillais mes griffes, soulageait chacun de mes yeux d’une goutte, stabilisatrice d’évolution de glaucome et enfilais le pyjama de l’endormissement.
Mon matelas de mots était large. Je le partageais avec des monticules de livres, de revues, dans le désordre le plus lisible, pour moi, un bateau grenier, avec ses rames, ses voiles et ses poussières.
Mes allergies s’avéraient toujours passagères, je les avais maté, car inutiles. Je profitais de chaque moment, n’accélérais jamais les secondes ni ne freinais les minutes.
J’avais appris à décortiquer les noix sans en fracasser les coquilles. C’était simplement bon. Je ne notais rien de mon vivant quotidien, de mon sommeil, pas de carnet, aucune note.
Plus tard, les bons silences, les rondes, les blanches, les crochetés de la partition remonteraient d’eux même à la surface, et la partition se déroulerait dans la brise hasardeuse du moment d’écriture.
En ce jour de fête des mères, racontez, par le menu, un rêve qu’on a pas fait. Longtemps qu’on a pas emmené mémé au fast food so good, qu’on a débarqué cet été 1944 en Normandie. On n’ira pas par quatre chemins pour dire la vérité, amour gloire et beauté sont plus de rêve que de réalité. Plutôt chanter viens je t’emmène, longer la mer sur le chemin des douaniers, faire du longe-côte pieds nus dans le sable aussitôt rempli d’eau et de petits crabes, exploser les vessies du varech sur le plat d’un rocher, grimper par des ajoncs et le fenouil sur la falaise battue par les vents, trouver une table le long de la baie, manger comme à la maison. Ici le couvert est gratuit, le pain croustillant et la serviette dans un rond d’argent.
🐻 Luron’Ours
Marre de tomber dans les puits, assez de ne pouvoir crier en vivant des situations dramatiques, inquiétantes. Pire, vivre la nuit le travail quotidien si bien qu’au réveil je m’inquiète de savoir si ce n’est pas la réalité … Mon rêve serait de ne pas en avoir!
Je dors debout en tenant un verre d’une main et une bouteille de champagne de l’autre. Seul dans un salon où les torchères se reflètent dans une glace gigantesque et bisautée, au sol des tapis rouges foncés sublimes s’allongent sur le marbre. Au fond, une tenture qui habille tout le mur représente une immense piece de réception illuminée par des lampes murales, et au centre sur de riches tapis de couleurs bordeaux, un individu fantomatique me regarde en buvant une coupe. Et dans la glace qui me fait face, la tenture, les torchères …
Iris
En lisant le premier paragraphe, je me faisais la réflexion que tous les sens étaient évoqués et vous en parlez au début du deuxième paragraphe
C’est un rêve dense et très riche. pas étonnant que vous ne l’ayez pas encore fait de manière nocturne. Vous pouvez le tenter en période diurne
« Depuis que je suis tout petit, mes parents; lorsque le momemnt était venu pour moi ses parents ne manquaient jamais de me souhaiter : « Fais de beau rêves »
Sage et obéissant, jeune et innocent, je faisais toujours les mêmes beaux rêves emplis d’une ombre blanche bienveillante dans un jardin du plaisir où le Champagne coule à flots
Mais au réveil, le corps reposé et délassé, je sentais bien mon esprit insatisfait.
J’aurais voulu faire ce rêve qui donne des sueurs froides et fait sombrer dans la psychose, peuplé d’oiseaux menaçants et agressifs ; de cambrioleurs qui, malgré la mort aux trousses, ont pignon sur rue et fenêtre sur cour ; d’agents secrets et d’espions de la cinquième colonne faisant régner la loi du silence ; d’inconnus inquiétants et déments rencontrés dans un train où les femmes disparaissent ; de criminels qui, sans l’ombre d’un doute, mettent la main au collet et maintiennent enchaînés, la tête dans un étau, pour faire avouer l’homme qui en savait trop mais qui, devant la police produisent toujours le grand alibi alors qu’ils mériteraient la corde pour avoir commis le crime presque parfait et fait peser les soupçons sur de faux coupables ;
Mais je n’ai jamais fait un tel rêve. Alors, j’en ai fait des films
Alfred Hitchcock
PS. J’ai glissé dans ce texte 25 titres de films du maître du suspense
Un jeu bien sympathique et réjouissant, moi qui adore le maître dus suspense. Pourtant, sans regarder sur wikipédia, il m’en manque au moins 5. Bravo Françoise !
J’aurais dû parler de films plutôt que de titres de films. Je les énumérère :
Jeune et innocent – L’ombre blanche – Le jardin du plaisir – Champagne – Sueurs froides – Psychose – Les oiseaux – La mort aux trousses – Fenêtre sur cour – Agent secret – Espion – Cinquième colonne – La loi du silence – L’inconnu du Nord-Express (inconnu et train) – Une femme disparaît (les femmes disparaissent) – L’ombre d’un doute – La main au collet – Les enchaînés – L’étau – L’homme qui en savait trop – Le grand alibi – La corde – Le crime (était) presque parfait – Soupçons – Le faux coupable
J’entrais sur le centrale de Roland-Garros, le cours Philippe Chartrier, Porte d’Auteuil à Paris. Les tribunes étaient pleines. Le soleil brillait sur la peau des spectatrices. Du haut de mes 18 ans je ne voyais qu’elles, mes futures admiratrices. C’était mon premier tournoi du grand chelem. J’avais dû franchir les barrages de qualification. Je vivais dans un rêve. Je devinais tout avant que mon adversaire ne me renvoie la balle. J’avais des jambes de feu et un revers magique. Tout me réussissait. Même si le service n’était pas mon fort, je renvoyais tout et je défendais des balles impossibles. Certains joueurs étaient écœurés. Se faire battre par ce petit jeune qui ne dépassait pas les 1,80 mètres et qui semblait costaud comme une brindille, les déconcertait. L’Américain Sébastien Korda, en 8ème de finale avait fracassé 2 raquettes sur la terre battue, tellement il était en colère. Je battais tous mes adversaires en 3 sets. L’un d’eux avait même abandonné sous les sifflets du publique.
A la suite de ma performance contre Korda, 30ème joueur mondial, les journalistes s’intéressèrent à moi. Je recevais des demandes d’interview de tous côtés. Heureusement, j’étais bien entouré. Mon coach filtra tout ça. Je dus juste faire le plateau de France2 pour être interrogé par Laurent Luya. De jolies femmes me demandaient des autographes à la sortie du court tandis que d’autres m’attendaient derrière les grillages des courts d’entrainement en scandant mon nom. Je recevais des mails très explicites de jeunes filles et de moins jeunes. Je ne sais par quelles voies elles avaient obtenue mes coordonnées. Mais ce que femme veux, dieu le veux. Mon coach y mit bon ordre et me demanda d’attendre l’issue de la finale pour me complaire dans la luxure. Il plaisantait mais je le prenais au sérieux. Il ne doutait pas que j’atteindrais la finale et il était certain que je l’emporterais.
Effectivement, le jour de la finale arriva. Je croisais Novak Djokovic dan le couloir, juste avant les marches. Il ne me regarda pas, j’en fis de même. Nous entrâmes sous les acclamations des 14 000 spectateurs. C’était de la folie. Mon nom fut acclamé durant l’échauffement. Djokovic souriait jaune. Déjà qu’il avait du mal à se faire aimer du public, mais jouer contre un Français, n’allait pas lui faciliter la tache. J’étais impressionné. Plus que je ne l’aurais voulu. Le sort me désignant pour servir. Je perdis le premier jeu. Le 3ème joueur mondial remporta assez facilement le second jeu. Mon cœur battait à tout rompre. Mon coach me fit signe de respirer. « Amuse-toi, ce n’est qu’un jeu », me dit-il. Ses paroles furent bénéfiques. J’oubliais l’enjeu, les spectateurs, le rang de mon adversaire. Mon jeu changea du tout au tout. Mes services le firent sortir souvent du terrain avec à la clef un second coup croisé dan l’angle opposé. D’autres services, joués au corps, déstabilisèrent son retour réputé pour son efficience. Nous fume bientôt à deux jeux partout. Ensuite ce fut encore plus magique. Djokovic subit mes amortis avec vélocité mais sans réussite, mes coups droits courts croisés avec vélocité mais inutilité. J’alliais la simplicité à l’efficacité. Rarement de longs échanges. Mes coups n’étaient pas surpuissants mais toujours bien placé, lui laissant vainement croire qu’il aurait le temps de les rattraper. J’alliais technicité et tonicité, insouciance et efficience. J’avais la capacité de lui résister et il n’aimait pas ça. Il se mit bientôt à contester des balles, voyant leur impact plus éloignées de la ligne qu’elles n’étaient. Le public n’apprécia guère. Il s’en suivait chaque fois un chahut que l’arbitre avait du mal à contenir. Djokovic ne pouvait supporter son inefficacité. Il perdit le premier set par 6 à 2. L’assistance battait des mains à chaque fin de jeu. Elle était en liesse. Je représentais leur espoir de victoire. Une frustration vieille de 40 ans. Serais-je le successeur de Yannick ? Je ne me le demandais pas encore. Je récupérais en dégustant une banane.
Au second set Djockovic servit avec rapacité, tira des coups droits avec férocité, des revers avec précocité mais rien n’y fit. Ma vivacité et ma vitalité annihilèrent ses efforts tandis que ma motricité, ma pugnacité en fond de court. Ma compacité en retour de service l’écœura et mon élasticité au filet renvoya tous ses assauts. Il fut bientôt dans l’incapacité de trouver une solution. Il perdit le second set par 6 à 3. Je fus félicité, ovationné même durant de nombreuses minutes. La complicité de l’assistance était totale. Les Olas étaient incessantes, détruisant le moral du combattant serbe. Le troisième set ne fut qu’une formalité. Je le remportais par 6 à 0. Novak Djokovic ne m’offrit aucun sourire durant sa brève poignée de main. Moi, j’étais aux anges. Je m’effondrais sur le sable orangé. J’avais gagné. J’avais remporté le tournoi. Je n’osais y croire. Je fis bientôt un tour d’honneur, acclamé, ovationné par un public déchaîné. La remise de la coupe fut émouvante. Je me mis à pleurer. Djokovic eut des mots aimables pour me félicité. Je bafouillais durant mon discours que je n’avais, bien sûr, pas préparé. Ce jour restera le plus beau rêve de ma vie.
Toutes mes copines me bassinent avec les baptêmes par ci, les communions par-là, les mariages en veux-tu en voilà ? Bref tout ce là n’est que prétexte à bouloter des dragées aux amandes ou au chocolat. Fort heureusement, cela ne vient pas perturber mes nuits. Imaginez donc un rêve qui commencerait comme suit :
Alors que je suis confortablement installée, la tête et la nuque bien calées dans le moelleux de mon oreiller, la respiration qui devient plus lente, mes muscles qui se détendent et moi qui m’enfonce lentement mais sûrement dans les limbes. Je me sens plus légère qu’une plume, je me vois vagabonder de nuage en nuage quand soudain par je ne sais quel artifice je me retrouve au baptême du fils de Clara. Tables blanches de dentelles immaculées, des corbeilles de lys blancs. Une petite fille avec des fleurs d’oranger passe parmi les invités, un panier rempli de dragées de couleurs pastelles. La vieille bique de Marité (la belle-mère de Clara) me lance un sourire qui n’a plus de dents et me susurre à l’oreille :
─ Je n’ai plus de dents, je ne peux plus croquer les amandes des dragées.
À mon air triste elle ajoute :
─ Fais pas cette tête mon choux. Je peux encore sucer les fraises ou les dragées.
Puis avec un air innocent, et une pointe de facétie dans les yeux elle farfouille dans le sac accroché à son fauteuil roulant, et en ressort un paquet ficelé. Je jette un regard discret à l’écriture malhabile sur le dessus et je peux lire :
Dragées blanches et oranges du mariage de Paul (le mari de Clara) 2004.
Nous sommes en 2023.
Je la remercie d’un sourire timide, en me promettant de jeter le reliquat poisseux d’une bave de septuagénaire à l’époque du mariage.
Cette histoire n’est que pure fiction pour répondre à la consigne de Pascal.
Dommage Mijoroy que ce ne soit qu’un fiction car je trouve que votre texte, très évocateur, est un excellent mantra à se répéter pour trouver le sommeil et faire de beaux rêves
Je vais lle tester dès ce soir
Cette nuit-là, je cauchemardais que je tournais en rond, prisonnière dans un labyrinthe de ruelles étroites et sans issue. Je paniquais à l’idée d’être en retard pour cet entretien d’embauche qu’il me tenait à cœur de réussir. Pourquoi n’ai-je pas fait ce rêve, étrange et pénétrant, d’imiter les hirondelles perchées sur les fils électriques ? Elles se rassemblaient avant de prendre leur envol pour leur long périple à destination du Gabon. J’aurais voyagé de concert avec elles, comme Nils Holgersson. J’aurais découvert des terres inconnues, et aurais enrichi mon savoir auprès des autochtones. Je me serais grisée de cette liberté de mouvement si chère aux Hommes ; en tâchant de ne pas me brûler les ailes comme ce pauvre Icare.
Que nenni ! Ce fichu cauchemar s’éternisait. Je n’en finissais plus de me retrouver sans cesse sur cette place de village au milieu de laquelle une fontaine, surmontée d’un génie ailé, était tarie. Pas âme qui vive, j’étais seule au monde !
À mon réveil, rien n’avait changé. J’avais encore et toujours les pieds sur terre !
Je ne peux pas le raconter, surtout par le menu, sous peine de choquer les associations pour la défense de la vertu, des bonnes moeurs et de la bienséance.
Il est nécessaire qu’il ne sorte point de mon alcôve, j’ai une réputation à sauvegarder, des enfants, et, en temps qu’ancienne bonne de curé, il ne serait pas séant de le divulguer.
A bon entendeur, salut.
Marie Madeleine
Il m’arrive parfois de dire : « J’en rêve !»
Et voilà qu’aujourd’hui l’occasion m’est donnée de formuler sur papier ce que je rêve de rêver.
Eh bien, je n’y arrive pas !
Ce que j’aime dans le rêve, c’est qu’il me tombe dessus comme ça. Sans prévenir… et alors il m’embarque dans des histoires rocambolesques.
C’est parfois drôle, parfois romanesque, parfois codé.
Puis au réveil je décortique tout ça !
Alors, s’il vous plaît, laissez moi la surprise de rêver ce que je n’avais pas prévu de rêver !!!
Parlons menu, justement. Un rêve copieux avec entrée, plat, fromage et dessert. Un rêve grand cru où sommeiller en vain laisserait place à un roupillon millésimé.
« Je vous propose, pour commencer, un Morphée 1989, il se mariera parfaitement avec la mise en bouche parfumée aux songes de Provence.
Et pour cause, c’est l’année de mon mariage. Dix ans qu’il a duré… Qu’est-ce que j’ai morflé ! Quelle entrée en matière ! Jamais, je n’ai rêvé de ce jour merveilleux. Curieux ! Comme si les mois qui ont suivi avaient rempli tout l’espace de production de mes films nocturnes. Des films à l’eau de rose, ou à l’eau de vie. « Alerte à mal il but » quand je rentrais pochtronné avec les copains. « Le diable en corps » quand je me laissais aller à rêver de Marie-Christine dont le sex-appeal hantait toutes mes nuits. « Emmanuelle au septième ciel », c’est le prénom de ma femme que j’imaginais s’envoyer en l’air avec mon meilleur ami. J’avais des doutes, jamais fondés. Comme la famille qui a périclité avant de voir naître le moindre rejeton pour remettre une pièce dans notre mariage mort-né.
Dix ans de cauchemars qui ont effacé ce jour merveilleux, arrosé, là, maintenant, d’un Morphée grand cru. Un rêve que je prends à bras-le-corps, enlaçant Emmanuelle, autour de mes bras pour la porter en bouche, après avoir retiré ses feuilles de salade qui garnissaient un lit de discussions fades.
« Tais-toi ! Embrasse-moi ! » supplient ses yeux.
Je m’exécute et met le pied dans le plat d’un songe exquis. Et quel pied !
Quand arrive le plat de résistance, je ne me souvenais pas combien on pouvait être heureux au clair de sa lune, ronde, pleine, aux parfums de miel.
Par le menu, je pourrais m’étendre, à l’infini, sur ce que mes papilles ont à exulter sur le sujet, mais je pense qu’en fermant les yeux, votre imagination aussi.
Mais si… essayez ! avec un verre de Morphée, cela va venir tout seul.
Où en étions-nous ? Ah oui, jamais je n’ai rêvé de ce jour merveilleux.
J’adore! En particulier « Alerte à mal il but ». Je ne t’avais pas lu et j’ai pensé qu’un rêve d’un mariage pouvait être un bon tremplin pour de l’humour noir.
Merci Camomille et Mijo. Tous les sujets, ici, sont un bon terrain de jeu ou de maintien en forme.
Et c’est toujours un plaisir d’y retrouver les enfants que nous sommes. 😉
Je n’ai jamais rêvé
De dragon faisant la sieste
De zombie en chaussettes
De fée un peu pompette
De momie sans couvre-chef
Je n’ai jamais rêvé
De magasin du silence
De sablier en retard
De livre qui vole
De miroir de pluie
Je n’ai jamais rêvé
De miel au saucisson
De crêpe à la Vodka
De guimauve en sandwich
De menthe à la pizza
Je n’ai jamais rêvé
D’escalier sans fenêtre
De plancher sans racine
De papier sans couleur
De musée sans piscine
Je n’ai jamais rêvé
De danse de la syntaxe
De rime du poème
De vie sans rêve
De rêve sans vie
Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
Je marche sur le sable un peu humide. Une légère brise soulève mes cheveux. Le bruit apaisant des vagues berce mon cheminement. Le soleil caresse ma peau sans la brûler. Les oiseaux chantent et la forêt derrière moi apporte ses effluves boisés qui, mêlés à celle de la mer vivifient tout mon être. Je m’avance dans l’océan juste ce qu’il faut pour que l’eau vienne me lécher les pieds et me rafraichir sans me faire frissonner. Puis j’ouvre mes bras et j’enfonce mes orteils dans le sable, donnant ainsi la petite impulsion nécessaire pour m’élever dans les airs.
Je vole.
Je vais où le vent me porte, tous les sens en éveil, je parcours la planète. De petites distances aux plus dépaysantes, je me pose en retrait pour pouvoir admirer, contempler, observer. Je choisis les plus beaux endroits et les plus tranquilles aussi. Grâce à un pouvoir extraordinaire, je prends l’apparence de ce qui plait. Petit rouge gorge au plumage flamboyant, je vais me poser sur les rebords de fenêtres pour écouter, apprendre et connaitre. J’assiste aux concerts, aux cinés en plein air, j’écoute les conférences, je suis des cours d’université, je suis comblée.
Je suis dotée de tous les dons qui m’intéressent ! Je parle toutes les langues, je peins, je sculpte, je peux lire des livres en un temps record, plus rien de ce qui pourrait me faire de mal ne m’atteint. Et il en va de même pour tout ceux que j’aime et même les autres. Je converse aisément avec les disparus, les personnes qui ne sont plus. Elles me parlent et me racontent, me délivrent des secrets, des paroles anodines. Je suis bien. Je ne connais pas le froid, ni la faim. J’ai le don de soigner tous les êtres…Un rêve…
Iris
En lisant le premier paragraphe, je me faisais la réflexion que tous les sens étaient évoqués et vous en parlez au début du deuxième paragraphe
C’est un rêve dense et très riche. pas étonnant que vous ne l’ayez pas encore fait de manière nocturne. Vous pouvez le tenter en période diurne
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Chimère fantasmagorique
La réalité est intangible, impalpable. Aie ! je me cogne dedans ; pas grave, tout vas bien, j’existe. La lumière sort de la fenêtre de la pièce où je me trouve et inonde la campagne sombre.
Le temps calme s’agite doucement créant une sorte d’ondulation éolienne, comme un souffle salvateur. Mes draps s’envolent et la nudité m’habille complètement, elle me soustrait aux regards impudiques, il n’y a de personne.
Au loin, les saules pleureurs brandissent leurs branches comme le V de la victoire, joyeux sans savoir pourquoi, alors qu’à l’est le soleil est à son zénith tout en se couchant, éclairant ainsi un espace imperceptible qui s’étend à l’infini. A l’horizon de ce ciel brumeux perce une lumière éblouissante comme la pénombre. Les feuilles d’automne montent dans les arbres et fleurissent de mille couleurs uniformes.
Dans la salle à manger les nouilles cuisent tranquillement sur le divan en attendant le sifflement de la cloche du petit déjeuner. Elles font glouglou, glouglou en cadence avec le tic-tac de la pendule égrenant les minutes au rythme des secondes qui me semblent durer des heures.
Au sortir du théâtre sans acteurs, situé au centre du hameau, la foule solitaire se disperse d’un bloc laissant apparaître les canards de la basse cour. Ils ont quatre pattes, chaussent du 41, du 38 pour les cannes. Tous plongent, en maillot de bain, dans la piscine et m’éclaboussent.
C’est le début de je ne sais quoi qui se termine. Assoiffé je me désaltère en buvant une bouteille vide tout en surveillant la soupe qui boue dans le frigidaire. J’en goûte une cuillerée avec ma fourchette pour pouvoir l’assaisonner.
Pleinement réveillé je ronfle du sommeil du juste. Je ferme les yeux pour tout voir d’un seul regard car dans la rivière l’eau coule vers sa source et les truites la traversent pour nidifier sur la rive opposée, justement là où un coq roucoule de plaisir en voyant ses canetons éclore.
Le réveil sonne l’heure de se coucher j’en profite pour allumer la nuit. Avec son frémissement caractéristique le café est entrain de passer ; il traverse la pièce tranquillement. Une petite tasse me fait du bien, cela me sort de la réalité, je vais pouvoir rêver maintenant.
Laurent
Je suis devant une vitrine de vêtements très chers. Il est évident que cette boutique est largement au-dessus de mes moyens et que je ne pourrai même pas en franchir le seuil. Alors, je me contente de regarder les différents articles en soupirant.
A ce moment-là, une dame très aimable s’approche et me dit : « Tenez, je vous donne cet argent ! Je n’en ai pas besoin du tout et je pense qu’il vous sera plus utile qu’à moi. » J’essaie de protester pour la forme mais la dame insiste et me remet une belle liasse de billets. C’est incroyable !
Puis, je flâne dans les rues, le ciel est d’un bleu splendide et la température parfaite. J’entends de la musique partout et beaucoup d’éclats de rire. Je m’aperçois que tous les gens sourient et qu’ils ont l’air heureux. C’est incroyable !
Soudain, je me retrouve dans le bureau du maire et je le questionne :
– J’ai l’impression d’être dans une ville idéale. Comment est-ce possible ?
– D’où venez-vous, chère madame ? De quel siècle ?
– Je suis une personne qui vit en 2023.
– Ah, vous savez nous sommes en 2150 et les temps ont bien changé.
– Que s’est-il passé ?
– Contre toute attente, l’humanité a évolué dans le bon sens.
– Vraiment ???…
– Oui, vraiment. Tous les êtres humains savent maintenant qu’ils font partie de la même famille et qu’ils sont reliés par des valeurs telles que la solidarité, la générosité et l’altruisme.
Beau rêve très utopique, hélas.
Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
Raconter par le menu ! Quoi ? Pourquoi par le menu ?
Je ne me plierai pas à cet impératif pour la bonne raison que c’est plutôt d’une carte dont j’ai envie de parler. Celle du ciel, mais pas n’importe lequel …
Je ne trouve pas les mots pour parler du rêve que je n’ai jamais fait et que je rêve de rêver. Je veux parler de la magnificence de ciels étoilés. Non pas ceux des nuits d’août de chez nous où il faut faire un vœu parce-qu’il y « une pluie d’étoiles filantes » et que tout le monde devient astronome, mais les ciels lointains, inaccessibles. Ceux des lieux où il n’y a pas trace de vie humaine, où les constellations Andromède, la Baleine,Cassiopée, les Gémeaux ou le Sagittaire nous offrent une réalité inatteignable, une merveilleuse beauté, de brillantes énigmes.
Comment donc décrire tout cela par le menu ? Je ne sais pas.
653/Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
On venait de nous donner le sujet de la rédaction à faire dans les deux heures suivantes : » Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait ».
J’avais mal dormi, et j’étais là à mon bureau devant ma feuille blanche. Mes copains et copines de classe écrivaient fébrilement ; en désespoir de cause je décidai de relater mon dernier rêve ! Même avec ses grosses lunettes, la prof n’y verrait que du feu…
Du feu il y en avait au loin et les villageois racontaient que celui-ci avait été allumé par des postulants « pompiers » qui s’exerçaient à acquérir une expérience avant de passer l’examen qui leur permettrait d’exercer cette profession.
Je voulus me joindre à eux mais dans ma précipitation je tombai et me fracturai la jambe. On me conduisit à l’hôpital et pendant mon séjour je tombai amoureuse du chirurgien:un vieux beau d’au moins 45 ans.
Deux mois après je retournai au lycée, m’assis à mon bureau où se trouvait encore ma feuille de rédaction. Je la finis et la portai à la prof qui m’infligea une retenue pour absence non justifiée……
Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
Oh que c’est drôle, je n’avais jamais connu ça.
C’est extraordinaire de vivre une telle expérience, même de quelques centièmes de secondes.
Jamais j’aurais imaginé qu’en rêve je puisse être cette grande richesse de la vie, de l’humanité et certainement de son devenir.
Je le sens, je le sais. En vivant ces moments de bonheur, même très courts, moi et mes « compatriotes » nous oeuvrons pour la paix sur Terre, la joie dans les familles.
De vivre dans la bonne humeur, l’optimisme, en se disant que ce qui est mal dans le monde n’est que passager, temporaire. Que les beaux jours, même en hiver, seront toujours présents.
Oui nous les sourires du jour, de la nuit, d’une belle jeune fille dans le métropolitain, dans la rue … nous sommes un bien de l’humanité.
En rêve, je suis sourire, qui l’aurait crû.
Et puis quel chemin je peux faire dans une journée. En l’espace de quelques secondes je change plusieurs fois de personnes.
Que c’est merveilleux, toutes ces sensations que je suis en train de vivre, j’apparais et disparais et je renais sur d’autres lèvres.
Je suis partout à la fois, je me balade, j’y prends du plaisir, une certaine jouissance. Dans la ville, à la maison, dans les prisons, dans les hôpitaux … dans une chambre avec un couple enlacé … nous pouvons être partout.
À l’instant présent, je viens d’apparaître sur les lèvres d’une dame. Elle est jeune et s’appelle Charlotte.
Mince c’est elle, c’est bien elle, une collègue de mon service que je croise presque tous les matins dans l’ascenseur.
Oh et moi qui suis là aussi ; juste à côté, gauche, réservé, timide, ne cessant aussi de la dévorer du regard tant elle est belle, Charlotte.
Quelle chance inouïe ce matin d’être sourire, celui justement de Charlotte. La fille de mes rêves, à qui je n’ose déclarer mon amour fou.
Tiens, d’où vient cette petite voix ? Qui dans mon rêve, me murmure à l’oreille gauche :
« Vas-y nom de Dieu lance toi, profite en, parle lui, avec des mots bleus et doux.
Tu es son sourire.
Alors n’hésite pas à lui dire une parole ou deux. Dans cet ascenseur qui lui semble froid, avec sa carapace d’acier très bien assemblée.
Regarde bien. Elle aussi, on dirait qu’elle est amoureuse de toi.
Son sourire demeure, il ne s’en va pas. Ah ah tu as le beau rôle toi.
Grâce à ce rêve : tu es à la fois son sourire, et tu es dans cet ascenseur à quelques centimètres d’elle.
Oh ses yeux qui se mettent à briller. Pardi, tu as gagné la partie, tu as réussi.
Invite-la cet été à Capri. À voler vers l’infini pour la vie ».
**
– Noé qu’as-tu ! tu somnoles, dépêche-toi, le manager est passé ; la réunion débute dans cinq minutes.
Ce matin, tu présentes l’énorme dossier sur …
– Charlotte, désolé, je ne sais pas, j’ai dû rêver
Tu sais, c’est toi qui me troubles.
-Ah bon.
– C’est ton sourire. Il fait chavirer mon cœur.
N’allons pas à cette réunion.
Partons vite. Tiens à Capri.
Je t’aime Charlotte …
La soucoupe volante se fond dans le ciel. D’un bleu azur parfait. Son bourdonnement léger évoque celui d’un insecte.
Elle se pose avec grâce dans mon jardin entre le petit bassin et le cerisier. Une passerelle se déplie sans bruit, dans un ballet de marches blanches que prolonge un tapis rouge parsemé de fleurs des champs.
Une corne de brume retentit. Invitation au départ… Je m’approche, tentée par le grand voyage cosmique. Pas âme qui vive. Du moins, pas de forme humaine.
J’hésite. Je suis en pyjama, pantoufles aux pieds, cheveux en bataille. Une pensée furtive « Je n’ai pas mon passeport ni ma carte bancaire ». Une voix dans ma tête répond à cette objection « pas besoin, là où tu vas ». Alors, je monte.
Tout est calme, d’un blanc immaculé. Pas de poste de commande. Tout juste un bouton pour refermer la porte. Ma pensée s’égare. Une frayeur me saisit. Où vais-je ? Suis-je en sécurité ?
La soucoupe décolle à la verticale et monte, monte telle une fusée. Les couleurs s’estompent. Tout est cotonneux, éthéré, inconsistant. Mon corps flotte, libéré de sa pesanteur.
Je suis un nuage.
Je suis bien.
Je suis en route pour l’éternité.
Une lune énorme, argentée, est accrochée au-dessus de la prairie. J’avance à pas circonspects… Je me faufile dans les hautes herbes… Tout à coup, j’arrive dans un espace dégagé, en forme de rond, que je ne reconnais pas. Là, au milieu se tient mon ami le Renard ; nous nous flairons le museau, je le poursuis autour du rond, puis demi-tour : c’est moi devant et lui derrière.Ensuite, nous mulotons avec un bel ensemble.
Mais soudain, plus de lune…un ciel obscur. Le renard a disparu. Je suis au milieu de la prairie toute fauchée . Autour de moi, une dizaine de Chats, assis, immobiles. Je vais de l’un à l’autre, ils me font allégeance, je suis la reine de la prairie !
C’est alors qu’un énorme Chien surgit . Sauve-qui-peut ! Une course éperdue m’amène jusqu’à un grand arbre que j’escalade aisément. Me voici perchée sur la cime et bien décidée à y rester, tandis que le stupide molosse s’époumone tout en bas. Oh, un hibou géant me survole ! Ne va-t-il pas m’agripper dans ses serres ? Je m’élance de branches en branches, aussi agile qu’un écureuil…
Ah, je suis à présent sur le toit de la maison ; la lune brille de nouveau dans le ciel, je suis assise sur le faîte du toit, je domine. Mais quelle est cette main qui me grattouille le menton ? Je n’en crois pas mes yeux : Elle est assise à côté de moi, les pieds pendants dans le vide ! Là, je commence à avoir de sérieux doutes. Ne suis-je pas en train de rêver ? Moi, sur le toit, passe encore, mais Elle ? Impossible ! D’ailleurs, elle disparaît soudainement et un orage monstrueux s’abat sur la maison ! Cette fois, je suis vraiment en mauvaise posture !
Et tout à coup, je me réveille…sur le canapé. Elle est de nouveau assise auprès de moi, un livre sur les genoux. Elle me caresse, elle murmure : »Alors, Mimine, à quoi rêvais-tu ? ». Ses yeux plongent dans les miens ; pendant quelques instants, on se fixe. Mais dans mes opales vertes, fendues d’un mince trait noir, rien ne transparaît…Non, elle ne connaîtra jamais mes rêves de chat, et parfois, elle doit le regretter. Elle n’a plus qu’à les rêver…
Pendant la lecture je me demandais qui était cette narratrice sans soupçonner une chatte et je me suis aussi demandé qui était cette Elle
Bon effet de surprise
Merci Françoise
La nuit est noire et profonde. Rien d’étonnant pour moi car je suis aveugle de naissance. Ce qui m’a permis d’acquérir une ouïe exceptionnelle.
J’entends parler. Mais je ne comprends pas ce qui se dit. Ces voix semblent lointaines. C’est étrange.
Il faudrait que je me lève. Ouvrir la fenêtre. Chasser d’éventuels brigands. Sonner le tocsin.
Rien que d’y penser je suis épuisé. Je n’ai même pas la force de bouger un petit doigt.
Allez Janot, courage, tu es un homme valeureux.
A l’instant même de cette pensée, j’ai l’impression d’être déplacé. Et c’est ainsi que je découvre l’horreur :
Par tous les saints et les dieux de l’univers !
Par tous mes brodequins crottés !
Je suis enfermé dans un cercueil !
J’étais donc censé être mort ?
Le croque-mort aurait-il oublié de me croquer l’hallux ?
Pris de panique…
Je me réveillerais !
Cela aurait été un cauchemar
Mais ce n’est qu’un non-rêve !
Etre enterré vivant. Le cauchemar absolu. L’angoisse est bien distillée, d’autant plus que le narrateur est aveugle
Lorsque j’étais ado, mon père me demandait tous les matins ou presque si j’avais rêvé du prince charmant. La réponse était invariablement « Mais, papa !! ».
Cela me gênait terriblement, comme les baisers sur la bouche (avec la langue, beurk…) au cinéma d’alors. C’était tabou, cela supposait des indécences que je n’étais même pas capable d’imaginer, moi qui étais une jeune fille tout ce qu’il y avait de plus sage et ignorante. (Ben oui, je vous parle du milieu du siècle dernier, hein ? Pas d’internet, peu de télévision et des journaux d’ados qui ne risquaient pas de nous inciter au « mal » : Mademoiselle Age tendre, cela ne s’invente pas.)
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à ce prince charmant inconnu et qui n’apparaissait jamais dans mes rêves. Comment l’aurais-je rêvé ?
Franchement, je n’arrive pas à imaginer comment je me le serais représenté lorsque j’avais cet âge incertain, cette période où je ne savais pas encore exactement qui j’étais. Où l’avenir était encore un sacré flou artistique, où je n’avais pas encore basculé entre l’adolescente et la jeune adulte comme on dit maintenant. (Vous avez remarqué ? Plus le temps passe et plus on devient adulte tard : il fut un temps où l’on devenait adulte dès la puberté… Oui je sais, je digresse, bonne stratégie d’évitement…)
Les seuls princes charmants potables étaient alors ceux des contes de fées de mon enfance : celui de cette niaise de Blanche-Neige, de cette maladroite de Belle-au-bois-dormant, ou de cette souillon de Cendrillon… Mais j’étais déjà bien trop vieille pour rêver de ceux-là.
Ca y est, je sais pour quelle raison il m’est impossible de raconter ce rêve non fait ; je viens enfin de le découvrir : les princes charmants, vous savez quoi ?, c’est comme les licornes, ça n’existe tout bonnement pas.
Patricia
L’adolescence que vous évoquez c’est aussi la mienne
Cela me fait un effet étrange de me dire que j’ai vécu au siècle dernier. Cela fait 23 ans! Il faudrait que je me me fasse à cette idée
Quant au Prince charmant, il existe Patricia. C’est comme le Père Noël qui existe pour le s enfants tant qu’ils y croient
Un prince charmant parfait, vraiment ?
S’il suffit d’y croire, je vais m’y mettre alors 😂 (allez, je vous fais une confidence : à l’époque, mon prince charmant était Julien Clerc…si, si…)
Et le vôtre ?
J’an ai connu plusieurs dans mon adolescence pour qui julien Clerc était leur prince charmant
😉
Ce soir je me suis endormi devant la télé. J’ai vu le début et la fin du spectacle de Messmer. Malgré ce trou, ça ouvre des possibilités !
Je suis le grand Messmer, hypnotiseur fascinant, devant une salle pleine d’admiratrices. Puis je la vois, elle et son regard fourbe, elle et son sourire en coin condescendant, elle et sa plastique appétissante intouchable pour moi..
Mes yeux fixent les siens. Je lui projette des tonnes de tourbillons, de spirales, du noir et blanc, en veux- tu en voilà. Elle rentre en transe hypnotique sans lâcher le blanc de mes yeux. La puissance de mon regard la soumet à mes désirs.
Ben attendez, c’est quoi mes désirs? Alors là je suis en panne. Et vous c’est pas la peine de rigoler. J’ai pas l’habitude. Tout ce que je souhaite c’est une part de pizza, une bouteille de vin rouge, un bon steak, quelques billets tombés d’une poche. Mais une femme qu’est ce qu’il faut dire, qu’est ce qu’il faut faire ? Ça se réfléchit.
Ben qu’est ce qui se passe ? Elle s’efface, elle disparaît en tourbillonnant avec un rire de sorcière du Moyen-Age. Ah, chouette elle revient. Oh non, c’est sa mère qui me vomit les pires injures, me frappe à grands coups de peau de zèbre.
Je hurle dans la nuit. Je suis en nage, hagard . Comprends rien. J’ai des remontées acides, l’intestin qui gargouille. Pourrais pas aller à la messe ce matin.
Monsieur Messmer je ne vous dis pas merci. Ça démarre bien puis tout fout le camp. C’est l’histoire de ma vie, et ma vie c’est pas un rêve ! J’aime pas les rêves, éveillé ou pas. Je préfère mon gros rouge.
Et si pour changer, j’étais méchant, agressif, rancunier ?
Alors, dans ce rêve, je serais en guerre contre ceux qui m’agacent. Si, si, il y en a quelques uns !
Je couperais le doigt de celui qui se le met dans le nez. J’obligerais celui qui aura sali la table à lécher ce qu’il y aura laissé. Je barbouillerais de terre celui qui entrera les pieds sales dans la maison. J’obligerais celui qui mentira à ravaler ses bêtises. Je rentrerais dans la carrosserie de celui qui n’aura pas respecter mon espace vital. Je retrouverais les quelques odieux personnages supportés au travail et les obligeraient à réparer leurs bassesses, leurs décisions iniques.
Je leur dirais tout le mal que je pense d’eux et leur démolirais la façade.
Je serais à mon tour égoïste, maldisant et vénéneux pour me venger d’eux.
Je crois qu’il est temps que je sorte de ce faux rêve.
C’est épuisant de se vouloir assassin, cela ne soulage pas du tout des rancœurs que l’on a gardés en mémoire
Il était si menu, ce rêve que je ne n’avais pas fait, qu’on aurait pu difficilement en faire tout un plat littéraire. Aucune consistance, pas la moindre texture, même pas l’ombre de l’entrée d’une soupe. Aucun gaspacho glacé pour construire des châteaux espagnols. Aucun tour de manège dans les contes d’apothicaire, ceux qui vous frôlent une bonne santé pépère, un esprit flottant entre deux eaux de vaisselle, celle du quotidien et celle de l’exceptionnel. La règle de l’exception m’avait déjà tapé plus d’une fois sur mes doigts de faits.
Je consultais souvent les livres de cuisine d’écritures. Je tâtais des recettes pour les appliquer sur le mur, m’en tartinais les mimines et les retranscrivais à ma mode de Quand ça vient, un bon jus de tripes, une large tranche à saucer les mots, un pain complet dans la tête, avec toutes ces graines et ces possibles germinations.
Je n’aimais pas les étoiles dans les assiettes, avec leur vue balconée sur les charmes financiers, les gâteaux moelleux des trop riches. Je préférais les gâteaux secs et les gargotes des routiers. On y trouvait toujours un coin de salle, sans réservation. Le plat du jour vous maintenait le diesel à la bonne température de la journée. Et la mécanique roulait, vaille que vieille.
J’aimais surtout, au-delà de tout relent charnel, pique-niquer au bord des rivières. Un éternel pêcheur y oisifaisait sa vie. Je piquais les cornichons polonais dans leur bocal, en suçais le vinaigre puis dégustais de la poésie, les miettes plus ou moins desséchées des nageurs de grand fond, ces plongeurs en apnée.
Je siestais mon semblant de fatigue. Les fourmis me prenaient pour Gulliver. Les liens avec la nature ne me ficelaient jamais rien d’autre qu’une nouvelle attention possible à l’environnement. Tant que la source pouvait couler.
Puis je rentrais dans ma cabane. Je bavardais au jardin avec les soucis des fleurs et la probable angine du rouge gorge. Je risottais un reste, oignons, tomate et riz en écoutant Respighi. Je baignais mes pieds dans un mélange chaud et savonneux, je taillais mes griffes, soulageait chacun de mes yeux d’une goutte, stabilisatrice d’évolution de glaucome et enfilais le pyjama de l’endormissement.
Mon matelas de mots était large. Je le partageais avec des monticules de livres, de revues, dans le désordre le plus lisible, pour moi, un bateau grenier, avec ses rames, ses voiles et ses poussières.
Mes allergies s’avéraient toujours passagères, je les avais maté, car inutiles. Je profitais de chaque moment, n’accélérais jamais les secondes ni ne freinais les minutes.
J’avais appris à décortiquer les noix sans en fracasser les coquilles. C’était simplement bon. Je ne notais rien de mon vivant quotidien, de mon sommeil, pas de carnet, aucune note.
Plus tard, les bons silences, les rondes, les blanches, les crochetés de la partition remonteraient d’eux même à la surface, et la partition se déroulerait dans la brise hasardeuse du moment d’écriture.
653/SUR-MÉNAGE
En ce jour de fête des mères, racontez, par le menu, un rêve qu’on a pas fait. Longtemps qu’on a pas emmené mémé au fast food so good, qu’on a débarqué cet été 1944 en Normandie. On n’ira pas par quatre chemins pour dire la vérité, amour gloire et beauté sont plus de rêve que de réalité. Plutôt chanter viens je t’emmène, longer la mer sur le chemin des douaniers, faire du longe-côte pieds nus dans le sable aussitôt rempli d’eau et de petits crabes, exploser les vessies du varech sur le plat d’un rocher, grimper par des ajoncs et le fenouil sur la falaise battue par les vents, trouver une table le long de la baie, manger comme à la maison. Ici le couvert est gratuit, le pain croustillant et la serviette dans un rond d’argent.
🐻 Luron’Ours
653 MISE EN ABÎME
Marre de tomber dans les puits, assez de ne pouvoir crier en vivant des situations dramatiques, inquiétantes. Pire, vivre la nuit le travail quotidien si bien qu’au réveil je m’inquiète de savoir si ce n’est pas la réalité … Mon rêve serait de ne pas en avoir!
Je dors debout en tenant un verre d’une main et une bouteille de champagne de l’autre. Seul dans un salon où les torchères se reflètent dans une glace gigantesque et bisautée, au sol des tapis rouges foncés sublimes s’allongent sur le marbre. Au fond, une tenture qui habille tout le mur représente une immense piece de réception illuminée par des lampes murales, et au centre sur de riches tapis de couleurs bordeaux, un individu fantomatique me regarde en buvant une coupe. Et dans la glace qui me fait face, la tenture, les torchères …
Onirisme d’une mise en abîme.
🐀 Souris verte
Iris
En lisant le premier paragraphe, je me faisais la réflexion que tous les sens étaient évoqués et vous en parlez au début du deuxième paragraphe
C’est un rêve dense et très riche. pas étonnant que vous ne l’ayez pas encore fait de manière nocturne. Vous pouvez le tenter en période diurne
« Depuis que je suis tout petit, mes parents; lorsque le momemnt était venu pour moi ses parents ne manquaient jamais de me souhaiter : « Fais de beau rêves »
Sage et obéissant, jeune et innocent, je faisais toujours les mêmes beaux rêves emplis d’une ombre blanche bienveillante dans un jardin du plaisir où le Champagne coule à flots
Mais au réveil, le corps reposé et délassé, je sentais bien mon esprit insatisfait.
J’aurais voulu faire ce rêve qui donne des sueurs froides et fait sombrer dans la psychose, peuplé d’oiseaux menaçants et agressifs ; de cambrioleurs qui, malgré la mort aux trousses, ont pignon sur rue et fenêtre sur cour ; d’agents secrets et d’espions de la cinquième colonne faisant régner la loi du silence ; d’inconnus inquiétants et déments rencontrés dans un train où les femmes disparaissent ; de criminels qui, sans l’ombre d’un doute, mettent la main au collet et maintiennent enchaînés, la tête dans un étau, pour faire avouer l’homme qui en savait trop mais qui, devant la police produisent toujours le grand alibi alors qu’ils mériteraient la corde pour avoir commis le crime presque parfait et fait peser les soupçons sur de faux coupables ;
Mais je n’ai jamais fait un tel rêve. Alors, j’en ai fait des films
Alfred Hitchcock
PS. J’ai glissé dans ce texte 25 titres de films du maître du suspense
Quelle prouesse, je en les ai pas tous trouvés, il m’en manque quatre. 🙂
Un jeu bien sympathique et réjouissant, moi qui adore le maître dus suspense. Pourtant, sans regarder sur wikipédia, il m’en manque au moins 5. Bravo Françoise !
J’aurais dû parler de films plutôt que de titres de films. Je les énumérère :
Jeune et innocent – L’ombre blanche – Le jardin du plaisir – Champagne – Sueurs froides – Psychose – Les oiseaux – La mort aux trousses – Fenêtre sur cour – Agent secret – Espion – Cinquième colonne – La loi du silence – L’inconnu du Nord-Express (inconnu et train) – Une femme disparaît (les femmes disparaissent) – L’ombre d’un doute – La main au collet – Les enchaînés – L’étau – L’homme qui en savait trop – Le grand alibi – La corde – Le crime (était) presque parfait – Soupçons – Le faux coupable
Les 4 de l’espionnage (Espions)
J’entrais sur le centrale de Roland-Garros, le cours Philippe Chartrier, Porte d’Auteuil à Paris. Les tribunes étaient pleines. Le soleil brillait sur la peau des spectatrices. Du haut de mes 18 ans je ne voyais qu’elles, mes futures admiratrices. C’était mon premier tournoi du grand chelem. J’avais dû franchir les barrages de qualification. Je vivais dans un rêve. Je devinais tout avant que mon adversaire ne me renvoie la balle. J’avais des jambes de feu et un revers magique. Tout me réussissait. Même si le service n’était pas mon fort, je renvoyais tout et je défendais des balles impossibles. Certains joueurs étaient écœurés. Se faire battre par ce petit jeune qui ne dépassait pas les 1,80 mètres et qui semblait costaud comme une brindille, les déconcertait. L’Américain Sébastien Korda, en 8ème de finale avait fracassé 2 raquettes sur la terre battue, tellement il était en colère. Je battais tous mes adversaires en 3 sets. L’un d’eux avait même abandonné sous les sifflets du publique.
A la suite de ma performance contre Korda, 30ème joueur mondial, les journalistes s’intéressèrent à moi. Je recevais des demandes d’interview de tous côtés. Heureusement, j’étais bien entouré. Mon coach filtra tout ça. Je dus juste faire le plateau de France2 pour être interrogé par Laurent Luya. De jolies femmes me demandaient des autographes à la sortie du court tandis que d’autres m’attendaient derrière les grillages des courts d’entrainement en scandant mon nom. Je recevais des mails très explicites de jeunes filles et de moins jeunes. Je ne sais par quelles voies elles avaient obtenue mes coordonnées. Mais ce que femme veux, dieu le veux. Mon coach y mit bon ordre et me demanda d’attendre l’issue de la finale pour me complaire dans la luxure. Il plaisantait mais je le prenais au sérieux. Il ne doutait pas que j’atteindrais la finale et il était certain que je l’emporterais.
Effectivement, le jour de la finale arriva. Je croisais Novak Djokovic dan le couloir, juste avant les marches. Il ne me regarda pas, j’en fis de même. Nous entrâmes sous les acclamations des 14 000 spectateurs. C’était de la folie. Mon nom fut acclamé durant l’échauffement. Djokovic souriait jaune. Déjà qu’il avait du mal à se faire aimer du public, mais jouer contre un Français, n’allait pas lui faciliter la tache. J’étais impressionné. Plus que je ne l’aurais voulu. Le sort me désignant pour servir. Je perdis le premier jeu. Le 3ème joueur mondial remporta assez facilement le second jeu. Mon cœur battait à tout rompre. Mon coach me fit signe de respirer. « Amuse-toi, ce n’est qu’un jeu », me dit-il. Ses paroles furent bénéfiques. J’oubliais l’enjeu, les spectateurs, le rang de mon adversaire. Mon jeu changea du tout au tout. Mes services le firent sortir souvent du terrain avec à la clef un second coup croisé dan l’angle opposé. D’autres services, joués au corps, déstabilisèrent son retour réputé pour son efficience. Nous fume bientôt à deux jeux partout. Ensuite ce fut encore plus magique. Djokovic subit mes amortis avec vélocité mais sans réussite, mes coups droits courts croisés avec vélocité mais inutilité. J’alliais la simplicité à l’efficacité. Rarement de longs échanges. Mes coups n’étaient pas surpuissants mais toujours bien placé, lui laissant vainement croire qu’il aurait le temps de les rattraper. J’alliais technicité et tonicité, insouciance et efficience. J’avais la capacité de lui résister et il n’aimait pas ça. Il se mit bientôt à contester des balles, voyant leur impact plus éloignées de la ligne qu’elles n’étaient. Le public n’apprécia guère. Il s’en suivait chaque fois un chahut que l’arbitre avait du mal à contenir. Djokovic ne pouvait supporter son inefficacité. Il perdit le premier set par 6 à 2. L’assistance battait des mains à chaque fin de jeu. Elle était en liesse. Je représentais leur espoir de victoire. Une frustration vieille de 40 ans. Serais-je le successeur de Yannick ? Je ne me le demandais pas encore. Je récupérais en dégustant une banane.
Au second set Djockovic servit avec rapacité, tira des coups droits avec férocité, des revers avec précocité mais rien n’y fit. Ma vivacité et ma vitalité annihilèrent ses efforts tandis que ma motricité, ma pugnacité en fond de court. Ma compacité en retour de service l’écœura et mon élasticité au filet renvoya tous ses assauts. Il fut bientôt dans l’incapacité de trouver une solution. Il perdit le second set par 6 à 3. Je fus félicité, ovationné même durant de nombreuses minutes. La complicité de l’assistance était totale. Les Olas étaient incessantes, détruisant le moral du combattant serbe. Le troisième set ne fut qu’une formalité. Je le remportais par 6 à 0. Novak Djokovic ne m’offrit aucun sourire durant sa brève poignée de main. Moi, j’étais aux anges. Je m’effondrais sur le sable orangé. J’avais gagné. J’avais remporté le tournoi. Je n’osais y croire. Je fis bientôt un tour d’honneur, acclamé, ovationné par un public déchaîné. La remise de la coupe fut émouvante. Je me mis à pleurer. Djokovic eut des mots aimables pour me félicité. Je bafouillais durant mon discours que je n’avais, bien sûr, pas préparé. Ce jour restera le plus beau rêve de ma vie.
Bien vu🐀
Toutes mes copines me bassinent avec les baptêmes par ci, les communions par-là, les mariages en veux-tu en voilà ? Bref tout ce là n’est que prétexte à bouloter des dragées aux amandes ou au chocolat. Fort heureusement, cela ne vient pas perturber mes nuits. Imaginez donc un rêve qui commencerait comme suit :
Alors que je suis confortablement installée, la tête et la nuque bien calées dans le moelleux de mon oreiller, la respiration qui devient plus lente, mes muscles qui se détendent et moi qui m’enfonce lentement mais sûrement dans les limbes. Je me sens plus légère qu’une plume, je me vois vagabonder de nuage en nuage quand soudain par je ne sais quel artifice je me retrouve au baptême du fils de Clara. Tables blanches de dentelles immaculées, des corbeilles de lys blancs. Une petite fille avec des fleurs d’oranger passe parmi les invités, un panier rempli de dragées de couleurs pastelles. La vieille bique de Marité (la belle-mère de Clara) me lance un sourire qui n’a plus de dents et me susurre à l’oreille :
─ Je n’ai plus de dents, je ne peux plus croquer les amandes des dragées.
À mon air triste elle ajoute :
─ Fais pas cette tête mon choux. Je peux encore sucer les fraises ou les dragées.
Puis avec un air innocent, et une pointe de facétie dans les yeux elle farfouille dans le sac accroché à son fauteuil roulant, et en ressort un paquet ficelé. Je jette un regard discret à l’écriture malhabile sur le dessus et je peux lire :
Dragées blanches et oranges du mariage de Paul (le mari de Clara) 2004.
Nous sommes en 2023.
Je la remercie d’un sourire timide, en me promettant de jeter le reliquat poisseux d’une bave de septuagénaire à l’époque du mariage.
Cette histoire n’est que pure fiction pour répondre à la consigne de Pascal.
PS/ Bonne fête à toutes les mamans du blog.
Dommage Mijoroy que ce ne soit qu’un fiction car je trouve que votre texte, très évocateur, est un excellent mantra à se répéter pour trouver le sommeil et faire de beaux rêves
Je vais lle tester dès ce soir
Cette nuit-là, je cauchemardais que je tournais en rond, prisonnière dans un labyrinthe de ruelles étroites et sans issue. Je paniquais à l’idée d’être en retard pour cet entretien d’embauche qu’il me tenait à cœur de réussir. Pourquoi n’ai-je pas fait ce rêve, étrange et pénétrant, d’imiter les hirondelles perchées sur les fils électriques ? Elles se rassemblaient avant de prendre leur envol pour leur long périple à destination du Gabon. J’aurais voyagé de concert avec elles, comme Nils Holgersson. J’aurais découvert des terres inconnues, et aurais enrichi mon savoir auprès des autochtones. Je me serais grisée de cette liberté de mouvement si chère aux Hommes ; en tâchant de ne pas me brûler les ailes comme ce pauvre Icare.
Que nenni ! Ce fichu cauchemar s’éternisait. Je n’en finissais plus de me retrouver sans cesse sur cette place de village au milieu de laquelle une fontaine, surmontée d’un génie ailé, était tarie. Pas âme qui vive, j’étais seule au monde !
À mon réveil, rien n’avait changé. J’avais encore et toujours les pieds sur terre !
Je ne peux pas le raconter, surtout par le menu, sous peine de choquer les associations pour la défense de la vertu, des bonnes moeurs et de la bienséance.
Il est nécessaire qu’il ne sorte point de mon alcôve, j’ai une réputation à sauvegarder, des enfants, et, en temps qu’ancienne bonne de curé, il ne serait pas séant de le divulguer.
A bon entendeur, salut.
Marie Madeleine
Bien vu 🙂
Nadine. On a forcément envie d’en savoir davantage. Vous savez aiguiser les appétits
Il m’arrive parfois de dire : « J’en rêve !»
Et voilà qu’aujourd’hui l’occasion m’est donnée de formuler sur papier ce que je rêve de rêver.
Eh bien, je n’y arrive pas !
Ce que j’aime dans le rêve, c’est qu’il me tombe dessus comme ça. Sans prévenir… et alors il m’embarque dans des histoires rocambolesques.
C’est parfois drôle, parfois romanesque, parfois codé.
Puis au réveil je décortique tout ça !
Alors, s’il vous plaît, laissez moi la surprise de rêver ce que je n’avais pas prévu de rêver !!!
Parlons menu, justement. Un rêve copieux avec entrée, plat, fromage et dessert. Un rêve grand cru où sommeiller en vain laisserait place à un roupillon millésimé.
« Je vous propose, pour commencer, un Morphée 1989, il se mariera parfaitement avec la mise en bouche parfumée aux songes de Provence.
Et pour cause, c’est l’année de mon mariage. Dix ans qu’il a duré… Qu’est-ce que j’ai morflé ! Quelle entrée en matière ! Jamais, je n’ai rêvé de ce jour merveilleux. Curieux ! Comme si les mois qui ont suivi avaient rempli tout l’espace de production de mes films nocturnes. Des films à l’eau de rose, ou à l’eau de vie. « Alerte à mal il but » quand je rentrais pochtronné avec les copains. « Le diable en corps » quand je me laissais aller à rêver de Marie-Christine dont le sex-appeal hantait toutes mes nuits. « Emmanuelle au septième ciel », c’est le prénom de ma femme que j’imaginais s’envoyer en l’air avec mon meilleur ami. J’avais des doutes, jamais fondés. Comme la famille qui a périclité avant de voir naître le moindre rejeton pour remettre une pièce dans notre mariage mort-né.
Dix ans de cauchemars qui ont effacé ce jour merveilleux, arrosé, là, maintenant, d’un Morphée grand cru. Un rêve que je prends à bras-le-corps, enlaçant Emmanuelle, autour de mes bras pour la porter en bouche, après avoir retiré ses feuilles de salade qui garnissaient un lit de discussions fades.
« Tais-toi ! Embrasse-moi ! » supplient ses yeux.
Je m’exécute et met le pied dans le plat d’un songe exquis. Et quel pied !
Quand arrive le plat de résistance, je ne me souvenais pas combien on pouvait être heureux au clair de sa lune, ronde, pleine, aux parfums de miel.
Par le menu, je pourrais m’étendre, à l’infini, sur ce que mes papilles ont à exulter sur le sujet, mais je pense qu’en fermant les yeux, votre imagination aussi.
Mais si… essayez ! avec un verre de Morphée, cela va venir tout seul.
Où en étions-nous ? Ah oui, jamais je n’ai rêvé de ce jour merveilleux.
Antonio est en grande forme👍
J’adore! En particulier « Alerte à mal il but ». Je ne t’avais pas lu et j’ai pensé qu’un rêve d’un mariage pouvait être un bon tremplin pour de l’humour noir.
Merci Camomille et Mijo. Tous les sujets, ici, sont un bon terrain de jeu ou de maintien en forme.
Et c’est toujours un plaisir d’y retrouver les enfants que nous sommes. 😉
Un menu appétissant qui laisse rêveur Antonio
Je n’ai jamais rêvé
De dragon faisant la sieste
De zombie en chaussettes
De fée un peu pompette
De momie sans couvre-chef
Je n’ai jamais rêvé
De magasin du silence
De sablier en retard
De livre qui vole
De miroir de pluie
Je n’ai jamais rêvé
De miel au saucisson
De crêpe à la Vodka
De guimauve en sandwich
De menthe à la pizza
Je n’ai jamais rêvé
D’escalier sans fenêtre
De plancher sans racine
De papier sans couleur
De musée sans piscine
Je n’ai jamais rêvé
De danse de la syntaxe
De rime du poème
De vie sans rêve
De rêve sans vie
Laurence. On se croirait chez Prévert
Un inventrêve🙂
Racontez par le menu, le rêve nocturne que vous n’avez jamais fait.
Je marche sur le sable un peu humide. Une légère brise soulève mes cheveux. Le bruit apaisant des vagues berce mon cheminement. Le soleil caresse ma peau sans la brûler. Les oiseaux chantent et la forêt derrière moi apporte ses effluves boisés qui, mêlés à celle de la mer vivifient tout mon être. Je m’avance dans l’océan juste ce qu’il faut pour que l’eau vienne me lécher les pieds et me rafraichir sans me faire frissonner. Puis j’ouvre mes bras et j’enfonce mes orteils dans le sable, donnant ainsi la petite impulsion nécessaire pour m’élever dans les airs.
Je vole.
Je vais où le vent me porte, tous les sens en éveil, je parcours la planète. De petites distances aux plus dépaysantes, je me pose en retrait pour pouvoir admirer, contempler, observer. Je choisis les plus beaux endroits et les plus tranquilles aussi. Grâce à un pouvoir extraordinaire, je prends l’apparence de ce qui plait. Petit rouge gorge au plumage flamboyant, je vais me poser sur les rebords de fenêtres pour écouter, apprendre et connaitre. J’assiste aux concerts, aux cinés en plein air, j’écoute les conférences, je suis des cours d’université, je suis comblée.
Je suis dotée de tous les dons qui m’intéressent ! Je parle toutes les langues, je peins, je sculpte, je peux lire des livres en un temps record, plus rien de ce qui pourrait me faire de mal ne m’atteint. Et il en va de même pour tout ceux que j’aime et même les autres. Je converse aisément avec les disparus, les personnes qui ne sont plus. Elles me parlent et me racontent, me délivrent des secrets, des paroles anodines. Je suis bien. Je ne connais pas le froid, ni la faim. J’ai le don de soigner tous les êtres…Un rêve…
Iris
En lisant le premier paragraphe, je me faisais la réflexion que tous les sens étaient évoqués et vous en parlez au début du deuxième paragraphe
C’est un rêve dense et très riche. pas étonnant que vous ne l’ayez pas encore fait de manière nocturne. Vous pouvez le tenter en période diurne
Oui Françoise, je m’y emploie 😉