559e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat
Publiez ici, l’interview que vous avez réalisé auprès d’une vague
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– Bonjour ! Je me présente ! Monsieur Rivière du journal Toussamis.
– Enchantée ! Que puis-je pour vous ?
– Je fais une enquête visant les noms originaux des boutiques. Vous avez créé la vôtre il y a un an. Pourquoi l’avez-vous appelée « Mini-vague » ?
– Deux raisons. La première due à mon activité. Coiffures. Oui, j’admets, je n’ai pas fait preuve d’imagination délirante, mais ça me plaisait.
– Et la seconde ?
– A cause de mon nom de naissance : Lavague.
– C’est original !
– Vous ne pouvez pas imaginer les mauvais jeux de mots que j’ai dû supportés durant toute ma scolarité. Quand il s’agit de méchanceté, la créativité est féconde.
– Tout ça est maintenant passé. J’ai vaguement entendu que votre salon a un certain succès.
– Ce n’est pas encore une vague déferlante, mais ce n’est plus une vaguelette. Mais j’ai confiance.
– Il ne faudrait pas non plus que ce soit un raz de marée.
– J’agrandirais ma boutique.
– Il vous faudra trouver un autre nom.
– Cette fois, je prendrais mon nom d’épouse.
– Qui est ?
– Tsunami.
Chers amis, en cet été 2021 nous poursuivons notre enquête sur la vie des océans.
Aujourd’hui, je suis en direct de la plage du Lion à Lacanau entouré d’un groupe d’enfants impatients d’interviewer une vague.
J’en aperçois une qui arrive droit vers nous et s’étale à nos pieds.
– Pouvons-nous vous poser quelques questions dans le cadre de notre grande enquête
– Avec plaisir. Toutefois, je ne peux rester longtemps immobile. Aussi je vous remercie de faire vite.
– Très bien. Ne perdons pas de temps. Première question posée par Erwann – 8 ans –
– « Est-ce que ça fait mal quand tu cognes sur les rochers ? »
– Non pas du tout, c’est amusant. Je prends beaucoup de plaisir à m’élever le plus haut possible pour fouetter vigoureusement la roche et provoquer une gerbe d’eau digne d’un feu d’artifice
– C’est Marie maintenant qui veut poser une question
– « Tu n’en as pas marre d’être toujours mouillée ? »
– Oh non car si je ne suis plus mouillée, je meurs…
– Lucas, c’est à toi
– « Comment tu fais pour fabriquer des rouleaux ? »
– Je me synchronise avec mes copines pour créer grâce au vent et aux courants un mouvement ample et vigoureux dans une parfaite chorégraphie. Cela demande des années d’entrainement.
– Achille une dernière question
– Euh… à quoi tu sers au juste ?
– …
– Oh ! Elle est partie. Je crains Achille que tu ne l’aies vexée
Chers amis, à demain pour un nouveau direct. Nous serons à Hossegor et nous nous intéresserons à la salinité de l’eau de mer.
“Mesdames et Messieurs, un événement inattendu s’est produit sur la côte normande il y a un peu moins d’une demi-heure !… Notre reporter qui est en vacances sur place a pu filmer les images que voici, nous le retrouvons tout de suite après en direct” :
Sur les images, on distingue une plage ensoleillée, une mer calme et des baigneurs. Au loin quelque chose apparaît, sortant de la mer. La chose grandit…, grandit…, le ciel s’assombrit… Les baigneurs sortent de l’eau en panique et courent sur la plage, échappant à une vague immense qui s’échoue sur la plage, puis plus rien…
“Mesdames, Messieurs, les images parlent d’elles-mêmes… Nous tentons de joindre Nicolas, notre reporter. Nicolas ?… Nicolas ?… Vous nous entendez ? A vous Nicolas…, Nicolas ?…”
“Oui Antoine, je suis là ! Un peu secoué je l’avoue mais voilà…, je suis en présence de la vague que vous venez de voir et qui reprend elle aussi ses esprits, je crois qu’elle a quelque chose à nous dire… Madame la Vague ? Vous m’entendez ? Madame la Vague ?”
“C’est pas la peine de crier comme ça ! Bien sûr que je vous entends, je ne suis pas sourde ! Laissez-moi reprendre mes esprits mon petit… »
“Vous pouvez nous expliquer ce qu’il s’est passé ?”
“En fait, je ne sais pas trop… Depuis quelques temps, je ne me sens pas très bien. J’ai perdu beaucoup de mes copains : des poissons et autres espèces sous-marines… Ils disparaissent comme ça du jour au lendemain !…”
“Je vous sens un peu mélancolique, je me trompe ?”
“Mélancolique ?! Vous me demandez en deux mots si j’ai du vague à l’âme ?… Vous ne manquez pas de toupet jeune homme ! Je perds mes copains à cause de vous les humains et vous me demandez si je suis mélancolique !”
“Comment ça à cause de nous ?”
“Ah ne faites pas l’innocent, hein ! Vous ne voyez pas tous les déchets toxiques que vous jetez sans compter dans nos mers ! Vous n’êtes pas conscient de tout ça jeune homme ! Il est temps d’ouvrir les yeux voyons ! Vous voulez savoir ce qu’il s’est passé tout à l’heure ? J’ai eu un “haut-le-coeur” tout simplement. Mon estomac ne supporte plus les produits que vous déversez ! Je suis affolée à l’idée de perdre d’autres amis ! Et vous voulez que je vous dise, je ne suis pas la seule à avoir envie de vomir !”
A ce moment précis, le ciel s’assombrit, la mer s’agite…, des dizaines et des dizaines de vagues commencent à prendre forme… Puis plus rien…
de Pierre à Pascal. Joli mois d’août ? Non, trop pluvieux en Belgique…
Jetons nous donc à l’eau.
-Allo ? …Allo la vague , tu m’entends ?
– Oui, je suis là de toute éternité, tu devrais le savoir.
-Tout va bien pour toi alors ?
– Cà roule, çà roule…
-T’as une petite voix pourtant. Y a quelque chose qui ne va pas ?
– Ben écoute, j’ai un peu de vague à l’âme…et souvent un petit creux.
– Allons , soit franche, dis-moi vraiment ce qui te tracasse ?
– Ben oui…c’est depuis ce Covid…ils nous roulent tous en faisant beaucoup de vagues, mais les résultats c’est quoi ? Tout le monde râle sur tout, les jeunes en veulent aux vieux, les soignants ne s’entendent pas entre eux. Et puis ces foutus réseaux sociaux, ce qu’on y entend, c’est vraiment n’importe quoi.
Si çà continue- et moi en première ligne- on sera tous engloutis par une vague de désespoir bien plus grande, que dis-je, par un véritable tsunami. Et moi, petite vague, tu imagines ce truc me tomber dessus ? Cà ne me plaît pas du tout !
-Et que fais-tu alors ces temps-ci pour remédier à ce vague-à-l ‘âme ?
– Je médite, je creuse la vague, parfois je divague et me laisse aller à l’écriture libre et un peu folle…
-Ouah ! Mais c’est génial ! Et tu peux me donner un petit aperçu de cette vague de création sauvage ?
– Bof…Bon si tu insistes et que tu promets de ne pas rire , je te livre quelques gouttes de mon dernier cru, pardon, de mon dernier rouleau. J’étais alors en plein délire au milieu de la mer des Sargasses : rêve ou réalité ? une jeune fille aux longs cheveux blonds surfait avec sa planche sur mon dos bien tout rond :
__________
Tu surfes sur ma vague comme un elfe scintillant
Tu brilles de mille feux, nue sur ma dure crète
Tu es belle, odorante, mais je ne puis ni te toucher ni te prendre
Car je suis condamnée à rouler pour l’éternité
Sous peine de te voir tomber et mourir au fond de l’eau
Cette planche de bois qui nous sépare,
Aussi mince fut-elle,
Est un obstacle immense à ma soif de m’étendre,
De jouer avec toi,
d’entendre ces mots doux
Que ta jolie bouche aux lèvres fleur de sel
Susurreraient au creux de ma vague
Toute pleine et ouverte…
A t’attendre jusqu’à l’infini.
_________
-Bon… écoute l’intervieweur, assez déconné pour aujourd’hui et laisse moi avec mon vague-à-l ‘âme.
Je te rends ton micro et jette moi vite cette pseudo-interview à la poubelle.
Et puis , si tu as si soif de moi, va donc boire à ma santé une vraie bière locale du côté de Béguey . Il en existe une très bonne. Et elle n’a pas le goût bien trop salé de la vague que je resterai…
…de toute éternité !
Pierre DG 19/08/21
PS Je suis déjà abonné.. Je n’ai pas de lien sous » publier ici » en dessous de la ligne en rouge , correct ou bug ?
Ah vous vivez ici ?
Oui ça fait 20 ans que j’ai coupé les ponts avec la mer.
Je l’ai toujours dit. Lorsque j’arrive à la retraite, j’irai vivre dans un village du Haut-Poitou.
Vous savez je suis bien ici, les voisins sont gentils, de plus j’adore la campagne.
Toute petite, je voulais déjà devenir une vague.
Papa et maman n’ont jamais voulu.
Jusqu’à l’âge de 20 ans j’ai vécu dans le 6ème arrondissement à Paris dans un bel appartement.
Papa était psychiatre, maman dermatologue, mes parents voulaient que je fasse médecine.
Dans la famille, on avait donc prévu mon avenir.
Ah ce que j’ai pu m’. avec mes parents.
Ils me disaient tout le temps :
Voyons Léonie, être une vaguelette ce n’est pas un métier pour toi.
Tu te rends compte, que va dire la famille, nos amis, les voisins si un jour tu deviens une belle vague au milieu de la mer.
Ça c’est réservé à la « classe laborieuse », aux enfants du peuple. Mais nous, la très haute bourgeoisie, ce n’est pas un job pour nos enfants.
Papa, maman, je ne cessais de répéter, moi j’ai envie de vivre ma vie. Être indépendante, voir du pays et ne pas être enchaînée par des traditions familiales.
À la maison, j’ai boudé des journées entières. Refusant cette voie toute droite que je devais absolument suivre.
À 20 ans je suis donc partie, avec d’autres jeunes qui voulaient être aussi des vagues.
Voyez-vous à l’époque devenir une vague, c’était pour moi une libération. À la fois pour réaliser mon rêve d’enfance et également m’extraire de mon milieu familial.
Cela m’a fait mal au coeur que mes parents ont toujours désavoué ce choix.
Jusqu’à la fin de leur existence terrestre, j’ai eu peu de contacts avec eux.
Le jeune journaliste écoutait avec attention la vie de cette femme.
Deux mots qu’elle venait de prononcer l’intriguèrent et il lui demanda :
– Madame, vous avez dit « leur existence terrestre ». Vous croyez donc en une vie après la mort.
Dame vague prit du temps avant de répondre comme si pour elle cette question avait beaucoup d’importance.
– Bien sûr cher monsieur.
Peut-être que pour vous la mort c’est quelque chose de lointain car vous êtes encore jeune.
Moi j’y pense souvent. Surtout celle des êtres chers : mes parents, mon frère, ma soeur qui ne sont plus.
Je ne sais pas où ils sont exactement mais je pense qu’ils doivent vivre quelque part une autre forme de vie.
Voyant que le journaliste la laisser parler, la vieille dame continua :
Pour moi qui a été une vague, la mort sera différente.
– Ah bon fit l’homme surpris.
– Bien sûr dit-elle avec des yeux lumineux. Un beau jour, lorsque je mourrai dans cette maisonnette, je retournerai en pleine mer.
– Oh vous êtes donc immortelle.
– En quelque sorte oui.
Dame vague fit claquer le pouce et le majeur de sa main droite.
Nous autres les vagues nous sommes éternelles. Ah ah, du moins tant que la terre tournera autour du soleil et qu’il y aura suffisamment d’eau dans les mers.
Vous avez en face de vous une vieille mémé. Dans quelque temps, lorsque je quitterai ce monde, je redeviendrai une vague.
Pas facile à comprendre.
Une fois morte, d’un coup mon corps disparaîtra.
Si je meurs ici, quelle tête vont faire les voisins, en ne me voyant plus.
Les gendarmes viendront sur place, constateront que je n’y suis plus.
Ils feront une enquête, ils lanceront un avis de recherche. Aïe aïe la vieille a disparu.
Où a-t-elle échoué diront-ils ?
La marée chaussée croira peut-être qu’on m’a kidnappée.
Je vais vous dire quelque chose de secret.
Une fois passée dans l’autre monde, mon corps disparaîtra comme je l’ai dit. Ensuite, je redeviens une vague avec la possibilité d’aller dans une mer de mon choix.
Le journaliste de plus en plus surpris ouvrit la bouche et dit :
– Tiens tiens quelle organisation. C’est vraiment chouette. Tout est déjà programmé.
Au fait madame, vous avez déjà choisi cette mer de destination.
– Ah ça je ne peux pas vous le dire rétorqua la grand-mère.
Sans aucune transition, elle lui lança :
Allez ouste tu peux maintenant t’en aller mon cher. Ton travail est terminé.
Le journaliste avec une forte voix lui déclara :
– Madame j’ai encore des choses à vous demander. Je ne souhaite pas partir.
– Fini j’ai dit. Aller dehors ou j’appelle la police monsieur.
Déguerpissez nom de dieu. Je vais devenir méchante et vous pulvériser la tête ainsi que les pieds.
Lui notre journaliste avait un calme olympien. Il ajouta :
Madame, j’ai horriblement soif. Auriez-vous une boisson bien fraîche.
La question posée lui retira sa colère. Avec un beau sourire, elle lui annonça :
Oui oui, bien sûr. Patientez un peu je reviens.
Elle se leva rapidement et descendit à la cave.
Elle retourna très vite.
L’homme ne fit pas attention à elle, car il était plongé dans les notes qu’il avait prises pour l’interview.
Il était certain qu’elle allait lui rapporter une bière ou un coca.
Au lieu de cela, la vieille dame revint armée d’une grosse hache.
Avec l’énergie d’une adolescente elle fonça vers l’homme, confortablement installé dans le canapé.
Toutefois, son projet de lui arracher la tête échoua. Car dans son élan, elle glissa sur le tapis, s’écrasant au sol comme une bonne crêpe au chocolat.
En se relevant avec d’énormes difficultés, elle hurla :
Tu n’es pas un journaliste toi.
Tu appartiens à la secte qui souhaite éradiquer les vagues et l’écume des mers. Ce qui m’a mis la puce à l’oreille, ah ah, c’est le tatouage que tu as sur le lobe de l’oreille droite, signe de cette secte.
Hors de ma maison, exterminateur de vagues.
– Hi hi, fit l’homme. Bravo la vieille. Tu as du flair pour ton âge. L’homme toutefois n’eut pas le temps de terminer sa phrase.
La grand-mère, avec la vitesse de l’éclair, lui transperça le crâne avec un couteau de boucher.
Dame vague gesticulait et sautait de joie.
Ah ce s. il est venu chez moi pour changer ma destinée.
J’ai vu de suite dans son regard qu’il fait partie de cette secte, qui fait la chasse aux dames comme moi, qui une fois décédées redeviennent des vagues.
Et en brandissant la tête encore sanguinolente (qu’elle avait découpée à la scie), elle déclara :
Ma belle : heureusement que j’ai encore bon pied, bon oeil. Et que j’arrive à détecter ceux qui veulent nuire aux vagues. Sinon je n’aurais plus revu la mer.
Alors la tête, plutôt les lèvres de celle-ci bredouillèrent :
Madame vous n’auriez pas du, du Doliprane. Avec ce qui m’est arrivé j’ai un peu mal au bide. Ah ah.
C’est méchant ce que vous avez fait. Car vous vous êtes trompé. Le tatouage sur mon oreille c’est un vilain grain de beauté.
Moi je suis un vrai journaliste, envoyé par mon chef pour cette interview.
Il n’y a pas de lézard là-dessus.
Vous avez donc une décapitation sur la conscience.
Vous allez cramer en enfer. C’est certain.
Grand-mère en entendant cela parut s’énerver :
Arrête ton char le joli. Tu fais ton beau, même ton Caliméro.
Ne m’énerve pas ; ta tête j’ai fortement envie de la jeter aux cochons.
On entendit une voix fatiguée qui murmura :
Pas les cochons madame. Surtout pas. Balancez-moi dans la gueule d’un requin blanc. Je préfère.
Car comme vous j’adore la mer avec ses petites et ses grandes vagues …
–
« maréchaussée »
– Eh ! poussez-vous !
– Ben, j’peux pas ! sinon vous allez être trop loin.
– Mais non ! allez laissez-moi aller jusqu’au bout de mon rouleau.
– Oui, mais alors vous allez me mouiller les bottines et j’en ai pas trop envie !
– Ah la la ! que de manières ! C’est quand même pas bien grave ! et puis, excusez-moi, mais c’est peut être juste un peu normal, que je mouille vos bottines.
– Ah bon ? pourquoi ?
– Ben parce que l’eau ça mouille ! on ne vous l’avait jamais dit ? me paraissez un peu niaiseux !
– Oh vous savez, moi, on m’a juste demandé de venir sur la plage pour interroger une vague ! c’est un peu vague justement comme sujet ! et puis, qu’est-ce que vous pourriez bien avoir à dire ?
– Qu’est-ce que j’ai à dire ? Grrrrrrrrr !!!! mais j’ai plein d’aventures à vous raconter : par exemple, savez-vous d’où je viens ?
– Ben de la mer ! facile !
– Mais non ! d’abord on dit l’ »océan « c’est plus chic. Et puis des océans j’en ai connu plusieurs car je viens de loin, de très loin. Le Pacifique bien évidemment et puis par quelques détroits, l’Atlantique. Là, j’aurais pu m’arrêter ; il y a des plages magnifiques. Mais non, j’ai préféré continuer à rouler : la Manche ! Alors ça, ça me plaisait, la Manche ! J’allais faire la Manche ! Tout un programme ! Et me voilà !
– Bon d’accord, vous avez roulé votre bosse. Mais là maintenant, vous allez vous écraser et c’en sera fini de vous !
– Mais non, voyons : je ne vais pas m’écraser comme vous dites. Je vais faire semblant de mourir sur la plage et un peu sur vos bottines, pour m’amuser. Et puis, quand vous me croirez morte …. En repli, en recul – le ressac, on appelle ça – je reviendrai encore plus forte, encore plus large et j’irai encore plus loin ! Je suis im-mort-elle !!!
– Mais pas du tout ! Vous allez juste être avalée par la prochaine vague !
– Quelle prochaine vague ?
– Celle qui arrive juste derrière vous, là !
– Mais je suis unique ! Il n’y a que moi ! Vous divaguez jeune homme !!!
Interview d’une vague
« Bonjour Vague de Chaleur, cette année encore vous êtes au rendez-vous et mon journal a décidé de vous donner la parole.Vous revenez régulièrement maintenant et nos lecteurs ont envie de mieux vous connaître. Je vous remercie donc de bien vouloir répondre aux très nombreuses questions que suscite votre retour régulier et… éprouvant
– Je t’ écoute Terrien inconscient ! Mais, tout d’abord ne m’appelle pas Vague de chaleur, c’est démodé, ringard. Appelle-moi Canicule, c’est mon vrai nom, depuis l’Antiquité !
– Terrien inconscient ! Comme vous y allez ! Ne commençons pas cet entretien par une accusation aussi forte, tout de même !
-Je dis les chose telles qu’elles sont. Je ne fais que répéter les rapports de mes copains et potes du GIEC. Eux, ils m’ont comprise, bien analysée
-Ah bon ! Vous croyez à leurs études ?
-Je crois tout ce qu’ils écrivent car eux ils savent, ils ont comparé, carotté, transpiré…Ils me connaissent bien.
-Revenons aux questions : Pourquoi êtes-vous encore là cet été, Canicule ?
Je suis encore là, parce que vous, les Terriens, avez tout fait pour que je revienne. Et moi, j’adore être là, je me sens bien, je fais mon boulot
-Tout de même, votre boulot, c’est de provoquer des incendies, faire des morts !
-Je fais ce que je veux ! J’existe depuis très longtemps, les Égyptiens, les Romains me connaissaient déjà. Ils faisaient attention à ce qu’ils à ce qu’ils faisaient. Les Terriens de l’époque respectaient les dieux, déesses, oracles et il est vrai que je ne survenais que de temps en temps. Mais j’existais et me manifestais pour le faire savoir.
-Canicule, le monde a changé depuis l’Antiquité, on n’adore plus les divinités…
– Je trouve cela bien dommage !
– Si je vous comprends, vous revenez chaque année parce que les Terriens, comme vous les appelez, ne vénèrent plus les divinités ?
-Jevoudrais que l’on m’implore ! Qu’on dresse des autels à mon intention…
– Canicule,je crois que nous nous écartons du sujet,votre retour régulier, sans intervalle, accompagné de désastres de plus en plus graves. Que comptez-vous faire pour les arrêter ?
– Je voudrais que les Terriens me supplient, fassent des processions, récitent des mantras, des prières, fassent des pèlerinages et brûlent des cierges, de l’encens, aient de la considération pour moi ! … Au fait, tu écris tout ce que je suis en train de te dire au moins ?
– Oui, ne vous tracassez pas, je prends note, mais répondez à la question : quand cesserez-vous de répandre des malheurs sur Terre ?
– Je voudrais qu’on me vénère à l’envers…
– C’est vague ça ! S’il vous plaît, chère Canicule, pouvez-vous répondre à la question ?
Je voudrais qu’on me vénère à l’envers… »
Ces lignes ne furent jamais publiées dans le journal qui avait envoyé un de ses collaborateurs interviewer la fameuse canicule.
De plus, une pandémie sévissant ces années-là, le journaliste fut licencié pour ne pas s’être vacciné. Enfin, les températures montèrent jusqu’à 50°le jour et 45°la nuit, épuisant tous les réseaux électriques sollicités par les clims. Canicule regardait tout ce gâchis et se frottait les mains.
Luc des Vosges
L’interview d’une vague, certes, l’idée est magnifique mais la réaliser n’est pas chose facile et, cela pour de nombreuses raisons. Les deux principales étant, laquelle choisir et comment procéder. Alors, je me suis décidé à aller à la rencontre d’une puissante ondulation de l’océan Atlantique du côté du sud-ouest de la France. Pour pouvoir lui tendre mon micro, il m’a fallu un bateau muni d’un moteur puissant afin de rester à sa hauteur le temps de l’enregistrement.
Voilà, je suis en place à deux kilomètres au large de la plage de Biscarrosse et, je la vois arriver du grand large. Je l’accoste et j’engage la conversation :
– Madame la Vague bonjour, vous venez d’où ?
– Je fais des aller-retours entre les USA et les plages des Landes en France.
– Vous en voyez donc du pays ?
– Non pas vraiment, sur un trajet de milliers de kilomètres, mes deux moments les plus intéressants sont ceux où je déferle d’un côté ou de l’autre.
– Pouvez me raconter quelques-unes de vos expériences les plus marquantes ?
– J’en ai tellement vécu d’une rive à l’autre ! Mon ressenti, mes effets produits seront différents selon que je suis puissante ou non. En effet, mon meilleur allié est le vent. Parfois, il me permet d’enfler de façon démesurée et, lorsque je me précipite à la côte, j’offre le plus beau des spectacles devant des humains enchantés mais, aussi parfois inquiets ou même terrorisés. Je suis une star que l’on admire et que l’on craint tout à la fois.
– Oui tous ces effets nous pouvons les voir, mais madame rentrez dans le détail et narrez nous une anecdote.
– Un jour d’hiver, Eole m’avait sculpté une belle forme élancée et, de plus du fait des hasards favorables d’association d’ondes qui s’agrègent, j’avais acquis une vitesse bien supérieure à la moyenne des vagues. En passant, le phénomène est bien connu, on le dénomme « vague scélérate », la hantise des énormes bateaux. Lorsque j’arrivai à la côte je constatai qu’un sportif faisait son footing sur la partie mouillée de la plage en serpentant devant les vagues qui déferlaient. Parfois, il piquait des sprints pour ne pas se faire mouiller les pieds voire se faire embarquer. J’ai immédiatement réalisé que ma vitesse bien supérieure à la moyenne allait le surprendre et que facilement j’allai le cueillir. En effet, dès que je touchai le sable je gardai ma belle forme et hop mon coureur, malgré une accélération forcenée, se retrouva sur ma crête. Tout surpris il était. Bien évidemment sa situation était dangereuse, en short et t-shirt en hiver avec une eau à 12 degrés dans une mer déchaînée et une plage déserte, il avait de quoi se faire du souci. Mais non, il ne paniqua pas. Cependant tout étonné, perché à mon sommet il admirait les moutonnements de l’eau. Mais je vis qu’il guettait sans affolement le moment où je déferlerais afin de sentir le sol sous ses chaussures. Alors il tenterait de s’échapper avant le reflux. Et c’est effectivement ce qui se passa, alors que je roulais dans des éclats d’écume et de sable, je le vis s’extraire et s’enfuir à toutes jambes. Je ne lui avais pas fait vraiment peur car il reprit son petit jeu à taquiner mes consœurs.
– Mais madame la Vague vous auriez pu le tuer !
– A chacun d’être responsable de ses agissements et je ne me sentais aucune culpabilité.
– Justement nous approchons de la côte et, vous devenez dangereuse pour mon bateau. Je vais vous laisser déferler et nous reprendrons notre conversation au reflux lorsque vous mettrez à nouveau le cap sur les USA.
Je la laissai donc filer et l’admirais dans ses jaillissements et ses grondements. Puis, comme prévu elle reflua, se confronta à sa suivante puis, prit son chemin vers le grand large en direction l’Amérique. Nous continuâmes notre discussion.
– Wahou madame la Vague quel spectacle ! Vous êtes de toute évidence l’une des plus belles manifestations de la nature toute puissante voire sauvage !
– Je peux vous raconter encore beaucoup d’histoires sur les sensations que je procure à vos congénères, toute la gamme qui va de l’éclat de rire voire le hurlement de joie à la terreur du nageur que je vais engloutir. Je peux vous expliquer pourquoi je suis attendue comme le Messie lorsque je suis à la bonne dimension, ni trop faible ni trop forte, par les pêcheurs en surfcasting. Ou alors plus scientifiquement, vous expliquer le phénomène d’accumulation et, vous appréhenderez toute la légèreté des responsables de la centrale nucléaire de Fukushima qui pour économiser quelques millions de dollars ont provoqué une catastrophe terrible.
– Hélas madame la Vague mon temps d’interview est dépassé, et le carburant commence à me manquer et repartir au large avec vous me mettrait en fâcheuse situation. Je vous dis donc merci et bon voyage vers le continent américain et à une prochaine fois ici à Biscarosse.
Quand je n’étais encore qu’un grouillot à « L’Ouragan, le journal contemporain de tous les effets de mode », le patron, pour me mettre le pied à l’étrier, me demanda de réaliser une interview sur la nouvelle vague.
Naïf, je me posai la question de savoir comment interviewer une vague. N’y connaissant rien en journalisme, je dus me documenter.
Les indications du manuel du parfait journaliste étaient on ne peut plus évasive. « Vous devez vous renseigner sur les différents pratiquants de vagues. » Est-ce que le surfeur me parlerait de sa passion ? Sans jeu de mot, j’en eus une vague idée. Ce génie de la mer nous offre quelques fois des spectacles fantastiques. Quelles sensations peut-il éprouver à l’intérieur d’un rouleau, qu’il nous offre en visuel ? Tel un danseur sur la houle, il exprime la stabilité sur sa planche de rêve. Je m’imaginais alors lui tendant le micro : « Bonjour, quels sont vos projets après vos exploits ? »
A ce moment, une déferlante me balaya sous-entendant, ne dérange pas l’artiste ! Quelle scélérate ! Je fus bien avancé avec mon micro. N’étant pas superman, je dus me laisser porter par un mascaret conquistador d’estuaire, rapide comme un cheval au galop à la marée montante. L’eau douce du fleuve m’interpela : « Ici vous entrez sur le continent. Nouvelles lois, nouvelles obligations. Mes papiers complétement trempés devenus illisibles. Dans la précipitation, je dus m’en constituer de nouveaux sinon je me ferais taper sur les doigts par le patron. Pour avoir une bonne info, je devais remonter à la source. C’est ce que je fis, dans l’élan, mais non sans amertume, laissant derrière moi cette vague indomptable. Aucune force ne m’empêcherait d’obtenir ce scoop. Puis, traversant les ponts, les écluses, je remontais jusqu’à l’ultime cascade un peu groggy quand même. Arrivé au sommet, un berger m’indiqua qu’il craignait une vague de chaleur alors que mon smartphone disait une vague de froid. Encore eut-il fallu qu’ils se mettent sur la même longueur d’ondes. Cette contradiction me glaça. Je compris que pour couvrir ce reportage, il me fallait m’armer de patience et d’ingéniosité. Alors je réfléchis avant de sombrer dans un vague à l’âme transitoire. Visiblement, j’étais dans le creux, il me fallait remonter en surface.
J’optais enfin pour un reportage sur le tsunami qui dilue le pays dans de nouvelles idées.
La Grande Vague de Kanagawa
Je suis née dans un grand bain d’écorces de murier
Dont les fibres entrelacées composent le Washi – papier mince et léger – Sur lequel Hokusai va bâtir la matrice de mes formes
Je suis confiée au graveur, qui ébauche mes contours, mes reliefs
Je suis tissée de courbes et d’eaux qui se creusent
Gravée de lignes fines sur la planche de Sakura – variété de cerisier choisie pour sa dureté –
Je dresse mes bras, mes plis et mes replis
Puis l’imprimeur me donne vie, me met en mouvement
Encre noire et bleu de Prusse
Les teintes superposées accompagnent le drapé de mes roulis, et accroissent mes cambrures
La crête de mes vagues et mes griffes écumantes gardent le blanc éclatant du papier d’origine
Sur le fond plat de l’estampe s’exprime ma nature toute puissante
Mêlant drame et sérénité
Texte original et d’une grande beauté ! Merci Laurence Noyer 🙂
merci Béatrice
Elle est là, face à moi, impressionnante, figée dans son élan.
Immense, double, d’un bleu intense, frangée d’écume blanche, elle va tout engloutir.
De son ressac, elle malmène quelques barques de pêcheurs, déjà les submerge.
Engloutira-t-elle aussi ce sommet, enneigé, intemporel sur la ligne d’horizon, qu’elle domine de sa masse compacte ?
Que subsistera-t-il après son déferlement ?
Force de la nature, incertitude du destin, fragilité de la vie… Symbole de ce monde dans lequel nous ne sommes qu’infinitésimales parcelles d’un écosystème qui nous dépasse !
Venue de loin, confidentielle il y a deux siècles, icône adulée aujourd’hui, elle a inondé les galeries, les murs, les réseaux, les vêtements, les messages… et même cette page.
Mais chacun, sans vouloir y croire, redoute le jour où, de toute sa puissance, déferlera sur le monde La Grande Vague de Kanagawa…
Interview d’une vague
Elle portait la voix de tous les poètes qui l’avaient célébrée. Tandis que je me penchais vers elle, pour l’écouter, j’y reconnus, par bribes, celle de Pablo Néruda. Il était son ambassadeur et, d’une certaine manière, elle se servait de lui, pour se présenter.
Ô vague,
fiancée fugitive de l’océan :
vénus verte,
…
Ô lame
Incessante
secouée
par
la
solitude
du vent,
…
pure jument
cyclonique
et ailée
la crinière ardente de blancheur
dans l’ire de l’air
en mouvement,
tu glisses, tu bondis, tu cours,
…
Je ressentis une forte émotion à l’énoncé de si belles métaphores. Qui avait le plus de talent ? La vague, source vive d’inspiration, ou le poète qui avait su mettre en images l’essence même de celle-ci ?
Je m’exclamai :
— Sublime !
Non sans une certaine coquetterie, la vague me répondit :
— N’est-ce pas !
Elle rectifia aussitôt, d’une voix amère :
— La « vénus verte » n’est plus qu’un souvenir !
Il me fallait comprendre qu’elle portait tous nos excès, nos déchets, qu’obstinément, elle nous retournait.
Son ventre s’était tari et, de ses entrailles, ne sortait plus que le douloureux avortement de la vie. Avec ses poissons asphyxiés et ses oiseaux mazoutés.
Toutefois, elle n’était pas inquiète. Elle était la fille de l’eau et du vent. À peine était-elle couchée qu’elle se relevait à nouveau.
Elle se savait éternelle.
Vague, vague, vague,
mille fois mille
vaincue, mille
fois mille dressée
et déversée :
vive
la vague
mille fois immortelle
Très beau ! Sublime ! J’adore !
Merci Michel-denis Robert. 🙂
Publiez ici, l’interview que vous avez réalisée auprès d’une vague
J’étais débutant journaliste au Journal de Bruxelles et mon rédac en chef m’avait demandé d’aller interviewer une vague. J’hésitais entre une plage à Gand ou à Anvers et pour me marrer je me suis dit si le gant est à l’endroit??
En prenant quelques atlais, je lus sur l’un d’eux :
“La Belgique, c’est un terrain vague où des minorités se disputent au nom de deux cultures qui n’existent pas.”
.Je notais sur mon calepin une phrase de Michel Field qui pourrait m’aider sur place :
“L’actualité. Ne rien choisir, tout prendre. S’étonner de tout. Insatiable curiosité, inlassable marée dont la vague laisse sur la grève les traces de faits, de noms, d’événements, trop vite effacés par la vague suivante.”
J’étais sur une des plages à Anvers, à la main des gants à l »endroit (pour le froid) et un micro pour l’interview. Impossible d’en interviewer une seule à la fois.Pourvu que leurs réponses ne soient pas trop dissonantes et toutes en français.
J’avais noté cinq questions :
– êtes-vous originaire d’Anvers
– vos parents sont-ils toujours avec vous
– combien de frères et sœurs avez-vous
– êtes-vous en âge de procréer
– si oui prenez-vous un contraceptif
Je ne compris aucune de leurs réponses alors pour ne pas perdre la face près de mon rédacteur en chef j’écrivis un résumé de l’interview aussi prêt que possible de ce que j’avais cru comprendre :
je ne connais pas mes origines, je ne sais pas d’où je viens, où je vais, cela m’importe peu.Je dois tout de même admettre que je n’aimerais pas aller en Alaska ; il paraît qu’on se le gèle ;
On est des sans famille,sans père, mère, frère,soeur ; tous frères en Jésus-Christ comme vous dites
On ne procrée pas, le vent est notre maître.
Mon rédacteur en chef prit mes feuillets, les posa sur un dossier tout en me disant « un peu vague » à retravailler.
Allez aux telescripteurs et ramenez-moi tous les textes concernant le séisme en Haïti.
🐀 bonnes vacances Camomille
🐻DIVAGONS…
Frais émoulu, il lui fallait se mettre à portée de ses interlocuteurs comme il l’avait appris à l’école du journalisme et rentrait à la maison.
– Imaginez un compartiment de chemin de fer. Les objets du quotidien, les cendriers siglés en alu, la plaque : il est dangereux de se pencher au-dehors. Les usagers, monsieur et madame tout le monde. Les bagages sages sur les filets. Le petit chien qui passe sa tête hors du sac coincé derrière ses jambes. La conversation démarra à la troisième personne…
Il est sage…
Et le jeune homme ?
Il est journaliste… Silence.
Je voudrais raconter ma première interview. Le wagon s’ébranle doucement. L’ambiance était sympathique. Le jeune homme se lâcha : c’était une vague, c’est ainsi, j’interviewais une vague. Le plus dur était de lui passer le micro et de le lui reprendre. Le train prenait de la vitesse. J’élevai la voix pour dominer le rythme de boggies frappant les raccords des rails. La vague grondait. Dans le feu de l’action je transpirais, postillonnais. Quand la rame s’inclina dans une courbe, je me jetai à pieds joints sur le siège, m’accrochais comme un chimpanzé au porte-manteau. Un long sifflement avant le tunnel envahi de vapeur et de fumée. Je hurlai pour me faire entendre, je m’exaltais comme dominant les éléments. La vague géante nous envahissait. Les voyageurs terrorisés se bouchaient les oreilles, se serraient les uns contre les autres. Il fallait faire refluer cette mer, la vague amadouée se retira… Néanmoins elle ne nous quitta pas avant le rivage.🐻
– Allo, Tahiti ?
– Qui demandez-vous ?
– Bonjour, je souhaite joindre La Vague de Teahupoo. Pourriez-vous m’indiquer comment y parvenir ? De métropole, avec les douze heures de décalage horaire, il n’est pas facile de vous appeler.
– Vous avez de la chance, on vous a communiqué le bon numéro. Je suis La Vague de Teahupoo, Montagne des Crânes, en vieux tahitien.
– Oh, c’est fantastique ; je craignais qu’il ne soit extrêmement difficile de vous avoir en « personne » !
Je ne vous dérange pas ?
– Non, je vous écoute. Mais à qui ai-je l’honneur ?
– Ici Marine La Mer, du journal l’Equipe. Je suis en charge de la rubrique des sports nautiques. Accepteriez-vous de me parler des projets de Jeux Olympiques de Paris auxquels vous serez associé ?
– Oui, bien sûr….
J’ai eu un sentiment partagé à l’annonce de l’officialisation de la sélection de Teahupo’o pour les épreuves de surf de 2024. Fierté et inquiétude se sont mêlées à cette annonce. Fière d’être choisie pour l’olympisme mais surtout inquiète des aménagements envisagés.
– A moins de trois ans de ces prochains jeux, que savez-vous des projets vous concernant ?
– Par des fuites d’informations concernant le dossier technique, il apparaît que les aménagements prévus pour les JO seront destructeurs pour l’environnement et pour l’harmonie du lieu : routes à double voies, pont pour voiture, remblais du Domaine Rose actuellement cultivé, enrochement du littoral au kilomètre zéro, avec plage suspendue destinée à accueillir mille cinq cent spectateurs, aménagement de parkings, de pontons flottants, de gradins flottants, une tour pour les 200 officiels, creusement d’un chenal pour rejoindre la tour, érection d’un village olympique avec logements, salle de restauration, salle de sport, héliport, zone de mouillage…
Tout cela pour une dizaine de jours de compétition olympique….
– Je comprends vos craintes. J’ai eu l’occasion de venir à Tahiti Iti et j’en garde de merveilleux souvenirs.
– Cela fait deux décennies que les habitants de Teahupo’o accueillent, avec leurs moyens, la planète entière et ce, sans démonstration de luxe, sans bétonisation et sans frime. La population de Teahupo’o tient à préserver son cadre de vie. Teahupo’o ne veut pas que son « mana », sa force sacrée, lui échappe et elle veut faire entendre sa voix.
– Comme je vous comprends.
– Il est réclamé une transparence dans l’étude des projets et la population doit avoir un pouvoir décisionnaire sur les choix finaux. Or, aujourd’hui elle est écartée de toutes négociations sur les infrastructures et aménagements futurs. C’est nous qui allons vivre avec avant, pendant et surtout après le passage des J.O. Nous ne voulons pas que notre paradis soit dévasté. Nous voulons continuer à vivre en harmonie avec la mère Nature et garder l’authenticité qui fait notre force.
– Auriez-vous préféré que les épreuves de surf aient lieu en métropole, à Hossegor ou à Lacanau ?
– Comme je vous le disais, mon sentiment est très partagé et loin d’être objectif !
– Les décideurs sont-ils venus sur place voir le site ?
– Non, pas que je sache. Ils ont lu les études de projets que les concepteurs, capables d’une telle organisation, leur ont soumis.
– Avez-vous eu l’occasion de vous exprimer ?
– Pensez-vous ; ils n’osent m’approcher. Il n’y a que les surfeurs à venir se frotter à ma puissance et c’est très bien ainsi. Ils sont amoureux des sensations fortes que je procure. Ils aiment mes mouvements et l’eau à vingt cinq degrés été comme hiver.
– Que proposeriez-vous aux autorités, si l’occasion vous en était donnée ?
– Je pense que la compétition pourrait avoir lieu ici, à la condition que les sportifs acceptent des conditions d’hébergement plus modestes que celles qu’ils auraient en métropole. Quand aux spectateurs et officiels, ils pourraient regarder les compétiteurs depuis la côte avec transmission simultanée des images prises par drones au dessus de moi. Vous savez, il y a de nombreux photographes et spectateurs tout au long de l’année qui prennent des cours en regardant, via leurs films amateurs, les sportifs évoluer. Par ailleurs, la nature du site permet aux embarcations de s’approcher et d’observer d’assez près les surfeurs. Les juges en chargent de classer les performances pourraient être dans ces bateaux.
– Je réalise que vous avez mené vos réflexions sur tous les thèmes importants.
– Ce n’est pas difficile, je côtoie les surfeurs à longueur d’année. Je pourrais vous raconter de nombreuses anecdotes portant aussi bien sur les nombreux et sérieux accidents qui ont lieu sur mon dos que sur chacun des passionnés qui me visite comme, par exemple, cette petite « crevette » de huit ans qui s’entraine sans relâche. Son père, dans l’eau, à proximité, la conseille et la stimule. Il est même très dur. S’il poursuit dans cette voie, il va réussir à la dégouter avant qu’elle n’ait atteint l’âge de concourir…
– C’est passionnant de vous écouter. Vous devriez raconter vos souvenirs, vos mémoires. Vous connaissez mieux que quiconque le lieu.
– En effet, je me déploie en rouleaux. Ils sont les plus larges et les plus épais du monde. Le fond du site, escarpé, écroule brutalement de longues houles sur le récif corallien, créant ainsi des mouvements très particuliers, nécessitant que les surfeurs se lèvent brutalement sur la planche pour ensuite enchaîner un « tube ».
Cet endroit figure parmi les plus dangereux du monde, le fond corallien n’est qu’à quelques dizaines de centimètres de la surface où je m’écrase sur la barrière de corail… C’est splendide et… magique !!
Elle est arrivée toute apprêtée, la crête mousseuse et la cambrure accentuée, prête à faire son cinéma, celle de la Nouvelle Vague. Je la savais très sensible, instable même, toujours prête à déferler si le vent de la réussite accélérait sa cambrure, la rendant irrégulière et dangereuse. Suivant le rôle que sa mer lui attribuait elle me raconta pouvoir être une aussi bien une onde caressante de quelques centimètres qu’un véritable raz-de-marée pouvant atteindre plus de 30 mètres de hauteur. Elle me confia que ce qui l’avait fait le plus marée ce fut son rôle de Mascaret dans un estuaire, complètement à contre courant de ses précédents rôle. Par contre, sur les ondes, la critique l’avait moins fait marrer. Celle-ci avait été très dure avec elle, parlant d’une tempête dans un verre d’eau, préyendant qu’elle gâchait son énergie cinétique dans une comédie produite par CANAL, une dérive indigne de son talent. Je la vit alors se troubler en un instant devant mes yeux. L’écume au bord des lèvres par la contrariété, elle donnait l’impression de se briser en tourbillons et bulles d’air, comme un déferlement glissant vers l’abîme, se brisant loin du rivage qu’elle s’était fixée, avec une crête à l’aspect mousseux. Je tachais de la rassurer, de la rasséréner par une bise chaleureuse. Je lui donnais un verre d’eau. Elle se calma. La houle qui l’agitait s’apaisa progressivement. Le séisme était passé. J’avais évité le tsunami qui aurait emporté mon interview vers la catastrophe, un véritable tremblement de terre dans ma rédaction. J’abandonnais alors certaines questions. Je n’avais plus lame à raser ma vedette par de vagues rumeurs de liaison avec un ressac qui pouvait faire obstacle à sa carrière. Je retrouvais son sourire en évoquant son prochain rôle dans « le surfer ». Elle interpréterait un déferlement plongeant, une vague qui s’enroule autour d’une poche d’air puis qui s’écroule, lourde, implacable, mais tellement esthétique. Le bonheur que je lus faisait plaisir à voir. Je la quittais sur cette promesse d’un grand spectacle.
– Chers auditeurs, bonjour ! Aujourd’hui, nous avons le plaisir de recevoir monsieur Planche président de l’association V. A. G. U. E. Pourriez-vous nous expliquer comment vous dénichez des spots pour vos adhérents, ce doit être passionnant de parcourir le monde.
– Bonjour, à tous. Je suis ravi de votre invitation et je vous en remercie. Le but de notre association est de réunir nos membres tous les week-ends dans un ancien manoir, et ce, gratuitement pour débattre du Vide, de l’Abstrait, des Grincheux, de l’Utopie et de l’Évasion sous toutes ses formes.
– Eh ben, dites-moi, quel programme ! s’étonne Thierry le journaliste qui n’a rien préparé sur ce sujet des plus abscons.
– Un très beau programme unique en son genre, et j’en suis fier, se pavane Planche.
– Sur quels critères recrutez-vous vos abonnés, se reprend le chroniqueur pour ne pas couler à pic.
– La sélection est assez vague, mais seuls ceux qui possèdent une large ouverture d’esprit et lisent les philosophes sont admis dans notre cercle, répond-il sous les yeux ébahis de l’échotier qui se demande ce qu’il fait là.
– Combien d’adhérents avez-vous ? poursuit-il afin de ne pas perdre pied définitivement.
– Au début, nous n’arrivions pas à endiguer la ruée, mais très vite les remous se sont multipliés. C’est pourquoi, je profite d’être ici pour lancer un appel aux bonnes volontés, car notre tâche est immense.
– Maintenant, nous ouvrons notre antenne à nos auditeurs. Marianne avez-vous quelqu’un en ligne ?
Depuis sa cabine, cette dernière lui fait signe que non et lance « The prophet’s song ». Durant ces huit minutes et vingt secondes Thierry reste en apnée tandis que le président se tortille, telle une anguille, sur sa chaise.
– Nous avons, enfin, une personne en ligne se réjouit le journaliste. Bonjour, quel est votre prénom ?
– Salut, moi, c’est Antoine. Je voulais savoir la date du mascaret à Cadillac.
– La date de quoi ? demande Planche. Je ne comprends pas votre question.
Un grand silence se fait dans le studio pendant que le journaliste pianote à toute vitesse sur son portable.
– Ce sera pour l’an prochain, vous l’avez raté. Ce phénomène s’est produit le 26 juin dernier. Désolé pour vous, conclut Thierry en coupant l’interview.
Marianne, paniquée, s’empresse de lancer une page de réclames.
Sans même saluer son invité, le chroniqueur se rue sur son assistante pour lui demander dans quoi elle a bien pu merder pour dénicher pareil énergumène ?
Durant leur conversation houleuse, le standard explose sous la vague de protestations. Au grand dam du directeur, l’audience est prise dans un rouleau compresseur et ce n’est que trois semaines plus tard que sa radio sortira la tête de l’eau.
Original ! 🙂 Merci Fanny Dumond
-Bonjour Madame la vague. Tout d’abord laissez-moi vous dire quel immense honneur vous me faites ! Surfer ainsi sur votre arête pour vous interviewer, c’est le climax de ma carrière ! Et bravo pour votre arrivée exceptionnelle ! Regardez tout ce public venu vous attendre sur la plage ! Les falaises sont couvertes d’une marée humaine qui patiente depuis plusieurs jours ! Toutes les caméras sont braquées sur vous ! Les gens sont galvanisés par votre venue !
-Oui je sais ! Les autres m’avaient prévenue. Je savais que l’on m’attendait comme le messie. Je me suis beaucoup préparé pour cet instant. Mes cousines de Jaws et de Cortes Bank m’ont raconté leur arrivée et la liesse incroyable lors de leurs apparitions. Ma mère n’a pas voulu me dévoiler toute la magie de venir mourir ici à Nazaré tellement elle voulait que je vive pleinement cet instant exceptionnel. Aussi vous comprendrez que je ne vais guère m’étendre à vous parler. Je veux soigner ma tenue, me parer de mes plus belles couleurs bleu azur et blanc éclatant. Mon boa d’écume me donne de l’allure et je veux vivre chaque seconde de mon itinéraire sur ces fonds uniques qui me procurent tant de force et de majesté. Je veux gifler de mes embruns salées chaque joue venue se tendre à l’océan pour y laisser une empreinte indélébile. Je vais gronder en à en faire trembler le sol, vibrer le sable, frémir les membres de ces humains si fragiles et laisser enfin les surfeurs expérimentés, ceux qui me respectent, m’effleurer, jouer sur mes boucles pendant de brefs instants d’éternité. Libérer toute mon énergie dans un dernier souffle puissant et inoubliable…
Veuillez-vous écarter maintenant. Je ne voudrais point vous blesser.
-Bien sûr. Je n’ai pas de mots assez grands pour décrire cet instant. Je vais me taire et regarder, sentir et ressentir jusqu’au ressac du dernier mouvement.
— Nelson ? Allo, Nelson ? Réglez votre sonotone, c’est à vous !
— Ouiii ! Patrick, je suis en direct avec la vague Tsu Napoli qui vient de battre le record méditerranéen du saut en hauteur. C’est incroyable ! Cinq mètres quatre-vingt-onze centièmes. IN-CRE-DIBILE ! On n’avait pas vu ça à Marseille depuis la ola du stade Vélodrome après le doublé de Griezman en demi-finale de l’Euro 2016 face aux Allemands. Où êtes-vous allé chercher cette énergie pour monter aussi haut ? Dove hai preso questa energia per arrivare così in alto?
— Hé ! Ma che sorpresa per me ! je n’en reviens pas, c’est incomprehensi-bile !
— Vous parlez français ?
— Oui, j’ai côtoyé longtemps oune vaguelette de Calvi avant qu’elle n’échoue à Nice après s’être amourachée d’oune surfeur de pacotille. Mais c’est de l’histo-ria antica.
— Racontez-nous cet exploit monumental qui a éclaboussé tout le littoral phocéen. Vous avez dû être submergée de congratula-zionis.
— Oui, c’est assez incroya-bile ! J’ai été porté par oune ola d’oune pubblico meraviglioso… Mera-veilleux.
— De quel public parlez-vous ? Des vedettes et des yachts au large de la côte ?
— Non, je parle d’oune public bien en amont, au large de Lampedusa. Ils étaient cinq cents au départ, mais par oune pronto renfort, ils étaient trois mille en arrivant au porto de Marseille. J’étais le , c’est comme ça qu’on dit ?
— Mais qui étaient ces supporteurs ?
— Aucoune idée ! Mais ils m’ont porté, poussé pour que je m’élève contre leur détresse qui se heurtait aux rocs sourds des barrières italiennes. Ils avaient oune énergie tellement forte que je me suis senti pousser dou zèle d’oune vague de Nazaré, avec la rage inté-riore de la grande vague de Kanagawa. Jamais je n’aurais imaginé monter si haut avant de redescendre petit à petit et de retomber en Fosbury sur la plage du Prado, vidé et le dos laminé.
— Et ces trois mille supporteurs, que sont-ils devenus ?
— Mais ils sont là, avec moi, noyés dans l’indifférence de la foule qui feint de ne pas les voir à chaque ras-le-bol de marée qui régurgite leurs âmes à ses pieds.
Tout d’abord, bonjour mademoiselle Celsius,merci de m’accorder cet interview pour les lecteurs du Mistral Libre.D’où venez vous
Du Sahara, ce qui fait que je suis un tantinet épuisée.
Je comprends,nous subissons nous mêmes les effets de votre arrivée.40° hier,42 prévus pour cet après midi,c’est la plus grosse vague de chaleur enregistrée à Cucuron depuis 120 ans.Que se passe-t-il ?Quelque chose cloche ?
Non, pas particulièrement.Je commençais à m’ennuyer.Toutes ces années avec pour tout décor du sable à perte de vue,soulevé parfois par diverses caravanes.Personne à qui parler,pas de nouvelles du mode.
Mais pourquoi ici spécialement?
Ce n’est pas » icispécialement » comme vous dites,j’ai brûlé tout le bassin méditerranéen sur mon passage et termine ma course en Provence.J’y suis venue toute petite,avec mes parents,vers 1900 je crois.On a fait des ravages mais j’ai aimé cette région et m’étais jurée d’y revenir un jour.
Pour refaire les mêmes dégâts…
Sans doute,c’est ma vocation après tout.Vous préféreriez des inondations,de la grêle? Vous autres n’êtes jamais satisfaits
Mais quand même !
Quand même quoi, mon petit ami.Remerciez moi plutôt de vous donner de quoi écrire dans votre feuille de chou
Je n’irai pas jusque là.Mais ne nous énervons pas,il fait déjà assez chaud comme cela.Que comptez vous faire ensuite?
Je suis vraiment exténuée,nous sommes déjà à la mi août,je vais aller me reposer dans le coin.Après…..
Nous allons donc devoir vivre avec ces températures un bout de temps?
Tout à fait, c’est mon job après tout.Donc,pour ce soir je vais aller dans les collines en faisant attention de ne pas enflammer la garrigue,je vous le promet.Notez bien ça pour vos lecteurs.
Merci mademoiselle, pour ces information de première main.Avez vous quelque chose à ajouter pour conclure?
Non,ça ira comme ça,je brûle de prendre un peu de repos.
,
🐀 C’EST VAGUE
j’avais pour mission en Vendée de faire -en 3 jours- le point sur les vagues immenses qui attirent les surfeurs. Mon cabanon de location donnait directement sur la plage dont le sable ondulait doucement sous le vent gardant chaque creux comme la marque d’une caresse.
Quant à la mer… Rien ! Une mer d’huile navrante. Alors très vaguement je me laisse emporter, divague… dis vague ? Tu fais la forte tête ? T’étalant en tétant le sable du rivage ! Sur cette plage sans bruit, je sens en moi comme un renoncement un vague à l’âme… Larme de dépit…
Je rangeais mon matériel d’enregistrement lorsque je sentis gronder sous le sable, tout à l’heure si doux, se fissurer sous mes pieds. J’eus à peine le temps de me retourner pour voir un gigantesque entonnoir aspirant tout, absolument tout sur son cyclonique passage. Tenant toujours mon micro à la main nous fûmes apirés mon cabanon et moi, catapultés, je montais tel un ludion de bas en haut du cône et pour finir projeté sans ménagement sur le béton du sable mouillé. Épaule luxée je m’accrochais à mon micro-sans-fil que je n’avais pas lâché, et professionnel jusqu’au bout j’annonais : chers amis, je suis encore vivant, cette expérience…
Plus pour longtemps gronda le ressac qui m’enroula avant de me mastiquer et m’emmener au loin pour mieux profiter de sa proie.
On n’entendit plus parler de moi sauf au JT de la nuit, dans les profits et pertes : nous avons la douleur d’apprendre la disparition de François-Xavier Cloulbec en mission sur la plage de Saint Gilles-croix de vie où il a trouvé la mort… Enfin, c’est ce que pense les services de police car on n’a pas retrouvé son corps. Mais, professionnel jusqu’au bout, chers auditeurs, ses derniers mots retransmis par son micro sont pour vous : chers amis, je suis encore vivant… S’en suivent des borborygmes épouvantables qui nous laissent supposer qu’ hélas…🐀
Chers auditeurs de « France ouétu » : bonjour !
Me voila en direct sur une magnifique plage d’Hossegor et…et… la voilà, la voilà, je l’aperçois… elle arrive !
Ah si vous pouviez la voir…..
Majestueuse, impressionnante,
Elle avance… elle avance,
En direct chers auditeurs, je vais recueillir ses impressions,
Je n’ai jamais vu aussi belle vague,
Nous allons bientôt savoir d’où elle vient et comment s’est passé son trajet,
la voilà, la voilà,
Quel exploit !
La journaliste lui tendit le micro,
Mais la vague, exténuée, s’échoua sur le rivage sans un mot.
C’était Camomille, en direct d’Hossegor.
Camomille, Camomille, vous nous entendez ? Vous nous entendez ?
🐀 bonnes vacances
Merci souris bleue, et toi…. Bonne Assomption depuis la Vendée !!!
Samedi 14 Août 2021. En direct de la plage d’Escalles, au pied du Cap Blanc Nez. Jean Marc Durand pour LA VOIX DES ONDES. Bonjour chères auditrices, chers auditeurs, chers bambins biberonnant de l’écoute. Comme prévu ce matin, le tant attendu interview de la vague, que dis-je, LA VAGUE, la 25658 BBCFR, celle dont tout le monde parle depuis 24h. Ah la voilà….!
Bonjour!
– Bonjjoour…
– Reprenez votre souffle , je vous en prie!
– Meerci!
– Alors vos impressions, après ce record….pour ceux qui ne seraient pas au courant, je rappelle que la 25658 BBCFR vient d’établir un nouveau record de traversée de la Manche…alors, vos impressions.
– Dur, dur….quand même. Le dernier record de la 785910 était d’un très haut niveau.
– Oui, depuis 2018….on se souvient de votre échec en 2019 et de votre pari relevé en cette fin d’année là!
– J’avais juré oui, en l’honneur de ma grand mère qui échoua en 1942 sur les côtes anglaises après une traversée épique.
– Chers auditeurs, il faut se remettre dans la situation de l’époque. Si je ne me trompe, votre grand mère cherchait un asile politique. Elle fuyait un certain courant envahissant une grande partie des eaux européennes.
– Exactement! Depuis toujours, je voulais lui rendre hommage…et aujourd’hui c’est fait…et j’en suis très heureux et fier, pour moi, ma famille, elle qui m’a toujours soutenu, et mon pays.
– Comment envisagez vous l’avenir….quel projet….ou quel éventuel repos….allez savoir ?
– Aucun repos! En cas de victoire, on m’avait promis la possibilité de créer une école internationale de natation!
– Ah bon…??
– Oui, pendant cette dernière traversée, j’ai encore croisé trop de vagues inexpérimentées, beaucoup ont coulé devant moi. Je me dois donc d’enseigner le minimum des mouvements de cette pratique.
– Et vous ne craignez pas que l’un ou l’une de vos élèves batte votre record!
– Et alors, Ducon, quelle importance!
– Euh…euh, bon il est temps de rendre l’antenne, notre héroïne claque des dents et paraît légèrement fiévreuse…A vous les studios!