652e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps…

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37 réponses

  1. Anne LE SAUX dit :

    Tout avait commencé un jour triste de novembre. J’errais dans la maison en mal d’occupations. L’idée a surgi sans crier gare. Fantaisiste, originale, réjouissante. C’était décidé : j’allais m’entrainer pour participer au championnat mondial de marche sur les mains.
    J’y ai consacré plusieurs heures par jour, oubliant de manger, en en rêvant la nuit. Après des débuts difficiles, mes efforts ont payé. J’ai progressé, vite, résolument, fixé sur la date fatidique du concours : le 8 août à Las Vegas.
    Mon obsession a viré à l’acharnement. Brossage des dents, douche, … je faisais tout à l’envers. Ayant renoncé à sortir faire les courses la tête en bas, j’ai trouvé comment pimenter mon entrainement. J’ai ressorti mon trampoline de fitness du placard et ai rebondi sur les mains assidument des jours durant. Quelques chutes sans gravité plus tard, j’ai acquis une nouvelle dextérité, souplesse et endurance.
    Je sentais cependant que mon cerveau, à force d’être secoué, renversé, ne répondait plus comme avant. Il était plus lent, désorienté. Alors, ce matin, quand traversant le salon dans ma posture favorite j’ai découvert les traces de pas au plafond, j’ai décidé que cela ne pouvait plus durer. Hier, un saut « trampolinique » plus appuyé avait en effet propulsé mes pieds jusqu’au plafond, y laissant une tache noire de transpiration.
    J’ai alors solennellement décidé de remette ma vie dans le bon sens…les pieds sur terre et la tête au repos. Je m’interdis toutefois de faire disparaitre les traces de pas au plafond, témoins de cette période fantaisiste, un brin délirante. Au mois d’août prochain, j’irai faire de la spéléo du côté des gorges du Tarn. Désolé Las Vegas !

  2. Urso dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps…

    … que j’apporte mes chaussures que je porte uniquement le dimanche matin chez le cordonnier.
    Depuis quelques jours elles ne cessaient de me jouer des tours.
    Je savais que c’était elles. Je les espionnais discrètement.
    Il y avait des traces de pas partout dans l’appartement ; au plafond, sur les murs, dans la salle de bains … et ce matin elles m’ont dit qu’elles allaient en profiter pour s’échapper de la maison, pour aller faire le bazar ailleurs.

    – Le bazar ailleurs j’ai répété.

    – Ben oui cher monsieur m’ont elles affirmé avec un air de supériorité. On va se barrer de chez toi. Nous on a maintenant envie de voir du pays et là c’est décidé, on va partout dire que dans la vie tu es un nul.
    Que tu fais ta vaisselle avec énormément de retard. Que les assiettes et couverts s’accumulent dans ton évier.
    Oui on va dire plein de choses sur toi à la Terre entière.
    – Eh les amis moi je ne suis qu’un petit comptable d’une société qui est presque en faillite, et il n’y a pas beaucoup de personnes qui me connaissent dans la plupart des pays de la planète, comme vous dites.
    – Ça ne fait rien lança la chaussure droite, on fera de la mauvaise publicité sur ta pomme.
    Que tu ne laves pas tes chaussettes tous les jours et que la quasi-totalité de celles que tu as sont trouées devant, derrière, sur les côtés et en dessous.
    – Ah ah les canailles de chaussures, si c’est comme ça partez et bon débarras.
    – Eh eh gamin dit la chaussure gauche. Attention à ce que tu dis le freluquet ! On peut te balancer rapidement une savate en plein visage et pour le restant de tes jours tu auras un souvenir de notre part.

    L’homme en avait marre. Il avait dû mal à croire que ses godasses lui répondent d’une manière plus qu’effrontée. Il se mit à hurler : allez-vous en et que je ne vous revois plus !
    Sans dire un mot, nos deux chaussures un peu penaudes ouvrirent une des trois fenêtres du grand appartement et s’envolèrent dans le ciel.
    Ils se mirent à faire des pas dans le ciel de différentes couleurs (sauf le bleu ciel) qui grossissaient grossissaient, et l’une d’entre elles écrivit sur les rares nuages présents :
    « Monsieur … qui habite au … est un COCU. Ah ah ».

    Dans le ciel, ce jour-là, on vit quelque chose d’extraordinaire, de surnaturel : des chaussures géantes, bicolores, de plusieurs mètres de longueur qui semblaient se donner des coups.
    On entendit une voix fluette qui disait : « efface donc ce que tu as écrit. Le monsieur ne mérite pas cette infamie.
    Si c’est pas vite effacé, je vais le dire à papa Gepetto, il ne sera pas content de toi ».
    Et une grosse voix avec cette réponse : « non non ne fais pas ça Bobby, j’enlève vite ce que j’ai écrit. Surtout ne le dis pas à papa Gepetto.
    Je veux moi continuer à être une chaussure pendant de longues années. Faire encore et toujours des tours de magie comme nous l’a appris notre papa ».
    « Aie aie dit l’autre. J’ai l’impression que cela fait une éternité que nous ne l’avons pas vu ».
    « On l’a vu il y a deux jours, quelle mémoire as-tu !
    Tu as raison. On va le saluer, avant de partir faire notre tour du monde ».
    « Oh oh dit l’autre, en ce moment tu sais je suis fatigué.
    Je te propose que ce tour du monde on le fasse un peu plus tard … »
    « Ah non tu me l’a promis ».
    Voilà que les chaussures redevenues à taille normale se battent de nouveau dans un ciel d’août toujours aussi bleu …

  3. De Greef Pierre dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps d’admettre que ma maison était officiellement hantée. J’avais toujours été un peu superstitieux, mais je pensais que les fantômes se contentaient de faire claquer les portes ou de faire léviter des objets.

    Pourtant, ces traces de pas au plafond étaient un signe évident que mes colocataires spectres avaient décidé de s’amuser un peu plus. J’ai décidé de prendre les choses en main, ou du moins de les observer depuis un endroit sûr. J’ai donc sorti mes jumelles, me suis installé confortablement dans mon fauteuil et j’ai commencé à observer les allées et venues des fantômes.

    Le premier fantôme qui a fait son apparition était un homme portant un haut-de-forme et une longue cape noire. Il flottait gracieusement dans les airs, laissant de longues traces de pas sur le plafond. À chaque pas, il émettait un petit « toc-toc » qui se répercutait dans toute la maison. J’ai éclaté de rire en imaginant ce fantôme en train de jouer au plafond perché.

    Le deuxième fantôme était une jeune femme très belle vêtue d’une robe victorienne. Elle semblait s’amuser à danser sur les murs, créant une chorégraphie qui aurait fait pâlir de jalousie les danseurs professionnels. Ses pas légers et gracieux semblaient laisser des empreintes de pas délicates sur le plafond. J’ai commencé à applaudir en silence, admirant ses talents de danseuse fantomatique. Curieusement, mes applaudissements n’émettaient aucun son.

    Mais le moment le plus hilarant est survenu lorsque le troisième fantôme a fait son apparition. C’était un homme d’âge mûr, portant un pyjama à rayures rouges et blanches et des pantoufles. Il marchait lentement sur le plafond, tournant la tête de gauche à droite comme s’il cherchait quelque chose. À un moment donné, il s’est arrêté juste au-dessus de moi et a pointé du doigt vers le sol. J’ai suivi son regard et j’ai réalisé qu’il avait perdu ses lunettes, qui se trouvaient à mes pieds. Je me suis mis à rire aux éclats en lui rendant ses lunettes et en imaginant la frustration qu’il avait dû ressentir en cherchant partout sa précieuse paire.

    Au fil des jours, les fantômes ont continué à animer ma maison de leurs pitreries au plafond. Au lieu de les craindre, j’ai fini par les considérer comme mes compagnons de colocation les plus excentriques. Ils apportaient une dose d’humour surnaturel à mon quotidien souvent morose.

    Alors, quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de les inviter à participer à un spectacle de danse acrobatique. Après tout, avec leurs talents de marcheurs aériens, ils seraient les stars incontestées de la soirée. Et qui sait, peut-être pourraient-ils même me donner des conseils pour impressionner mes amis lors de nos prochaines soirées entre les vivants et les morts.Un son terrible m’écrase les tympans. Je suis dans mon lit. La fête est finie. La danse des fantômes sera pour une autre fois.

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    Quand je me suis aperçu, dans mon esprit embrumé, qu’il y avait des traces de pas au plafond, je n’ai pu dans un premier, les distinguer.

    Puis, j’ai pu constater qu’il s’agissait de traces de pas d’oie

    Cent idées, tout aussi nébuleuses les unes que les autres, ont alors envahi mon esprit. Mais une seule me semblait claire. Ce sont les pattes d’oie qui m’y ont fait pense

    Je me trouvais avec mon grand ami, Vladimir, dans son bureau à Moscou et je lui tenais ce langage :

    ‒ Vlad. Reconnais-tu avoir envahi l’Ukraine avec ton armée qui marche au pas de l’oie?

    ‒ Da

    ‒ Et en ressens-tu de la honte ?

    ‒ Niet

    ‒ Donc, Vlad, tu n’es toujours pas décidé à signer, avec ta plus belle plume d’oie, l’acte de reddition et l’ordre de retrait des troupes russes. N’est-ce pas ?

    ‒ Niet

    ‒ Mais tu es lucide sur le fait qu’une guerre ce n’est pas une partie de jeu de l’oie ?

    ‒ Da

    ‒ Et tu sais tout de même que la communauté internationale n’est pas qu’un ramassis d’oies blanches ?

    ‒ Da

    ‒ Même si tu tu dors sur des oreillers en plume d’oie et te nourris de foie gras d’oie, ta vie ne doit pas être sereine. Ai-je raison ?

    ‒ Niet

    ‒ Mais tu vois bien que tu as pris un coup de vieux et que tes yeux sont entourés de pattes d’oie ?

    ‒ Da

    ‒ Et cela ne te gêne pas ?

    ‒ Niet

    ‒ Vlad, plus sérieusement. Tu as conscience que tu obliges les soldats de la grande et noble Russie à défiler sur la Place Rouge en uniforme caca d’oie

    ‒ Da

    ‒ Et tu en as honte ?

    ‒ Niet

    Et ce dernier Niet me fit retrouver toute ma raison

    Hou la la ! Je n’aurais pas dû abuser hier soir de la vodka avec mon pote Vladimir au Morrison Café à Cadillac 

    Je me suis alors dit qu’il était peut-être temps pour moi de revenir les pieds sur terre…

  5. Anne Nouchka dit :

    Pas au plafond

    « Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps… »

    Céleste dort mal. Il ne parvient à débrancher sa tête et passe des heures en ruminations des préoccupations du moment. Peut-être, les longues journées de printemps s’étirant dans une belle lumière jouent-t-elles sur son sommeil ? Il n’en sait rien et ne parvient à détendre son corps et déconnecter sa tête.
    Depuis plusieurs semaines, il essaie différentes méthodes susceptibles de l’apaiser. Il a commencé par des décoctions insipides qui lui donnaient mauvaise haleine et l’obligeaient à se relever pour soulager sa vessie. Souvent au moment même où le sommeil arrivait. Il a ensuite cherché des postures de yoga sensées le décontracter, mais sans autre résultat que des crispations de certains muscles et l’engourdissement d’autres. Abandonnant ces essais, il opta pour l’écoute de morceaux de musique relaxante. Il entendait les effets sonores du vent léger, de chants d’oiseaux mais ses ruminations intérieures ne cessaient toujours pas. La chaleur de la chambre jouait peut-être un rôle dans ses tribulations nocturnes ? Il acquit un voilage léger imprégné de répulsif contre les insectes qu’il installa devant la porte fenêtre. Ainsi put-il laisser entrer l’air et rafraîchir la pièce. Il trouva agréable de voir le voilage se soulever et flotter délicatement devant l’ouverture. Cette dernière expérimentation semblait l’apaiser, les premiers jours de l’installation, puis, ses mauvais génies revinrent le harceler.
    Epuisé de tant de nuits écourtées, il acquit, sur les conseils d’un ami, trois flacons de CBD en promotion, espérant retrouver la joie de se mettre au lit chaque soir en non la crainte de l’insomnie. Il ne savait trop quelle posologie adoptée. Il fit plusieurs essais augmentant à chaque fois le nombre de gouttes. Les trois flacons furent rapidement vides. Il retourna s’approvisionner, persuadé qu’il détenait enfin la solution à son problème.
    Une nuit, il se réveilla, apprécia la douce fraicheur de la pièce, la beauté de la danse du voilage éclairée de l’extérieur et, se tournant dans le lit, il aperçut qu’il y avait des traces de pas au plafond. Il n’en fit pas grand cas, heureux de sortir d’un rêve qu’il souhaitait reprendre là où il l’avait laissé. Les pas bougeaient, dansaient légèrement. Il ne réussit pas à comprendre d’où ils venaient. Les ombres sont parfois étonnantes ! Il se demanda si cette vision était une hallucination générée par le CBD et se dit qu’il était peut-être temps d’aller consulter un spécialiste du sommeil. Il poursuivit néanmoins son observation des pas qui semblaient grandir, s’éloigner, tourner, se rejoindre en une harmonieuse danse silencieuse. Il était bien et repartit vers des rêves de flottements et de danses hors de toute contrainte d’apesanteur. A son réveil, les pas au plafond avaient disparu, à sa grande satisfaction. Il oublia de consulter le corps médical et poursuivit ses essais thérapeutiques, associant différentes possibilités. La musique associée au CBD donnait les meilleurs résultats. Il chercha à comprendre cette vision des pas, résultat d’ombres portées sur le voilage et répercutées sur le plafond. La lumière extérieure les rendant plus ou non visibles. Et, tout compte fait, il aimait les voir bouger, s’étirer, s’éloigner et revenir au-dessus de lui comme des pas fantômes qui le protégeraient.

  6. Françoise Rousseaux dit :

    C’était une petite pièce blanche, au milieu une grande maison grise. Elle avait été repeinte et aménagée en chambre d’enfants. C’est ici que le Fils avait dormi durant une vingtaine d’années. Et puis il était parti au loin vivre sa vie . Dans sa chambre, il avait laissé ses livres, ses dossiers scolaires et une chose étrange :sur le plafond blanc, des empreintes de pas, nettes et bien distinctes. Ses parents étaient perplexes ; comment ces pas étaient-ils arrivés là-haut ? Est-ce que le Fils avait réussi l’exploit de marcher les pieds collés au plafond et la tête en bas ? Ils auraient pu lui poser maintes fois la question, lorsqu’il leur téléphonait, mais ils étaient empressés d’avoir de ses nouvelles et à chaque fois, ils oubliaient les mystérieuses traces de pas. A la longue, d’ailleurs, ils n’y firent plus guère attention. La chambre blanche était utilisée en bureau ou en chambres d’amis et si par hasard, l’un deux levait la tête vers le plafond, il pensait « il faudrait quand même enlever ces traces; ça fait sale ! », mais dans la minute qui suivait, c’était oublié. Ou peut-être qu’inconsciemment, ils voulaient garder une marque de leur enfant unique, qui vivait loin d’eux.
    Ce dont ils ne se doutaient pas, c’est que les amis venus les visiter remarquaient immanquablement ces drôles d’empreintes et se questionnaient beaucoup à leur sujet,mais sans jamais oser leur en parler.
    Or un jour, le Fils revint passer quelques jours dans la maison familiale et leur annonça la visite d’une amie. A cette occasion, il décida de repeindre son ex-chambre et fit disparaître les fameuses traces à grands coups de pinceau. Cette fois, ses parents ne manquèrent pas de l’interroger.
    « Ce sont les traces de mon enfance, répondit-il, à présent, elles ne sont plus d’aucune utilité ». Sur ce, il changea de sujet et on en resta là…
    Plus tard, les parents décidèrent de dormir dans cette petite pièce durant les mois d’hiver, car elle était plus facile à chauffer que leur vaste chambre au fond de la maison. Et la vie continua…
    Pour le moment, ils continuent d’aller régulièrement visiter leur fils, dans les différentes régions où l’amènent ses obligations professionnelles. Dernièrement, c’est lui qui est venu les voir et il a remarqué à cette occasion que sur le plafond de la chambre blanche, les empreintes de pas étaient réapparues . Il a questionné ses parents, ceux-ci ont souri et…n’ont pas répondu !

  7. gottlieb Eléonore dit :

    Quand je me suis aperçue qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps…d’arrêter la salle de sport, les équilibres surtout, parce que, déjà que j’avais mal aux lombaires, que les appareils de musculation n’étaient pas réglés pour ma corpulence et qu’étant nulle pour les ajustements techniques quel qu’ils soient, cela devenait pénible.
    Pourtant j’avais lu dans toutes les revues « dites féminines » qu’il était indispensable d’entretenir sa santé et son corps par des exercices physiques et qu’il était nécessaire, surtout, de dépasser sa zone de confort !

    Je me couchais donc, fourbue mais fière ! et m’endormais du sommeil du juste en faisant le bilan de ma journée bien remplie.
    Positiver, positiver !!! Le maitre mot des ouvrages de développement personnel.
    Un matin je m’éveillais la tête à l’envers avec quelques vertiges et l’estomac en vrac. Pourtant, j’avais bien pris mon infusion bio et relaxante hier soir ? je ne comprenais pas ? Quand l’alarme de mon smartphone a sonné … à tâtons je le cherchais sur ma table de nuit pour arrêter le bip bip , (bon je n’ai pas encore trouvé l’intro dynamique , celle qui met en forme pour la journée) et vous permet de sauter du lit avec prestance sourire aux lèvres et en pleine forme . Pourtant, je m’appliquais, j’étudiais tous les chapitres de mon nouveau guide « Comment réussir sa vie » …
    Dégoutée, je levais les yeux au ciel. C’est alors que je fus saisie d’incertitude en apercevant au plafond des traces de pas, des empreintes qui ressemblaient à s’y méprendre aux dessins de mes semelles de basquets, je vérifiais avec attention au pied de mon lit ; le tapis qui me servait à faire mes exercices d’étirements chaque matin était en place, mais mes basquets tournés à l’envers. Et, de plus je sentais des fourmillements bizarres sous mes plantes de pieds. Il faut préciser que j’avais rêvé que je courrais un marathon et je m’éveillais avec des crampes dans les mollets. Cela devenait très troublant.
    Je me levais et me précipitais sur le net pour trouver une explication adéquate et rationnelle. Rien de nouveau ! je connaissais par cœur tous les principes physio et psycho du bien-être. Comment interpréter cet évènement ?

    Je me suis levée, et tranquillement, je suis allée dans ma cuisine, j’ai sorti du congélo une baguette que je coupais avec gourmandise et mettais les belles tranches au grill pain, le parfum du pain chaud envahit la pièce j’étalais dessus une bonne couche de beurre frais et quelques cuillères de délicieuse confiture offerte par une amie, et que j’avais mise de côté pour ne pas être tentée. J’avais lu, dans mes journaux diététiques que c’était la meilleure façon de ne pas faire d’écarts, de ne pas succomber, le sucre étant l’ennemi ! c’est bien connu et la sentence est imprimée partout ! en grosses lettres rouges ! les plus culpabilisantes possible.
    J’ai pris une douche toute tiède, douce, sans finir par le jet tonique et glacé.
    Mon gros pull douillet et informe me réconfortait. Je me suis mise à chantonner des airs désuets qui berçaient mes souvenirs. J’ai résilié mes abonnements aux ouvrages de perfectionnement et surtout aux revues « Elle femme parfaite ». Je suis allée marcher dans la campagne, il faisait si bon, le ciel sans nuage était si clair
    Je respirais avec délice toutes les beautés de la vie. Plus jamais je ne retrouverais de traces de pas au plafond.

    Je crois, après réflexion, que j’hébergeais dans mon esprit une bien grosse araignée noire que j’encourageais jour après jour à tisser une véritable toile de dépendance, et qu’il était peut-être temps, de vivre en donnant la priorité à mes ressentis, à ma raison, que ça vaudrait bien toutes les exhortations et dogmes, tous les dictats qui nous remplissent le cerveau au point de faire de nous des robots répétiteurs
    .
    Voilà mon plafond dépoussiéré, repeint à neuf. Mais attention, la vigilance est de mise, il est des araignées minuscules qui vont toujours essayer de s’infiltrer, sournoises, et de se repaitre de nos doutes afin de graver de nouvelles limites encore plus subtiles, distillées comme des vérités immuables. Qui ne seront qu’éphémères, balayées en un clin d’œil, juste le temps de faire la fortune de quelques gourous en tous genres qui essaieront en toute « sympathie » de nous vendre leurs savoirs. Pour notre bien !
    Tout à un prix !

  8. Catherine M.S dit :

    Des traces de pas au plafond
    Allons bon !
    Il serait peut-être temps …
    C’est sûrement le moment
    De cesser de tergiverser
    Et de mettre de côté
    Cette gluante inertie
    En accordant un peu de crédit
    A ce « drôle » de phénomène
    Qui vire à l’antienne
    D’autant que depuis quelques temps
    S’immiscent de « drôles » de bruits
    Comme des ricanements …
    Simple vue de l’esprit ?

    Et pendant ce temps les demoiselles
    En ribambelle
    S’éclatent chaque nuit
    Le Rendez-vous très ponctuel
    Est donné à minuit
    Surtout pas l’heure du crime
    Mais plutôt d’une fête sublime
    Elles vont encore se régaler
    Un festin à leur portée
    Tous ces moustiques dans l’air
    Il suffit de se pencher
    Un mouvement d’ailes
    Et le tour est joué
    Le bal des chauves-souris peut commencer
    Les humains devraient les remercier
    Au lieu de si bien les détester !

  9. 🐀 Souris verte dit :

    On me l’a souvent dit : lève la tête ça te donne l’air bête. Mais c’est si bas de plafond chez moi que si je lève le front, je cogne.
    En me penchant je heurte mes pieds… Je marche sur la tête… Et piétine d’impatience, les fourmis qui s’agitent me devancent.
    Alors moi, les traces de pas au plafond c’est mon ordinaire et je ne les efface pas pour retrouver mon chemin.
    🐀 Souris verte

  10. Patricia dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de commencer à me poser des questions.

    C’est vrai que cela fait plusieurs fois que je reçois des signes de je ne sais quoi ou je ne sais qui. Et que je me demande d’où cela vient et ce que cela signifie. Je réfléchis, je lis, je tente de me lancer dans le soi-disant développement personnel. Et lorsque j’en parle, comme pour enfoncer le clou, les amis qui-vous-veulent-du-bien me disent qu’il est temps de me remettre en question, que ces signes ne sont pas anodins, que si je continue à refuser de voir ce qui doit être vu, il risque de m’arriver des bricoles, que ce n’est pas par hasard que je trouve sur ma route des indices qui me disent qu’il serait bon de m’introspecter un petit peu.

    Alors je me dis que oui, ils ont raison, il faudrait… Peut-être que ma résistance est dû à de l’arrogance ou de la peur, ou les deux à la fois. Peut-être. Ou pas.

    Oh et puis zut. Et s’il me plaît à moi d’être arrogant ou d’avoir peur ou les deux à la fois ! Je n’ai pas envie de me poser des questions et de tenter d’y répondre. Et j’en ai marre qu’il faille toujours tout psychologiser !
    Dans cette génération, on passe son temps à se demander qui, quoi, qu’est-ce ? Le qui suis-je, où vais-je et dans quel état j’erre qui nous faisait bien rigoler dans mon jeune temps ne m’amuse plus du tout. Stop.

    Il y a des traces au plafond, certes. Et alors ? Je vais aller au plus simple.

    Je vais le repeindre…

  11. Françoise Maddens dit :

    652/Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps en empruntant l’escalier du couloir d’aller dans la pièce au -dessus ainsi je marcherai au-dessus et non seulement je ne verrai plus les traces de pas au plafond mais je pourrai peut-être comprendre qui en était l’auteur et quel procédé il avait utilisé
    C’est ce que je fis mais quand je foulai le sol de cette pièce, je m’aperçus qu’il était jonché de détritus multiples et divers qui me permirent de faire quelques pas, d’entrer mais je ne pus ressortir.
    Heureusement j’avais un portable dans ma poche et appelai les pompiers . Ceux-ci crurent à une plaisanterie et raccrochèrent.
    Désemparé, je m’assis sur un prie-dieu, m’assoupis avec la nette impression de devenir un détritus parmi les autres détritus.
    J’eus l’impression de sortir de léthargie au moment où un robuste éboueur s’apprêtait à me jeter dans une benne à ordures. Je profitai de quelques instants d’inattention de celui-ci pour prendre la poudre d’escampette.
    Pris en stop, Je rentrai chez moi , trouvai un pot de peinture et repeignis mon plafond. Six mois après je déménageai sur les conseils de mon psychanalyste pour éviter d’être atteint du syndrome des taches au plafond….

  12. Maguelonne dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de s’alarmer.
    Jusqu’à présent je faisais bon ménage avec mes petites araignées aux grandes pattes follettes qui virevoltaient à mon plafond. J’appréciais vraiment leur compagnie qui emplissait ma vie de couleurs, de fantaisie. On me disait un peu dérangé mais pas trop. On m’acceptait.
    Mais ce matin, ces traces de pas sont énormes. Et ça fait PAF, PAF, PAF dans ma tête. Ce sont des traces de pas d’éléphant et ça m’angoisse terriblement. Et puis je vois mon nez qui grandit, grandit. Pinocchio sors de ce corps ! Et puis ça sent le chou et mes oreilles se transforment en d’implacables feuilles de chou. Et horreur horrible, j’ai la peau qui plisse. Et puis j’enfle, j’enfle. Ça va remplir l’espace, ça va tout casser.
    Que me veut ce monstre ? Moi je ne veux pas, je ne veux pas ça, je ne veux pas y aller.
    Où sont mes petites araignées mignonnettes, gentillettes, calinettes. Je sens que je perds la tête. Je deviens dingue et perds le contrôle.J’ai peur.
    Au secours ! Par pitié rendez moi mes petites araignées, mes sœurettes, mes copinettes

  13. 🐻 Luron'Ours dit :

    SONGE D’I A AVEC UN MOTEUR DE RECHERCHE

    Ce n’est pas tant la trace que les sons, une musique peut-être, des pas indélébiles au plafond, vois-tu. On ne les remarque pas d’abord. Inconsistants, pas même mous, chewing-gumesques parfois. Watch, swap, squash, scratch ! Hier, là-haut se disputait un match sur une nouvelle surface. Les balles étaient blanches, la belle se joue. Toi, tu perds la boule ! Fais donc appel à l’agence ! Mais quelle est-elle, pour les causes perdues ? Pour cramer un milliard dans le crash d’une fusée ? Une agence du non-évenement pour se taire quand c’est foutu ? Un catalogue de blanc, du pâle hagard dont à l’impossible nul n’est tenu. Mais chut, entends-tu ? Oui, j’ai cru voir irréfragable enpapaoutage.🐻

  14. Jean Marc Durand dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps d’arrêter de regarder des films débiles, autorisant n ‘importe quel héros survitaminé du trucage à crapahuter de traviole, qui sur les nuages, qui à travers les murs, qui la tête en bas dans les caves du Vatican à chercher le énième trésor planqué par les nazis ayant couché avec quelques points cardinaux.

    Mon Mr Propre sortait seul de son flacon. Il développait une échelle vite fait, effaçait les traces de la veille puis rentrait dans sa lampe d’Aradin.

    Mais le soir, je me laissais piéger par une lamentable épopée sur l’élasticité du temps, la non gravité des ennemis et la transmutation des élans sexuels.

    Pourtant, j’avais essayé de stopper le tsunami. Avec ma Spontex, toujours à portée de main, je me frottais fiévreusement les yeux pour endiguer le flot des marées visuelles. Que dalle, ce con de corps se révoltait. Il réclamait sa dose et me bloquait les paupières en position ON.

    Quand je parvenais à dormir, une heure par semaine, prostré sur mon matelas, les zhéros piétinaient mon plafond en toute quiétude. Les mouches de Cronenberg se multipliaient dans ma tête. Elles pondaient des œufs dans mes oreilles, une déflagration de roulements de train sans bout de tunnel.

    Les gougnafiers des écrans en sortaient, mains mitraillettes misantroupes et pieds tromblons moyen bas âge, gros recul. Ils envahissaient le déménagement de ma salle de spectrale, ils engloutissaient mes copeaux de réalité, s’en barbouillaient les museaux casqués. Leur cimoche, toile d’arhaignée, me dévorait l’occipiteux, me labourait le cervelas.

    Et puis, soudain, le Jour de la Grande Grève, celle où l’Inondation noya les Centrales, plus aucun écran ne fonctionna.

    Je pus remettre un orteil dans ce que je croyais retrouver de l’existence, un fond stable avec des fondations scientifiques, des marques déposés du temps.

    Mais il était trop tard. Je ne pus que constater mon pied palmé, mon visage androïde, mes pinces manuelles robotisés, mes jambes sciées aux genoux et mes petites ailles de chauve souris dans le dos. Je voletais vaille que vaille entre les fenêtres condamnées. Je me cognais aux parpaings du quotidien.

    De fait, mon corps n’était plus qu’un énorme flacon, monstre plastifié d’un délire d’ailleurs.

    Mon Monsieur Propre n’en sortait plus. Il se contentait de gratter minutieusement les croûtes, au plafond de mon crâne. Parfois il me découpait des carrés de tissus d’âneries pour m’en fabriquer des chapeaux.

    Et il le soutenait, sans rire, la vraie vie est tailleur.

  15. Sylvianne Perrat dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de remettre les choses à l’endroit, de voir la vie sur un autre angle. Toute la nuit j’avais marché sur la tête. Tout était sans dessus-dessous. J’avais la tête à l’envers depuis des semaines. Mes pas au plafond le prouvaient. Comme une mouche, j’avais déambulé, toute la nuit la tête en bas. J’avais perdu la boussole. Il était temps de me reprendre. De m’ancrer au sol, de regarder droit devant moi et de marcher pas à pas. Ma verticalité reviendrait. Je ne suis pas une mouche, ni un oiseau. Je ne peux m’envoler. Ni une taupe, je ne peux m’enfouir sous terre.
    Décidée ce matin-là, confiante, j’effaçai les traces de pas au plafond et je lui pris la main doucement… et on marcha ensemble.

  16. Avoires dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps…
    … de revoir Austerlitz !
    Non, pas la plaine ni un film sur Napoléon en train de gagner la bataille, mais Frédéric Austerlitz, autrement dit Fred Astaire dans la merveilleux film de Stanley Donen, Mariage royal qui date de 1951…
    En regardant une photo de sa fiancée, Tom, ou de joie, danse avec frénésie, monte sur les fauteuils, les meubles, les murs et le plafond ! Il y imprime ses fines chaussures à claquettes qu’il fait résonner si joyeusement. C’est léger, virevoltant, plein d’élégance et de fantaisie. C’est le bonheur, bref, c’est génial !
    Bien sûr, il y a du truquage, ça n’a pas d’importance, on est transporté ! N’est-ce pas ce qui compte ?

  17. Kyoto dit :

    J’ouvre les yeux. Ne reconnais rien. Ces murs blancs et nus. Ce bureau d’écolier accompagné d’une chaise bancale.
    Et soudain là, là-haut ! J’hallucine !
    Des traces de pas au plafond !
    C’est quoi cette mauvaise plaisanterie !
    Je gicle du lit. J’aurais dû m‘abstenir. Ce n’est pas dans une chambre que je suis, mais un carrousel. Je titube. Tombe. Rampe vers la porte.
    Que m’arrive-t-il ? Ai-je bu ? Trop ! Me suis-je drogué ? Trop !
    Arrivé péniblement à destination, je réussis à m’asseoir.
    Mon regard ose se diriger vers le plafond.
    Je sais que les méchantes gens disent de moi que j’ai une araignée dans le ciboulot, mais ces pas…
    Je deviens fou ou quoi ?
    Les pas se déplacent.
    Lentement, certes.
    Mais ils se déplacent.
    On dirait…des fourmis.
    Nooon… je déteste les fourmis.
    Je hurle. Retrouve la position debout. Je veux sortir. La porte est fermée à clef. Pas de clef.
    JE HURLE.
    Je frappe de toutes mes forces dans cette maudite porte. Jette un œil vers le plafond. Les pas se dirigent vers moi. Elles vont me dévorer, dissoudre mes neurones.
    AU SECOURS ! OUVREZ-MOI !
    Elles sont sur moi. Je vais MOURIR.
    Je meurs.

    J’ouvre les yeux. Même décor.
    Tiens, La porte est ouverte ?
    Nooon… les pas ont disparu.
    Mais… des éclaboussures de sang zèbrent le plafond.
    Qu’ai-je fait ?
    Ai-je planté une paire de ciseaux dans la carotide d’un individu malfaisant ?
    Mais quoi encore ?
    Je suis… attaché !
    AU SECOURS !!!

    – Alors, Monsieur Loco, vous êtes réveillé ?
    – Vous le voyez bien ! Vous pouvez m’expliquer ce qui se passe ici ! D’abord des fourmis, puis du sang.
    – Tranquille, Monsieur Loco…
    – Et détachez-moi sinon j’appelle la police.
    – D’accord, mais je vous fais d’abord une piqûre pour vous détendre.
    – Mais tout ce sang !
    – Tranquille, je vais nettoyer pendant que vous dormirez.
    – Je n’ai pas somm…
    – Bonne nuit Monsieur Loco, à demain, dit-elle en quittant la chambre.
    Et elle verrouilla la porte.

  18. Nadine de Bernardy dit :

    Quand je suis aperçue qu’il y avait des traces de pas au plafond, j’ai reconnu la pointure. Je me suis dit qu’il était peut être temps d’expliquer à mon fiston qu’il fallait penser à filer droit, d’arrêter ses expériences sans queue ni tête.
    Je suis allée à deux pas d’ici lui acheter des chaussures lestées, lui ai demandé de ne plus les quitter avant d’être installé dans son lit, bien au chaud sous la couette.
    La nuit suivante je me suis levée, j’ai enfilé des chaussures à crampons et me suis amusée à marcher au plafond. Quel bonheur ! Cette sensation de dominer le monde, de voir les choses à l’envers. Je comprenais pourquoi il avait tenté l’aventure.
    Au petit déjeuner il m’a dit :
    – Toi maman, tu as l’air bien guillerette, tu n’aurais pas marché au plafond cette nuit ?
    J’ai dû avouer que oui, que je me trouvais avec le cerveau bien irrigué, une vue différente des choses s’offrant à moi.
    Sans dire un mot, il est est allé chercher ses chaussures lestées qu’il a jeté à la poubelle. Depuis, nous déambulons régulièrement tous les deux aux plafonds de la maison, nous poursuivant d’une pièce à l’autre en riant comme des fous pendant que son père ronfle consciencieusement dans la chambre conjugale.

  19. Michele B.Beguin dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de mettre fin à la présence de LAURENTIN.

    J’ai hérité du château familial, que je loue en gîte malgré la présence de mon arrière grand-oncle décédé il y a 120 ans. Il était funambule et ne veut quitter ni sa demeure, ni son job. Il est souvent discret, à part quelques apparitions spontanées au travers des murs. Il ne fait aucun bruit et les locataires connaissant le phénomène, s’en amusent beaucoup. Mais s’il laisse des traces, ce n’est plus la même chose, cela va créer certains affolements, en plus du nettoyage de pas, qui risque de devenir récurrent.

    C’est décidé, demain je fais venir un nettoyeur d’esprits, un passeur d’âmes.

  20. Grumpy dit :

    Quand je me suis aperçue qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de monter à l’étage pour dire au locataire du dessus que ça commençait à bien faire.

    J’avais craqué pour cet appartement lorsque je l’avais visité à cause de l’original plafond de verre de son séjour. Quelle précieuse source de lumière supplémentaire m’étais-je dit, et puis, ça faisait tellement moderne ! Une curiosité qui ferait faire une drôle de tête à mes visiteurs.

    Ça se passait cordialement avec le locataire du dessus qui, lui, avait loué cet appartement à cause de son plancher de verre qui lui faisait croire qu’il patinait sur une glace limpide comme quand il était petit.

    Ma foi, jusqu’à présent notre cohabitation transparente s’était bien passée, nous n’avions pas les mêmes horaires ni aucune idée d’espionnage de celui du bas (moi) envers celui du haut (lui) et réciproquement. Juste une fois où je l’avais entrevu traverser le salon à petits pas rapides en peignoir de bain.

    Je n’avais fait aucune remarque car il me semblait avoir moi-même un matin fait le même trajet en petite culotte.

    Mais quand même voilà qu’aujourd’hui j’avais trouvé qu’il poussait un peu : Deux aller-retour, vous vous rendez compte ! Et nu-pieds par-dessus le marché ! Et des pieds sales, mais sales ….

    Il ne semblait pas y avoir porté attention, il devait être très pressé, pour aller où et pour quoi faire, je vous le demande ? Et ces pieds sales, pour quelle raison ?

    Quel homme bien : Il est venu sonner le lendemain matin, s’excusant de ce qu’il avait outrepassé nos accords de discrétion de manière plutôt cavalière, qu’il était prêt à effacer ses traces. Que je veuille bien lui pardonner, ce matin-là après avoir passé une mauvaise nuit il était en retard pour son Conseil d’administration, que dans sa hâte, il avait renversé sa poubelle d’ordinateur et marché en plein sur son contenu : les résidus d’une cartouche de toner que, comme chaque fois, il avait eu bien du mal à remplacer.

    Je me suis empressée de le rassurer : «passez donc prendre un verre ce soir»

    Depuis le temps que j’attendais une occasion ….

  21. Nouchka dit :

    Céleste dort mal. Il ne parvient à débrancher sa tête et passe des heures en ruminations des préoccupations du moment. Peut-être, les longues journées de printemps s’étirant dans une belle lumière jouent-t-elles sur son sommeil ? Il n’en sait rien et ne parvient à détendre son corps et déconnecter sa tête.
    Depuis plusieurs semaines, il essaie différentes méthodes susceptibles de l’apaiser. Il a commencé par des décoctions insipides qui lui donnaient mauvaise haleine et l’obligeaient à se relever pour soulager sa vessie. Souvent au moment même où le sommeil arrivait. Il a ensuite cherché des postures de yoga sensées le décontracter, mais sans autre résultat que des crispations de certains muscles et l’engourdissement d’autres. Abandonnant ces essais, il opta pour l’écoute de morceaux de musique relaxante. Il entendait les effets sonores du vent léger, de chants d’oiseaux mais ses ruminations intérieures ne cessaient toujours pas. La chaleur de la chambre jouait peut-être un rôle dans ses tribulations nocturnes ? Il acquit un voilage léger imprégné de répulsif contre les insectes qu’il installa devant la porte fenêtre. Ainsi put-il laisser entrer l’air et rafraîchir la pièce. Il trouva agréable de voir le voilage se soulever et flotter délicatement devant l’ouverture. Cette dernière expérimentation semblait l’apaiser, les premiers jours de l’installation, puis, ses mauvais génies revinrent le harceler.
    Epuisé de tant de nuits écourtées, il acquit, sur les conseils d’un ami, trois flacons de CBD en promotion, espérant retrouver la joie de se mettre au lit chaque soir en non la crainte de l’insomnie. Il ne savait trop quelle posologie adoptée. Il fit plusieurs essais augmentant à chaque fois le nombre de gouttes. Les trois flacons furent rapidement vides. Il retourna s’approvisionner, persuadé qu’il détenait enfin la solution à son problème.
    Une nuit, il se réveilla, apprécia la douce fraicheur de la pièce, la beauté de la danse du voilage éclairée de l’extérieur et, se tournant dans le lit, il aperçut qu’il y avait des traces de pas au plafond. Il n’en fit pas grand cas, heureux de sortir d’un rêve qu’il souhaitait reprendre là où il l’avait laissé. Les pas bougeaient, dansaient légèrement. Il ne réussit pas à comprendre d’où ils venaient. Les ombres sont parfois étonnantes ! Il se demanda si cette vision était une hallucination générée par le CBD et se dit qu’il était peut-être temps d’aller consulter un spécialiste du sommeil. Il poursuivit néanmoins son observation des pas qui semblaient grandir, s’éloigner, tourner, se rejoindre en une harmonieuse danse silencieuse. Il était bien et repartit vers des rêves de flottements et de danses hors de toute contrainte d’apesanteur. A son réveil, les pas au plafond avaient disparu, à sa grande satisfaction. Il oublia de consulter le corps médical et poursuivit ses essais thérapeutiques, associant différentes possibilités. La musique associée au CBD donnait les meilleurs résultats. Il chercha à comprendre cette vision des pas, résultat d’ombres portées sur le voilage et répercutées sur le plafond. La lumière extérieure les rendant plus ou non visibles. Et, tout compte fait, il aimait les voir bouger, s’étirer, s’éloigner et revenir au-dessus de lui comme des pas fantômes qui le protégeraient.

  22. FANNY DUMOND dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps que je revoie à la baisse le plafond de mes compétences en matière de rénovations. À tous les vents, je proclamais, à qui voulait bien l’entendre, que j’étais l’as du bricolage. Pourtant, Raymonde, ma femme, ne cessait de me répéter que je suis bas de plafond et que je n’en fais toujours qu’à ma tête.

    Pour gagner quelques sous, j’avais dû coller le parquet au plafond avant qu’elle n’y passe la serpillière. Pas grave !, me dis-je. Un coup d’éponge et on n’aura plus l’impression qu’une étrange créature, venue de l’espace, marche la tête en bas et squatte ma demeure. Je sortis de mon lit et posai les pieds sur du Placoplâtre quand un courant d’air me fit frissonner. Horrifié, je constatai que le mobilier de la chambre se trouvait le long de la haie d’aubépines, que celui de la cuisine était près de la mare aux canards, que la salle d’eau et les toilettes se cachaient au fond du jardin. À pas comptés, je rentrai dans ma maison dans laquelle je marchai sur un tapis d’herbe tendre, un arbre centenaire trônait au beau milieu de mon salon, les volets que j’avais eu tant de mal à décaper se trouvaient à l’intérieur. Plus je m’aventurais, plus je remarquais des incongruités qui me faisaient flipper, alors qu’il me restait encore 19 ans de crédit sur le dos, pour rembourser cet investissement.

    Mon antique réveil-matin, posé sur une soucoupe remplie de pièces de monnaie, me réveilla en sursaut.

    – Ça m’apprendre à regarder « les Bidochon » jusqu’à deux heures du matin, se morigéna Robert, couvert de sueur froide.

  23. Alain Granger dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de me remettre la tête à l’endroit. Je me suis mis la tête à l’envers tant de fois, allant vers la perte de contrôle avec un plaisir indicible. Je voulais me perdre pour ne plus me retrouver. Pour cela je n’avais semé aucun caillou sur mon chemin d’ivresse. Je vivais au bord de l’abîme en n’ayant pas peur de m’abimer. J’avais tout perdu. J’avais perdu celle que j’aimais plus que moi-même. Je n’avais plus le goût de la vie. Je n’écoutais pas les avis de ceux qui me faisaient miroiter un autre lendemain qui saurait m’enchanter à nouveau. Je ne parvenais même plus à chanter. Le chant des oiseaux n’était plus que du bruit, un soleil couchant plus que de la lave brûlante, la lumière bleue plus que la terreur de la nuit, l’écume des vagues plus que la bave d’une agonie. Alors, à quoi bon vivre lorsque vivre n’est que douleur. Je m’injectais de l’alcool dans le sang comme d’autres s’injectent de l’héroïne. Mon héroïne n’était plus là pour jeter mes bouteilles. Mes bouteilles, je les jetais dans l’amer. Je filais vers un chemin de mort, un chemin de croix sans le Christ, un Christ qui tue. Ce Christ n’était plus que le cri de ma terreur d’absence, d’injustice, de colère noire contre lui, contre le créateur qui détruit le bonheur. Quant à elle, celle qui m’avait été volée, elle avait su me guider vers le bon chemin. Celui qui mène à la confiance, au bien être et à l’abandon de toute crainte, au miroir qui vous sourit, celui qui vous fait sentir beau et intelligent. Alors je marchais la tête à l’envers et les pieds au plafond en attendant la chute.

    Et puis la chute n’était pas arrivée. J’avais fini par avoir mal à la tête à force de me réveiller encore vivant. Ensuite, jour après jour, j’appris à entendre à nouveau le chant des oiseaux, à sentir la chaleur du soleil et la douceur de la mer, à voir le rayon de lumière au fond de mon placard tout noir. Je pouvais écouter les rires sans qu’ils m’agressent, les paroles sans qu’elles m’affolent, supporter les rencontres sans aller contre. Je reprenais goût à la vie. De sortis en rencontres, les pas sur le plafond disparurent. Bien sûr les failles lézardèrent encore mes nuits de réveil. Mes pensées ne furent pas que fleurs bleues mais j’étais et je suis de plus en plus sur le chemin de la résilience.

  24. Antonio dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de remettre à l’endroit ma maison.
    Alors je suis sorti par le vasistas du grenier qui donnait sur le jardin et j’ai pris ma cabane en bois sur le faîte, faisant le poirier pour discuter avec le pommier du voisin.

    « Non mais, on marche sur la tête, là ! », dis-je, agacé, car ce n’est pas la première fois.

    Madame – parce qu’il faut l’appeler Madame, désormais, depuis que ses murs ont entendu dire que les hommes avaient plus un cœur de pierre que la pierre un cœur d’homme, et donc de femme ! –

    Madame, je disais, a décidé de n’en faire qu’à sa tête et de prendre sa vie en mains, et moi en otage.

    À la moindre contrariété ou semblant de harcèlement, de privation de liberté de mouvement, elle l’hashtague sur son mur, partagé sur les milliers d’écorces des arbres du réseau social forestier. Alors je ne peux rien dire, rien faire. Comme ce matin, elle a son cours de yoga avec le verger du coin. Après avoir salué le soleil, elle s’étire de fond en comble, je ne vous raconte pas les craquements du bois et les dégâts dans la maison. Toute la déco, la vaisselle, volent en éclats. Parfois j’ai l’impression de vivre dans une boule à neige.

    Mais là, j’avais trop gros les boules pour me laisser faire.

    « Stop ! J’aimerais prendre mon petit-déjeuner en paix, et surtout les pieds sur le plancher. C’est qui l’homme de la maison ! »

    Heureusement, si les murs ont des oreilles, ils n’ont pas encore la parole.

    « Si dans cinq minutes, tu n’as pas remis ton cul sur la chaise des fondations, tu vas voir ce que tu vas prendre, je vais faire de toit, du petit bois avec ma hache. »

    Que n’avais-je pas dit ! elle a aussitôt dégainé son hashtag « BalanceTonProprio ». Je n’ai pas eu le temps de mettre ma menace à exécution qu’une soufflante venue de la forêt voisine m’a complètement renversé, une tornade de vent mauvais, impossible à contenir, m’obligeant à enterrer la hache de guerre.

    Ce matin, je me suis fait une fois une raison, je vais déjeuner en silence, après je passerai la serpillère au plafond.

  25. Phanie dit :

    SOLITUDE

    Quand je me suis aperçue qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps de faire le grand nettoyage de printemps.
    Ni une ni deux, j’ai sauté à pieds joints de mon lit et sorti mes ustensiles du placard que je n’avais pas ouvert depuis de nombreux mois.
    Après toute une journée de dure labeur, ma maison brillait du sol au plafond.
    C’est là en me reposant dans mon hamac que je me posais la question : mais où était passé « Ronchon », le singe qui s’était incrusté chez moi depuis quelques semaines déjà ?
    Depuis qu’il était là, je dormais peu et mal. « Ronchon » était un animal de mauvaise compagnie, toujours à pousser des cris, à grimper partout, jusqu’à à laisser des traces au plafond !
    Dès que je le chassais d’un côté, il revenait de l’autre, et là aujourd’hui tout était calme… étrangement calme…
    C’est alors que je reconnu son cri dans le lointain.
    Munie de mes jumelles, je scrutais les arbres de la forêt amazonienne près de laquelle j’habitais depuis toujours, c’est là que je le vis sauter de liane en liane suivi par un autre singe. Ils avaient l’air de s’amuser. Je les suivis des yeux jusqu’à ne plus les apercevoir.
    J’attendis dans le secret espoir de le revoir, car même mauvaise, sa compagnie occupait mon temps. Au bout d’un long moment je compris qu’il n’allait pas revenir… Je me retrouvais de nouveau seule.
    En me dirigeant vers mon hamac, je distinguais une forme s’y balançant tout doucement… En m’entendant arriver, la forme se redressa vers moi. C’était une panthère noire que j’avais dérangée dans son sommeil et qui se léchait les babines…
    La dernière pensée qui me traversa l’esprit fut de savoir s’il était mieux de vivre seule que mal accompagnée…

  26. camomille dit :

    Quand je me suis aperçue qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était peut-être temps…
    de mettre un tapis devant l’entrée (surtout lorsqu’il pleut comme aujourd’hui).
    Va falloir que je nettoie encore ses traces de pas et ça me gave.
    Mais je ne vais rien lui dire – je ne vais pas lui faire de remarques – Je vais nettoyer c’est tout…
    Je l’aime trop… l’homme qui m’a mis la tête à l’envers !

  27. Laurence Noyer dit :

    Quand je me suis aperçu qu’il y avait des traces de pas au plafond, je me suis dit qu’il était temps que je me mette au pas
    Pas à pas
    A pas compté ou à pas de géant
    Au pas de charge ou au pas de tortue
    Au pas de course ou d’un pas mesuré
    Car il n’y a que le premier pas qui coûte
    Pas ce soir, pas si fort
    Pas de sucre, pas de porte
    Pas de deux, pas de danse
    Et à force de marquer le pas :
    Pas de vis, pas de vie
    Pas de pas

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