557e exercice d’écriture très créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort…

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32 réponses

  1. Kyoto dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu.
    Il n’avait pas l’allure d’un monarque.
    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, une mamillon se posa près de lui.
    Effarouché, il voulut se sauver, mais il n’avait plus la force de s’envoler.
    Amusée, elle s’avança délicatement.
    Il crut qu’elle se moquait de lui.
    Le gris de la honte assombrit ses ailes.
    Elle s’approcha davantage.
    Le rose de son trouble chassa cette grisaille : elle était si belle !
    Elle en profita pour l’effleurer et le caressa tendrement.
    Il voulait que cet instant éphémère perdure.
    Il avait trouvé sa reine et retrouvé ses ailes colorées.
    Elle le trouvait si beau.

    Envolez-vous, volez papillon et mamillon d’amour !

  2. Laurent dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu.

    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort pour se fondre dans l’invisible son attention fut attirée par un bruissement d’ailes furtives et légères. Ce n’était pas le frémissement de ces balourds de prédateurs dont il fallait se méfier, même lui fut-il si désespérément moche.
    C’était un bruissement subtil et si délicat qu’il en fut tout ébaubi. Sa curiosité toute émoustillée le papillon si moche osa tendre son regard dans la bonne direction tout en prenant garde de ne pas s’exposer, dès fois que l’on remarque sa laideur.
    De toutes ses ommatidies(1) il n’avait jamais vue d’aussi jolie parure. Il était sous le charme, comme subjugué, presque étourdi. Plus tout à fait lui même il abandonna son tronc d’arbre pour, sans hésiter, se mettre dans la lumière.
    Il faut dire que cela en valait vraiment le coup. Il se trouva face à face avec un Machaon. Dans un premier temps ce lépidoptère ne le remarqua pas, trop occupé dans la foret de bois mort à trouver quelque nectar pour se sustenter
    Papillon si moche engagea la conversation timidement, insista un peu et fini par obtenir une réaction. Une réponse ? Plutôt une supplique « Je me suis égaré de mon jardin, je ne trouve rien d’agréable à manger en dehors de petits cadavres et de fèces fraîches. »
    Notre papillon, se trouvant encore plus moche que d’ordinaire face au Machaon, eu un temps d’arrêt. Il réfléchi l’espace d’un instant et un peu machiavélique proposa : C’est très joli ce bleu qui alterne avec le noir sur tes ailes. Tu voudrais me donner de tes écailles(3) pour agrémenter ma parure ?
    Dans un premier temps le Machaon ne compris pas. La parure de son interlocuteur était différente, uniforme, mais … ? Revenant à ses préoccupations existentielles il réitéra sa demande
    – Oui, oui, j’ai entendu ! Je connais un jardin ou l’on trouvera des asclépiades, des œillets d’Inde et des zinnias(4). Tu es d’accord pour les couleurs ?
    – C’est super bon tout ça, on y va !
    – Mais … les couleurs, tu es d’accord ? S’ enquit derechef le papillon si moche
    – Comme si c’était fait rétorqua le Machaon
    Depuis ils ont élu domicile dans mon jardin …C’est pour cette raison que le Machaon à ses ailes alternées de blanc et noir avec quelques points bleu. Petit papillon moche est tout paré de bleu azur. Il se fait appeler Argus-bleu, mais surtout il à rencontré une petite femelle dont les ailes bleue-gris s’harmonisent fort bien avec les siennes et …

    ***
    (1) les papillons ont des yeux à facettes. Ils sont composés de milliers de petits yeux appelés ommatidies
    (2) fèces fraîches désigne l’ensemble des crottes de gros mammifères
    (3) la couleur des ailes des papillons vient de minuscules « écailles » fixées sur la membrane des ailes. Le nom scientifique des papillons : « Lépidoptères » , signifie d’ailleurs « ailes à écailles ».
    (4) sortes de fleurs appréciées pour leur nectar

  3. Antonio dit :

    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort d’un rangement bien commode, une voix s’échappa du fond de tiroir.

    — Alors, tête de nœud, on est de sortie, ce soir ? Il paraît que c’est toi qui t’y colles. Pas mal, la nouvelle chemise, hein ? J’aurais bien aimé me la faire, tiens. T’as vu comment elle est gaulée ! La taille cintrée et ces petites pointes arrondies. Ce que je ne donnerais pas pour l’enlacer. Tu vas te régaler, petit veinard !

    C’était la cravate en jacquard qui n’avait jamais sa langue dans sa poche, plutôt bien pendue jusqu’à lécher les hauts de pantalon sans vergogne. Mais le papillon avait la tête ailleurs. Comment allait-il pouvoir cette fois se fondre dans l’anonymat, pendu au cou de cette blancheur immaculée ?

    Rouge sur rouge rien ne bouge, rouge sur blanc, tout fout le camp !

    Bon sang, comment Georges avait-il pu se laisser aller à une telle excentricité ?

    — Et oui ! Mrs Bridges est passée par là, l’interrompit son compagnon de tiroir, comme s’il lisait dans ses pensées. C’est du sérieux entre eux et le dressing vient de subir un plan de licenciement drastique. En Angleterre, on ne lésine pas sur les couleurs, c’est leur côté kitsch. Je l’ai échappé belle. Tu sais qu’elle t’a à la botte, toi ?
    — Ah bon ?
    — Ton côté tartan, elle adore. Continue à te tenir à carreaux et tu vas être le chouchou de sa dame.
    — C’est une catastrophe, je déteste monter sur scène dans un costume trois pièces.
    — Oui, mais là, c’est Othello, Shakespeare… Finis, les cols des femmes de Molière.

  4. THIERY RESSMER dit :

    Il était une fois un papillon si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu.
    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort il décida que c’était le bon moment d’aller consulter la grande.
    Elle était réputée pour avoir décimé bon nombre d’individus qui osait la chasser, elle qui ne faisait qu’éliminer les indésirables, principalement les mouches et les moustiques mais un jour elle en a eue plein le dard et elle est partie dare-dare de sa ruche pour aider les autres, pas folle la guêpe. C’était une dame bien, grande, élancée, ne quittant jamais sa tenue rayée de jaune et de noir, elle trouvait que cela lui allait au teint. Légèrement piquante, elle n’attaquait que pour se défendre. Jamais elle ne s’en est prise aux abeilles, trop frêles pour elles et puis elle adorait trop leur miel. Elle aussi, en produisait, avec toute sa famille, militant pour l’environnement et la protection des insectes pollinisateurs. Ils savaient, tout comme elle, qu’ils avaient tous une fonction et qu’ils étaient utiles à l’écosystème, à son bon fonctionnement.

    Et puis, elle en a vu des choses. A deux reprises, elle a failli y passer, elle sait ce que c’est que d’avoir frôlé la mort. Tout cela à cause d’une mouche Tsé-Tsé, elle ne l’avait pas reconnue, et d’un moustique, accoutré de bandes noires et blanches, il aurait pu faire l’affaire, mais non, un moustique c’est pas son genre et puis s’accoupler en pyjama, bof ! Elle comprend pourquoi on l’appelle, tigre, comme si un tigre se tapait un moustique. Quelle idée farfelue. Sans compter, un moustique à rayures, c’est bien qu’il n’est hérité que des rayures. Imaginez un moustique avec une tête de tigre et inversement. N’importe quoi.
    Cela a dû être piquant également entre eux à ce moment là mais Yep, la guêpe ne piquait plus. Elle avait cette chance de pouvoir vivre sans. Elle pouvait mettre et ôter son dard comme elle le voulait, il était monté sur pivot.
    Un jour alors qu’elle avait voulu piquer, il sentait trop bon la fraise, c’est son péché mignon, la fraise, un petit garçon avec sa tartine qu’il tenait à la main. Sauf qu’au moment opportun, où il détourna la tête, ne voulant pas se retrouver à plat, sur le sol, piétinée ensuite, pour finir parmi les détritus, emballée dans une vulgaire feuille d’essuie tout recyclé, servant de linceul, lui piqua la main, voulant qu’il lâche sa tartine. Et bien figurez vous que ce jour là ce n’est pas une patte qu’elle s’est cassée, ni une antenne mais bel et bien son dard. Cet imbécile portait une montre et bien évidemment ce jour-là elle ne portait pas de lunettes.
    Alors tant bien que mal, pendant qu’il tentait de l’aplatir comme une vulgaire crêpe, elle réussit à récupérer son dard et s’envola avec, direction les urgences pour que l’on puisse faire quelque chose.
    Et là de suite elle fût pris en charge par un professeur, un spécialiste de la reconstruction plastique, un gros hanneton, Léon, qui la répara et l’a remis sur dard, sous condition, qu’il soit amovible. Il n’y avait pas d’autres solutions. Ce qu’elle accepta et au fil du temps, s’habitua à vivre sans.
    Il y a eu aussi cette mouche Tsé-Tsé qui l’a fait dormir si longtemps qu’elle se demandait si un jour elle allait se réveiller.

    Soudain, on sonne à sa porte. Le voilà enfin. Elle l’attendait. En effet, Gédéon, le papillon en avait mare d’être si laid.

    « Entre lui dit-elle »

    Il rentra dans son antre, tête baissée, il avait si honte, pas très rassuré, mais lorsqu’il vu qu’elle en était dépourvue, cela le réconforta.

    « Tu comptes baisser la tête tout le long de notre échange ? »
    ,
    Il la leva et se montra, leva enfin la tête, antennes en berne, ailes pliées, baissées, écorchées.

    « Ah oui effectivement dit-elle, tu es bien laid »
    Excuse moi j’ai pour habitude de toujours dire la vérité.

    « Installe toi ».

    Il s’exécuta.

    A cet instant précis, il se sentit davantage laid mais il appréciait sa franchise, pas comme tous ces autres qui le rassurent en lui mentant, lui disant qu’il n’est pas si laid.

    « Quel est ton problème papillon ? Que puis-je pour toi »? Qui t’a parlé de moi ? ».

    « Mon problème ? Tu l’as vu et tu as même approuvé. Je suis laid. Je me sens si moche et si minable.
    Ce que j’aimerais ? C’est que tu me donnes quelque chose pour me rendre plus beau et comme j’ai su que tu faisais des miracles, par le Docteur Léon, que tu aidais beaucoup, que tu servais de nobles causes, la protection de l’environnement, la protection des insectes et bien d’autres choses encore. Voilà pourquoi je suis là. Il m’a à plusieurs reprises réparées les ailes mais c’est long ».

    « Il faut être patient dans la vie. Ecoute moi bien papillon, je ne peux faire qu’une seule chose pour toi », l’acceptes-tu ? ».

     » Oui Madame la guêpe ».

    « Yep stp. Ouvre bien grandes tes antennes. Je n’ai aucun produit miracle à te proposer à part mes conseils, ma sagesse que j’ai acquis pendant toutes ces années. Tu devrais en faire autant.

    Sache que tu n’es pas si laid, il suffit de t’arranger un peu. Et puis tu sais la beauté, c’est éphémère. De plus, être beau c’est être beau aussi de l’intérieur car être beau physiquement et laid de l’intérieur, ca se ressent, ca se voit, tu ne parais plus si beau que cela, la laideur l’emportant. Et je sais que cela n’est pas ton cas. Sache que dans la vie, il y a des beaux, des moches, des gros , des grands, des maigres, des petits, des vilains, des sympas, des piquants, des butinant, des sincères, des hypocrites, il faut de tout pour faire un monde. Et forcément tu plaira à quelqu’un, c’est à ca que cela sert la diversité et je vais te révéler quelque chose, moi la beauté, je m’en méfie. Et tu sais être trop beau suscite d’autres soucis.

    Voilà ce que je te propose, retourne voir Léon, il fait des miracles, soit il te fait une greffe d’ailes où il te les taille à nouveau mais pour de bon cette fois-ci. Je te suggère cette dernière.

    Va chez Lucienne l’esthéticienne et chez Roger le barbier, chez ma sœur pour le coiffeur, elle te fera une teinture d’ailes sans ammoniaque. Ensembles, vous choisirez la couleur qui te convient et reviens me voir ».

    « Regarde, moi, je n’ai plus de dard, me trouves-tu pour autant laide ?  »

     » Non dit- il, juste différente ».

    « C’est ça tu as compris ». « Fais ce que je te dis »

    D’accord dit le papillon ravi de cet échange  » Elle n’était pas à piquer avec des hannetons mais bon, elle était sage.

    Une semaine passa et Yep la guêpe entendit retentir la sonnette de sa maison. Elle ouvrit la porte et là qu’elle ne fut pas le choc. Elle en avait le dard coupé. C’est à peine si elle le reconnu.
    Il était si beau maintenant avec ses ailes réparées, ses antennes lustrées, son corps rasé, ses ailes d’un bleu turquoise cernées de vert émeraude soutenu d’un marron chaud, avec sa belle coupe, elle reconnaissait bien là le talent de sa sœur, que s’il n’aurait pas été papillon, elle en aurait bien fait son quatre heures et en plus, il sentait bon la Fraise.

    Que n’avait-il pas fait là ! Quel abruti ! Il ne savait donc pas qu’elle adorait la fraise ?

    Attirée par l’odeur, elle ne put s’empêcher, partant vite fait pour enfiler son dard.

    Son instinct en éveil, Léon comprit de suite qu’il était en danger, qu’elle s’apprêtait à le piquer. Vite, il déploya ses belles et toutes nouvelles ailes et s’envola, gracieusement, en trombe, avant même qu’elle n’ait pu s’équiper, la semant. Il l’a remercia pour sa bonté, quand même, en le lui criant, et il virevolta dans les airs, heureux, fier de sa transformation, admiré par ses pairs, envié par d’autres.

    Plus jamais il ne se trouva laid, plus jamais il ne se posa sur de vieux bois morts pour que l’on ne le remarque pas mais sur de belles et jolies fleurs déployant leur parfum envoûtant, s’enivrant et se dit comme quoi tout est possible et que dans la vie, rien n’est jamais laid.

  5. Michel-denis Robert dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si minable qu’il ne se posait que sur ce lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, une chenille vint le troubler dans ses méditations.
    – Eh ! Fais attention où tu mets les pieds.
    – Excuse-moi, je ne t’avais pas vu. Mais que fais-tu donc ici, dans ce coin perdu ?
    – Je réfléchis. laisse-moi tranquille.
    – Oh ! Pardon, Monsieur a ses humeurs ! Tu n’as donc pas de travail.
    – Laisse-moi, j’te dis. Du travail, j’en ai ma claque.
    – Un beau papillon comme toi ne devrait pas rester inactif. C’est du gâchis.
    – Passe ton chemin, j’ai autre chose à faire que d’écouiter tes sarcasmes.
    – C’est ça, orgueilleux en plus !
    – Moi, orgueilleux !
    – Bien sûr ! Au lieu de rendre les gens heureux, tu passes ton temps à jouer les narcisses.
    – Justement, des narcisses, j’en vois trop, ils me renvoient l’image de moche.
    – Qu’est-ce que tu racontes ? Si ton destin t’a mis sur ma route, c’est que tu dois me montrer la voie que tu as suivie. J’ai besoin d’un maître qui m’apprenne à voler comme tu sais si bien le faire.
    – Je n’aime pas qu’on me mette devant mes responsabilités. Si tu prétends m’éduquer, vraiment tu es mal tombée, dit le rougissant papillon.
    – Ma grand’mère me dit toujours que je me plains d’aise, mais toi, tu as tout pour être heureux et tu ne veux pas partager la splendeur de tes couleurs, le rouge de la honte te va si bien quand même.
    – Ce n’est pas de honte que je rougis mais de colère.
    – Pourquoi cette colère ?
    – Parce que le monde devient méchant, il ne fait plus attention à la frafilité. Je cultive maintenant l’invisibilité.
    – Quel vieux grincheux ! Aide-moi plutôt à m’habiller comme toi, et tu verras, tous les deux, nous construirons un monde meilleur.

  6. Le papillon

    — Qui parle ?

    Une voix grave, profonde, venait de se faire entendre.

    — Ne compte pas sur moi pour te moucher le nez petit !

    Le papillon effaré regardait autour de lui. Il eut envie de prendre la fuite, quand la voix de nouveau s’éleva cette fois pour dire :

    — Une tempête a couché deux siècles de mon existence. J’aurais, comme tu le vois, de bonnes raisons de me lamenter.

    Le papillon abasourdi comprit que son interlocuteur n’était autre que le vieux tronc. Quelque peu vexé quand même qu’il vienne, sans façon, lui faire la leçon, il rétorqua :

    — Mais tu as fait ton temps ! Le mien ne fait que commencer.

    — Alors, pourquoi le gâcher et te cacher comme tu le fais ? Pleurer ne fait que t’enlaidir et ton humeur est si chagrine qu’elle ne peut que faire fuir !

    — Pardon, mais je trouve que vous faite vite feu de tout bois.

    — C’est hélas ma destinée, mais connais-tu la tienne ?

    Le papillon hésita un instant, avant de répondre :

    — Oui…Enfin, je crois. Butiner, voleter, me reproduire.

    Le dernier mot qu’il venait de dire tinta cruellement à ses oreilles et c’est d’une voix nouée qu’il précisa :

    — Sauf que pour se reproduire, il faut plaire et c’est bien là le problème !

    Dans un soupir, il avoua :

    — La nature ne m’a vraiment pas gâté.

    L’arbre répondit :

    — Les fleurs que tu visites se montrent-elles avec toi moins accueillantes qu’avec ceux de ton espèce ?

    — Non, mais…les femelles de mon espèce, elles, font la différence !

    — Vois cette différence comme ta chance petit. Je t’y invite en tout cas. Car pendant que les autres volètent et butinent, toi, tu te crées un rideau de larmes qui t’empêche de voir ta noble mission.

    Le papillon crut bon de répéter :

    — Ma noble mission ?

    — Oui, celle de polliniser.

    — Mais de quoi parles-tu ?

    — Ce mot t’est étranger n’est-ce pas ? Parce que, comme les tiens, ta seule préoccupation est de te nourrir du nectar des fleurs. Et ton existence est trop courte pour connaître les tenants et les aboutissants de celle-ci.

    Le tronc d’arbre se tut un instant afin de délivrer au papillon un concept qui lui était de toute évidence étranger. Il s’en entretint longuement avec lui, avant de conclure :

    — Maintenant, tu connais ton utilité. En agissant dans une conscience plus élargie — de sorte que tu ne sois plus centré que sur tes propres besoins, mais aussi sur l’environnement qui t’entoure —, alors les graines du vivant que tu polliniseras deviendront ta création. Ton éternité.
    C’est là mon Ami que réside ta beauté.

  7. Urso dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort …

    … il vit atterrir une petite soucoupe juste devant lui.
    Tiens c’est bizarre cette chose. Quelle forme étrange pensa-t-il.

    En réalité il s’agissait bien d’une soucoupe (volante pour les puristes), qui toutes les cinq minutes prenait l’aspect ou plutôt se métamorphosait en miroir.
    En la regardant plus attentivement notre papillon vit qu’il y avait un autre « lépidoptère ».
    Nous sommes deux murmura-t-il.
    Il se mit à faire des mimiques, à gesticuler, à chanter aussi.
    D’abord surpris, il fut ensuite enchanté de voir que son sosie exécutait les mêmes mouvements et gestes que lui.

    Une idée malsaine lui traversa l’esprit : je crois qu’on est venu pour m’espionner en envoyant cet autre moi-même. Certainement on veut attenter à ma vie, me détruire. Car ma beauté et ma réussite font des jaloux sur cette Terre.

    Grâce à ce miroir et surtout au fait qu’il se voyait aujourd’hui tel qu’il était en réalité, notre papillon fut complètement transformé. Dans sa façon de penser et également dans le regard des êtres qui l’entouraient.

    Cette soucoupe-miroir, venue peut-être d’une autre planète, fut pour notre papillon une chance inouïe (la preuve il voulut même travailler à la Sncf dans les trains inoui. Ah ah).

    Quelques jours après cet événement, sachant qu’il était un papillon distingué, sortant du lot et très séduisant, il rencontra une belle papillonne, avec qui il eut une ribambelle de chenilles.

    Pour la petite histoire, chez lui le soir il aime écouter la chanson : « Allo maman bobo ».
    Il déclare souvent qu’il aurait bien voulu être un grand parolier.
    Il ne perd pas toutefois espoir car tous les jours il écrit un peu, beaucoup …
    Pour cette activité, il transpire énormément même pour écrire quelques vers … à soie.

  8. Avoires dit :

    J’en ai vu e toutes les couleurs si je puis dire…
    J’ai été noir, eh oui ! comme Max , l’homme qui me portait sur sur sa chemise blanche. Il faut dire que nous étions à un satané raout et que Max, donc, avait bu plus qu’il ne fallait. J’ai fait les frais de sa cuite lorsque, rentré chez lui, il m’a carrément jeté en l’air et je suis allé m’affaler sur la moquette. A moitié estourbi, je décidai de quitter les lieux et Max par la même occasion. Me traiter ainsi, moi le fidèle acolyte de ses soirées mondaines faisant toujours son plus bel effet sur ses chemises en popeline. Les hommes sont d’une ingratitude …
    J’allai donc chercher logis ailleurs. Pourquoi pas sur le pare-brise d’une automobile. AB 2001ZW fut celle qui m’accueillit, un samedi soir, alors qu’elle stationnait… enfin, qu’elle était garée…mal garée et même franchement pas garée du tout. Une main avisée me coinça sous l’essuie-glace et j’attendis au vent aigre de la soiréeJ’étais blanc de froid.Très tard dans la nuit, le conducteur – tiens il était en habit mondain et portait un papillon gris tourterelle d’un chic ! Mais je m’égare ! Éméché, décidément, je les attire…il me vit malgré tout, m’extirpa de mon emplacement sécurisé, me déchira. Aïe, aïe, aie, je me retrouvais cette fois-ci dans le caniveau. Quelle dégringolade, j’étais descendu bien bas !…
    Comme l’adversité me donne des ailes, à nouveau je décidai de me transformer, devinez en quoi , en papillon, celui que l’on insère dans un livre pour expliquer ce qui doit l’être au lecteur. J’étais de couleur rose. Enfin, me dis-je, je serai à l’abri ! Je fermai les yeux de bonheur… Ma félicité dura quelque temps. Je reposai entre deux pages sages, respirant l’odeur du papier et de l’encre. Je trouvai cela génial… Las ! Quelle ne fut pas ma déception d’être arraché de la page, chiffonné et jeté dans la corbeille. Quelle destinée ! Je ne sortirai donc jamais de ce karma de destruction !
    Une fois encore, je pris mon havresac et m’en fus à l’aventure pour trouver un toit, une niche, une crèche pour devenir invisible et en finir avec la maltraitance. C’est vrai, je suis devenu moche, terne, couleur muraille, mais qu’est-ce que je suis bien sur ce bout de bois mort !

  9. Anne LE SAUX dit :

    Il s’était égaré un jour de grand vent. Il n’y avait plus assez de place dans le ventre de Julie quand elle a été foudroyée par un élan d’amour soudain qui a fait naitre une nuée de papillons dans ses entrailles. Il a été éjecté tant chacun de ses congénères était heureux, émoustillé, foliquet même. Dans la confusion, il n’a pas su défendre sa place.

    Depuis, esseulé, il a erré de squat en squat. Il a perdu de sa superbe. Sale, le teint délavé, de plus en plus moche, de plus en plus laid, de plus en plus minable. Un raté !

    Il s’est caché sous les ponts, dans les bouches d’égout, dans les herbes hautes. Il veut passer inaperçu tant il a honte de ce qu’il est devenu.

    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, il eut un sursaut d’orgueil. Après tout, ce n’est pas sa faute si Julie n’avait pas assez de place dans son ventre pour supporter la déflagration.

    Et si cette liberté octroyée était une chance ?

    Il commença à rêver… Il aimerait bien savoir ce que cela fait de ressentir des papillons dans le ventre. Alors, il s’activa, fit une grande toilette, repassa ses ailes à la pattemouille pour ne pas les brûler, se para de nouvelles couleurs et s’inscrivit sur un site de rencontres.

    Aux dernières nouvelles, il était en voyage au Mozambique avec sa dernière conquête…

  10. Anne LE SAUX dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, il eut de la visite.

    L’enfant devait avoir huit ans environ. Il était harnaché, tel un aventurier-reporter, d’un appareil photo gigantesque. Clac ! C’est dans la boite !
    Regarde, papa, comme il est beau ce papillon. Il est de la même couleur que l’arbre
    L’enfant tendit le cliché encore humide à son père qui dodelina de la tête, intéressé.

    Beau, je suis beau ? S’interrogea le papillon. Quelle surprise !

    Puis, un homme apparut. Soucieux, aux aguets, à la démarche précautionneuse. Son arme ? Un filet à papillons dernier cri, confectionné en bouteilles plastique recyclées (pour la bonne conscience), manche en titane (pour la légèreté). Notre papillon se ratatina, fit corps avec le bois mort et retint son souffle…
    Ouf, le danger est passé !

    Finalement, être transparent m’évite de finir épinglé sur un tableau de collectionneur. Quelle chance !

    Un moment de calme lui permit d’évacuer sa peur. Cette pause n’était que temporaire. Un groupe déambulait dans les allées de la forêt, éclairé par les explications d’un guide faune et flore. C’était écrit sur sa casquette. A sa hauteur, le guide se figea.
    Le Magnifique ! Oui, Le Magnifique ! C’est ainsi qu’est dénommé ce papillon. Il est très rare et c’est exceptionnel de le rencontrer car il se cache et se fond dans la nature. Ne l’effrayez pas. Savourez votre chance.
    La papillon vécut alors un moment de recueillement. Il sentit une prière muette qui montait vers lui.

    Magnifique ! Je suis Le Magnifique ! se répéta-t-il à l’envi.

    Il dégusta ces douces paroles pendant tout l’après-midi sans pour autant bouger de sa cachette. Il se trouvait moins moche, moins laid, moins minable, mais il ne savait pas à quoi ou à qui il pouvait bien servir.

    Crois-tu que je t’ai créé pour que tu restes là les pattes croisées et les ailes repliées ?
    La voix était ferme et douce à la fois. Le personnage était grand, avenant, hors d’âge, vêtu d’une longue tunique blanche.
    Au boulot, mon ami ! La pollinisation ne va pas se faire toute seule ! Allez les vacances sont terminées !
    Il souffla tendrement sur le papillon qui prit son envol.

    Plus jamais il ne se sentit moche, laid, minable. Plus jamais il ne se morfondit. Chaque jour il remerciait les visiteurs de la forêt de l’avoir sorti de sa déprime et pour faire honneur à son créateur, il mit les bouchées doubles au travail.

  11. Françoise Rousseaux dit :

    Il était une fois un papillon qui se trouvait si laid, si insignifiant qu’il n’osait rejoindre ses congénères et batifoler avec eux au-dessus du jardin. Un jour qu’il se morfondait sur le tronc de l’arbre mort allongé au bord de la mare, il vit surgir devant lui une fine créature ailée qu’il prit d’abord pour une libellule ; il les avait souvent observées les demoiselles au long corps fuselé, aux ailes bleues ou vertes et cependant transparentes, elles étaient si belles ,si gracieuses et le coeur du papillon se serrait tandis qu’il les admirait. Mais lorsque la nouvelle venue se posa tout à côté de lui, il constata avec surprise que malgré sa très jolie paire d’ailes bleue turquoise, ce n’était pas du tout une libellule ; en fait son corps ressemblait de manière troublante à ceux des humains, juste à une échelle minuscule ! Et tout à coup elle lui parla, en usant du Langage Commun du Peuple de l’Herbe.
    « Mais que fais-tu donc là tout seul sur ce tronc, petit papillon, pourquoi ne vas-tu pas danser avec tes semblables dans la lumière du soleil ? Vos jours sont comptés, il ne faut pas tarder ! »
    – Hélas, répondit le papillon, je ne saurais rivaliser avec les couleurs magnifiques qui ornent la plupart de mes congénères ; ils sont encore plus beaux que les fleurs qu’ils butinent ! Et moi, avec mes petites ailes toutes simples, teintes d’un marron uniforme, je ne ressemble à rien ! C’est pourquoi, je reste là sur ce bois mort, et ainsi personne ne me remarque..
    – Pauvre petit, s’apitoya la fausse libellule, eh bien moi, je peux t’aider , car je suis une fée et avec un peu de magie, je ferai de toi le plus beau des papillons !

    Et c’est ainsi que tout soudain, le papillon marron se retrouva muni de deux grandes ailes biseautées, ornées des plus vives couleurs. Ivre de joie, il s’élança vers ses semblables et se mêla à leurs ballets..Il vécut des moments magnifiques, comme il n’en aurait même pas osé rêver !
    Au milieu de la journée, il eut faim et soif ; il se posa délicatement sur une fleur et déroula sa trompe pour absorber le nectar . C’est alors que quelque chose s’abattit sur lui ; affolé, il se mit à voleter, mais la chose l’empêchait de s’élever, il était prisonnier ! Il vécut là les pires instants de sa courte existence, qui aurait pu se terminer là, mais grâce à la maladresse du jeune enfant qui l’avait capturé avec son filet à papillons, il réussit à s’échapper et se réfugia dans un buisson ; là, il se remettait à peine de sa mésaventure qu’un oiseau lui fonça dessus pour avec des intentions sans équivoque ; heureusement, c’était un jeune oiseau, aussi maladroit que l’enfant et il rata le papillon qui alla se réfugier dans le tronc de l’arbre mort. Là, il rencontra la jolie petite fée qui lui demanda si tout se passait bien ;
    – Oh Madame la Fée, répondit le papillon, j’ai vécu un moment merveilleux, mais à présent, rendez-moi mes ailes marron ; je préfère, pour ma sécurité, passer inaperçu !  Et plus jamais je ne me morfondrai, c’est promis ! »

  12. Françoise - Gare du Nord dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu : une rose fanée, une feuille de chou rouge, une roche blanche somme la craie ou du sable doré dans le domaine terrestre ; une algue verte ou des coraux orange dans le domaine sous-marin

    Dans sa vie qui n’avait jamais été très rose, il en avait vu de toutes les couleurs, des vertes et des pas mures. Ses efforts pour ne pas se faire repérer, pour se fondre dans son environnement étaient vains.

    Chaque fois un petit détail faisait tout rater : une épine l’écorchait, le chou dégageait une odeur rance, la roche s’effritait, un simple grain de sable ; l’algue était assassine ou le corail s’avérait vivant

    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, espérant prendre l’apparence d’une écorce de chêne, il aperçut le roi du camouflage, l’as du mimétisme, le maître de l’illusion, le génie de la parodie, le virtuose de la ruse pour la survie en milieu hostile : dissimulé, imitateur, sournois venimeux, opportuniste. Le PHASME que certains nomment, probablement en raison d’un lapsus, le phantasme

    Ecoeuré par cette concurrence qu’il jugea déloyale, le papillon décida de changer de vie. De pays, de métier, d’identité

    Il se reconvertit sous le numéro 33474064 dans le carnet à souche d’un agent de la Mairie, de Paris chargé de la surveillance du stationnement dans les rues de la capitale

  13. CATHERINE M.S dit :

    Un papillon déprimait
    Il se trouvait laid, si laid …

    Son bleu azur
    Était parti à l’aventure
    Vers de nouvelles contrées exotiques
    Rencontrer d’autres publics
    Et d’autres cieux
    Plus chaleureux
    Son jaune canari
    S’était exilé
    Pour rejoindre sa joyeuse couvée
    Son vert pomme
    Parti lui aussi se faire croquer
    Par de petits hommes
    Affamés
    Son rouge rubis
    Se planquait tel un trésor
    Dans un p’tit coin d’paradis
    Pour illuminer d’autres aurores
    Ses taches de rosé
    Ont préféré se terrer
    Dans une cave obscure
    Et s’inventer un autre futur
    Peuplé de sublimes créatures
    Avec qui s’enivrer
    Quant à ses ailes mouchetées
    De noir
    Pfft, disparues, envolées
    Ô désespoir !

    Mais un matin pluvieux
    Déprimé et anxieux
    Notre papillon incolore
    Posé sur une branche de bois mort
    S’est vu caressé par un arc-en ciel
    Qui a déposé sur son petit corps
    Une palette chamarrée
    Qui l’a rendu tout joyeux
    Et lui a redonné le goût de la liberté …

  14. Luc des Vosges dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid si minable qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour qu’il se morfondait sur un bois mort à l’orée de la forêt, il regardait avec envie la prairie qui s’ouvrait entre les grands arbres. Elle était baignée de soleil et constellée de fleurs multicolores et très odoriférantes. On aurait dit un feu d’artifice naturel, non figé, mais dont les lucioles éclatantes s’animaient du haut de leur tige au gré de la brise qui balayait cet espace où il n’osait s’aventurer. Il osait d’autant moins que ses congénères, tous plus brillants les uns que les autres, à l’envi butinaient de corolle en corolle. Depuis sa zone d’ombre, il observait, bien tenté de les rejoindre mais ne pouvant pas s’y résoudre. La peur de la moquerie voire de l’insulte ou pire de l’agression le paralysait.
    Alors qu’il s’apitoyait sur son sort injuste, pourquoi était-il différent de ses semblables, il vit une nuée d’hirondelles investir en vol rasant l’alpage et, tel des avions de chasse en maraude, engloutir toute cette population virevoltante qui semblait si heureuse de profiter d’un sort favorable, auquel lui le papillon, moche et laid, ne pouvait accéder. La nuée arrivée comme l’éclair repartit dès sa besogne d’extermination achevée, ce qui ne prit que quelques instants. Les fleurs seules restaient pour exposer leur livrée convoitée en ce lieu maintenant déserté. L’air s’était comme immobilisé, il contemplait tout à ses pensées, se demandant ce que le mot chance signifiait réellement.

  15. françoise dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort… il entendit celui-ci lui dire « çà doit être formidable d’être vivant »
    Médusé, ne sachant pas quoi répondre, il s’envola et atterrit sur le dos d’une grenouille verte au bord d’une mare. Bien qu’un peu affolé il resta là attendant la suite des évènements.Il ne fut pas déçu : la grenouille se mit à nager.Débarrassé de ses complexes, il se tint coi et dès que la grenouille atteignit la terre ferme il s’envola craignant que celle-ci le morigène.
    La nuit commençait à tomber et il eut soudain envie de retrouver la cabane du jardin où il passait ses nuits couché sur le livre de Céline.C’est alors qu’Il aperçut une femelle . Oubliant Céline,Il vola autour d’elle effectuant une danse nuptiale. Mais la femelle n’était pas intéressée, elle mit ses ailes à plat et releva son abdomen.Il renonça.
    Soudain il aperçut une nuée de papillons dans laquelle il y avait des
    porte-queue de Corse comme lui qu’il trouva beaux. ça lui donna des ailes. Avec discrétion il se joignit à eux. Peu importait où ils allaient. Il était prêt à faire le tour du monde en 80 jours comme Jules Verne.

  16. LURON'OURS🐻 dit :

    🐻 « Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire » se consolait le papillon en citant la Fontaine. Pourquoi se morfondre quand la vie vous offre l’empyrée d’un ciel pur, les sucs des plantes dont ma trompe extrait le nectar. J’aurais pu moi-même offrir mon fil de soie aux élégantes – ma couleur naturelle écru- Élevé sur des feuilles de murier dans une magnanerie, j’aurais offert ma mort, ou plutôt la fin de ma chrysalide tout comme mes semblables. Aujourd’hui, tel, je me dois de faire durer le monstre que je suis. J’aspire à mon vol nuptial; on me prétend folâtre, puissè-je rencontrer ma semblable et nous aurons beaucoup de cocons.🐻

  17. Corinne JAHIN dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable qu’il ne se posait que sue ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, qu’il se morfondait sur un bois mort, il découvrit dans un jardin des personnes qui prenaient le thé.
    C’est ainsi que notre éphémère très ordinaire, avec sa robe unie décida de s’installer sur une épaule.
    Mais laquelle ? Il réfléchit un instant en se demandant si sa préférence irait plutôt à une épaule de femme ou d’homme.
    Jeune ou vieille ?
    Voilà tel était son dilemme, lui qui passait son temps à virevolter dans les airs sans aucun but.
    Soudain, sa conscience se réveilla, l’angoisse le prit : ne suis-je pas condamné à ne vivre que quelques semaines ? Alors il prit le parti de jouir de ses derniers moments de vie en choisissant la plus belle des épaules : celle d’une jeune fille, à la peau délicieusement parfumée qui se prélassait sur une chilienne un peu à l’écart de l’assistance.
    Il huma cette carnation fine, délicate sur laquelle le temps n’avait pas encore apposé le sceau de ses outrages.
    A peine, juché sur cette épaule gracile, la jeune fille le regarda en lui souriant, n’osant à peine bouger comme semblant lui murmurer : ne t’en vas pas, reste encore avec moi !
    Il en fut tout ému. Il avait l’impression que cette personne le magnifiait, le rendait beau, lui le moins que rien au royaume des lépidoptères. Aucune femelle ne le regardait car sa parade nuptiale était si ridicule !
    Il pensa : c’est drôle la vie, Moi, petit insecte insignifiant j’arrive à attiser la sympathie d’une autre espèce ! Peu à peu son amertume s’effaça pour céder la place à des pensées philosophiques.
    – Apprivoiser les différences, vivre en harmonie avec les autres sans a priori ni jugement
    c’est cela la clé du bonheur dans ce bas monde ! Prenons exemple sur l’espèce humaine qui s’engage dans des mariages mixtes qui sont même une réussite sur le plan esthétique !
    C’est alors qu’il prit son envol d’une façon si gracieuse, qu’une véritable métamorphose fit son œuvre.
    Il retourna auprès de ses congénères tout ragaillardi, plein d’assurance, au point que ses semblables le trouvèrent fort changé. Il esquissa une sublime danse si bien que les amoureuses languissantes affluaient pour être choisies.
    Riche de son aventure, durant sa courte vie, il ne cessa de se répéter une citation du stoïcien Sénèque :
    « Emporte dans ta mémoire, pour le reste de ton existence, les choses positives qui ont surgi au milieu des difficultés. Elles seront une preuve de tes capacités et te redonneront confiance devant les obstacles ».

  18. Nadine de Bernardy dit :

    Un papillon se trouvait si moche,si laid ,si minable,qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu.Un jour que ,tout froissé,il se morfondait sur un bois mort, un cueilleur de champignons passant par là,le vit et lui dit,après l’avoir aplati sur son genou:
    – mais que fais tu là? Loin de la ville et de ses stationnements impossibles.Encore un qui t’as roulé en boule avec colère après t’avoir arraché des essuie glaces. Pas très écolo comme geste.
    Voyons voir,135 euros pour stationnement pouvant mettre en danger les piétons !!! Dis donc,ils n’y sont pas allés de main morte,et comme,à l’évidence,le contrevenant ne t’as pas réglé,il va y avoir du grabuge.Mais ça c’est son affaire.
    Ne fais pas cette tête là,tu n’y ai pour rien,personne n’aime les amendes,tu n’es pas si laid que ça en fait.Juste indésirable.
    Moi qui roule en vélo,je n’avais jamais vu un de tes semblables de près.
    Cette découverte me donne envie de commencer une collection de papillons, comme toi,au rebut,déchirés,détestés.
    Allez oust,dans ma poche ,tu vas enfin avoir la place que tu mérites.

  19. Fanny Dumond dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il se posait sur ce qui lui permettait de passer inaperçu.

    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, une toute mignonne coccinelle s’approcha de lui.

    – Salut ! Tu m’as fait peur, je ne t’avais pas vu et j’ai failli te marcher dessus.

    – C’est pas grave, j’en ai marre de toute façon.

    – Tu m’as l’air bien déprimé. Que t’arrive-t-il ?

    – Tu devrais t’acheter des lunettes, tu n’as pas vu comme je suis moche ?

    – Ben, non. C’est le bon Dieu qui t’a fait comme ça et tu n’y es pour rien.

    – Le bon Dieu ? C’est qui celui-là ?

    – J’ai entendu dire que c’est notre créateur et que les enfants chantent une comptine sur moi qui dit comme ça : « coccinelle, demoiselle bête à bon Dieu, vole jusqu’aux cieux »

    – Super ! Il n’y a pas une chanson sur moi ?

    – Je ne crois pas, mais tu sais je ne sais pas tout et j’ai encore beaucoup de temps pour apprendre.

    – Ça doit être parce que je ne suis pas beau et comme je me cache, le créateur ne doit pas savoir que j’existe.

    – T’es bête toi. Si tu es là, c’est bien qu’il t’a créé. Il n’y a pas que la beauté qui compte, il ne faut pas se fier aux apparences. Je suis sûre que tu as très bon cœur.

    – Ouais, j’aime bien rendre service à mes amis et je leur montre où trouver des fleurs à butiner. Mais une fois qu’ils se sont bien régalés, ils ne me parlent plus et certains se moquent de moi ou bien ils colportent des cancans. Ils pensent peut-être que je suis sourd, mais je les entends. 

    – Ce sont des imbéciles et des ignorants. Moi, je t’aime beaucoup. Tu veux bien qu’on soit de vrais amis ?

    – Ah ! s’étonna-t-il en déployant ses ailes. Oui, Je veux bien être ton ami.

    – Alors, suis-moi, on va bien s’amuser.

    Tous deux s’envolèrent et se posèrent sur une roseraie multicolore. Ils s’amusaient comme des fous sous les regards moqueurs de leurs congénères, quand soudain, en se retournant la coccinelle vit un magnifique Zygène.

    – Qu’est que tu as à me regarder comme ça ? demanda le papillon.

    – C’est toi ? s’ébahit la coccinelle. Tu t’es transformé, tu es magnifique et tu me ressembles. Tu es noir et rouge comme moi.

  20. iris79 dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, un phasme se posa près de lui. Le papillon s’écarta alors jusqu’à l’extrémité de la branche sur laquelle il s’était posé piquant la curiosité de son nouveau camarade.

    PH-N’aie crainte, je ne mords pas ! Pourquoi t’écartes-tu ainsi de moi ?

    PA-oh je suis désolé, je n’ai rien contre vous…Seulement, je préfère rester seul. Je ne me sens pas très bien.

    PH-Ah ? Pourrais-je t’être d’une aide quelconque ?

    PA-Non, merci, c’est gentil. Je ne crois pas que vous ayez le don de me faire changer de couleurs et de prénom.

    PH-Non effectivement, à part de hautes compétences de camouflage, je ne peux guère faire plus. Mais pourquoi changer de couleur et de nom dis-moi ?

    PA-Oh, mes couleurs sont ternes et mon nom ridicule. Cucullie…tout marron…Je vous laisse imaginer toutes les brimades et les quolibets essuyés depuis que je suis né.

    PH-En effet, cela n’a pas dû être facile…Mais moi, je te trouve très beau tu sais. Tes nuances de marron sont subtiles et élégantes. Tu es très beau et en plus de cela, comme l’hirondelle tu fais le printemps.

    PA-Vous êtes bien aimable mais j’aurais tant voulu me réveiller en Jolie, en Argemme, en Pieride ou en Mésosémie !

    PH-Tu sais, cela ne mène nulle part de vouloir être ce que l’on n’est pas.

    PA- Mais personne ne me remarque ni ne s’émerveille devant mon vol ! Personne ne cherche à m’attraper, vous n’avez qu’à voir…Même si ce n’est pas le but mais bon…

    PH-Mon cher, visiblement, tu ne soupçonnes pas tous les avantages de ton statut ! Si tu es d’accord, je t’invite à m’accompagner et je saurai t’enseigner toutes les vertus de voir sans être vu. On y apprend moult secrets ! C’est tellement excitant ! On s’en fiche du regard des autres ! Cela ne t’apporterait que des satisfactions bien éphémères ! Rien de comparable avec l’excitation de toutes les découvertes dans la tranquillité, sans prédateurs, sans tourments, sans menace de filets, que nous offre cette qualité d’être presque invisible. Et puis regarde, rien que pour moi, tu comptes déjà !

    PA- Je ne sais comment vous remercier. Votre regard et votre gentillesse me touchent profondément. Je ne pensais pas ce matin, alors que mon seul projet était de me morfondre, que je trouverai un ami pour ce que je suis. Du fond de cœur, je vous en remercie.

    PH-Allons, allons, ne perdons pas de temps en politesse ! Commence par me tutoyer et allons de ce pas, découvrir tout ce que l’on pourra !

  21. Souris bleue 🐀 dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort…

    🐀Au milieu de toute cette mocheté Papillon-laid aurait dû passer inaperçu- mais il est bien connu que le lait attire les mouches !🤪
    Morose, posé sur une branche pourrie il attendait la fin… Mais la fin de quoi ? Car la mocheté ça ne s’arrange pas ! C’est une litote !
    Une Mouche-idiote et quelques  »anosmie-mites », donc pas gênées par leur odorat vinrent lui tenir compagnie… Puis deux… Puis trois… Bientôt il se dit sur leurs antennes qu’il y avait tout près une colonie qui virevoltait joyeusement en une sorte de ballet vrombissant.
    Papillon-laid en maître de danse incontesté, monarque de cette société, de se pavaner, tentait dare-dare de contenter les l’unes et les autres. Ne sachant plus où donner de la tête, la perdit définitivement quand il s’éprit d’une petite mouche-idiote, jolie mais molle de la fesse.
    Cet effort de séduction lui fut funeste.
    Épuisé, il partit insatisfait entouré de son ballet pour un infant défunt.🐀

  22. camomille dit :

    Alors qu’il se morfondait sur un bois mort…
    des enfants passèrent par là.
    L’un d’eux l’aperçut et s’écria :
    « regardez, regardez cet horrible papillon ! Oh qu’il est laid ! »
    Et les enfants poursuivirent leur chemin en riant.

    Alors qu’il se morfondait sur un bois mort…
    Un poète passa par là.
    Il aperçut le pauvre papillon et s’écria :
    « Montre-toi gentil papillon,
    Tes couleurs sont tristes comme toi, mais ta beauté est incomparable.
    Tu es unique, ne l’oublie pas » !
    Et le poète poursuivit son chemin…

    Alors qu’il s’interrogeait sur un bois mort…
    Une fée passa par là et lui dit :
    « Bonjour ! Tu attends quoi pour t’envoler ?
    Ma baguette est en panne, mais tu n’en as pas besoin,
    Ta différence est ta richesse et tes souffrances sont ta force.
    Va vite et vole. Ta vie est précieuse »…

    Alors, le papillon s’envola, et osa se poser sur un coquelicot.
    Un peintre passa par là et s’extasia en disant :
    « Superbe ce contraste de couleurs !
    Je n’ai jamais vu aussi beau papillon mettre autant en valeur un coquelicot ! »
    Puis, s’adressant au papillon interloqué :
    « Merci pour ce tableau, joli papillon ! »

    AU FAIT, QUI A DIT : « TOUT EST RELATIF? »

  23. PORHIEL dit :

    Enfin …. qu’il CROYAIT mort ! parce que ….
    Mais que je vous raconte !
    Juste quelques secondes qu’il est posé là ; il ne se souvient même pas comment il est arrivé là ; ni où il était avant.
    Une mémoire de papillon ce n’est pas grand’ chose c’est même quasiment rien.
    Alors, donc, le voilà posé. Inquiet, un peu ! Interrogatif forcément.
    Et tout à coup, ça bouge, ça tangue, ça se redresse !
    Et plouf dans l’eau ! une eau … euh ! bleue. Ah ça oui ! bleue, très bleue même
    Mais pas le temps d’analyser les qualités de l’eau. Voilà que ses ailes bougent, bougent, font des sortes de grands ronds qui éclaboussent partout … et ça continue, ça continue ; dans un sens et puis après un autre bouillon, dans l’autre sens et encore un bouillon ….
    Tangage et roulis !
    Mais bon, finir médaille d’or aux Jeux Olympiques … c’est vraiment inespéré !

  24. Nouchka dit :

    Dans le tiroir d’un valet de chambre, une quinzaine d’attributs à nouer autour du cou de Monsieur attendent son bon vouloir. Cravates, foulards, jabots cohabitent dans la pénombre. L’un d’eux, un noeud papillon se trouve si moche, si laid, si minable, qu’il ne se pose que sur ce qui lui permet de passer inaperçu ou de se cacher sous ses voisins de tiroir afin que Monsieur ne le remarque pas.
    En effet, il a noté que les amies et partenaires de Monsieur le regardent toujours d’un sale œil et ne pensent qu’à l’arracher du cou qui le porte.
    Un jour, alors qu’il se morfond sur le bois mort du tiroir, une enfant vient le sortir et le caresser. Cette petite semble apprécier ses carreaux bleus, rouges et verts sur fond jaune. C’est une première ! Quelqu’un le regarde, l’observe avec intérêt, presqu’avec tendresse.
    La mignonne l’emmène avec elle et lui présente le nez rouge, le postiche et le reste de sa tenue : pantalon bouffant, godillots et immenses gants.
    Le noeud pap comprend alors qu’il va jouer dans une comédie bien différente de celles dans lesquelles se complait Monsieur.
    Une nouvelle vie débute dans le rire des enfants que la petite mignonne, déguisée en clown, suscite par ses créations pleines d’humour.
    Quel bonheur pense le noeud pap. Je peux enfin briller de toutes mes couleurs en me voyant dans les yeux malicieux de tous ces enfants. Pourvu que la vie leur épargne les déceptions qui transforment si souvent les adultes en êtres cyniques et désabusés…Su

  25. Phanie dit :

    LA TOILE ET LE PAPILLON

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu.

    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, il entendit : « Bonjour petit papillon ! D’où viens-tu ? Pourquoi as-tu l’air si triste ? ».

    Le papillon surpris, regarde autour de lui mais ne voit rien…

    « Je suis là », lui dit la voix, « juste au-dessus de toi ».

    Le papillon lève la tête et distingue, entre deux feuilles, huit yeux tout ronds et tout noirs…

    Apeuré, il recule et se retrouve empêtré dans une toile d’araignée !

    C’est alors que se rue sur lui un monstre velu muni de huit grandes pattes !

    « Malheureux, tu viens de saccager mon œuvre ! J’ai mis tant de cœur à l’ouvrage, j’y ai passé tellement de temps !… et l’exposition qui commence bientôt. Comment je vais faire moi maintenant ? Hein ? comment je vais faire ??? »

    Le papillon, étonné, regarde autour de lui et découvre une multitude de toiles d’araignées, toutes plus belles les unes que les autres.

    Certaines sont décorées de gouttelettes d’eau, d’autres scintillent au gré des rayons du soleil qui traversent les feuillages au moindre coup de vent.

    L’araignée en colère le fixe toujours de ses yeux effrayants…

    « Pardon » lui dit le papillon, « mais j’ignorais qu’il y avait cet événement aujourd’hui, personne ne me l’a dit… Libère moi et je te promets que je t’aiderais à réparer mon gâchis ! »

    Mais l’araignée ne l’écoute pas… L’artiste est prise d’une soudaine inspiration et dans ces moments-là, elle n’entend plus rien…

    En prenant de la distance, elle constate que ce papillon est LA touche finale. Elle revient vers lui et lui demande de rester car elle est convaincue que cette fois-ci elle sera récompensée.

    Malgré ses doutes, le papillon accepte uniquement pour se faire pardonner…

    L’exposition commence… Au début « La toile et le papillon » n’intéresse que très peu, puis petit à petit l’intérêt grandit.

    Le papillon jusqu’ici avait fermé les yeux… Lorsqu’il les ouvre, une foule admirative s’est amassée devant lui. Exposé ainsi, pour la première fois de sa vie il se sent beau…

    Depuis cette expérience, les deux amis vont d’exposition en exposition ; ils réalisent ensemble des œuvres originales. Parfois une mouche ou tout autre insecte s’incrustent dans le décor. Ils parcourent ainsi la terre et sont connus dans le monde entier…

  26. blackrain dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort…
    Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, il vit passer une dame papillon qui avait 4 beaux yeux multicolores. La paon du jour faisait la fière. Elle se pavanait en planant entre deux fleurs. Elle ne fit point attention à un chasseur de lépidoptères qui s’apprêtait à la couvrir de son filet. N’écoutant que son courage, le papillon moche accourut, jeune et fougueux. Il battit des ailes jusqu’à se poser sur le nez du chasseur. Dans cet insecte couleur d’écorce, l’homme crut percevoir une silhouette napoléonienne, l’ombre d’un bicorne historique. Comme il avait du respect pour le Corse, il le chassa sans le capturer. La paon du jour en profita pour s’éclipser. Lorsque le vilain papillon se fit jour à ses beaux yeux, elle le jugea avec un autre regard. Le regard d’égout se transforma en regard de curiosité, la bouche dégout se modifia en sourire. Elle admira le mimétisme qui lui permettait de se dissimuler, de faire feu de tous bois. Le vilain petit canard devenait son sauveur, le vilain petit cafard se transformait en prince charmant. Une métamorphose s’était opérée en elle. Elle se lova contre lui avant de se larver dans un cocon. Entre eux ce fut bientôt le manège. Il firent la chenille avec beaucoup de plaisir. Pendant qu’il déposait son nectar avec sa trompe, elle le mordit dans le cou avec ses mandibules. Madame papillon était conquise. La nymphe était acquise. Les écailles en soie découvrirent la chrysalide. Plus de pôle haine entre les deux espèces, mais du pollen pour la futur maman. Elle allait donner la vie après avoir changer d’avis sur le vilain papillon.

  27. Laurence Noyer dit :

    Papillon sur le tronc
    Impressionne
    Tatouage

    Papillon déplié
    Intimide
    Beauté

    Papillon sur la feuille
    Disparait
    Fantôme

    Papillon étalé
    Au soleil
    Fleur

    Papillon sur la branche
    Attend
    Automne

  28. Durand JEAN MARC dit :

    Un papillon se trouvait si moche, si laid, si minable, qu’il ne se posait que sur ce qui lui permettait de passer inaperçu. Un jour, alors qu’il se morfondait sur un bois mort, celui ci lui susurra un message: « Alors, le lépidopterreux, on a le blues, on cafarde, on barbote dans la morosité. Moi qui pensais que tu ne sortais que la nuit, surprise! Te voilà là, fringant comme un mineur ayant survécu à un coup de grisou. Eh beh! Faut dire qu’avec ta tronche et ton carénage, tu dois même faire peur aux vieilles chouettes. Bon, arrête de faire la gueule, dis toi qu’il y a toujours pire que toi….même si, dans ton cas…hein, faudra le faire! Allez, faut positiver… tes ailes, c’est pas que du p’tit bois avec du papier journal tendu dessus, de travers! Mais non, tu ne t’es pas crashé à la seconde de ta naissance, t’as juste tenté un looping dans un couloir au plafond trop bas. Ah qu’ils sont cons, ces plafonds!… »

    Le papillon écouta un bon quart d’heure son compagnon d’infortune. Il appréciait l’humour noir, pas trop le choix, non plus! Bien décidé à en finir en raccourcissant encore un peu son éphéméride, il se jeta dans le bec du premier oiseau de passage. Coup de chance, il s’agissait d’un colibri et ce fut une explosion de couleurs, de duvets, d’arcs en ciel. Ce fut merveilleux, un très court instant, car, à ce moment là, il ne s’agissait que de littérature

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