610e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.
Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là.
La preuve, vous allez nous la raconter.


Les personnes heureuses sont celles qui voient leur vie comme un jeu imaginatif.
Elles continuent à jouer à explorer le grand jeu de la vie, comme dans leur enfance.
Pour elles, tout est sérieux et rien ne l’est.


Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.

48 réponses

  1. françoise dit :

    610/Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie. J’avais senti que cette situation ne pouvait plus durer. Tous protestèrent, m’expliquant que j’étais trop jeune pour partir en solitaire à moins de décider de rentrer dans un couvent.
    Je ne les ai pas écoutés, car je ne les entendais plus.
    Paniqué et voyant une porte entrouverte, d’un couvent me sembla-t-il (quel heureux hasard) j’entrai. Il y avait des femmes, habillées de robes de bure qui leur arrivaient aux pieds, leurs têtes recouvertes d’un très grand linge . Sans savoir pourquoi elles se jetèrent sur moi.
    Elles me coincèrent la tête entre deux genoux !
    Mais pourquoi me dis-je. Avaient-elles deviné que nous étions trop nombreux à l’intérieur de mon ancienne tête : il y avait donc forcément maintenant de la place.

    Je hurlai, la mère supérieure (ça ne pouvait être qu’elle) leur ordonna d’arrêter. Avec autorité, et sans me demander mon avis, elle me remit dans ma tête d’origine et à ma grande surprise, je me sentis très à l’aise et pris la décision de ne plus jamais en sortir.

  2. Antonio dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.

    Je n’en étais pas à ma première sortie extravéhiculaire. Mon esprit a toujours pris la tangente dans l’espace infini de mon imagination, explorant tous les recoins de mes univers – oui, je suis multivers.

    Je me souviens de mes premiers pas dans la lune, j’étais en CE1.
    « ANTONIOOOOO !!! tu es avec nous ? Deux fois trois ?
    Hein ?
    Argh ! Tu me recopieras cent fois ta table de multiplication. »

    À cette époque, je n’allais jamais bien loin, on me ramenait aussitôt à la station cérébrale, avant qu’ils ne pètent un câble.

    Plus tard, diplômes en poche, c’est là qu’ils ont commencé à entrer dans ma tête comme dans un moulin. Et ça tournait, ça tournait, en va-et-vient incessants, des codes et des codes, dans tous les sens, des objectifs au-dessus de la conscience, des jalons et des échéances, les peurs, les doutes, activant la pression à l’intérieur de la lavette cérébrale que je conduisais en orbite autour de ma carrière d’informaticien.

    Mes sorties extravéhiculaires étaient rares mais salvatrices, jusqu’à ce que je remette enfin les pieds sur la terre de mon imaginaire, pour ne plus jamais la quitter.

    Tout le monde descend. Personne ne comprenait là-dedans !
    « Il a pété un câble ? »

    Non, je venais de le détacher en pleine conscience, après quelques séances de méditation hors de ce Moi en Légo qu’on avait fabriqué pour moi de toutes pièces. Et depuis, je suis ma route, sans retour possible, propulsé dans l’espace infini de mon imagination, explorant tous les recoins de mes univers – oui, je suis multivers.

    Aujourd’hui, je sais que cette histoire ne va pas s’arrêter là.

  3. Michel-denis Robert dit :

    Le problème, c’est que nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. A un moment donné, je me suis faussé compagnie. Je suis tombé malade et j’ai maigri de 30 kg. Je me suis laissé partir, c’est leur mauvaise foi qui m’étouffait. Le nombre m’envahissait et m’inspira l’idée de solitude.
    « Fausser compagnie à soi-même ! » C’était une belle gageure. Alors j’ai décampé de cette bande de superflus mal intentionnés. Plus t’es sympa et plus ils te croient faible. Ils en profitent. Et ils s’inventent des tas d’anecdotes sur ton compte pour se distraire de leur médiocrité. Ca leurs donne l’illusion de se croire supérieurs. C’est tellement ça, la tendance. On ne parle plus de mode, on dit tendance ! Ca fait plus chic et c’est plus souple à négocier.
    Je suis donc allé à la banque hier pour chercher 200 euros de monnaie. J’en avais besoin pour du black. Même pour du travail discret, on n’a plus le droit de le dire. En fait, c’était juste pour le toucher avec mes doigts et avoir la sensation d’être riche. Pas en argent mais avec les mots.
    A peine arrivé, la banquière me dit :
    – On peut faire avec des billets de 20, on peut faire sans billets de 50.
    – D’accord, pas de soucis, cent billets de 50, ça me convient. Je prends. Dans ce cas, le nombre ne me gêne pas. Et je suis parti avec. Non, mais sans blagues ! comme dirait Grock, le clown. Dans la vie, faut pas s’en faire.
    Elle me regarda étonnée.
    – Ca veut dire quoi ?
    – Ca veut dire que j’en ai ras le bol. Tu peux comprendre ça !
    Faut dire que je la connais depuis qu’elle est toute petite.
    – « Ras le bol ! » ça d’accord, je peux. C’est « fausser compagnie à toi-même » que je ne comprends pas.
    – C’est quand le beauf, tu sais ce qu’il me dit aux obsèques de ma soeur ?
    – Non.
    – C’est bientôt ton tour !
    – Quoi ? Il t’a dit ça ?
    – Oui ! A partir de ce jour-là, j’ai décidé de me poser les bonnes questions. Tu crois connaître tes proches, tu leurs donnes ta confiance et ils n’ont qu’une seule idée en tête, te voir crever et se réjouir sur ta peau. En fait, ce type avait la mainmise sur notre famille. Et tous les évènements néfastes qui s’étaient produits dans notre famille avaient un rapport direct avec sa mentalité. C’est dire l’influence qu’il avait eue.
    La morale de l’histoire, c’est que la vulnérabilité se cache dans les mots. Intervient la tolérance. Et si tu parles de tolérance, ça veut dire que c’est une tendance, sans oublier qu’elle a un seuil. Et s’il y a un seuil, c’est qu’il y a une porte de sortie qui ouvre sur autre chose.

  4. Urso dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.
    Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là.
    La preuve, vous allez nous la raconter.

    J’en avais marre d’être entouré de gros lézards et d’énormes pachydermes.
    Tous survivants d’un monstrueux cataclysme qui s’est produit il y a plusieurs années.
    Alors un beau jour je me suis barré.

    Aïe aïe quelle galère en ce moment pour vivre en dehors de ma tête.
    Sans elle j’ai un peu perdu mes repères.
    Toute la journée je me trimballe dans la ville sans savoir où aller.

    Depuis ce matin j’ai l’impression qu’on me suit dans la rue.
    Ces grosses bêtes que j’ai voulu quitter elles ont retrouvé ma trace.
    Je peux vous le dire, je suis un témoin gênant. Je dispose de trop d’informations, sur elles, la vie et le devenir de l’univers.
    Elles veulent ma peau, c’est certain.
    Me croquer et m’avaler tout crû comme un vulgaire vers de terre, croupissant dans un caniveau sans eau.

    Ma tête, ah qu’elle était jolie.
    Maintenant elle n’est plus là.
    Je ne la regrette pas, je suis très bien sans elle.

    Ma seule préoccupation ce sont ces animaux préhistoriques derrière moi le jour et la nuit.
    Ils pensent que je suis une bête à abattre froidement.
    Ah je vais les avoir ces bons à rien et vauriens.

    Tiens je viens de croiser une boucherie au coin de cette rue.
    Vous le savez, elles ont quasiment disparu de notre quotidien.
    Moi qui adore la bonne viande, c’est coton.
    Celle-ci elle me plaît, je voudrais tellement plonger tout nu dans ses étalages.

    Youpi c’est le plus beau jour de ma vie.
    Là on dirait des belles têtes de veau qui viennent d’être tranchées, par un couteau affûté.
    Discrètement je vais me glisser à l’intérieur de la plus alléchante.
    Ici je l’espère on ne viendra pas me chercher, ni me trucider.
    Ben on ne pourra que me manger.
    Ça m’est égal.
    Ce midi, demain peut-être ou ce week-end …

  5. Anne LE SAUX dit :

    Il n’y avait plus de place. J’avais affiché la pancarte « complet » à l’entrée. Carton plein ! Ras la casquette, c’est le cas de le dire. Je ne savais plus où donner de la tête et des pensées. Méli-mélo, imbroglio, embrouillamini… Tous, ils voulaient se frayer un chemin, être sur le devant de la scène, briller sous la chaleur des spots. Mais la chaleur ne venait pas des projecteurs mais de la surpopulation. Je n’avais jamais vu cela, un vrai capharnaüm.

    Alors, j’ai capitulé. Je me suis échappé pour sauver ma peau. Je suis sorti de ma tête, celle où je suis né, où j’ai grandi, où je suis connu et respecté. Je me suis faussé compagnie. Il me fallait de l’air, de l’espace. Nous étions vraiment trop nombreux là-dedans.

    C’était la première fois que je désertais, que je quittais mon habitacle douillet bien que souvent agité et que je renonçais à mes responsabilités. Alors là, surprise ! Tout était calme, presque trop calme. Pas de bourdonnement incessant, pas de bagarre d’ego, pas d’idées farfelues ou égarées, pas d’entassement. Quelques notes de musique, discrètes. Des passants, furtifs. Des arbres, imposants. Etait-cela la réalité du monde ? Des immeubles, géants. Je me suis souvenu que dans les archives j’avais vu leur appellation « buildings ». Je n’en croyais pas mes yeux ! Quelle aventure !

    Après avoir déambulé sans but précis dans les rues environnantes, musardé dans un parc, je me suis envolé jusqu’au clocher de l’église, tout en haut, sur le dos du coq fier et triomphant. Vue panoramique imprenable. J’étais là à rêvasser depuis un long moment lorsque je fus transpercé de part en part par les sons tonitruants des cloches sonnant l’angélus. Toutes mes consonnes en furent secouées et éparpillées. J’étais en lambeaux si je puis dire, déchiqueté.

    Il me fallait me refaire une santé. Mes courageuses voyelles ont récupéré les estropiés. Je n’étais pas indemne. J’avais perdu une voyelle et trois consonnes. Impossible de remettre la main dessus. Le souffle du son les a éjectées, pulvérisées peut-être. Je me suis alors réfugié sous un pont pour reprendre mes esprits et me reconstituer. Voyons, que pouvais-je bien faire avec les survivantes ? Après un assemblage laborieux mais judicieux et malgré des majuscules manquantes, je repris vie et espoir. Un nouveau rôle s’offrait à moi : aide Gardien ! Certes, j’étais déclassé mais j’étais vivant.

    Hors de ma cachette, je cherchais une tête où me glisser qui aurait un poste à me proposer. J’eus du mal à convaincre. Quand je disais que j’avais l’expérience d’un Gardien De La Paix, le défenseur de l’ordre dans les mots et les pensées, le garant de l’harmonie intellectuelle, je n’étais pas crédible. Ce n’était pas ce qui apparaissait. On me prenait pour un imposteur.
    J’ai persévéré des jours et des jours. Les têtes qui sortaient des buildings étaient toutes en surchauffe, indifférentes à mes offres de service. Les enfants n’étaient pas intéressés, trop occupés à enrichir leur patrimoine. Seuls un ou deux retraités ont montré quelque intérêt poli. Ils n’avaient hélas pas de place utile pour moi dans leur tête dépeuplée.

    Je dus alors me résoudre à revenir au bercail, un peu penaud. Allaient-ils me reconnaitre malgré mes amputations ? Y avais-je encore une place ? Avais-je déjà été remplacé par plus ardent et plus perspicace ? A ma grande surprise, mon retour fût célébré en grande pompe. Les dictionnaires se sont mobilisés pour rassembler les troupes et concocter une somptueuse fête de retrouvailles. J’ai même eu droit à un cadeau offert par le jeu de scrabble : un A, un L, un R et un P dans un sac en jute couleur sable. Mes lettres manquantes ! Quelle touchante attention !
    Conduit à l’infirmerie, je fus réparé. Je suis redevenu le Gardien De La Paix que chacun connaissait. Ainsi réhabilité, réintégré dans ma fonction, j’allais pouvoir veiller à éviter les embouteillages et les surchauffes. J’avais déjà en tête un plan d’évacuation en cas de surpopulation. Mais je garde cette nouveauté pour un prochain récit.

  6. LAFAURIE Alain dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie. Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là. La preuve, vous allez nous la raconter.
    Là haut , ça se bousculait mais je n’en avais cure. Je me suis réfugié dans mes terminaisons nerveuses et n’agissait plus que par réflexes. Vous vous souvenez de l’arc réflexe du gastrocnémien de la grenouille ou alors du petit marteau du toubib sur votre genou. J’en étais là en circuit court, action réaction. Malheur aux mouches qui s’aventuraient à proximité, un coup de battoir et c’en était fini. Si à ce moment là vous aviez eu l’idée de me cloner, moi et mes doubles, nous aurions éradiqué en un rien de temps la population des moustiques en Camargue.
    Un rien de lucidité me laissait entrevoir que j’étais bourré de tics avec des réponses du tac au tac. J’ai eu faim, j’ai pris une pomme. Action, réaction j’ai été conduit au poste pour vol à l’étalage. J’ai eu droit à un simple rappel à l’ordre.
    Comme un déclic, ce rappel à l’ordre m’a enjoint de me reconnecter aux désordres de mon cerveau.

  7. Maguelonne dit :

    Dans ma tête nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Portant je l’avais bien supporté jusqu’à présent. J’en ai même joué : tentaculaire pour le pire et le meilleur.
    Je me suis laissé observer sous tous les angles, dépiauter dans tous les sens par ces savants qui s’extasiaient devant mon intelligence. Moi j’y croyais ( j’y ai cru longtemps) et me rengorgeais. Parfois je me suis aussi fait avoir. Il y a des sadiques qui ne reculaient devant aucune torture pour découvrir mes secrets.
    Je me suis laissée attendrir par ces naïfs, qui ne demandaient rien, juste m’admirer et rêver avec moi. Parfois je plaisantais un peu : quelques vifs coups de tentacules dans tous les sens. Ils reculaient, effrayés mais tout excités. Alors je me calmais, me faisant douce, souriant de toute ma bouche. Ils s’approchaient à nouveau avec des étoiles plein les yeux.
    Mais voilà aujourd’hui je fatigue. Ma baignoire est de plus en plus chaude. Les huit cerveaux de mes tentacules deviennent de plus en plus exigeants. Tu leur donnes un bras, ils veulent la tête !
    Donc aujourd’hui 8 Août, vingt cinq jours et quelques années après la prise de la Bastille, je fais ma révolution.
    Je garde mon cerveau principal et me la coule douce. Comment vivre en paix avec neuf cerveaux, c’est huit de trop, c’est l’enfer. Allez OUSTE les huit cerveaux et vogue la galère !
    J’aurais bien dû penser que cette histoire ne s’arrêterait pas là. Même une intelligence hors norme n’évite pas tous les déboires.
    Mes tentacules sont devenues toutes molles, toutes flétries, toutes d’un gris cadavérique. Mon cerveau central a cru qu’il fallait absolument occuper le temps et l’espace. Résultat, je suis en surchauffe.
    Plus personne ne m’admire. Seuls les sadiques veulent à tout prix résoudre ce nouveau mystère. Eux aussi ne sont pas loin de la surchauffe.
    Ah, je regrette .C’était mieux avant. Où sont ils mes petits cerveaux, comment s’en sortent ils ? Mieux que moi, j’espère. J’aurai dû semer des coquillages dans leurs sillages. Je les aurai retrouvés, me serais fait pardonner. Même ça je l’ai loupé. Franchement être une lumière ça ne fonctionne pas toujours.
    J’ai entendu parlé d’un élément totalement inconnu et extrêmement bizarre découvert au fin fond de l’océan. Je ne sais si c’est numéro un, deux, trois ou autre, mais je suis sûre que c’est un de mes cerveaux qui s’est fait choper par les sadiques. Pauvre de lui, pourvu que les autres s’en sortent, aient le temps de vivre leurs vies, en tout cas, une vie.
    Oh, une forme étrange sort de mes yeux, une petite goutte salée….mais je m’étiole, je m’étiole, je me meurs.

  8. Françoise Rousseaux dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, je commençais à saturer. J’ai donc décidé de me..enfin de nous fausser compagnie. Il est vrai qu’au fil des années, les personnages que j’avais créés, un pour chacun de mes romans, devenaient de plus en plus envahissants. Et puis il y avait les autres, ceux qui gravitaient autour de chaque personnage principal, ça devenait exponentiel !
    Pourtant, les premiers temps, j’avais plutôt bien vécu avec tout ce petit monde engendré par mon imagination déchaînée. Les histoires se déroulaient sans heurt ; dès que la trame commençait à s’essouffler, le narrateur était confronté à un événement qui l’obligeait à changer de vie . Il perdait contact avec certaines personnes de son entourage, nouait de nouvelles relations et hop ! c’était reparti ! Je n’avais plus qu’à m’installer devant mon clavier et recopier tout ce qui se passait dans ma tête. Au total, six romans, en deux ou trois tomes chacun ; accueil bienveillant de la critique , libraires conquis, lecteurs fidèles : que demander de plus ? Et la cohabitation de tout ce petit monde dans ma tête ne me pesait pas.
    Or , il a quelques temps, mon éditeur m’invita dans un restaurant huppé afin, dit-il, de faire le point sur ma carrière d’écrivain. J’éprouvai de l’agacement. Je ne mène pas une carrière, moi Môssieur, j’écris, je tisse des histoires, pour transporter les gens hors d’eux-mêmes. Une carrière ! Pfff, le vilain mot! Mais, bon, une invitation de son éditeur, ça ne se refuse pas.
    Tandis que nous dégustions les entrées, puis le plat principal, la conversation resta anodine. J’étais dévoré d’impatience, mais n’en laissai rien paraître. C’est toujours entre le fromage et le dessert qu’il abordait les sujets importants ; après tout, chacun ses manies…Ainsi donc, quand l’assiette de fromages fut ôtée de la table, que nous eûmes commandé un dessert au nom prometteur, il se pencha vers moi et énuméra d’un ton confidentiel tout ce qui selon lui, contribuait à la qualité de mes romans, mais…eh oui, il y avait un mais ! De nos jours, les lecteurs sont versatiles, ils aiment le changement , si bien que mes personnages récurrents finiraient par les lasser. De toute urgence, il fallait les remplacer par des nouveaux, ou alors, les recycler…Je le regardai, abasourdi : recycler mes personnages! Et puis quoi encore ! Bon d’accord, c’est un mot à la mode, mais là, il y va un peu fort ! Devinant mes pensées, il enveloppa ses arguments de guimauve, mais j’avais bien compris où il voulait en venir.
    Et c’est à partir de ce moment que dans ma tête, tout mon petit monde a commencé à s’agiter, à s’énerver. Vingt fois dans la journée, je m’arrêtais net dans ce que j’étais en train de faire ; figé, j’observais mes protégés en train de se lancer dans de nouvelles histoires, j’écoutais les confidences de mes narrateurs, j’étais avec eux et ma vraie vie n’existais plus ! Mes proches commencèrent à s’inquiéter, j’agaçais mes amis, ma vie sociale battait de l’aile. C’est pourquoi j’ai décidé, là, d’un seul coup, de faire le ménage. Allez, du balai ! Hommes ou femmes, leurs amours, leurs amis, leurs enfants et tutti quanti, sortez de là, allez voir ailleurs si j’y suis et surtout, ne revenez plus ! C’est décidé, j’abandonne l’écriture ! Il faut recycler disait l’éditeur ; d’accord, c’est moi que je vais recycler. Je n’écris plus une ligne et je vais ouvrir une librairie, oui, parfaitement ! Je lirai les romans des autres et quand je refermerai le livre, les personnages y resteront et je serai seul dans ma tête. Et bien entendu, je ne vendrai pas mes romans ; si on me les demande, je dirai qu’ils sont épuisés.
    Et alors, dit le client au libraire, ça va maintenant, vous vous sentez mieux ?
    Je me sens très bien ; à propos, ça se passe comment votre atelier d’écriture ?

  9. Avoires dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.
    Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là.
    La preuve, vous allez nous la raconter.

    • Avoires dit :

      Mauvaise manoeuvre ! Mon texte n’estpas enregistré, il est donc perdu et je ne vais pa le retaper.

      • Pascal Perrat dit :

        Je suis désolé, Nadine. Ne tapez jamais votre texte dans ce cadre, préparez-le sur Word ou OpenOffice ou autre et collez-le quand il est prêt, vous n’aurez pas ce désagrément. Dans ce cadre le temps est limité pour éviter les spams. Dommage, j’aurais bien aimé vous lire. Amicalement.

    • 🐀 Souris verte dit :

      🐀 pauvre Avoires on a bien des déboires !

      Un copier-coller et zou !🥰

  10. Françoise - Gare du Nord dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.
    Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là.

    Au début pourtant, d’aussi loin que je me souvienne, il n’y avait rien, ni personne. Du vide. Du blanc. Blanc comme la première page d’un roman d’un écrivain en mal d’inspiration.

    Et puis, un jour, une lumière jaune a jailli. Ce fut comme un appel d’air. Et ils sont tous arrivés en grand nombre. Impossible d’endiguer ce flot :

    des idées noires
    des souvenirs à me faire rougir de honte
    des petits hommes verts
    des fantômes blancs comme un linge
    de tristes sires à la grise mine
    des nains jaunes
    des faces de raie au beurre noir
    des rayons ultra-violets
    des rats qui m’ont toujours fait une peur bleue
    des envies à me rendre vert de jalousie
    des histoires drôles tout juste bonnes à me faire rire jaune
    des araignées au plafond
    des sentiments en demi-teintes

    Il y avait beaucoup trop de monde. Je me sentais trop à étroit. Je n’avais plus ma place. Sans compter qu’ils m’en faisaient voir de toutes les couleurs. J’en ai eu ma claque et décidai alors de leur fausser compagnie.

    De me fausser compagnie devrais-de dire. Car, en fuyant ainsi, c’est tout moi-même que j’abandonnai. Et, dans ma tête, je me retrouvai alors tout seul. Et vide. Vide comme le cerveau d’un écrivain en mal d’inspiration.

    J’errais, pauvre âme en peine que j’étais, entre souffrance et . J’étais à ma recherche. Mais jamais je ne me trouvai

    Un matin, des hommes, vêtus d’une blouse blanche, sont venus me chercher pour m’emmener dans un lieu étrange, où d’autres hommes, vêtus eux aussi d’une blouse blanche me dévisageaient d’un air circonspect et devisaient en aparté entre eux, échangeant des mots que je ne comprenais pas, entre soupirs résignés et haussements d’épaules accablés

    Depuis, j’ingurgite chaque jour, de fortes doses de petites pilules bleues pour, m’assure-t-on, me permettre de voir la vie en rose

  11. Alain Granger dit :

    Je m’étais perdu, je m’étais égaré parmi les autres moi-même. Etais-je celui qui versait une larme lorsqu’un enfant mourait dans le monde, celui qui s’apitoyait sur le sors des ouvriers licenciés par la loi des dividendes, ou bien étais-je celui qui ne pardonnait pas l’absence de ses enfants durant la maladie de leur mère ? Etais-je l’eternel adolescent qui s’amusait d’un mot ou d’une bonne blague ou biens étais-je le gestionnaire rigoureux qui s’adultait en surveillant le prix des choses ? Etais-je l’homme solitaire qui passait des heures avec ses personnages inventés ou bien étais-je l’être sociable qui recherchait le sourire des autres dans des festins partagés ? Etais-je le franchouillard machiste vociférant après une conductrice un peu trop maladroite et bien trop à gauche ou bien étais-je l’homme affable qui contait des fables poétiques aux femmes attentives ? Même le psychologue n’avait pas su me le dire. Il me faisait parler et se foutait peut-être de mon être intérieur ou bien alors il avait l’impression que j’étais en dépression et voulait dégraver de mon passé mes douleurs aggravées. Je ne pouvais me soustraire à mon être multiple. Et puis un jour je finis par l’accepter. Je décidais de cesser de me demander si je vivais Alain ou à l’autre. J’étais à la fois unique et multiple, fidèle à moi-même dans mes contradictions : envieux et généreux, radin et baladin, créatif et impulsif, joyeux et malheureux, curieux et cafardeux, étourdi et dégourdi, adaptable et invivable, investi et extraverti, solitaire et autoritaire, timide et lucide, naïf ou captif. Je m’autorisais la contradiction et la multiplicité, le changement de point de vu suivant les chemins empruntés ou les êtres rencontrés. Ce furent ces chemins et ces êtres qui modifièrent mon soi. De vivre dans la boue ou dans la soie modifie les priorités et les comportements. J’en étais persuadé comme le pensait Zola par sa philosophie naturaliste. Je vivais ma vie et l’admettais comme telle. Elle aurait pu être toute autre comme moi j’aurais pu être un autre, sans aucune « gène »….

  12. Souris bleue dit :

    🐀 L’ APRÈS RÉUNION DE FAMILLE …

    Réfugié sur le canapé je compulsais les nombreux albums de photos. Une seule personne noire et, curieusement la descendance métissée sautait quelques générations au point que le côté blond de la famille originale marquait quelques similitudes à l’autre partie.
    Après cette constatation qui n’apportait pas grand chose de nouveau, je fermais les yeux pour mieux les voir. Et ils m’apparurent tous entassés dans des petits paquets cadeaux. Celle au noeud frisé était Léonie affublée d’un enveloppé rond… Dit Rondit car il ne quittait pas son ballon de foot… Puis des plus petits : les Léon-Ronds. Et puis il y en avait, y en avait, et plus je fermais fort les yeux plus ils arrivaient nombreux. Derrière, un arbre de Noël avec une boule qui clignotait représentant la bouille du père Noël. C’est mon grand-père, celui qui s’est tiré sauver la patrie alors que grand-mère Aline attendait ma mère. Et curieusement on n’a jamais eu de nouvelle du soldat. Certains disent qu’il est mort en héros… Ça c’est pour enjoliver l’histoire car en fait nul ne sait ce qu’il devenu. J’espère qu’il s’est perdu en route… Je préfère le savoir vivant. J’ai été élevé dans une famille de femmes car le jour de ma naissance, mon père parti acheter des cigarettes n’a pas retrouvé le chemin du retour non plus…
    Tout ce monde m’obsède et ces paquets cadeaux qui rigolent, se foutent de ma fiole…
    J’en ai ma claque.
    Tiens ! Je vais ouvrir la boule de grand-père, qu’il arrête de faire son intéressant en clignotant.
    Il sort, immense avec ses pantalons de cuir tyroliens, s’étire, … Il y en a du monde la dedans, on étouffe. il ouvre la porte et la fenêtre sur le vert resté encore vierge dans le coin de ma tête. Il me prend la main et dans un souffle, nous nous laissons propulser à l’extérieur. Je l’ai suivi gambadant comme des gamins, sautant les haies des générations, enfin leur fausser compagnie. Il sait y faire le bougre… c’est un spécialiste de la fuite de l’air…🐀

    • mijoroy dit :

      Bon nous avons une souris bleue qui prend le relais d’une souris verte qui a pris la fuite 🙂 Effectivement les précisions sont de mises pour les connexions internet, majuscule ou pas, point ect..Bref nous avons eu un cadeau parmi tout ces joyeux drilles.

  13. 🐀 Souris verte dit :

    🐀 Ça fait 15x que j’envoie mon texte… » il »’ n’en veut pas ! Vous avez de la chance chers amis… Vous serez épargnés cette semaine !!! 😰

    • mijoroy dit :

      Hello Souris verte, cela m’est arrivée aussi, j’ai dû éteindre l’ordi, mais à chaque fois cela me disait que j’avais déjà publié et que cela faisait un doublon mais aucune publication n’apparaissait:)

      • 🐀 Souris verte dit :

        Chere Mijoroy, la main du maître est passée par là !!!!
        Ce sujet m’avait bien intéressée… Sortir de soi !!!🐀

    • Pascal Perrat dit :

      Ça fait 10 ans que je le répète. La première fois que vous avez entré votre nom, prénom et adresse mail dans le blogue ils ont été mémoriser définitivement. Si vous ne reprenez pas exactement les mêmes termes et ponctuation, votre commentaire est bloqué, c’est une mesure de précaution contre les spams.

      • 🐀 Souris verte dit :

        Cher maître. Ça fait 10 ans que la Souris verte🐀 trottine sur le blog. J’ai essayé 14x verte et lassée j’ai essayé bleue. A mon avis il n’aime pas les souris ! 😜 mais j’aime bien quand tu te mets en renaud comme ça! Tu as raison ça garde jeune ,!

      • 🐀 Souris verte dit :

        Cher maître. Ça fait 10 ans que la Souris verte🐀 trottine sur le blog. J’ai essayé 14x verte et lassée j’ai essayé bleue. A mon avis il n’aime pas les souris ! 😜 mais j’aime bien quand tu te mets en renaud comme ça! Tu as raison ça garde jeune ,!

    • Pascal Perrat dit :

      La souris verte est bigleuse… son texte a été publié 6 fois !

      • 🐀 Souris verte dit :

        🐀 jamais de doublon signalé.?
        Le texte n’est jamais apparu

        La souris verte en est devenue bleue d’essayer de bien faire.

  14. 🐻 Luron'Ours dit :

    🐻 610e/ON S’TIRE AILLEURS
    Trop de monde, je me quitte. Une fois parti, j’aurais pu croire que ça serait plus cool sous le dôme. C’est plus bath ailleurs ! J’en ai ma claque ! Désormais, j’ai une case vide. La nature a horreur du vide. J’y hébergerai bien Blaise Pascal en train de faire des expériences sur la pression atmosphérique. Prédestination ? Ça le préoccupait. À la réflexion, je m’en bats l’œil. Qui peux-je ? Je m’aime trop pour me faire du mal, encore que, adepte de Sacher Masoch. Ça m’émoustille. Je laisse mes neurones s’agiter loin de moi, c’est ça, un bouillon de culture. 🐻

  15. mijoroy dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.
    Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là.
    La preuve, vous allez nous la raconter.
    En cette canicule, je n’ai rien trouvé de mieux pour me faire chauffer la cafetière des neurones que d’écrire un polar. Alors entre les personnages principaux qui au début s’invitaient timidement avant maintenant de squatter mon canapé, mon lit, jusqu’à ma brosse à dents ! Oui, la tueuse ayant remarqué que j’avais une attention particulière devant le lavabo, s’est incrustée sur le rebord du capuchon du dentifrice. Je dois jongler à présent avec les personnages secondaires « Allez s’il vous plaît, vous n’pouvez pas caser mon neveu dans un p’tit rôle ? Oh la,la, ma filleule est fan du tapis rouge, elle a acquis de la prestance avec les gilets jaunes, j’vous assure, elle peut tout jouer ». Et j’en ai toute une liste. Non mais allô, j’écris un roman, je ne tourne pas un film ! Ah bon !? Ce n’est pas pareil !? Je croyais que vous écriviez un script ou un scénario non ? Voilà ce qui se passe dans ma tête. Tout se petit monde veut tirer la couverture à lui, sans oublier les autres, ceux qui étaient là avant ! Ceux qui me répètent sans cesse « Demain est un autre jour, demain il fera jour » Vous me direz, ils sont calés ceux -là avec les lapalissades !! C’est vrai que je suis à la retraite, alors pourquoi me presser puisque j’ai tout mon temps. Y’en a même un, qui genre je me la pète avec le mot procrastination, m’a sorti : « Ne jamais remettre à demain, voire même à après-demain, ce que de toute façon, vu comment on lambine c’est qu’on ne le fera ni demain, ni jamais ! » J’ai bien aimé cette philosophie, sauf que du coup j’ai fichu tout ce qui me semblait non essentiel dans la fosse de l’Oubli et incité les autres à prendre des vacances, or depuis je n’ai plus d’inspiration pour écrire, et surtout il me manque du piment dans mon quotidien. Les « demains » deviennent aussi plat qu’un encéphalogramme d’une méduse, et les « aujourd’huis », sont d’un ennui à vous rendre l’écossage des petit-pois palpitant ! J’ai donc écrit au département SNCF ( oui on trouve tout chez Hassan Cé F) pour qu’il organise un charter de rapatriement de tout mon p’tit monde.

  16. Dominique PORHIEL dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie.

    J’avais pourtant déjà essayé de sélectionner gentiment, sans trop d’agressivité, en douceur quoi ! mes occupants.
    Mais bon, comme on dit « C’est pas moi qui commande » ! Et c’est bien dommage, croyez-moi !
    Parce que j’en ai vu passer des comme ci et des comme ça : des grands, des petits, des ronds, des maigres, des beaux gosses et des mal foutus. Ah oui ! vous avez raison : que des mecs !
    Oui, ce n’est pas un job pour les femmes. On les dit trop faibles (laissez-moi rigoler !) pas assez musclées (n’importe quoi !) pas assez endurantes … et j’en passe !
    Ah oui, des femmes ça m’aurait changé un peu. J’aurais même peut être cesser de faire la difficile.
    Mais bon, revenons à mes occupants !
    Oui, je sais ! Ce n’est pas souvent ! Ce n’est pas longtemps !
    Mais quand même ! J’en ai assez.
    Ah oui ! Je ne vous ai pas expliqué qui je suis ! Eh bien voilà : je suis « une grosse tête » (pas du tout ce que vous imaginez !), une énorme tête en papier mâché (très lourde) qui défile tous les ans à Nantes à la mi-carême le jeudi et le dimanche. C’est une tradition ! Pas un boulot à plein temps certes mais ce qui m’énerve c’est de devoir changer sans cesse d’habitant !
    Alors, cette année, tant pis … je me suis mis la tête à l’envers !!!!

  17. Nadine de Bernardy dit :

    Dans ma tête nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque, d’ailleurs on me disait souvent :
    – je ne sais pas pourquoi, mais t’as vraiment une tête à claques.
    Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là.
    La preuve, quand j’ai fais l’inventaire on se serait cru chez Vian ou Prévert. Par où commencer, sur quels critères, dans quel ordre?
    Il y avait de tout pour trois fois rien, un frigidaire, un facteur, Fernand, Paulette et sa soeur, un gilet à fleurs, sans compter les idées folles, les pensées subversives, les paroles de chanson, les listes de course. Un de ces amalgame !
    J’ai tenté l’aspirateur céphalique, le lavage de cerveau, les anti dépresseurs. Rien à faire.
    J’ai essayé le rangement par ordre alphabétique, par thème, à l’ancienneté, aucun résultat.. J’avais de terribles migraines, des insomnies interminables, d’énormes problèmes de concentration.
    C’est ma fille qui a trouvé la solution :
    Papa, m’a-t-elle dit, tu te prends trop la tête, change la. Prends en une vide, met tout dans des cases. Quand c’est plein, c’est plein, tu laisses le surplus dehors. Tu vois ce que je veux dire ?
    Ca a pris du temps, ce fut douloureux, épuisant, mais maintenant je peux me vanter d’avoir une tête bien faite plutôt que bien pleine.

  18. Iris79 dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux. J en avais ma claque. Je me suis faussée compagnie. Je sentais bien que cette histoire n allait pas s arrêter là. Je me suis collée bien au fond et je les ai regardés s agiter dans tous les sens. Tu m étonnes que je suis stressée, l esprit toujours en ébullition ! Un foutoir là dedans ! Comment me débarrasser de ces parasites? C est ce que je me demandais en marchant, seule, sur le sable brûlant. Je m assis, me concentrait et fixai l océan. J esperai secrètement que face à l immensité de l mer et la force du rugissement du vent, ils prendraient la fuite et m abandonneraiznt comme j essayais de m abandonner en cet instant au moment présent . Contrariés par mon indifférence, ils quittèrent discrètement mon esprit en s échappant par la crête de ma colonne vertébrale comme de vaillants soldats mis en déroute. Assise sur le sable, les yeux plongés dans l immensité du grand bleu, je Calais mes respirations sur celles du roulis des vagues. Petit à petit je sentis que le silence et le ménage se firent dans ma tête. Seuls coptaient les embruns qui m effleurement et leur goût salé sur ma bouche. Effarés par mon indifférence, tous mes hôtes encombrants prefèrerent se faire la malle. Je n en revenais pas et osais à peine y croire. Je craignais qu ils ne reviennent, cachés en.embuscade.
    Mais je rentrais seule. J en fus heureuse et soulagée.
    Le lendemain, toujours rien. Quel Bonheur! Juste moi. Moi seule et une seule voix (e), celle de la sagesse?

  19. FANNY DUMOND dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux. Je me suis faussé compagnie. Je sentais bien que cette histoire n’allait pas s’arrêter là. La voici :
    De bonne heure, ce matin-là, je m’étais levée de bonne humeur tout à la joie de la présence de mes deux petites-filles durant une semaine. Il faut dire, que durant la nuit, l’une d’elles avait fait un vilain cauchemar et que j’avais mis ma casquette «mamie-câlins» pour la rassurer et lui promettre que nous allions bien nous amuser au lac le lendemain.

    Après le petit-déjeuner qui se passa dans les «j’aime pas ce cacao, j’aime pas cette confiture, je préfère les brioches», je m’empressai de mettre ma casquette «prévoir/gérer» et complétai ma liste de courses. Les faire doucher, habiller, se pomponner parut si long à leur Papy, qui bougonnait dans sa barbe, que je mis ma casquette «tempérance» avant de mettre celle de «cuisinière» en préparant une salade composée. Mais, il me restait juste assez de moutarde pour faire la sauce. Je remis ma casquette «prévoir» et notai l’ingrédient sur ma liste au cas où j’en trouverais dans les rayons. Préparer quelques sandwiches, ça allait encore bien que le pain, comment dire ? ne se prêtait guère à cette utilisation. Je mis ma casquette « tant pis, ça fera bien l’affaire ». Tout à mes préparatifs, une petite voix me rappela que je devais poster le règlement de ma facture d’eau. Je mis donc ma casquette « secrétaire/comptable » pour mettre l’enveloppe en évidence. Pendant que je remplissais la glacière, j’entendis la voix de ma tendre moitié, qui ne trouverait pas un âne dans un sac, me demandant où était son maillot de bain. Je laissai tomber ma casquette « intendante » pour mettre celle de « lingère » et fouillai dans l’armoire pour le lui tendre, après quinze secondes de recherches.

    Nous arrivâmes au lac qui se trouve à dix minutes de chez nous, à plus de 11 heures et, comme de bien entendu, les meilleures places à l’ombre étaient squattées. Les petites se jetèrent à l’eau malgré mes recommandations d’y rentrer progressivement. Je mis alors ma casquette « mamie-poule » ou « mamie-chiante » selon les points de vue ! et ne les quittai pas des yeux durant leurs joyeux ébats.

    Après le pique-nique ponctué de « j’ai pas faim, t’as oublié les chips », je m’allongeai sur ma serviette dans l’espoir de mettre ma casquette « délassement ». Mais ne voilà-t-il pas que je fus assaillie par une multitude de voix qui me murmuraient un planning de sorties agréables durant ces vacances, tandis que l’autre me susurrait de jeter un œil après mes congés, sur ce dossier épineux au bureau, une autre de prendre un rendez-vous chez le dentiste, et une autre encore de ne pas oublier l’anniversaire de Pierre, Paul, Jacqueline qui ont eu la bonne idée de naître en juillet. Ça n’en finissait plus ! Ne pouvant chasser ces importunes, je m’inquiétai et mis ma casquette « geek compulsive » et me mis à pianoter sur Internet qui me révéla que je souffrais de schizophrénie. Il ne manquait plus que ça !

    Subitement, je décidai de mettre ma casquette « retomber en enfance » et me mis à jouer avec mes puces au badminton, à faire des châteaux de sable, à leur raconter des blagues, à sauter dans l’eau du haut du plongeoir, à grimper dans la cage à poule, à glisser sur le toboggan, à m’envoler sur la balançoire, à m’asseoir sur le tape-cul. Au début, ça les faisait marrer, mais à la fin, je leur mettais la honte ! Le papy, affolé, me conduisit d’urgence aux urgences qui diagnostiquèrent un burn-out et me prescrivirent une cure d’un mois de repos complet.

    Ici, coiffée de mon chapeau de paille, je fais de longues promenades et je coule des jours paisibles dans l’attente d’entendre à nouveau des voix, telle la pucelle d’Orléans !

  20. Akpo dit :

    Le jeu c’est sérieux !

  21. Grumpy dit :

    On disait toujours que j’avais la tête bien pleine. Je n’en tirais pas gloire mais au fond de moi, je me rengorgeais tout seul, me frottais le ventre en murmurant « bon petit, toi bon petit ».

    Pourtant elle en avait pris des claques, des baffes, des gnons, du beurre noir, de l’ecchymose, du mercurochrome, ça n’avait servi qu’à stimuler sa capacité de stockage.

    Il me manquait tout de même un petit quelque chose pour que j’atteigne le niveau de petit génie. J’en bavais d’envie. Alors j’ai rempli, rempli, mon cerveau ras-bord. Des Gigas en pagaille.

    C’est là que m’est venu un mal de tête carabiné, un étau, une enclume, si violent et pesant qu’elle commençait à pencher sur le côté, celui des neurones commençant à se dégrader. Il fallait agir, et vite.

    Me voilà en RV chez le neurologue chirurgien. Au vu de l’IRM, il n’a dit que « ouh la la ! Quel bordel là-dedans Monsieur …»

    – Alors qu’est-ce qu’il faut faire Docteur ?
    – Ouvrir et faire du ménage.
    – ça va faire mal ?
    – Sur le coup, oui, mais après, vous verrez que rien ne vaut un cerveau neuf. Vous aurez toute faculté de le remplir à nouveau, mais tout de même, cette fois, n’enregistrez plus n’importe quoi, faites un tri drastique.
    – OK docteur, on y va.

    Alors il m’a scié la calotte, ouverte comme une boîte de conserve.
    Il pêchait là-dedans avec une espèce de longue fourchette, on aurait dit qu’il touillait les croûtons d’une raclette.

    Parlant de conserves, il y en avait là-dedans et pas qu’un peu. Du tout et n’importe quoi, des choses que je pensais perdues et que je cherchais partout depuis leur disparition soudaine.

    Deux exemples : mes petits ciseaux à ongles, sans doute rentrés là-dedans par une oreille, parce que par le nez je l’aurais vu … Pareil pour un dé à coudre, je me souvenais avoir bu du genièvre, la gorgée avalée, il avait disparu, bizarre qu’il me soit monté à la tête plutôt que descendre dans l’estomac. Et des comme ça, il y en avait tout plein, un assortiment pas du tout monotone.

    Et puis, il y avait le lobe des vilenies, cafard, méchancetés, traîtrises, déceptions, revers, tristesse, mélancolie, colère, agressivité, cruauté, cette liste-là est interminable, forcément, parce que la vie c’est ça.

    De l’autre côté, la joie et le bonheur, l’amitié et tout ce qui s’ensuit de sentimental et joyeux, il y en avait aussi mais ramassé dans un tout petit coin. Etrangement c’était cet endroit qui m’était le plus douloureux, sensiblerie peut-être ?

    – Voilà, j’ai fini de trier et nettoyer Monsieur, vous allez avoir une belle cicatrice en dents de scie, on referme ?

    – Le contenu qui m’avait fait voir celui que j’étais vraiment m’avait tellement déçu, que pas eu le temps de répondre, pouf , pfuiiit ….. ! Parti.

  22. Nouchka dit :

    J’ai une vie formidable. Depuis la retraite, le poids des responsabilités professionnelles, sont restées derrière moi. Cela fait plus d’une décennie maintenant et, contrairement aux premières années de cette vie de « rentier », je ne cauchemarde plus, chaque nuit, à démêler les problématiques liées au travail. Je ne me persécute plus à tenter de recruter ces professionnels indisponibles sur le marché. Après tant d’années consacrées à répondre aux exigences de la fonction, au dépend du temps que j’aurais dû consacrer à mes proches ou à moi-même, je me sens libre.
    J’ai alors organisé mon existence dans un décor idyllique. Chaque matin, les mouettes crient à la fenêtre. En cette saison, les martinets en escadrille les relaient et zèbrent le ciel de leur ballet aérien. J’ai enfin pu organiser mes activités comme une récréation sans fin, chargée de chant, d’écriture, de randonnées avec les amis, de regroupements familiaux ponctuels et de voyages.
    Puis la pandémie est arrivée, me privant de beaucoup de ces passe-temps. Ma mère est morte alors.
    J’ai réalisé combien cette décennie de décompression avait été heureuse et surtout, j’ai pris conscience du temps qui passe. Mon vieux père, maintenant seul, nécessite que l’on organise les aides afin qu’il reste dans sa maison.
    L’immeuble où je vis va subir des contraintes de voisinage que j’appréhende. Aussi ai-je choisi de partir, pas très loin mais dans une petite maison au fond d’une allée, sans problématique de circulation, de stationnement ou de conflits prévisibles.
    Mais depuis, dans ma tête, nous sommes un peu trop nombreux. Je suis devenue, en plus des autres rôles, chef de chantier à la rénovation de mon futur cottage. Chef de chantier dans une période où les artisans sont débordés, le personnel en défaut et les matériaux souvent indisponibles, c’est un rôle stressant. Par moment, j’en ai ma claque de ne pouvoir influer sur le cours des évènements, sachant que la patience n’est pas ma vertu première !
    Alors, je me suis faussée compagnie. La chaleur inhabituelle de cet été breton m’incite à oublier, un temps, les matériaux, les délais, les devis et factures. Je me remets à lire, ce que je ne faisais plus. Je chante entre les murs vides de la petite maison qui raisonnent agréablement. Je reçois mes petits-fils qui profitent de cette période pour découvrir quelques facettes nouvelles des ressources de la région. Demain, nous partirons chez leur grand-papy. Là-bas, ils observeront comment ce vieillard manifeste sa joie de cette visite longtemps espérée. Et moi, je serai à leurs côtés, heureuse de les voir ensemble. Heureuse de cet intermède entre générations si riche des échanges d’impression, d’expérience, de projets et de tendres moments.
    D’un naturel prévoyant, je prie pour que ma santé me permette de tenir encore une décennie ou deux afin de profiter encore et encore de mes proches et de l’environnement de cette vie choisie.

  23. camomille dit :

    Cette histoire n’allait pas s’arrêter là en effet.
    Nous étions tellement nombreux que l’on pouvait voir de la fumée qui sortait de ma tête.
    Ça allait exploser la dedans… Je le sentais bien moi et je perdais le contrôle !
    – Au secours ! Au secours !
    – Il y a un problème Madame ?
    – Oui, faut appeler les encombrants. Ça déborde, ça déborde…
    – Tenez buvez ceci, et ça va aller mieux !
    – Merci, mais faut appeler les encombrants vous dis-je. Faut faire le vide et vite avant l’explosion.
    – Oui Madame, je vais les appeler – Reposez-vous en attendant.
    Elle est bien gentille cette dame !
    Elle a appelé les encombrants – Ils m’ont bien nettoyé ce qui m’encombrait et depuis… Je me sens un peu seule malgré tout.
    Tout est bien calme à présent, bien lisse, bien en ordre, bien comme il faut COMME ILS DISENT !
    Ma foi, s’ils le disent… !!!

  24. Jean-Marc durand dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Mais je ne me suis pas faussé compagnie.Chez moi, pas de désertion. Je n’ai pas appuyé sur une gâchette. Dans gâchette ya gâcher! J’ai fait le tour de cette compagnie, tous ces petits soldats engagés ou volontaires, je les ai aligné contre un mur et j’ai commencé le tri, la grande lessive.

    Les souvenirs tout pourris, je les ai repéré de suite, ils étaient fagotés à l’as de pique, plus un bouton, la sueur et la crasse leur coulant du bas de pantalon. Une horreur. J’ai gueulé, TOI, TOI, TOI, TOI, TOI, TOI et TOI…..TROIS PAS EN AVANT. Et ils ont disparu dans un trou de mémoire. Ca faisait déjà un foutu commando d’emmerdeurs passé en pertes et profits.

    Oui, c’est comme çà, mon gars, si tu tombes dans la division DURAND, faudra marcher de traviole et sortir la fleur du fusil.

    Ensuite, j’ai interrogé tous les souvenirs douteux, tous ceux qui pour le moindre rond de métal vendrait la peau tannée de leur grand-mère. Ça n’a pas toujours été facile, car les bougres sont dressés par les ennemis, tous ces poux qui a une époque me prenaient le cheveu, tous ces planqués de la touffe. J’ai dû peaufiner des questions vicieuses pour dénicher les faux derches. Ainsi ai-je piégé un brigadier qui a tenté de me persuader que le dadaïsme était une relation sexuelle autorisée dans la cavalerie. Il a pas fait long feu, celui-là, je l’ai expédié au front, un bon coup de brosse et on en parlait plus.

    Le plus dur a été de dénicher les vaseux, ceux qui font floc floc avec leurs semelles, de tout, qu’on ne sait jamais si c’est du lard de cochon ou du gras de porc. Il y en avait un bon paquet qui retournait leur veste 6 fois plus vite que la belle Julie pour se déloquer au Moulin Rouge. Je leur ai fait vidé leur barda, tous à poil, et selon j’en ai expédié une bonne moitié se faire noyer dans la grande mare aux connards. Et l’autre se faire griller le profil dans le grand SalebandeSaharats.

    À la fin de la journée, je me sentais beaucoup mieux. Un mince filet de brise circulait d’une oreille à l’autre. Je me suis bricolé un léger rata, rien que des légumes bios. À 19h, j’ouvrais les portes de la caserne. Un maigre pommier soutenait un fruit. Sur une branche se balançait un rouge-gorge. La rougeur de sa blessure témoignait de son combat quotidien. Je l’ai longuement regardé.

    Et puis, je suis sorti de ma réserve, j’ai entendu le pioupiou en moi et nous avons siffloté, ensemble.

    Mais moi, discret, car je ne voulais pas empiéter sur son territoire, durement négocié, faut jamais déconner avec les réalités de la vie.

  25. Patricia dit :

    Dans ma tête, nous étions trop nombreux, j’en avais ma claque. Je me suis faussé compagnie. Je sentais bien que cette fois il y avait quelque chose qui n’allait pas. Ce n’était pas comme d’habitude. Là, il y avait en permanence une espèce de bourdonnement. Un peu comme des acouphènes, mais en pire. En fait, cela me faisait presque penser à une alarme en sourdine ou un truc assez indéfinissable du genre.

    Evidemment que j’étais inquiète. Il y a de quoi, non ? J’ai tout de même tenté de réfléchir, d’essayer de définir ce qui se passait, pourquoi c’était encore pire que d’habitude. Du nouveau dans ma vie ? Même pas. Un problème de boulot ? Pas davantage. Des soucis à la maison ? Vu le vide ambiant, aucun risque. Alors quoi ?

    J’ai mis du temps à me poser toutes les questions possibles et imaginables. Et je peux vous dire, de l’imagination, j’en ai à revendre. Mais rien de tangible ne m’est venu.

    Et tout d’un coup, j’ai réalisé.
    C’était moi qui étais de trop.

    Alors j’ai appuyé sur la gâchette.

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