491e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Sur l’étal d’un fleuriste, une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement…

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Chaque jour, des essaims d’idées bruissent dans votre cerveau. Les exercices de Pascal Perrat vous entraînent à en faire votre miel.

32 réponses

  1. oholibama dit :

    Sur l’étal d’une fleuriste, une fleur lui sourit. Croyant avoir rêvé, elle revint sur ses pas pour s’en assurer. A son grand étonnement, la fleur avait disparue. Le coeur serré, elle appela la jeune femme qui l’instant d’avant, se tenait tout près de cette beauté.

    Tout sourire, la jeune vendeuse se pressa auprès d’elle afin d’accéder à ses désirs.
    _Mademoiselle, en passant j’ai aperçu une merveille. Je suis revenu sur mes pas mais elle ne se trouve plus à l’étal. Pouvez-vous me donner le nom de cette fleur…j’aimerai tant la voir dans mon intérieur. Elle magnifierait par sa grâce, par son port de reine,par ses douces couleurs la terne vie de mon intérieur.

    Étonnée la jeune femme sembla chercher dans ses souvenirs. Elle sait que son fournisseur lui a livrer hier dans la soirée de belles beautés…de cela elle le sait bien. Son étal ce matin en regorgeait mais une lumineuse au point de redonner vie à un intérieur fané…ça! Elle ne se souvenait pas d’en avoir ne serais-ce une parmi les belles de jours et encore moins des belles de nuit.

    Oh se dit ‘elle, une comme celle-là pour sûr, elle l’aurai bien garder rien que pour sa propre petite vie. Son appartement de cinquante mètre carré, ses meubles désordonnés, le bruit et l’odeur du resto chinois, le miaulement strident des chats se battant pour un peu de poulet frit. Son regard se voila.

    Un sourire prit vie sur sa face rebondie. Un éclat de lumière la rendit telle qu’elle était vraiment…belle comme la ribambelle de fleurs qu’elle aimait, comme la douceur et l’éclat de sa peau au doux soleil. Telle sa joie, la tendresse qu’elle apportait aux petites gens qui venaient rien que pour discuter un tout petit peu avec elle.

    Elle leur donnait pour la journée de quoi respiré, de quoi se souvenir que ce jour sans éclat devenait grâce à sa tendresse, à son sourire un bon moment de vie. Une vision simple dans une très très longue journée. Ébahie, elle remercia la jeune fleuriste lui disant qu’elle reviendrait dès demain dans la matinée.

    Souriant à nouveau, la fleuriste donna pour la fin de sa journée de quoi lui rendre sa gaieté. Dès le lendemain et depuis-lors, Marie-Noëlle et Fleur devinrent les meilleurs amies du monde. Marie-Noëlle reconnut par la suite qu’un rayon de soleil avait éclairé le doux sourire de Fleur alors que celle-ci avait le visage presque enfouie parmi ses belles de jours…que l’éclat de son regard avait donné cette impression qu’une fleur lui souriait.

    Plusieurs jours passèrent. Marie-Noëlle et fleur ne se quittèrent plus. elles ouvrirent un magasin ou l’enseigne donnait à elle seule le sourire.Voulez-vous connaître ce nom? A la fleur qui sourit. Quand le rayon de soleil se fait bien pâle…Le doux sourire de Fleur, le remplace très bien. y.l.
    Sur une idée de Pascal Perrat.

  2. JAHIN dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste, une fleur lui avait souri, croyant avoir rêvé, elle revint sur ses pas pour s’en assurer, à son grand étonnement,
    la fleur l’enivra de ses effluves la transportant dans un « ailleurs » au pays de ses souvenirs, elle, qui était récemment endeuillée suite au trépas de sa mère à l’approche des fêtes de Noël.

    Elle dévora du regard la rose et pensa que cette fleur, c’était la réincarnation de sa mère qui lui adressait un message de réconfort, des paroles douces et tendres puis aussi un grand merci pour l’avoir accompagnée jusqu’à son dernier souffle dans sa maladie et effacer peu à peu tous les affres de la vie.
    A force de fixer la divine fleur, elle remarqua son mouvement et sa taille imposante qui dépassait d’une tête les autres fleurs. Qu’elle avait fière allure même les couleurs de ses pétables étaient singuliers!Elle était bleue virant sur le noir…

    Soudain,elle y vit un signe du destin comme une révélation : la rose était là pour panser ses bleus à l’âme tout simplement. !
    Elle saisit la fleur, la porta à sa bouche pour percevoir le satiné de sa robe, l’embrassa et se dirigea vers la caisse afin de régler son achat . De retour à la maison, elle tint promesse d’honorer le soliflore en opaline resté sur un guéridon en proie ces derniers temps à une profonde solitude en y déposant chaque semaine la plus belle des fleurs pour garder à jamais le bonheur de cet incommensurable amour maternel.

  3. Françoise - Gare du Nord dit :

    VERSION RECTIFIEE

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement, elle l’entendit lui parler…

    – « Madame, Madame. Ecoutez-moi, je ne vous demande que deux secondes de votre temps. Regardez-nous, mes sœurs et moi. Ne sommes-nous pas jolies ? »

    – « Tout à fait charmantes il est vrai, mais… »

    – « Notre teint n’est-il pas ravissant ? »

    – « Frais comme celui d’un lys mais… »

    – « Et nos yeux ? Ne sont-ils pas merveilleux ?»

    – « Votre iris pervenche est en effet remarquable mais … »

    – « Et notre couleur, ne la trouvez-vous pas exquise ? »

    – « Cette teinte rose vous sied à merveille mais… »

    – « Alors par pitié achetez-nous ! Nous nous faisons toutes du mouron et de sombres pensées nous assaillent. La mélancolie nous guette et nous perdons patience. Nous aurons bientôt une face de chrysanthème et finirons par prendre racine, devenir immortelles, si nous ne nous fanons pas avant. Si c’est une question d’oseille qui vous retient, n’ayez crainte, nous ne sommes pas chères. Je pourrais croire que les passants ont des orties et des chardons dans leurs poches. Or nous voyons bien que certaines de nos consœurs – et rivales – sont emportées par brassées. Ma mère nous le répétait : ‹ On ne botte à personne, mes filles, il faut que nous en prenions de la graine. Sinon, vous finirez par boire le calice jusqu’à la lie. Le client qui nous achètera, c’est le trèfle à quatre feuilles !›. Pitié, achetez-nous, nous sommes délicieuses, de véritables oiseaux de paradis »

    – « Puis-je sentir votre odeur ? »

    – « Heu oui » répondit un peu gênée la crevette, devenue soudain rouge comme un coquelicot »

    – « C’est bien ce que je pensais. Vous sentez le poisson la vulgaire marée.

    – « C’est chaque fois la même histoire, c’est toujours à ce moment-là qu’on nous refuse »

    – « Vous vous êtres trompées de boutique. Votre place est dans la poissonnerie d’à côté. Vous n’êtes pas des fleurs. Vous êtes un bouquet de crevettes, mesdemoiselles »

  4. Françoise - Gare du Nord dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement, elle l’entendit lui parler…

    – « Madame, Madame. Ecoutez-moi, je ne vous demande que deux secondes de votre temps. Regardez-nous, mes sœurs et moi. Ne sommes-nous pas jolies ? »

    – « Tout à fait charmantes il est vrai, mais… »

    – « Notre teint n’est-il pas ravissant ? »

    – « Frais comme celui d’un lys mais… »

    – « Et nos yeux ? Ne sont-ils pas merveilleux ?»

    – « Votre iris pervenche est en effet remarquable mais … »

    – « Et notre couleur, ne la trouvez-vous pas exquise ? »

    – « Cette teinte rose vous sied à merveille mais… »

    – « Alors par pitié achetez-nous ! Nous nous faisons toutes du mouron et de sombres pensées nous assaillent. La mélancolie nous guette et nous perdons patience. Nous aurons bientôt une face de chrysanthème et finirons par prendre racine, devenir immortelles, si nous ne nous fanons pas avant. Si c’est une question d’oseille qui vous retient, n’ayez crainte, nous ne sommes pas chères. Je pourrais croire que les passants ont des orties et des chardons dans leurs poches. Or nous voyons bien que certaines de nos consœurs – et rivales – sont emportées par brassées. Ma mère nous le répétait : ‹ On ne botte à personne, mes filles, il faut que nous en prenions de la graine. Sinon, vous finirez par boire le calice jusqu’à la lie. Le client qui nous achètera, c’est le trèfle à quatre feuilles !›. Pitié, achetez-nous, nous sommes délicieuses, de véritables oiseaux de paradis »

    – « Puis-je sentir votre odeur ? »

    – « C’est bien ce que je pensais. Vous sentez le poisson la vulgaire marée.

    – « Vous vous êtres trompées de boutique. Votre place est das la poissonnerie d’à côté. Vous n’êtes pas des fleurs. Vous êtes un bouquet de crevettes, mesdemoiselles »

  5. MALLERET dit :

    Il s’agissait bien d’une marguerite. Comment pouvait-il en être autrement ? Est-il utile d’expliquer que la jeune femme qui s’était retournée, pour rendre son sourire à la fleur, s’appelait Marguerite ? Entre homonymes on se reconnaît et puis, Marguerite et marguerites
    avaient en commun ce souvenir de parfum indéfinissable des champs gorgés de soleil au moment où les blés sont murs, qu’ils oscillent au souffle léger du zéphire, laissant apparaître les coquelicots.
    Toutes les deux avaient été déracinées de leur milieu ambiant, l’une des champs l’autre de son sud natal. La jeune femme acheta le bouquet, comme semblait lui demander la fleur.
    D’ailleurs, Marguerite adorait les marguerites. Si elle pouvait choisir le jour de sa mort, ce serait en plein été pour que son cercueil en soit noyé sous des brassées. Peu importe si cela transgressait les préceptes de son appartenance religieuse : « Ni fleurs ni couronnes ».

    Mais pour l’heure, elle souriait en marchant et pensait : « je vous aime, un peu, beaucoup, passionnément ».

  6. Michele B.Beguin dit :

    LA FLEUR QUI A SOURI

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri.. croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer.

    A son grand étonnement Elise constate que malgré le confinement les fleurs sont hors de la boutique alors que la porte est fermée à clé.
    Elle effleure chaque bouquet dont toute les fleurs ont séché sauf…… Et retrouve cette unique fraîche qui cherche à lui dire quelque chose. C’est une gaillarde dont le coeur a la couleur rouge sang et les pétales au bout jaune soleil.
    Elle se penche pour mieux comprendre mais n’entend rien. Elle prend ses écouteurs, les ajuste a ses oreilles et pique la base jack au coeur de ce pollen abondant.

    Après un gargouilli indicible, La fleur prit la parole.
    « Quelques passants masqués et gantés sont passés en marchant vite sans me voir. Merci de m’avoir repérée au milieu des ces innombrables fleurs séchées. Je voulais juste que tu comprennes que je suis l’exception qui confirme la règle. Il y a une faille en toute chose, c’est par là que passe la lumière, j’en suis la preuve. Sache que la lumière est en toi. Prends moi avec toi, je suis aujourd’hui ton cadeau de la vie  »

    Elise prit la fleur avec délicatesse pour l’emmener chez elle.
    Cette jolie gaillarde dont elle prend toujours soin, ne s’est jamais fanée.

  7. françoise dit :

    491/Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement, la fleur continuait à lui sourire. Elle l’acheta , la huma et entendit celle-ci lui chuchoter «  Garde le sourire et profite de chaque instant de la vie. Emue elle fit tomber une larme, telle une goutte de rosée, sur une de ses pétales.
    Pendant le trajet du retour, elle se demanda dans quel vase elle la mettrait :
    – dans un uniflore ?
    – ou bien la piquerait-elle dans le bouquet « oeillets de poètes » que lui avait offert dernièrement un vieil ami lequel lors de ses visites aimait lui réciter des poèmes, et qui dernièrement lui avait offert « les fleurs du mal » de Beaudelaire.
    Un vrai choix cornélien s’amusa-t-elle…..

  8. RENATA dit :

    A son grand étonnement elle se mit à chanter :
    « Je suis une fleur de province , ni trop grande , ni trop grosse , ni trop mince , j’arrive avec ma valise car Paris c’est pour moi la terre promi i se * »
    Et clac!! le sécateur du fleuriste lui coupa la queue et la chique .

    *Charlotte Julian 1972

  9. Michel-Denis ROBERT dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé, elle revint sur ses pas pour s’en assurer. Elle avait disparu.  » Disparue ! Disparue !  » Elle fredonna la chanson :  » Disparue ! Disparue !  » Elle s’en voulut d’avoir manqué de spontanéité. Mais quelqu’un répéta derrière elle comme pour la rassurer :  » Disparue ! Disparue !  » La voix correspondait exactement à son souvenir de la chanson. Cela ne pouvait être lui. Elle ne se retourna pas. Ils chantonnèrent tous les deux en coeur, au beau milieu de la brocante du co-vide-grenier. 19 des habitants du village s’étaient donné le mot pour fêter les retrouvailles. Chacun avait dû préparer pendant la période d’isolement, un stand d’idées créatives réalisées à partir d’objets qui ne servaient plus dans la maison. Et le hasard l’avait conduite sur ce plateau de fleurs, juste devant son entrée.
    – Salut Jean-pierre, même avec ton masque, j’ai reconnu ta voix.
    – On peut se faire la bise maintenant.
    – On va attendre un peu, avant les ambrassades.
    – Qu’est-ce qui t’amène par ici ?
    – J’ai été attirée par le sourire du jasmin. Et toi ?
    – Je suis devant chez moi, sourire du jasmin !
    – Oui, c’est une longue histoire. Puis s’adressant au vendeur, elle demanda où était passée la fleur blanche qui souriait.
    – Elle vient d’être vendue. Tenez, c’est la femme au foulard, là-bas, après le stand des anti-virus.
    – Il y en a qui ont le sens de l’humour ! Je vais essayer de la rattraper.
    En se rapprochant de la femme, elle ôta son masque.
    – Pourquoi retires-tu ton masque ?
    – Pour sentir le parfum du jasmin.
    – Mais…
    – T’inquiète, je suis immunisée. Ensuite je vais au cinéma voir « Le Monde d’après. »
    – Pas besoin d’aller au cinéma, nous allons le créer nous-mêmes.

  10. pakita POM dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste où elle choisissait un bouquet de modestes et pales violettes à la fragrance discrète, qui s’assortissaient bien avec les reflets de sa chevelure au blanc trop vite arrivé et mal assumé, une drôle de fleur, un pétale peut être, comme une ombre sur sa main, lui avait doucement sourit.Croyant avoir rêvé, elle ajusta ses lunettes à double foyer, cela aussi, il fallait bien s’y accoutumer, et , à nouveau, regarda le dessus de sa main pour s’en assurer.

    À son grand étonnement..là, sur cette peau fanée que le temps et le labeur n’avaient guère épargnée, une fleur, tout à coup, avait éclos, assez banale et terne, un peu sombre même…sans doute une saleté, un peu d’eau boueuse sous le revers des feuilles de violettes. D’un geste brusque de l’autre main, elle avait voulu l’effacer. Mais, à nouveau, ce sourire fugace et tenace comme pour dire : «  J’y suis j’y reste et tu vas bien devoir t’en accommoder, accepter ». Une banalité que l’âge sur les peaux sensibles vient ancrer, juste à l’endroit où autrefois, dans les bals , on apposait le tampon d’entrée : une fleur de cimetière… jolie métaphore pour une première tache de vieillesse.

    Alors doucement, à pas feutrés, comme déjà un peu vaincue par le poids des années, elle est rentrée chez elle. Sur le guéridon, dans un petit vase, elle a posé le bouquet de violettes juste à côté du cadre où veillaient ceux qu’elle avait aimés et qui , à sa solitude, l’avaient abandonnée. Dans un soupir, elle s’est laissée glisser dans le grand fauteuil, s’y est pelotonnée et, songeuse, tout en caressant du bout des doigts cette nouvelle compagne , s’est mise à rêver.

    Alors que ses yeux doucement se ferment, elle revoit les trois ou quatre pâquerettes aux tiges inégales, dans sa main potelée, qu’enfant, elle offrait a sa maman tendrement. Elle se réchauffe au souvenir des embrasements multicolores et joyeux du printemps, de ce seringat en fleurs sous lequel, sur un lit de mousse accueillant, elle était si vite passée de l’état d’adolescente à celui de femme. Les yeux fermés, elle sourit et ses lèvres esquissent une petite moue ironique, : « trop vite, beaucoup trop vite… ! »Elle respire les grands espaces des randonnées en montagne d’où elle rapportait des brassées de trolls et de narcisses qui vous enivraient au point de vous donner mal a la tête.

    Ensuite il y eut le temps des roses rouges, messages ardents, puis des bouquets légers à la maternité. Elle était celle maintenant à qui ses enfants offraient d’incertains mais si charmants bouquets. Les fleurs qui rythmaient le temps dans leur grande maison. Les jonquilles … et même l’éclat de soleil de ce simple bouquet de forsythia sur le cercueil de son enfant. Celui là , elle ne l’a jamais oublié, elle en a fait un secret étendard pour pouvoir continuer à avancer et affronter l’inconnu.

    Elle sourit encore.L’inconnu, lui aussi, un jour avait croisé son chemin, impétueux et fou, sans un sou mais capable d’offrir des bouquets somptueux. Des folies d’artistes que ses collègues lui enviaient, comme celui qu’un jour de colère, de stupide jalousie, elle avait jeté, de dépit, par dessus le pont, dans le umulte du fleuve Drôle de sentiment que de le voir voguer, tellement décalé, au fil de l’eau. Petit hochement de tête contre l’appui du fauteuil, fallait -il qu’elle soit bête !
    Avec lui, les fleurs devinrent exotiques au rythme de leurs nombreux voyages et puis un jour , il y eut ces fleurs que l’on met hélas en couronne et qui, d’habitude, s’en vont faner bêtement sur le marbre froid des cimetières apres les enterrements. Pour lui, il en fut tout autrement, au sommet d’une montagne, cendres et fleurs mêlées se sont envolées dans le soleil brûlant de l’été..

    Ensuite elle a continué son chemin, s’émerveillant d’un pissenlit accroché au bitume, d’une tige de muguet caché sous les ronces du bois. Il faut savoir parfois se raccrocher à de petits bonheurs de rien du tout pour tenir le coup. Longtemps, elle a continué à gratter son jardin, y semant des fleurs à foison .Passe le temps, elle a du quitter sa maison, trop lourde, trop grande. Elle s’en est allée dans une résidence pour  » seniors « … Là, dans un demi sommeil, la main posée sur la fleur de cimetière – pour la cacher ou peu etre la proteger, allez savoir ? – elle sourit malicieusement en pensant aux fleurs qu’elle vient de semer dans la jardinière sur le rebord de sa fenêtre…

    Des tournesols, imaginez , cela va faire jaser !
    Elle s’endort enfin paisiblement

  11. danièle Berlioz-Athaud dit :

    Trois fleurs de la nation

    Sur l’étal d’un marchand de fleurs
    un bouquet de bleuets paradait
    fier de sa tendre couleur
    bleu profond comme ciel d’été
    Au milieu il y avait la petite
    impatiente et espiègle elle attendait
    que quelqu’un la remarque et la choisisse
    car elle rêvait de voyager
    Aussi, chaque fois qu’un passant s’arrêtait
    devant l’étal du marchand de fleurs
    de tous ses pétales elle souriait
    et lui faisait un clin d’oeil
    en même temps que son cœur battait.
    La petite Marguerite passait par là
    bien sûr, c’est elle qui repéra
    ce joli bleuet qui souriait
    car elle n’avait jamais vu ça !
    Etait-ce une fée, ce bleuet
    qui clignait de l’oeil et souriait ?
    elle ne résista pas
    sa petite bourse elle vida
    et partit s’asseoir sur le port
    pour questionner son trésor
    A peine avait-elle dit bonjour
    au joli bleuet
    observé son beau corselet
    orné de fins croisillons noirs
    ses pétales en franges serrées
    et son cœur battant la chamade
    que le bleuet tout de go l’entraîna
    dans un champ de blés dorés
    où poussaient à foison
    coquelicots, marguerites et bleuets
    en fredonnant une chanson
    « viens, viens, je t’emmène »
    car tu te nommes marguerite
    viens avec moi à travers champ
    unissons nos couleurs tout de suite
    et toutes ensmble chantons
    commeau temps d’la récréation
    « zim zim carillon
    trois fleurs de la nation »

    Lecrilibriste

  12. Maguelonne dit :

    Je fais les courses et toujours pressée, je vais d’un bon pas. Et tout à coup : sensation bizarre. Malgré moi, je me cabre et m’arrête brutalement. Pourquoi, je n’en sais fichtre rien mais j’ai un sentiment étrange, inexplicable. J’entame une marche arrière en mode ralentie : rien devant le boulanger, rien devant le boucher mais devant l’étal de la fleuriste mon corps réagit. Je yeute les clients, la fleuriste : rien, mais une rose thé me sourit, m’appelle. Je regarde alentour, aucun regard n’est fixé sur moi. Je suis probablement plus tarée que je ne crois mais ça ne se voit pas. Ouf !
    Sans réfléchir je m’empare de la rose et reprend mon chemin. La fleuriste m’interpelle,un client qui doit être amoureux de la fleuriste me barre le passage.
    -Vous oubliez de payer madame, c’est quatre euros.
    Confuse je paye et, perplexe j’essaie de comprendre ce qui m’arrive. Cette rose, fraîche, épanouie, d’un rose pâle un peu jauni délicatement ourlée d’un rose plus profond, au parfum envoûtant m’a séduite et me parle.
    -Donne moi un peu d’eau, s’il te plaît et quitte cet air ahuri, j’ai besoin de toi. Je veux que tu me rendes célèbre.
    -Mais célèbre tu l’es déjà, tu es la reine des fleurs.
    -Mais je suis perdue au milieu de toutes mes collègues. Là je te parle de moi, moi seule, moi l’unique. Rends moi immortelle.
    -Tu n’aurais pas la grosse tête ! Et puis comment veux tu que je fasse ?
    -La musique, la chanson, la littérature, la peinture…
    -Mais je ne suis pas artiste et suis totalement ignare de ces choses là.
    -Prends un petit remontant, une petite vitamine et secoue toi les neurones. Tu connais Sidney Bechet : Petite rose, c’est tellement beau.
    -Ce n’est pas petite rose mais Petite fleur. Et je serai bien incapable de sortir le moindre son d’une trompette.
    -Et Ronsard, Mignonne allons voir si la rose…et dans cent ans, deux cent ans et plus on parlera encore de moi. C’est ça l’immortalité. À ta tête je vois que tu es bien incapable d’écrire un poème. À défaut, il y a aussi la chanson. Mon amie la rose de Françoise Hardy, j’adore.
    -Je ne sais pas composer, ni bien chanter
    -La peinture : Inspire toi d’Arcimboldo, mais pas de vulgaires légumes. Non juste un portrait avec moi en multiplié, moi et moi encore. Ça me fait rêver, tu sais. Alors tu prends racines ? Sors les pinceaux.
    -Je ne sais pas faire.
    -Alors tu n’es bonne à rien. C’est bien ma veine.
    -Tu n’es pas plus futée que moi. Pourquoi m’as tu interpellée puisque je ne suis bonne à rien ?
    -Tu es la seule qui m’a regardée et entendue !!

  13. Grumpy dit :

    Ils avaient fait connaissance sur un site de rencontre pour les Mi-Vieux. Très timides tous les deux mais décidés à s’y mettre vu qu’il était encore temps. Dernière chance, ils avaient sauté le pas chacun de leur côté mais en même temps, voilà pourquoi ils s’étaient tombé dessus.

    Il l’avait trouvée mignonne, un peu ronde, modeste, à son goût.

    Elle l’avait trouvé réservé, propre sur lui, classique, à son goût.

    Premier RV, c’est lui qui a pris l’initiative, il a fait fort : réservé 2 couverts à la Coupole, Blvd du Montparnasse. Chic et intello, elle aimerait.

    – Bonjour, je suis « Fabrizio », …. en fait Albert
    – Et moi, « Fleur des Bois », bon …. Josiane

    Ils se regardent en coin, gênés, si discrets.

    Il lui trouve le regard fuyant et se dit que c’est dommage.
    Elle s’agace de son tic qui déclenche une légère grimace.

    Si elle pouvait me regarder en face ? Je serais plus à l’aise, pensait-il
    S’il pouvait maîtriser son tic ? Je serais moins crispée, se disait-elle.

    L’apéro débloqua la parole, l’échange de deux vies ternes avides d’une nouvelle lumière fit lever les yeux et cesser le tic. Le curry à l’indienne pimenté et arrosé comme il se devait dénoua les estomacs et les a-priori, les arrière-pensées.

    Arrivés au dessert, ils riaient et se prirent la main.
    Au café, s’échangèrent les numéros de téléphones, s’aidèrent à enfiler les manteaux, un bisou, et partirent ensemble.

    Le bouquet de muguet sur sa soucoupe d’argent souriait à pleines clochettes.

  14. Catherine M.S dit :

    Conte de mai

    Sur l’étal vide d’un fleuriste fermé
    Quelque chose l’avait interpellée
    Avait-elle rêvé ?
    Louise revint sur ses pas pour s’en assurer
    – Psst mademoiselle, un p’tit brin de muguet ?
    – Mais d’où viens-tu toi ?
    Tu n’es pas confiné dans les bois ?
    Le p’tit brin baissa ses clochettes
    Et avoua tout penaud
    – Ben non, j’ai pris la poudre d’escampette
    Pris aussi tous les risques, joué au héros
    Sans attestation ni permission
    Juste pour remplir ma noble mission
    – Ah oui mais quelle est-elle donc ?
    – Faire plaisir aux citadins
    Mais pas n’importe lesquels …les écrivains !
    Louise se sentit rougir soudain
    – J’écris un peu, tu sais, chaque matin
    Quelques vers en regardant mon jardin
    Tu veux venir embaumer ce 1er mai 2020 ?
    Le p’tit brin ne se fit pas prier
    Et se faufila entre les tresses du panier

    Ces deux-là savaient déjà
    Que le bonheur pouvait aussi exister
    Au pays des confinés .

  15. Blackrain dit :

    A son grand étonnement la fleur lui avait murmuré : « T’as de beaux yeux tu sais ! ». Elle avait ses étamines dans tous ses états. Son androcée se tenait fièrement dressé, prêt à distribuer tout son pollen. Camélia était troublée, gênée, déconcertée. Elle avait traversé le Chanel pour mettre son nez, véritable bijoux olfactif, en quête de la fragrance idéale jusqu’en Provence. Elle avait dépensé beaucoup d’essence pour découvrir de multiples inflorescences. Elle empruntait à la fleur sa vertu Cardinale, son emprunte Digitale. Elle buvait dans leur calice pour en savourer le nectar. Les Iris dilatés et les sens exacerbés par tous ces parfums enivrants, elle avait dû rêver. Ses Pensées étaient confuses. Le champ de Rose n’était plus qu’un chant empli d’Antirrhiumes à têtes de mort et d’Orchidée à tête de singe qui se riaient d’elle. Il lui fallait se reposer, boire une bonne Camomille avant de chercher des Raiponces à ce délire. La fleur visita son sommeil. Le sépale fier et le pétale Mauve, corole qui caracole, elle se regardait Narcisse. « Je suis né nue, phare d’un parterre royal » se racontait-elle. « Ta prétention n’a d’égal que ton absence de parfum. Ecarte toi de moi car je me pique d’être Chardon » lui répondit Camélia. Furieuse, la fleur perdit toute note florale pour se retirer en la menaçant « Pistil qu’au sortir de ton repos tu pisses en lit ». Camélia se réveilla sans aucune Soucis. Le bouquet de sa journée fut de rencontrer la Grasse dans un essai de Fragonard.

  16. 🐀 Souris verte dit :

    🐀 LES FLEURS 🌷
    Sur l’étal du fleuriste, flirtent la fougère et l’asparagus qui paradent et rivalisent dans le vase des faire-valoir.
    Amour violent, la rose rouge rutile la bouche en cœur.
    La violette le voile, amour caché.
    La majestueuse pivoine pavoise, le bégonia bougonne, l’orchidée tire la langue, les tulipes s’inclinent devant le tournesol immense et bienveillant. Figé sous le néon blanc il ne suit plus le soleil. Il est juste là pour sa taille de sportif de haut niveau souriant comme un smiley. 🐀

  17. Avoires dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement…

    …la fleur lui souriait encore. Elle était superbe, d’une couleur indéfinissable, un rose jamais vu. Un parfum délicatement entêtant s’échappait de la rondeur de ses pétales.
    Elle se pencha sur elle, la prit, la porta à ses narines pour en respirer l’arôme enchanteur. C’est alors qu’elle entendit la fleur murmurer : « Prends-moi avec mes sœurs, nous formerons un bouquet unique. »
    Étourdie, éblouie, ahurie, elle demanda alors à la vendeuse de lui envelopper toutes les pivoines roses qui n’attendaient qu’elle. Elle, elle en rêvait d’avoir un jour un tel bouquet, un bouquet de joie, d’amour, de douceur, de roseur, de douceur, de bonheur.
    Elle rentra chez elle, parée de cet odorant et encombrant symbole printanier, attirant le regard des passants .
    Dans uns un vase accueillant d’eau fraîche elle mit délicatement les tiges aux lourdes têtes roses et composa un petit chef-d’œuvre. La fleur qui lui avait, quelques moments auparavant, souri n’était plus seule ; elles souriaient toutes, heureuses, roses d’émotion de se trouver chez celle qui les aimait tant.
    Elles durèrent longtemps, plus longtemps qu’à l’ordinaire, entourées de soins qu’elles furent. Elles s’épanouirent, répandirent leur effluve suave, enchantant tout autour d’elles.
    Ces pivoines-là ne devaient jamais oublier le bonheur qu’elles avaient donné.

  18. Fanny Dumond dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement, elle crut l’entendre parler, s’approcha davantage et tendit l’oreille.

    – Alors comme ça, tu passes devant moi sans me remarquer.

    – Hein, dit-elle éberluée en scrutant la rue dans tous les sens.

    – Ne cherche pas, c’est bien moi qui te parle. Je suis une Rafflesia, la plus grande fleur du monde et je viens de Bornéo.

    – Ah ! trouva-t-elle à répondre en scrutant la boutique.

    La fleuriste était derrière son comptoir en train de composer un ravissant bouquet multicolore.

    – T’es têtue toi, c’est bien moi qui te cause. Je voudrais tant que tu m’achètes, car je suis sûre que tu aimes beaucoup les fleurs.

    – Oui, je les aime énormément et j’en ai plein dans mon jardin. Comment tu sais ça, toi ?

    – Parce que tu portes une très jolie robe fleurie. Voilà, il n’y a pas besoin d’être voyante pour le savoir. Alors, tu m’achètes parce que je m’ennuie trop ici.

    – C’est que là je suis pressée, je vais au travail, mais je te promets de venir te prendre ce soir. Tu seras magnifique dans mon jardin. Je n’ai jamais vu une aussi belle fleur que toi.

    Intriguée, dès qu’elle arriva à son bureau elle fit une recherche sur Internet et constata que cette plante est très rare et préservée. Elle se promit de dire deux mots à la fleuriste, mais quand elle y retourna sa fleur n’était plus là.

    – Une quoi ? demanda la commerçante. Je n’ai jamais entendu ce nom de fleur.

    – Mais vous en aviez bien une ce matin et même qu’elle m’a souri et qu’elle m’a même parlé.

    – Elle vous a souri et parlé ! s’exclama la fleuriste. Vous êtes sûre que vous allez bien ! Vous ne fumeriez pas certaines plantes, par hasard ?

    – Moi ! Fumer, jamais de la vie, hurla-t-elle en se redressant dans son lit.

    Après avoir repris ses esprits, elle remarqua un plateau de petit déjeuner bien garni. Entre la cafetière et le sucrier, elle découvrit deux billets d’avion pour un voyage en amoureux à Bornéo.

  19. Pompelair dit :

    Bon sang, voilà que ça recommence en haut. Edith et Marcel qui vont encore s’en foutre sur la gueule. Le Marcel il a encore dû rentrer bourré et l’Edith elle l’allume. A mon avis, elle ferait mieux d’écraser parce que Marcel, quand il a un coup dans le nez, il cogne et pas qu’un peu, comme un pro …

    Elle lui chante Manon alors il essaie de s’en sortir, mais pour ça il est si maladroit, il n’a jamais su s’y prendre avec elle, alors maintenant il ne rentre plus qu’après quelques verres. Et encore, cette fois il devait être de bonne humeur, il a eu une idée pour essayer qu’elle se taise, il est revenu avec un bouquet :

    – Tiens, lui a-t-il dit, les fleurs elles m’ont fait de l’œil, c’est pour toi.
    Mais ça n’a pas marché.

    Je sors sur ma terrasse et je crie :
    – C’est bientôt fini là-haut ? Vous-en avez pas marre ?

    L’Edith se penche à la rambarde et me répond :

    – Et toi, c’est bientôt fini en bas, de quoi je me mêle ? Tu veux voir ce qu’il m’a ramené le Marcel ?

    Pas eu le temps de répliquer, je reçois le bouquet de fleurs pile sur la tête et le vase qui va avec. Je saigne un peu du crâne, ça me coule le long du nez.

    Je n’insiste pas ! Le vase est en miettes. Je ramasse le bouquet qui n’a pas trop souffert, surtout l’arum, heureusement, tellement joli ce cône blanc avec son impertinente trompe jaune.

    – Je crie « Merci Edith » et je file vite me mettre à l’abri et l’arum dans l’eau.

    • Grumpy dit :

      Moralité : quand vous avez quelques chose à dire, faites-le avec des fleurs.

    • Fanny Dumond dit :

      Je ne sais pas mettre un émoji « mort de rire », mais le cœur y est ! Merci beaucoup pour ce beau moment de franche rigolade, bien que les couples qui se tapent sur la g….. ne me font pas rire du tout !

      • Pompelair dit :

        Merci Fanny C’est vrai en ce moment, ça y va ! mais là il s’agit d’Edith et Marcel et déjà à leur époque c’était houleux… Il cognait, elle piaffait.

  20. ourcqs dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait sourit. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer.
    À son grand étonnement…

    ce n’était pas elle qui était concernée, la gerbera tentait d’ enjôler sa voisine, la pulpeuse pivoine rose. Tout l’étalage était en ébullition, les marguerites en bouquet, souriant à la Murakami, appelaient du regard les arrogants glaïeuls,toujours impassibles, les bleus profonds des iris paradaient à la Van Gogh, les branches de cerisier en fleurs, très élégantes séduisaient tous les passants, les corolles multicolores s’agitaient, batifolaient, les parfums des lilas mauves rivalisaient de puissance avec les jasmins.

    C’était vraiment le printemps, chacun est reparti conquis par cette palette vivante

  21. Clémence dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste, une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement…

    Au loin, les cloches sonnaient joyeusement dans un ciel limpide.
    Le boulanger laissait se sauver les odeurs du pain chaud et des viennoiseries, le boucher découpait les quartiers de viande et chassait les mouches, le buraliste sortait les tourniquets de journaux et de cartes postales en soufflant la fumée de sa Gitane, le maraîcher arrangeait les cageots de fruits et de légumes en faisant gonfler ses biscoteaux, la coiffeuse aiguisait ses ciseaux et faisait mousser les derniers ragots, l’épicière faisait de l’œil au pharmacien et la modiste n’en perdait pas une épingle…

    C’était tout un petit monde qui se préparait en cette journée de fin de printemps, pour l’arrivée de Joséphine.
    Joséphine ! Un sacré petit bout de femme !

    Tout le monde l’attendait, comme un rayon de miel qui illuminerait la journée de labeur. Alors, Joséphine offrait ce que chacun attendait. Un sourire, un clin d’œil, une grimace, un signe de la main, une pirouette…

    Et puis, là-bas, au bout de la rue, il y avait la boutique de la fleuriste. Et là, tout basculait. Ce n’était plus Joséphine qui offrait. C’était elle qui recevait.
    Le parfum délicat des roses, les senteurs envoûtantes du jasmin ou la suavité des iris.
    Les tiges veloutées, les feuilles vernissés, les hampes majestueuses qui semblaient danser la sarabande.
    Par brassées abondantes, le mystère de la flore s’étalait là, sous son regard émerveillé.

    Étrangement, aujourd’hui ne ressemblait pas aux autres jours. Les couleurs étaient légèrement différentes, les parfums plus accentués, les bouquets et les montages plus fantaisistes, moins académiques.

    Joséphine plissa les yeux : elle crut voir une fleur qui lui souriait. Elle continua son chemin en se disant que ce n’était pas possible, qu’il ne fallait pas tomber dans un anthropomorphisme exagéré. Bon, elle parlait bien à son chat et à son canari. Mais eux, c’était normal, ils étaient de vrais mirlitons !

    Après un moment d’hésitation, elle revint sur ses pas. A son grand étonnement, la fleur inclina doucement la tête, pivota légèrement puis se redressa. Une tige élégante frémit, un bruissement l’accompagna et puis… la magie opéra.
    Les notes gracieuses s’envolèrent.
    Joséphine posa son sac par terre.
    Elle enfila une longue jupe vaporeuse.
    Elle glissa ses pieds dans ses ballerines roses.

    La petite danseuse était prête.
    Devant l’étal de la fleuriste, elle s’envola, fleur délicate au milieu des fleurs.

    © Clémence.

  22. Kyoto dit :

    Sur l’étal d’une fleuriste, une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé, Louis revint sur ses pas et se cacha derrière le tronc d’un érable pourpre dont les feuilles commençaient à montrer le bout de leur joli minois. Il voulait être sûr. A son grand étonnement, pas l’ébauche d’un sourire. Ni elle, ni les autres. Quand un passant passait, il était attentif, qu’allait-il se passait ? Rien. Nada.
    Un vieux chien, tenu en laisse par un homme tordu et voûté par le poids des misères, s’arrêta devant l’étal et soulagea sa vessie mitée. Ils repartirent clopin-clopant sans se soucier du qu’en dira-t-on.
    Louis vit la fleur grimacer. Il n’avait donc pas rêvé. Il se mit alors à rêvasser : si elle lui avait souri, à Lui, c’est qu’ Il lui plaisait.
    – Oh ! Fleur ! Ma Fleur ! dit-il à haute voix.
    Au même instant, il sentit, non pas les effluves de sa Fleur, mais, une présence derrière lui, qui se manifesta soudainement :
    – Gendarmerie Nationale !
    Louis se retourna, rouge comme une pivoine.
    – Vous êtes pris en flagrant délit de voyeurisme. Vos papiers !
    – Euh…non…enfin oui…voi…voilà… mes papa…papiers, articula Louis tout tourneboulé.
    Le premier gendarme lut attentivement le document.
    – Louis Margueritte…
    – Avec deux « t », Monsieur le Gendarme…
    – Je vois bien ! Je sais lire ! Me prenez pas pour un idiot ! Outrage à un agent, ça vous parle ? Et votre attestation de déplacement dérogatoire…
    – Mon papier de sortie ? Le voici, Monsieur le…
    Le second gendarme lui arracha des mains et le déchiffra très attentivement.
    Après un silence anxiogène qui stoppa net les passants qui re-passaient, qui cloua le bec des oiseaux qui pépiaient, Louis osa :
    – Un problème, monsieur le Gendarme ?
    – Ah oui ! Un énorme ! Cela fait exactement une heure et quarante-sept minutes que vous êtes sorti de votre domicile.
    – C’est que j’étais en train de regarder la…
    – La fleuriste ! Nous le savons bien ! C’est elle qui nous a alertés.
    – Ah ! Main non ! Monsieur l’agent ! Ce n’est pas du tout la fleuriste, s’exclama Louis qui commençait à s’énerver !
    – Mais qui donc alors ?
    – La fleur !
    – Quelle fleur ?
    – Celle-là, là-bas, ma Fleur, celle qui m’a souri…
    Ce fut la fleur de trop qui fit déborder le vase. Les gendarmes saisirent manu militari l’individu, l’expédièrent dans le fourgon pour un interrogatoire plus poussé.
    Détecteur d’alcool : négatif.
    Détecteur de substances hallucinogènes : négatif.
    Procès-verbal établi.
    Amende pour non-respect de confinement, 135 euros à régler.
    – Et tu t’en sors à bon compte, espèce de pervers.
    – Je voudrais vous demander…
    – Vas-y, mais fissa, on a du boulot nous.
    – Mes papiers !
    – Les voilà ! Fiche le camp !
    – Et j’aimerais que vous ayez une autorisation…de…sourire ! leur balança Louis, hilare, tout en se sauvant à la vitesse de l’éclair.

    Le lendemain, Louis se planta devant l’étal de la délatrice de fleuriste. La fleur lui sourit et lui fit un clin d’œil. Louis la prit délicatement. Et, sans passer par la case Caisse, il s’en retourna, le cœur en fête et l’esprit fleuri.
    Personne ne revit Louis.

  23. Laurence Noyer dit :

    Les fleurs…
    Jacinthe de mai disperse ses traînées bleutées
    Anémone s’abandonne aux caresses du vent
    Œillet laisse promener son regard diapré

    … sourient
    Cette année le printemps se déroule, dépeuplé
    Les tapis de muguets restent brodés dans la fraîcheur des clairières
    Sans cueillette, piétinement, mise en bouquet

    Les fleurs…
    Camélia répand ses dernières larmes
    Ombellifère déploie ses dentelles au soleil
    Coquelicot défroisse son caraco vermeil

    … sourient
    Elles prospèrent, elles progressent, elles profitent
    Nature, leur mère leur est rendue
    Rouée, épuisée, accablée, survivante

    Les fleurs…
    Iris s’évanouit sous ses teintes arc en ciel
    Pissenlit retarde l’agonie de ses plumes
    Myosotis renseigne la Rose

    …sourient
    A ce Printemps, à cette épiphanie
    Année du grand ressourcement
    Année de la genèse, de l’enfantement

  24. iris79 dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement, elle vit qu’elle ne s’était pas trompée. La fleur lui souriait bien ou plutôt sa couleur incroyable, d’un rouge velouté, ses pétales qui formaient une collerette lui donnant une identité unique, un visage radieux, une expression, un sourire. La belle dame qui s’appelait Iris, il n’y a pas de hasard, y vit un signe et acheta le bouquet que la fleur illuminait de ses attributs. Au cœur de ce bouquet printanier, la rose trônait et illuminait ses semblables. Le vendeur le lui tendit, testant un sourire qui ne pouvait rivaliser avec celui de la rose. Néanmoins, Iris remarqua que toutes les personnes qu’elle croisa ensuite sur ce marché en ce doux samedi matin lui souriait en regardant le bouquet. C’était comme si la rose provoquait irrémédiablement l’envie de sourire. Rose fit même plusieurs fois le tour du marché pour vérifier sa théorie, ce qui la fit beaucoup rire.
    Elle le ramena chez elle et offrit une place de choix à ce joli bouquet. La rose dominait, sans les écraser, toutes ses congénères. Chaque nouvel arrivant dans cette maison et ils étaient nombreux tellement les gens aimaient venir profiter de la chaleur de ce foyer, se trouvait attiré par cette rose qui semblait hypnotiser qui la regardait et provoquer un sourire presque béat.
    Iris ne se lassait pas de ce petit effet là. D’autant plus qu’elle avait remarqué que cela semblait s’inscrire dans la durée, que les sourires restaient accrochés.
    Elle eut alors une idée…Cela faisait un certain temps qu’elle n’avait pas croisé Pierre, le voisin ronchon qui ne perdait jamais une occasion de décocher ses flèches de reproches et de critiques à qui s’approchait. Malgré cela, Iris l’aimait bien. Elle se saisit alors du bouquet et fut immédiatement ,une fois de plus, happée par le sourire de la rose. Quelques minutes plus tard, elle sonnait à la porte de son voisin toute excitée de voir ce qui allait se passer.
    Elle entendait les pas lourds de Pierre dont elle voyait la silhouette pataude se rapprocher à travers la porte vitrée en bougonnant. Il ouvrit la porte et Iris lui mit aussitôt le bouquet dans les mains qu’il saisit par reflexe. Son visage disparut un moment derrière les fleurs et quand la rose rouge s’effaça pour laisser poindre son regard, ce n’est pas un sourire qu’Iris vit sur le visage de Pierre mais une larme qui vint se poser sur les pétales de la fleur qui lui souriait.
    Iris en perdit son propre sourire un instant et écouta la voix du vieux monsieur lui murmurer « c’est la première fois qu’on m’offre des fleurs » …
    Après ces quelques secondes suspendues, leurs sourires se répondirent à l’unisson.
    Pierre ne fut plus ce vieux voisin grognon et un magnifique rosier s’épanouit dès lors entre leurs maisons.

  25. Antonio dit :

    À son grand étonnement, non seulement la fleur souriait, mais elle rougissait à vue d’œil alors qu’Ana lui rendait son sourire, par politesse plus que par marque d’une affection quelconque. Elle n’aimait pas particulièrement les fleurs et les hommes le lui rendaient bien.

    Ana avait toujours préféré une bonne bouteille de vin le jour de la Saint-Valentin. Pour elle, un Gevrey-Chambertin dégageait un autre bouquet dans son vase à pied que n’importe quelle composition florale assortie à des sentiments — Et l’ivresse ! Ses parents étaient nés dans le village de Brochon et avaient toujours travaillé dans les vignes. Elle en connaissait un rayon en pinards et crus de Bourgogne, au point d’en faire ses études.

    Mais les fleurs, elle n’y avait jamais prêté attention, jusqu’à ce jour, dans une rue de Lisbonne.

    — Ola Senhora, « je vous en met une botte ? Elle est à cinq euros ! » dit une vendeuse dans sa langue chantante et sous un tablier à carreaux bleu et blanc qui aurait aussi bien pu servir à vendre des sardines. D’ailleurs, dans l’arrière boutique, leur parfum grillé avait pris le dessus sur celui des fleurs et titillait le nez d’Ana.
    — Obrigada, « non merci » lui répondit la jeune fille française, dans un portugais approximatif qu’elle pratiquait difficilement, depuis six mois qu’elle travaillait dans la cité lisboète.

    Ana était sommelière dans un grand restaurant français, deux étoiles au Michelin, sur les hauts de l’Alfama. Elle aimait se balader dans les vieilles rues de la capitale, jusqu’à s’y perdre, avant d’émerger sur la place du Largo Portas do Sol, non loin de son lieu de travail où elle prenait à 11 heures le samedi.

    — « Mais aujourd’hui, on ne refuse pas un bouquet de » cravos, insista la fleuriste, aussi enjouée que les spécimens qu’elle tenait dans les mains, les tiges à l’air et le sourire jusqu’aux pétales.

    Ana ne comprenait pas le mot « Cravos » mais supposait qu’il s’agissait de l’espèce des fleurs dont elle aurait été incapable de dire le nom en français. Elles rougissaient comme des étudiantes qui avaient trouvé un cavalier pour aller danser au bal des pompiers de Gevrey-Chambertin.

    — Mais ! Je… não, obrigada !
    — « Regardez comme elles vous ont adoptée. Vous ne pouvez pas les décevoir. Aujourd’hui, c’est leur jour, le jour des » Cravos.
    — Cravos… « c’est quoi ? »
    — « Mais ce sont nos héros de la révolution, bon sang de dieu »… O 25 de abril !

    • Antonio dit :

      (une fin en trompe-l’oeillet)
      — Cravos… « c’est quoi ? »
      — « Mais ce sont nos héros de la révolution, bon sang de dieu »… O 25 de abril ! « Regardez comme elles vous font de l’œil ! »
      — Et ?

  26. Alain Lafaurie dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une fleur lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer.
    À son grand étonnement, des volets métalliques occultaient l’étal du fleuriste. Ce qu’elle avait devant les yeux n’était guère plus réjouissant. Une jardinière suspendue à une rambarde, abandonnée par les services municipaux, présentait le spectacle de désolation de ses fleurs desséchées. Seule subsistait une drôle de tige verte dont les poils rouges hérissés étaient pourvus à leur extrémité de gouttelettes qui brillaient au soleil. Elle fut prise de sympathie pour cette survivante et se mit à l’admirer de plus près.
    Une mouche, comme elle attirée par ces gouttelettes de nectar, vint se poser sur la divine et fut immédiatement engluée par ce piège à insectes.
    Notre piétonne passa son chemin en faisant le constat que ne survivait que la racaille. Elle se prit à marmonner : « La peste soit de cette fleur du mal! »

  27. Nadine de Bernardy dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste,une fleur lui avait sourit.Croyant avoir rêvé,elle revint sur ses pas pour s’en assurer.
    A son grand étonnement cette fois ci,la rose (car c’était elle)lui fit un clin d’oeil coquin.Un peu estomaquée la bouture le lui rendit.La rose rit franchement et ,d’un mouvement sensuel de sa tige épineuse,lui adressât une invite.
    N’en croyant pas sa chance,notre bouture s’approchât de la belle qui s’épanouit,ses pétales se firent velours,un parfum suave s’en dégageât.
    Enivrée, la passante s’approchât encore pour enlacer la rose de ses rameaux encore souples et tendres.
    La fleur rosit,penchât la tête vers une des ramification de la bien aimée.Elle restèrent ainsi un bon moment à savourer l’instant.
    Mais la fleur fut ôtée du seau où elle trempait avec ses semblables.Une voix grondât:
    Mais qu’est ce que c’est encore que cette bouture qui vient s’accrocher à mes fleurs.Il y a des sans gênes qui jettent leur déchets n’importe où.
    Elles n’eurent pas le temps de se dire adieu.La pauvre bouture,le coeur brisé,continuât son chemin,jurant que plus jamais elle ne se laisserait enjôler par le premier sourire venu.
    Elle allât se mettre en terre dans la première jardinière venue,où elle s’enracinât et mit au monde des rejetons qui la consolèrent de sa triste histoire dont elle rêvât encore longtemps.

  28. camomille dit :

    Sur l’étal d’un fleuriste une violette lui avait souri. Croyant avoir rêvé elle revint sur ses pas pour s’en assurer. À son grand étonnement…
    la violette avait disparu.
    « J’ai donc rêvé » pensa-t-elle, et elle continua son chemin.
    Rentrée chez elle, elle ouvre son sac et découvre la violette toute ratatinée.
    « Oh mon Dieu ! »… « vite de l’eau !».
    Et voilà la violette plongée dans un grand verre.
    « Merci ! » murmure-t-elle « tu m’as sauvé la vie ».
    Médusée, elle s’assied et observe la fleur :
    Rapidement, la violette se ragaillardit de la tige, et se défripe du pétale.
    « tu es belle » lui dit-elle.
    « Vraiment ? »
    « Vraiment ! »
    « Et maintenant, que vais-je faire de toi ? »
    « tu veux vraiment m’aider ? »
    « Si je le peux, oui bien sûr ! »
    « Alors, je t’en supplie, ramène moi dans mon sous-bois. Je suis née pour rester dans l’ombre et dans la discrétion. Le soleil m’éblouit et abîme ma couleur, le bruit m’effraie et j’en perds mon parfum ».
    Interloquée, elle lui répond :
    « mais où vais-je trouver un sous-bois dans cette ville ? »
    « Mais voyons », lui souffle la violette, « là ! »
    « Là ? » 
    « Oui là…. dans ton imaginaire » !
    « Dans mon imaginaire ? »
    « Évidemment : grâce à lui tu as su remarquer que je t’avais souri, tu as su me retrouver dans ton sac, tu as su me sauver et tu as su m’écouter, alors pourquoi ne pas aller plus loin en me ramenant dans mon sous-bois, là où je suis heureuse dans ma discrétion et dans mon silence.
    Allez, n’hésite pas ! »
    Alors, elle n’hésita pas.

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