486e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance…
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance…
Qu’Untel pesait plus d’un million d’euros.
Il se pesa pour voir. La balance oscilla. Purée pesta ‘t’il, j’ai perdu au moins deux mille euros avec les absurdités d’Enéa. Pourquoi faut ‘il toujours qu’elle me balance des légumes avec ma viande puis, des fruits en compotée pour soit disant terminer sur une note sucré!
(_Bougez-vous Monsieur Untel,remuez-moi ces grosses fesses toutes flasque…_Groumpf un jour Enaé je vous attraperai et je vous montrerai que je ne suis pas si flasque quoi que vous en disiez. Son rire frais, clair,son regard pétillant me mettait la honte aux joues, graine de merdeuse va!)
Moi ce que j’aime, c’est la viande.
J’en mangerai six fois par jour si cela était possible mais voila…Enaé coach employée par ma très chère épouse, qui ne pèse tout mouillée que quarante cinq kilos…a décidé que j’avais besoin de retrouver mon corps de jeune homme quoi! quoi? C’est pas parce que je fais presque deux cent kilos qu’il y a un problème.
Non mais les femmes alors! Elle est pourtant satisfaite de voir son porte- monnaie bien plein, de faire ses courses sans avoir à faire attention et quant elle sort sa carte de crédit n’est ‘elle pas rose de plaisir? Eh si alors, pourquoi ne me fiche t’elle pas la paix? Ah vous voulez connaître sa dernière trouvaille? Okay vous l’aurez voulu.
Le banquier lui aurai dit : » Monsieur Untel ne vient plus, a t’il des soucis de santé? Il est vrai que l’année dernière je l’ai trouvé poussif, pesant. Il a prit énormément de poids, cela me chagrine,peut’ il encore géré ses avoir…ou dois-je en avertir ses conseillers en bourse?
Carolle mon épouse en fut toute retourner. Elle n’en finit pas ses courses c’est tout dire…elle rentra toute échevelée,pestant contre la lenteur du chauffeur et contre les individus stupides qui traversent les rues sans regarder, à croire, qu’ils souhaitent se faire bousculés. Elle tempêtait tant et tant que cela me fit ouvrir un oeil.
_Qu’as-tu Carolle pour pester ainsi de si bonne heure? _Ah toi! Toi et ton corps bouffi, graisseux,il va falloir que tu change. Nous sommes au bord de l’asphyxie . Là,elle me conta ce que le banquier lui avait dit me mettant de ce fait la rate au cour bouillon. -Quoi! Quoi? Mais mon poids signifie ma fortune d’ailleurs je devrais avoir plus d’argent je frise quand même les deux ce….
Carolle furieuse me baffa avec vigueur oups là ça pince quand même ça! -Triple buse, ta fortune te vient de tes avoir,de ton travail,de ta présence, de tes inventions..0ou as-tu vue que cela te venait d’un poids? Qui donc t’as mis cela en tête? _Toi ma douce amie, rappelle toi, il y a trois ans alors que nous voguions vers le pacifique, me caressant le ventre, n’as tu pas dit la voix alanguie: » Mon âme ton ventre vaut de l’or , ne le perd surtout pas ».
_Arggr,mais à cette époque là, tu pesais 120 kilos pour un bon mètre quatre vingt dix huit, aujourd’hui, tu es prêt des deux cent kilos. Je ne vois plus rien. Tu tiens à peine debout. Redonne moi ton ventre rond encore ferme que j’aimai caressé …c’est celui-là que je veux et crois moi très cher époux plus personne ne dira que Untel perd son million.
_Un poids reste un poids qu’importe le mien non?
_Non pesta t’elle plus violemment…Tu feras cela pour moi, car tu m’aime n’est ce pas? Hum que dire à cela! Après huit bon mois de calvaire dans les mains terrifiantes d’Enaé, j’entre-aperçoit une petite chose toute fripée que j’avais presque oublié ( pèse pas bien lourd dans la balance celle-là!)
Elle parvint elle aussi à se dresser mais, bien vite elle perdit de sa vigueur. Je comprends ma femme. J’atteins les cent soixante kilos,j’ai rendu visite au banquier qui, satisfait de ma visite, s’est empresser auprès de mes conseillés en bourse d’admettre son erreur sur ma personne. De dire que j’étais bel et bien vivant et fort mécontent.
La vigueur revenait et de nouveau, je pesais un très bon et beau million d’euros. Etais-je capable de dépassé ce montant? D’aller plus loin encore? De coiffer au poteau ce milliardaire vaniteux,pompeux, vous savez celui qui teint ses cheveux en blond bizarre… celui qui est si maquillé qu’on le croirait tout droit sorti d’une cabine d’UV…Ah être milliardaire,faire la nique à blondinet, me pavanait avec ma douce, être bling bling, dire des âneries plus grosses que moi et être admiré quand même, ( la petite classe beurkk).
Eh bien mon trésor de femme, ne le veut pas. Un bon million suffit à son bonheur alors…qui suis-je pour la contrer hum! Juste son époux et ma petite chose qui n’est plus si fripée souhaitons l’être encore très longtemps.y.l.
sur une idée de Pascal Perrat.
26 03 2020
« On n’aurait jamais dû entrebâiller cette porte » pensaient les deux jeunes femmes, figées de stupeur devant ce qu’elles venaient de découvrir là, devant elles, sur le marbre noir de l’immense salle de bains
Le Maitre gisait, effondré dans toute son adipeuse nudité, son luxueux peignoir de bain en soie sauvage ridiculement froissé autour de sa pitoyable virilité . Le minuscule vermisseau ridé, noyé dans la soie, déchaîna chez elles un rire terrible, une stridence hystérique, secouant leurs corps graciles et tendres, elles qui avaient si souvent courbé l’échine devant le despote trop bien monté.
Le Maitre gisait, grotesque gargouille bedonnante couvant de bien étrange manière une sylphide balance high teck toute d’acier et de verre fumé, simple, pure, racée comme si , dans un final magnifique, les extrêmes devaient dans la mort se mêler
Le maitre gisait là et les deux jeunes femmes enfants comprirent tout à coup qu’en entrebâillant cette porte interdite, en découvrant ce corps inerte, leur avenir venait de basculer Même si, depuis des années , le voir mort était, du fond de l’enfer qu’il leur faisait vivre, ce qu’elles désiraient le plus ardemment, la terrible réalité les faisait maintenant trembler .
Enfance bafouée, adolescence flouée, féminité trop souvent pietinées. Si seulement les deux sœurs avaient pu parlé , voilà ce qu’elles auraient dit pour leur défense. Mais toujours il les avait gardées cachées , muselées, sans papier…
L’homme qui selon les médias pesait plus d’un million d’euros, celui dont les journaux n’avaient de cesse de faire le portrait, ce porc immonde qui pensait que l’argent peut tout acheter, ce bienfaiteur de l’humanité à qui l’on devait tant, ce tyran qui, pour quelques poignées de dollars, les avait achetées, il y a longtemps déjà, à leur famille et dans le silence feutré et bien pensant de son immense appartement, en avait fait ses esclaves dociles, cet homme d’affaire richissime qui jouait les ONG au poker, ce minable au passé chargé d’ombres qui avait acquis sa notoriété en écrasant tous ceux qui se mettaient en travers de son chemin ,
celui qu’elles devaient appeler Maitre était mort et …elles l’avaient tué.
Ce matin là, il s’était réveillé d’humeur joyeuse.C’est vrai qu’hier encore, il avait racheté au prix le plus bas du marché l’une des plus importantes usines automobiles de la vieille Europe bien incapable de se défendre , croulant sous les dettes et peinant à combattre le fléau qui venait d e s’abattre sur elle sous la forme d’un virus inconnu qui paralysait toute l’économie. Le temps , pensa-t-il en souriant, était propice aux affaires ! Quelques jours auparavant, c’était l’industrie alimentaire qui était venue ramper à ses pieds pour demander de l’aide. De l’aide ? Un mot qu’il ne connaissait pas , chez lui tout était donnant donnant, en faisant en sorte, bien sûr, chaque fois qu’il reçoive plus, beaucoup plus qu’il ne donne .
C’est comme ça et pas autrement qu’on arrive à peser plus d’un million d’euros !
Alors ce matin là, après avoir pris un copieux petit déjeuner dans son lit de soie tout froissé, agrémenté par la lecture des quotidiens dont il faisait une fois encore la une, il se dirigea pesamment vers la salle de bain et là, plus par habitude, par amusement que par souci de sa santé, il grimpa sur la balance comme il le faisait chaque matin , rituel secret et rassurant .
Se peser. par bravade ou pour se conforter, pour vérifier l’exactitude des médias (pourtant il aurait bien du savoir quel es médias ne racontaient que ce il voulait bien leur faire dire) ..
Les deux pieds sur le plateau de la balance, ongles parfaitement manucurés, comme amandes tendres noyées dans l’amas de chairs gonflées de ses orteils boudinés, ses petites esclaves a la peau ambrée étaient la pour s’en occuper, il attendit le verdict de l’électronique.
Mais l’appareil sophistiqué demeura silencieux . Alors, essayant vainement de rentrer un peu sa bedaine hypertrophiée (il y avait bien longtemps qu’il ne se voyait plus pisser) il se contorsionna pour tenter de voir le cadran de la balance et vérifier son poids mais n’y arriva pas…
Comment ? Pourquoi ?
Pourtant la balance high teck avait été réglée pour toujours le satisfaire et, sans jamais faillir, lui annoncer d’une voix suave le poids qu’il pesait en million d’euros. Chaque jour un peu plus, de sa masse corporelle il avait fait une arme de guerre et a grand cooups de massue il etait parti ala conquete du monde .Une façon comme une autre de démarrer la journée, plutôt valorisante non ?
Il vitupéra , tapa du pied, au risque de perdre l’équilibre mais dut se rendre à l’évidence, la balance refusait de parler . Il l’insulta, la cajola, la menaça ! Rien.
Alors, insidieusement, sournoisement, la peur vint hérisser sa peau blême. Il n’avait plus la maîtrise de tout, se pourrait il que … non, impossible ! Ses bajoues de graisse bouffies se mirent à trembloter , une sueur acre dégoulina le long de son cou et vint se perdre dans les repris de sa poitrine aux poils rares.
Il était le Maitre, il pesait plus d’un million d’euros, le monde entier le savait …et pourtant.
Dans le silence douloureux de ce matin radieux, il y eut comme un déclic , un grincement desagréable puis la voix d’habitude si chaleureuse et réconfortante lui lacha un bref : zéro ! Rien, niet, nada ( oui les balances de nos jours sont polyglottes ) et c’est dans la minute suivante qu’il s’effondra, foudroyé, sur l’objet de son tourment.
Dans cet univers de marbre noir et de chromes étincelants, deux silhouettes menues s’affairent duement gantées et bottées , on se croirait dans une morgue de haut de gamme
Surtout ne prendre aucun risque , ne laisser aucun indice , pas d’empreinte, rien !
Elles n’existent pas, n’ont jamais existé, c’est cela le prixde leur liberté Simplement se débarrasser de l’arme du crime
pendant que l’une essaye de légèrement soulever le cadavre, l’autre arrive à se rapprocher de la balance , en ouvre le boîtier e,t rapide, en retire un minuscule grain de riz .
Le petit, tout petit grain de sable qui a eu raison de la technologie et …du Maitre aussi
488/Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance afficha « erreur ». Il posa un sac de pommes de terre et celle-ci afficha 5Kg, son poids .Troublé, il mit un jogging avec capuche et alla à la pharmacie voisine. Sans rien demander à personne Il monta sur leur balance qui afficha elle aussi »,erreur ». S’enfuyant comme un voleur lui qui soi-disant pesait un million d’euros, courut vers son domicile,si l’on peut dire car ses pas étaient lourds comme s’il était obèse ce qui était loin d’être le cas.
Arrivé chez lui il s’habilla en hâte et partit en courant à son bureau pour ne pas être en retard.Il entendait déjà son chef le rabrouer « toujours en retard M. Untel »
Passant devant sa banque, il mit sa carte dans le distributeur et consulta son compte qui afficha – 200 E. Fou de rage , il donna un violent coup de pied dans le mur, si fort qu’il tomba dans les pommes. Les passants le secoururent et appelèrent le SAMU. On lui mit un coton-tige dans la narine, droite ou gauche il ne se souvient plus ; on lui fit un test et par prudence on l’emmena à l’hôpital où il fut mis en quarantaine.
Les journalistes qui avaient été alertés que Monsieur Untel qui valait plus d’un million d’euros avait été hospitalisé ,envahirent les couloirs. Un arriva même à entrer dans sa chambre accompagnée d’une infirmière masquée. On les prit tous les trois en photo. Notre « millionnaire » essaya contre mauvaise fortune de faire bonne figure.
Trois jours après le chef de service lui dit que, manquant de lits, il allait pouvoir sortir.
On ne lui avait pas demandé son avis pour le faire entrer, pourquoi lui aurait-on demandé pour le faire sortir se dit-il.
N’ayant pas grand’chose à manger chez lui, il pensa un instant aller chez sa mère mais se ravisa vite car il se disait que les personnes âgées étaient les plus vulnérables et qu’il fallait, sanf cas de force majeure,éviter d’aller les voir à leur domicile.
Il prit tranquillement à pied – il n’y avait pas de bus – le chemin de retour et apercevant un rare tabac ouvert il s’acheta un billet de loto…..
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Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance…
Le monde entier savait qu’il était dingo, fana, fou, frappé, foldingue, toqué voire obsédé. Mais attention, ce n’est pas ce que vous croyez. Ce qui le mettait dans cet état, ce n’était pas la bagatelle, c’était la domotique. Et cette obsession suscitait des réactions parfois cocasses dans son entourage.
Il y avait ainsi Juliette, qui se levait plus tôt que nécessaire et qui observait avec ses jumelles, le réveil du penthouse où habitait le bonhomme. Un crépitement, des volets qui se lèvent avec une synchronisation exaspérante, le transat qui se déplaçait pour capter les premiers rayons de soleil, la table basse garnie du petit déjeuner qui surgissait au milieu du carrelage en marbre de Carrare. La baie vitrée qui coulissait et le bonhomme qui arrivait aussi nu que… Et alors, Juliette se délectait…
Il y avait aussi Constant qui, jumelles sur le nez, observait la ballets des objets connectés : les paraboles qui s’orientaient vers l’Orient, les bras des petits robots qui versaient le café, beurraient les toast, pressaient des oranges sanguines et massaient délicatement les trapézoïdes endoloris.
Et plus coquine encore, Lily qui braquait une longue-vue et un micro directionnel vers la salle de bain. Et ce qu’elle capta aujourd’hui la laissa pantoise !
Imaginez le bonhomme, surnommé Untel – acronyme de Unknow- téléphone – aussi nu qu’un ver se diriger vers la salle de bain.
La porte glisse doucement. Il avance un pied, puis l’autre continue avec une lenteur exaspérante . Untel, qui sait qu’on dit de lui qu’il pèse plus d’un million d’euros s’apprête poser les deux pieds sur le plateau vitré de la balance encastrée dans le sol.
C’est alors que le silence absolu est foudroyé par un bip sonore. Untel est immobile. Il attend quelques secondes, lève le pied droit, le pose sur le plateau. Le second pied le rejoint à son tour.
Temps et souffle suspendus.
L’air frémit.
La balance semble hésiter puis laisse s’élever une note. Un la, dirait une oreille absolue.
Un toussotement, un tremblement, une sensation de fébrilité puis, comme une envolée de titis, explosent les notes de l’Allegro d’Albinoni !
Untel est furieux ! Il crie, s’égosille, s’époumone. Mais qui donc a eu outrecuidance de remplacer le merveilleux Adagio d’Albinoni par cette horrible allusion : Allegro ! Je ne suis pas gros, hurla-t-il, c’est juste qu’à volume égal, la masse musculaire est plus lourde que la masse graisseuse.
Untel se débat, peste et fulmine, comme un diable dans un bénitier. C’est alors qu’un haut-parleur, agacé par ce tsoin-tsoin et interpellé par Alexa, diffuse « La colère pour un sou perdu » de LVB.
Untel s’agace un peu, ma non troppo de se voir usurper un peu de sa puissance. Agacement illico presto apaisé par une chevauchée de Walkyries, déboulant comme la Cavaleria rusticana, qui lui apportent sur un plateau de vermeil, un verre de vino santo et une poignée de cantucci.
Lily ne tient plus, elle s’esclaffe ! Untel, en tenue d’Adam, trempant son cantucci dans un verre de vin doré. Quel spectacle !
Untel, qui pèse un million d’euros, entonne d’une vox fluette « Bella Ciao ».
En écho, le rire clair de Lily s’éparpille dans le bleu du ciel. Les notes déferlent en cascade.
Perturbée par ces dissonances, la domotique s’emballe, s’enraye. Les fenêtres et les baies s’ouvrent en grand, les portes s’,entrebâillent, les cloisons s’effritent, les mur s’écroulent.
Le puissant Untel, nu comme un ver est foudroyé….
Alexa cherche. Alexa trouve. Fauré – Requiem- In Paradisum.
Untel est foudroyé, mais par le rire d’une midinette.
Alexa cherche. Cupidon – Eros – Cherubino.
Alexa trouve. Voi che sapete.
C’est la fin du grand clivage social. Les notes de la marche nuptiale retentiront bientôt sous la voûte pour célébrer le mariage d’une étoile et d’un lion …
On peut toujours rêver, murmura Lily en déposant sa longue-vue et en jetant un coup d’œil sur sa montre.
Elle empoigna son sac, ferma la porte de son minuscule appartement. Dans quarante minutes, elle enfilerait sa tenue blanche hermétique, mettrait ses lunettes et isolerait son nez et sa bouche derrière un masque. Il y a urgence à sauver des vies….
© Clémence.
Il était dit sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir.
La balance resta muette. Johan jura et alla chercher des piles.
La balance, l’auteur de la fake news était content de son coup.
Comment imaginer en effet qu’Untel, ce parfait anonyme ait pu faire fortune, lui qui ne venait de rien, lui qui n’était rien qu’une abstraction, l’item d’un vaste panel choisi par un algorithme concocté par un groupe d’informaticiens, dont il faisait partie, dans une cabane de la Silicon Valley.
Johan se repèse :
– 125 kilos
Peste ! Bon pour un sauna et se rouler dans la neige.
Il actionne la touche finance de la balance mais son doigt dérape sur la télécommande à l’emplacement humeur.
– Stress 50 % – Vanité 40 % – Broie du noir 10 %
Pas de surprise, la balance est fidèle.
Et sur finance ?
La balance lui répond par :
– Avec la caisse noire ou sans ? Avec les placements off-shore ou sans ?
Pris d’un élan d’honnêteté (que la balance n’avait pas mesuré), il choisit les options sans.
– Indisponible, contactez votre comptable !
Furieux Johan balance au loin la télécommande qui en heurtant la commode se fige sur humeur :
– Stress 100 %.
Kevin et Youssef baguenaudent sur le boulevard Clémenceau. Kevin se sent tout bizarre et stoppe brutalement
-Qu’est ce qui t’arrive ?
-J’écoute ce que me dit mon corps.
-Manquait plus que ça. Ton corps te dit de me payer un coup à boire. Tu me dois bien ça. Combien je t’ ai prêté la semaine dernière ?
-Youssef, je blague pas. C’est une question de vie ou de mort. Prête moi cinq euros.Je te les rendrai, promis.
En soupirant Youssef lui tend un billet de cinq euros en sachant très bien qu’il n’en verra plus la couleur. Avec cet argent Kevin achète un billet à l’euromillion.
-Ça, c’est le ticket gagnant, c’est le jour, je le sens, dit Kevin, et je ne serai pas un ingrat.
La journée se passe de bar en bar, de vérité de comptoir en vérité de comptoir. Le lendemain, au réveil, gueule de bois oblige, Kevin prend du citrate de bétaïne et quelques efféralgan , oublie complètement l’euromillion, et essaie de ranger l’appartement.Caroline va probablement bientôt rentrer.
Quelques semaines plus tard, tous les médias parlent du gagnant, pesant un million d’euros et qui n’a toujours pas réclamé son dû. Il ne lui reste que quelques jours. Et ça suppute dans tous les bars du pays. Un éclair dans le cerveau de Kevin : c’est peut être moi. Mais il est où ce fichu ticket. En courant il rentre chez lui et met le logement sans dessus -dessous : il vide les rayons des placards, vide les tiroirs…
C’est le moment que choisit Caroline pour revenir dans ce T3 qu’elle occupe avec Kevin.Caroline et Kevin sont ensemble depuis deux ans. Très amoureuse au départ Caroline a vite eût le goût et le besoin de s’octroyer, de temps en temps, quelques petites vacances. « Je vais chez ma mère, je vais chez mon frère, je vais chez ma copine… ». Elle revient chaque fois rayonnante, câline, indulgente par rapport au désordre de Kevin. Caroline, née un vingt huit septembre est une vraie balance. Mystérieuse, aguicheuse, mais attachée à son petit intérieur qu’elle tenait toujours propre et coquet. Mais cette fois c’en était trop.
-Mais qu’est ce que c’est ce binz ! C’est de pire en pire. Ras le bol de toi, Kevin, je vais vraiment te quitter. La boîte à mouchoirs c’est pas une poubelle. Et furieuse elle lui jette quelques papiers à la figure.
Kevin, paralysé voit le ticket qui atterrit sur le parquet.
Caroline,l’esprit vif voit le ticket qui atterrit sur le parquet.
Elle se rue sur le bout de papier en même temps que Kevin enfin réveillé. Leurs têtes se rencontrent brutalement. La puissance du choc précipite Kevin au sol et son pariétal heurte le pied métallique de la table, style industriel : bruit d’os brisés. Pauvre Kevin qui ne saura jamais combien d’euros il pesait. Dans le même temps Caroline est projetée sur la cheminée. Et là, c’est l’occiput qui ne résiste pas.
Un chuintement trouble le silence de mort.. La porte s’ouvre, apparaît la gueule de fouine de la petite vieille du dessous. En pantoufles, elle glisse doucement sur le plancher, s’empare du ticket, referme la porte en sortant et retourne à son appartement en riant. Ce matin Dieu lui a bien dit que c’était son jour. « Merci seigneur »Enfin chez elle, personne ne l’a vu. Elle compose le 17
Il était dit sur tous les médias qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir .La balance aux allures futuristes et calibrée à souhait lui donna comme à l’accoutumé la procédure à mettre en place.
Notre homme était un tout petit homme enrobé de la tête au pied. Ses formes girondes laissaient entrevoir deux orbites noires et profondes ou même le plus vaillant des explorateurs n’aurait osé s’approcher. Sa chevelure rare et mal entretenue formait des pics acérés tout autour de sa tête. Il ne sortait plus depuis quelques décennies. Une maladie invalidante l’avait condamné à confinement. Voué à ne plus pouvoir profiter de la beauté du monde, il s’était engagé à le surveiller nuit et jour afin de ne rien perdre de son évolution. Il s’était doté des appareils les plus sophistiqués. Un satellite privé, une lunette astronomique surpuissante, un sous marins …Il souhaitait pouvoir observer la planète sous tous ces angles, pour garder bon moral et s’émerveiller les yeux. Mais peu à peu il commença à déchanter. A force d’observation, il constatait la disparition d’espèces, une bétonisation abusive, une asphyxie grandissante et une individualisation massive. Confiné à ne voir que du désespoir, il se pencha sur l’idée d’apporter du mieux. Il se mit en recherche active jour et nuit. Il dessinait des plans, calculait des formules, imaginait des idées les plus folles. Il passa deux années à chercher des solutions, quand tout à coup l’idée jaillit. Il ne lui fallut que 2 semaines pour tout organiser. Une dernière vérification et hop il savait que sa trouvaille allait tout révolutionner. Il s’apprêtait à agir quand tout à coup il fut traversé par un sentiment de doute. Et si je me trompais. Si cela n’était pas juste. Si mon idée était trop folle, trop hâtive.
C’est ainsi qu’il décida de se doter d’une balance collaspsogique mesureuse de bouleversement systémique. Elle seule saurait lui donner l’autorisation pour mettre en œuvre son scénario.
Chaque jour il pesait les conséquences de son invention et mesurer le pour et le contre de sa mise en œuvre . En un éclair la balance à l’aide de micro capteurs lui indiquait la posture à tenir « contre » . ..« contre » …. « contre » La balance n’avait de cesse chaque matin de répéter la même chose. Notre homme avait vérifier la tare et tout l’électronique de cette luxueuse machine, tout fonctionnait .
Ce n’est que ce matin là, un matin comme les autres matins, ou il était dit sur tous les médias qu’Untel pesait plus d’un million d’euros, qu’il se pesa comme à l’accoutumé pour voir . Et ce matin là contrairement à tous les matins, pour la toute première fois , alors qu’il allait redescendre comme à l’accoutumé la balance murmura « Pour Mr Corona » .
😺FAMA VOLAT
Ça ce disait par média, il pèse plus d’un million. Il se pesa pour voir. La balance, appareil de mesure bien sûr, ploya tout d’abord quand il l’aborda. On allait voir ce qu’on allait voir… Il vida ses poches, ne lui restait qu’un nickel pour mettre dans la fente. Il hésitait, c’était sa pièce fétiche, celle qui selon lui avait édifié sa fortune. Que vit-il qu’il ne voulait savoir ? Rien, c’était fou de gaspiller ce sou.
La balance pouvait parler
‘ une brique pour une pomme, ça fait cher le kilo ‘
Elle émit un ticket, masse corporelle totale, osseuse, musculaire, graisseuse. Cerveau, zéro.
La bourse. L’homme qui pesait un million n’avait pas de cerveau, ça, c’était un scoop.
Sur les marchés, on ne sut comment ça se sut, traders de s’affoler, agioteurs de grimper aux rideaux, il y avait le feu au plancher, la bulle va crever. Le papier démonétisé n’avait plus cours.
Scénette. Y a pénurie. Au bureau de placement, Madame cherche une bonne. Y a pénurie : autoritaire : envoyez-la moi. Il me faut une fille tout de suite. Mais. Je la prends etc…
Tout comme le papier, c’est virtuel, j’achète, etc…
Mais qu’est-ce que vous avez dans le crâne ? J’achète !
Exeat.😺
🐀 ENTRE LES DEUX MON CŒUR BALANCE.
Pauvre, Job errait léger comme l’air.
Riche, Crésus partout se cachait inquièt, de l’or plein les poches jusque sous les semelles de ses sandales.
Le hasard voulut qu’ils moururent le même jour, eux qui toute leur vie s’étaient évités.
Job qui pour s’élever avait juste pris le brouillard du matin, arriva le premier. Pour la première fois il avait gagné.
Crésus partit à cheval sur un cumulonimbus- le seul omnibus ayant accepté de le transporter- avait terminé sa montée en grimpant à une corde à noeuds de grêlons, puis à pieds. Essoufflé, gelé et furieux de pas avoir eu droit aux mêmes égards en l’air qu’en bas se présenta au ‘ Porteur des Clés ‘ comme ‘LE’ banquier.
Le Gardien ne dit mot, ouvrit une toute petite porte pour rejoindre le chemin de lumière.
Crésus eût beau se mettre de profil, essayer de rentrer ses avantages, s’accroupir, rien n’y fit, il ne passait pas ! C’est à genoux qu’il demanda pourquoi… Pourquoi lui, Crésus, ne pouvait entrer ?
Le Gardien le fit monter sur la balance à mercure du mérite.
L’autre, méfiant, s’y percha sur le bout d’un pied.
L’aiguille resta figée
Il y posa le talon, puis les deux pieds…
L’aiguille se débloqua, fit d’un coup le tour du cadran pour se retrouver… Au même endroit.
Il se pencha et lut :
Zéro sollicitude, zéro humanité.
Le Gardien lui susurra
– Videz vos poches, ici vos pièces ne servent à rien: la richesse n’est pas la même.
Crésus est dubitatif, son cœur balance. Se séparer de son magot adoré amassé toute une vie !
Oui mais si, de l’autre côté, à la guitoune du paradis, il tire à la loterie son billet pour retourner sur terre retrouver ses affaires ?
C’est ça ou rester à la porte, exposé aux intempéries des sentiments jaloux.
Crésus réfléchit au moyen d’obtempérer tout en mettant ses sous de côté afin les retrouver s’il tirait le numéro gagnant.
Il commença donc à jeter ses Louis d’or… Un par un.
Il en tomba… Tomba… Tant et tant et pendant si longtemps que de Mai on passa l’été pour aller jusqu’à l’automne.
Voilà pourquoi en cette saison toute la nature est couverte d’or… Elle l’attend. 🐀
– Eh! Bonjour Hector!
– Bonjour Madame.
– Vous avez écouté les médias ce matin ?
– Bien entendus, Madame.
– Ils parlent de vous ! Génial ! Ils disent qu’Untel…
– Les médias écorchent mon nom Madame. Je m’appelle Intel. Ine.Tel.
– Untel, Intel ! Nous, en France, on le prononce pareil.
– Et l’écriture est différente Madame.
– Mais oui, mais oui, Hector, je sais, je sais… Et ils disaient que vous pesiez plus d’un million d’euros…
– Je ne comprends pas Madame. Je m’appelle Hector. Je mesure un mètre soixante. Je pèse soixante-cinq kilos.
– Mais oui, mais oui, Hector, je sais, je sais… Mais, il ne faut pas prendre au premier degré le mot peser, cela veut dire…
– Peser, Madame, veut dire déterminer un poids. Je connais mon poids. Je n’ai pas besoin de votre balance pour connaitre mon poids.
– Eh bien, tant mieux pour vous Hector. Si votre poids est immuable, tant mieux pour vous. Pour moi, ce n’est pas le cas…
– Exact Madame. Ce matin, vous pesez cent-dix kilos…
– Hector, vous êtes…
– Vous êtes obèse Madame…
– Ca suffit Hector, taisez-vous, vous êtes insultant. Je vais le signaler à vos supérieurs.
– Obèse et menaçante Madame.
Madame, rouge de colère, jeta de toutes ses forces sa balance à la tête de Hector, qui ne bougea pas d’un millimètre.
– Obèse, menaçante et méchante Madam…
Madame, au bord de l’apoplexie, appuya sur le bouton rouge. STOP.
Hector s’arrêta net, désintégré. Il ne pesait pas un million d’euros.
Madame s’arrêta net, atomisée. Elle pesait plus d’un million d’euros.
Aujourd’hui c’est son anniversaire. Cette année il attend particulièrement fébrile ce jour-là. Crucial pour son avenir.
Il redoute qu’une bonne fois pour toutes la coutume religieuse séculaire ait été abolie par les temps de plus en plus modernes et ses sujets de plus en plus éduqués.
L’Aga Khan, Imam prince héréditaire des Ismaélistes, bien qu’il habite en Suisse, à Paris, à Londres, à New York, en Sardaigne, à Deauville, selon les saisons et les caprices de ses Bégums, a obligation religieuse de se rendre en Inde une fois tous les dix ans.
Obligation à laquelle il ne risque pas de se dérober, il fait d’ailleurs dire des prières à ses fidèles afin que sa santé lui permette chaque décennie de supporter le voyage. Vidant le coffre-fort à tour de bras, au bout de 8 à 9 ans, il ne lui reste plus grand-chose pour voir venir et maintenir son train de vie.
Les 10 ans étant échus, il vient se faire saluer par ses fidèles et constate avec satisfaction que le rite est cette fois encore pérenne : la balance nourricière a été mise en place. Imposante, rutilante.
Trente ans plus tôt, il avait reçu son poids en or, il y a vingt ans c’était en diamants, dix ans plus tard en platine. Alors, cette année ?
Après avoir augustement béni les têtes courbées et les mains jointes sur son passage, il s’installe dans un des plateaux. L’autre plateau encore vide remonte et le fait demeurer les pieds parterre, pour le moment.
Il ferme les yeux et se met à prier (?), il jouit du tintement des dons emplissant peu à peu l’autre plateau, au fur et à mesure, le sien remonte. Enfin revoilà l’équilibre, il était temps, il commençait à avoir mal au cœur à tanguer doucement.
Il redoute d’ouvrir les yeux, est-il toujours autant vénéré, qu’a-t-il été déposé dans le plateau cette fois. L’acclamation générale saluant le rite accompli lui fait rouvrir les yeux.
Il regarde le plateau, la déception est grande … les temps sont durs et vont l’être même pour lui, ni pierreries, ni métal précieux : 1 million de pièces d’un euro.
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance lui indiquait un poids qui n’était pas encore celui auquel il s’attendait et cela avait été l’histoire de sa vie.
Il ne pouvait croire que son régime lui avait couté tant. Alors il sortit du tiroir du buffet une épaisse chemise à élastiques qu’il ouvrit fébrilement. Le paquet n’en pouvant plus d’être confiné laissa glisser le gros tas de feuilles qui s’éparpilla sur la table. Il se releva pour prendre sa calculatrice à grosses touches et commença son ouvrage.
Il retrouva la première facture, la première du paquet en partant de la fin et y lit la date qu’il avait alors surlignée mais qui maintenant faisait ressortir sous un pâle trait épais ce jour de janvier 2018, il y a 45 ans. 45 ans ! Et oui, cela faisait déjà quarante-cinq ans qu’il s’était fait happer par cette campagne de publicité agressive qui lui faisait promettre une perte de poids miraculeuse, lui le petit gros de l’école qui avait essuyé toute sa vie les humiliations les plus terribles à cause de son embonpoint alors il avait cédé. Céder aux sirènes du miracle « comme j’aime ça ». Pendant 45 ans ! Ce fut une spirale infernale dont il n’était pas parvenu à s’extirper. Pire qu’une drogue, il replongeait toujours. Car oui, il avait réussi à maigrir mais dès qu’il arrêtait les repas livrés par « comme j’aime ça » il reprenait du poids à une vitesse extraordinaire. Il était pris dans un engrenage infernal et aujourd’hui, en ce jour de 2063 lorsqu’il avait entendu dans tous les médias que, lui, le type qu’on ne regardait jamais et dont le nom circulait maintenant sur tous les réseaux comme étant le recordman de tous les abonnements toutes catégories confondues, il en fut tétanisé.
Il fit donc ses calculs, 20 euros par repas à raison de trois fois par jour, cela lui coutait 21900 euros par an soit, après 45 années et quatre mois précisément effectivement un million d’euros. Il s’était arrêté de compter il y a longtemps, pris dans le déni qui lui permettait de porter sa carcasse fêlée. Il eut le vertige quand il comprit tout ce qu’il aurait pu faire avec cette somme. C’était trop tard. « Comme j’aime ton portemonnaie ! », ça ne faisait aucun doute !
L’ironie faisait de lui le héros du jour en gagnant le prix du client le plus fidèle, le plus allégé aussi ! Des milliers de kilos perdus et des sommes laissées. Il décida de fêter ça.
Il se prépara un repas de maître et déboucha une bouteille qu’il avait gardée pour un jour extraordinaire, une occasion unique !
Comme j’aime ça !
Il était dit sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir.
La balance.. n’en croyait pas ses chiffres, elle avait tout vérifié, recommencé , elle se transformait vraiment en machine à sous. Les sommes défilaient à grande vitesse, elle ne comprenait plus rien, elle était censée, avec ses algorithmes, calculer des rapports calories, énergie, élaborer des fonctions, proposer des solutions concrètes. Issue de recherches fondamentales, elle restait loin d’applications financières. Les médias auraient donc raison ? Ses connexions réservaient pourtant des surprises, la semaine dernière un bug fantaisiste avait évalué le poids d’Unetelle en palets de chocolat, elle était furieuse.
Encore un virus ??
Il était dit sur les médias qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance dénonçait un surplus. Il ne devait pas maigrir. Depuis trois jours, il était en résilience surveillée. Chaque jour son obsession grandissait. S’il prenait un gramme par jour, sa fortune doublerait en soixante-dix ans. Mais s’il maigrissait, sa retraite aussi fondrait comme neige sous le réchauffement climatique. Il avait marqué beaucoup de buts jusqu’à présent, il pourrait gagner encore quelques ballons d’or et finir centenaire multimillionnaire. C’était son ambition.
C’est quand il se mit à réfléchir sur ce mot de résilience qu’il changea son point de vue sur le métal. Il est vrai qu’on parlait aussi de musique métal et de toutes ces expressions comme la parole est d’argent et le silence est d’or. Comment ce mot de résilience qualifiant un métal sur le point de se rompre, issu de la métallurgie, pourrait qualifier un homme en rupture ? Un homme alcoolique titubant serait donc un homme métal hic ! Et un homme titubant devant un ballon serait quand même ballon d’or.
Peut-être serions dans l’âge de faire des conneries ? Imaginez l’homme pris entre le marteau et l’enclume. Il dit stop ! Mais une particule s’échappe du choc. Il la rattrape au vol. Soudain, le médecin entre.
– Qu’est-ce que vous faîtes ?
– Je rattrape ma particule au vol.
– Il vous faudra encore un peu de temps pour être sevré.
– Vous savez Monsieur l’agent, l’alcool, c’était comme ma deuxième épouse. Un jour, j’ai dit comme ça : qu’est-ce que tu fais dans mon métal ?
– Et qu’a-t-elle répondu ?
– Rien ! Je lui ai dit, tu es lumibeuse.
– Vous n’avez pas autre chose à faire ?
– Si, je dois résilier mon contrat.
– Vous ne devriez pas.
– Pourquoi ?
– Parce que le temps c’est de l’argent.
– Avec le fer, je ne veux plus de contrat
– Pourquoi ?
– Parce qu’au-delà de la résilience, je vous ai dit : il y a la lumière.
– Rien ! Je lui ai dit, tu es lumineuse.
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros.
Dans l’après-midi, pour tirer au clair son subit embonpoint, flageolant sur ses jambes, il était descendu à la cave et après maintes recherches dans son bric-à-brac, il avait déniché le pèse-personne dans un énorme carton qu’il n’avait pas ouvert faute de place dans son minuscule studio. La balance se déglingua dès qu’il posa un pied dessus. Il faut préciser qu’elle avait fait son temps et que c’était sa mère, qui ne jetait rien, qui l’avait gardée au cas où. De frayeur, il avait fait un bond et s’était cogné la tête à l’ampoule pendouillant au plafond sur lequel s’entrecroisaient une multitude de fissures qui lui faisaient penser à une autoroute aux multiples échangeurs. Revenu de ses émotions, pour tenter de remettre ses idées en place, il s’était assis sur son unique chaise qu’il avait récupérée dans une brocante. Stupéfait, il se demandait ce qui se passait depuis ce matin lorsqu’une meute de journalistes masqués avait sonné à sa porte pour lui demander ses impressions de peser autant. Après avoir claqué la porte au nez de ses intrus dont il ne comprenait pas un traitre mot, lui le cachectique, s’était regardé dans son miroir tacheté de chiures de mouches et n’avait remarqué aucun changement dans sa physionomie, sinon une barbe de quinze jours qui lui mangeait le visage. Il était retourné sur son matelas posé à même le sol pour terminer sa nuit. Depuis le confinement, il ne travaillait plus faute du moindre petit contrat et s’ennuyait ferme dans son huit mètres carrés. Sa vieille télé ne marchait qu’à force de claques et de manipulations de l’antenne portative qui lui donnaient des images tellement distordues qu’il en avait la nausée et des mots comme hachés à la moulinette qu’il en avait des acouphènes.
La veille de ce jour mémorable, pensant devenir fou, il tournait comme un chien qui s’amuse à attraper sa queue et au bout d’un moment il avait remarqué, sur une pile de vêtements, un livre de comportement personnel qu’il avait acheté après son divorce. Il était tombé sur un axiome qui l’avait fait réfléchir : « pour avoir la paix intérieure nous devons terminer ce que nous avons commencé ». Et c’est ainsi qu’il avait terminé trois bouteilles de rosé, une de rouge, la bouteille aux trois quarts pleine qui lui servait jadis à flamber ses coquilles Saint-Jacques, ainsi que quelques fonds de spiritueux divers et variés qu’il avait entreposés dans le placard sous l’évier. Il avait évité de justesse de s’empoisonner avec celle du déboucheur d’évier qu’il avait renoncé à ouvrir tant ses mains rechignaient à lui venir en aide.
Il passa le reste de la journée à soigner son mal aux cheveux, puis dans la soirée, il reçut la visite surprise de son ex qui lui demanda la moitié de la cagnotte du loto. Elle savait qu’il jouait depuis vingt ans les mêmes numéros et lui demandait sa part qu’elle estimait avoir largement méritée. Et lui, la tête toujours dans un étau, après lui avoir demandé de ne pas l’approcher à moins d’un mètre, lui avait répondu qu’il ne savait plus où il avait rangé ce foutu ticket. Assis sur sa chaise, les coudes appuyés sur ses genoux, il l’avait laissée fouiller son minuscule studio qu’elle avait mis sens dessus dessous. Elle ne trouva pas le trésor, le traita de tous les noms d’oiseaux et s’en alla folle furieuse.
Le lendemain, dégrisé, il entreprit de se raser, décrocha son miroir et le bulletin tomba à ses pieds. Il attendit la fin de l’épidémie pour empocher ses gains et disparut à jamais avec son livre sous le bras afin de le terminer.
Il était dit sur tous les médias qu’Untel pesait plus d’un million d’euros.
Il se pesa pour voir.La balance ,sans surprise, indiquait un kilo pile comme depuis le début de sa vie.
Mille grammes d’or pur,un lingot certes mais raplapla,sans envergure.
Dans son innocence il se demanda, lui qui selon les cours,variait de valeur de façon parfois alarmante,à quoi pouvait bien ressembler ce Untel de plus d’un million.
Il devait être gigantesque,une masse effrayante.Où donc était il stocké,dans quel coffre démesuré?
Dans le sien il avait parfois côtoyé des poids lourds,mais jamais une telle anomalie.
Le lingot se mit à supputer,rêvasser et se morfondre en pensant compulsionellement à ce mastodonte.
Il n’en dormait plus ,tournant en rond des jours entiers.Il devenait fou,rêvant tout éveillé à un géant qui viendrait le narguer avec une rutilante suffisance.
Il finit par s’user,s’amincir au fil du temps.
Quand épuisé et hagard il se hasarda à remonter sur la balance,elle sonna l’alarme:
223 grammes!Une lamelle,il était rendu à l’état de lamelle.
Désespéré,il se recroquevilla sur lui même,honteux à l’idée que l’on puisse le voir dans cet état:une petite pépite de rien du tout dans un coffre qui deviendrait son sarcophage.
Il était dit sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance ne bougea pas d’un iota.
Il descendit de la balance, renouvela la pesée, toujours rien, l’aiguille était figée sur le 0.
Il prit la balance à deux mains, la secoua comme une tirelire dont le bouchon fut bloqué, s’énerva légèrement. Il était à deux doigts de jeter cette balance contre le socle du bidet.
Pour la troisième fois, il recommença l’opération, un pied bien un plat puis l’autre. Il fit de petits bonds pour tenter de décoincer le mécanisme, mais rien absolument rien. Toujours zéro !
Il souleva sa bedaine, vérifia qu’il possédait toujours des couilles. Oui elles étaient toujours là, pointant vers le bas, mais toujours là, ouf !
On lui avait toujours dit qu’il avait des couilles en or, assurément elles devaient peser le poids d’un âne mort.
Alors il s’agenouilla et posa son trophée sur la balance ; et là surprise l’aiguille de la balance fit un tour et percuta la pige qui bloquait l’aiguille dans le rouge.
Nom de dieu jura t’il c’est quoi ce bordel ?
Il souleva ses burettes et les laissa choir de nouveau sur la balance.
Bing, l’aiguille culbuta de nouveau dans le rouge.
Certes il venait de réaliser le plus gros coup de sa carrière de trader en rachetant tous les masques de protection faciales et les avaient revendus à prix d’or.
A présent il pouvait se targuer d’avoir des couilles en or, il arrivait au palmarès des hommes les plus riches de la planète.
Mais lorsqu’on lui annonça qu’il venait d’attraper le virus, il éprouva pour la première fois de sa vie le vide total de son existence.
Bon courage à tous et n’oubliez pas de vider vos comptes en banque avant d’éternuer !
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros.
Ce matin, il se pesa pour voir. La balance indiquait 999.985 $
— Ça fait combien, Bill, en euros ?
— Oh, à peine moins, je crois, Unt !
— Ils exagèrent toujours, ces médias français, ahah !
Et ils éclatèrent de rire.
— Pousse-toi que je surveille ma ligne !
Cette balance était le summum de la technologie moderne, bardée d’intelligences artificielles compilant toutes les données de tous les « Cloud » de la planète.
Une tuerie qui soupesait votre véritable valeur avec une précision redoutable.
— 707.234$ ! Mouais, je ne suis pas aussi lourd que toi mais bientôt je vais bouffer l’affaire du siècle qui fera de moi « l’homme qui valait trois milliards ».
— Tu te prends pour Gates, Bill ? T’auras assez pour le déjeuner, ou tu veux que je t’invite ? … Ahah !
Et ils redoublèrent de rire. Ainsi courait la vie, sur l’or, chez Fuckman & Suckers.
Une semaine plus tard, Bill grossissait à vue d’œil quand Unt stagnait honorablement en bourse au cul de son million.
— Je t’avais dit de vendre, Unt. Je ne leur donnais pas deux mois pour être à genoux, et voilà !
— Chapeau bas, Bill. Mais t’as eu ces infos où ?
— Un ami sénateur américain, et c’est pas fini mon pote, ça ne fait que commencer, 897.567$ ! … Allez, c’est moi qui rince ce soir au Macumba ! Ahaha !
Les deux sexagénaires se gaussaient de ce monde qui tournait aussi rond qu’une roulette dorée d’Atlantic City. Seulement une semaine plus tard, un grain de sable vint enrayer la machine à gagner infernale, un grain qu’ils garderont deux semaines en travers de la gorge.
— 12$ ??? Viens voir, Unt ! La machine déconne, appelle le technicien !
— Ahah ! C’est peut-être ta valeur qui a chuté… laisse-moi monter… hein ????
— Pourquoi tu tousses, Unt ?
— 1$ ! Il doit manquer six zéros. Un problème d’affichage, c’est pas possible !
— Tu crois qu’ils auraient limité à 6 chiffres ? … Mais alors je vaudrais 12 millions de dollars, mec !
— Attends, t’emballes pas, j’appelle la hot-line… Bah, y a personne, Bill…juste le répondeur, bizarre pour du 24/24, il n’est même pas 22 heures…. Ça veut dire quoi « confinement » déjà ?
— J’en sais rien, une épargne à taux sécurisé, non ? Ou un truc du genre, un produit pour vieux schnocks. Jamais utilisé, laisse tomber, on va recommander une autre balance. 12 millions de dollars, j’y crois pas ! Allez je t’invite.
— Pas ce soir Bill, ça m’a foutu un mal de crâne, cette affaire !
— T’as le seum ? … ‘Tain, t’as le front brulant, mec !
— J’en ai vu d’autre, Bill… Balance cette balance qu’on en recommande une dimensionnée à notre valeur.
— Ahaha !
Les deux hommes descendirent de leur tour en riant et déposèrent sur le trottoir l’objet défaillant. Un homme, de passage dans le quartier, s’amusa à monter dessus. Elle afficha un nombre mirobolant : « 2.999.999.980 »
Cette balance a un gros problème, se dit-il, ou alors faut que je fasse un régime. Et il se mit à rire avant de regagner sa chambre d’hôtel. Il tomba raide sur son lit, exténué. Il venait d’assister à une conférence de quatre heures qui allait changer le cours de son existence.
Le lendemain, il se leva avec une intuition. Il en parlerait tout à l’heure à ses collègues de l’institut de recherche.
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance accusait 2 millions de dollars.
Il frôla l’infarctus tant la somme lui parut colossale comparée à ce qu’il pensait de sa propre valeur, d’autant plus qu’elle le plaçait largement en tête du Club des 27.
Il appela Christine Lagarde et lui tint à peu près ce langage
« M’dame, M’dame, vous avez vu, comme nous avons bien travaillé. 2 millions de dollars ! Incroyable non ? »
La digne argentière aux cheveux argentés ne se laissa pas impressionner par le montant annoncé car elle connaissait l’engeance qu’elle tenait pour un cancre accompli et objectivement, les statistiques parlant d’elles-mêmes, pour l’un des plus mauvais élèves de la classe.
« Êtes-vous certain de ce chiffre ? La balance n’est-elle pas déréglée ? » questionna-t-elle avec tact et circonspection sachant que les plus petits sont souvent les plus susceptibles.
Son interlocuteur vérifia et confirma : 2 millions de dollars.
« Pouvez-vous contrôler qu’il s’agisse bien de dollars ? » invita avec prudence l’ex-honorable présidente du Fonds Monétaire international
A l’autre bout du fil, se firent entendre onomatopées, borborygmes et grossièretés que la décence m’interdit de reproduire ici.
« Monsieur, vous êtes toujours là ? S’agit-il de dollars ?» demanda la respectable présidente de la Banque Centrale Européenne
« Non, il s’agit de tolars * » avoua penaud et embarrassé le P.I.B de la Slovénie
* Ancienne devise de la Slovénie avant le passage à l’Euro
C est super bien ! Original
Les médias de la région, toujours à l’affût du sensationnel à mettre à la Une, ont annoncé qu’Untel avait remporté 1 million d’€ à l’Euromillion. Ils n’ont pas joint de photo de l’heureux gagnant, non qu’ils n’aient pas essayé, mais l’homme étant obèse de première catégorie, aucun appareil photo n’a réussi à le cadrer tout entier dans son objectif.
A l’école déjà on le surnommait Bibendum, ou bien, moins aimable, Gros plein de soupe, injuste car la soupe il n’aimait pas. Lui c’était SuperKingBurger, SuperSucréSoda, et ChipSalées, ah ! Les ChipSalées: son point fort. Chaque jour des sachets vides plein sa poubelle.
Son poids ne l’avait pas empêché de trouver du travail. Ce n’est pas parce qu’on est gros qu’on est bête. Il avait réussi des études spécialisées et devint l’agent le plus pointu de la Brigade Scientifique.
Revêtu de sa combinaison blanche, taillée spécialement selon ses gigantesques mensurations, masqué, ganté, il faisait merveille avec sa lumière bleue pour découvrir les infimes giclées de sang, même si lessivées avec soin par le meurtrier. Pas son pareil pour identifier l’ADN des mégots ni mouler les empreintes de paumes de main ou de baskets, bref, as des as en élucidation des cas les plus énigmatiques, il faisait gagner des années et faire des économies à Police – Justice.
D’ailleurs, dans les cas de meurtres collectifs à la Kalach, les Polices de France se le disputaient, il était content, ça le faisait voyager, on lui réservait toute une banquette dans le TGV.
Malgré son mirifique gain à l’Euromillion, il s’était bien gardé de fanfaronner, et tant qu’à être affligé d’une bouée ventrale, sa bouée de sauvetage mental, c’était son travail, sa passion, son excellence.
Missionné en forêt sur une enquête très compliquée de cadavre coupé en morceaux et semi carbonisé. Plus guère de restes de la malheureuse dépouille. Il est obligé de se courber très bas, de s’agenouiller, pour faire ses relevés.
Tout son poids ramassé dans cette posture, sa combinaison s’enfle, s’étire, la fermeture éclair ne résiste pas et se déchire. Il s’en déverse un flot ininterrompu de liasses de billets s’élevant en un impressionnant monticule.
Subitement allégé, il rigole et respire, enfin ! Le voilà ramené à sa norme secrète : 80Kg tout sec.
Quand Untel monte sur la bascule
Y voit qu’y vaut du flouze, du pèze
Comme qui dirait un pesant d’or
Du blé qui charribote en motte
Du fric qu’on ramille à la pelle
Y s’dit qu’il est riche comme gros lards
Qu’il a baguenaude ronflante
Et qu’y peut pondre sur ses œufs
Y va s’estourouiller dans Tout Paris
Fier comme un Louis-philippard
Solide sur ses quilles, bâti pour l’arène
Y croit qu’sa tune est une armure
Y part arpenter l’asphalte
Et baver à tous les coins d’rues
Serrer la pogne à ses aminches
Y savait pas qu’dehors c’était l’avarie
Lui qu’avait toujours l’nez dans sa tirelire
Y s’est pris la crève à perpette
C’est c’qui s’appelle gagner l’gros lot
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance parlante lui signala :
– REDESCENDS, trop c’est trop, t’es trop lourd pour moi !
Il se réfugia alors sur le canapé près de sa dulcinée.
Elle le repoussa et lui dit : pousse-toi, trop c’est trop, t’es trop lourd pour moi !
Il sortit dans le jardin pour s’aérer et réfléchir,
Le gazon terrorisé lui cria :
– Non, pas sur moi, trop c’est trop t’es trop lourd pour moi !
Ne sachant plus où mettre ses pieds il enfourcha son vélo qui s’affola :
– Non, descends, trop c’est trop, t’es trop lourd pour moi !
Il se dit alors : c’est pas la peine de peser plus d’un million d’euros si tout le monde me repousse,
Mais alors comment maigrir hein ? Comment maigrir pour être aimé et accepté des autres ?
La balance qui l’entendait se morfondre lui dit :
– Si tu commences à pleurnicher c’est bon signe. Tu es peut-être récupérable.
– Tu te moques de moi balance ?
– Non au contraire… Vois, tu commences à redescendre sur terre, à souffrir, à te remettre en question.
Ce n’est pas ton poids qui est un problème, c’est ton comportement.
Tu ne t’en ai pas rendu compte mais au plus tu grossissais au plus tu t’éloignais des autres et de toi même.
En clair je dirais que tu t’es pris la grosse tête !
– Ah ? Lui répondit-il mais alors, que faire ?
– Rien lui dit la balance, tu es guéri, tu t’es remis en question.
– Allez viens que je te dise combien tu pèses réellement !
Il était dit, sur tous les médias, qu’Unetelle pesait plus d’un million d’euros. Elle se pesa, pour voir.
Les chiffres de la balance oscillèrent entre 55,1 et 55,2 kilogrammes. C’était un bon début. Déjà 5 kilos de perdus en une semaine. Décidément, le programme non seulement était gratuit mais s’avérait efficace. Les premiers plats livrés, surtout à base de légumes et de poisson avaient fait leur effet. Plus une once de gras dans la nourriture, il fallait s’y habituer, mais pensait elle, on a rien sans rien, même si, comme dissertait le philosophe hilare moins que rien c’est pas beaucoup mais c’est mieux que rien du tout….ou un truc dans le genre, car elle avait égaré son certificat d’études culturelles.
Depuis trois jours, elle avait été surprise, quand même. Plus de livraisons à domicile, plus de mignonnes portions sous plastique. Saisissant que cela devait faire partie du programme… on devait tester sa volonté… elle peaufina son propre plan pour atteindre le but.
Triant dans sa réserve de boîtes de conserve, elle sélectionna les petits pois, les haricots vert, les rondelles de carottes, les salsifis, les asperges et les fonds d’artichaut.
Elle s’établit un agenda journalier pour les semaines à venir. Lundi: un petit pois et une asperge…agrémentés d’une feuille de persil qu’elle cultivait sur son balcon, et deux litres d’eau citronnée. Mardi, elle allait marier une asperge à un fond d’artichaut avec deux gouttes de vinaigrette et une demi gousse d’ail.
Cela lui pris du temps….mais rien de perdu. D’après ses calculs, dans un mois, elle approcherai les 30 kilos.
Alors, elle aurait toutes ses chances . Elle deviendrait Miss France…puis Miss Monde…Miss Univers…voire plus!
Mieux qu’Untelle, cette ringarde d’au moins 32 kilos, elle allait bientôt peser des milliards, en image, en influence, en pognon et en pouvoir.
Soulagée par cette planification, elle ouvrit la fenêtre pour s’aérer.
La rue était pleine de chants d’oiseaux, c’était perturbant.
La balance s’aiguillait sur 63 kilos. Un vrai sac d’os. Avec ses 1,78 m, il pouvait jouer aux osselets. Il n’avait pas que les os laids. Avec ses yeux mollets, il offrait l’expression d’un poisson mort. Rat d’un et avare pour d’autres, Il n’offrait d’ailleurs jamais rien, si ce n’étaient des mots laisses, des mots qui liaient ses subordonnés à son bon vouloir. Il se montrait toujours odieux et se prenait pour un dieu. Le dieu de l’argent c’était lui. Il avait créé « Tweet à toute heure » en effectuant un TUC (Travaux d’Intérêt Collectif) derrière ses lunettes de myope et un écran d’ordonnateur. Depuis, il ordonnait toute la journée. Il ordonnait ses actions en bourse et son agenda d’ours génial mais solitaire. Il était loin d’être un génie sans bouillir. Il avait des colères qui rendaient son visage tout blanc, complètement délavé. Les objets volaient à la figure de ceux qui manquaient à ses désirs, à ses caprices de Dieu. Un dieu qui n’était qu’un faux mage, un rock fort qui pouvait couler au prochain krach boursier. Il pesait des tonnes sur ce marché mais son poids n’était que virtuel, soumis aux pouces des adeptes du Smartphone. Cette faune de zombies pouvait un jour dire pouce, tout aussi bien changer de site, et le pousser vers la faillite. Avec la courbe de son profit qui fléchirait, peut être alors la flèche de son pèse personne monterait vers les kilogrammes de son âme chavirée.
Super! Merci
Il était dit sur les médias du monde entier, dans toutes les langues latines, Anglo-germaniques, slaves, orientales, asiatiques nipponnes et même en Espéranto, qu’elle pesait plus d’un milliard de Yen.
Dubitative, elle se pesa entièrement nue
La balance s’affola
Elle eut juste le temps d’en redescendre
Elle se désintégra
…
…
…
( La balance d’accord ! )
Il était dit, sur tous les médias, qu’Untel pesait plus d’un million d’euros. Il se pesa pour voir. La balance…
Stupéfaction ! La balance électronique connectée lui indiquait « zéro »
Pas de panique, il reboota. Zéro ! Un petit stress mais confiant dans l informatique, l électronique, le cloud et tout le balard , il appela sa On LINE. Personne au bout du fil (si je peux dire)
Son million d euros (virtuel) inscrit qq part sur une ligne informatique via des satellites avait disparu de son écran. Devant sa balance, il était à nu.
Existait-il encore ?
Il rejoignit sa femme qui au coin du feu cousait des masques pour les infirmières…
Il comprit…
super! Merci!
trop fort , on a eu la même idée ! je te jure que je n’ai pas copié. bises à toi
Bises
Ça va ?