627e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Dites-nous comment s’y prendre pour rendre un chiffon heureux.
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627 – Dites-nous comment rendre un chiffon heureux.
La scène commença dans la maison de la téléréalité des 3 petits cochons, celle du fin fond du Ch’Nord de la France.
Souvenez-vous, les deux grassouillets imprévoyants s’étaient réfugiés chez leur grand frère qui avait investi dans la pierre. Celui-ci bienveillant compatit à leur désolation. Mais leur cohabitation fut quelque peu difficile au début. Enfin, avec une certaine bonne volonté, entre frères, n’est-ce-pas, ils évoquèrent spontanément le fait d’instituer un tour de ménage. Comme dans l’émission « Touche pas à mon Ménage. » Ils s’en étaient inspiré ou peut-être que c’était l’inverse. On en peut pas savoir. Ces prime-time dégénèrent tout le temps et personne n’en trouvera jamais la raison. Ils en avaient assez de ces copiages qui ressemblaient plus à des pillages ! Les tirebouchonnés étaient bien plus intelligents. Ils savent travailler, eux ! Celui de la maison en paille commença à critiquer :
– Oui ! Tu vois ! C’est pas de la pierre, c’est de la brique, en frottant son doigt sur le mur.
– En attendant, te voila bien sur la paille. Et quel est le rapport avec le ménage ?
– La brique, c’est bien connu, ça fait d’la poussière. Regarde !
– Quel mesquin ! Tu te plains tout le temps, au moins tu es à l’abri.
– En parlant de poussière, tu sais quoi ? Je parle de ta maison aussi.
– En effet, ce n’est plus que de la sciure. De bois de rose, s’il te plaît. Je te remercie de remuer le couteau dans l’épée.
– Dans la plaie, on dit dans la plaie.
– Hep, hep, hep ! Les chiffons font les maris honnêtes. Arrêtez de vous chipouiller comme des chiffonniers, sinon je vous chasse de ma maison, dit le grand frère en sautillant. Moi, j’ai tout misé sur les roses. En effet, le chiffon rose, c’est pour faire de vous des maris au net. Tu connais la chanson : « Hein ! Chiffons font, font les marionnettes. » Et tout le monde est content.
– Mêmes les féministes et même les chiffons !
– Toi, la prochaine fois, tu fais ta maison en briques. Ca t’apprendra à essuyer tes doigts sur les murs.
Dites-nous comment s’y prendre pour rendre un chiffon heureux.
C’est bizarre celui-là je le trouve toujours triste. Surtout en fin de journée lorsqu’il finit son travail. Et même à cette heure-là des fois on lui demande encore de travailler comme un âne.
Ah ça me fait vraiment de la peine de le voir dans cet état. Tout triste, jamais un sourire sur les lèvres, ce chiffon encore jeune et propre sur lui.
Car le bougre il y va souvent dans la salle de bains des patrons pour se refaire une beauté.
Ah j’ai une idée. Oui c’est ça et si je l’amenai à la piscine avec moi qui y va plusieurs fois par semaine.
Ou à la mer, ouais ça serait mieux la mer. Certainement il n’y a jamais été.
Le soleil, la mer, le fait de nager, certainement ça va le rendre heureux, joyeux.
Et voilà comment s’y est pris petit poisson rouge dans son bocal sphérique, pour rendre son ami chiffon heureux.
En l’amenant à la mer tout simplement et en nageant avec lui la nuit et le jour, au milieu des autres poissons.
Dans l’océan chiffon se métamorphosa. Petit poisson rouge également changea de look et devint un peu plus gros.
Nageant, nageant chiffon laissa à jamais sa tristesse derrière lui et devint hyper heureux. Petit poisson rouge avait vu juste.
Chiffon dans l’immensité bleue ressembla de plus en plus à une raie. Lorsqu’il rencontrait de vraies raies ils se saluaient réciproquement et cela remplissait d’une grande joie l’ancien chiffon.
Il menait aujourd’hui une autre vie loin des tracas du château où ses tyrans de patrons le faisaient jadis énormément bosser.
Il ne voulait plus quitter petit poisson rouge.
Avec la mer, c’était l’autre source de sa joie.
Souvent dans l’eau il se mettait à siffler, chanter et danser et cela rendait également les autres poissons heureux.
Grâce à cette joie, comme par magie, paraît-il que beaucoup échappèrent aux filets des monstrueux bateaux de pêche sillonnant les mers.
Ah, ah, l’ancien chiffon plein de poussières qui était devenu le protecteur des poissons de nos « belles mers ».
Dites-nous comment s’y prendre pour rendre un chiffon heureux.
Tel était le thème de notre rédaction. Ma première réaction fut de me demander si la prof n’était pas tombée sur la tête ? Apparemment non !
Par contre, je lui trouvais une petite mine chiffonnée. La seconde fut d’aller sur internet et après avoir tapé « citations avec chiffon » je découvris quelques textes sympas.
Je notai ceux-ci :
Dans toutes ces tragédies de petite envergure, le temps agit comme un chiffon mouillé sur une aquarelle. Les traits s’émoussent, la douleur s’évanouit, les couleurs se mélangent et les lignes jadis distinctes na forment plus qu’une masse grise.
Un peintre, c’est quelqu’un qui essuie la vitre entre le monde et nous avec de la lumière, avec un chiffon de lumière imbibé de silence
(John Steinbeck)
Mais hélas je ne pouvais répondre à cette question « comment s’y prendre pour rendre un chiffon heureux »
Je rendis ma copie, la maîtresse avait meilleure mine, n’était-ce pas ça le plus important. Je me sentis joyeux…..
Demain, je pars… !
Il vaut mieux entendre cela que d’être sourd, mais quand même ! Tenir ce propos d’un ton si péremptoire, avec une telle violence dans le phrasé. Une quasi agressivité dont mes oreilles vibrent encore !
C’est tout simplement le petit chiffon qui s’est mis en colère et a fait exploser, c’est le moins que je puisse dire, toute son amertume. Cela dit, en dehors du niveau sonore, j’apprécie son propos. Insatisfait de son sort, plutôt que rester sur place, de maugréer, ronchonner, râler et que sais-je encore ; en voilà un qui décide de prendre en main sa destinée. Fit des grincheux plaintifs ; le petit chiffon à pris sa décision, il va de l’avant : « Demain je part ! »
A vrai dire, outre d’avoir raison de vouloir faire son chemin, sa situation n’était pas vraiment enviable. Certes, il n’appartient pas à une haute lignée de chiffons, mais quand même il a de la tenue, fait son ouvrage consciencieusement, ne ronchonne pas à la tâche. Tous les râleurs et bonimenteurs ne peuvent en prétendre autant. Bref, le petit chiffon mange de la poussière et encore de la poussière, tous les jours de sa vie, sur les rebords des fenêtres, à l’angle des plaintes ou des moulures ; c’est lassant ! De temps en temps il s’occupe de quelques meubles ? C’est beaucoup plus agréable, en dehors de leurs disputes incessantes :
« Moi je suis un meuble de style mon petit monsieur »
« Mais vous êtes dépassé, d’une autre époque. D’ailleurs les calendriers existaient-ils à votre fabrication ? »
« Vous n’êtes qu’un mufle ! Quand on parle de moi on écrit Meuble avec une majuscule ; qu’en dites-vous le ‘’minuscule’’ »
« J’en dit monsieur que l’élégance de la modernité n’a pas besoin d’artifice ou d’artefact pour être et servir » … et patati, et patata.
Le seul que le petit chiffon apprécie, c’est le petit meuble à musique. Pas seulement parce-qu’il est petit comme lui, Non ! Son habitude de recevoir et protéger les partitions de musique lui a inculqué quelques manières, notamment de vivre en harmonie avec ceux qui ne sont pas comme lui. Qui plus est il à des formes plus rondes, plus délicates qui sont très agréables quand le chiffon en dépoussière les différentes courbures.
Cette connivence est agréable, mais le petit chiffon peut attendre mieux de son quotidien. Conscient que ce départ ne sera pas simple et ne passera pas inaperçu il a préparé son coup. Avec la complicité du chiffon–serpillière, trop âgée pour tenter une pareille aventure, ils ont élaboré une stratégie opportuniste. Au moment venu, hop… ! Ni vu, ni connu le petit chiffon est sorti de son placard, profitant d’un moment d’inattention ; le voilà parti à la rencontre du monde.
Au fil des jours il en a vu du chemin et des chiffons de toutes natures. Certaines rencontres ont marqué son esprit durablement. Par exemple, celle avec le chiffon du boulanger. Certes cela sent bon la baguette cuite juste à point, mais alors la farine ! Au point de lui coller de l’asthme. Celle aussi avec le chiffon du garagiste. Un environnement un peu bruyant, avec de temps en temps des coups de marteau cinglants comme un éclair dans le ciel. Le pire c’est la vidange des boites de vitesse ; c’est gras ! C’est gras ! C’est gras ! La rencontre avec le chiffon de l’artiste peintre, qui en voit de toutes les couleurs, avec une certaine élégance. Et bien d’autres rencontres encore.
Aujourd’hui, tout comme les compagnons du devoir, il a fini son tour de France. Il s’est arrêté dans l’échoppe d’un artisan ébéniste. Il s’enivre de la senteur des différentes essences de bois, parfois cela sent aussi l’encaustique ou la cire d’abeille. L’odeur de la colle à bois ce n’est pas toujours tip-top, quoi que ? Sans pouvoir participer à la conversation il adore les clients.es qui parlent de leurs meubles à restaurer comme si ils parlaient d’une personne de leur famille.
En jouant d’astuces il à réussi à faire venir le meuble à partition dans l’atelier. Aujourd’hui c’est lui qui archive les catalogues de bois précieux. Même le chiffon-serpillière est là, il ne fait pas grand chose dans son coin, mais il s’y trouve très bien.
De temps en temps le petit chiffon travaille à la finition d’un meuble. Il adore sentir la main de l’ébéniste le saisir. Une main à la fois caleuse et douce ; puissante et tendre. Contribuer à la finition du meuble, ou tout simplement essuyer la sciure sur celui-ci juste avant la livraison : quel sentiment de complicité et d’utilité.
Alors c’est décidé, « demain : JE RESTE »
Dans la ville où j’habite, il y a une boutique qui s’appelle « Chiffons ». C’est un havre de vêtements pour femmes, évidemment ! C’est cher mais c’est beau.
Dans des temps un peu anciens, il y avait des meubles qu’on appelait joliment chiffonniers. Et ces chiffonniers pouvaient être en bois de citronnier. Pensez donc : un chiffonnier en citronnier ! Le must, comme on dirait maintenant… Puis, ils se sont transformés en semainiers, et aujourd’hui, ce sont des ikéas. Rien à voir ! Passons…
Les chiffons dont il s’agit sont des chiffons de femmes, donc des petites choses intimes, glissées dans des tiroirs parfumés et sorties avec délicatesse ou empressement, c’est selon l’humeur de la belle. Aujourd’hui, son ikéa n’a plus le charme du citronnier devenu hors de prix. C’était cher, mais c’était beau.
Les meubles, en citronniers ou autres bois, c’est bien connu, ça prend la poussière Pour l’enlever, rien de tel qu’un chiffon, un doux chiffon moelleux, tenu le plus souvent par une main féminine.
Au fait, chers chiffons, avez-vous remarqué que c’est plutôt une histoire entre vous et elles ? Peu d’hommes, en effet, manient ces bouts de tissus indispensables, sauf peut-être les microfibres qui ont pris la relève. Oui, mes chéris, à présents, vous êtes complètement recyclés, très compétents, à toute épreuve, quasiment inusables. De plus, vous n’êtes pas chers et pas vilains du tout !
Ne pleurez pas mes vieux amis ! Vous êtes toujours là, mais comme tout bons travailleurs, vous avez droit à une retraite, bien méritée comme on dit. Je vous garde bien au chaud, bien pliés, dans une boîte qui vous est dédiée. Je vous dois bien cela, fidèles compagnons !
La jeune génération est présente aux rendez-vous quotidiens du ménage et de la propreté. Ils ne sont pas mal ces jeunes, pleins de bonne volonté, ils se faufilent dans tous les coins, on peut les tordre à l’extrême, ils sèchent en un tour de main !…
Non ! ne soyez pas jaloux, vous les vétérans du ménage, les hussards du polissage, les vainqueurs de la saleté, les gardiens des chiffonniers en citronnier. Songez plutôt que maintenant, pour les ikéas, une simple microfibres suffit, mais sans affect, sans sensualité. Ah !
Rendre un chiffon heureux
N’est-ce pas un peu présomptueux ?
Déjà, on ne mélange pas les serviettes avec les torchons
Alors ne parlons pas des chiffons !
C’est la lie du peuple, les esclaves de la maisonnée
Juste bons à frotter, essuyer, curer
Les objets les plus vils, les plus sales, les plus graisseux
Et vous voudriez que ça les rende heureux !
A mon avis, laissez tomber
Vous n’allez pas y arriver !
Ainsi parlait une mamie à ses petits-enfants
Qui chez elle étaient venus chiffonner gentiment.
Un peu vexés par ses propos
Ils sélectionnèrent les chiffons les plus beaux
Les accrochèrent sur un arbre jusque tout en haut…
Quand le vent soufflait
Les chiffons s’agitaient
Et ils avaient l’air, ma foi, fort joyeux
La mamie attendrie plébiscita le jeu
Ici la maison des chiffons heureux
Ecrivit-elle sur un panneau
Un photographe qui passait par là fit une vidéo
Qui passa à la télévision.
On trouva cela fort beau
Et partout, on vit claquer au vent des myriades de chiffons.
Quant aux fâcheux qui déclarèrent
Que le bonheur des chiffons n’était pas prioritaire
On les fit taire !
Puis on obligea les torchons à remplacer les chiffons
Puisqu’il fallait bien continuer à frotter, nettoyer, curer..
Et pour eux, ce ne fut vraiment pas la panacée !
Pour rendre un chiffon heureux il n’y a pas mille façons, il n’y a qu’une recette avec quelques préparations qui prennent un certain temps :
Choisir tout d’abord un joli carré de soie aux couleurs qui flattent le teint nacré d’une jolie jeune femme
Choisir d’entre les belles une jeunette hardie qui aime bien faire remarquer ses avantageux atours
Prévenir qu’une tenue grand soir est de mise
Lui offrir un parfum envoutant
La belle habillée, froisser le chiffon en de jolis pétales de fleurs
Vaporiser le parfum sur la chiffonnade
Glisser le chiffon ainsi façonné dans l’échancrure du décolleté
Voir le bonheur s’échapper de chaque pli du chiffon
Sylbleu
Moi, mon rêve est de tomber entre les douces mains d’une collectionneuse. Elles savent chouchouter leurs trésors les collectionneuses ! La mienne aurait une grande pièce lumineuse avec de belles étagères ouvertes où je serais délicatement déposé avec d’autres chiffons.
Toutes les matières se côtoieraient : tissus rugueux, lisses, soyeux, mats, brillants, satinés, lourds ou légers…Les couleurs chaudes ou froides, vives, intenses, douces se marieraient entre elles. Les motifs les plus variés se mélangeraient gaiement : fleurs, pied de poule, jouy, wax, écossais, cachemire, ethnique… la liste est longue.
Là je me sentirais au chaud, rassuré, aimé.
Elle, tous les matins, serait pressée de nous retrouver. Ses yeux brilleraient dès qu’elle franchirait la porte, ses narines frémiraient et un sourire illuminerait son visage. Elle nous regarderait, nous sentirait, nous caresserait.
Puis elle rejoindrait son bureau. Et chaque jour le sourire aux lèvres elle esquisserait un dessin suggéré par ses chiffons chéris, toujours un vêtement : lourd manteau, robe sage, moulante, virevoltante, chemise stricte ou vaporeuse, itsi piti petit bikini….son imagination serait inépuisable. Puis elle poserait les motifs, les couleurs que nous lui inspirons.
Et chaque jour elle épinglerait son croquis sur un grand mur blanc.
C’est ça le bonheur, être admiré, choyé, caressé, rêvé, dessiné. Je frémis d’horreur à l’idée d’être froissé, coupé, piqué, noyé, chauffé, brûlé..
D’ailleurs je profite de l’occasion pour lancer un appel. Je cherche une artiste styliste, collectionneuse de chiffons pour belle rencontre et plus si affinité
🐀 CHIFFONNETTE ET PLUMEAU
Propre, la frange coupée nette, bien pointue, ce chiffon de poussière savait s’immiscer dans les rainures et les interstices. Affectionnait particulièrement les meubles d’époque aux volutes tortueuses. Les Henri II dont les visages en coins représentaient souvent les propriétaires affichant des sourires qui en disaient long sur la connivence.
Ça c’est gâté à l’ajout du Plumeau sans la panoplie ménage. Ce blanc bec emmanché d’un long cou de targuait d’aller voir au dessus des corniches si quelques grains de poussière n’y auraient pas copulé.
La complicité dans la rigolade fut le nettoyage a fond des moulures aux plafond. Les angelots dubitatifs avaient besoin d’un coup de brosse a reluire tant ils soupiraient de poussière . On coiffa Plumeau de Chiffonnette ce fut le début d’une franche rigolade.
🐀 Souris verte
A l’époque du tout aseptisé et du prêt-à-jeter, le chiffon non plus n’échappe pas à l’implacable logique de l’obsolescence programmée. A peine a-t-il avalé une première bouffée d’air, hors de son emballage plastique étriqué, qu’il se sait condamné, quelque 50 nettoyages plus tard, à une fin en lambeaux.
Accompagné d’une nuée de congénères décatis, au fond d’un sac, il s’envole pour un pays du Sud, suffisamment lointain pour qu’on s’en lave les mains. Entassé avec d’autres dans un trou béant, il fermente, envahi d’une douteuse écume, rejetant des volutes toxiques dans un sol ainsi miné de graines infertiles.
Pourtant, rendre la vie d’un chiffon plus jolie n’est pas bien compliqué. Le tremper, de temps en temps, dans un bain doux, moussant et parfumé. Le défroisser soigneusement, à la caresse chaude d’un fer à repasser. Le parer d’un ourlet cousu main pour lui conférer tenue et solidité. L’enivrer de savoureux nectars naturels pour le booster. Et le laisser avidement gloutonner : poussière, matière grasse, miettes…. Enfin, ne jamais le priver de ce qui, de satisfaction, va le gonfler : rendre service à des mains nues et mouillées venues s’essuyer. Se pâmer à la douceur d’une peau de bébé. Se frotter aux aspérités d’un cuir ridé, plus éprouvé. Glisser sur des ongles vernis et limés. Jouer à saute-mouton sur le dos d’une main bosselée. En suivre les veines, comme pour remonter les affluents d’un lac niché dans une caverne.
Puis, dans un mouvement vif, retrouver sa place, enroulé à un anneau. Bravement, attendre la prochaine occasion de se montrer indispensable, dans toute sa dignité !
Dans son placard un chiffon boudait, rangé dans le noir à proximité de balais suspendus tête en l’air ,de serpillères mal rincées et de seaux encore humides, tel une quelconque loque.
On le sortait de temps en temps pour faire briller de beaux meubles en bois massif. Il glissait voluptueusement sur l’acajou, le chêne centenaire qui lui renvoyaient son image.
Là, il se sentait fier et utile mais son bonheur était de courte durée, dès qu’il était à nouveau remisé dans ce coin malodorant le chagrin le rattrapait.
C’était un chiffon de flanelle, une chemise ayant vêtu le corps d’un bel homme bien bâti. Des mains féminines avaient fébrilement ôté le vêtement, il avait été recouvert de gilets élégants. Il était doux, de bonne qualité, ce qui le rendait orgueilleux.
Malheureux de son sort, il ne savait comment y remédier.
Puis un jour, alors qu’il avait droit à son moment favori, une voix masculine s’éleva:
Mais Toinon, n’est ce pas la chemise que je cherche depuis assez longtemps ? Voilà ce que vous en avez fait, un simple chiffon à poussière ! Donnez moi ça malheureuse.
Oui monsieur Casanova
Il fut lavé, mis à sécher, plié et rangé fort soigneusement dans un nécessaire pour entretenir les chaussures. Tout était propre, fleurant bon le cirage, il avait pour voisines de jolies brosses en poil de sanglier. Maintenant il sortait tous les jours pour étaler avec précaution une crème onctueuse sur les cuirs qu’il nourrissait généreusement.Il allait et venait du rythme d’un sifflotement joyeux de l’homme à la chemise.
Ensuite le chiffon restait dehors, pouvant ainsi assister au balai gracieux des brosses à reluire.
Le grain des peaux brillait, se satinait, le sifflotement se faisait tendre, les brosses lui souriaient.
Le chiffon était heureux.
D’abord, votre chiffon, ne le découpez pas dans n’importe quoi. Choisissez un tissu luxueux n’ayant plus d’utilité, une robe de mariée, une soutane de cardinal, un mouchoir de marquise…etc…
Vous partez du trou laissé sans limites des lits mités, amour, mariage, religion, royauté ou toute autre billevesée. Vous vous taillez juste un carré de 25cm sur 25 cm. Plus petit, sa zone d’influence serait trop limitée. Plus grand, il ne tiendrait pas dans votre poche.
Car le but consiste bien de posséder un chiffon toujours disponible, à portée de main. Et de proposer à ce chiffon l’exploration de vos divers mondes écornés, dont il paraît judicieux de se séparer, parvenu à l’âge certain, celui où les prolongations n’ont plus qu’un pli.
Le mythe, mâle de la mite fait des trous dans votre tissu social, le plus souvent un triste torchon. Il vous fabulise des représentations imaginaires. Il idéalise sous des formes souvent embellies des vérités incongrues, des simplifications erronées de paradis louches.
Ainsi, votre chiffon vous aidera à faire le tri. Vous ferez un tour dans le grenier de votre enfance. Vous ne secouerez pas trop certaines images d’Epinard, celles vous laissant seul à une table, face à l’image d’un bœuf haché sans sa vie et dur à mâcher dans la vôtre. Vous la saisirez du coin du chiffon, pour la balancer dehors, dans l’espace, en évitant les vents mauvais, ceux vous retournant les vers douloureux de votre intime poésie.
Les thèmes seront vastes et le chiffon devra se montrer à la fois, doux et résistant.
On y dépoussiérera l ‘amour, cette fourberie d’escarpin, l’amitié, ce bidon troué, la famille, ce scorpion suicidaire….
Vous pourrez y trépasser toutes les mesquineries de l’existence. Ce petit jeu innocent vous lessivera les illusions, vous allégera l’impasse.
Votre petit chiffon, sorti de l’anonymat vous en sera éternellement reconnaissant. Il vous sera fidèle car vous prendrez soin de lui, comme il prendra soin de vous.
Une loi nous autorisera bientôt à se faire enterrer avec son chiffon. Ce ne sera que justice.
Et quand vous serez redevenu poussière, il pourra se permettre un dernier trépassage.
Belle mise en abîme poétique 👍
Merci Laurence!
Pour rendre un chiffon heureux, il suffit de le laisser glisser sur le bois blond des meubles de la maison. Laisser le aller et venir à sa guise, il emportera poussière et autres traces indélicates. Il faudra juste l’imbiber de la solution faite d’eau et de savon, celle qui lui donne un parfum incomparable qu’il est fier d’arborer et de laisser dans son sillage quand il a bien travaillé.
Puis secouer le à l’air libre, il adore ça ! S’agiter à sa guise en laissant tomber ce qu’il a amassé.
Rentrez-le enfin et laissez le sécher à l’abri des regards. Sa mine épuisée n’est pas à partagé même s’il est fier du travail bien fait !
Une fois sec, débarrassé de son humidité, déposez-le dans la machine. Il adore tourner dans le tambour ! Il s’en donne à cœur joie ! De pouvoir s’amuser, s’ambiancer avec ses camarades au cœur de la nuit quand la maison est endormi le réjouit !
Puis une fois sorti, étendez-le au soleil sur le fil près de ses camarades. Ils referont le monde posés là avant d’aller l’épousseter. Car oui, ses plaisirs sont simples et très ritualisés. Pour le moment il n’aspire qu’à se reposer, bien plié sur la pile ; il aime être tout en haut mais aussi parfois tout en dessous. Il profite du dos moelleux de ses voisins et attend tout tranquille qu’on l’extirpe de sa place.
Il a remarqué qu’il fait souvent la salle de bain. Il tenterait bien la cuisine la prochaine fois. Noël approche et les saveurs divines le tentent. Il rêve d’absorber les miettes sucrées des cookies au chocolat et des autres délicieux mets et plats.
Un chiffon « éternueur »
Me racontait ses malheurs
Le terme n’existe pas
Mais voilà
Il se définit ainsi depuis des décennies
Il n’en peut plus des moutons
Qui envahissent le salon
Il les entend bêler
Dès potron-minet
Ça lui donne la migraine
Et nourrit sa haine
Que faire pour exterminer ces troupeaux
Et éradiquer ce fléau ?
Mon ami chiffon
Est sous pression
Il grogne
Se renfrogne
Reste replié dans un coin
Du soir au matin
Eurêka !
Moi, petite pelle
J’ai écrit au Père Noël
Pour qu’il trouve une solution
Et le 25 décembre au matin
Au pied du sapin
A fait son apparition
Un engin glouton
Qui, tout tuyau dehors,
Et en un temps record
A avalé tous les moutons !!!
Cerise sur le gâteau
Il restait deux places sur le traîneau
Alors, petit chiffon et moi
Par une magnifique nuit
On a mis le cap sur la Laponie
Elle est pas belle la vie ?
« Dites-nous comment s’y prendre pour rendre un chiffon heureux. »
Mais quel drôle de sujet d’écriture ! Franchement, on se demande parfois ce qui passe dans la tête de Pascal. C’est vrai, quoi, rendre un chiffon heureux, et pourquoi pas un balai ou une serpillère ?
Et puis heureux, franchement Pascal, qu’est-ce que cela veut dire ?
Bonne question, hein ?
C’est quoi ? Éprouver du bonheur ?
Mais le bonheur, qu’est-ce que c’est ?
D’où cela vient-il ? Est-on heureux parce que l’on a fait quelque chose, parce que l’on a accompli une tâche importante, parce que l’on a réussi ?
Est-on heureux parce que l’on a éprouvé du plaisir, à donner, à recevoir, à regarder, à entendre ?
Est-on heureux par volupté, par passion, par excitation ?
Est-on heureux parce que l’on a bien mangé, bien bu, bien aimé ?
Doit-on être transporté de joie pour être heureux ?
Est-on heureux par anticipation ?
Est-ce le fait d’être extatique, béat, exultant, aux anges qui fait que l’on est heureux ?
Arrêtons avec cette recherche du bonheur à tout prix. On est heureux lorsque l’on ne cherche rien, lorsque l’on est en paix, lorsque l’on est qui on est, naturellement.
On ne rend pas quelqu’un heureux, c’est lui qui choisit de l’être…ou pas.
Fichons donc la paix au chiffon !
Chiffon est triste.
Il n’a plus le cœur à l’ouvrage, je le vois bien !
Il se traîne sur le bahut sans conviction et les poussières s’amusent à l’éviter dès qu’il les effleure. C’est du jamais vu !
Chiffon n’a plus la niaque et c’est un vrai bazar chez moi.
Mais que faire, que faire ?
J’ai bien pensé à le remplacer… Mais ça me fait de la peine.
Et puis, depuis le temps qu’il dépoussière l’appartement, il a l’habitude de tous les objets précieux et sa délicatesse est irremplaçable.
Cependant, à présent je ne suis plus tranquille et je suis à l’affût.
Donc ce n’est pas une vie, ni pour lui ni pour moi.
Mais que faire, que faire ?
Comment rendre Chiffon heureux afin qu’il retrouve sa vigueur, le goût du travail bien fait et la joie de vivre ?
Hier, pendant qu’il se traînait lamentablement sur la table basse, j’ai eu l’idée de le stimuler avec de la musique brésilienne.
Mais ça a été pire… Il s’est recroquevillé sur lui-même et j’ai rattrapé mes lunettes de justesse.
– Faut agir sans tarder ! (ai-je pensé).
Je l’ai photographié dans ce piteux état et Je suis allée consulter une voyante.
Elle s’est bien concentrée sur la photo, puis s’est exclamée :
– « Mais voyons, ce chiffon souffre de solitude Madame… Il se meurt… Il se meurt vous dis-je »
– Que faire alors? Mais que faire pour le rendre heureux ?
– Ben de la compagnie tout simplement. Il lui faut de la compagnie c’est certain, et vous m’en direz des nouvelles ! Allez… Faites vite !
Dubitative, je suis partie chez Leroy-Merlin, et j’ai acheté une chiffonnette microfibre.
Je l’ai délicatement posée à côté de Chiffon tout renfrogné dans son coin.
Et alors, le miracle s’est accompli.
Chiffon a tressailli – Chiffonnette a réagi – et c’est reparti comme à l’an quarante
Depuis, mon appartement est nickel et je médite longuement sur les pouvoirs multiples des chiffonnettes microfibre.
J’aime qu’on se frotte contre moi. Ca m’excite. Quand c’est dur et poussiéreux, ça me rend toute chose. Dans le salon, je me jette sur la tige métallique du lampadaire. Je m’enroule tout autour et je frotte, je frotte. J’astique les pieds de la table en bois, je caresse les bibelots, j’embrasse le marbre de la cheminée. Longtemps, j’ai vécu chez une souillon. Un cauchemar. Je me morfondais au fond d’un placard entre un pot de cirage encore scellé et un plumeau à jamais flambant neuf. Et puis, elle m’a donné à la kermesse, pour les nécessiteux, dans un sac en plastique rempli de vieux vêtements. Une femme de ménage m’a trouvé sur un stand, m’a caressée d’une main experte et savouré ma résistance et ma douceur. Depuis, je revis. Elle me garde dans la poche de sa blouse de travail et me sort à la moindre poussière. C’est une maniaque du ménage, un vrai bonheur. Vous voulez rendre un chiffon heureux ? Soyez sympa, faites le ménage !
Une pièce de tissu coloré était installée sur l’étal d’un marché aux Puces. Coincée entre des guenilles tachées, des haillons, des hardes, des lambeaux poisseux, des loques de morceaux de vieux linge froissé et malodorant, elle étouffait et n’espérait plus servir à la confection de quelque beau linge.
Pourtant, elle avait gardé en mémoire, la réflexion d’un couturier qui, la voyant sur le chariot de stockage des rouleaux de tissu d’un grossiste de luxe, s’était arrêté et avait doucement touché sa fibre, disant combien ce chiffon de soie était attirant.
Maintenant, elle était effectivement avec les chiffons mais, aucun de sa famille.
Elle voyait les jours défiler et se lamentait de ne pouvoir faire quoi que ce soit pour s’en sortir. Les chalands passaient, furetaient, soulevant les guenilles comme s’ils remuaient la laitue dans un grand saladier.
Elle tentait de rester dans un coin du bac de présentation et de garder l’une de ses extrémités à la lumière du jour et à l’air pur. Plusieurs fois, des doigts l’agrippèrent pour la faire sortir du lot et voir à quoi elle ressemblait. Malheureusement, ce fut pour être replonger aussitôt dans les profondeurs obscures et puantes de l’étal.
Comment se faire reconnaître dans ce magma défraichi et misérable ?
Un soir, après une difficile journée de week-end, elle fut de nouveau soulevée et observée à la lumière de cette fin d’après-midi. Les mains qui la tenaient l’éloignaient, la rapprochaient, la mettaient dans l’ombre puis en pleine lumière, tiraient sur le fil droit, la trame et le biais pour apprécier sa résistance. Le chiffon se laissait faire avec bonne volonté, tentant même de scintiller un peu à la lumière. De toute évidence, l’amateur ne regardait qu’elle, ne se souciait que d’elle. Il continua de vérifier les dimensions du coupon et reposa sa trouvaille. Le chiffon attendit, espérant que ce soit une stratégie de l’acheteur potentiel vis à vis du vendeur. Effectivement, après avoir marchander le prix du chiffon, l’acheteur l’embarqua dans son cabas.
Le lendemain, le chiffon de soie fut lavé, séché et repassé. Il avait tout autre allure et son acquéreur le posa sur un mannequin de couture en métal. Il s’installa à distance dans un bridge du salon et observa le chiffon.
Plusieurs jours de suite, l’amateur modifia le tombé du chiffon, mit quelques épingles pour simuler des fronces, tantôt sur l’épaule, tantôt à la taille. Il restait seul à admirer la pièce de chiffon de soie. Cette mousseline, extrêmement fine, légère, douce, vaporeuse, transparente, au tomber souple, aux lignes fluides semblait le combler.
C’est ainsi qu’il sut rendre le chiffon heureux. Le délicat propriétaire ne le transforma pas en quelque robe sophistiquée, il se contenta de le laisser sur le mannequin au milieu du salon, satisfait de l’apport qu’il produisait sur son décor. Le chiffon de soie passa de nombreuses années en sa compagnie.
Le bonheur se voyait à la manière dont il rayonnait de toutes ses fibres soyeuses.
Il était né chiffon, tout froissé par un séjour un peu court dans un liquide amniotique. Il avait fallut de nombreux sourires pour le dérider, faire que ce bébé grognon daigne enfin sourire, c’est-à-dire reproduire cette grimace de l’adulte qui adoucissait le visage. Mais la plupart du temps il restait ronchon. Il y avait toujours quelque chose pour le chiffonner. On le faisait trop attendre pour lui donner le sein ou pour qu’il prenne son bain. Parfois le sein était trop pauvre et le bain trop chaud. De grognon l’enfant devint susceptible. Il se vexait à la moindre remarque, croyant qu’on lui préférait ses sœurs. Il comparait ses cadeaux à Noel et ne se satisfaisait de rien. Il craignait de n’être qu’un enfant au rebut car coupable de naitre le dernier. Il aurait voulu s’appeler Désiré mais il reçut le sobriquet de chiffon. A l’école il préférait causer chiffon plutôt que de courir après un ballon. Il préférait la gaze ou la soie au tissu denim ou autres rugosité. Il ne poursuivit pas ses études car il ne parvenait pas à les rattraper. Alors il se contenta d’un apprentissage dans le nettoyage. L’apprenti sage devint un jour agent de propreté. A ses sœurs diplômées qui se moquaient de lui il disait avec arrogance : « Je pense donc j’essuie ». Il trouva rapidement du travail car il ne rechignait pas à la tâche. Avec lui les taches s’effaçaient facilement sous son chiffon mouillé.
Sentimentalement, le garçon maussade et à la larme facile se tenait en alarme dès qu’un beau garçon s’approchait de lui. Il les préférait aux filles. Il s’en était rendu compte des les premières caresses sous les draps du dortoir se sa pension. Ce fut un jour un grand blond au nez droit qui le mit en émoi. Mais l’autre fit bientôt le mur avec un compagnon de chambrée plus âgé. Son « emmenez-moi avec vous ! » ne rencontra que le silence de la fenêtre ouverte. Il pleura tout son saoul dans les commodités. Ce fut un Chiffon tout mouillé que consola le maitre d’internat. Après avoir absorbé ses larmes avec un mouchoir en coton le surveillant le prit dans ses bras avec tendresse. Chiffon se sentit protéger comme il ne l’avait jamais été dans ceux de sa mère. De douces paroles en caresses dans les cheveux, Chiffon avança le visage pour lui voler un baiser. L’autre ne s’en offusquât pas, bien au contraire. Ils se parlèrent souvent le soir assis près des lavabos. L’adulte attendit le début de l’été pour l’emmener en vacances, des vacances romaines et sentimentales. Ce fut le premier grand amour de Chiffon, un amour simple et naturel qui allait de soi. Chiffon était heureux pour la première fois. Même s’il était encore mineur cet amour fut tout à fait majeur pour sa vie future. Ce méfait devant la loi fut pour lui de bon aloi. Fini le Chiffon qui se froissait pour un mot de passage ou de repassage. Il se sentait adulte, libre dans sa tête et indifférent au regard des autres. Il n’était plus dans la comparaison ni dans la peur du jugement. Il se sentait vivre et prêt à en apprécier tous les petits bonheurs, tous ceux qui se présenteraient à lui.
Rendre heureux ce chiffon-là ne serait pas bien compliqué, un peu plus de ténacité suffirait à ceux qui sont contre, un peu plus d’humanité suffirait à ceux qui sont pour.
Tout rouge ce chiffon rouge, usé pour avoir été et être encore tellement agité.
Il pourrait être utilisé pour tant de meilleurs usages ce chiffon, à commencer par le dépoussiérage des traditions obsolètes et cruelles.
Rouge sang.
Sang d’un animal encerclé, condamné d’avance, il encourrait pire que le sort qui l’attend s’il lui prenait fantaisie d’essayer de se défendre.
Il faut que le peuple s’amuse. Un ballon rond ou ovale ne suffit pas, une balle jaune non plus. Non, il faut de la détresse, de la couleur, l’odeur du sang, se réjouir de la bête acculée, dégoulinante sous les piques profondes qui harponnent sa peau.
Il faut des cris aussi, encourager olé olé celui qui assassine pour donner du plaisir. Quel spectacle ! Glorieux, vraiment ?
Elles sont où la raison, la pitié, …… On les recherche en vain. Il est à craindre qu’on ne les trouve jamais.
Certainement pas dans l’arène. Néron est mort depuis longtemps, on croyait avoir depuis adouci les jeux du cirque. On ne tue plus les hommes en public, pourquoi faire ? Les voyous s’en chargent. Les bêtes sont là qui ne peuvent ni se plaindre ni porter plainte. Alors allons-y gaiement, c’est un fascinant spectacle, la cruauté : voilà qui est jouissif. La mise à mort c’est le septième ciel. Profitez-en avant que le huitième ne vous tombe sur la tête, il semblerait qu’il soit entrain de s’y préparer.
Et le chiffon rouge dans tout ça : Il n’en veut plus, il n’en peut plus, il voudrait que chaque fois soit la dernière, s’il pouvait il en mourrait de honte. Lui non plus n’a rien demandé. Si vous n’avez pas d’honneur, au moins rendez-lui le sien. Il pourra enfin être heureux.
Il était troué de partout et avait perdu de sa superbe. Il avait bossé durant toute sa vie de torchon à essuyer des mains, à subir des coups de fer brûlant afin d’être défroissé. Pourtant, un jour, il se retrouva dans un sac en compagnie de divers textiles usagés. Tous se lamentaient de leur sort après maints et maints loyaux services qu’ils avaient rendus au cours de leur existence. Telle cette taie d’oreiller qui avait suivi bien des rêves, comme ce polo encore taché malgré vains et vains savonnages, ou pareil pour cette jupe, plus à la mode.
Après un voyage vers une destination inconnue, il arriva au moulin Richard de Bas*. Là, il prit un bain dans une grande cuve, puis il fut ballotté dans tous les sens jusqu’à en avoir le tournis, malgré ses cris muets. Ses souffrances se terminèrent dans une déchiqueteuse. Revenu de ses tourments, il se retrouva, hébété, sous forme de pâte.
Depuis, il est heureux, protégé par un cadre posé sur une table de nuit. Il est devenu papier chiffon d’un poème d’amour.
*Depuis 500 ans, situé à Ambert dans le Puy-de-Dôme. Labellisé patrimoine vivant et… à vendre !
Magnifique texte rempli de poésie. Je me suis régalée.Merci
Merci beaucoup Annick. Cet exercice est propice à écrire des fables toutes mignonnes telles que la vôtre. Bon dimanche à vous. Fanny
Alors que l’on était quelques jours avant Noél, un chiffon se morfondait dans le fond d’un placard. Tout à coup il entendit le balai qui lui disait : « au lieu de te plaindre de ce que tu n’as pas , regarde plutôt ce que tu as . Moi il y a plusieurs années, j ‘etais comme toi et je suis parti. Au fur et à mesure que je decouvrais le monde, je me suis aperçu que finalement j’étais heureux ici, j’avais tout ce dont j’avais besoin .Regarde comme on prend soin de nous. On nous nettoie. On nous enlève nos poussières. On nous range dans un espace qui sent le bon et le propre.
A chaque fois que l’on nous utilise , on peut danser , swinguer grâce à la musique qui se diffuse dans cette maison quand l’heure du ménage arrive. Et comme par magie, au fil de la conservation, plus les deux amis se remmoraientdes souvenirs et plus leur mémoire leur en fournissait.
« Mais c’est vrai tu as raison, je n’avais pas vu cela de cette façon. Merci de m’avoir aider à comprendre cela cher balai.
Et le balai répondit « C’est peut-être du à la magie de Noël, j’avais envie de devenir ton père Noël.
Cessez déjà de lui faire manger la poussière, lécher les fonds de verre au goût de savon amer. Arrêtez de le prendre pour une lavette, tout juste bon à se vautrer sur les tables où des cochons ne lui laissent à chaque fois que des miettes, avant de le pendre par la peau des fesses sur une corde à linge pour ne recevoir, en guise d’applaudissements, que des coups de soleil brûlant.
Offrez-lui une vraie scène, bon sang ! pour qu’il exprime enfin tout son talent.
Cessons de parler chiffon à sa place. Place au chiffon parlant de nous, les hommes, sous les traits d’un vieux tissu rembourré et fardé jusqu’à faire reluire notre propre caricature sur les planches.
« Allons, les enfants ! Tous avec moi, appelons Fonfon, la tunique ! »
Ainsi, se rêvent-ils tous, sur leur corde au soleil, « en chiffon Fonfon, la petite marionnette, en chiffon Fonfon, trois petits tours et puis savon », s’en retournant à leurs scènes de ménage.
Voilà un chiffon qui déchire 😀
Bravo 👍
Merci Laurence. Content que le vôtre ait été sauvé de l’abandon et de la censure 🙂
Bon dimanche!
Un petit chiffon camaïeu souffrant d’abandon
Filandreux
Voulait sans autre considération
Faire ses adieux
Trop de soupçons, trop de pression
Dans le milieu
Il imaginait sa conversion, il se voyait en bouchon
En allume-feu
Malgré l’attrait de l’horizon
Sans bleu
Qui appelait la dépression
De ses vœux
Il rencontra le grand patron
Des anxieux
Un spécialiste de la reconstruction
De l’affectueux
Président de la Patchwork’Fédération
Merveilleux !
Assidu aux séances de l’association
Des pelucheux
Le petit chiffon sans prétention
Va mieux
Rapiécé de tissus de coton
Somptueux
Il s’épanouit sur mon guéridon
Heureux
posté 2 fois mon texte sans succès
au secours Pascal
Un jour un chiffon roulé en boule dans un coin de cuisine en eut ras le bol de sa position. Je ne suis pas si mal se dit il. Je peux servir autrement, j’en suis certain.
Il essaya de profiter d’un courant d’air pour se laisser porter jusqu’au sol. Ainsi on le remarquerait.
La propriétaire des lieux passait souvent devant lui et ce qu’il ne savait pas c’est qu’elle attendait qu’une idée germe dans son esprit pour le transformer et lui donner une autre vie.
Un jour l’idée arriva tout simplement.
Ce chiffon est magnifique , j’en ferai un sac a main.
Elle le lava, le découpa et en utilisa la plus belle partie pour confectionner son sac a main.
Dorénavant il était fièrement arboré et admiré, il vit des regards admiratif. Elle avait su le mettre en valeur,
Que demander de plus?