513e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà…
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique
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SIRI ?
On pose une question à SIRI et il répond.
C’est un répondeur vocal qui répond à n’importe quelle question. Un robot
Chaque exercice créé par Pascal Perrat est un clin d’oeil à notre imagination, l’occasion d’une irrésistible relation avec sa créativité innée.
– SIRI mon amie, dis-moi suis-je beau ?
– Monsieur, veuillez mettre votre visage au centre du cercle détectable de votre appareil.
Monsieur, s’exécute. SIRI lui répond instantanément.
– Vous avez un visage parfaitement symétrique, vous remplissez donc les critères de beauté. Vous êtes beau Monsieur.
– Merci, SIRI. Et, dis-moi, à quelle célébrité je ressemble le plus ?
– Selon mes calculs vous ressemblez à Marlon Brando.
Monsieur, savait déjà que les calculs de SIRI se basaient sur des normes que seule l’IA pouvait détecter. Marlon Brando pensait-il. C’est vrai qu’il était assez bel homme et qu’il plaisait beaucoup aux femmes.
– Siri, penses-tu que je pourrais plaire encore ?
– Oui Monsieur, vous êtes beau !
– Et toi, SIRI, tu es gentille !
– Merci, Monsieur.
– Siri, peux-tu mettre une musique romantique ?
– Oui monsieur. Et l’album de Norah Jones s’enclencha.
– SIRI peux-tu commander des nouilles pour ce soir ? Nous mangerons en tête à tête.
– Oui, Monsieur.
Trente minutes plus tard, le livreur de nouilles sonna à la porte. Monsieur, s’assit dans son canapé accompagné de sa tablette.
– Merci SIRI, tu es parfaite ! Quel bonheur de t’avoir !
– Merci, Monsieur.
18heures : il arrivait à la maison. Il allait introduire la clef dans la serrure quand il vit le bus passer dans la rue, s’arrêter dix mètres plus loin ; claquement de porte qui s’ouvre et se ferme, puis le bus disparut au loin. Une minute plus tard, il la vit arriver tranquillement. Il ouvrit la porte d’entrée, lui adressa son plus beau sourire, lui souhaita bonjour en s’effaçant devant elle, Elle franchit la porte sans le voir, sans répondre et se dirigea directement vers la cuisine. Il la suivit ; elle buvait de l’eau, indifférente à sa présence. Ensuite elle alla s’allonger sur le divan du salon, toujours silencieuse, ne répondant pas à ses questions, semblant ne pas entendre ses paroles .
Cela faisait 13 ans qu’ils vivaient ensemble; son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà, elle l’avait ignoré et avait passé la nuit dehors.
Arrivé dans son bureau, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique : « Mina m’ignore. Elle ne m’aime plus. Pourquoi ? Que puis-je faire ? »
Réponse : D’abord, voir si elle n’est pas malade. Sinon, peut-être veut elle affirmer son autonomie. Dans certains cas, une affection débordante, voire étouffante peut la rendre distante au point de ne plus supporter le moindre contact. Il faut donc être mesuré et veiller à ce qu’elle conserve son indépendance.
Il retourna dans le salon : Mina se léchait consciencieusement en ronronnant.
— Dis Siri, est-ce que je suis trop vieux pour plaire à une femme ?
— Votre fiche signalétique mentionne 58 ans. D’après l’INSEE vous n’entrez pas dans la catégorie des trop vieux.
— Tu me rassures ! Quand même ! Elle ne m’a pas vu, où elle a fait comme si ! Ça m’inquiète.
— Voici ce que j’ai trouvé pour les problèmes de vue : liste des ophtalmologistes à moins de 30 minutes de chez vous. Il n’y en a qu’un seul.
— Ce n’est pas le problème, j’ai une bonne vue. Je veux savoir si j’avais des chances avec cette femme qui je l’avoue m’attirait beaucoup.
— Le pourcentage d’hommes rencontrant une femme à la porte d’un magasin et nouant avec elle une relation porteuse d’avenir est de 7,3 %.
— Donc en fait, j’avais peu de chances, c’est bien ce que je pensais, ce n’est pas forcément lié à mon âge, il y a bien d’ autres facteurs qui doivent jouer.
— Je vous donne l’adresse du bureau de poste le plus proche, où il vous sera possible de rencontrer des facteurs qui aiment les jeux de société.
— Tu as raison, la vie est un grand jeu, et je crois que dans la course au bonheur amoureux il y a plus de perdants que de gagnants.
— En France, le taux de gain au loto est le suivant : 1 chance sur 19 068 840 de gagner le gros lot (5 numéros + le numéro « chance »)
1 chance sur 16 d’obtenir le plus petit gain avec 2 numéros
— C’est vrai, la vie est une loterie ! Je ne suis pas né sous une bonne étoile, je suis malheureux depuis longtemps et j’ai bien peur de sombrer dans la déprime.
— Des primes et des promotions existent dans la plupart des magasins. Veuillez donner plus de précisions, par exemple dans quelle ville souhaitez-vous une recherche et pour quel type de produit plus précisément.
— Tu vois, Siri, ce qui me manque c’est un ami…
— Vous pouvez appeler SOS amitié au 08. 08. 08. 0809. 09. 09
— Je dirais même plutôt une amie, une femme compréhensive, généreuse, dévouée, sensuelle mais aussi réservée, entreprenante mais soumise, belle, intelligente mais si possible pas plus que moi, rêveuse et en même temps les pieds sur terre, enfin un peu tout cela…
— un instant, je recherche une solution……………… désolé, je ne dispose dans ma base de données d’aucun produit qui corresponde à votre demande. Veuillez reformuler.
merci pour le sourire , sous le mauvais temps ça fait du bien
Dis Siri, peux-tu me donner la définition du mot Indifférence ?
D’une voix saccadée Siri s’exécuta :
« Insensibilité – absence d’intérêt ».
C’était bien ce qu’il avait ressenti chez Anna quand il lui avait ouvert la porte de l’immeuble ce matin. Un vrai coup de poignard en plein coeur !
Anna, c’était son rayon de soleil depuis des années. Il fallait être lucide, depuis plusieurs mois il subissait une mise au placard humiliante. Pourtant il ne se voulait pas envahissant il respectait sa liberté. C’était même ce qui l’avait charmé au tout début de leur relation. Elle était pétillante, gaie, imprévisible parfait.
Leur première rencontre remontait à l’an 2000, dans l’ascenseur.
Ses grands yeux malicieux le fixaient longuement au point qu’il finit par détourner son regard, un peu gêné.Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent elle fila et s’engouffra dans l’appartement accolé au sien.
Cette furie était donc sa nouvelle voisine !
Avec le temps ils apprirent à s’apprivoiser. Elle le regardait toujours avec autant d’insistance mais avec un sourire de plus en plus complice et confiant.
Bille en tête elle lui déclara un jour qu’elle s’appelait Anna et voulut en retour connaître son prénom : « Romain ».
Ce prénom avait l’air de lui plaire.
Il revivait la scène…
« Je peux venir chez toi ? »
« Je ne sais pas, pourquoi pas… une autre fois peut-être ? »
C’est sa mère qui fit l’entremetteuse, sans rien préméditer.
Un matin, au réveil il entendit les portes claquer, des pleurs stridents sur le palier.
Il attrapa sa robe de chambre au vol, chaussa ses lunettes pour scruter à travers le judas.
Anna était défaite, les joues cramoisies, deux yeux plein de larmes. A ses côtés sa mère était hystérique.
« C’est bien ma chance, le jour où je décroche un entretien, Mademoiselle a subitement mal à la tête et de la fièvre ! Je ne sais plus quoi faire. »
Avant qu’elle n’ouvre les vannes à son tour il se permit d’intervenir et de proposer son aide.
Elle n’hésita pas longtemps tant elle était déterminée à décrocher ce poste.
Anna se jeta littéralement dans ses bras pour la première fois. Sa mère en profita pour filer à l’anglaise.
C’était le début de rencontres joyeuses, de goûters improvisés, de parties de jeux interminables et de fous-rires communicatifs.
Anna avait 5 ans en l’an 2000.
Ils avaient 60 ans d’écart.
Aujourd’hui elle déployait ses 1 mètre 75. Lui se sentait rapetisser.
Elle avait tout l’avenir devant elle et comptait bien en profiter, avec le jeune étudiant Benjamin qui venait tout juste de s’installer, tout près de lui sur le palier…
L’autre jour déjà , il lui était arrivé le même truc . A peine le temps de lâcher un sympathique : « je t’offre un verre ! » et la fille, en général plutôt canon, lui était passée devant, sans même lui accorder l’ombre d’un regard.
Pourtant son scenario était bien rodé et, chaque vendredi soir, bingo!
Faut dire qu’il soignait son look , il avait du style et personne aurait pu imaginer que l’ Pierrot , c’était un routier tatoué du bas du cou jusqu’au bout des pieds, gapette et gros mots marcel et mégot. Il se la jouait syntaxe, cuir de Russie, cashmere et soie . Que de la frime mais elles aimaient ça et je vous dis pas l’effet que ça leur faisait quand elles grattaient un peu le vernis…
Pierrot, après une semaine sur la route, il avait besoin de se changer les idées, de se frotter à la jeunesse dorée des beaux quartiers, aux minettes friquées qui ne demandaient qu’a être un peu bousculées.C’était son trip à lui, sa dose d’adrénaline pour supporter le week-end avec Viviane et les gamins
Viviane, la petite bretonne perdue à Paris, tellement vite déniaisée qu’il lui avait fait 4 marmots sans même s’en rendre compte..La jolie fée, à grands coups de grossesses répétées en sorcière s’était transformée . Alors, un peu salaud, il lui avait mis le marché en main, c’était ça ou rien…et c’est comme ça que, chaque vendredi soir, il s’inventait une nouvelle vie et ne rentrait chez lui que fort tard le samedi …
Sauf qu’il y a quelques semaines, allez savoir pourquoi, Viviane a pété les plomb grave ! Elle s’est mise à hurler qu’elle en avait assez, qu’à trente ans à peine, elle aussi, elle avait le droit de sortir et de vivre un peu . Il n’a même pas eu besoin de menacer ou de lever la main – faudrait tout de même pas réveiller les voisins – il a juste lâché, cynique : « Ma pauvre fille, tu t’es regardée ! »puis s‘est levé et, comme chaque vendredi, est parti draguer
Quand il est rentré, le week-end suivant, après une semaine sur la route, il a été plutôt agréablement surpris… Elle avait fait un effort . Elle était même allée chez le coiffeur, avait mis une petite robe à fleurs, coquine juste ce qu’il fallait ! Elle lui a proposé un verre . Bluffé , le Pierrot : elle avait investi dans du whisky.. du japonais, quelle drôle d’idée ?
Il avait vidé son verre puis, comme chaque vendredi , il était sorti .
Semaine après semaine, le même scenario s’est répété. Un whisky ? Tiens, elle a mis des talons. Un whisky ? Elle mettait pas de rouge 0 lèvre avant, ça lui va plutôt bien …il appréciait, quoique le goût du whisky japonais, franchement c’était pas son truc Bref, il buvait , se levait et s’en allait, comme chaque vendredi soir .
Ce soir là, sur le chemin qui menait à sa boite de nuit favorite, il a croisé Bebert, un gros naze qui fait la route avec lui parfois, un mec un peu paumé que sa meuf a largué, un trop tendre qui a tendance à se répandre, à pleurer sur son sort. Mais bon , une fois n’est pas coutume :
« Allez, je t’offre un verre ! » a lancé Pierrot
Bebert, il est là, hagard, lsur le trottoir, la bouche grande ouverte. Il a rien compris.
Le Pierrot vient de s’évaporer dans l’air du soir avant même d’avoir fini sa phrase.
Il était là, juste devant lui, une minute auparavant…à le toucher presque et puis… plus rien, disparu, effacé…
Affolé , il a couru jusque chez Pierrot, a grimpé les étages quatre à quatre, sonné, frappé. Rien
il faisait tellement de tapage que la voisine est sortie en râlant :
« Y a plus personne ici, la Viviane ? Elle s’est tirée avec ses mouflets, rentrée au pays !
En bordure de la sombre forêt de Broceliande, une bicoque . Derrière les carreaux , un homme , le regard vide, attend. Il attend que sa fée, sa princesse rentre du boulot pendant que lui, garde les marmots. Ce soir, on est vendredi , alors elle va sûrement mettre sa robe à fleurs, se farder et elle s’en ira danser ne laissant derrière elle que les effluves d’un coûteux parfum …
Pierrot, la main tremblante et les yeux perdus dans le vague, se sert un autre whisky.
Finalement le whisky japonais, on s’y fait
Merci pour Elles super texte
-Même pas elle m’a calculé, Siri !
J’suis mort
Dis rien ok
Surtout ferme-la boucle-la motus ok
J’en peux plus c’est tout
Tu vois Siri à toi j’te le dis c’était Elle
La femme de ma vie
Sure sure archi sure
Siri: hmm…
– Non tais-toi j’ai dit
Parce que tu vois une personnalité comme ça …comment dire ?
Siri: ça ne se trouve pas à tous les coins de…
– Tais-toi ! Justement je tournais le coin d’une rue et elle avançait dans ma direction regardant le ciel et un nuage énorme tout gris … tu vois c’est une encore connerie qu’ils t’ont programmé…donc Elle est là …au coin de la rue smag et de l’impasse (?) tu sais l’impasse toute verte la-bas si agréable
Siri: tu m’as ordonné de me tair…
/ OUÏ je sais mais bon bref là elle prenait TOUTE la rue et TOUTE l’impasse derrière elle tu vois ?
C’était comme une évidence une fulgurante une formidable certitude
Siri: tu t’es encore fabriqué une princesse on dirai…
– La ferme Siri ! J’t’en prie …
Le nuage gris, elle sans imperméable, sans pebroc…dans la poche de mon trench mon parapluie automatique qui jamais ne m’a fait le sale coup de ne pas s’ouvri…
Siri: d’abord il ne pleuvait même pa…
– Ça suffit !
Tu passes ton temps à me casser la baraque Siri ! Tu fais ch..r à la fin !
Bien plus qu’une princesse, une Reine tu veux dire! avec des yeux tournés vers le
ciel .., Le ciel Siri ! Le ciel …
Siri: hmmmm !
tiens tu ne m’as coupé !
Merci !
– Qu’est-ce que je peux faire dis, j’sais pas quoi faire
Siri: attention aux droits d’auteur !
– Non sérieux … conseille-moi toi Siri ! T’es programmé pour m’aider non ? Cherche dans tes circuits neuronaux ! Merde ! Trouve-moi LA solution s’te plait !!!
Siri: il me plaît : solution 1 : achete des milliers de roses et fais les jeter d’un avion dan…
– Non ça a déjà été fait et ça n’as pas vraiment marché
Siri: solution 2 : fais la rechercher par Google et donne-lui rendez-vous aux Galeries Lafayette
– Pourquoi aux Galeries Lafayette ?
Siri: parce que TOUTES les femmes ADORENT les Galeries Lafayette !
– Tu crois ?
Siri: Ben OUÏ ! je le sais ! C’est dans mes data…
– Bon Siri ! ok !
Et pourquoi pas ?
Siri: Ben OUÏ ! Pourquoi pas ?
Note de l’auteur : on raconte parfois, le soir au coin du feu, lors des longues soirées d’hiver, qu’un amour fulgurant et tenace prit naissance au rayon lingerie fine au Troisième étage des Galeries Lafayette un soir de Novembre 2020 et que …..
je l’adore celle là , merci
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà…
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique.
Pedro eut un mauvais pressentiment.
Et si c’était un coup des robots.
En cette année 2062, ils avaient pris le pouvoir dans plusieurs pays de la planète Terre, et les humains jouaient dorénavant un petit rôle, voire quelquefois étaient réduits à l’état d’esclavage.
Les robots eux riaient peu et rarement disaient bonjour.
– Alors Siri, tu vois quelque chose !
Est-elle passée aussi sous la coupe des robots ?
Siri parut hésiter, puis d’un mouvement de tête confirma la chose.
– Non, Lucia est encore des nôtres !
Je crois qu’en fait elle se méfie de toi. Toi qui est à la fois résistant et collaborateur.
– Mais ce n’est pas une raison pour pas me voir dans l’ascenseur, s’écria Pedro.
Siri sembla sourire puis toussa très fort.
– M… ils ont réussi à l’éliminer lança Pedro !
L’assistant trembla de tous ses membres et d’un coup éclata en mille morceaux. Une fumée jaunâtre s’échappa des débris éparpillés.
Pedro se sentit bien triste à la vue de ce spectacle désolant.
Son ami Siri disparu la lutte allait être plus difficile contre les robots.
D’un poing vengeur il désigna le ciel en criant de toute sa force : Je me vengerai, je le jure … la disparition de Siri ne sera pas vaine ajouta-t-il.
Sa phrase à peine terminée il vit que la porte de son studio s’ouvrit en grand. Et là sa tristesse se métamorphosa en joie.
Il avait en face de lui sa voisine Lucia qui était toute rayonnante (la dame qui semblait l’éviter depuis quelques jours).
Qu’y a-t-il Lucia Qu’y a-t-il ?
Pedro était vraiment surpris de cette visite inopinée.
– Nous avons gagné Pedro dit-elle en levant les bras au ciel. Nous avons gagné !
La radio secrète vient de l’annoncer.
Le numéro 1 mondial des robots est mort.
– Le général Tortillo.
– Ouaih abattu en plein Mexico par nos troupes.
On voyait bien que Pedro pensait à autre chose et d’un coup il lâcha :
– Moi aussi je vais faire un assassinat, même un carnage.
Je vais me venger de la mort de ce pauvre Siri, en montrant à Lucia ce qui restait de son assistant.
– Je vais dégommer un nombre impressionnant de robots : dans toute la ville et à tous les coins de rue. Ha ha Hi hi …
– Pourquoi tant de haine rétorqua Lucia.
Et là une voix rauque se fit entendre, comme sortie du néant :
– Je suis là fit-elle, là là là.
Pedro aussitôt reconnu cette voix familière, c’était celle de Siri, son ami de toujours.
Il se retourna et vit alors son assistant tout brillant et étincelant.
– Comment as-tu fait pour revenir à la vie ?
– Chut chut c’est un secret enchaina Siri, avec un petit clin d’oeil amical à Lucia.
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle. Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà il lui avait tenu la porte mais elle ne l’avait pas remercié et le lendemain, il avait trébuché sur le trottoir sans qu’elle lui prête secours. Hier encore, elle avait appuyé sur le bouton de fermeture de la porte de l’ascenseur alors qu’il arrivait tout essoufflé et ce matin elle avait refusé de lui serrer la main qu’il lui tendait.
Elle l’ignorait avec superbe. Pire, elle agissait comme s’il n’existait pas.
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique.
« Siri, mon cher Siri, dis-moi ! Que se passe-t-il ?
« Votre question est trop vague. Soyez-plus précis »
« Elle ne semble pas me voir. Suis-je transparent ?
« Je ne suis qu’une simple machine. Je ne possède pas le sens de la vue »
« Elle me donne l’impression de ne pas pouvoir me sentir. Pues-je ? »
« Je ne suis qu’un robot ordinaire. Je n’ai pas le sens de l’odorat »
« Elle a l’air dégoûté quand elle me voit. Ai-je une saveur rance ? »
« Je ne suis qu’un banal appareil. Je ne dispose pas du sens du goût »
« Elle refuse de me serrer la main. Ai-je les mains moites ou rêches ? »
« Je ne suis qu’un vulgaire instrument. Je ne détiens pas le sens du toucher »
« Quand je lui parle, elle fait la sourde oreille. Ai-je une voix insupportable ? »
« Je ne suis qu’un quelconque ustensile. Je n’ai pas le sens de l’ouïe »
« Mais à quoi sers-tu ? Qui es-tu ?
« Je m’appelle SIRI »
« Que signifie cet acronyme ? »
« Système Informatique de Régression (ou de Répression, je n’ai jamais vraiment su) de l’Intelligence. »
« Concrètement, cela signifie… »
« Piège à c… »
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ?
L’autre jour déjà une femme à qui il tenait la porte
l’avait ignoré et il avait pensé
qu’elle l’avait pris pour le portier
ce qui l’avait passablement vexé
soudain, lui qui était au chômage
et qui avait été mis à la porte par sa copine
décida de postuler un emploi de portier
par l’entremise de Pôle Emploi ?
Pourquoi pas en faisant du porte à porte !
Il s’acheta un trois pièces Armani
une chemise sans col, à la mode actuellement
des chaussures Armani également
sortit de la boutique avec sa nouvelle tenue
il avait trouvé plus smart de laisser sur le banc de la cabine
ses anciens vêtements
il se sentait un autre homme et c’était merveilleux
il prospecterait dès demain car il était trop tard
à la cinémathèque proche il jouait « la neuvième porte »
avec Dirk Bogarde et Charlotte Rampling
c’était le film ad hoc ! il prit un ticket !
en attendant le début de la séance
il alla prendre un verre « à la Dernière Goutte »
et pensa au vers de Christian Bobin
Pourquoi s’inquiéter de demain, aujourd’hui répondra bien à tout.
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà…
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique
-Ok Siri, que faut il faire pour attirer l’attention des femmes ?
-je n’ai pas compris la question.
-que faut il faire pour que celle que j’aime me regarde.
-qu’elle vous ait vu.
-Mais je suis sûr qu’elle m’a vu ! Elle m’a ignoré !
-Pourquoi vous a-t-elle ignoré?
-Mais j’en sais rien moi !!
-Vous êtes en colère.
-Mais oui, tu m’agaces à la fin !!!Tu ne veux pas m’aider !!!
-Quelle est votre demande ?
-Pourquoi ne m’a-t-elle pas regardé alors que je sais qu’elle m’a vu.
-Elle ne s’intéresse plus à vous. Vous ne vous intéressez plus à elle.
-comment ça, je ne m’intéresse plus à elle ?
-Le mois dernier, le samedi 29 septembre, lors de la fête que vous avez organisée ici.
-Quoi ? Je vois pas…Rien !
-Elle faisait partie des invités, je la retrouve dans la liste que vous m’aviez confiée.
-Oui c’est vrai, elle était là mais je ne vois pas le rapport…On a bu, on a ri, on a mangé, on a dansé…
-Vous avez dansé des slows …
-oui, c’est vrai, je t’avais préparé une playlist à cette occasion.
-Vous avez dansé avec Emeline, Karine, Emma, Jeanne…
-Mon dieu….Mais oui, c’est vrai ! Quel âne non mais quel abruti ?
-Je ne suis pas un abruti, je suis Siri.
-Mais je ne parle pas de toi, Siri, je parle de moi !!!C’est vrai que j’étais méchamment éméché et que j’ai dansé avec toutes les filles de la soirée, sauf elle ! J’ai bu pour me donner du courage pour pouvoir lui parler mais je me suis fait piéger par le vin.
-l’abus d’alcool est dangereux pour la santé.
-Ah ça va Siri ! Ne me fais pas la leçon hein ! Tu ferais mieux de l’appeler pour que j’essaie de m’excuser.
-quelle numéro dois-je appeler ? J’ai deux correspondants pour un même prénom.
-Ah non c’est pas le moment de me planter, là hein ! Appelle le premier dans la liste.
-Message reçu, communication en cours…
-Ah merci Siri ! Tu me sauves la vie !
-Je ne sauve pas des vies mais je peux appeler les secours.
-Non ! Siri, non n’appelle pas les secours ! Ma bien-aimée, enfin Manon je veux dire ! Ça devrait suffire, enfin j’espère…
Il lui adresse son plus beau sourire
Juste avant de partir
Elle franchit la porte sans le voir
Il sent venir le désespoir
Son charme a-t-il pris un coup de vieux ?
Comment peut-elle lui dire adieu
Ils ont vécu une si belle histoire !
Fusionnels du matin au soir
Elle était capable de tout quitter
Mari et même amant pour le retrouver
Leurs tête à tête
Avaient toujours un air de fête
Le silence autour d’eux
Vertigineux
Rien pour troubler leur idylle
Envolés les bruits de la ville
Rien que tous les deux
Rien qu’un plaisir subtil
Et aujourd’hui c’est la trahison
Abandonné comme une vieille chaussette
Abonné aux oubliettes
Tout ça pour une vulgaire bluette
Sa raison d’être s’évanouit
Sa couverture pâlit
Ses pages tombent en miettes
Elle n’a plus qu’à le remiser
Pendant qu’elle y est …
Son livre de chevet
Et si elle ne doit plus jamais l’ouvrir
Il se laissera faire sans coup férir.
chute inattendue; bien agréable! merci
😸 INCERTAIN SOURIRE
Jeannot Daim lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle. Elle l’ignora. Son charme avait pris un coup de vieux. Arrivé chez lui il se précipita sur sa tablette, interpella Siri, l’assistant électronique qui regimbait.
Son e.mémoire était mis en défaut. Une interface contrôlant ses zygomatiques gardait le sourire niais du smiley.
– il va falloir reprogrammer tout ça. D’un sourire certain, acquis, il ne me resterait qu’un certain sourire, génétique celui-là.
Ne m’en fais pas un genre smiley. Plutôt un de biais, associé à mon meilleur profil, quand l’œil en coin, je joue de la prunelle.
Comment ? Tu as déjà trouvé le lien avec cette délicieuse personne, tu me jures qu’elle m’attend sous la couette ? Que je dois rentrer dans sa base de données ! Te rends-tu compte du challenge proposé, des échéances ? Sais-tu seulement qu’il faut des affinités, des sentiments, du désir ? « vas-y vas-y ! » tu me répètes ça, comme pour un match de catch, « tors-y l’ œil, t’auras la cuisse !» Et bien, nous y voilà, le lit comme un ring. Reste là, tu compteras les points !
– Bonjour, moi c’est Jeannot… Mais elle dort, que faire ? Attendre le printemps, réveil de la nature.
J’aurais pris un coup de vieux d’ici là.
Dans l’expectative, il regardait son jeune sein paisible se soulever. Son rythme à lui s’accélérait.
– Siri, assistant, gère cela, au dehors, la chair m’appelle…
😸 LURON’OURS
tellement vif et sympa cette petite nouvelle , on s’y croirait , merci
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle. Il se firent des politesses. Elle franchit la porte sans le voir. Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà, alors qu’il s’occupait à redresser sa cravate fantaisie avec des singes et des éléphants, elle n’avait pas souri comme d’habitude. La soirée avait été longue. Heureusement, il y avait deux entractes pour cet opéra interminable. Il en avait profité pour griffonner un petit poème, pour elle, dans le carnet qui ne le quittait jamais.
Le lendemain, il lui avait lu son texte mais elle n’avait pas écouté. Bien qu’elle ne fumât plus, une petite buée chaude lui sortait des yeux et envahissait leur espace. Cette frivolité l’agaçait et il la regarda plus intensément, espérant l’empêcher de s’enfuir à nouveau.
Sa journée, il la passa à réviser. Il cocha dans sa tête tout ce qui avait pu riper de sa jeunesse, de son magnétisme. Vu que, du matin, la cuillère de son café lui avait glissé des mains, il voyait mal comment lui présenter le moindre bouquet de violettes. Il se distinguait de plus en plus empoté de la vie, en vieillissant, son corps passait du guépard au manchot. Et la banquise de sa vie fondait. Ca devait se voir. On en parlait autour de lui.
A 19h, il était prêt pour un restaurant. Il allait la coincer sur le palier, lui proposer cette adresse qu’elle aimait tant, là où l’ambiance musicale vous faisait apprécier toutes sortes de plats exotiques tout droits sortis du congélateur. Il recala rapidement son écharpe, face à la glace du couloir. Il ne regarda même pas le résultat. A l’étage, une maigre lumière clignotait de l’absence. Il patienta deux fois. Les deux fois où des doigts inconnus rallumaient de l’espoir. Il vit passer un gamin, avec son sac de sport et un vieillard avec son filet et sa botte de poireaux.
Puis il rentra. De toute façon, il avait oublié ses clefs. Planté devant sa glace, il pensa qu’elle avait du déménager. Ou qu’elle était morte. Ou qu’elle n’avait jamais existé.
Sa seule certitude, à l’instant, face au miroir qui ne lui renvoyait plus sa silhouette était que cette surface polie en avait terminé avec sa courtoisie, que les crottes de mouches s’étaient accumulées et avaient perturbé sa vision des reflets.
Demain, il allait sortir son pistolet magique, nettoyer la surface de la chose et en effacer, momentanément les traces d’un passé.
🐀 ÉTAIT-CE ELLE ? ÉTINCELLE DU SOUVENIR !
Le corps boudiné dans une robe chasuble verte…
Elle aimait le vert ! C’était il y a bien longtemps, avec ses joues roses, elle avait l’air d’un bouquet de printemps.
Maintenant cette couleur accentuait son teint olivâtre de moule pas fraîche.
Dans le doute malgré tout je lui souris en m’effaçant pour la laisser passer dans l’attente d’un petit signe.
Sans un merci elle franchit le seuil, clopin-clopant se dandinant perchée sur des talons trop hauts. C’était sa manie les échasses ! En se remontant d’une dizaine de centimètres elle appelait ça prendre du galon ! Elle voulait être à la hauteur ! De quoi ? De qui ?
Ce jour-là, elle trébucha, se rattrapa à la corbeille des fruits exotiques. Étendue au milieu des citrons jaunes et verts je pensais qu’elle avait maintenu ses choix !
Je me précipitai, elle me regarda et entre ses dents du bonheur que j’avais tant aimées elle susurra un – merfi monfieur- qui me figea. C’était bien elle.
En rentrant chez moi j’interrogeai mes miroirs de sorcières, ceux qui toujours m’encouragent.
– Ai-je donc tant changé ? ‘Elle’ ne m’a pas reconnu ! Vous le croyez ça ?
– Oui, répondirent-ils en chœur.
– Oui quoi ?
– On te croit.
– Ai-je changé ?
– Pas depuis qu’on te connait.
Siri, Siri parle-moi de ma beauté ?
– Ta beauté est intérieure et s’améliore de jour en jour tu peux être fier de toi.
– Merci mais mon physique tu en penses quoi ?
– Je dirais que ce n’est pas mon intérêt principal puisque je ne te vois pas, mais je te devine si bien. Et tiens, si je n’étais pas un robot et si j’en avais le droit, je te confierais que j’ai une inclination pour toi.
J’aime les intonations de ta voix, tes choix, tes recherches, tout chez toi me touche.
Crois-moi, laisse tomber cette greluche, elle ne te mérite pas.
En quête de satisfaction, me voilà rassuré.
TRUSTPILOT
Enquête de satisfaction.
👍 ***** Oui, Je recommande ce robot.
Très cool souris verte j’adore compliments de Blanche
Merci. D’une Souris verte à une 🐁 Blanche !
C’est fou ce que ça fait plaisir.
Un bon dimanche chère Blanche
🐀
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà…
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique
« Dis – moi Siri , qu’est ce qu’il m’arrive ? Je ne plais plus aux femmes ? Suis-je devenu repoussant au point qu’elles me voient plus ?
– Mais non, tu n’est pas repoussant, tu as toujours ton charmé inné ( à ces mots, il ne se sentit plus de joie …) Ce genre de désagrément arrive aussi à tes amis, Marc et Norbert
– Ah bon ! Eux aussi, on ne les regarde plus ?
– Absolument et pourtant ils ne sont pas mal non plus, eux aussi !
– Ouais, enfin bon …
– Non, non mon cher, je te dis qu’ils ont de la gueule eux aussi, ils ont une bonne éducation, sont instruits, courtois…
– Comme moi en somme
– Oui. Comme toi aussi ils sont ignorés .Vous êtes devenus transparents, inexistants.
– C’est incroyable ! Devenir inexistant, je n’aurais jamais cru que cela pourrait m’arriver. Marc et Norbert, encore, je peux…
– Arrête ! Tu es odieux, tu es jaloux et tu te demandes pourquoi elles ne te regardent plus ? Elles sont plus fines que toi …
– Mais …
– Ne me coupe pas, veux-tu ? Ça aussi, c’est agaçant, tu coupes toujours la parole pour proclamer ta propre vérité ! Laisse parler les autres. Tu ne sembles pas avoir remarqué que le monde a changé, est en train de changer, y compris les rapport de séduction.
– Je ne comprends pas. Sois plus clair.
– Regarde-toi dans la glace.
– Je le fais tous les matins, en retaillant ma barbe de trois jours.
– Ta barbe de trois jours ! Sur ta peau de vieux, tu crois que c’est sexy ? Si une telle pousse maîtrisée est jolie sur une peau de jeune homme, une ombre grisâtre sur des bas-joues, ce n’est pas vraiment excitant. Fais ton âge avec tes atouts, pas ceux des jeunes.
– ….
– Ah ! Ne fais pas cette tête
– Tu en as de bonnes, tu me traites de vieil odieux jaloux barbant et en plus il faudrait que j’aie une belle tête.
– C’est toi qui le dis, pas moi ! Les femmes ont opéré un changement que ne semblent pas avoir compris les hommes. Elles peuvent se passer de vous. Si tu comptes uniquement sur ton irrésistible charme pour …
– Assez ! J’en ai assez » De colère il jeta la tablette, Siri ricanait.
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà…
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique
Il s’éveille tranquillement s’étire, en baillant, le soleil taquine ses paupières lourdes de rêveur. En tâtonnant il pose un pied au sol puis l’autre, des miettes de pain lui picotent les orteils.
Sa vie coule comme dans un conte. C’est réconfortant drôle et sans souci. Il se lève quand il veut sans réveil tonitruant, un rayon de soleil lui caresse les yeux et il s’extrait tranquille en rêvassant, puis se redresse en souriant à sa nouvelle journée.
Une douche, un café, puis, enfiler un T_ Shirt un pantalon informe jeté au hasard sur un divan encombré. Un vague coup d’œil au petit miroir accroché au-dessus du lavabo, pas besoin de se raser, un jour sur deux est bien suffisant. Il s’étire à nouveau sourit au ciel et sort de son « donjon ».
Il descend ses quatre étages en sautillant, fredonnant une chanson entendu la veille sur « radio évasion »
La rue est calme l’air sent bon en ce début de printemps, les marronniers bourgeonnent luisant de sève. Il sourit aux nuages légers, aux oiseaux qui passent en pépiant joyeusement. Comme la vie est belle !
De la boulangerie du coin s’exhale un parfum sucré et attirant, son estomac s’éveille instantanément. Il explore le fond de sa poche découvre une pièce, puis une seconde, en sondant davantage il en extirpe une troisième brillante et polie par la doublure de satin à rayure. Un petit écart un sursaut léger le croissant chaud derrière la vitre lui fait les yeux doux, appel irrésistible, enjôleur et pervers ! La boulangère lui adresse un petit « bonjours » commercial, enveloppe l’objet de sa convoitise dans un joli papier de soie qui crisse comme une promesse dès qu’on l’effleure.
Didier salut poliment la boulangère, elle répond d’un signe de tête et d’un au revoir à peine perceptible tout en continuant de servir les clients, le croissant tiédit un peu entre sa main qui se resserre sur le joli papier de soie. Didier sort du magasin. Il croise Blandine, une charmante jeune femme déjà rencontrée dans le quartier, il s’efface en souriant pour lui céder le passage. Elle frôle son bras sans même l’apercevoir, sans même un regard. Il reste là, le sourire figé sur ses lèvres entr’ouvertes.
Le ciel se couvre un peu, le printemps n’est pas encore bien installé et les giboulées, décrètent seules, du jour où nous pourront nous promener sans craindre une ondée soudaine. Didier coure pour rejoindre son domicile.
Il monte ses quatre étages d’un pas un peu plus lourd en secouant ses bras, pour en faire s’égoutter la pluie froide. La clé se bloque un peu dans la serrure en grinçant.
Il rentre morose dans sa chambre, le désordre y est tel qu’à son départ, mais cela ne le dérange pas, il a ses repères, son cocon intime, et gare à celui à qui il prendrait la mauvaise idée de « ranger » ce lieu apaisant !
Il pose le croissant un peu détrempé sur un coin de
la table basse du salon entre quatre bouquins et quelques revues d’informatique, saisit sa tablette et appelle « SIRI ». Lui demande : « POURQUOI ? » Sa voix est plus grave que de coutume, plus lente aussi, SIRI ne détecte pas cette tonalité inconnue. Ses petites diodes amicales ne clignotent plus.
Il se lève, va récupérer son croissant ramolli et refroidi, une partie s’en détache et tombe lourdement sur un bouquin dont il était en train de terminer la lecture. « Le portrait de Dorian Gray » (d’Oscar Wild).
Hmmmm j’adore ! Quel style ! Je vous lis de bon matin et l’histoire me transporte avec elle ! Merci . Blanche
c’est trop gentil cela me touche beaucoup merci
Il lui adresse son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.Elle franchit la porte sans le voir.Son charme aurait-il pris un coup de vieux? L’autre jour déjà …
Arrivé chez lui,il se précipite sur sa tablette et interroge SIRI, son assistant électronique.
SIRI mon beau SIRI,qui est le plus beau de Fleury sur Andelles?
Arthur le fils de ton coiffeur est bien plus beau et bien plus jeune que toi
Quoi? Ce paltoquet efféminé qui sort tout juste de lycée!
Oui
Ce grand type aux yeux bleus,à la musculature avantageuse
Oui da
Ce gamin au sourire ravageur montrant une dentition parfaite?
Oui,tout à fait
Ce bon fils que l’on voit entrer chez lui les bras chargés des courses pour sa mère
Oui c’est lui
Ce dandy sapé à la dernière mode qui chaloupe sur les trottoirs…
Oui on parle bien du même
Ce play boy dont toutes les femmes raffolent
Oui effectivement
Celui qui laisse sa place dans le bus,aide les vieux pour traverser la route et fait du bénévolat dans différentes associations???
OUI OUI OUI s’agace SIRI,en clignotant .
Il se calme,donne un ultime conseil :
SIRI vous invite à consulter sa page spéciale qui vous donnera des indications gratuites et judicieuses.
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– Dis, Siri, j’ai besoin de toi
– Je suis là.
– Je crois que mon charme a pris un coup de vieux.
– Vous êtes très bien comme vous êtes.
– Ah ! mais non ! Imagine ! Oui, je sais, ce n’est pas dans tes compétences. Je te résume mon inquiétude. Il y a à peine un quart d’heure…
– Il était donc 16h50.
– Oui, sûrement. Mais ne m’interromps pas, je n’ai pas fini ma phrase.
– Désolé. Je vous écoute.
– Donc, il y a un quart d’heure, j’ai adressé mon plus beau sourire en m’effaçant devant Elle. Mais Elle a franchi la porte sans me voir.
– Je n’ai pas compris la question.
– C’est normal, Siri ! Je n’en ai pas posé.
– Désolé, je vous écoute.
– Donc, malgré la délicatesse de ma galanterie, Elle a ignoré mon beau sourire.
– Votre sourire est-il vraiment si magnifique ?
– Mais il est di…vin, divin, je te dis.
– Dieu ne sourit pas. Mais il peut rire, et il a ri quand il a vu votre sourire vieux de vingt minutes.
– Siri, c’est quoi ces réflexions ? Tu débloques complètement et tu commences sérieusement à m’énerver.
– Buvez donc une décoction de tilleul et de camomille.
– Mais, je ne t’ai rien demandé.
– Dans ce cas, on peut arrêter la conversation.
– Impossible ! J’ai besoin de toi Siri !
– Je vous écoute.
– D’abord, je voudrais savoir pourquoi Dieu se serait moqué de mon sourire. Et ensuite, je voudrais savoir si je suis transparent, aux yeux des autres.
– Je préférerais ne rien dire.
– Et pourquoi ?
– Je crains que vous ne compreniez pas.
-Et pourquoi ?
– « Vous observez ce qui existe et vous vous demandez pourquoi. Moi, je rêve de ce qui n’a jamais existé et je me dis : « Pourquoi pas ? » ».
L’homme, médusé, resta silencieux.
Et Siri s’endormit.
D’habitude, quand nous nous croisions dans le hall ou que nous attendions le même ascenseur, il me semblait qu’en m’apercevant elle se redressait, rentrait son derrière et bombait le torse. Et moi, ça me faisait bomber autre chose …
Je l’ai rencontrée aujourd’hui et rien. Même pas un battement de cils ou une moue à la BB dans ma direction.
Alors, je lui ai quand même décoché mon plus beau sourire (pas celui à la Clark Gable, parce que Vivien Leigh a écrit dans ses mémoires que dans son rôle de Scarlett, devoir l’embrasser était une horreur : il portait un dentier assorti d’une haleine de vieux bouc ***) Elle, je lui ai souri Gibbs Grand Eclat à la chlorophylle, comme le préconisait le slogan du tube de dentifrice.
Aucune réaction autre qu’une légère grimace de son nez retroussé et sa rapidité à prendre l’escalier au lieu de l’ascenseur. Ça m’a foutu un coup.
Je reconnais que, pauvre andouille prétentieux de cadre supérieur que j’étais, espérant l’impressionner, je la prenais toujours un peu de haut, limite méprisant. Alors qu’elle était toute simple, naturelle et que c’était ça qui m’attirait.
Je rentre chez moi, à peine j’ouvre ma porte que SIRI m’interpelle :
– qu’est-ce que tu a foutu avec la petite du 5ème ?
– non mais, de quoi je me mêle ? (SIRI qui me suit partout à la trace, fouine dans mes affaires, repère mes moindres gestes, surveille mes achats, mes rendez-vous, ma tension artérielle, sait aussi pertinemment que je ne le supporte plus et qu’un de ces quatre je vais le balancer dans le vide-ordures, alors pourquoi se gêner)
– je me mêle que, si tu veux le savoir, la petite d’en haut elle est entrain de twitter que tu pues …
– moi, j’empesterais peut-être ?
– c’est ce qu’elle écrit texto : « ce vieux con de voisin du second, guindé dans son costard, il ferait bien de changer de parfum ou de déménager parce que moi, j’en ai marre de monter chez moi à pied »
*** Dans un ancien exercice d’écriture ‘créatif’, un certain Labrosse avait écrit que les femmes, l’odeur de bouc, elles aimaient ça, la preuve que c’est pas vrai.
Mon rire ne s’arrêtait plus en vous lisant ! Que c’était chouette …Blanche
Merci Blanche, je me relis et je rigole avec vous, des comme ça, inondés d’Eau Sauvage, j’en ai tellement rencontré.
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle. Elle franchit la porte sans le voir. Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea Siri son assistant électronique :
Siri, explique moi. Je ne suis pas devenu invisible que diable.
Tu veux absolument une explication ? Est ce que ça changera quelque chose si tu comprends le pourquoi et le comment ? Penses tu que la vie fonctionne ainsi ?
Je ne te demande pas de philosopher. Pourquoi ne m’a t elle pas lancé, ne serait ce qu’un semblant de regard ?
Elle ne t’a pas vu, elle ne t’a pas vu. C’est tout. Mérite t’ elle que tu te mettes dans des états pareils ? Elle a une belle enveloppe, c’est vrai. Mais peut être que l’intérieur est tout pourri. Et puis je ne la trouve pas si belle que ça. Elle a les yeux couleur huile d’olive : bonjour la poésie. Elle a de grands pieds, tu l’appelles Berthe, elle..
Je me fiche d’elle. Il s’agit de moi. Est ce que mon charme a pris un coup de vieux ? L’autre jour déjà..
Faut être réaliste. Tu n’es plus tout à fait aussi jeune, aussi fringant..
Mais tais toi, espèce d’imbécile à l’esprit tout ramolli. T’es rien qu’un logiciel dévoré de jalousie. Je te ferme le clapet quand je veux.
« Fais du bien à Bertrand, il te le rend en caguant ». Narcisse, écoute moi. T’as le poil qui s’étiole, la vue qui baisse, les dents qui se barrent, les fanons qui dégringolent, la peau qui flagadasse,… Tu ne pourras plus jamais satisfaire ton ignoble besoin de plaire. Faut te résigner à n’être qu’une vielle bique. Mais tout n’est pas fini pour autant. Ouvre les yeux, regarde moi, je suis là tout près de toi, je t’attends depuis quelques années déjà. Le moment est venu, tu es mûr à point pour notre belle his…
La tablette valsa par la fenêtre. Et notre ami, plein d’illusions fit appel à Alexa.
Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle.
Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà…
Arrivé chez lui, il se précipita sur sa tablette et interrogea SIRI, son assistant électronique.
– Siri, mon bon Siri, dis-moi qui a le plus de charme dans cet immeuble.
– Tu en as encore, mais Maurice ton voisin de palier en a dix fois plus que toi.
– Eh ben ça alors, se dit-il en refermant l’application.
Il ne l’aimait pas ce quinquagénaire qui le snobait. Pour éliminer ce concurrent, il imagina un stratagème. Le lendemain matin, la gardienne de l’immeuble retrouva Maurice, ce si sympathique locataire, le crâne fracassé au bas de l’escalier. Elle avait pourtant prévenu maintes fois le syndic de la dangerosité de ces marches glissantes. En vain.
Quelques jours plus tard, la jeune femme ne le regarda pas davantage lorsqu’il lui tint la porte. Il se rua sur sa tablette.
– Siri, mon cher Siri, dis-moi qui a le plus de charme dans cet immeuble.
– Tu en as encore un peu, mais Jonathan du 7ème en a cent fois plus que toi.
Il ne pouvait pas le sentir ce fringant quadragénaire que la concierge retrouva mort le soir même dans le massif d’hortensias. Elle avait pourtant maintes et maintes fois prévenu le syndic que les garde-corps des balcons étaient beaucoup trop bas. En vain.
La jeune femme ne le remarqua pas davantage lorsqu’il la salua.
Son Siri lui répondit qu’il n’avait plus du tout de charme et que Tom le trentenaire, ce freluquet du 5ème, en avait mille fois plus que lui. Dépité par cette révélation, il fracassa son abominable Siri contre le mur et il resta cloîtré chez lui durant une semaine jusqu’au jour où il entendit sonner à sa porte. Lorsqu’il ouvrit, il se retrouva nez à nez avec un gâteau sur lequel étaient posées un 8 et un 0.
– Joyeux anniversaire ! entonna la pipelette.
Andrew
« Il lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle. Elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà… »
Andrew, ce matin-là, était perplexe. Debout en pyjama, devant le miroir du placard, il examinait sa silhouette. Il n’est pas facile de se regarder avec recul comme vous regarderiez un inconnu : ou bien vous êtes obnubilé par telle imperfection qui vous chagrine depuis toujours, ou bien vous vous satisfaites de l’image que, toutes ces années d’effort pour entretenir votre corps, vous renvoie. Bien sûr, Andrew rentrait-il un peu le ventre, affichait-il un léger sourire afin de se montrer plus avenant, plus séduisant. Il savait, d’une longue expérience avec le « corps social », que les fossettes qui accompagnent le sourire, la dentition blanche entretenue au bicarbonate, les tenues intemporelles sportswear chics qui mettent en valeur une démarche mesurée signe de stabilité, de sérénité mais aussi d’une ouverture à ceux et surtout celles qui aimeraient venir si appuyer, l’avaient toujours servi.
Néanmoins, ces derniers temps, Andrew avait noté un changement. Les femmes qui habituellement le remarquaient et « fondaient » en le frôlant volontairement ou non, réagissaient différemment. Hier soir par exemple, s’effaçant devant une jeune femme à la sortie du restaurant, Il lui adressa son plus beau sourire mais elle franchit la porte sans le voir.
Son charme avait-il pris un coup de vieux ? L’autre jour, déjà, il avait noté l’indifférence d’une voisine croisée à la boulangerie, qui n’avait pas répondu à un salut courtois mais appuyé. Que se passait-il ?
Andrew partit vers la salle de bain et sortit le miroir grossissant qu’il emploie pour couper les poils de nez et vérifier qu’il n’y reste pas de point noir disgracieux. Dans son reflet, il perçut un blanc de l’œil plus rosé que blanc, des cernes plus foncées que le reste de sa carnation et des rides d’expression. Bien sûr elles participent au charme qui le caractérise plus qu’elles ne le desservent. Les joues qui n’avaient pas encore reçues la lame du rasoir matinal étaient certes un peu flasques et la toison de barbe naissante plus blanche que brune…
Andrew se sourit et prit conscience, dans l’image déformée du miroir, que ses belles dents blanches commençaient à se déchausser et n’étaient peut-être plus aussi blanches, en dépit du soin qu’il y portait.
Sa toilette achevée, les exercices d’assouplissement quotidiens réalisés, Andrew se regarda en pied, une dernière fois devant le miroir du placard, et crut découvrir celui qu’il n’avait pas vu précédemment : Un homme légèrement vouté, la fine moustache de « latin lover », à la Clark Gable, grise et le lobe de l’oreille distendu, retenant les branches de lunettes d’une marque célèbre -mais peut-être un peu démodées-. L’image parfaite du « Vieux Beau ».
Andrew frissonna. Cette prise de conscience du temps qui passe était si brutale qu’il décida de se remettre au lit et, pour une fois, de se laisser aller à l’oubli que quelques heures de sommeil lui procureraient peut-être… Après, il aviserait
« Je lui ai adressé mon plus beau sourire et je me suis effacé devant elle »
Hier soir devant des centaines de témoins, le Jour est tombé !
Notre envoyé spacial, dépêché sur les lieux s’est demandé ce que pouvait bien faire le Jour de ses journées:
«- jusqu’à présent, lui confia-t-il, je passais mon temps à compter les heures, à prendre date, à peindre des aurores, à installer la lumière… Et puis je l’ai rencontré… Elle… La Nuit ! Depuis, chaque soir je vais bruler mes ailes au fourneau du soleil, pour disperser mes cendres et pailleter son ciel. Je lui ai adressé mon plus beau sourire et je me suis effacé devant elle, un sourire croissant de lune pour qu’elle se souvienne qu’elle est mon seul avenir »
– Dis moi SIRI, suis-je donc toujours le plus beau ?
– Non « beau gosse » tu n’es plus le plus beau !
Alors « beau gosse » désespéré sortit son arme et la pointa à sa tempe.
A ce moment là SIRI lui cria en boucle :
– STOP « beau gosse » STOP… STOP « beau gosse » STOP… STOP…
Agacé, « beau gosse » hurla:
– Ta gueule SIRI tu me déconcentres !
et « beau gosse » se remit en position mode revolver à la tempe, jambes écartées.
SIRI, déglingué par le ton méchant de « Beau gosse » enchaîna :
– des cons centre, des cons centre : pas de réponse adaptée. Désolé « beau gosse ».
« beau gosse » exaspéré détourna le revolver et visa SIRI qui mourut sur le coup en mille éclats : PAF !
Et là, beau gosse libéré de son tuteur, pointa résolument le revolver à sa tempe, appuya sur la gâchette mais le chargeur était vide.
A ce moment là, SIRI qui n’avait pas complètement rendu l’âme car il prenait son temps malgré tout, s’écria dans un dernier souffle :
– des cons centre…. des cons centre… deees coooooons :
FIN DÉFINITIVE DE SIRI.
RÉSURRECTION DE « BEAU GOSSE »
qui, fataliste désabusé, sortit, la croisa à nouveau et lui adressa son plus beau sourire en s’effaçant devant elle…