493e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable, il en serait resté là…
Inventez la suite, sachant qu’il peut s’agir de quelqu’un : homme, femme, ou tout autre chose.
Mon live vient d’être corrigé en grande partie par Christine Macé. Si vous l’avez acheté sur Amazon vous pouvez le télécharger débarrassé de ses regrettables fautes. Mise à jour sur Apple Book et Fnac ce week-end.
Sur ce blogue, on n’apprend pas à écrire un roman ou des nouvelles, on enflamme son imagination. Les exercices que j’invente, aiguillonnent l’esprit. Mon but est de conduire toute personne vers le créateur plus ou moins claquemuré en elle. L’enfant imaginatif avec lequel elle se réconcilie définitivement dès qu’elle se prête au jeu. Après quoi, elle décide de mener le projet d’écriture qui lui convient.
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là.
Alors que l’existence lui pesait et qu’il songeait à en finir se sentant usé et inutile, ce tout petit rajeunissement lui avait fait un bien fou.
Mais dix ans c’est peu. En fait, tout bien réfléchi, cela ne lui avait pas suffi. Son visage était toujours aussi ridé, son épiderme tout fripé, ses mains tachetées de son – les fleurs de cimetière pour le dire poétiquement, la peau de son cou flasque et distendue comme celled’un dindon.
Il décida de retourner voir le chirurgien dès le lendemain et parvint à le convaincre, malgré les sévères mises en garde de l’homme de l’art, de lui donner la moitié de son âge. Carrément.
L’intervention fut un succès. Hélas, son entourage ne le reconnut pas et il vécut alors un grand moment de solitude qui lui semble durer un siècle.
Il hésita longuement : cet isolement lui était pesant certes mais il ne pesait pas bien lourd face à ces années en moins.
Cette seconde jeunesse ne lui suffisait pas et il retourna à la clinique de chirurgie esthétique pour réclamer un âge à deux chiffres
« 20 ans de moins. C’est tout ce que je peux faire » avait décrété d’un ton docte le divin docteur.
Avide de jeunesse et de tous les bons côtés auxquels celle-ci se croit avoir droit, il vécut une période de liberté et de révolte dont il jouit plus que de raison. Il commit des actes délictueux qui lui valurent d’être recherché par la police.
Pour lui échapper il eut recours une fois encore au bistouri rénovateur du praticien qui, désabusé lui retira 30 ans.
Mais il vécut une période pénible faite de doutes et de décadence. La dépression le gagnait et il retourna encore où vous savez.
Sa situation fut comprise et sa demande prise en compte : 35 ans retirés au compteur
Mais il vécut alors l’une des plus affligeantes époques de sa vie. Lui qui pensait retrouver la vraie jeunesse, la véritable énergie et un authentique avenir ne trouva que boutons sur la peau, des levers impossibles avant 13 heures et un chômage à deux chiffres
Insatiable, il alla se plaindre et réclama de changer d’âge. Celui qu’on lui avait donné ne lui convenait vraiment pas. On le divisa donc pas deux.
L’âge de raison l’avait prévenu le chirurgien. Cela l’obligea à obéir, écouter, étudier, réciter, réviser, être poli, sage, attentionné, respectueux, ranger etc…
Il porta réclamation, l’âge de raison il n’en voulait plus et réclama qu’on lui retire un petit chouïa, il n’en avait plus beaucoup à perdre.
Deux ans de moins qui le déçurent beaucoup. Une sensation d’enfermement et des idées noires incompatibles disaient les psychologues avec son âge.
On lui retira le peu d’années qui lui restaient et il vécut un événement présumé heureux mais qu’il ressentit très désagréable comme un long couloir noir et une aveuglante lumière au bout
Il retourna d’où il venait et constata que ce n’était pas l’état de béatitude tant vanté. A l’étroit, dans un espace confiné et contraint de subir les contrecoups de qui le portait.
Plus personne ne pouvait rien pour lui et certainement pas les bistouris et scalpels
Alors, comme un grand alors qu’il était minuscule il retrouva la multitude de ses semblables pour une course effrénée pur la vie. Une course dont il sortit vainqueur. Pour son malheur pensa-t-il
Avec, par ordre d’apparition dans le texte :
« L’homme bicentenaire » d’Isaac Asimov
« Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez
« L’octogénaire se rebelle » d’Olivier Renaudin
« Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable » de Romain Gary
« L’adolescent » de Fiodor Dostoïevski
« L’enfant » de Jules Vallès
« Quand j’avais cinq ans je m’ai tué » d’Howard Buten
« Rosemary’s baby » d’Ira Levin
« Naissance » de Yann Moix
« J’attends un enfant » de Laurence Pernoud
« Chronique d’un spermatozoïde » de Michel Beaudoin
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là… Mais il n’avait jamais été raisonnable, déjà petit il ne parvenait pas à s’arrêter.
A trois ans il tenait tête à sa mère, en se mettant si fort en colère qu’il se sentait dépossédé de lui-même. Il jaillissait hors de son corps pour observer la scène du dessus, il se voyait couleur piment et sa mère blême.
A cinq ans, lorsqu’il s’engageait dans une course il ne s’arrêtait pas avant d’avoir gagné ou de s’être évanoui d’épuisement.
A huit ans, il avait pu s’amuser tout un après-midi en sautant de tuile en cheminé après avoir escaladé les échafaudages d’un immeuble de sept étages.
A quatorze ans, il quittait école et domicile familiale pour explorer le monde.
A dix-sept ans, par curiosité, il avait brisé son cœur en rompant avec la fille dont il était éperdument amoureux.
A vingt-et-un ans, il pouvait comptabiliser à son actif plus d’une dizaine d’emplois différents que ce soit dans le milieu du bâtiment, la restauration ou l’intermittence du spectacle.
A vingt-trois ans, il brisait sa cinquième moto et subissait son premier traumatisme crânien.
A vingt-cinq ans, il était la coqueluche des bars, tout le monde se battait pour l’avoir à sa table mais lui ne possédait pas un seul ami.
A vingt-sept ans, il se faisait cassait la figure par son frère , un 24 décembre.
A trente ans, il était père de trois enfants qu’il eut avec trois femmes différentes. Il savait qu’ils s’appelaient respectivement Enzo, Camille et Laetitia mais ne les avait jamais vu.
Depuis tout petit, il s’était évertué à démolir tout ce qu’il construisait, sans sourciller. Une palissade infranchissable se dressait entre lui et les autres et un gouffre s’était immiscé dans son cœur. A trente-trois ans, il s’allongeait sur les quais, une bouteille de whisky dans chaque main, les poches pleines de médicaments. Il appelait la mort avec tendresse.
A quarante ans, il se faisait hospitalisé pour la dixième fois en l’espace de sept ans. Il alternait entre les hôpitaux psychiatriques et les cures de désintoxication.
A quarante cinq ans, le monde lui apparaissait confus, il mélangeait les dates, les lieux. Ses souvenirs étaient parsemé d’anachronismes.
A cinquante ans, la fée blanche se dressait devant lui. Elle lui laissait le choix de vivre ou de mourir. Il avait la possibilité de tout recommencer, de tout reconstruire, de tout solidifier s’il s’abreuvait de l’élixir de jouvence. Mais il était prévenu, chaque goutte le ferait rajeunir d’une année. Il devait donc en consommer avec modération. La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là… Mais il n’avait jamais été raisonnable, depuis tout petit il n’était jamais parvenu à s’arrêter. Il en bu comme un assoiffé jusqu’à n’avoir jamais existé.
Pour avoir l’air plus jeune, il ne s’était pas dégonflé, un jour, il s’adressa à cette fameuse pub dans laquelle on voit un homme installé dans un parapluie flottant sur l’eau qui vantait la légèreté de ses produits et leur efficacité. Il se dit, je vais essayer de faire un régime pendant une semaine, on verra bien. Vu ma nature optimiste, ça devrait marcher rapidement. Il commanda la panopluie complète. Mais au bout d’une semaine, il s’était retrouvé bibendum, une montgolfière comme parfois on en voit dans le ciel. Elles soufflent comme des baleines en plein vol. La moutarde lui monta au nez. Il vérifia le mode d’emploi puis il s’époumonna au téléphone.
– Oui, je n’ai jamais vu ça ! Qu’est-ce que c’est que ce régime !
– Mais, Monsieur, d’abord je pense que vous ne pouvez être gonflé comme une baleine et vous avez mangé le régime d’un mois en une semaine.
– J’avais faim.
– Mais vous ne pouvez avoir grossi comme une baleine !
– Non. J’exagère, j’ai pris 200g. Mais je cherche une bonne cure de jouvence.
– Dans ce cas, nous pouvons vous proposer autre chose.
– Non, merci, et il raccrocha. Mais dans la nuit, piqué par le moustique de la curiosité, il se ravisa. Le lendaimain matin, il rappela.
– Et, c’est quoi cette autre chose ?
– Vous n’allez pas être déçu. Vous pouvez gagner un voyage autour du monde avec un lot surprise.
– A partir du moment où il y a lot, je peux m’engager, vous n’allez pas me faire couler, vous êtes sûre ?
– Parfaitement, donnez-moi les chiffres de votre carte bleue et je vous donnerais satisfaction.
– Vous me mettez l’eau à la bouche. Ce n’est pas un traitement à base de botox, ni de créatine, ni d’hormones, ni de silicone ni d’autres produits plus ou moins licites, j’espère.
– Ne craignez rien, tous nos traitements sont étroitement surveillés par mes soins. Je vous propose une bonne cure de rajeunissement à base de thalassothérapie, de jacuzi et de bains de boue.
Il réfléchit au bain debout. C’était une nouveauté ! Ca doit se passer sous une chute d’eau, peut-être, on verra bien. Il partit, donc pour une semaine. Il eut droit à tous les jets d’eau possibles. On le pouponna avec des peignoirs de marque, on le flatta avec des massages, on le bichonna avec un emploi du temps aménagé, on le caressa avec des promesses pas rocambolesques mais presque.
Effectivemen, au bout de trois jours, il avait perdu tous ses bourrelets. Finalement, on lui proposa la thalasso-surprise sur une planche de surf. C’était tellement nouveau, qu’il fallait qu’il soit maintenu par la monitrice afin qu’il puisse garder son équilibre. Dans le vent et sous les embruns, ce fut une vraie cure de jouvence. Il en garderait un souvenir impérissable, disait-elle, accrochée qu’elle était à la carte bleue représentée sur la planche de surf. Quand il reprit le cours normal de sa vie quotidienne, après avoir consulté le compte, ses exploits avaient dépassé toutes ses espérances…
493/La cure de jouvence ,à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là mais il ne le fut pas. Il ne demandait pas grand’chose, juste 10 ans en moins de plus.
S’il prenait une loupe pour scruter son visage, il trouvait que ses paupières tombaient toujours un peu, que le sillon nasogénien et les rides du contour de la bouche étaient à peine estompés sans parler de son double menton encore trop saillant.
Pour sa première cure de jouvence il avait dû prendre l’argent qu’il avait placé sur deux comptes épargne en vue d’acheter un appartement.Le banquier lui avait demandé quel genre d’investissements il envisageait ; il lui avait répondu un peu sèchement qu’il n’avait pas encore déterminé le genre…..
Peut-être serait-il obligé d’aller chez « ma Tante » ? pour un nouveau prêt. Mais était-ce bien raisonnable se dit-il pour la première fois
Soudain son téléphone sonna. Il décrocha. C’était son médecin qui l’informait que la Sécurité Sociale avait donné son accord pour la cure thermale que celui-ci lui avait prescrite.
Zut alors se dit-il je ne pourrai pas faire une nouvelle cure de jouvence.
Il remit son portable dans sa poche et partit d’un pas vif vers son bureau…..
Il avait un dossier important à finaliser que la Direction lui avait confié.
Tout en se hâtant il se regarda dans la glace d’un magasin qui se trouvait à sa droite tout en redressant ses épaules. Il lui sembla être un autre et cela le remplit d’aise.
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toute ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable, il en serait resté là mais à quarante cinq ans, on n’en faisant à présent que trente cinq à peine…il pensa en lui-même qu’avoir sept ans de moins se serait formidable surtout en ayant en tête tous ses souvenirs…c’était pertinent non!
Connaître tout, ne pas refaire les mêmes erreurs surtout celles au sujet des femmes, si jolies soient’ elles…Non! Il voulait en sortir avec ce tourbillon de femmes accrochées à ses basques parce qu’il est fortuné. Rien que le fric, c’est ça qui les intéresses . Maintenant, il a compris avec cet âge de vint trois ans, elles ne seront plus comme toutes ces Fourmies à tourner autour de lui afin de l’épinglé comme un vulgaire papillon.
Oui, oh oui et tans pis pour cette toute petite indication écrite sur la pierre à demie enterrer.
« A toutes les personnes avides de jeunesse…peu vaut mieux que beaucoup. Six ans de moins, vaut mieux que vingt ans de plus, que votre esprit reste clair pour votre bien. »
Ben voyons pensa Dorian Remlak, c’est pas à lui qu’on va faire le coup du peu vaut mieux que beaucoup, lui qui ne cesse d’amassé sans rien faire ou presque…hors de question. Il voulait revenir à cet âge de insouciance, ou enfin chez lui sans personne pour lui dire quoi faire, sortir, faire la fête jusqu’à pas d’heure et reprendre les cours sans aucunes fatigues…Oh oui il voulait ça avec tous le reste. Alors sans plus réfléchir, il se pencha et souriant pensa à l’âge qu’il souhaitait avoir.
Les yeux brillant de ce rêve éveillé, il aspira de longue goulée d’eau. Il se redressa, respira fortement, cligna des yeux. Tout lui semblait un peu flou. Prenant son mouchoir, il s’essuya les yeux. Il pesta et rageur se dirigea vers sa voiture. Il regarda sa main, cligna des yeux puis refoula l’angoisse grandissante.
Il osa se regarder dans le rétro intérieur. Il poussa un glapissement, sa tête roula, son corps le lâcha…il perdit connaissance. Lorsqu’il revint à lui, il regarda le dessus de sa main, le tremblement revint, sa peur grandissait, ce n’était pas vrai…il rêvait ça, c’était ça oui c’était ça! Il poussa un long soupir, ferma les yeux, se laissa glisser dans le sommeil.
Un bruit effroyable le ramena dans le monde réel. Il démarra sans un regard en arrière, il prit la poudre d’escampette. riant à gorge déployée, il fila vers l’aéroport le plus proche…monta dans l’avion, s’installa et attendit. Lors du vol qui le ramenait vers la civilisation et son mode de vie, l’hôtesse lui demanda d’une voix douce: » Monsieur désirez-vous une boisson? »
Quelle belle femme pensa t’il. Il lui demanda le regard neutre._Quel âge avez-vous Mademoiselle?
Rosissante elle lui répondit: » a vous Monsieur je peux le dire n’est ce pas!
_Ah bon et pourquoi cela? répliqua t’il vexé.
_Oh vous me faites penser à mon grand-père…un homme formidable quant à mon âge, je viens d’avoir vingt cinq ans. Monsieur! Monsieur vous allez bien? ébêté, frigorifié, le coeur battant à tous rompre, il suffoqua.L’hôtesse fouilla ses poches , fébrile elle lui demanda: » Ou sont vos médicaments Monsieur? »
_Je n’ai pas de médicaments, quel âge pensez-vous donc que j’ai?
_Oh à voir comme ça…soixante ans passé et votre coeur est faible, restez calme, nous avons un médecin dans l’avion il va vous aider.
_Oh Dorian! Tu te réveil? Eh mec ouvres les yeux allez quoi! Une claque assez forte le fit gronder.
_Allez vieux, il est l’heure et si tu veux prendre l’avion pour rajeunir…c’est le bon moment.
Dorian ouvrit les yeux, les posa sur Christ puis éclata de rire. Il saisit son partenaire et toujours riant aux éclats, il dit en s’étouffant presque : » Jamais mon vieux, jamais je ne ferais cela…ma vie me suffit crois-moi c’est une perte de temps…une chimère qu’il vaut mieux ne pas déterrée. je reste ici. Si toi tu le veux encore…fais le donc mais pour moi cela restera un rêve et ça le restera.
Un rêve à vivre bien allongé dans son lit. Quarante cinq ans c’est un bien bel âge non? Je garderai la forme pour mieux vivre. Ah Crist j’aime ce que je fais et je le fais bien pourquoi, tout perdre sur un coup de poker?
Dorian utilisa cette devise sur l’une de ses construction.
« Mieux vaut peu que beaucoup » et ce fut un succès. Comme quoi!
Sur une idée de Pascal Perrat.
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là…
Invincible , éternel, c’était ce qu’il pensait de lui jusqu’à ce jour fatal.
Ce qu’il lut ce matin dans le journal fut comme un coup de couteau planté en plein centre de son plexus solaire.
Une émotion étrange le submergea, l’ébranla et le fit vaciller.
Une arrivée incontrôlable de bile s’empara de son palais.
Il eut à peine le temps de réaliser ce qui lui arrivait.
Il dut l’admettre l’évidence : son énergie s’étiolait.
Assis à son bureau, il laissa courir sa main au-dessus de sa boîte de crayons, pianota sur les différentes couleurs et s’arrêta sur l’orange. « C’est bien, l’orange, c’est la couleur de l’énergie. »
Un léger rictus défigura ses traits nobles quand une idée venimeuse s’insinua dans les méandres de son cerveau. Elle tenait en trois mots : cure de jouvence.
C’était impensable ! Lui, l’éternel, l’invincible, il s’interdisait de souscrire à ce principe. D’ailleurs, il n’aimait pas la sémantique dans laquelle que les linguistes plongeaient ce mot.
Cure. Cure de désintoxication, cure thermale, cure cathartique. Et pourquoi pas cure-dents !
Comme un automate, il commença à écrire. Juste ce qu’il lui passait par la tête. C’est ce qu’il crut d’abord. Mais en fait, sans s’en rendre compte, il passa de l’autre côté du Miroir.
– C’est sûr, lui murmura son égo, à force de te croire invincible ou éternel…
– Mais n’est-ce pas là, mon essence, mon existence ?
– … au point de flirter avec l’ IMMORALITÉ ?
Un grand silence se fit. L’heure n’était pas à la polémique. La vengeance en laquelle il croyait
MIROITERAIT à l’horizon en temps voulu.
Il regarda la pendule et décida de s’accorder une pause. Il se leva, s’étira et s’installa confortablement dans son fauteuil Voltaire. Il lui soufflerait certainement quelque bon conseil.
Mais de bon conseil il n’en entendit aucun car il s’endormit comme une MARMOTTE.
L’air vibra doucement autour de lui lorsque sonna l’Angélus.
Il ouvrit les yeux avec lenteur… comme un crocodile guettant sa proie.
Le soleil se couchait en allumant le ciel d’un feu d’enfer.
De ce spectacle fabuleux, il n’en OMETTRA aucune once d’ivresse crépusculaire.
Il demeura immobile, les pieds tanqués dans la moquette aussi mousseuse que l’écume des jours. Rien ne bougeait en lui. Pas un sourcil, pas un doigt, pas un ORTEIL.
Sur l’écran de sa mémoire, il revit une TOILE.
Le Voyageur au-dessus de la mer de brume.
Qui donc l’avait signée ? David ? Gaspard ou Frédéric ? Peu lui importait.
Il était subjugué par l’Émoi qui s’emparait de lui.
– ÉMOI murmura-t-il avec un accent de détresse…
– Et MOI ? répliqua sournoisement le Miroir.
– Et moi ? s’insurgea-t-il ! Sais-tu ce qu’il me reste ? Au fil de ce récit, je n’ai que souffert d’amputations ! Moi, l’invincible, moi, l’éternel, moi …
– Calme toi, mon ami lui dit le Miroir avec empathie, sois sans crainte, je te comprends à MI mot…
Au loin, l’orage gronda.
Les battements incontrôlés de son cœur s’apaisèrent, le calme revint.
Doucement, dans un dernier souffle, il murmura :
– Et moi, bousculé par tout ce chaos, que reste-t-il de mon IMMORTALITÉ initiale ?
Dans un dernier ricanement, le Miroir lui répondit :
– Que reste-t-il de ce jeu de massacre ? Tu as été, pour quelque instants, le jouet d’Anna Gramme…
© Clémence.
Qu’est-ce qu’il était fier ! Quand nous étions jeunes on disait « il ne se sent plus » maintenant on dit « il se la pète », c’était ça il se la pétait et pas qu’un peu ! Il venait d’enfin pouvoir s’offrir sa voiture de rêve, 4×4 haut sur pattes, noir lustré, calandre rutilante. Le pied !
C’était sa deuxième chérie, il la bichonnait comme l’autre, celle en chair et en os.
Il roulait à fond la caisse de nuit sur l’autoroute, sans picoler, la vitesse suffisait à son ivresse. Quel confort cette conduite automatique, et l’électronique de ouf … tout se faisait tout seul, au point qu’il lui arrivait de se demander ce qu’il foutait là s’il n’avait plus à toucher à rien ?
Cette frénésie dura quelques mois. Puis, il se lassa, faisant dans le rétroviseur un retour sur lui-même et sa conscience, il se trouva couillon. L’épate, la parade, ça allait un moment. Il en resterait bien assez de ces frimeurs imbéciles au volant de ce genre de caisses.
Il se mit à songer avec nostalgie à sa première voiture, Papa lui avait légué la sienne à l’obtention de son permis. Devenue voiture de collection, elle dormait bâchée sous un hangar à la campagne.
Et s’il pouvait revenir en arrière ? Et pourquoi pas, qui n’essaie rien, n’a rien. Il fit un vœu « faites que je …. » et Pouf ! Abasourdi : exaucé.
Le revoilà descendant dans un coton de 60 à l’heure la Nationale 7. La radio ne se déclenche pas toute seule, plaisir de tourner le bouton et de tomber sur Charles Trenet, là il fut assuré d’avoir pris la bonne décision, la bonne direction.
Petite averse, ils sont rigolos et vaillants ces petits essuie-glaces. Que ça avait été chouette de tourner une clé de contact, encore d’essayer le klaxon éraillé, risque pas ni qu’il ait envie, ni qu’il arrive à doubler quelque bagnole que ce soit. Il s’essaya à faire un créneau pour voir s’il savait encore. La manivelle, la roue de secours, le cric, ils étaient sacrément bien foutus ces instruments démodés.
Quel bonheur d’enfiler ces lignes droites à l’ombre des platanes,
Pas belle la vie ?
Transformation
Il ne croyait pas trop à cette cure de jouvence
Mais elle dépassa toutes ses espérances
La charge était si lourde …
Il rajeunit d’abord de dix ans
C’était déjà mieux qu’avant
Il fallait au moins ça
Mais cela ne suffisait pas
Les trajets lui pesaient
Le froid le mordait
La fatigue l’éreintait
Alors il en avala encore une pinte
Avec une joie non feinte
De cet élixir fabuleux
Aux effets quasi miraculeux
Miracle, magie
Pouvoir, féerie
Il ne s’arrêta pas en si bon chemin
Et but, et but, et but
Chaque année un peu plus
Résultats divins !
Ses cheveux ont retrouvé des couleurs
Sa barbe a perdu de sa longueur
Il est redevenu petit, tout petit
Mais son âme a grandi
Tellement grandi
Une âme …d’enfant
…ce qu’il était à nouveau maintenant
Et c’était à son tour de l’attendre impatiemment
Le Père Noël
Grâce au précieux hydromel.
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable, il en serait resté là…
Mais l’appât du gain était plus fort que tout, notre homme voulut saisir l’occasion inespérée d’arrondir confortablement ses fins de mois : avec son unique expérience pour bagage, il s’improvisa coach.
Il trouva rapidement deux ou trois clients potentiels parmi ses connaissances et décida de commencer sans plus attendre, persuadé que le bouche à oreille serait suffisant pour développer son affaire.
Le protocole de la cure paraissait simple : sur une période de trente jours on alternait trois jours de yoga et relaxation accompagnés d’un jeûne, puis trois jours de découverte de la nature avec randonnées et chants, accompagnés de bouillons de légumes et enfin trois jours de bains à remous, massages, modelage et nettoyage de peau, accompagnés de crudités. La cure se déroulait bien entendu en résidentiel, le remède miracle se prenant la nuit : il s’agissait d’avaler au moment du coucher un mélange d’huiles essentielles un peu rares diluées dans deux cuillères à soupe d’huile d’olive Crétoise vieille réserve.
La fabrication du remède miracle était le point faible de notre apprenti magicien. Il avait bien une petite idée de quelques-uns des ingrédients, on lui connaissait le nez fin et à table, il surprenait les convives en identifiant sans erreur les différents ingrédients d’un plat.
Mais hélas certains parfums du produit miracle indispensable à son nouveau commerce lui étaient totalement inconnus et il ignorait le secret de fabrication du précieux élixir. Décidé à poursuivre son projet coûte que coûte, il bricola une potion avec les ingrédients qu’il avait sous la main. Il était persuadé que s’il montrait au client suffisamment d’aplomb, la confiance ferait le reste.
Et de fait, le premier client investit toute sa confiance, et ses économies, dans cette cure de jeunesse qui allait changer sa vie.
Hélas, le rêve de pauvre homme tourna au cauchemar dès le deuxième jour de cure, très exactement après la première et unique prise de potion : il déclara une formidable allergie ORL. Ses yeux larmoyaient, des flots de liquide brûlant s’échappaient de son nez en desséchant les bords jusqu’au sang, sa langue et ses lèvres gonflaient de façon inquiétante, donnant à son faciès la grâce d’une tête de lotte.
Il se trouve que, par simple coïncidence, cette aventure se déroulait au début du confinement : le malheureux pensa, comme tout le monde dans son entourage, qu’il avait attrapé le méchant virus. Les tests étant en rupture de stock, le diagnostic ne put être confirmé mais il était prudent, dans le doute, de rester confiné, ce que fit le pauvre client sans demander son reste.
Le confinement dura bien longtemps et lorsque notre homme retrouva enfin sa liberté, il se sentit rajeunir du seul fait de sortir de chez lui : le printemps venait juste d’éclater et le bienheureux rescapé retrouvait avec bonheur les chatouillis du gazon frais sous ses pieds, les effluves enivrantes des arbres en fleurs et le pépiement des oiseaux, nul besoin de cure pour percevoir son cœur bondissant comme celui d’un jeune homme.
Quant à notre apprenti sorcier, il avait eu si peur de perdre définitivement son premier client qu’il tira leçon de cette funeste expérience et se tourna vers d’autres projets professionnels.
Marianne B.
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là…
Mais pourquoi s’arrêter ?
Il avait retrouvé ses 50 ans et tout ce qu’il faisait encore alors ! Il avait retrouvé des sensations et des facilités qu’il avait presque oubliées. Comme des choses toutes bêtes, remettre ses chaussettes tout seul sans que ça tourne à la discipline olympique, faire de longues randonnées dans des endroits escarpés, préparer des repas pour ses potes et se coucher à pas d’heures, aller où bon lui semble, partager toutes sortes de moments avec sa femme. Alors retrouver sa quarantaine voire sa trentaine et tout ce qu’il y avait fait de flamboyant était trop tentant. Ses marathons, le camping dans des endroits insolites, voyager dans des endroits audacieux, faire la fête…Il en voulait toujours plus et il alla bien au-delà de la cure de jouvence pour y parvenir. Il prit des produits illicites dans le dos de son médecin et de son entourage qui dans un premier temps fut tellement heureux de voir un tel dynamisme. On louait sa vitalité retrouvée. « Mais André, quelle forme olympique ! C’est formidable ». Gonflé à bloc par ce nouvel état, il continua sur sa lancée et joua à l’apprenti sorcier.
Il outrepassa les recommandations qui accompagnaient déjà la première cure et plus il semblait retrouver de la vitalité plus quelque chose en lui se fanait sans qu’il sache vraiment dire quoi.
Jusqu’à un matin où il ne put plus mettre le pied à terre. Cloué au lit, il se mit à pleurer comme l’enfant qu’il avait été et qu’il ne pourrait plus être à nouveau même après toutes les cures de jouvence de la terre. Il comprit soudain ce grand chambardement. Non il ne pourrait refaire le chemin à l’envers, non il ne pourrait être à nouveau l’enfant qui courait dans les champs, qui sautait les barrières, celui qui posait des pièges avec son grand-père, qui faisait des blagues à sa grand-mère, qui connut un premier amour, prit le train sur un coup de tête, ne dormit pas pendant plusieurs jours, voyageant dans des conditions extrêmes, qui devint père.
Et cela le bouleversa. Il versa tout ce qu’il put verser de larmes sans compter, dut, et ce ne fut pas le plus simple accepter que le temps ne se rattrape pas, que cet adage n’était pas qu’un adage. Il dut se faire violence et se montrer tel qu’il était, lui et ses états d’âme. Expliquer à son entourage l’abime dans laquelle il avait glissé et renouer avec son corps meurtri de tout ce qu’il avait ingérer et digérer. Cela ne se fit pas en un jour mais petit à petit il reprit pied. Ses longues balades sur la plage, seul, puis avec quelqu’un qui passait toujours par là au bon moment pour marcher, juste marcher lui redonnèrent de l’allant. Mais maintenant, il n’était plus seul. Le petit garçon qu’il avait été l’accompagnait à chaque moment. Assis sur son épaule, il reprit fièrement sa place et contribua à faire renaitre André et tout ce qu’il avait voulu taire ou cacher, trop vite oublié.
Et c’est lui qui lui souffla un jour, « si tu veux retrouver ce qui ne peut l’être et vivre tout ce que tu veux revivre, pourquoi ne pas l’écrire ».
Un matin, après une longue balade, caressé par les premiers rayons du soleil, il prit place à son bureau devant la fenêtre et sourit.
Il était vraiment au fond du trou. Des jours, des mois qu’il broyait du noir. « Je suis au bout de ma vie, l’avenir est mort » gémissait il sans arrêt. Sa femme n’en pouvait plus et allait bientôt le larguer. C’est sûr. Mais elle avait encore quelques scrupules. Un soir elle tenta quelque chose. « allez prends une douche, rase toi, fais toi beau. Je t’emmène au spectacle ». Lui, sa tête était rempli de Bouh, bof… je vais perdre mon temps, ça sera nul comme d’habitude. Sa femme était son dernier soutien, qui ne tenait plus qu’à un fil, il le sentait bien. Alors il garda ses récriminations pour lui, prit une douche bon gré mal gré, hésita devant le dressing, finit par mettre les fringues qu’elle lui jeta sur le lit.Traînant les pieds, les épaules en avant, il la suivit jusqu’au théâtre.
On est mal Macron, on est mal : c’était le nom du spectacle qui se jouait à guichets fermés depuis plusieurs mois. La salle était enthousiaste, riait fort, applaudissait à tout va. Doucement, tout doucement il se laissa prendre au jeu, à amorcer un sourire puis deux, puis trois. Sa femme riait et lui serrait parfois la main tendrement, ce qui l’encouragea encore.Cette nuit là il s’endormit facilement, se réveilla d’humeur légère. Il y a tellement longtemps qu’il ne s’était pas senti aussi bien. Un remède qui marche, faut continuer, se dit il. Il répertoria toutes les pièces comiques qui se jouaient dans la ville. Encore heureux il habitait Paris, ce qui offrait un vaste choix. Il se dit qu’il lui fallait la dose d’une pièce par jour. Ainsi dit, ainsi fait. Et ça fonctionnait car il avait décidé de RIRE. Tous les soirs il s’éclatait, et la bonne humeur déteignait sur ses journées. Un matin, dans la glace de la salle de bain il vit un homme détendu, souriant, dynamique, un bel homme ma foi, jugea t-il. Ah, cette cure de théâtre était une vrai cure de jouvence ! Il aurait dû s’en tenir là.
Mais une idée saugrenue germa dans sa tête : il serait auteur, auteur de pièces comiques, guérisseur de l’humeur et pourquoi pas auteur à succès, tant qu’à faire. Il s’y voyait déjà. Il installa un bureau devant la fenêtre, nettoya son ordinateur, acheta un stock de feuilles A4 et des cartouches d’encre, se frotta les mains et attendit : un jour, une semaine, des mois. L’inspiration le fuyait désespérément. Et chaque jour il se dévalorisait un peu plus, se sentait de plus en plus nul. Les mauvaises habitudes revinrent très vite. Sa femme partit en courant vers des cieux toujours bleus. Alors il se laissa couler et se vautra dans son malheur non sans un certain plaisir malsain.
Il souffrait d’avoir vieilli, de ne plus séduire aussi facilement que lorsque hier encore il paradait, fier d’être le tombeur ravageant les coeurs. Le coq du village, ça ne marchait plus. Alors, grâce au bistouri il était redevenu « le beau » qui avait eu tous les succès.
Quel imbécile il avait été. Mais qu’est-ce-qui lui avait pris de vouloir reculer 10 ans en arrière. Le pire c’était que s’il avait eu le temps de le réaliser, il n’aurait pas celui de le regretter.
C’est lors de cette décennie qu’il s’était débarrassé d’une de ses maîtresses qui le faisait chanter, il l’avait étranglée puis pendue afin que l’on croie au suicide. Mauvais alibi, ça n’avait pas tenu, direction Cour d’Assises, prison. Le jugement tomba en 1979.
C’était pour aujourd’hui. 5H du matin : bruits de pas, de clés, gardiens, avocat, aumônier, verre de rhum, cigarette, guillotine, malle en osier, tout était prêt dans la cour de la Santé.
Il s’était bien loupé, on ne l’avait pas raté.
Pas de bol, deux ans plus tard, la peine de mort était abolie.
🐀 CURE DE JOUVENCE
Le père Lasèche voyait le bout du tunnel de sa longue vie dans le fond pas si monotone.
Bésicles, sonotone et canne en main, il allait bon train et dès le petit matin prendre son gorgeon chez l’ Antoine, le bistrot du coin. Et quand je dis le coin ! Je vois large, il n’y en avait qu’un à dix kilomètres à la ronde, valait mieux pas le louper.
– Alors Lasèche, un p’tit café ? Comme au bon vieux temps de quand t’étais facteur !
– avec un’ p’tite gnôle alors ? rapport à la mémoire, ça aide à m’revnir.
– Tu te rappelles la première fois qu’t’as bousculer la Germaine ? Elle criait comme un goret qu’t’étais qu’un cochon !
– je me rappelle bien, j’ai fini au violon !
– T’as toujours été doué pour la musique !
– Ça m’a fait une solide réputation de flutiau j’en jouais pas tant qu’ça ! En tout cas, pas autant qu’j’aurais voulu.
C’est déjà midi ?
Le temps passe vite. J’entends les glaçons ! Un coup de blanc-limé ne serait pas de refus
Puis un, puis deux, puis trois…
-Antoine, mets y l’calva. Ça va me faire digérer tout ça.
– Tout doux l’ami, un p’tit génépi ça fait tout pareil et c’est moins fort.
– Ton truc de curé là ! J’en veux pas ça ravigote moins les tuyaux du souvenir. Le Calva, y a qu’ça et toute une histoire avec. La Fernande elle m’en offrait toujours un pour la route après… Ça me mettait les roues droites pour la montée suivante.
– Dis-donc Lasèche, va p’tet ben falloir que t’arrêtes ta cure de jouvence. À r’monter dans l’temps tu vas te r’trouver en barboteuse et compte pas sur moi pour te langer vieux saligaud. Tu sais combien qu’t’en as descendu ?
– Ben c’est là le problème tu vois l’Antoine, j’me rappelle bien du passé, les images avec et presque j’les sens, mais c’qui m’fait défaut, c’est l’présent !
Il est encore pas arrivé jusqu’à moi. 🐀
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là…
Il se sentait tellement mieux, ça n’était qu’un début, le début de sa nouvelle vie. Déjà il avait changé de nom, il avait pris un pseudonyme. Jak St Ange.Son nouveau nom ressemblait à celui d’un personnage de Bd, c’était parfait.Il lui fallait plus, la puissance, la capacité à voir au delà des apparences, les femmes, la maitrise de ses émotions, la correction de ses défauts pour plaire à chaque personne qu’il croiserait.
Comment s’y prendre?
Il alla voir un guérisseur philippin, des magiciens vaudous, un Chamane péruvien, mais rien n’y faisait, il se sentait toujours impuissant devant la vie. Il n’était pas question que quoi que ce soit lui échappe.
Il voulait parer à toute situation.
Il trouva une autre solution. Il avait entendu parler de voyages astraux, qui permettaient de revenir sur terre muni de nouveaux pouvoirs.
Mais comment faire? Personne dans les thérapeutes quantiques qu’il alla voir ne pouvaient l’aider.
Il compris qu’il devrait trouver lui même le moyen d’y arriver.
Il se mit à utiliser l’hypnose pendant un an , deux ans. Et un jour, il réussit.
Il sentit qu’il commençait à sortir de son corps. Il se sentait partir au dessus du monde.
Il vit le monde en 5 dimensions, rencontra des âmes à la recherche d’autres âmes, et aussi une âme qui lui promit tout ce qu’il voulait, à une seule condition.
Il pourrait avoir le pouvoir de voir au delà de cette dimension, aurait la maitrise de lui même, la puissance, et des femmes la journée.
Mais la nuit tombée, il ne pourrait plus jouir de ses nouveaux dons. Le marché était sans retour possible.
Jak réfléchit. C’était un peu embêtant, la nuit, comment ferait il avec les femmes? Et en même temps c’était un occasion exceptionnelle, personne ne lui proposerait exactement ce qu’il voulait à nouveau.
Bon je pourrais toujours passer des moments avec elles la journée pourquoi pas.
Il accepta. Très vite il s’aperçut qu’il changeait. Il lui semblait qu’il avait encore rajeuni.
Il n’était plus dominé par ses émotions, il pouvait voir plusieurs jours à l’avance ce qui allait exactement se produire, et aussi lire dans les pensées des autres. C’était formidable. Une nouvelle vie allait commencer.
Mais bien vite, il commença à s’inquiéter.
Il s’endormait bien le soir dans son lit. Mais le matin, il ne se rappelait de rien. Aucun rêve, il ne se réveillait pas, et le plus troublant, il avait l’impression étrange qu’il venait juste de rentrer, d’ailleurs, ses vêtements n’étaient pas à la même place.
Il recontacta l’âme qui lui avait donné ses dons, avec difficulté il faut bien l’avouer.
« Que se passe t-il la nuit? Pourquoi mes affaires ne sont elles pas à la même place? Et pourquoi ai je la sensation d’avoir vécu une autre vie? «
« C’est tout à fait ça, lui dit l’âme en question. La nuit je t’ai dit que tu n’aurais pas tes dons… La nuit, tu me laisses la place, et c’est moi qui prends possession de ton corps avec tes nouveaux dons.
Je vis dans cette ville et je vais me prélasser dans les bras de jolies créatures… «
Jak était ébranlé…c’était catastrophique. Et si l’âme en question commettait des méfaits?
Il en avait froid dans le dos.
Il compris que l’âme en question était peut être le diable.
« Je veux garder mon corps la nuit »
« Non, ca n’est pas possible un marché est un marché ».
Il réfléchit, réfléchit.
Ses nouveaux dons, étaient ils si précieux?
Pouvait il y renoncer? Et redevenir ce qu’il était avant ?
« Ne vas tu pas t’adonner à quelques méfaits? »
« Je n’ai pas à te raconter ce que je fais, de toutes façons, je ne le sais pas à l’avance, je fais selon les rencontres , mais ne t’inquiètes pas, j’ai envie que ça dure longtemps, ce petit jeu me plaît, je ne ferai rien qui pourrait te corrompre. Un marché est un marché».
Jak était dans tous ses états.
Renoncer, renoncer, c’était revenir en arrière. Et qu’est ce qui lui disait qu’il redeviendrait comme avant?
« Un marché est un marché… il n’y a pas de retour possible »
Il réfléchit ….pas trop longtemps.
C’était fini, il ne pouvait plus revenir en arrière.
Au début, il décida d’accepter son sort.. au fond dans la vie, rien n’était tout noir ou tout blanc.. nous avons bien deux facettes: l’ombre et la lumière.
Si je peux disposer de la lumière la journée, c’est déjà magnifique.
Mais au fil du temps, il se sentait de moins en moins bien en se réveillant, il lui fallait de plus en plus de temps pour se sentir reprendre possession de ses forces.
Il réfléchit à une solution pour sortir de ce guêpier dans lequel il s’était fourré.
IL finit par penser que le plus apte à déjouer les pièges du malin, celui qui était aussi puissant, oui il n’y en avait qu’un, … c’était Dieu… Dieu lui même.
Mais comment le rencontrer? Il se renseigna, il se risqua à l’église, quand elle était déserte. Il parla à un prêtre.
Le prêtre lui dit: vous avez eu raison de venir. A partir de maintenant, Dieu est dans la partie.
Ne vous inquiétez pas. Dieu est plus fort que le diable. Je vais prier pour vous , mais vous, vous allez voir un prêtre exorciste et vous prierez chaque heure de la journée.
Jak obtempéra. Il n’avait pas le choix… Une nuit dieu lui apparut: « Jak, me voilà près de toi. Tu as voulu me dépasser mais me dépasser c’est se soumettre au malin. Tu l’a appris à tes dépends.
Je te promets une chose: Si tu vis selon tes dons, ceux que tu as reçus à ton arrivée sur cette terre, dans l’humilité, si tu aides ton prochain, tu pries pour ta famille et la paix dans le monde, suffisamment de temps, et que tu agis dans ce sens, tu seras aimé de moi, des autres, Tu connaitras la puissance de l’amour, et ton coeur sera pûr comme celui d’un jeune enfant, il te faudra renoncer aux femmes.
Mais pour cela, j’ai besoin d’entendre que tu as sincèrement envie de me suivre. Et je t’aiderai, le chemin sera long, mais tu y arriveras, si tu le souhaites sincèrement et que tu as la foi.
Tu auras le choix de suivre ce chemin ou bien de retourner vers le malin.
Qu’en dis tu? «
Jak, n’en revenait pas.
Etait ce possible? Il pourrait avoir ce qu’il souhaitait depuis toujours…L’amour..
II accepta sans hésiter…
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas dépassa toutes ses espérances. Un comble se dit-il l, si j’y avais cru j’aurai rajeuni d’au moins vingt ans. Là, il avait juste rajeuni de dix ans et son fauteuil demeurait le même. S’il avait été raisonnable, il en serait resté la, à douter de l’efficacité de tout, à radoter sur l’existentialité de la vie et l’aigreur de l’huile de foie de morue.
Ce qu’il craignait par dessus tout, c’était d’atteindre les 150 ans et d’être couronné comme vieillard de l’humanité. Il se savait ciblé depuis longtemps. L’Epahd de luxe que l’état lui avait octroyé prenait soin de lui et surtout de sa bonne tronche télévisuelle. L’affiliation au consortium pharmaceutique lui avait autorisé quelques extras, gastronomiques ou sexuels, selon les semaines. Il avait parfois du mal à choisir entre le canard au sang et la poule au jus.
Là, sa tête fléchissait et il retombait dans le même crochemarre. L’infirmière en chef le présentait au président de la République.
« Voila, Mr le Président, je vous présente Mr Vincent, bientôt un saint, qui sait ? 150 ans ce matin et toujours frais de la biscotte. Et oui, Mr le Président, il la trempe encore seul dans son jus de chicorée. Mr Vincent a traversé deux guerres mondiales, quelques rebellions régionales, des avortons de révolution, plusieurs catastrophes nucléaires, une dizaine de canicules et un collier de virus. Et toujours là, pimpant, fringant, le dentier alerte et la langue vaporeuse. »
A ce moment, en général, il levait un doigt pour réclamer son fortifiant, c’était leur contrat. On lui apportait un très viel Armagnac dans un gobelet standardisé. La télévision faisait le tour de son antre, et filmait. Un réveil sans aiguilles, une pince à vélo, une photo de sa première femme, une revue de 1930: Mécanique Populaire avec un dossier spécial sur l’avenir du vélo. Puis s’en allait. L’infirmière rangeait toutes les babioles dans le tiroir du bas.
« On les ressortira dans 10 ans…hein Mr Vincent! ». Il se demandait toujours pourquoi elle criait si fort, alors qu’il était sourd depuis longtemps et que c’était toujours ça de gagné.
Le fauteuil n’avait changé en rien, ni de place, ni de consistance, une juste petite étagère avec vue sur le lit. Mr Vincent bricolait. Son philtre de jeunesse prenait corps: trois cuillérées de bouillon de poule, un yaourt à la vanille, et quelques larmes d’armagnac pour donner de la couleur. Mr Vincent s’avala le tout et attendit.
Un frémissement lui chatouilla les chevilles et descendit lui sembla t’il jusqu’aux roulettes. A vue de nez bouché et de vision cataractique, il ne se sentait plus qu’âgé de 120 ans. Un petit bond vers le reconnu. La fenêtre était ouverte et l’espoir lui chatouillait le neurone.
C’est alors qu’Albert, le technicien à tout faire entra dans sa chambre. C’était un bon colmateur de brèches, ajusteur de tuyaux, déboucheur de bouchons et autre dérouilleur de cadenas gercés. Mr Vincent ne l’entendit pas mais saisit vite, au delà du bon sourire d’Albert.
« Bon, ben Mr Vincent, ordre du patron, je dois démonter les roulettes de votre fauteuil, question de sécurité….un accident, ce serait trop bête…à votre âge! «
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas, dépassa toutes ses espérances. Il avait rajeuni de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là, car il remarquait que les femmes se retournaient sur lui, engageaient plus facilement la conversation, que ses amis lui demandaient son secret. Il avait rasé cette barbe qui blanchissait d’un côté, avait teint ses cheveux, plus sel que poivre, portait des lentilles qui lui faisaient un regard émeraude et s’était relooké de la tête aux pieds. Mais paraître quarante-cinq ans ne lui suffisait pas. Malgré tous ses efforts et après avoir un peu bricolé son CV, la bonne femme de chez Popol lui avait fait comprendre que son âge avancé ne lui donnait guère de chance pour retrouver un emploi de cadre. Les entretiens d’embauche se déroulaient dans le stress, car les recruteurs lui expliquaient, avec leur doigté légendaire, qu’ils recherchaient une personne « jeune et dynamique » et qu’il était déjà catalogué sous la rubrique « sénior ». Dépité, il se levait de sa chaise après « on vous recontactera ». Las de ses échecs répétés, il décida de doubler la dose, puis de la tripler.
Il comprit qu’il avait un tout petit peu exagéré lorsqu’il alla déjeuner un dimanche chez ses parents. Sa mère s’évanouit et son père décrocha le fusil. Il prit ses jambes à son cou devant leur incompréhension. Et c’est ainsi qu’il se retrouva dans sa classe de troisième, au quatrième rang, au fond de la classe de Mme Vaneille, la prof de maths, qui lui avait toujours donné des sueurs froides. Mais cette fois-ci, les équations et autres sinus et cosinus rentraient comme dans une motte de beurre dans ses neurones décrépits.
Fort de son expérience, il refit sa vie en évitant bien de fréquenter la Josy qui lui avait tellement compliqué l’existence.
À vous d’imaginer la suite !
J’ai oublié de vous dire que la lisibilité est accrue si les textes sont en noir sur du blanc. Votre très élégante couleur bleue n’est pas assez lisible. Merci de votre compréhension.durand JEAN MARC
Indépendant de ma volonté. J’ai envoyé ce texte directement à Pascal parce que j’avais eu un problème de transmission. Ici mon texte m’apparait, comme les autres, noir sur blanc et la lisibilité globale me convient tout à fait. Quant aux règles, elles varient beaucoup selon les « éditions ». C’est juste dommage si cela ne vous a pas permis d’apprécier mon texte. Sinon, nous allons laisser un peu Pascal tranquille, car le pauvre a les pieds dans l’eau. On lui soutient le moral, les questions seront pour plus tard! Cordialement!
Pascal. Une suggestion pour la présentation des textes sur votre blog. Vos caractères sont trop petits. Les règles d’une bonne lisibilité sur écran sont de 8 à 12 mots par ligne, or vos lignes dépassent, et on a du mal à lire et à rester concentré. Vous pourriez corriger cela, sans changer votre blog, mais juste en passant à un (ou deux) corps supérieur. J’ai créé un blog par ces temps de disette. Voyez http://10souvienstoi.centerblog.net Vous verrez comme la lisibilité est agréable. On lit vite. On est satisfait. Vous auriez davantage de succès si vos caractères étaient plus grands. Bref. Un peu d’histoire : Vous êtes un grand homme. J’ai suivi votre cours au CFPJ journalisme dans les années 80. Votre livre « Libérer son écriture et enrichir son style » a été un de mes livres de chevet. Je vous retrouve sur Internet avec plaisir. J’ai animé des ateliers d’écriture pendant 6 ans, j’ai arrêté, et j’ai repris un peu de service pour le confinement. J’aimerais participer à votre blog, mais vos petits caractères me gênent. Très cordialement. Philippe Delaoutre
La cure de jouvence à laquelle il ne croyait pas,dépassa toutes ses espérances.Il rajeunit de 10 ans.S’il avait été raisonnable il en serait resté là.
Tout avait commencé par une remarque de Martin:
Si seulement il avait quelques années de moins,mais là,regardez moi à quoi il ressemble!Je crois que je vais être obligé d’en changer.
Le pauvre poste de télévision avait encaissé la nouvelle.
Bien sûr il avait entendu parler de nouveaux modèles,ultra haute définition,écran géant etc….Mais lui,n’avait-il pas toujours été fidèle au poste ironisa-t-il,malgré son chagrin.
Il entendit un jour parler d’une cure de jouvence en ampoules à prendre pendant un mois
Satisfait ou remboursé.
Il commanda le produit et s’en trouva fort bien.Bonne qualité d’image,contrastes équilibrés,son de meilleure qualité.
Martin s’en étonna mais ne changea pas d’avis.
Le malheureux poste se commanda pour trois mois de traitement.Les ennuis commencèrent.
Son écran se rétrécit au bout d’une quinzaine de jours,il se bombât,les coins s’arrondirent,le corps devint épais et prit du volume par derrière.Impossible d’enrayer le processus désormais.
L’écran devint encore plus petit,plus rond,plus bombé,des boutons apparurent sur le côté,la télécommande disparut.
De noir ,le coffrage passa au beige,la Mire s’installa.
C’est quand l’image passa au noir et blanc que le poste pansa au suicide dans une implosion fatale.
Cependant Martin ne disait rien,observent le phénomène avec intérêt et une certaine nostalgie de la télé de son enfance.
Ses amis se déplaçaient pour voir ça.
Mon vieux, tu as là une relique très vintage, je donnerai cher pour la posséder.Ca me rappelle Rintintiin,Catherine Langeais.Et ce léger flou,cette « neige » en attendant l’image.Une pure merveille.Tu tiens la un trésor.
Arte vint faire un reportage chez Martin.Le rajeunissement semblait avoir cessé.Deux boîtes d’ampoules restaient intactes quelque part.
Le poste resplendissait de satisfaction.
Il l’avait échappé belle.
Excellent !
Il avait 70 balais. L’âge bête. Celui de l’Homme qui refusait de vieillir. Obèse, cardiaque, diabétique, le drapeau de la libido en berne, il avait remarqué dans les regards qu’il croisait une lueur de mépris. Et ça le minait.
Quoi de mieux qu’une cure de jouvence ?
Il n’y croyait pas trop, mais qui sait ?
Bingo ! La cure dépassa toutes ses espérances. Mais cela n’était pas suffisant.
Une seconde cure et ce sera parfait, pensa l’Homme.
Il consulta la médecine qui ne vit aucune contre-indication.
L’homme en revint moins ravi.
Amaigri, cardiaque, diabétique, le drapeau de la libido toujours en berne.
L’Homme se faisait ronger par ces invisibles voraces qui gagnèrent la bataille.
La médecine avait eu tort, ou, elle était myope. L’Homme décrocha le jackpot. Un billet sans retour. Direction, l’Enfer. Sans escale.
Et pourtant, il croyait au Paradis.
Elle avait 70 printemps. L’âge serein. Celui de la Femme qui vieillissait naturellement. Elle n’écoutait pas les douleurs de son corps. Elle continuait le train-train de son quotidien. Et ça ressemblait au bonheur.
Elle a fini par oublier que L’Homme ne la regardait plus depuis belle lurette, qu’il ne la voyait même plus. Lui aussi était miro.
Et cette histoire de cure de jouvence. Mais quel idiot, pensait-elle.
Et puis, il y eut autre chose.
Bénévole à la Société Protectrice des Animaux, elle fit une rencontre extraordinaire. Ce genre de rencontre qui fait redresser les poils des deux intervenants. Une adoption éclair. La joie était revenue au foyer.
La Femme avait tant d’amour à donner.
Et elle voyait tant de tendresse dans les yeux de son chien-loup.
– Tu es prêt, lui demande-t-elle. C’est l’heure de la promenade, viens vite Jouvence.
Elle court, elle court, elle court…. LA RUMEUR
et elle commence à s’essouffler… à se fatiguer… à vieillir.
Panique : « si je m’essouffle, si je me fatigue, je meurs !» pense-t-elle.
« faut que je continue à me répandre et à me multiplier sans relâche »
« si je perds la frénésie de la multiplication, je me dévitalise ».
« faut que je reprenne des forces coûte que coûte, faut que je retrouve mon tonus d’antan, ma jeunesse, mon insouciance ! ».
Ayant répandu elle-même, mais par jeu malveillant comme il se doit, les bienfaits d’une cure de jouvence « RAVIGOTA », elle se demanda si après tout…bof, sait-on jamais ?… bref, elle se précipita sur le flacon et en bu la moitié sans précaution.
Notre rumeur qui s’étiolait eut subitement un sursaut de « revenez-y » et alors qu’elle était en train d’être oubliée, elle refit le tour du quartier, de la ville, du département et même de la France entière, bref, elle vivait une seconde jeunesse… WAOUH!
« Mais ça marche! » s’écria-t-elle en brandissant le flacon de « RAVIGOTA » !
Je me sens dix ans de moins !… je suis une bonne rumeur alors ???
Surexcitée, galvanisée, elle finit le flacon d’un trait :
Horreur – Malheur !
Un tremblement l’envahit !
Elle se mit à tourner sur elle-même comme une tornade.
Un retour en arrière incontrôlé la posséda. (comme pour les visiteurs dans le film 😉
Forte de cette nouvelle jeunesse, elle fut prise de fébrilité, se multiplia à l’infini sans précaution, se propagea à foison avec opportunisme.
Et ce fut le cataclysme :
Car TROP c’est TROP, la population commença à s’en amuser, à s’en étonner, et (chose terrible pour elle) à s’en méfier….puis à l’oublier.
Et lorsqu’on commence à se méfier d’une rumeur, même rajeunie : ELLE MEURT.
Et c’est ce qui est arrivé: FIN DE LA VIEILLE RUMEUR RAJEUNIE .
Moralité : vive RAVIGOTA qui tue les rumeurs !
S’il avait été raisonnable.
Mais de raison, il en avait trop mangé ces derniers temps.
« Ne mets tes doigts dans la bouche ! Ne touche pas ton nez ! Tu t’es lavé les mains ? Tu as fait tes devoirs ? Il va falloir grandir mon garçon ! Parce que c’est la guerre. Tu as entendu le président ? Tu veux tuer ton grand-père, juste par négligence, lui qui a survécu à la grande, dans la résistance ? »
Benjamin se levait à 7 heures chaque matin, prenait sa douche au gel hydroalcoolique, faisait chauffer son lait pour son chocolat avant de se mettre au café comme papa, il regardait les dessins animés sur Gulli – à ton âge, on lui dira en passant ! – avant de rester scotché sur BFM TV et les émissions « Nation apprenante », il jouait à la Playstation, de moins en moins longtemps, avant d’opter pour le Scrabble avec maman, il se lavait les mains, de plus en plus souvent, n’allait dehors qu’avec son attestation et sans ouvrir la bouche à moins de deux mètres du premier gars louche.
En deux mois, la peur et la méfiance avait pris la place de l’insouciance.
« Un vrai petit bonhomme, ce Ben » disaient les autres mamans en le voyant chargé des commissions, tassé par l’accumulation de ces nouvelles responsabilités sur ses petites épaules, un vrai petit contremaître qui avait l’œil sur son confinement au service de la France.
Cela faisait une semaine, déjà, qu’il avait repris l’école.
Ses parents n’avaient pas eu le choix. Pour papa et maman, c’était comme s’il était parti au combat. La veille, leurs mots étaient de circonstance, du genre : la guerre continue de faire rage au front brûlant des soignants qui se battent contre un ennemi invisible dans des trachées piégées sous des bombes de toux. Ben était au « garde à vous » de papa et au « prends garde à toi » de maman.
La cour de jouvence à laquelle il ne croyait plus, dépassa toutes ses espérances. Il rajeunit de dix ans. S’il avait été raisonnable il en serait resté là, mais alors qu’un matin il faisait chauffer son biberon, sa mère accourut affolée dans la cuisine, regardant son fils avec horreur :
« Mais, Ben, tu as… fait pipi au lit ! »
J’adore!
Oh! Merci, Camomille, votre enthousiasme me ravigote !