635e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Racontez l’exploration à haut risque d’un placard

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Prochainement sur ce blogue, une proposition de test : « Avez-vous un talent de conteur ?

28 réponses

  1. Mary Poppins dit :

    Depuis plusieurs mois, elle avait des soupçons. Trop de choses lui semblaient anormales dans le comportement de son époux. A son avis, il la trompait avec sa collègue. Cette petite péronnelle aux jupes bien trop courtes et aux yeux bien trop pétillants pour être honnête.

    Elle avait déjà farfouillé dans toute la maison sans trouver le moindre début de preuve, ni le plus petit indice de ses infidélités. C’était rageant. Les réponses à ses interrogations se trouvaient peut-être dans le cagibi. Seul endroit où elle n’avait pas encore cherché. « Son cagibi ». Celui qu’il avait fabriqué lui-même, prétextant qu’il voulait quelque chose de sur-mesure avec des matériaux écologiques.

    Il fallait qu’elle l’inspecte minutieusement. Au bout d’une bonne demi-heure, elle s’aperçut, à son grand étonnement, que l’une des étagères pivotait et dissimulait une porte. En fait le cagibi se prolongeait par un autre petit local, dans lequel elle se faufila. Et là, elle eut l’impression d’halluciner.

    Des grandes cartes de l’univers, des posters de différentes planètes, des appareils de toutes sortes avec une multitude de fils électriques enchevêtrés. Une dizaine d’ordinateurs, avec des écrans géants allumés, et aussi un micro qui avait l’air d’être branché.

    Poussée par la curiosité, elle s’approcha du micro :
    – Allo ?
    – Crr… crrr… crouiiiiicc…
    – Allo ?
    – Bip… bip… bip… biiiiip… biiiiiiiiip…
    – Allo ?
    – C’est vous Electron 312xb ? Pourquoi m’appelez-vous maintenant ? Nous avions convenu que notre connexion se ferait plus tard. Que se passe-t-il ?
    – …
    – Où en êtes-vous par rapport à notre plan ? Allo ?… Allo ?…
    – …
    – Ici, la planète Azuria de la galaxie Miriandynus Nebula. C’est le capitaine Spok qui vous parle.
    Electron 312xb, est-ce que vous m’entendez ?…
    – …

    Reposer le micro. Rabattre doucement la porte dérobée. Remettre l’étagère pivotante à sa place. Refermer le cagibi et aller dans le petit salon, pour se servir un whisky bien tassé.

    Ce qu’elle venait de découvrir dépassait largement toutes ses craintes. Mais il fallait voir la réalité en face : malgré son apparence débonnaire et rassurante, son mari, son gentil mari était une créature d’origine extraterrestre. Impensable ! Inimaginable ! Vertigineux !

    Comment avait-elle pu être aussi naïve et ne s’apercevoir de rien ? En y réfléchissant maintenant, tout un tas de signes lui sautaient aux yeux comme des évidences. Sa bienveillance, sa bonne humeur permanente, sa patience sans limite, ses dons de cuisinier, de bricoleur, de mécanicien et de psychologue. Il était trop parfait pour un homme normal.

    Et puis ce travail d’aide-comptable qu’il exerçait au centre des impôts, alors que manifestement il avait des capacités intellectuelles bien supérieures à ce poste de scribouillard. Il s’agissait évidemment d’un alibi, d’une couverture facile, pour faire semblant d’avoir la vie de « monsieur tout le monde ». Alors que c’était loin, très loin d’être le cas.

    Pourquoi était-il venu sur Terre ? Avec quels objectifs horribles ? Sous ses airs de gros nounours inoffensif, il avait certainement l’intention d’exterminer la race humaine, voire même la planète toute entière. Allez donc savoir ? Mon Dieu, c’était intenable !

    17h 37mn 37s

    Le bruit de la porte d’entrée comme tous les soirs de la semaine, exactement à la même heure, à la seconde près.
    « Ma Poussinette ! Coucou, c’est moi, je suis rentré ! J’suis passé à la boulangerie et je t’ai acheté les tuiles aux amandes que t’adores !».

    Ne pas croiser son regard. Surtout ne pas croiser son regard. Quelle serait sa réaction s’il comprenait qu’elle avait découvert son incroyable secret ? Elle n’osait l’imaginer.

  2. Anne LE SAUX dit :

    Je viens de suivre la formation « Ranger sa vie » d’Hannah Sembély. Me voilà à l’épreuve des travaux pratiques.
    Escabeau, lampe frontale, poches poubelle, casque de vélo sur la tête (un accident est si vite arrivé) … me voila armée pour l’exploration de la plus haute étagère du placard de l’entrée. Mission délicate, voire dangereuse tant cet espace sert de ramassis à tout ce qui n’a pas de place officielle dans la maison. J’en soupire à l’avance.
    N’écoutant que mon courage, je monte à l’assaut de cet Himalaya domestique. J’y repère des papiers enchevêtrés : dessins d’enfants, gribouillis (attendrissants), publicités périmées (comme les prix ont augmenté !), une pile de Spirou des années soixante en bon état (vérifier leur valeur sur EBay), un relevé de notes catastrophiques de 5ème de Nathalie (elle a maintenant 42 ans, il y a prescription), des carambars aussi raides que des soldats de plomb, un ballon de foot déconfit, un marteau égaré, un pull troué et maculé de peinture…
    Je reprends mon souffle avant de poursuivre ma mission. Des livres, encore des livres (que c’est difficile de s’en séparer), le gonfleur à matelas de camping (j’en ai racheté un autre), deux sacs à main aux contenus variés (le bleu est à réhabiliter). C’est alors que je le vois : le papier crépon jaune poussin dans lequel j’ai enveloppé le collier de perles de ma grand-mère. Impossible de me souvenir où je l’avais caché !
    Tout émue, je redescends de mon perchoir et, devant la glace, contemple le bijou autour de mon cou. Les souvenirs affluent… je me perds en rêveries… longtemps…
    Déjà midi ? Vite, je remets tout ce fatras en haut du placard. Le rangement attendra.

  3. Urso dit :

    Racontez l’exploration à haut risque d’un placard

    – Alors chéri c’était dû à quoi ces aboiements dans notre grand jardin.
    – Rien rien Camille rendors toi !
    – Comment ça rien. Il est trois heures du matin, nos deux chiens ont hurlé comme des sirènes. Réveillant certainement la moitié du quartier.

    – L’homme se glissant dans le lit aux côtés de sa femme presque nue murmura : la raison, c’était un garçon d’environ 14 ans.
    – Ah bon fit la femme.
    – Oui je l’ai vu sortir de la cave dont il a cassé la petite porte d’accès.
    Paraît-il qu’il y cherchait un placard qui devait contenir plusieurs pièces d’or.
    Devenu violent, il s’est jeté sur moi et j’ai pu esquiver ses coups-de-poing et coups-de-pied.
    – Ah ah dit la femme encore jeune. Heureusement que pour me protéger, j’ai un mari qui a été champion de boxe anglaise.
    Dingue cette histoire. Ce gosse en pleine nuit qui s’introduit chez nous pour chercher de l’or.
    Et ses parents ? Au fait tu l’as questionné pour savoir où il habite ? Le jeune il est où en ce moment ?
    – Évaporé, enfui. Tu sais, il n’a pas dit grand-chose et moi non plus.
    Il a couru dans le jardin et a sauté le grillage comme seul un jeune sait le faire.

    – Chérie ah j’oubliai. Des mots de sa part m’ont troublé.
    Juste avant de disparaître, il m’a dit quelque chose d’étrange : qu’il était mort dans un hôpital parisien, en février 2023, à l’âge de 92 ans.
    – Chéri c’est certain cet enfant était fou ou avait dû boire. Nous sommes en mars 1938 ! Avec peut-être une autre guerre qui se profile à l’horizon !
    Oui ce gosse devait être fou ou avait trop bu.
    À moins qu’il a dit vrai. Qu’il habitait notre maison à la fin de sa vie et qu’ayant passé de vie à trépas, il est revenu miraculeusement à la vie, avec un saut dans le passé, en redevenant très jeune.
    – Arrête de divaguer chérie déclara l’homme. Essayons de dormir !
    Dans quelques heures on se lève et on ouvre notre épicerie rue Clovis. Dans notre belle ville de Metz …

  4. Maguelonne dit :

    Moi mes placards sont rangés : bien, c’est pas sûr mais c’est rangé régulièrement, je fais le tri par le vide donc y a rien à voir.
    Il n’y en a qu’un qui me nargue. C’est le placard du 1er janvier. Depuis des années, tous les 1er janvier je prends des bonnes résolutions que je note sur papier pour leur donner plus de poids. Je range la feuille dans le placard du 1er janvier, je ferme à clef et immanquablement je perds la clef jusqu’au 1er janvier suivant. Mystère !
    Mais là je sens que ça déborde. Va falloir y aller, va falloir trier, va falloir faire face. Je vais souffrir !!
    J’ouvre. Tout me tombe sur les pieds. Je saisis une feuille au hasard et n’écoutant que mon courage je chausse mes lunettes et me lance :
    1 : j’arrête de fumer. Ben oui, moi je veux bien. Mais qu’est ce que j’y peux si les fabricants mettent des produits pour rendre addict. C’est pas ma faute à moi. Mais le projet est dans ma tête, c’est déjà bien.
    2 : j’arrête de boire. Ça aussi c’est compliqué. Y a des gens qui cultivent, qui fabriquent, qui vendent. Ça ne serait pas correct de gâcher tout ce travail. Faut respecter les travailleurs.
    3 : j’arrête le sucre. Même topo que l’alcool. Ah je sais l’année prochaine je mettrai les emballages à la poubelle au lieu de jeter n’importe où.
    4 : je fais du sport. C’est mon corps qui aime pas le sport. C’est pas ma faute à moi. Pourquoi je ferai souffrir mes muscles et tous mes os. Je suis déjà naturellement bien gaulée. Ne riez pas, vous y connaissez rien.
    5 : je mange mieux. Alors là no problème ! Plus le temps passe et plus je mange et tous les ans je change la taille de mes vêtements. Ça fait marcher le commerce.
    6 : Je rajeunis. Avec mes cuisses, mes bras, mes joues de plus en plus ronds j’évite les rides. Je plains les desséchés, ils sont trop marqués par la vie, les pauvres.
    7 : je me couche tôt: quelle drôle de résolution, j’ai dû trouver ça dans un magasine. Moi je me lève et me couche quand je veux, non mais !
    Finalement le bilan est plutôt positif. Y avait pas de quoi s’angoisser. C’est tout moi ça, se mettre la tête à l’envers pour rien. Le placard est vidé. Me voilà tranquille pour quelques années.
    « Nico, viens ramasser les papiers. Maman est fatiguée ». L’an prochain j’arrête de me fatiguer et de stresser.

  5. Françoise Maddens dit :

    635/Racontez l’exploration à haut risque d’un placard
    Nous avions acheté un meuble bibliothèque chez Ikea mais pour l’installer nous devions vider et déplacer le placard qui encombrait le mur où nous devions l’installer mais à l’arrivée des livreurs le placard archi bondé était toujours à sa place et sans se poser de questions (ils ne sont pas payés pour çà)la montèrent, la mirent devant le placard la garnirent des livres et autres objets qui étaient par terre . Après leur départ nous nous apercumes qu’on ne pouvait plus ouvrir le placard où il y avait une foultitude d’objets dont nous nous servions quotidiennement : chaussons, serviettes de toilettes, gants, gels douches, coupe-ongles, pierre ponce, pèse personne (nous n’avons pas de SDB) vêtements, etc etc.
    Nous téléphonâmes au Secours Catholique à qui nous offrîmes le placard à la condition sine qua non qu’ils viennent dans la journée, ce qu’ils acceptèrent.
    Nous allâmes chez le voisin pendant le déménagement pour ne pas les gêner mais à notre retour nous nous apercûmes qu’ils avaient pris le placard et son contenu.
    Nous dûmes racheter vêtements, chaussures, etc,etc.. et un placard

  6. Françoise Rousseaux dit :

    Notre maman a bien du souci ; dix bébés à nourrir et les provisions qu’elle avait pu glaner dehors aux beaux jours ont fortement diminué. Du coup, mes frères, mes sœurs et moi-même, nous devons nous rationner. Mais nous sommes en pleine croissance et nous avons faim. Alors nous voulons aller dans la galerie n° 6, celle qui nous amène dans l’immense caverne où les humains rangent leur nourriture. Maman tergiverse, elle dit que c’est dangereux. Un de ses enfants, d’une portée précédente, a été tué net par un piège traitreusement déposé sur une des étagères géantes qui garnissent la caverne. Un autre a voulu aller voir au-delà des grandes portes en bois : il s’est trouvé nez à nez avec …avec…notre pire Ennemi !
    Mais ce matin-là, nous sommes affamés et la prudence n’est plus de mise. En file indienne derrière notre maman, nous pénétrons dans la galerie n°6 et trottinons en silence vers l’orifice permettant d’entrer dans la caverne. Maman écoute, renifle, puis se glisse dans le trou ; un par un, nous la suivons. Le vaste espace est obscur et silencieux….Apparemment, les portes sont fermées et aucun bruit ne provient de l’extérieur. Nous commençons à explorer les différents étages, avec moult précautions. Nos museaux frémissent, tout nos sens sont en alerte. Des boîtes et des pots contenant de la nourriture sont rangés de haut en bas ; nous les flairons, nous grimpons dessus, nous tentons de les ronger, mais en vain. Tous sont hermétiquement fermés . Et pas une miette, pas le plus petit morceau de papier à grignoter ! Au terme d’une exploration minutieuse, nous devons nous rendre à l’évidence, rien à manger ! Notre seule consolation, c’est qu’il n’y avait aucun piège. Nous nous regroupons sur l’étage du haut, non loin de l’entrée de la galerie. Maman nous a autorisé à répandre quelques crottes ici et là ; ça leur apprendra à ces humains peu généreux ! C’est alors qu’une des vastes portes frémit, puis s’entrouvre…Nous nous figeons sur place. Tout en bas, dans l’entrebaillement apparaît une énorme tête blanche aux yeux phosphorescents ! Oh, c’est lui ! Notre Ennemi ! Il se faufile dans la caverne et nous regarde ! Pas le temps de se demander s’il peut escalader tous les étages jusqu’à nous ; en quelque instants, nous disparaissons dans la galerie et rejoignons notre nid à toute vitesse ! Ouf ,sauvés, mais toujours le ventre vide ! Il va falloir que nous empruntions sans plus tarder la galerie n°2, puis la n°3 pour atteindre le grenier où nous trouverons quelques cartons et des vieux journaux à ronger…

    « Mais dis donc, Minette,qu’est-ce que je vois dans le placard de la cuisine ? Des crottes de souris ! Il va falloir te mettre en chasse sérieusement ! »

  7. Grumpy dit :

    Une ‘start-up’ vient de s’installer dans des locaux de bureaux désertés depuis plusieurs mois. Les travaux de rénovation et de rafraîchissement tout juste terminés diffusent encore une stimulante odeur de neuf et de propre.

    Le vaste espace de travail qui aligne sans fin ordinateurs + ordinateurs + ordinateurs + ordinateurs est vite bondé de jeunes têtes de toutes les couleurs, souvent barbues moustachues au goût du jour, sauf les filles, quoique certaines ….

    La ruche Techno Data Numérique bruisse de millions de clics sur lesquels on pourrait presque raper, mais on est au boulot, alors, concentration, rentabilité.

    Pause café/pipi pour tous, tour à tour par petits groupes.

    Pierrot dans la lune, un peu perdu, se trompe de couloir, ne sait plus où il est et comment regagner sa place. Il se dit ‘m…. je suis mal barré là’. Ah ! Une porte. Toute moche, pas ravalée celle-là ?

    Il l’ouvre, il n’aurait pas dû.

    Assis, la tête posée sur le bureau entre les deux bras, dans l’attitude de quelqu’un qui dort ou qui pleure en silence et qui en est mort.

    Ils n’y ont plus pensé : vous comprenez, ils déménageaient….

    Mis au placard jusqu’à l’oubli.

  8. Jean Marc Durand dit :

    Mémé Alice l’avait  décidé, elle voulait fêter ses 94 ans. Elle n’était pas qu’un peu fière de son autonomie. Celle-ci, toujours rutilante car régulièrement astiquée lui permettait de circuler librement dans sa grande maison avec ses vastes pièces et les interminables couloirs. Ses notions philosophiques de la vie butaient sur une unique formule : «  Si tu ne bouges pas trop longtemps, c’est que t’es morte »

    Ce matin-là, elle cherchait donc des bougies d’anniversaire. Elle fouilla plusieurs meubles, retourna quelques tiroirs. Cela risquait de lui prendre du temps car elle souhaitait des bougies rose, qu’elle avait décrété mieux assorties à son teint de peut-être jeune fille.

    La mémoire est un outil trompeur qui vous fait prendre des vaisseaux pour des latrines, des 2cv, pour des Jaguar, pour peu qu’il bruine et qu’on plisse les yeux.

    Au bout de deux heures d’exploration, Mémé Alice n’avait toujours rien trouvé. Plutôt que de s’abandonner à la liqueur du désespoir, elle concentra ses efforts sur un plan de la maison, oublié au fond d’un sac en peau de bovidé.

    Elle le parcourut dans tous les sens, à la recherche de….

    Ben oui, tambourinat’elle de son petit poing sur le plateau de la table de cuisine, je savais bien qu’il existait aussi un placard, sous cet escalier-là !

    Mémé Alice fouilla dans le pot en grès. Puis elle le renversa. Les clés s’étalaient, petites, grandes, rouillées, tordues. Une vénérable étiquette l’orienta vers la bonne. Elle traversa l’aile gauche de son rez de chaussée, obliqua vers le jardin et s’arrêta face à cette porte en bois léger ornée d’une patère en cuivre. S’y reposait un béret. L’endurance des clefs et des serrures l’émerveillait. De quels exploits l’être humain n’était ’il pas capable pour enfermer les choses. Un petit miroir était accroché au dos de la porte. Quelle idée !

    Elle l’ignora et alluma sa torche. Un monceau de cartons à chaussures obstruait la perspective. Certains étaient vides, d’autres contenaient les chaussures d’un bal égaré, des pantoufles de prévoyance, des soldes tentantes. Elle les sortit. Ces cartons, ces chaussures pouvaient toujours servir à quelque chose.

    Derrière, elle trouva plusieurs bobines de laine, ça pouvait toujours servir. Sur le côté droit, une étagère grimpait jusqu’au sommet de la soupente. S’y alignait une sérieuse collection de bocaux en verre. Conserves de légumes oubliés, de fruits locaux, stockés dans de savants mélanges goûteux d’huiles ou de vinaigres. En cas d’épidémie galopante ou d’atomisation fulgurante, ça pouvait toujours servir, se dit- elle.

    A gauche des piles de journaux s’accumoncellaient. Un building d’antiques nouvelles urgentes et oubliées, les petites histoires des mouvements du magma pitoyable des hommes. Leurs éventuelles gâteries de fête foraine, leurs artifices des feux.

    Mémé Alice en sortit un gros paquet. En cas de panne de chauffage, ça pourra toujours aider à allumer la cheminée. Ça pouvait toujours servir. En plein milieu, un vieux frigo obstruait, la vue sur le fond du placard. Bien qu’inutilisable, le Frigidaire était rempli de tas de bricoles, boîtes d’allumettes, briquets, boutons, fermeture éclair, tournevis, tire bouchons, chiffons neufs, stock d’aspirine, bijoux de pacotille, fonds de parfums… et plein d’exétéras.

    Elle en extraya tout ce qui pouvait servir à quelque chose et le rangea dans un carton.

    Allégé de son contenu, le frigo pouvait maintenant pivoter sur un pied. Elle s’y appliqua.

    Dans la pénombre se dessinait comme une silhouette, installée sur une vieille chaise en paille.

    Tiens, marmonnat’elle, ma Maman couturière aurait stocké là un mannequin. Drôle de lubie ! A quoi cela pouvait ’il encore servir ?

    En s’approchant, Mémé Alice constata que le mannequin était en os. Pas en os de plastique, comme les joyeux compères égayant les cours de sciences naturelles. En véritable os, comme ceux qu’hommes et chiens enterrent, au cas, au moins pour les chiens, ça pourrait leur servir.

    Le personnage s’était reposé là, allez savoir pourquoi. Il s’était montré patient et le temps lui avait proposé une sorte de raison. Son crâne, légèrement penché était maintenu par la paume de la main gauche, les doigts tournés vers le haut, vers l’inutile ampoule, la grillée d’une vie trop courte. En s’approchant, Mémé Alice aperçut la main droite du bonhomme. Posée sur le genou droit, elle lui offrait, bien que poussiéreuses, vingt petites bougies rose.

    Elle n’en demandait jamais trop de la vie et se saisit des bougies, soulagée heureuse, toujours gagnante. Elle referma le placard, mis la clef dans sa poche, ça pouvait toujours servir, pour plus tard.

    En s’asseyant, face à son petit gâteau crémeux comme un week-end à Venise, Mémé Alice, laissa dériver sa pensée louvoyante : «  Ce gars, là, au fond du placard, il avait bien dû servir à quelque chose ? »

    • Sylvie dit :

      Quel bonheur ! ton idée, Pascal, a réveillé les enfants !
      Ah! les vieux greniers et les caves aux merveilles ! et aux fantômes desséchés.

  9. Catherine M.S dit :

    Je les aime tous
    Pouce !
    Arrêt sur étagères
    Tour du propriétaire
    Chez moi, placard au fond du couloir
    Aucun n’est rangé
    C’est un peu le foutoir
    Ils sont tous mélangés
    Recroquevillés, avachis, écrasés
    Mais tous également adorés

    Les vieux sacs à main démodés
    Mille fois portés
    Parfois égarés puis retrouvés
    Les sacs de sport ratatinés
    A l’odeur bien accrochée
    Les sacs à dos pour les randonnées
    Un kilomètre à pied, ça use, ça use
    Un kilomètre à pied, ça use les souliers
    Les sacs de voyage dégonflés
    Qui en ont connu des continents
    Mais ça c’était avant !
    Les sacs cadeaux de toutes les couleurs
    Pour envelopper les trésors
    Pendant que tout le monde dort
    Joyeux noël, bonne année
    Ils font partie de mes préférés
    Les sacs de courses
    Qui me font un peu pitié
    Si fatigués
    D’avoir transporté tant de denrées
    Et puis tous ces sacs en papier
    Empilés, entassés
    Qui ont vécu de si belles années
    Avant une fin annoncée

    Ils ont tous une histoire
    Vous pouvez me croire
    Et si vous le voulez,
    Un jour,
    Je vous les raconterai …

  10. camomille dit :

    Ça fait un moment que je l’entends gémir, et je me dis :
    « va falloir que je m’en occupe sérieusement». Et puis… Et puis… Ben, je n’ai pas que ça à faire Hein ?
    Mais ce matin, dès l’aube il a attaqué et ça m’a réveillée.
    De plus, ça m’a donné mauvaise conscience.
    Et quand la mauvaise conscience vous assaille, ce n’est plus vivable.
    Alors, j’ai décidé qu’aujourd’hui, c’était le jour. FALLAIT AFFRONTER LE PLACARD POUR NE PLUS L’ENTENDRE GÉMIR.
    Et vous ? Vous vous en occupez tout de suite de votre placard lorsqu’il commence à gémir ?
    Ça m’étonnerait !
    D’autant plus, qu’un placard, ça gémit pour un oui ou pour un non et si on cède à ses caprices, il vous rend dingue.
    Car, la dictature des placards, ça existe !
    Oui, oui, je vous assure ça existe ! J’ai lu un livre sur ce sujet.
    Le titre c’était :
    « Votre placard vous parle, sachez l’écouter sinon… » par le Professeur JACOB.
    Ça fait flipper hein ? Surtout – sinon avec les point de suspension –
    C’est terrible les points de suspension.
    Moi, ça m’angoisse.
    Et puis OUI, mon placard m’angoisse… Voilà, c’est dit ;
    Quand il gémit trop fort et qu’il prend le pouvoir, j’essaie d’appliquer la méthode du Professeur JACOB :
    – Je m’assois en face de lui,
    – Je ferme les yeux,
    – Je respire profondément,
    – et je lui dis calmement : « Je t’écoute ! Qu’as-tu à me dire ? »
    Et là, paraît qu’il devrait se calmer.
    Mais avec moi RIEN : ça ne marche pas – Pas de connexion.
    Faudrait que je l’explore. Mais j’ai la trouille de l’ouvrir ce putain de placard.
    Qui sait ce que je vais trouver à l’intérieur Hein ?… Hein?
    – Du désordre ? Sûrement…
    – Des vieux souvenirs ? Sûrement…
    – Mais peut-être un ou deux cadavres.. . Qui sait ?
    Non, je ne me sens pas d’affronter tout ça en même temps, j’ai la pétoche… Et puis j’ai pas le temps… Et puis je suis une femme seule… Et puis j’ai une petite retraite… Et puis ils veulent me faire le quatrième vaccin, ou le cinquième (je sais plus)… Et puis… Et puis…
    «  TA GUEULE PLACARD !!! »

  11. Françoise - Gare du Nord dit :

    Racontez l’exploration à haut risque d’un placard
    Que trouve-t-on dans un placard? Comme aurait dit Prévert dans son célèbre inventaire

    – des secrets de famille bien enfouis sous des piles de sales draps
    – des cadavres exquis
    – des cadres désavoués et rétrogradés
    – des couvertures à soi
    – des dossiers épineux classés X
    – des chemises brunes et des chemises noires
    – des chaussures au vernis qui craque
    – des bas filés par la police
    – des robes compromettantes
    – des albums de photos floues
    – des dessous de la politique et des mouchoirs par dessus
    – et surtout, et heureusement des mouchoirs pour se boucher le nez

  12. iris79 dit :

    Racontez l’exploration à haut risque d’un placard

    Paul était arrivé dans la nouvelle maison de vacances de ses grands-parents depuis la veille. Épuisé par le long voyage en voiture, il s’était écroulé sur le lit sans même jeter un regard à sa chambre qu’on lui avait réservée avec vue sur le parc.
    Mais ce matin, lorsqu’il s’éveilla, il prit le temps d’inspecter chaque ombre du plafond, chaque rainure du parquet, chaque dessin que le soleil traçait sur le mur à travers les persiennes. Cet endroit allait être son nouveau terrain de jeu, il n’y avait pas une minute à perdre. Aussi se leva -t’il promptement, fit une toilette des plus sommaires et extirpa de sa valise de quoi s’habiller aisément pour ne pas être entravé. Jouer est un passe-temps sérieux, il fallait se sentir à l’aise pour partir explorer les environs. Il se ravisa avant de sortir de la pièce en se retournant sur le chantier qu’il laissait. Voulant éviter à tout prix les remontrances de sa grand-mère sur le bazar qu’il laissait derrière lui, il ouvrit la porte du placard qui forçait décidément au point de presque vouloir renoncer avant qu’elle ne cède enfin et y jeta le contenu de sa valise comme s’il eut voulu se débarrasser d’une poignée d’orties. Il referma la porte d’un coup sec et elle fit un grincement macabre qui jurait avec le sentiment de bien-être qu’il avait ressenti jusqu’ici.
    Il oublia très vite et descendit. Il n’y avait pas une minute à perdre. Il s’adonna à toutes les explorations qu’il avait imaginées en arrivant et s’amusa comme jamais. Il se surprit pourtant par deux fois à croire entendre le grincement du placard…
    Le soir, les membres engourdis d’une saine fatigue, il s’écroula sur son lit. Puis il se releva pour aller prendre son pyjama dans le placard. Le bruit glacé de ce matin se fit plus net et quelque peu inquiétant dans l’ombre de la nuit tombée. Il tendit le bras timidement pour saisir sa tenue mais ne put que constater que le placard était vide. Complètement vide. Il ouvrit avec fracas les tiroirs de la commode près de son lit. Ils étaient vides aussi. Mamie n’était pas venu ranger ses affaires puisqu’elle lui avait fait promettre qu’il s’acquitterait de cette tâche.
    Il se rapprocha donc doucement du placard ouvert en gonflant le torse. Ses sens en éveil, il perçut un bruit étrange au plafond. Il leva la tête et vit deux yeux ronds énormes surmontés de sourcils proéminents le regarder avec effroi. Impossible de dire en cet instant qui des deux était le plus effrayé. Le cœur de Paul s’accéléra mais il renonça à crier. Hypnotisé par ce qu’il voyait, il entendait la respiration lente et profonde de cette chose étrange. Il la scruta pour la détailler. Un corps robuste tout poilu, un pelage brun vert, un crinière ébouriffée, une odeur pas folichonne, des jambes et des bras démesurés, un cou quasi inexistant, un bout se la chemise préférée de Paul coincée entre deux dents? un je-ne-sais-quoi au fond des yeux qui le rapprochait de l’humanité. Paul parvint tout de même à articuler un « qui êtes-vous »? qui lui parut bien saugrenu mais la situation l’était tout autant.
    Contre toute attente, la chose lui répondit:
    -Je t’attendais.
    -Qui? Moi? Mais…
    -Oui toi. Je suis le monstre du placard, cela fait des années que je croupis ici en attendant celui qui me délivrera. Ce n’est pas trop tôt, laisse ouvert je t’en prie, j’étouffe ici depuis trop longtemps…
    -Mais…
    -Mais quoi? Tu n’as jamais vu de monstre? Je suis pourtant sûr que tu en raffoles! Tu as une tête à aimer te faire peur! Bon là j’avoue que tu as dû avoir ta dose. En même temps, tu l’as pas volé, vu comment tu m’as écrasé l’orteil dans la porte ce matin…Mais je ne suis pas là pour toi. J’ai effrayé des générations avant toi mais là j’avoue que je commence à fatiguer, je dirais pas non à une retraite bien méritée. Ça te dirait de m’aider? Si tu fais ça pour moi, je te promets de te filer un ou deux tuyaux pour ne plus jamais être embêté de ta vie. Crois moi c’est du lourd, tu ne soupçonnes pas le nouveau pouvoir que tu vas avoir!
    Une foule de questions bouillonnaient dans la tête de Paul. Il prit une grande inspiration et crut bon de commencer par inviter ce nouveau compagnon à s’asseoir sur son lit. La nuit allait être longue et il n’en avait pas fini avec ce placard et ses mystères.
    Le monstre se cala comme il put et commença son récit:
    -Bon alors mon petit, pour commencer, sache que j’en ai vu passer des gens ici, et pas que du beau monde tu peux me croire. Les monstres ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

  13. Nouchka dit :

    Depuis bientôt trois mois, ils vivent dans une maison en cours de rénovation. Après avoir investi les différentes pièces de la maison, créé des placards dans les chambres et l’entrée, il convient d’entasser une multitude d’objets, le temps que les travaux progressent, dans l’unique lieu disponible : un débarras au fond du garage.
    L’endroit évoque sans conteste la chanson de Boris Vian « La Complainte du Progrès ». Tout en longueur, il accueille pêle-mêle, pots de peinture entamés, outils de bricolage, radiateurs en attente d’être installé, bouteilles de produits toxiques, ustensiles de cuisine qui n’ont trouvés meilleure place, balais, table à repasser, ventilateur, caisses multiples pleines encore des restes du déménagement. C’est un vrai capharnaüm recouvert de poussière de plâtre, de filaments de laine de verre, de vis inemployées trainant au sol.
    Les maîtres des lieux passent régulièrement dans cette réserve qui abrite également la machine à laver, quelques bonnes bouteilles de vin et les fruits de saison stockés dans des corbeilles d’osier. Les ouvriers traversent également l’endroit et y laissent ponctuellement des outils.
    Depuis deux semaines, du fromage à fondue attend dans le réfrigérateur que le réchaud, qui accueille le poêlon sur la table, veuille bien sortir de sa cachette. C’est fou ce que les objets trouvent comme ruse pour échapper aux corvées ! De son côté le fromage alpin poursuit sa maturation parfumée.
    Noémie, la maîtresse de maison est consciente des risques pris en acceptant la cohabitation de produits toxiques et alimentaires mais chacun assure rester vigilant.
    Par ailleurs, une méchante fracture de vertèbre au moment du déménagement l’empêche de s’activer en se pliant pour prendre quelque objet au sol ou monter sur un escabeau.
    La chasse aux trésors est engagée avec des handicaps… Toute la maisonnée espère que le réchaud à fondue finira par être découvert dans un recoin du placard et dans les temps impartis à la consommation des fromages.
    Alors, chacun lance des hypothèses, faute de pouvoir atteindre la plupart des caisses remisées les unes sur les autres. Le plus étonnant est, que personne ne se souvienne exactement de la forme, la taille et la couleur du réchaud égaré. Ce pourrait être des indices intéressants.
    Les jours passent et seule Noémie poursuit la recherche. C’est elle qui a emballé les objets et empli la plupart des caisses. Elle s’en veut de ne pas se souvenir. Préparer un déménagement, c’est regrouper ensemble des choses qui ont un lien entre elles : la matière, l’usage, la fragilité, l’utilité… Et le réchaud, à quoi a-t-il alors été associé dans son esprit ? Elle réfléchit : froid, hiver, diners de retour de promenade qu’elle associe à : bottes, bouillotte, chocolat chaud, raclette. Ah oui, au fait, où se trouve le grill à raclette ? Non, le réchaud n’est pas avec lui au-dessus du réfrigérateur.
    C’est fatiguant de passer tant de temps à retrouver ses « marques ».
    Quinze jours plus tard, de délires sur le potentiel rangement, les fromages sont, la mort dans l’âme de toute la maisonnée, distribués en fins morceaux, au bord d’un étang, à la disposition des animaux qui les trouveront espèrent-ils à leur goût en cette période de froidure.
    Un mois et demi plus tard, lors des premiers repas inauguraux de la maison rénovée, Noémie propose de sortir la paëlla, plat de cuisson de la recette du même nom et, oh surprise, y trouve le réchaud du plat à fondue. Non décidément, se dit notre hôtesse, je perds toute logique. Qu’y avait-il donc de commun entre les deux ustensiles ? Sans doute qu’ils servent aux repas et que leurs formes arrondies ont fait que l’un entrait parfaitement dans le fond de l’autre. Un gain de place non négligeable lors d’un déménagement…

  14. Coriandre dit :

    Dans une maison inhabitée depuis quelques mois, le placard de la cuisine sombrait dans un profond splee n en raison du décès des propriétaires. Leurs héritiers ne semblaient pas intéressés par la possession de cette demeure : trop de travaux de rénovation et un budget serré.
    Il y régnait donc un silence funèbre.
    Dans ce placard, la cohabitation entre les paquets de biscottes, le pain d’épice, les briques de lait, le sucre, la farine et herbes aromatiques était pour le moins difficile. Certaines denrées périssables, geignaient en sentant leur fin très proche, en indisposant les autres dont le glas n’avait pas encore sonné. Certains co-locataires devenus claustrophobes échafaudaient même des plans pour échapper à leur séquestration. Jusqu’au jour, où ils entendirent un bruit de vitres cassées, des pas résonant sur le carrelage et des voix masculines qui susurraient.
    Quelques produits du placard se réjouissaient déjà de cette visite impromptue.
    – Vous vouliez un peu de sel dans votre vie, dit la farine, vous allez être servis !
    A ces mots ,le pain d’épice renchérit :
    – Un peu de piment dans notre sinistre vie nous fera du bien au moral !
    Les biscottes n’en menaient pas large si bien qu’elles s’entrechoquèrent.
    -Chut ! dirent-ils tous en chœur.
    Soudain, l’un des cambrioleurs, cagoulé, fouilla nerveusement la cuisine, en renversant le contenu des tiroirs, tous les ustensiles de cuisine valsaient en répandant des sons très métalliques. Le capharnaüm était total.
    Puis il se précipita vers le placard… Dedans, ils retenaient leur souffle.
    Le cambrioleur fit la remarque :
    – Dans ce genre de bicoque, il y a toujours un magot caché quelque part, vain diou, j’vais le trouver !
    Il ouvrit le placard et avec ses grosses mains fit tomber un à un tous les paquets et boites en y découvrant, au fond, une boîte en fer. La boite contenait quelques économies et des coupures de journaux relatant un cambriolage dans cette maison, qui avait très mal tourné.
    Les cambrioleurs surpris et peu téméraires, prirent rapidement l’argent et s’enfuirent.
    Les colocataires du placard fracassés, anéantis mais encore vivants pensèrent qu’ils avaient vécu dangereusement. Après mûre réflexion, ils se sentirent lâches tout de même de ne pas s’être souciés de cette mystérieuse boîte, qui a tout de même été kidnappée !
    La boîte n’étant pas un produit consommable, ils avaient marqué à son égard, pendant tous ces mois, une réelle indifférence.
    Mais la tolérance ne vaut-elle pas mieux que l’indifférence ?
    , (Gandhi).
    Ils prirent la sage décision de devenir meilleurs.

    Dans une maison inhabitée depuis quelques mois, le placard de la cuisine sombrait dans un profond splee n en raison du décès des propriétaires. Leurs héritiers ne semblaient pas intéressés par la possession de cette demeure : trop de travaux de rénovation et un budget serré.
    Il y régnait donc un silence funèbre.
    Dans ce placard, la cohabitation entre les paquets de biscottes, le pain d’épice, les briques de lait, le sucre, la farine et herbes aromatiques était pour le moins difficile. Certaines denrées périssables, geignaient en sentant leur fin très proche, en indisposant les autres dont le glas n’avait pas encore sonné. Certains co-locataires devenus claustrophobes échafaudaient même des plans pour échapper à leur séquestration. Jusqu’au jour, où ils entendirent un bruit de vitres cassées, des pas résonant sur le carrelage et des voix masculines qui susurraient.
    Quelques produits du placard se réjouissaient déjà de cette visite impromptue.
    – Vous vouliez un peu de sel dans votre vie, dit la farine, vous allez être servis !
    A ces mots ,le pain d’épice renchérit :
    – Un peu de piment dans notre sinistre vie nous fera du bien au moral !
    Les biscottes n’en menaient pas large si bien qu’elles s’entrechoquèrent.
    -Chut ! dirent-ils tous en chœur.
    Soudain, l’un des cambrioleurs, cagoulé, fouilla nerveusement la cuisine, en renversant le contenu des tiroirs, tous les ustensiles de cuisine valsaient en répandant des sons très métalliques. Le capharnaüm était total.
    Puis il se précipita vers le placard… Dedans, ils retenaient leur souffle.
    Le cambrioleur fit la remarque :
    – Dans ce genre de bicoque, il y a toujours un magot caché quelque part, vain diou, j’vais le trouver !
    Il ouvrit le placard et avec ses grosses mains fit tomber un à un tous les paquets et boites en y découvrant, au fond, une boîte en fer. La boite contenait quelques économies et des coupures de journaux relatant un cambriolage dans cette maison, qui avait très mal tourné.
    Les cambrioleurs surpris et peu téméraires, prirent rapidement l’argent et s’enfuirent.
    Les colocataires du placard fracassés, anéantis mais encore vivants pensèrent qu’ils avaient vécu dangereusement. Après mûre réflexion, ils se sentirent lâches tout de même de ne pas s’être souciés de cette mystérieuse boîte, qui a tout de même été kidnappée !
    La boîte n’étant pas un produit consommable, ils avaient marqué à son égard, pendant tous ces mois, une réelle indifférence.
    Mais la tolérance ne vaut-elle pas mieux que l’indifférence ?
    , (Gandhi).
    Ils prirent la sage décision de devenir meilleurs.

    Dans une maison inhabitée depuis quelques mois, le placard de la cuisine sombrait dans un profond splee n en raison du décès des propriétaires. Leurs héritiers ne semblaient pas intéressés par la possession de cette demeure : trop de travaux de rénovation et un budget serré.
    Il y régnait donc un silence funèbre.
    Dans ce placard, la cohabitation entre les paquets de biscottes, le pain d’épice, les briques de lait, le sucre, la farine et herbes aromatiques était pour le moins difficile. Certaines denrées périssables, geignaient en sentant leur fin très proche, en indisposant les autres dont le glas n’avait pas encore sonné. Certains co-locataires devenus claustrophobes échafaudaient même des plans pour échapper à leur séquestration. Jusqu’au jour, où ils entendirent un bruit de vitres cassées, des pas résonant sur le carrelage et des voix masculines qui susurraient.
    Quelques produits du placard se réjouissaient déjà de cette visite impromptue.
    – Vous vouliez un peu de sel dans votre vie, dit la farine, vous allez être servis !
    A ces mots ,le pain d’épice renchérit :
    – Un peu de piment dans notre sinistre vie nous fera du bien au moral !
    Les biscottes n’en menaient pas large si bien qu’elles s’entrechoquèrent.
    -Chut ! dirent-ils tous en chœur.
    Soudain, l’un des cambrioleurs, cagoulé, fouilla nerveusement la cuisine, en renversant le contenu des tiroirs, tous les ustensiles de cuisine valsaient en répandant des sons très métalliques. Le capharnaüm était total.
    Puis il se précipita vers le placard… Dedans, ils retenaient leur souffle.
    Le cambrioleur fit la remarque :
    – Dans ce genre de bicoque, il y a toujours un magot caché quelque part, vain diou, j’vais le trouver !
    Il ouvrit le placard et avec ses grosses mains fit tomber un à un tous les paquets et boites en y découvrant, au fond, une boîte en fer. La boite contenait quelques économies et des coupures de journaux relatant un cambriolage dans cette maison, qui avait très mal tourné.
    Les cambrioleurs surpris et peu téméraires, prirent rapidement l’argent et s’enfuirent.
    Les colocataires du placard fracassés, anéantis mais encore vivants pensèrent qu’ils avaient vécu dangereusement. Après mûre réflexion, ils se sentirent lâches tout de même de ne pas s’être souciés de cette mystérieuse boîte, qui a tout de même été kidnappée !
    La boîte n’étant pas un produit consommable, ils avaient marqué à son égard, pendant tous ces mois, une réelle indifférence.
    Mais la tolérance ne vaut-elle pas mieux que l’indifférence ?
    , (Gandhi).
    Ils prirent la sage décision de devenir meilleurs.

    Dans une maison inhabitée depuis quelques mois, le placard de la cuisine sombrait dans un profond splee n en raison du décès des propriétaires. Leurs héritiers ne semblaient pas intéressés par la possession de cette demeure : trop de travaux de rénovation et un budget serré.
    Il y régnait donc un silence funèbre.
    Dans ce placard, la cohabitation entre les paquets de biscottes, le pain d’épice, les briques de lait, le sucre, la farine et herbes aromatiques était pour le moins difficile. Certaines denrées périssables, geignaient en sentant leur fin très proche, en indisposant les autres dont le glas n’avait pas encore sonné. Certains co-locataires devenus claustrophobes échafaudaient même des plans pour échapper à leur séquestration. Jusqu’au jour, où ils entendirent un bruit de vitres cassées, des pas résonant sur le carrelage et des voix masculines qui susurraient.
    Quelques produits du placard se réjouissaient déjà de cette visite impromptue.
    – Vous vouliez un peu de sel dans votre vie, dit la farine, vous allez être servis !
    A ces mots ,le pain d’épice renchérit :
    – Un peu de piment dans notre sinistre vie nous fera du bien au moral !
    Les biscottes n’en menaient pas large si bien qu’elles s’entrechoquèrent.
    -Chut ! dirent-ils tous en chœur.
    Soudain, l’un des cambrioleurs, cagoulé, fouilla nerveusement la cuisine, en renversant le contenu des tiroirs, tous les ustensiles de cuisine valsaient en répandant des sons très métalliques. Le capharnaüm était total.
    Puis il se précipita vers le placard… Dedans, ils retenaient leur souffle.
    Le cambrioleur fit la remarque :
    – Dans ce genre de bicoque, il y a toujours un magot caché quelque part, vain diou, j’vais le trouver !
    Il ouvrit le placard et avec ses grosses mains fit tomber un à un tous les paquets et boites en y découvrant, au fond, une boîte en fer. La boite contenait quelques économies et des coupures de journaux relatant un cambriolage dans cette maison, qui avait très mal tourné.
    Les cambrioleurs surpris et peu téméraires, prirent rapidement l’argent et s’enfuirent.
    Les colocataires du placard fracassés, anéantis mais encore vivants pensèrent qu’ils avaient vécu dangereusement. Après mûre réflexion, ils se sentirent lâches tout de même de ne pas s’être souciés de cette mystérieuse boîte, qui a tout de même été kidnappée !
    La boîte n’étant pas un produit consommable, ils avaient marqué à son égard, pendant tous ces mois, une réelle indifférence.
    Mais la tolérance ne vaut-elle pas mieux que l’indifférence ?
    , (Gandhi).
    Ils prirent la sage décision de devenir meilleurs.

    Dans une maison inhabitée depuis quelques mois, le placard de la cuisine sombrait dans un profond splee n en raison du décès des propriétaires. Leurs héritiers ne semblaient pas intéressés par la possession de cette demeure : trop de travaux de rénovation et un budget serré.
    Il y régnait donc un silence funèbre.
    Dans ce placard, la cohabitation entre les paquets de biscottes, le pain d’épice, les briques de lait, le sucre, la farine et herbes aromatiques était pour le moins difficile. Certaines denrées périssables, geignaient en sentant leur fin très proche, en indisposant les autres dont le glas n’avait pas encore sonné. Certains co-locataires devenus claustrophobes échafaudaient même des plans pour échapper à leur séquestration. Jusqu’au jour, où ils entendirent un bruit de vitres cassées, des pas résonant sur le carrelage et des voix masculines qui susurraient.
    Quelques produits du placard se réjouissaient déjà de cette visite impromptue.
    – Vous vouliez un peu de sel dans votre vie, dit la farine, vous allez être servis !
    A ces mots ,le pain d’épice renchérit :
    – Un peu de piment dans notre sinistre vie nous fera du bien au moral !
    Les biscottes n’en menaient pas large si bien qu’elles s’entrechoquèrent.
    -Chut ! dirent-ils tous en chœur.
    Soudain, l’un des cambrioleurs, cagoulé, fouilla nerveusement la cuisine, en renversant le contenu des tiroirs, tous les ustensiles de cuisine valsaient en répandant des sons très métalliques. Le capharnaüm était total.
    Puis il se précipita vers le placard… Dedans, ils retenaient leur souffle.
    Le cambrioleur fit la remarque :
    – Dans ce genre de bicoque, il y a toujours un magot caché quelque part, vain diou, j’vais le trouver !
    Il ouvrit le placard et avec ses grosses mains fit tomber un à un tous les paquets et boites en y découvrant, au fond, une boîte en fer. La boite contenait quelques économies et des coupures de journaux relatant un cambriolage dans cette maison, qui avait très mal tourné.
    Les cambrioleurs surpris et peu téméraires, prirent rapidement l’argent et s’enfuirent.
    Les colocataires du placard fracassés, anéantis mais encore vivants pensèrent qu’ils avaient vécu dangereusement. Après mûre réflexion, ils se sentirent lâches tout de même de ne pas s’être souciés de cette mystérieuse boîte, qui a tout de même été kidnappée !
    La boîte n’étant pas un produit consommable, ils avaient marqué à son égard, pendant tous ces mois, une réelle indifférence.
    Mais la tolérance ne vaut-elle pas mieux que l’indifférence ?
    , (Gandhi).
    Ils prirent la sage décision de devenir meilleurs.

  15. Nadine de Bernardy dit :

    Sa mère lui avait recommandé, comme dans la conte, de ne pas chercher à s’approcher du petit placard bleu, encore moins de tenter d’y entrer.
     » Obéis, je ne tiens pas à te perdre.  »
    Cafardinette, à qui s’adressait ces paroles, n’eut plus qu’une idée, aller y voir de plus près. Dès la nuit tombée, elle se risqua à escalader le meuble, de haut en bas, le tâtant soigneusement, jetant un oeil à travers quelque interstice. Quand elle arriva au niveau de la serrure, la filoute y glissa une patte, en vain.Alors elle renifla par l’ouverture, une délicieuse odeur l’enivra, elle huma si fort qu’elle tomba par terre sur le dos, y resta un moment béate et grisée.
    Cette première approche lui donna envie de réitérer dès que possible.
    Deux soirs plus tard, la petite repartit en expédition. Après cette nouvelle approche, elle fini par se glisser dans un espace étroit qui lui avait échappé l’avant veille. Les effluves l’entourèrent, l’étourdissant de plus belle. Elle attendit de s’ habituer à ces arômes sublimes en regardant autour d’elle.
    Des flacons avec des têtes de mort sur leurs étiquettes, diverses bombes de toute taille soigneusement alignées, de petites boules blanches dans un sac transparent, des boîtes, des sachets.
    Cafardinette ne savait plus où donner de la tête, courant, tombant pour se relever aussitôt. Tout à coup la jeune curieuse se trouva devant une des bombes , n’en croyant pas ses yeux. Sa photo imprimée sur l’étiquette! Barrée d’une croix noire.
    Elle allait raconter cela à ses copines. En extase, la tête lui tournait, ses pattes s’engourdissaient.
    Elle chercha la sortie mais ses forces l’abandonnèrent . Elle chut alors sur un tas de boules de naphtaline qui lui fit un linceul odorant et immaculé.

  16. Michèle B.Beguin dit :

    Il nous a quittés il y a deux semaines. La veille de ses 46 ans. Je suis remplie de sanglots, je ne dors plus. Son départ est une immense souffrance pour moi, alors que la sienne avait disparue ainsi que son cancer qu’il avait supporté avec dignité. Je l’aimais tant, mon père. Il avait tellement bien pris soin de moi. Je n’avais Plus aucune famille, il ne me restait que lui pendant les 10 ans qui avait suivi l’accident de voitura de ma mère. Bientôt j’aurai 18 ans.

    Les déménageurs arriveraient dans 3 jours. La maison devait être vide. Les propriétaires revenaient y vivre. Il ne me restait que son placard à trier.

    Un nombre incalculable de vieilles cravates et de chemises encore en bon état et de nombreux costumes d’été en lin et d’autres de demi-saison. Il avait toujours été très chic, mon père. Je mets tout à terre pour plus de facilité. Un tas à donner, un tas à jeter, un tas à brûler. Quel capharnaüm ! Je pense que ce soir le tri sera terminé et je pourrai faire un feu demain matin.

    Derrière une dernière pile de livres, je sors une jolie boite en bois que j’ouvre précautionneusement. Elle est remplie de lettres aux timbres anciens. J’ose m’attaquer à la première…

    « Ma chérie, je vais bientôt revenir, mon dernier stage se termine demain….. »

    J’ouvre rapidement toutes les enveloppes pour lire chaque lettre d’amour. Je comprends que c’est l’échange épistolaire de mon père à ma mère. Il était fou d’elle et dans de nombreuses lui demandait pardon. Pardonner quoi ? il m’en restait 4 à lire. J’ouvre avec angoisse la suivante

    « Elle s’appelle Angeline, belle comme un ange, elle a deux mois. Je reviens avec elle. Tu m’ouvriras ou pas mais je ne peux pas, et ne veux pas la laisser là, sa mère vient de mourir et le reste de sa famille ne veut même pas la voir, ils ne m’ont jamais aimé. C’est MA fille et tu l’aimeras comme la tienne. Ouvre-moi la porte ma chérie, nous seront très heureux, je veux t’épouser…. »

    Je reste là assise sur le sol froid, dans la pénombre, étourdie, tremblante. Ma mère n’était pas ma mère. Je pleure sans pouvoir expliquer pourquoi. Un vide s’installe douloureusement autre que leurs départs. Puis la colère me prend, j’attrape toutes les lettres pour les brûler avec le reste. Mais au dernier moment l’envie de lire les 3 dernières s’interpose comme une évidence.

    « Une ultime missive avant mon retour : Pour Angeline si un jour elle a besoin de savoir : ses grands-parents font partie de l’aristocratie italienne. Ils habitent Florence. Francesco et Giulia Albizzi….. »

    Je porte la lettre à mon coeur. La raison de mes nouvelles larmes est différente. Pour moi l’aventurière, la vie va être mouvementée.

  17. FANNY DUMOND dit :

    Ce matin-là, pour affronter le vent piquant de cet hiver glacial, elle se remémora sa grande écharpe bien chaude. Elle ne la trouva ni sur le porte-manteau ni dans le placard de sa chambre.

    « Quel fourbi là-dedans, si dit-elle. Il faudrait que je fasse du tri »

    Le lendemain, super motivée, elle s’installa au camp de base. S’accroupir lui donna des élancements dans les genoux et c’est en grimaçant qu’elle dénicha des foulards, des mouchoirs, des collants en boule, tout un assortiment hétéroclite qui datait de l’Antiquité.

    « Pourquoi ai-je gardé de telles cochonneries ? Mais, à la réflexion, sait-on jamais, ça pourrait toujours servir »

    Elle jeta des chaussettes dépareillées, quelques culottes aux élastiques distendus. Elle garda, quand-même, ce magnifique foulard. Le premier palier de son ascension de l’Annapurna fut un peu mieux rangé, mais le sac-poubelle n’avait guère enflé. Et point d’écharpe !

    Bien en forme, elle s’attaqua au deuxième palier de l’Everest. Elle découvrit des sous-pulls qu’elle portait il y avait… « bien vingt ans, quand même ! » Elle les garda en cas de pénurie. Il était hors de question de se séparer de ces jolis pulls qu’elle avait tricotés. C’est ainsi que cet étage resta en l’état. Et toujours pas d’écharpe !

    Sur la pointe des pieds et sans crampon, elle entreprit de s’attaquer à la paroi abrupte qui menait au linge de maison. Elle tira sur ce qui ressemblait à un drap quand une avalanche de torchons, serviettes, taies d’oreiller, housse de couette, plaids, l’engloutit.

    « Nom d’un chien ! glapit-elle en se dépêtrant de cet amoncellement. Pourquoi ai-je gardé ces taies de traversin qui me casse les cervicales. Je les donnerai à ma fille avec ces draps de lit pour enfants »

    Découragée, elle n’arriva jamais au sommet de la montagne. Elle laissa la tâche à ses descendants de gravir l’Himalaya de ses autres placards à documents, à provisions et ceux de bricolage de sa tendre moitié.

    « Ma grosse écharpe doit être dans notre maison de campagne, pleine de placards, elle aussi, soupira-t-elle »

  18. Antonio dit :

    — Ouvre cette porte !
    — Je serais toi, je ne ferais pas ça, Edgar.
    — Ouvre cette porte, Simone, ou je fais un malheur !
    — Comme tu voudras.
    — Où est-il ?
    — Puisque je te dis qu’il n’y a personne.
    — Où est ce fumier que je le désosse.
    — Tu te trompes, Edgar, referme cette porte, tu pourrais le regretter.
    — TU me trompes, Simone, je le sais et c’est toi qui vas le regretter, si je trouve ce coquin. Mais d’où sors-tu tous ces habits ? Il faudra faire un jour le tri. C’est un dressing sans fin, ma parole.
    — Reviens, Edgar, tu t’égares. Tu pourrais ne jamais en revenir.
    — Qu’est-ce que c’est que ce foutoir ? Des bas qui traînent, là, un… oh ! Mais ce n’est pas mon caleçon. Une cravate à pois, ah, le cochon ! Je le tiens. Dis-donc, Simone, y a pas comme un courant d’air ? … Simone ?
    — Edgaaar !
    — Tu sembles si loin. Je ne vois plus rien. Je crois que j’arrive au bout du placard. Le mur est tout froid et humide, ça suinte comme dans une grotte. Simone, c’est quoi ce bordel ? Où suis-je ? J’entends comme une musique. C’est par là. Je vois de la lumière. Et même un escalier, là. Mon coco, je te tiens, tu vas voir ce que tu vas v… Ooooh !
    VLAN !
    — Salut ! T’es nouveau ?
    — Qui êtes-vous ?
    — Raoul, l’amant de Simone.
    — Salaud ! Je te tiens…
    — Du calme, l’ami, c’est moi, le véritable lover de Simone. Robert, enchanté ! Mais elle aimait bien m’appeler Bob, l’américain.
    — Bande de mythos, va ! C’est moi son amant, le seul qui ait vraiment compté. Paul, ou Paulo pour la petite.
    — Mais vous êtes combien là-dedans ?
    — Bien mille ! On a arrêté de compter l’année dernière.
    — Mille ? Comment est-ce possible ?
    — Trente ans de mariage, à un par semaine de moyenne, hors vacances, fais le compte !
    — Et toi, t’es qui ? T’as pas la tête de l’emploi pour être ici.
    — Non, moi je suis Edgar, son mari.
    — Non ! Le fameux Edgar ?
    — Edgar le cornard ?
    — Le dindon de la farce.
    — Ciel, son mari ! Mais qu’est-ce que tu fous ici ?
    — Je me suis douté, hier, qu’il y avait anguille sous roche, mais je ne m’attendais pas à tomber sur un banc au fond du placard.
    — Sacrée prise, hein ? Et qu’est-ce que tu comptes faire avec tes petits poings ?
    — Pourquoi me regardez-vous comme ça ? Vous n’allez tout de même pas… ?
    — Nous ? Non. On a trop besoin de toi. Sans toi, on n’existe pas. Alors on va gentiment t’aider à retrouver ton chemin, tu ressors, ni vu ni connu, en refermant bien gentiment la porte derrière toi et tu continues à faire comme si on n’existait pas. D’accord ?
    — Euh… oui, d’accord… Vous pouvez relâcher mon col de pyjama ? … Merci.
    VLAN !
    — Qu’est-ce que tu fais encore devant ce placard, mon chéri ?
    — Rien, rien…
    — Alors reviens te coucher. T’as encore fait le même cauchemar ?

  19. Patricia N. dit :

    La porte s’ouvre. Un rai de lumière.

    Ah ah, il parle tout seul. « Comment vais-je la retrouver dans ce désordre ? »

    Il ne risque pas de me trouver. Ce n’est pas la première fois. Je connais la chanson.

    Cela fait des décennies qu’il m’a rangée dans ce placard et vu ce qu’il a ajouté toutes ces années, je ne suis pas près de voir le jour. Et lui il peut chercher…

    Je l’entends qui s’aventure et qui commence à pester contre les toiles d’araignées : premiers obstacles ; il déteste les araignées.

    Il repart et revient avec un balai. Après avoir donné de grands coups dans tous les sens, il commence à farfouiller. Et là, il se met à éternuer et tousser. En plus il est allergique à la poussière. Trop drôle. Il ne pourra jamais rester là plus de 5 minutes. Il halète et je l’entends repartir. Il va sans doute prendre sa Ventoline.

    Il revient pour la troisième fois et recommence à explorer son chaos. Et j’entends évidemment un « merde » retentissant lorsqu’une cascade de paquets lui tombe dessus. Je ne vous dis pas la poussière que ça fait et il recommence à tousser comme un malade. Il donne des grands coups de pied dans le tas qui s’est retrouvé par terre. Il jure, il tousse, il vitupère. Moi, je rigole ; il n’a qu’à sans prendre à lui-même, hein ?

    Il se calme, recommence à fouiller.
    Tiède….Tiède…. Froid….Glacé… Tiède… Chaud…Chaud….Chaud…Tiède…Tiède…Froid…
    Ouf, c’était moins une.

    Ce petit manège dure une dizaine de minutes avant qu’il ne se remette à cracher ses poumons. Il commence à s’étouffer. Il regarde une dernière fois le placard. Regard circulaire et tendu.
    « Et puis merde ! »

    Et voilà, je suis tranquille encore pour un moment !

  20. Alain Granger dit :

     Durant mon enfance juive je m’étais plaint que mon armoire avait été déportée. Mes parents m’avaient rassuré dans un sourire en m’expliquant qu’ils avaient préféré sédentariser le rangement en adaptant un placard sur mesures à ma chambre mansardée. Puis, lors de mon adolescence, ils avaient abattu les portes à battants afin de pouvoir explorer d’un rapide coup d’œil le contenu de mes rayonnages. J’y renfermais tous mes secrets: mon journal intime dans lequel je m’épanchais sur mes petits malheurs, mes poèmes baudelairiens dans lesquels je speenais mes amours incompris. J’y cachais dans ma garde-robe la robe d’une cousine que j’avais dérobée et que je rêvais de porter. J’ y entassais dans un désordre pervers mon inventaire à la Prévert : un exemplaire du « Grand Meaulnes », des récits d’aventure, de vieux livres de classe, un DVD de « Ben-Hur » et celui d’autres péplums avec des hommes en jupettes, les poèmes de Rimbaud ou d’Hugo, mes dissertations les plus marquantes, des photos improbables de rencontres sans lendemains ou celles de ma mère en habit de satin, une sculpture de Mars peinte en rose, des habits de fêtes à paillettes, des pensées sauvages qui avaient fanées ou des coquelicots blanchis que j’avais collés sur des les manches d’un caraco ; des affiches abîmées, placards incendiaire de ma période politique qui auraient pu me valoir quelques années de placard ; des rubans colorés, ceux qu’arborait mon père sur sa poitrine militaire, réductions placardées de ses médailles et décorations gagnées sur le dos de populations colonisées. Je l’avais haï pour cela et il me l’avait fait payer à coups de ceinturons et de privations. Il m’avait traité de sale pédé alors qu’il ne savait rien de ma vie sexuelle. Ma mère l’avait quitté et je m’en étais réjoui jusqu’ à refuser de le revoir. Certains tenons en bois avaient cassé sous le poids des dossiers. Et dieu sait s’il y en en avait des dossiers dans ma jeune vie. Je n’avais pas encore 22 ans et je n’avais déjà plus toutes mes dents. Des hommes intolérants m’avaient dérouillé avec leurs bâtes de fer pour mes mœurs qui méritaient que je meurs à cause de leurs peurs. Mais il y avait plus grave dans les rayons désordonnés de mon placard. Il y avait des résultats médicaux, ceux que je n’avais pas encore osé avouer à ma mère. On m’avait diagnostiqué le Syndrome d’ImnunoDéficience Active, autrement dit le SIDA. J’avais attrapé le VIH lors d’un rapport non protégé avec un motard très cuir. Je m’étais dit mieux vaut motard que jamais. Et le jamais était arrivé accompagné de son lot de douleurs. J’avais planqué mes médicaments de trithérapie dans un coin mais je ne me rappelais plus lequel. Les effets secondaires du traitement sans doute. Je me levais difficilement de mon lit afin de partir à la recherche de cette pilule difficile à  avaler. Je tirais le rideau sur les improbables rayons puis, suite à un geste maladroit, un rayonnage me tomba sur la tête. Je tombais alors dans les pommes. Ce fut en me découvrant avec dans la main une boîte de Zidovudine que ma mère découvrit aussi le pot aux roses, un pot âgé d’un futur improbable. »

  21. Laurence Noyer dit :

    Exploration à haut risque d’un placard

    1 – Conditions requises
    Avoir une bonne condition physique et être à jour de ses vaccinations

    2 – Equipements
    Détecteurs de métaux
    Cartes topographiques
    Lampes torches
    Chaussure de sécurité, casques
    Tente igloo

    3 – Modalités
    Assurance tout risque
    Photo récente
    Décharge signée et datée
    Lettre de motivation

    4 – Déroulement
    Mise en place des installations de chantiers
    Organisation d’un plan de terrassement
    Décapage de la zone afin d’atteindre la couche de déblaiement

    5 – Classement
    Tri des vestiges en fonction de leur couleur, de leur texture
    Analyse et étude des objets découverts
    Examen éventuel des restes osseux

    6 – Conclusion
    Rapport détaillé des découvertes et photos
    Nettoyage de la zone
    Porte ouverte et diffusion des résultats sur blog E2L

  22. Souris verte dit :

    LA MIGRATION DES PÉRIMÉS

    Le placard aux réserves n’est pas sans risque ni surprise.
    A gauche les bouteilles à côté des nouilles. Puis sucre et farine . Le paquet à l’air suspect. J’ouvre un sac de cette poudre blanche qui grouille… Idem pour la semoule tous sont habités de petits vers blancs piqués de deux yeux noirs. Tiens! Je n’imaginais pas qu’ils me voyaient !
    Expédition vers une poubelle jeter.. jeter…
    Ils ont même bouffer une vieille boîte en fer de lait » Guigoz » … Si..Si … des trous dans le fond. Un souvenir de la vieille tante Madeleine qui n’a plus mal aux pieds depuis plus de trente ans …
    Les sachets de soupe sont périmés … Direction le sac aux rebus… Au final restent les bouteilles car le sucre a durci aussi. Ça tombe mal…
    Tout a pris une telle claque dans le nez que je comptais sur mes réserves pour passer l’hiver !
    J’avais fait la fourmi en engrangeant, je ferai la cigale et profiterai du bon temps au fur et à mesure qu’il se présentera.
    🐀 Souris verte

  23. Heliot isabelle dit :

    Comme aux premiers mâtins du monde, Irene se tient devant les deux battants, prête à en découdre. Longtemps l idee a germé, fait son chemin, matinée de petits renoncements découragés. Son Everest, son K2, son sommet des Dieux: le placard d Alfonse. Atteint du syndrome de Diogene, son mari préférerait la pendaison au tri de ses patientes accumulations. Sa dernière idée : la confection d une cordelette, comme fragile martingale, qui relie les deux boutons poussoir de la penderie obèse, gonflée à bloc, prête à se répandre sous la pression de son contenu. Cette astuce précaire de maintient agit comme un détonateur de la conscience d Irene: trop c est trop. Armée de gants mappa jusqu’aux coudes, le tablier sévèrement noué autour de la taille, elle coupe le dernier lien , décidée à affronter le chaos. Les deux portes s affranchissent dans une expiration ultime. L avalanche déferle aux pieds d Irene dans un fracas. Voilà, le plus dur est passé. Newton a parlé, la gravité a oeuvre, le désastre est accompli. Mais voilà qu une soupière Sarreguemines, dodue à souhait, benaise sur l étagère tout en haut, les anses fières, mains aux hanches, vacille, hésite au bord, oscille sous l onde de choc, avant de basculer pesamment vers le bas. La trajectoire est imparable, aussi limpide et impitoyable que le destin. Paf, le crâne d Irene, comme un melon trop mûr s ouvre sous l impact. Irene s ecroule au ralentis. Le sang se répand patiemment sur son visage sidéré. Elle est en vie puisqu elle sent les tranchantes porcelaines répandues autour d elle. Le monde tourne, vire au gris; dans un ultime éclair de conscience, Irene songe qu Alfonse cette fois, n aura pas le choix: il sera bien obligé de mettre de l ordre.

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