589e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat

Encore une maison de pauvres  !
Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelle part. Rien !
Il s’empressa de déguerpir.
Près de la porte, à l’encoignure du chambranle, une canne avec un pommeau en tête de chien.
Il s’en empara.
Sil avait su…

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Exercice inspiré par cette anecdote des années 60

Vivez un remue-méninges électrisant animé par Pascal Perrat : FAIRE GRANDIR UNE PETITE IDÉE. Un rendez-vous mensuel auquel tout abonné peut participer

Imaginez que vous puissiez trouver facilement des idées, dans n’importe quel domaine.
Imaginez que cette faculté psychique vous permette de réaliser ce qui est le plus important pour vous.
Inventer votre métier, par exemple. Comme Pascal Perrat l’a fait toute sa vie.

37 réponses

  1. françoise dit :

    589/Encore une maison de pauvres  !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su !
    Il descendit l’escalier calmement quand soudain il fut interpellé par deux gendarmes qui lui demandèrent où il avait eu cette canne
    près de la porte à l’intérieur« j’ai connu le propriétaire qui était un ami de mes parents, je l’ai souvent ramassée, j’ai joué avec elle, j’en ai parfois reçu quelques coups que sans doute je méritais »

    Mais que faisiez-vous dans cette maison ?
    La porte était ouverte, je suis entré machinalement voilà tout !
    Vous allez nous suivre au commissariat et nous allons faire une main courante
    Les mois ont passé et puis un jour je reçus d’un notaire de nice
    un acte de propriété de ladite maison
    J’étais fou de joie, je quittai mon studio, emménageai avec mes quelques meubles
    J’avais fait de mauvaises affaires, j’étais criblé de dettes,
    si bien que «ma » maison fut vendue aux enchères
    je suis devenu clochard , propriétaire d’une canne avec un pommeau en tête de chien
    ,j’y tiens comme à la prunelle de mes yeux

  2. MALLERET dit :

    589 Encore une maison de pauvres ! Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part. Rien.
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, à l’encoignure du chambranle, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S’il avait su…

    Décidément pas de pot en ce moment, c’est la troisième baraque que je fais et tous des fauchés ! Comment y peuvent crécher dans ce quartier de bourges sans avoir de l’oseille ? À moins que ce soit l’Antoine de la Grange-aux-Oies qu’a déjà tout raflé ! Il a du nez pour les bonnes adresses ! Ça pourrait bien être lui, vu l’état des lieux.

    Si c’est ça, pourquoi il a pas pris cette canne à tête de chien ? Il les adore les chines. Il a même un élevage. C’est trop bizarre, faut que j’enquête. Le clebs est de la même race que ceux qu’il élève. Peut-être qu’elle porte malheur cette canne ! (Et vite il se signe contre le mauvais sort !).

    L’Antoine de la Grange-aux-Oies, c’est pas n’importe qui. C’est comme qui dirait un Cambrioleur avec un « C ». Il improvise pas. À lui seul c’est une organisation pour maximiser le butin et limiter les risques. Il m’a appris le métier et je me considère pas comme un voleur mais comme un cambrioleur. Les flics disent qu’on a « des méthodes bien rodées pour identifier les maisons dignes d’intérêt ». Y a un peu de ça.
    Jamais on abîme quoique ce soit, jamais on fout le bordel. Les proprios quand ils reviennent, à première vue, rien à bouger. C’est de l’art. Absolument, de l’art ! Le respect comme qui dirait. C’est la grande différence avec les voyous qui salopent pour le plaisir. Non, non pas nous. Nous c’est un boulot « classe ». On prend juste ce qui se revend vite. Pas besoin de mettre l’appart sens dessus dessous, on sait où faut aller pour trouver…le talent quoi.

    Revenons à nos moutons, pourquoi il a pas pris la canne ? Elle est super belle, y a un hic dans cette histoire. Je pourrais lui demander, on est potes, même si souvent on est concurrents. En vérité, ma caboche me dit : Tais-toi, et cherche tout seul.

    1. Il l’a pas vue. Bizarre, il a des yeux qui scannent à la vitesse d’un bolide.
    2. Un truc lui a fait penser qu’elle porte malheur. Difficile. Y croit en rien, ni dieu ni diable.
    3. Il l’a laissée exprès. Le plus plausible à mon avis. Donc, elle vaut rien et je la jette dans la première poubelle que je croise.

    Je la trouve quand même chouette. Je vais la garder un moment, il est toujours temps de m’en débarrasser. C’est pas pour la place qu’elle prend.

    Depuis un mois, j’ai changé de look, méconnaissable que je suis devenu. Plus de jean, je me suis carrément acheté un costard dans une boutique bon marché, mais croyez pas, on dirait un vrai rupin. Pas de T-shirt évidement ; chemise et cravate. Je vous dis pas, rasé et coiffé, ma canne à la main je déambule comme un nabab.

    Ce personnage, en l’occurrence, moi, se transforme petit à petit. J’ai rencontré dans un bar une Anglish, non pardon, une avocate anglaise qui ne comprend pas grand-chose si je ne fais pas l’effort de parler en français. Du coup d’effort en effort, mon argot se dissipe. Vous comprenez, elle me plait beaucoup. Pour la première fois, j’ai envie d’avoir une femme, des enfants et de ne plus ressentir cette peur viscérale de me retrouver en prison.
    Je ne sais pas encore quel sera mon avenir, mais ce dont je suis sûr : Que personne ne s’avise de voler ma canne !

    Peggy Malleret 18 mars 2022

  3. Bernard Pauchant dit :

    J’aime beaucoup ! Beaucoup d’humour et un vrai personnage.

  4. Bernard Pauchant dit :

    Encore une maison de pauvres !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part. Rien ! ! ll s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, à l’encoignure du chambranle, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su…
    Il faisait nuit noire. Aucune étoile, la lune était cachée derrière les nuages, une nuit à ne pas mettre un fantôme dehors. Dans le jardin fleuri d’un petit cottage de la banlieue de Portsmouth, on n’entendait que le bruit de la mer qui roulait les galets, on devinait la présence d’un vieil homme, cassé en deux par l’arthrose, portant un sac vide sur le dos et d’un enfant pliant sous le poids d’une sacoche à outils qui avaient l’air bien lourde. Ils se faufilaient entre les arbres, foulaient à pas feutrés le gazon impeccable : il valait mieux éviter l’allée de gravier pour ne pas réveiller les habitants de la maison qui devaient dormir à cette heure-là puisqu’aucune lumière ne filtrait des fenêtres. Ils firent le tour de la maison, repérèrent une petite fenêtre sans volet.
    – Oliver, je te fais la courte échelle, tu grimpes, tu pousses la fenêtre. Si elle s’ouvre, tu sautes à l’intérieur et tu viens ouvrir, de l’intérieur, la porte qui est là, tu vois. Tu comprends ?
    – Et si elle ne s’ouvre pas ?
    – Et si une chouette fille était là pour te l’ouvrir ? Te pose pas de questions stupides. Fais ce que je te dis. Toujours à tergiverser ! Tu n’as qu’à te débrouiller ! D’ailleurs, il y a des gens qui laissent la clef sur la porte dans certaines pièces…
    – Allons-y. Je grimpe… Mr Philou, ça y est, ça bouge, la fenêtre s’ouvre, je peux sauter à l’intérieur. C’est possible. Est-ce que j’y vais ?
    – C’est étroit mais tu peux passer. Vas-y et viens m’ouvrir.
    Philou, un vieux briscard qui n’en n’est pas à son premier cambriolage se plaque contre le mur, prêt à déguerpir si ça tourne mal. On n’est jamais trop prudent (laissons faire cet idiot d’Oliver). Rien ne se passe.
    – Qu’est-ce qu’il fout, Oliver ? Bon Dieu, pourquoi je me suis embarrassé d’un mioche comme ça ? ça ne me ressemble pas. Philou, t’es trop bon, tous tes problèmes viennent de là.
    Enfin la porte s’ouvre, en grand, sans précaution. Ça grince, ça manque d’huile.
    – Chut ! Oliver, réfléchis un peu, dans ta petite tête d’oiseau. T’as pas saisi qu’on essayait de ne pas faire de bruit ? Bon, maintenant fais le tour de la maison, monte dans les chambres, va voir si là-haut ça dort bien. Je t’en prie, évite de faire du bruit. Méfie-toi de l’escalier qui m’a l’air bien vieux.
    – Mr Philou, j’ai peur. Tu peux pas y aller à ma place ?
    – T’as peur ? J’m’en fous, si tu veux savoir… J’t’ai ramassé, j’te nourris, tu devrais me remercier de faire de toi un homme.
    Tout tremblant (c’est tout juste s’il ne claque pas des dents), Oliver grimpe à l’étage, cherche partout, en hésitant devant chaque porte. Ça met du temps ! Philou s’est carrément installé sur un banc dans l’entrée, il attend, il râle.
    – Ça alors ! Tu sais pas, Mr Philou ? Y a personne ! Sont pas là !
    – Parfait, poule mouillée ! Ils sont sans doute partis en vacances ! J’te leur prépare une belle surprise pour leur rentrée ! Ça doit être plein de fric ici et plein de belles choses là-dedans. On va pouvoir se servir « ni vu ni connu, j’t’embrouille ». Bon, commençons par le salon et la salle à manger. J’m’occupe des commodes et toi des placards.
    Tous les meubles sont recouverts de draps blancs. Oliver en soulève chaque coin précautionneusement, il y a peut-être des fantômes cachés dessous ! Les tiroirs des commodes sont vides, les étagères des placards sont couvertes de poussière et de toiles d’araignée. Même la bibliothèque est vide, plus aucun livre. Même chose dans la cuisine, de la vaisselle usagée, des casseroles mais rien à boire, rien à manger. Dans les chambres, les draps et les couvertures ont disparu. Pas de bijoux, pas de livres en billets ou en pièces d’or.
    – Y a rien à emporter. Qu’est-ce que tu penses de ça, Mr Philou ?
    – La ferme ! J’y comprends plus rien. Où va-t-on si les riches ne sont plus riches, s’ils sont obligés de partir et de vendre tout ce qu’ils ont ? J’t’le dis, on va plus avoir de boulot. Faut qu’ça change ! Allez, on fout l’camp.
    Le vieil homme et l’enfant quittent la jolie maison. Près de la porte, Philou remarque une canne à tête de chien.
    – Tiens, prends ça, gamin et que je ne te revois plus. J’en ai soupé de toi. Y a rien à tirer de toi.
    Oliver, la canne en main s’en va à pied vers Portsmouth. Il la fait tourner et improvise de vastes moulinets avec. En arrivant au centre de la petite ville, il sait bien qu’il n’a pas un sou en poche et il a de plus en plus faim. Il s’installe devant l’église, il tend la main mais les habitants passent devant lui, indifférents. Certains le regardent d’un air suspicieux et détournent le regard, jusqu’à ce qu’un homme d’un certain âge au sourire jovial s’approche de lui.
    – Dis, jeune homme, tu as une bien belle canne, avec une tête de bulldog, c’est rare. Où l’as-tu trouvée ?
    – Heu ! Elle était dans un coin de l’église, je peux vous montrer où.
    – Non, tu vois, cette canne me rappelle beaucoup de choses de mon enfance, un homme très gentil. Cette canne, il l’avait ramenée d’un séjour aux Indes. Il avait grand cœur, il s’est beaucoup occupé là-bas des enfants malades. Certains mouraient littéralement de faim. Mais toi, comment tu t’appelles ? Parle-moi un peu de toi.
    L’homme avait l’air si compréhensif, si bienveillant et Oliver était si honteux de la vie qu’on lui avait fait mener que pour une fois, il ne mentit pas. Il raconta tout.
    – Viens avec moi, lui dit Mr Bull.
    Il le suivit dans une belle maison victorienne. On lui donna à manger, on l’habilla. Surtout, on le traita comme un enfant qu’il était. On riait, on chantait dans cette maison. Maggy, la fille de Mr Bull, lui racontait des histoires. Il alla à l’école, apprit à lire et à écrire et acquit peu à peu une vraie culture. En grandissant, il fit des études dans un collège renommé et devint notaire. Avouons que, surtout après le décès de Mr Bull, il ne pensa plus qu’à amasser de l’argent, qu’il oublia d’où il venait, qu’il ne regarda plus les enfants que l’Angleterre laissait mendier au coin des rues. Il aimait voyager, partait en France, en Italie. Un jour qu’il revenait de Rome, il trouva sa maison vidée, nettoyée de fond en comble. Rien dans les commodes, rien dans les placards, rien dans le garde-manger. Il regarda près de la porte, la canne à tête de chien avait aussi disparu.

  5. Urso dit :

    Encore une maison de pauvres  !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelle part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, à l’encoignure du chambranle, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su…

    Il ne l’aurait pas fait, car aussitôt un énorme chien noir apparut devant lui, l’air méchant, prêt à le dévorer.
    – Ah tu as voulu faire le malin fiston. Je vais te réduire en bouillie lui dit l’animal avec un accent corse du sud de l’île.

    Joe le jeune voleur ne fit pas attention au molosse. Sa seule pensée était de s’enfuir de cette maison le plus rapidement possible.
    Mais quelque chose l’en empêcha. Ses santiags étaient collées au sol. Impossible de faire le moindre geste.
    Il eut heureusement le bon réflexe de se déchausser à toute vitesse avant que le clébard ne se jette sur lui.
    Sans ses grolles, il dévala l’escalier de l’immeuble avec la rapidité de l’éclair ; le chien à ses trousses qui paraissait mécontent de ne pas lui avoir arraché les tripes à cet humain.
    Arrivé dans la rue, Joe sentit que le cleps n’était pas loin derrière lui.
    Vite il se volatilisa dans la foule. Il se retourna à plusieurs reprises. Aucune trace du chien qui le poursuivait.

    Il en profita pour entrer dans un café et commander une bonne bière fraîche ; en effet ce jour-là il faisait extrêmement chaud dans cette petite ville d’un grand pays d’Amérique latine.
    À un moment il regarda à travers la vitre du bar et vit plusieurs personnes qui étaient regroupées sur la chaussée semblant regarder quelque chose à terre.
    Il se demanda ce que cela pouvait être car il y avait aussi à cet endroit, un long camion immobilisé en pleine voie.
    Et si c’était ce chien noir qui s’était fait écraser. Il sortit du café en courant en direction des gens. Il vit du sang au sol et reconnut son énorme toutou. Le pauvre il n’avait pas eu de chance. Peut-être qu’il continuait à le chercher et ce 38 tonnes l’avait accidentellement écrasé.

    Joe se rendit compte qu’il avait oublié son téléphone et son sac à dos au café. Il y alla pour les récupérer.
    Pour lui aussi, le destin ne fut pas tendre.
    À son tour il se transforma. Il devint une belle canne, avec un pommeau représentant sa tête, une cigarette au bec.
    Le serveur de l’établissement fut surpris de trouver cet objet à la place du siège où se trouvait il y a encore quelques minutes un jeune qui buvait sa bière.
    Il la prit et regarda attentivement la tête qui la surplombait. Il reconnut l’homme qui tout à l’heure était là et fut surpris de cette drôle de découverte.

    Ne connaissant pas l’histoire il ne pouvait savoir qu’avec la mort du chien, la chère canne plus que millénaire, un peu magique voire maléfique, venait de prendre les traits de son ancien et fugace « propriétaire ».

  6. Françoise Rousseaux dit :

    En rentrant du cinéma ce soir là, nous avons dû nous rendre à l’évidence : notre maison avait été visitée durant notre absence. Portes ouvertes, meubles vidés, tiroirs sortis et retournés sur les tables, vêtements, bibelots et livres répandus sur le sol. Cependant, nous ne possédons aucun objet de valeur ; aucune liasse de billets cachée quelque part. Nous avons toujours nos cartes bancaires avec nous et notre matériel informatique n’est pas assez récent pour intéresser quiconque. Finalement, notre visiteur avait déguerpi sans rien trouver à emporter. Il ne nous restait plus qu’à tout ranger.
    Cela nous occupa presque toute la journée du lendemain et c’est seulement en fin d’après-midi que nous avons réalisé que la canne de mon grand-père avait disparu. Cette canne, ornée d’un pommeau en forme de tête de chien, n’avait guère de valeur en soi, mais j’y tenais beaucoup, car c’était le seul objet qui me restait de mon grand-père. Et voici que par dépit, notre voleur l’avait embarquée ! Je l’imaginais vitupérant, après avoir tout inventorié :« encore une maison de pauvres ! », et ,avisant la canne toujours posée près de la porte d’entrée, il s’en était emparé avant de s’éclipser. Eh bien franchement, il avait commis une sacrée erreur, et ma première pensée fut «  Tant pis pour lui ! Ça lui apprendra de venir tout balancer ici ! Une journée entière de rangement ! Nous serons vengés ! »
    Et puis nous avons réfléchi et finalement nous avons eu pitié de lui. Nous avons alors décidé d’essayer de le contacter. L’idéal aurait été de composer une chanson qui serait passer en boucle sur les radios locales, mais n’est pas Brassens qui veut. Nous nous sommes donc contentés d’écrire un message et de l’envoyer à tous les journaux de la région ; nous l’avons également répandu sur les réseaux sociaux. Voici quel était ce message :
    « Ô estimé cambrioleur. Toi qui as visité notre humble demeure alors que nous l’avions abandonnée ; toi qui a fouillé partout et n’a emporté en fin de compte qu’une modeste canne à tête de chien, sache que tu vas au devant de graves ennuis si tu la gardes. Elle n’a aucune valeur, mais possède d’étranges pouvoirs. Le mieux que tu puisses faire, c’est de nous la ramener le plus vite possible ; dépose-la discrètement devant notre porte et estime-toi heureux s’il ne t’arrive rien entretemps ! Et sois assuré, ô estimé cambrioleur, que ceci n’est point un canular ! »
    Ce texte,donc, fut largement diffusé ; les jours passèrent, mais la canne ne réapparut pas. Nous savions que, passé un certain délai, il n’y avait plus rien à faire pour empêcher ce qui allait arriver.Nous n’avons donc pas été surpris quand un matin, nous avons trouvé un petit chien devant notre porte. L’animal, crotté, épuisé, tenait dans sa gueule notre canne, qu’il déposa sur le seuil en nous regardant d’un air suppliant. Je m’exclamai : «  Eh bien voilà, si tu l’avais ramenée plus vite, tu aurais peut-être échappé à ça !. Je ne pouvais quand même pas révélé dans mon message que l’ex-propriétaire de cette canne, mon grand-père, était un sorcier capable d’insuffler de redoutables pouvoirs à des objets familiers.Je suis désolée, mais ta métamorphose est irréversible. Tu finiras ta vie en chien ! »
    Il continuait à me regarder et je sentis mon coeur se serrer. Alors, que voulez-vous, nous avons décidé de l’adopter ! Et maintenant quand nous sortons le soir, c’est lui qui garde la maison !

  7. Nisenbaum dit :

    Encore une maison de pauvres !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su, il aurait fait complètement différemment…

    D’abord, dès son entrée dans la maison, il l’aurait prise en main, cette canne.
    Peut-être aurait-elle attiré son attention.
    Ce n’est tout de même pas courant, une canne à tête de chien.
    Il l’aurait observée de près et peut-être aurait-il vu qu’elle pouvait s’ouvrir.
    Pour cela il aurait suffi qu’il en tourne le pommeau, comme on dévisse une poupée russe.
    Et, dans le fond du pommeau ainsi ouvert, il aurait trouvé une clé minuscule.
    Et avec cette clé en main, il aurait pu alors faire le tour de la maison.
    Et en se posant la question de l’endroit qu’elle pourrait ouvrir, il aurait cherché.
    Il serait vite tombé sur une maison de poupée, tout aussi incongrue dans ce logement quelconque.
    Il se serait baissé pour la regarder de plus près et aurait découvert dans la chambrette de la maison la plus mignonne petite armoire que l’on puisse imaginer.
    Il aurait ouvert l’armoire.
    Mais il ne l’a pas fait.
    Et on ne saura jamais ce qu’il y aurait trouvé…

  8. Laurence Noyer dit :

    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau.

    Au cœur des ruines de Port-Royal, un arbre entre en noviciat
    Rescapé du massacre, il pérennise son retrait au monde
    Devenu remarquable, ses ramures semblent suspendues au ciel
    Un soir, une de ses branches, perd la foi, et vient s’échouer
    Au pied du géant

    Le peintre des natures mortes vient cueillir ses couleurs sur les ruines de Port-Royal
    Il ramasse la branche impie, et en fait sa compagne
    Elle sera plus que le simple bâton qui soutient, qui défend
    Elle sera le sceptre, la lumière divine
    La colonne à qui céder toute la lumière
    L’âme et l’inspiration de l’artiste

    Au cœur des ruines de Port-Royal l’arbre recueilli
    Est toujours là, mutilé
    Sa branche amputée semble prolongée d’une sorte de souffle matérialisé, d’une voix qui murmure :
    « D’un simple bout de bois peut naître une œuvre d’art »
    Comme ce pommeau de canne dans l’encoignure des souvenirs.

  9. Nadine de Bernardy dit :

    S,il avait su, il y serait allé plus tôt.
    – Voyons voir ce que tu nous a encore ramené aujourd’hui, persifla sa femme quand le cambrioleur rentra, avec à la main la canne à pommeau de chien qu’il avait trouvé dans une encoignure, en sortant de cette baraque de pauvres où il n’y avait aucune chose de valeur.
    – Bravo,magnifique,tu te surpasses! Et que comptes tu en faire?
    Lui, si timide et doux, pensa:
    – Te la fracasser sur le crâne vieille vipère.
    Quel soulagement! Même s’il ne l’avait pas dit.
    Au lieu de cela, il sourit en la regardant sereinement.
    Dès lors il prit du poil de la bête, ne quittant jamais sa canne dont le pommeau s’adaptait si parfaitement au creux de sa main. Il se mit à réfuter les critiques conjugales, à lui tenir tête, la laissant fulminer. Elle ne sentait pas le subtil changement qui s’opérait en lui. Le comble de la félicité du bonhomme fut atteint quand, un matin, elle lui demanda:
    – Quand comptes tu retourner visiter une maison convenable? Cela fait plus d’une semaine que tu es là, appuyé sur ta fichue canne, l’air d’avoir trouvé la lune
    – Mais ma chère, vas y donc toi même, je pense que tu es très qualifiée pour dénicher une maison de riches.
    Devant ce ton calme et déterminé, l’épouse ne trouva rien à redire. Elle partit derechef, un grand sac sur l’épaule.
    Chacun semblait avoir trouvé la place qui lui était réellement dévolue.
    Le mari s’en alla, sa fidèle canne à la main, faire une petite promenade avant de revenir préparer le repas pour le retour de sa  » tendre moitié « .

  10. Maguelonne dit :

    Françis fulmine Les copains ont raison. J’ai un chat noir sur ma tête. Je prends des risques insensés. Tout ça pourquoi ? Pour tomber sur une maison de pauvres. Aucun bijou, pas d’argent planquée quelque part. RIEN.
    Françis s’empresse de déguerpir tout en s’emparant machinalement de la canne avec un pommeau à tête de chien, qui traîne dans une encoignure près de la porte.
    Pourquoi j’ai pris ça, se dit il ? Bah, elle a quand même de la gueule, cette canne ! Je vais m’en servir et je deviendrai Francis, l’homme à la canne à tête de chien, reconnaissable entre tous. Classe !
    Francis n’a pas observé l’œil furibard de la tête de chien qui ne peut parler mais n’en pense pas moins : j’avais enfin une retraite bien méritée, seul vestige de temps anciens j’étais l’impératrice des lieux. Et voilà que ce monte en l’air de pacotille me kidnappe, et en plus se sert de moi. Tomber aussi bas, quelle vulgarité ! Mais un croc en jambe va lui régler son compte. Double, triple, quadruple fracture des malléoles et peut être même pire si j’ai de la chance.
    Mais Dame Chance étant distraite, Francis s’en tire avec une entorse, nécessitant tout de même un plâtre. Et le voici confiné dans son triste deux pièces. Dur,dur !
    En face de chez lui se trouve un boxon qui a bien redoré son blason et s’appelle pompeusement Hôtel de Charme. La tenancière qui l’a repris en mains il y a quelques années se la joue grande dame. Ce qui convient tout à fait à l’élite masculine de la ville qui s’y donne rendez vous discrètement. Un tri sévère a été fait parmi les pensionnaires et Florine a été déclassée.
    Florine, gentille fille, a un zozotement prononcé, un strabisme divergent et l’esprit en rase moquette. Elle ne comprends pas trop les jeux du sexe et n’est pas très efficace en belle de nuit. Par contre au ménage, là, elle est très forte.La mère maquerelle l’a donc casée au récurage où sa bonne volonté et sa vaillance font florès pour un salaire de rien. Elle peut même, en cas d’urgence assurer les petits dépannages.
    Sa patronne qui a un peu de tendresse pour elle, lui a offert une jolie paire de gants Mappa rose avec de grandes manchettes à petits pois vert et turquoise. Florine, enchantée ne quitte plus ses Mappa et astique gaiement tout ce qui lui tombe sous la main.
    Revenons à Francis qui se morfond et passe beaucoup de temps à la fenêtre en fantasmant sur la maison d’en face. N’y tenant plus, il réunit les quelques sous qui lui restent, s’appuie sur la canne à pommeau pour aller sonner en face. Il présente son petit pécule et supplie pour qu’on lui fasse grand bien. L’hôtesse fait la grimace. « C’est peu. Ça ne vous donne droit qu’à la petite affaire et avec Florine. Mes filles se reposent »
    « Pas de problème. J’ai trop besoin d’expurger sinon je deviens fou »
    Alors Florine en pleine vaisselle doit s’y coller. Bon, vite fait, concède t’ elle.
    Elle installe Francis, prend son livre de chevet dans la main gauche et se met vaillamment au boulot avec sa main droite. Complètement absorbée par l’histoire de Cendrillon, elle ne comprend pas les cris de Francis et s’active de plus en plus fort et de plus en plus vite. C’est finalement la tenancière, alertée par les beuglements de Francis qui met fin à son supplice. On le dépose anonymement aux urgences.
    Les médecins n’ont jamais vu ça. On appelle les collègues, on prend des photos, chacun y va de son commentaire. Une telle allergie au latex ! Doit y avoir autre chose. Mais faut bien essayer de sauver le membre. Des avis de sommités médicales sont demandés. On essaie plusieurs traitements. Mais rien ne marche et Francis se retrouve définitivement infirme.
    Tout ça pour une canne à pommeau qui avait le mauvais œil. S’il avait su…

  11. Nouchka dit :

    « Encore une maison de pauvres ! Aucun bijou, pas d’espèces planquées. Rien ! Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, dans une encoignure, une canne avec un pommeau à tête de chien. Il s’en empara »
    .. Et quitta le lieu aussi discrètement que ses qualités de voleur le lui imposaient.
    De retour dans l’antre, où il entrepose le butin de ses expéditions nocturnes, il dépose la canne sur la table, prend une bière dans le réfrigérateur et s’assoit devant son maigre butin.
    La canne longue et fine au pommeau de métal sculpté d’une tête d’animal n’est pas une tête de chien comme il l’a cru dans la pénombre mais une tête de renard. Il approche l’objet afin d’en voir les détails. Pas mal se dit Hector, la canne est élégante, la tête figurative et fine, l’anatomie de la forme très réaliste. Il décide de rechercher si l’objet serait une canne à système avec quelque cache à l’intérieur. La virole sous la tête doit se dévisser. La canne allongée sur les genoux, Hector commence à dévisser la virole et parvient à désolidariser les deux parties. Rien d’extraordinaire n’apparait si ce n’est une matière figée, sombre et malodorante. Qu’à cela ne tienne ! Hector intrigué, amène les deux bouts près de l’évier et commence à doucher le métal souillé. Le jet d’eau trop fort asperge la matière, la réhydrate et envoie les éclaboussures sur le visage, les mains et les vêtements d’Hector. Ce dernier suffoque de l’odeur d’excréments musquée, nauséabonde et irritante qui se dégage. Que faire pour supprimer cette infection et sécher le fut de la canne et le pommeau poisseux qui dégorgent cette puanteur.
    Pour commencer, il met les morceaux de la canne sur le rebord de la fenêtre pendant qu’il va prendre une douche et enfouir ses vêtements dans la machine à laver.
    Cela fait, Hector continue de tousser et subit les violents haut-le-cœur générés par l’épouvantable odeur qui emplit la pièce.
    Peu rassuré, il ouvre néanmoins son ordinateur et cherche des informations sur ce que pourrait être la matière mise à nu. Emettant l’hypothèse que ce puisse être de la merde de renard, il découvre que « Leurs excréments ont une odeur musquée qui présentent un certain nombre de risques pour votre santé En effet, ils contiennent souvent des parasites et peuvent transmettre une maladie appelée échinococcose alvéolaire, maladie qui donne des symptômes similaires à ceux du cancer du foie, mais qui passe souvent inaperçue pendant des années alors que les larves se développent dans l’organisme. Lorsque la maladie est détectée, et si elle est bien diagnostiquée, il est souvent trop tard, car elle aura déjà affaibli votre corps et prit une place majeure ».
    Hector, en plus de la toux, des nausées a maintenant une sensation d’étouffement, de blocage respiratoire, des douleurs thoraciques, des palpitations, des sueurs, des tremblements, un sentiment d’étourdissement, une gène abdominale et croit sa dernière heure arrivée. Il s’écrit impuissant « Si j’avais su… »

  12. iris79 dit :

    Encore une maison de pauvres  !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelle part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su, il l’aurait laissé, là où il l’avait trouvé. Cela ne faisait pas trois minutes qu’il avait quitté la maison qu’il s’affala de tout son long s’ouvrant salement la lèvre.
    Quelques gouttes vinrent coiffer le pommeau qu’il regarda en maugréant avant de filer.
    Arrivé chez lui, il s’aperçut qu’il avait une faim de loup. Il n’avait pas mangé depuis la veille. Il économisait le butin volé au restaurant de la rue. Le maigre filet de patates devrait lui faire trois jours en mangeant un repas sur deux. Il mit deux patates à cuire mais au moment de retirer la casserole du feu, il se renversa de l’eau bouillante sur les pieds. Il hurla de douleurs en clopinant jusqu’à la rivière qui lui servait de salle de bain. Il jura s’en prenant à cette canne qui maintenant se trouvait trop loin de lui pour la soutenir alors qu’il en aurait eu grand besoin. Il lui fallut un temps certain pour la récupérer sur le chariot qui ne le quittait pas.
    Il s’appuya sur elle pour vaquer à ses occupations mais plusieurs fois, elle lui glissa des mains le faisant tomber ou éviter de justesse une nouvelle chute. Alors qu’il essayait de s’adonner à une sieste embrumée, il se demanda si cette canne n’aggravait pas son cas. Il comprit que sa vie déjà bien bancale était en train de prendre une tournure dangereuse.
    Il se releva alors promptement ,s’en saisit, la scia et la jeta dans le poêle. Au moins gagnerait-il quelques minutes de chaleur. Il regarda le pommeau se consumer sans regret et retourna ce coucher. Son sommeil fut cette nuit là peuplé de monstres en tous genres et de cauchemars à la chaîne.
    Le lendemain, alors qu’il s’apprêtait à repartir pour chaparder ce qu’il pouvait, il vit sur le bord du chemin une chien sans collier. Ce qui le frappa en premier fut la ressemblance évidente entre la tête de ce bâtard et la figure du pommeau de la canne jetée au feu quelques heures plus tôt. Le chien semblait perdu mais avait dû être bien soigné. Il avait le poil luisant et un regard étrange. Le vieux voleur crut même y déceler une lueur de bonté, d’envie d’être avec lui. Il le chassa du revers de la main en lui criant de déguerpir, qu’il n’avait pas de quoi le nourrir. Mais le chien s’obstinait. Il le suivit toute la journée et bizarrement rien de fâcheux arriva au vieux ce jour-là. Le soir il consentit à lui lancer un quignon de pain, erreur fatale il le savait bien. Le jour d’après fut presque identique au premier. Il ne lui parla pas mais le laissa le suivre. Le chien émettait quelques fois de timides plaintes en quête d’un regard au moins.
    Les jours se succédèrent et le rapprochement fut inévitable. Le voleur sentit une énergie nouvelle et un feu intérieur qui lui faisait un bien fou. Il ne se cachait plus pour se laisser aller à quelques démonstrations timides d’affection envers ce chien qui lui changeait la vie. Il aimait plus que tout se retrouver le soir assis devant sa porte, le chien à ses pieds, regarder le soleil se coucher en sculptant dans des bouts de bois ramassés des têtes de chien qu’il installait ensuite sur des cannes qu’il offrait à l’hôpital de la ville.
    Il en adopta une lui-même quand ses douleurs se faisaient trop présentes. Et il se redressa grâce à elle au delà de toute espérance.

  13. FANNY DUMOND dit :

    Encore une maison de pauvres !
    Aucun bijou, aucune espèce planquée quelque part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.

    S’il avait su que ce bâton de pèlerin lui ferait vivre une telle aventure, il serait resté à se la couler douce, bien au chaud sous sa couette en attendant que Line, sa nouvelle compagne, lui apportât son petit déjeuner au lit. Celle-ci, intriguée par son levé en pleine nuit, lui avait demandé s’il était malade.

    – Nom d’une pipe de bois ! s’était-il écrié. Pas moyen, dans cette baraque, de faire un pas sans être espionné. Rendors-toi, il est minuit.

    – Minuit, l’heure du crime, comme disait mon père, s’était-elle exclamée avant de se rendormir.

    À peine était-il sorti dans le jardin de cette foutue maison, qu’il se prit une grosse écharde dans la paume de la main en s’appuyant sur le bâton. Il gueula tant qu’il réveilla le voisin qui dormait à la belle étoile dans son hamac. Il entendit un « qui va là ? » et l’enclenchement du cran de sécurité d’une arme à feu. Il n’eut que le temps de se jeter dans un buisson d’aubépines dans lequel il se lacéra les membres et le visage. Haletant et aux aguets, il attendit une éternité que le type rentre, enfin, chez lui. Armé de sa canne qui aurait mérité un bon rabotage, il réussit à s’extraire, tant bien que mal, de sa prison en s’écorchant davantage.

    Une fois rentré chez lui, il se coucha en se disant qu’on ne l’y reprendrait plus, surtout pas dans ce bled perdu.

    Line, toute joyeuse, lui apporta son petit-déjeuner sur un plateau :

    – Jacques, tu as reçu une offre d’emploi. Mon Dieu ! que t’est-il arrivé ! s’écria-t-elle en voyant le visage lacéré de son amoureux.

    – Fais les bagages, on va déménager. Je crois bien que cette maison est hantée. Je me suis fait agresser par un fantôme.

    – Un fantôme ! n’eut-elle que le temps de dire avant d’entendre de grands coups donnés sur la porte d’entrée.

    – Police, ouvrez ! Vous êtes cernés.

    Les gendarmes trouvèrent le Jacques caché sous sa couette.

    – Qu’est-ce que vous me voulez ? hurla-t-il. Pas moyen d’être tranquille chez soi !

    – Levez-vous. Vous êtes en état d’arrestation pour les vols perpétrés dans la commune. Nous avons un mandat de perquisition pour fouiller là-dedans, éructât le capitaine d’un air de dégoût.

    – Vous êtes fous ! ne put que dire le larron tandis que sa Line s’écroulait en larmes en hoquetant qu’elle n’était au courant de rien.

    – Tiens, le voilà le bâton de Gaston ! s’écria un gendarme. Je suis ravi de vous apprendre que c’est grâce à lui que nous vous avons logé. Il est ingénieux ce petit vieux ; pour le cas où il se perdrait au cours de ses randonnées, il avait inséré une puce de géolocalisation dans la tête du chien.

    – Ah ! ne put que répondre le monte en l’air.

  14. Grumpy dit :

    Ah ? Furax, vraiment pas content : rien trouvé dans cette barraque, chou blanc, temps perdu. En plus je me suis esquinté un genou en sautant la clôture.

    Vraiment pas mon jour … A quoi ça me sert de m’appeler Arsène Lupin si l’âge venu je n’ai plus le flair du repérage des bons coups. Je sens que je perds et le nez et la main. Et si je prenais un chien qui les reniflerait à ma place ?

    Un chien ? Justement, en quittant cette « maison de pauvre » Gros-Jean devant comme derrière, il emprunte, faute de mieux et pour ne pas tout à fait perdre la face, une élégante canne, bois exotique, effilée, superbe pommeau d’ivoire sculpté en tête de chien. Voilà qui fera bien mon affaire vu l’état de mon genou.

    Boitant bas, il s’en va retrouver son Auteur pour lui conter, humilié et peu fier, sa déconfiture.

    – C’est la première fois que ça m’arrive Maurice, mais je voudrais que ce soit la dernière. Ne va surtout pas l’écrire celle-là. J’ai décidé d’abandonner le métier mais je te demande de ne pas faire savoir que j’arrête ma carrière sur cet échec minable. Tu me trouveras facilement un remplaçant, un voleur sachant bien voler.

    Leblanc surpris, bien embêté, il pense aux royalties que lui ramène son héros vedette. Néanmoins :

    – Montre un peu cette canne dit-il à Arsène

    Il fait quelques moulinets, caresse la tête de chien patinée qui se loge si bien dans sa paume.

    – Elle est belle, sûrement de valeur, tu entends ce drôle de petit bruit quand je la fais tourner ?

    Clong, la canne lui échappe et tombe à terre, pommeau dévissé, s’en échappe des diamants … une rivière.

    – Ah ben, mon cher Arsène, tu m’étonneras toujours !

  15. jean marc Durand dit :

    C’était encore. C’était toujours une maison de pauvres! Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelque part. Rien, pas un souvenir à négocier. Pas une pièce d’or, que des pièces vides avec des meubles humides.

    Il s’empressa de déguerpir. Près de la porte dans une encoignure, une canne avec un pommeau de tête de chien. Il s’en empara, comme çà!

    S’il avait su, il ne serait pas venu. Si ce notaire ne lui avait pas écrit il ne serait pas dérangé. Pourquoi était il venu, d’ailleurs ? Depuis 40 ans qu’il avait quitté cette maison. Cette maison de pauvres. De pauvres en affection, pauvres en tendresse, en simple intérêt, ce petit balbutiement d’un regard, de temps en temps. Des pitoyables du coeur dont il pensait avoir effacé les silhouettes, les esquisses de l’oubli.

    Mais la mémoire est têtue, surtout quand elle est cabossée. Et les fantômes dans la vase serpentaient jusqu’à sa berge.

    Lui, le géniteur, elle la génisse taiseuse, comme il l’avait nommé, un soir de poésie narquoise. Lui, le maître, elle la première ministre. Et leur gouvernement sur tout. Leur main mise sur le moindre faux pas. Leur haute autorité pour tout faire taire.

    La pénombre du passé entrebaîlla ses volets grinçants.

    Cette canne qu’il tenait dans sa main, cette canne sur laquelle il n’osait pas s’appuyer, c’était la canne du Vieux. Peu à peu remontaient de la cave de l’amnésie les germes moisis des pommes de terre, les hérissons couverts de bouteilles vides, de flacons d’histoires tournées et retournées. Les serpillières peu à peu allaient s’essorer de leur boues.

    Cette canne avait marqué chacun des diktats du vieux. Le jour où il lui avait décrété qu’il était trop jeune, le soir où ‘il lui avait rappelé qu’il était trop bête, la nuit où il avait légiféré sur le futur échec de sa vie.

    Cette canne qui avait martelé chaque parole d’un coup saignant sur le parquet. Et lui qui, pendant des années avait tremblé, comme le parquet sous les coups de ces monstres, celui tenant la canne et celle la gouvernant.

    Puis un jour, la porte qu’il leur claqua au nez le soulagea de plus d’une de leurs baffes morales, les plus insidieuses. Et il fit sa vie, comme il put, sans haine, ni vain pugilat. Avec de tous petits rêves en forme d’assiette à dessert, décorée à la main. Il n’avait rien construit d’extraordinaire mais s’était efforcé de ne rien démolir. Car il pressentait trop fort que l’insensibilité pouvait demeurer génétique.

    Ce jour, là, au sortir des ses ruines, sur quoi pourrait’il éventuellement s’appuyer ?

    Il accéléra le pas, suivant le chemin encore tout épineux de son enfance, jusqu’au jardin., la petite forêt de ses fuguettes avec ses immenses feuilles de citrouille sous lesquels il se cachait parfois.

    Assis sur une grande pierre, taillée comme un tombe, il regardait la canne. Le chien sur son pommeau usé faisait pitié. Ses joues flasques lui dessinaient comme des larmes.

    La maison, c’était trop lourd, il fallait s’en débarasser. La canne, elle, avec le temps pourrait encore s’alléger.

    Il caressa la tête du chien. Il en ferait le meilleur ami de l’homme en lui.

  16. Akpo dit :

    Encore une maison de pauvres  !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelle part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su que cette canne valait une fortune!!! Il n’aurait pas perdu de temps à faire le tour de la maison au risque de tomber sur un chien, d’ailleurs. Il aurait pris la canne directement.

    Sorti de là, il attendit un peu, il hésita : garder la canne en trophée ou la porter chez un antiquaire ? On ne sait jamais se dit- il, je pourrais peut-être  tirer quelques euros de cette vieille canne.

    Arrivé devant la boutique, il remarqua avant de pousser la porte une petite inscription sur la cane. Le nom du propriétaire???!!!! Un frisson le traversa, des pieds à la tête. Trop bête de se faire démasqué comme ça!

    Il s’arrêta  devant la porte rien de grave il était juste inscrit : en tout petit cave canem.

     L’antiquaire regarda la canne, évalua un bon prix   pour cette canne  au regard de  la qualité du bois , la sculpture, et de l’époque approximative.

    En sortant de la boutique tout content et riche, le voleur  se fit écraser comme une crêpe.S ‘il avait su que cette canne valait une fortune il l’aurait peut -être laissé sa place finalement.

    L’antiquaire découvrit quelques jours plus tard, que le véritable propriétaire de cette canne n’etait autre que le magistrat de la ville.

  17. Antonio dit :

    — Salauds de pauvre !

    Il n’en finissait pas de jurer contre cette misère qui venait de gagner Mulholland Drive, après Bel Air, Beverly Hills et Hollywood Boulevard. Depuis l’effondrement des cours de la Bourse de Wall Street, Los Angeles se paupérisait à une allure phénoménale. Les villas de luxe étaient vidées de toutes leurs valeurs, revendues à des riches industriels pékinois pour une bouchée de pain, leurs murs ne valant plus rien.

    Le monde avait bien changé depuis cette guerre éclair entre Russes et Américains, redessinant les reliefs du monde de Moscou à Los Angeles, en passant par l’Europe occidentale, avec ces cratères plus profonds que le Grand Canyon et un air irradié à faire fuir un milliard de sinistrés vers l’hémisphère sud. Des radeaux de fortune pleins d’Européens sombraient en Méditerranée, faute d’être autorisés à accoster dans les ports libyens ou algériens, pour gagner l’eldorado sino-africain. Des hordes d’Américains tombaient leurs propres murs pour traverser le Mexique et rejoindre si possible le port de panama dans l’espoir de traverser un jour le Pacifique vers la terre promise de Taïwan Island, aux portes du rêve chinois.

    Tout Hollywood y avait migré déjà ses studios et sa production, en bon siné-phile, réécrivant déjà la grande Histoire en séries héroïques du cow-boy pékinois au pays merveilleux de Xi Xinping.

    — Salauds de pauvre !

    Lui était resté comme beaucoup d’autres, sans moyens pour fuir, avec un masque à gaz désuet qu’il avait conservé depuis Saïgon. Argh ! Ça avait recommencé et il pestait, brandissant la canne en bois, au pommeau en fer avec la tête de ce chien, sans savoir qu’elle allait le mener loin.
    Une armée de soldats masqués aspergeaient les rues d’un produit chimique, comme pour les nettoyer de toute trace d’américanisation à l’ancien pays du Ketchup, désormais aux mains du seul maître du monde. Quand deux bras l’encerclèrent, deux autres lui immobilisèrent la tête.

    — Ouvre les yeux et ne bouge plus, dit une voix avec un accent de « Gook » (un Viêt quoi).

    Un flash l’éblouit à travers son masque et la voix de reprendre :

    — Non répertorié. Embarquez-le pour le marquer.

    Ainsi, il se retrouva, avec sa canne, dans un poste de police de Los Angeles-Tianshi pour un fichage par reconnaissance faciale réglementaire.

    — Vous pouvez partir, lui dit le chef de police, après dix heures de garde à vue. Hep ! Attendez ! Où avez-vous eu cette canne ?
    — Elle est à mon grand-père, répondit le voleur pour éviter de passer par la case prison.

    Le policier la saisit et scruta le pommeau dans tous les sens, puis fit de même avec la tête de son propriétaire, avec un air mauvais de suspicion.

    — Vous semblez préférer la tête de ce chien à la mienne crut-il bon dire.

    Mais c’est le chef qui bondit de son siège et attrapa ce sot d’Américain par le col.

    — Ce chien, comme vous dites, c’est Mao Zedong et cette canne est un trésor longtemps recherché par les commissaires de la République Populaire de Chine. Elle a été volée la veille de son enterrement alors qu’elle devait intégrer son mausolée.
    — Enfin, je dis « mon grand-père », mais… euh… ma grand-mère n’a jamais été formelle… hum !

    — Coupez ! C’est parfait. On tient la saison 1.

    Ah ! Heureusement qu’il reste le cinéma pour faire de nos cauchemars des merveilles de film.

  18. 🐻 Claud'Ours dit :

    une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su…
    🐻 LE CHIEN DU JARDINIER

    Il était parti comme un voleur sans rien emporter qu’une canne à tête de chien trouvée à l’encoignure du chambranle. S’il avait su ça, il aurait pas venu dans cette demeure abandonnée. Il sentait l’or, cette odeur acide et douceâtre à la fois, mais ne l’avait pas trouvé. Il reviendrait. Un trésor etait enterré là qui attendait son inventeur. Saleté de pauvres ! Ils cachent tout, même leur misère ! C’est pas au vieux cercopithèque qu’on apprend à faire la grimace. Dans ma vie, j’ai été arsouille, canaille, fripouille ! Bredouille, jamais ! De fait, il n’avait jamais eu de canne. Ça ne se faisait plus ni le haut de forme ni le melon, pas même l’épée au côté, un riche manteau sur l’épaule. Calamité, qu’allait-il faire de cette rapière ?
    Un pauvre hère à deux pas soliloquait – je l’avais pourtant laissée à la porte hier ? Ma canne toutou. Encore que parfois il mort Médor.
    L’ autre n’entravait que le mot or. Hors-ça, brave homme, serait-ce ce que vous cherchiez ? Et de le battre comme latte et de lancer horions et sarcasmes. Prends ça, vieux trumeau, hors d’ici carcasse, qu’en as-tu fait vieux chameau ? Si fort que le vieillard si courbe se cambrait et montrait son fessier: est-ce cela qu’il te faut, mon écu ? Rends-la-moi supplia-t-il. A la fin de l’envoi, touché et pas plus riche pour autant, il lui remit l’instrument.
    🐻 Claud’Ours

  19. Sylvianne Perrat dit :

    Encore une maison de pauvres  !
    Aucun bijou, pas d’espèces planquées quelle part. Rien !
    Il s’empressa de déguerpir.
    Près de la porte, sur une encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su, il ne l’aurait pas emportée.
    Cette canne attirait la malchance. Ce chien grondait, mordait… ce chien sculpté détestait la vie et les hommes. Ses ondes étaient négatives.
    Dès qu’il franchit le perron, il vit trois énormes chiens féroces se diriger vers lui.
    S’il avait senti la canne maléfique , il l’aurait lâchée immédiatement. Mais au contraire, il l’utilisa pour se défendre. Mal lui en prit, les molosses lui sautèrent dessus.
    Arrivé en sang, chez lui, encore terrorisé, il rata une marche et se cassa le sternum. Une douleur vive le transperça.
    Content de s’appuyer sur sa canne, il appela son petit chien qui apeuré se cacha sous la commode. Il grondait sans discontinuer. Il sentait les ondes…
    Une bien mauvaise journée, tout ça à cause de gens pauvres qui n’ont qu’une canne à voler.
    Il décida d’aller sur internet pour commettre un vol en ligne. Amoché comme il était, la position assise serait reposante.
    Mais malchance, plus de réseau !
    Il tapa de colère sur le bureau et la canne tomba.
    La tête de chien s’ouvrit et dévoila une cavité secrète. Une pierre précieuse y reposait depuis des siècles. Elle étincelait. Elle irradiait.
    Il l’a pris au creux de sa main.
    Son petit chien sortit de sa cachette, vint se blottir à ses pieds.
    Toute sa colère, tous ses rancœurs, ses peines, ses souffrances disparurent.
    Plus aucune envie de vol, de mensonges, de mesquineries…
    Il était libre !

  20. 🐀 Souris verte dit :

    Près de la porte, dans l’ encoignure, une canne avec un pommeau en tête de chien.
    Il s’en empara.
    S‘il avait su…

    🐀BULLDOZER
    Vous connaissez mon grand-père dont gamin j’étais si fier et que j’avais tant de mal à suivre. Faire deux pas quand lui en faisait trois !
    Cette canne, c’était le seul héritage qu’il me laissait. Une vraie partie de lui-même : sa troisième jambe celle qui rythmait sa marche en aidant la deuxième laissée honorablement sur le champ de bataille et remplacée par un pilon ferré. Il se déplaçait avec une élégance suranée sur un mouvement de valse et les coquins du coin l’appelait Clip-Clap-Pon.
    Pauvre C.C.P avec juste sa solde et ses décorations ! Mais il avait un truc Pépé, un charme qui ne s’achète pas : de la classe. Une prestance un peu raide qui venait peut être aussi du corset chargé de maintenir une vertèbre qui taquinait d’un peu trop près celle d’avant et le faisait marcher la tête haute.
    C’est donc avec orgueil que j’allais chez lui, récupérer mon héritage : sa canne à tête de chien. Son chien qu’il avait fait sculpter : Bulldozer. Un boxer français, la tête rentrée dans les épaules, les dents en avant, un sale cabot râleur et péteur… Je détestais ce clébard mais cette canne, brandie comme il faut devient une vraie massue j’en fis les frais ce jour là.
    J’entrai dans ce mausolée sur la pointe des pieds, lieu de souvenirs sans valeur pour les gens de l’extérieur mais qui moi, me prenaient à la gorge. L’ odeur de sa pipe, un verre à moitié plein à côté de la fillette de fine et même son fauteuil à bascule était en mouvement… Alors que je remarquai le fourneau fumant je reçus un coup et ma tête à explosé dans un bruit de bombe.
    Les docteurs m’ont dit le plus doucement possible que j’aurais sans doute des séquelles sans savoir exactement lesquelles. La police, elle, m’a expliqué sans ménagement que j’avais été victime d’un squatteur, mais ils ont mis des gants pour extirper Bulldozer d’un immense sac en plastique :
    – Voilà l’arme qui a failli vous être fatale… Ne vous inquiétez pas ! Vous êtes comme votre grand-père, vous avez la tête dure vous vous en sortirez…
    Pour l’instant, je ne sais pas trop bien ni où ni comment mais bon ! J’ai une bonne tête ! Une coque vide qui pèse une tonne sur un oreiller de plomb… Chaque mot résonne en se tapant contre les parois… une chauve-souris dans le beffroi…
    En attendant, le chien et sa canne iront à la fourrière des preuves à convictions.

    🐀 Souris verte

  21. camomille dit :

    S’il avait su, Ah ! s’il avait su !
    Donc, notre jeune voleur inexpérimenté s’empara de la canne au pommeau en tête de chien.
    Mais elle se mit à aboyer bruyamment.
    Effrayé, Bébert (car il s’appelle Bébert), lâcha la canne.
    Elle se tut aussitôt.
    Hébété, il referma doucement la porte et se retrouva dans la rue à l’air frais. Il réfléchit :
    – Que s’est-il donc passé ?
    Pourtant Je suis à jeun ?
    J’ai pas rêvé Merde ! La canne, elle a aboyé ???

    Il est vrai que Bébert n’était pas habitué à travailler le matin et qu’il était rarement à jeun. Il pouvait donc se poser ces questions légitimes.
    Choqué, il marchait hagard dans la rue Grande et croisa Jean-Jean qui l’apostropha :
    – Oh Bébert – Tu vas où avec cet air qui ne me dit rien qui vaille?
    – Jean-Jean, Jean-Jean, j’ai entendu une canne aboyer !
    – Arrête la fumette Bébert- Ça fait un moment que je te le dis – Tu supportes pas, tu le sais ! Tu vois bien les dégâts que ça fait ?
    – Jean-Jean, j’étais à jeun je te le jure : LA CANNE A ABOYÉ !
    – T’es grave mon pote….
    – Viens avec moi si tu veux. On y retourne. Y’a personne dans cette maison et on en aura le cœur net ?

    Jean-Jean, qui faisait un peu office de protecteur, accepta de le suivre sans grande conviction.
    Nos deux pieds nickelés se faufilèrent dans l’escalier et ouvrirent doucement la porte avec leurs accessoires de bric et de broc.
    La canne trônait toujours dans l’encoignure . Rutilante, provocante !
    Bébert fit un signe de la tête à Jean-Jean qui surmonta son doute et qui saisit la canne.
    La canne se mit à aboyer, évidemment !
    Alors, du fond d’une pièce on entendit : C’est toi Jeanne ?

    – Putain Bébert (s’affola Jean-Jean)… C’est la canne de Jeanne !
    Vite, filons !

  22. Alain Granger dit :

    Ce qu’il ne savait pas c’est qu’il s’était emparé de la canne de Morto Korléon, le parrain de la mafia serbe. Il fut désemparé lorsqu’il l’apprit de la bouche de son fourgue. Le recéleur lui affirma que sa dernière heure était arrivée en reconnaissant la tête de chien. Il refusa l’objet et lui aboya dessus pour qu’il quitte immédiatement son office et même le pays, s’il en avait le temps. Le commerçant ne se faisait pas d’illusion ; le petit voleur serait mort tôt. D’ailleurs, il ne mit pas longtemps pour téléphoner à son « ami » Morto. Ce dernier buvait un Porto en compagnie de son fils Michel lorsqu’il prit son appel. Il était vieillissant et avait l’intention de transmettre les « affaires » à son cadet, un intellectuel qu’il avait jusqu’alors préservé de ses activités criminelles. Il prit ce vol comme un signe du destin. Il faisait le bon choix en franchissant le pas, en passant la main, une main parcheminée dans celle manucurée mais ferme de Michel. Son cadet venait de lui sauver la vie contre la mafia calabraise avec un sang-froid remarquable, sans arme mais pas sans intelligence. Dans son esprit malicieux, son fils aîné était certes courageux mais il manquait de cervelle. Morto Korléon confirma son choix au cours d’une réunion de famille. Puis il se retira dans sa maison de campagne, une modeste maison, celle où l’on avait volé sa précieuse canne. Il adorait cette canne. Elle lui rappelait sa vie de chien, celle qu’il avait menée déguenillé dans les rues de Belgrade. Il y avait pris du grade en tuant pour la première fois un capo de quartier avec sa précieuse canne à pommeau métallique. Alors il commanda à son « conseiller », Tom Duval, de retrouver le voleur et sa précieuse tête de chien. La salle d’embarquement de l’aéroport fut l’avant dernier lieu que le voleur malheureux eut l’occasion d’arpenter. Son ultime lieu de vie fut le coffrage d’un pilier du nouveau port. Le béton liquide l’embourba et l’embauma pour toujours. Il devint l’un des soldats inconnus que produisait la guerre entre la loi et le crime sur la ville portuaire. Don Korléon retrouva sa canne. Il s’appuya sur son pommeau durant une petite année encore avant que son cœur ne lâche définitivement la tête de chien. Il mourut serin, confiant dans le l’avenir de son cher Michel. Toutefois, le destin gardait un chien de sa chienne pour le cadet. Mais ça c’est une autre histoire…

  23. j’ai trop forcé sur la gnôle…c’est mieux 🙂

  24. Dépité, rentré dans sa chambre sous les toits de l’immeuble rue Saint-Martin, il mangeait une boite de raviolis froides, le maigre butin de ses derniers larcins ne lui permettaient que de subsister, sans aucune extravagance comme d’avoir le chauffage (il utilisait le vieux poêle à bois, avec du bois subtilisé bien sûr) et encore moins l’électricité (les cierges dérobés à l’église faisaient office d’éclairage). Heureusement que l’eau courante était gratuite (encore de ce temps-là).
    ─ La misère gagne ce monde, les bourses sont asséchées, les bijoux fondus pour quelques billets. Je me fais vieux, Charlie le roi des montes-en l’air, c’est fini. Les riches n’habitent pas en rez-de- chaussée.
    Son regard se posa sur la canné avec pommeau en tête de chien, fruit de sa virée de la nuit.
    ─ Que vais-je bien pouvoir tirer de toi ? Qui voudrait d’un vulgaire bout de bois avec une breloque de cabot ?
    ─ je ne suis pas qu’un cabot. Je peux rendre heureux, dès lors qu’on prend soin de moi.
    ─ ?? Ma parole j’ai trop forçais sur la gnole, voilà ti pas que j’ai chouré une canne qui m’cause.
    ─ Parfaitement je cause, mais pas que. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ?
    ─ Une bonne côte de bœuf avec des frites, et dans une belle vaisselle hein, avec une sauce au poivre et un bon cru.
    Immédiatement, une table se dressa devant la petite frappe. Nappe blanche, chandelier, couverts en argent et assiette de porcelaine avec une appétissante côte de bœuf sur un lit de pommes de terre rissolées. Ahurit, notre homme, reprit vite ses esprits et se jeta sur la pitance. Tout heureux des possibilités que lui offraient cette canne, l’homme de plus en plus avide, demander, et demander encore à cette tête de clebs. Tous étaient bluffés de la réussite soudaine de Charlie. Certes des évènements bizarres et inexpliqués survenaient. Par exemple, son jeune voisin du dessous, vieilli sans aucune raison, alors que Charlie avait rajeuni. Une bande de malfrats fut arrêtée à la suite du hold-up d’un fourgon postal, et pourtant on ne retrouva jamais le magot, alors qu’en ouvrant son armoire, Charlie vit débouler dans son minuscule logis des brassées de billets. Antonio, pianiste virtuose, qui jouait à l’Alcazar tous les soirs, se réveilla les doigts pétris d’arthrose, le reléguant à une retraite prématurée, tandis que Charlie devint un émule de Mozart, sans avoir jamais appris la musique. Cette volte-face de celui qui avait la réputation d’un brigand, attira l’attention d’autres larrons. C’est ainsi qu’Honoré, après plusieurs jours de planque comprit que le nouveau « homme parfait » dont toutes les femmes rêvaient, trouvait sa notoriété, son aisance d’un cabot en plastoc sur une canne en bois. Lorsqu’il raconta aux autres voleurs réunit à la taverne comment la vieille canne de Charlie pouvait rendre heureux, tous décidèrent de s’en emparer. Bien sûr, chacun la voulait pour lui, cela causa risques, bagarres, duels desquels aucun ne survécu. Fait étrange, la tristesse s’empara de Charlie, qui perdait un à un tous ses nouveaux amis dans des accidents mystérieux. Un voleur tombait, une connaissance de Charlie passait à trépas. Cela s’aggrava, lorsqu’il perdit tour à tour ses cinq enfants, puis sa femme. Lorsque la faucheuse frappa sa belle-famille, il déprima encore plus. Un cercle vicieux s’installa. A chaque décès, il en demandait plus à la tête de cabot pour tenter d’effacer son chagrin. Mais tous ses biens, joyaux ne parvenaient pas à combler le vide et l’absence des êtres chers. Il se surprit à maudire le cabot. Il en se rendit pas compte que la fine pellicule de dorure du pommeau de la canne se fissurait, se craquelait à chaque médisance, alors que dans le même temps lui vieillissait, se ridait, se fripait, rabougrissait. L’entourage le plaignait, pensant que le chagrin le flétrissait. Il se mit à fracassait le pommeau sur les murs, tant la colère et la haine le gagnaient. Il se réveillait alors le matin avec ecchymoses, bosses, fractures inexpliquées. Il décida de brûler cette canne. De profondes brûlures apparurent sur ses bras, jambes, torses. Il hurla de douleur. Il réalisa alors qu’il était envoûté par un clébard sur un bout de bois. Il voulut s’en débarrasser, mais tous avaient eu vent de la malédiction de la canne de Charlie. Personne ne se porta acquéreur, ni même ne voulut accepter son don. Charlie, s’enferma chez lui, ne vit plus personne. Le temps passa, on entendit plus parler de notre homme, sauf lorsque des migrants ignorants tout de la tragédie du propriétaire, décidèrent de s’installer dans cette belle longère. En déblayant, ils trouvèrent un corps momifié dans son fauteuil. Celui qui se prenait pour un nouveau riche, était mort dans l’indifférence la plus totale. Curieusement, on ne retrouva pas la canne.
    Moralité contentons-nous de ce que nous avons, plutôt que d’envier ce que nous n’avons pas. La facilité en fait pas bon ménage avec la richesse ou la notoriété.

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