479e exercice d’écriture créative créé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais, voilà qu’un tumulte…

Inventez la suite

Ces exercices inédits d’écriture créative n’apprennent pas à écrire, ils enflamment l’imagination. Le but est de vous conduire vers les ressources imaginatives qui somnolent en vous. Après quoi, vous décidez de mener le projet d’écriture qui vous convient : nouvelles, roman, etc.


Idée née dans une rue piétonne

32 réponses

  1. caillaud dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais, voilà qu’un tumulte se fit entendre. Il semblait provenir du sol et retentissait de plus en plus fort. Soudain, des personnes se mirent à jaillir de partout, sortant des immeubles par paire de dix. Elles adoptées toutes le même pas déterminé. Chacune empruntant néanmoins une direction qui lui était propre. En quelques secondes seulement, les rues désertes s’étaient emplies. Hommes et femmes étaient vêtus de gris, dans un costume conforme. Dans sa robe bouffante Lyra se trouvait seule au milieu de cette foule, terrifiée. Un point vert pomme dans un fond gris. Personne ne semblait l’apercevoir, tous présentaient un visage inexpressif, figé et un regard fixe. Lorsqu’elle vit un homme s’avançait droit sur elle, Lyra crue qu’elle allait se faire piétiner mais à la dernière seconde l’homme s’écarta, sans même l’effleurer. Lyra ne voyait aucune issue à ce cauchemar. Heureusement pour elle, une échelle tombant du ciel, se déroula sous ses yeux. Elle attrapa des barreaux et débuta son ascension, soulagée d’échapper à cette masse compacte. Bientôt elle put se hisser au sommet d’un nuage. Elle ne craignait plus rien, elle savait que le nuage la conduirait dans un lieu sur où elle serait en sécurité. Elle ne se trompait pas, le nuage ralentit sa course et elle glissa le long de son flanc pour atterrir dans un champ de coquelicots. Elle en cueillit un mais aussitôt, les pétales de la fleurs tombèrent. Une larme coula le long de sa joue, une vie venait de s’éteindre et elle en était la naïve responsable. Lyra se mit à courir droit devant elle, le vent fouettant son visage. Elle trébucha une première et s’affaissa sur le sol moelleux sans se faire mal, se redressant aussitôt pour reprendre sa course. Elle tomba ainsi à plusieurs reprises mais se releva à chaque fois. Un sentiment de familiarité la prenait, comme si elle avait déjà parcourue ce chemin mais il y a un autre temps, une autre époque. Le paysage avait bien évolué. Ses pas la portèrent sur le rebord d’une falaise qui donnait sur une plage. Les vagues s’éclataient contre les rochers et Eléonore nageait, nue. Le visage d’Eléonore présentait des similitudes avec celui de Clara. C’était d’ailleurs le regard bleu de Clara qui se riva sur elle. Lyra tenta de s’exprimer mais elle n’entendit pas sa voix. Eléonore ou Clara, cependant, sembla la comprendre puisqu’elle lui répondit. A présent les vagues léchaient les pieds de Lyra sans qu’elle ne puisse les décoller du sable. Clara avait disparut et Lyra se mit à hurler. Il fallait qu’elle se réveille, ce n’était pas la réalité. Elle parvient à ouvrir les yeux, s’apaisa. Mais de nouveau elle sentit de l’eau remonter le long de ces cheville, elle était toujours endormie. Elle s’efforça une fois de plus à se réveiller et y parvient ou du moins elle le crut. Sous sa langue, une de ses molaires devenait branlante, elle la tâta et la dent s’émietta sous ses doigts. Toutes ses autres dents se mirent à tomber. Cela ne peut être vrai songea Lyra, je vais me réveiller, ce n’est pas la réalité…

  2. Stephane dit :

    rue des boutiques abandonnées,
    pas l’ombre d’un client. qu’un silence obstiné
    feutrant la rue désertée.
    mais voilà que le tumulte approche
    retentit pas cadencés
    sifflent flèches, boulets
    crèvent lances, tintent épées,
    mais voilà que le tumulte gronde
    tombent blessées,
    maisons embrasée
    pleurent rescapées
    mais voilà que le tumulte monte
    rue des boutiques pillées
    pas l’ombre d’un client qu’un feux obstiné
    brulant la rue désertée
    mais voilà que le tumulte s’estompe
    blessée soignés
    mort compté
    maison consumé
    mais voilà que le tumulte s’éloigne
    rue des boutiques abandonnées,
    pas l’ombre d’un client. qu’un silence obstiné
    feutrant la rue désertée.

  3. Emilie KAh dit :

    Rue des boutiques abandonnées

    Ma mère m’a dit : « Va chercher du travail, j’en ai plein le cul de te voir traîner comme ça ! » Ce serait donc moi le responsable de son gros cul, j’ai pensé ? Plus monstrueux chaque jour, vu qu’elle ne le bouge pas beaucoup du canapé. Elle l’y pose dès le matin, avec devant elle, sur la table basse, ses clopes, son cendrier dégueulasse, qu’elle ne vide jamais, qui dégueule ses mégots et qui sent la mort et un pack de bières, bien sûr. Et, aussi ses pieds, gonflés et malpropres. « Va chercher du travail, bon sang ! Y en a de l’autre côté de la rue, c’est le Président qui l’a dit ». — « Quel président, que je lui ai répondu » ? — « T’es vraiment con, toi ! Comment que j’ai fait pour accoucher d’un gonze pareil ? Le Président de la République, pardi ! ». Je devais la regarder avec des yeux ronds, parce qu’elle a pris un drôle d’air, mais c’était seulement parce qu’elle était gênée par un rot qui ne voulait pas venir. « Tu traverses la rue, et tu vas chercher du travail de l’autre côté, puisqu’il y en a, c’est le Président qui l’a dit. » J’ai cru qu’elle n’arriverait pas au bout de sa phrase. Ça déraillait dans son gosier. On aurait dit qu’elle cherchait son air. Là, son rot est sorti, un énorme, un monstrueux comme elle les aime. Elle a encore dit : « Voilà ! ». Elle s’est recalée dans le canapé et son regard s’est tourné vers la télé. J’étais plus là pour elle. Pour moi, si, par malheur. Il y a des moments où je sens le malheur sur moi et même en moi. Du coup j’ai l’impression d’être comme jamais, ou de ne plus être du tout, ce qui est un peu la même chose. Être vivant, sans raison de vivre, c’est décourageant, plus que ça c’est absurde. Fallait que je sorte de moi-même ou que j’y reste.

    Du coup, j’ai essayé de comprendre ce que ma mère voulait me dire, C’’était très difficile vu que je suis tellement intelligent que je ne comprends même pas ce que je pense moi-même. C’est le propre d’un cerveau limité. Comprenne qui pourra, pas moi, vu que, comme j’ai expliqué, je suis trop intelligent.

    Et si ma mère avait raison ? Il fallait que je fasse vite avant d’oublier ce qu’elle m’avait dit. Retenir plus de deux idées est déjà un exploit pour moi. Un jour je suis arrivé à quatre idées, le temps de le réaliser, elles s’étaient toutes barrées. Pour l’instant, j’en tenais deux. J’étais dans ma moyenne. Je m’y accrochais. Un : je devais traverser, deux : pour chercher le travail qui m’attendait de l’autre côté, comme avait dit un président. Il fallait que j’aille où ? De l’autre côté ! Nulle part, quoi ! C’est comme ça qu’on appelle l’autre côté. Mais, comme je viens, moi aussi de nulle part, aller nulle part c’est venir chez moi. Mais j’y étais déjà ! Bon que je me suis dit, réfléchis ! J’ai fléchi les jambes, une fois, deux fois, recommencé, réfléchi une fois encore pour faire bon compte. Ça amène de l’oxygène à mon cerveau et augmente ses capacités limitées d’homme intelligent. J’allais donc sortir de mon nulle part pour aller dans l’autre nulle part. Une histoire qui ne veut rien dire, tout en voulant dire quelque chose. Là je me suis trouvé génial ! Penser un truc pareil, c’est génial, tout simplement. C’est pas donné à tout le monde. Conclusion : Il fallait donc que je m’habille pour sortir.

    J’ai mis mes meilleures groles, j’allais en avoir besoin, je me suis coiffé un peu, j’ai lavé mes mains, — fallait que je sois présentable. Mon pantalon, ça allait, la veste, c’était moins sûr, mais je n’avais rien de mieux. Alors j’ai mis une écharpe jaune pour cacher les taches et je suis sorti. Je commençais à descendre l’escalier en le montant, quand j’ai réalisé que j’avais oublié ma casquette. Erreur fatale, ma casquette m’est indispensable, c’est elle qui tient mon cerveau. Un « gardefolie » en quelque sorte. Sans elle, mes idées s’échappent encore plus vite. Je suis remonté pour descendre, une fois, deux fois, trois fois… À force de faire le yoyo, j’ai fini par reconnaître notre porte au bruit de la télévision. Un bruit que je n’entendais pas, mais qui devait exister quand même puisque chez moi, il y a toujours du bruit. Je ne suis quand même pas bête au point de nier ce que je n’entends pas. C’était comme une note silencieuse, ça doit bien exister, puisque je l’ai ressentie, elle avait même une odeur de tabac et un goût de bière. J’ai encore pensé que j’étais génial. Je venais d’inventer une note de musique qui n’émettait aucun son, mais qui était odorante et goûteuse. Je n’ai pas approfondi cette question, je la laisse aux plus cons que moi, ils en feront peut-être quelque chose. J’ai pris ma casquette et je suis descendu sans problème. J’ai cherché la porte de sortie, qui n’existait pas, et je me suis retrouvé au bord de la route.

    Il faut que je vous dise que nous habitons, ma mère et moi, au bord de la route, vu que notre maison, c’est une station-service désaffectée. Le Président s’était donc un peu gouré ou bien c’était ma mère. Une route et une rue, c’est pas la même chose. Je ne me suis pas attardé sur cette question, j’avais déjà deux idées à retenir, c’était bien assez pour un intelligent comme moi. Je me suis d’abord concentré sur la première : traverser. C’est un truc impossible. Il y a un flot incessant de voitures. Des voitures qui ne s’arrêtent jamais à cet endroit vu qu’il n’y a nulle part où aller ni de mon côté, ni de l’autre, comme je l’ai déjà dit. Il y a bien un passage pour piétons, mais qui l’emprunterait pour aller nulle part ? Je me suis planté devant le passage protégé que ça s’appelle. Avec mon écharpe jaune et ma casquette j’étais très visible, surtout que j’agitais les bras en faisant signe aux autos de ralentir. J’ai encore réfléchi à ma façon, en fléchissant sur mes jambes et je me suis posté avant le passage clouté. J’ai eu l’impression que les voitures ralentissaient. J’ai foncé en fermant les yeux. Je n’ai pas vraiment de raison de vivre puisque je suis vivant, alors ? Et bien les voitures se sont arrêtées. C’était donc que la règle avait changé, c’était avant le passage clouté qu’il fallait marcher. Fallait y penser ! J’étais de l’autre côté, j’avais traversé, j’avais fait ce que le Président avait dit.
    Restait à trouver du travail. J’avais du chemin à faire. Je savais qu’il y avait une zone commerciale, droit devant, mais elle était loin. J’avais mes bonnes groles, mais je les ai retirées pour ne pas les user. Le chemin était long, je n’avais rien pour me distraire de ma deuxième pensée : chercher du travail. Parce que dans un nulle part, il n’y a pas de décor, pas le moindre brin d’herbe pour vous distraire de votre condition : marcher, marcher vers rien, sur un macadam qui vous échauffe les pieds. Il me semblait bien voir au loin quelques bâtiments alignés. J’ai pensé : « Ce doit être un mirage. » J’ai pourtant fini par arriver quelque part. C’est alors que j’ai lu le panneau : « Rue des boutiques abandonnées ». J’ai encore entendu cette note silencieuse. Elle était d’autant plus angoissante qu’elle n’avait ni odeur, ni saveur. Elle était rien du tout, encore moins que rien, c’est vous dire.

    À force de tendre mes oreilles, et mon crâne, et toute ma tête, et mes tripes, et tout au fond de tout cela mon pauvre cœur d’homme de nulle part, j’ai perçu un tumulte qui venait vers moi, me pénétrait, m’envahissait et hurlait : « Va chercher du travail, bon sang ! Y en a de l’autre côté de la rue ! ».

    J’ai fait demi-tour. Depuis je vais de nulle part en nulle part.

  4. osebo-moaka dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client, qu’un silence obstiné, feutrant la rue désertée. Mais, voila qu’un tumulte fait frémir cette rue qui ne voulait qu’une seule chose, vivre à nouveau.

    La rue est étroite, qu’importe. Les engins s’engouffrent les uns derrière les autres. Un homme se détache de cette invasion, son téléphone visé à l’oreille_il semble parlé tout seul. Sa tête branlotte, ses mains miment ce qu’il compte faire,un sourire fleurit sur ses lèvres.

    Un vrombrissement, il se tourne vers ce bruit qui le dérange. Il incline la tête, son sourire vient de disparaître. Qu’importe,il parviendra à faire ce qu’il rêve de faire et si cette demoiselle n’est pas satisfaite, qu’elle se débrouille toute seule. Pour lui l’affaire est dans le sac.

    Il va remboursé sa dette, le banquier était très satisfait, pensez donc…trois magasins abandonnés, achetés par un groupe réputé. une belle affaire pour le quartier et peut-être bien d’autres ventes à venir qui sait!

    La demoiselle! C’est moi, Natacha Plavka, 28 ans, future patronne du « Triple Zéro »
    Bar, boîte de nuit, salle de jeux. Lui! l’homme qui me jette un regard froid, c’est Hector Belouvdo architecte au caractère bien trempé…avouant sans fard qu’il est le seul à décider comment rendre ce futur lieu plus qu’acceptable.

    Eh oui, l’égo démesuré…il l’a aussi! Il oubli juste une toute petite chose, l’argent, le flouse,l’oseille, le gogotin il n’en a pas…alors il va falloir remettre son égo dans sa poche et tenir celle-ci bien fermée. il vient de raccrocher, à qui parlait-il?

    Je pose mon casque, je tire sur mon cuir, je m’avance vers lui. S’il croit me battre froid et faire tous ce qu’il veut,il va déchanter. J’ai bien vue le matériel là encore,il a vue bien trop grand avec cette rue étroite_comment va t’il faire? Il faut cassé certes, débarrassé aussi et là…je pense qu’il n’a pas anticipé; à moi de le lui mettre la puce à l’oreille, moi j’ai un impératif…j’ouvre dans deux mois alors Monsieur je fais comme je le sent…il va y avoir du poil d’arrachés et pas les miens!

    Il se tient prêt, ses épaules, son buste gonflés, arrogant, bien.
    _Hello Monsieur Belouvdo. Vous voyez grand non! Comment comptez_vous déblayer? A son air je vois qu’il ne comprend pas. Je lui explique. Il marmonne, se ferme, me tourne le dos, va voir le chef de chantier qui a l’air de lui faire comprendre que l’erreur vient de lui.

    Plusieurs engins font demi-tour avec bien des difficultés sous mon air goguenard ce qui, l’énerve encore plus cet imbécile. Pourquoi Papy a t-il voulu de lui? Cela m’échappe encore. Oh! j’ai bien une idée. Encore un qui doit un gros paquet à Papy…alors, j’ai un architecte gratos pas sûre là encore que ce soit une belle option.

    Je fais celle qui n’est pas au courant._Monsieur j’ai ici les documents que vous devez signer, ils ne peuvent attendre Grand-père en a besoin pour sortir les fonds. Il blêmit oui da j’ai tout bon. Je le fixe et d’une voix dure je lui dit: » trois mois Monsieur Belouvdo, ne l’oubliez pas,la déco comprise.

    Ma moto rugit. Deux mois plus tard. Un appel de Belouvdo. Il a soit-disant presque fini et désir mon accord pour la fin de déco.

    Non mais qu’est ce qu’il n’a pas encore compris cet idiot? Je file vers mon futur bar, ma moto avale les kilomètres,je fais attention à la limitation de vitesse car depuis qu’il y a des travaux, les vas et vient on semble t’il motivés les…vous voyez bien de qui je parle n’est ce pas!

    A peine arrivé, je sais qu’il y a un gros problème. Deux boutiques vont ouvrir avec mon bar sauf que ces boutiques, ne vont vraiment pas avec style, un magasin de lingerie fine ça passe,mais une brasserie à côté d’un bar ,ça, ça la fout mal. Papy va pas être content. mon regard tombe sur ma propre devanture.

    J’ai envie de hurlée. La façade est rose bonbon, les fenêtres et la porte sont couleur caramel, les rideaux eux sont crème de plus, il a écrit en grosses lettres noires: » La meilleure pâtisserie Russe- Dégustation, Salon de thé ».

    J’ai envie de le tuer. Un sourire béat éclair sa face de singe attardé. Il jubile, il vient de saboter une extraordinaire idée. Je lui ai fait confiance , Papy aussi et c’est ça qu’il me livre au bout de deux mois et demi? Mon sourire crispé lui fait croire que tous va bien.

    Je m’approche de lui, mon poing contre ma cuisse,un sourire faux sur mes lèvres ce qui le surprend. Il ne réagit pas assez vite,mon poing le frappe au niveau de l’oeil et du nez. J’y ai mis toute ma force de combattante. Il titube, j’appel Papy. Il rit si fort que j’éloigne mon portable. Son rire ne me plaît pas du tout.

    Il a bien du mal à se contenir. Belouvdo me bat froid. Grand-père finit pas se contenir mais riant à moitié, il me souhaite un « Joyeux anniversaire ma chérie ». Je claque mon portable. J’ai quinze jours pour avalée cette pilule.

    Je comprends mieux les autres boutiques. La rue va vivre à nouveau, les autres commerces vont redevenir vivant. Le seul hic! La boutique de lingerie fine…c’est pas le style de la rue mais bon…il faut de tout pour bien vivre non! y.l.
    Sur une idée de Pascale Perrat.

  5. Kyoto dit :

    Poursuivi par ses démons, Alexandre se précipita dans la rue des boutiques abandonnées. D’instinct, il stoppa net, happé par le vide. Pas l’ombre d’un client. Pas de lumière. Pas de soleil. De hauts murs aveugles et dégoulinants d’humidité. Un silence obstiné feutrant la rue déserte. Un silence angoissant.
    Alexandre cessa de respirer afin de mieux écouter. Malgré une concentration profonde, il ne parvint pas à détecter le moindre son. Déçu, il reprit sa respiration. Qu’il aurait aimé entendre le rire d’un enfant, le bruit d’une conversation, les cloches de l’église. Souvenirs des jours heureux et lointains.

    Mais, voilà que des bruits sourds se firent entendre. Comme des coups de bélier pour défoncer les murs de la rue. De la vie.
    Alexandre prit soudain conscience de l’origine de ce tumulte. Son cœur voulait s’échapper de sa cage, s’envoler vers d’autres horizons.
    L’homme s’écroula. En silence.

    Deux années se sont écoulées.

    Rue des boutiques retrouvées
    Les clients se bousculent
    Une ambiance joyeuse
    Anime la rue rénovée.

    Alexandre, riche et sans héritier, avait légué sa fortune à la commune.
    Une statue, en son honneur, fut érigée,
    Et la rue renommée.
    Rue Alexandre Bienaimé.

    • FOURET dit :

      Que des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée.
      Mais, voilà qu’un tumulte, au loin se fait entendre… sourd, presqu’inaudible au début, mais qui s’accentue petit à petit au point de réveiller l’unique habitant de ce quartier fantôme.
      Louis ouvrit un œil puis 2… inquiet, il prit le temps de s’étirer avant de se lever et de se diriger vers la fenêtre. Il scruta la rue et comme le bruit semblait se rapprocher, il décida d’aller sur le seuil de la porte… Il se hasarda même à passer le seuil et se poser sur le trottoir, observant cette rue désertée depuis si longtemps qu’il ne se rappelait même plus depuis quand il n’y avait plus vu…. Le bruit était désormais très présent… Des cris, des rires… qu’est-ce donc ? Et soudain tout s’accéléra : une horde de jeunes firent soudain irruption dans la rue… Ils portaient tous des pots, des pinceaux… ils se poussaient pour finir par s’installer les uns après les autres devant les boutiques… Je prends celle-ci criait l’un et moi celle-là ! criait un autre… le tout dans un joyeux brouhaha tout en se bousculant… des pieds semblaient soudain arriver de toutes parts manquant presque d’écraser notre pauvre Louis qui s’empressa de regagner le rebord de sa fenêtre d’où il put admirer cette joyeuse bande en train de repeindre les façades abandonnées, qui d’un joli bleu roi, qui d’un joyeux jaune vif..

  6. Clémence dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais, voilà qu’un tumulte…

    Le même scénario se reproduisait chaque fois que Sofia lisait, dès le petit matin, l’édito hebdomadaire. Une espèce de virus s’emparait de son cerveau et ne lui laissait plus le moindre repos.
    Mais ce samedi dérogea à la règle.
    Il ne se passa rien. Rien du tout. Pas la moindre fébrilité, pas le moindre déferlement d’idées. Électroencéphalogramme plat. Ultra plat. Et cela la déstabilisa.

    Le lendemain au petit déjeuner, le mari de Sofia l’interrogea d’un haussement de sourcils. Elle lui répondit par un pincement de lèvres. Tout était dit. Son imagination l’avait plantée.
    Elle se traîna toute la journée, butinant des mots fléchés par ci, dévorant des recettes culinaires par là, picorant quelques chiffres pour des cases de sudoku, s’extasiant sur mille principes de bien-être.
    Le soir tomba et nimba le ciel de couleurs magiques. Vénus scintilla, la lune cligna de l’oeil, la nuit fit son entrée et Sofia se coucha.

    Vers minuit, elle entendit un léger sifflement suivi de quelques notes d’orgue et la voix de Nougaro résonna. Sur l’écran noir de mes nuits blanches. Puis un déferlement d’images . Comme une somnambule, Sofia tendit le bras, s’empara de son carnet et griffonna quelques mots. Elle tenait enfin son idée.

    Le matin, elle déchanta. Ses notes étaient illisibles. Verte de rage, elle enfila sa tenue de sport et partit se défouler en courant. Le martèlement de ses pas lui feraient peut-être revenir son idée. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas la branche et chuta lourdement. Et c’est alors que tout lui revint en mémoire.

    Radieuse, Sofia trotta jusque chez elle. Devant la porte d’entrée, elle s’essuya le front avec le bas de son t-shirt, frotta la paume de ses mains sur ses cuisses et entra. Elle s’avança dans le couloir, déboula dans le séjour. Son ours de mari était affalé dans un fauteuil crapaud et il lisait sur sa tablette. Elle l’interrompit et lança :
    – Ça y est, j’ai retrouvé mon idée. C’est l’histoire d’une femme qui était partie faire du shopping, mais la rue des boutiques était déserte. Pas l’ombre d’un client. Mais au loin, un tumulte…
    – Banal, non ?
    – Attends la suite ! Elle aperçoit des éclaboussures de sang sur plusieurs vitrines et…
    – Pas très original !
    Sofia soupira.
    – Avec toi, ce n’est jamais bon et pourtant, mes histoires connaissent un succès certain ! D’ailleurs, tu es…
    Sofia s’arrêta. Elle ne tenait pas rallumer de vieilles rancoeurs. Un silence lourd s’installa entre eux.

    Ce fut le mari de Sofia qui le brisa par ces mots :
    – Montrez, ne dites pas.
    Sofia le regarda, bouche bée et demanda :
    – Pourquoi tu me dis ça ?
    – C’est ce que je lis.
    – Mais encore ?
    – Que tu ne dois pas faire des descriptions crues, mais que tu dois suggérer. Faire appel aux cinq sens. Laisser certaines choses à la libre interprétation du lecteur. C’est ça que je lis sur le blog.

    Il lui tendit sa tablette tout en déclamant du Chekov : « Ne me dites pas que la lune brille. Montrez-moi l’éclat de sa lumière sur un morceau de verre ». L’article est bien fourni en exemples !

    Sofia s’empara de la tablette et dévora le thème développé en quatre grands principes par un illustre inconnu, mais doué comme un dieu en maîtrise des lettres et des styles.

    Sofia rendit la tablette à son mari.
    – Je sais ce qu’il me reste à faire. Tu t’occuperas de tout ?
    – Avec plaisir.

    Sofia se réfugia dans son bureau, ouvrit son ordinateur et ses doigts se mirent à danser sur le clavier. Elle relisait chaque paragraphe avec un œil nouveau et le rectifiait en pensant aux conseils qu’elle venait de lire.

    Les heures s’écoulaient, les pages se remplissaient. Cette façon d’écrire lui plaisait. C’était certain, elle avait trouvé un style et un souffle nouveaux.

    A l’heure du thé, son ordinateur sous le bras, Sofia rejoignit son mari. Ils s’installèrent près de la table basse et elle lui fit la lecture. Il l’écouta avec une attention sans faille. Un sourire béat scotché sur ses lèvres.

    – Voilà, s’exclama Sofia. Ton avis ?
    Les secondes et les minutes s’égrenèrent avec une lenteur exaspérante.
    – Alors, quémanda Sofia.
    – Tu veux mon avis ?
    – Mais oui. Qu’est-ce que tu crois que j’attends ?
    – Tu ne m’en voudras pas si je suis direct et sincère ?
    – Pas le moins du monde, lui répondit Sofia avec un clin d’oeil.

    Il soupira puis se lança :
    – Je n’ai rien compris du tout de ton histoire. Tu ne crois pas que cela aurait été plus compréhensible si tu t’étais limitée à écrire que les boutiques étaient abandonnées, qu’il n’y avait pas l’ombre d’un client. Qu’il venait de se commettre des crimes odieux et que le tumulte des sirènes déchirait l’atmosphère feutrée…

    Sofia jeta un regard horrifié à son mari. Lentement, elle frappa sur son clavier : Ctrl A + suppr et murmura :
    – Tout ça pour des prunes !

    © Clémence.

  7. françoise dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais, voilà qu’un tumulte ou plutôt un chambardement envahit la rue des Boutiques abandonnées et celles adjacentes . On eut l’impression d’un chaos, d’une effervescence ; les passants s’amusaient avec des bulles de toutes les couleurs qui jouaient entre elles, explosant joyeusement. Soudain, les bedaus accrochés aux cordes des cloches des différents clochers les firent sonner. Ce n’était pas toujours le moment . L’une chantait l’angelus à mâtines, l’autre . c’étaient des sonneries à tout propos, de longues aubades qui duraient de prime à complies, des volées de beffroi pour une grand-messe, de riches gammes promenées sur les clochettes pour un mariage, pour un baptême, et s’entremêlant dans l’air comme une broderie de toute sorte de sons charmants. La vieille église, toute vibrante et toute sonore, était dans une perpétuelle joie de cloches. On y sentait sans cesse la présence d’un esprit de bruit et de caprice qui chantait par toutes ces bouches de cuivre. Soudain cet esprit semblait avoir disparu ; la cathédrale paraissait morne et gardait volontiers le silence .On fit appel à un campaniste. Il leur prit leur température, Dieu merci elle n’avait pas attrapé le carnivarus.Il les ramena sans trop d mal à la raison. Et c’est ainsi que les cloches chaque semaine avaient un pogramme musical à respecter et des consignes à suivre à la lettre pour les cérémonies, telles mariages, enterrement baptêmes..
    Tout rentra dans l’ordre ou presque car tout le monde n’apprécia pas ces nouvelles consignes. Et bientôt il n’y eut même plus de bedeau pour sonner les cloches . Certains se reconvertirent, d’autres prirent leurs retraites , quelques-uns allèrent à notre Dame de Paris mais quasimodo aussi avait pris sa retraite,qu’il vivait gentiment avec Esmeralda.
    Et malgré la bonne volonté de chacun, dans la rue des boutiques abandonnées on ne revit pas l’ombre d’un client, qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée

  8. RENATA dit :

    Rue des boutiques abandonnées pas l’ombre d’un client . Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée . Mais voilà qu’un tumulte résonne au loin , se rapproche , on commence à comprendre certains mots :
    – Au secours ! sauvez-nous ! nous ne voulons plus de cette vie . Nous n’avons pas été créé pour ça . Nous voulons retourner dans notre papier de soie .
    Des sons étranges se font entendre : craac ! flip flop ! platch ! clic clac ! aïe ouille ! et ça couine et ça claque !
    Soudain au détour de la rue piétonne on voit débouler escarpins , baskets , bottines , mocassins , et autres godillots et tatanes ouvrant grand leurs semelles en scandant :
    – On en a plein les bottes de battre le pavé et de manifester , on ne veut plus de semelles crottées ni de chewing gum collé , plus question de courir . On veut lever le pied .
    Les chaussures s’engouffrent rue de la pompe .
    Arrivent alors leurs poursuivants , pieds nus ou en chaussettes , bas ou collants troués , courant et hurlant :
    – Au pied les godasses ! moi , je dois aller courir , dit l’un , et moi tapiner dit l’autre , et moi et moi et moi……
    Ils eurent beau faire des pieds et des mains , les chaussures décampèrent , projetant même leurs lacets pour quelques croches pieds , retardant ainsi l’avancée de leurs propriétaires .
    Les chaussures s’éclipsent , les nu-pieds baissent les bras et repartent bredouille . Retour au calme .
    Le lendemain une affiche annonçait : dans la rue des boutiques abandonnées la vie reprend ses droits grâce à des chaussures insoumises qui font scandale et veulent reconsidérer leur emploi . Quiconque s’installera dans cette rue trouvera chaussure à son pied pour peu qu’il ne l’enfile pas !

  9. Rue des boutiques abandonnées

    Rue des boutiques abandonnées
    Plus personne jamais ne passait
    N’y avait que les chats errants
    qui se baladaient en miaulant
    sur les toîts les nuits de printemps
    des tags et des squatts chébran

    Rue des boutiques abandonnées
    Y’avait un raccourci prisé
    par les gamins et les gamines
    entre deux rues des beaux quartiers
    coupant l’accès à la cantine
    à la préfecture de l’autre côté

    Rue des boutiques abandonnées
    Elle s’en souvenait Clémentine
    la gamine du vieux quartier
    guidant la manif qu’elle menait
    pour couper vers la Préfecture
    évitant la mésaventure
    d’un choc avec les policiers

    Rue des boutiques abandonnées
    de l’autre côté y’avait Kevin
    un p’tit gamin du vieux quartier
    il avait traîné ses bottines
    reluqué toutes les vitrines
    connaissait par cœur le secteur
    et dirigeait les policiers

    Rue des boutiques abandonnées
    Jamais pareille échauffourée
    n’eut lieu ce mois de février
    entre manif et policiers
    Toutes les vitrines furent brisées
    Y avait plus rien à chouraver
    Clémentine et Kevin retrouvés
    ont gaiement fini la soirée
    tous les deux devant un café.

    Lecrilibriste

  10. Maguelonne dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client, qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée…
    Mais non je ne suis pas morte. Je sommeille, léthargie totale. J’hiberne mais que mon hiver est long !! Je me prends pour la belle au bois dormant. J’attends mon prince. Mais j’ai bien peur qu’il ait raté son train..
    Ça n’a pas toujours été ainsi. Fût un temps j’étais « La Tupinerie » comme on dit La Bardot, La Deneuve. Y en a bien qui ont essayé des blagues douteuses en changeant une lettre à mon nom. Mais c’était dû à des rues adjacentes envieuses : rue machin chose, rue truc muche…quelle banalité. Je comprends leur jalousie.
    Moi j’étais la rue où il fallait être vu, une rue de gens riches, célèbres, de boutiques luxueuses, de bistrots connus. Quand un bouseux tentait une incursion, il était vite évacué par la maréchaussée. Quel beau monde, quelle belle époque.
    Et patatras, la crise. Les boutiques se sont fermées, les rues se sont vidées, les dégradations n’ont plus été réparés. J’ai perdu mon aura et j’ai gagné l’ennui. C’est laid l’ennui, c’est moche, ennuyeux.Alors j’ai choisi le sommeil.
    Mais quel est ce tumulte soudain ? qui foule mon asphalte ? J’ouvre tous mes yeux et toutes mes oreilles. Ils sont toute une troupe de gens bien habillés qui parlent, qui gesticulent. J’entends : renaissance, restaurer, animer, peintre, sculpteur, artisan d’art…musique, festivités, théâtre. Il y en a même un qui parle de peindre mon macadam avec des motifs géométriques très colorés
    Peut être je deviendrai la rue des Arts, avec un grand A. Je serai le berceau de nouveaux Rodin, de nouveaux Matisse, Miró, de nouveaux Bugsy ou Banksy, je n’ai pas très bien compris !
    J’ai soudain envie de fureur, de bruit, de foule, de champagne, de journalistes.
    Mais dépêchez vous, bougez vous. Je suis en train de me dessécher

  11. iris79 dit :

    s’amplifiait au fur et à mesure que l’on s’approchait de la devanture verte à la peinture écaillée. Bien sûr dans cette rue de toute façon, toutes les peintures de toutes les devantures étaient écaillées mais c’est celle-ci qui autrefois attirait le plus de monde, c’est ici que le dimanche matin les badauds encore endormis venaient faire la queue pour acheter leur pain et autres pâtisseries. Cette boulangerie avait été le dernier bastion de la rue, la dernière victime du contournement du bourg et de l’exode des villageois vers les villes surpeuplées. Elle avait été la dernière à fermer. Mais aujourd’hui, il semblait que quelque chose s’y passait et les quelques curieux qui trainaient encore leurs guêtres par ici à la faveur des migrations de loisirs qui faisaient traverser le village pour aller pêcher, chasser, marcher ou rejoindre la ville ralentirent l’allure attirer par les personnes qui s’arrêtaient devant la porte, osant même s’aventurer à l’intérieur. Ils furent d’abord surpris de découvrir un intérieur impeccable, flanqués de rayonnages garnis de tentations fantastiques. Les premiers avancèrent à pas légers et prudents. Personne dans la boutique mais un sacré vacarme là-bas, au fond ! Ils découvrirent dans l’arrière-boutique un homme et ce qui s’avéra être son apprenti s’échiner à sortir et mettre au four des dizaines de baguettes dont l’odeur commençaient à coloniser la rue. Rien n’avait annoncer la reprise de l’activité de cette boulangerie ! Les chuchotements des potentiels clients enflèrent laissant toute la gamme des sentiments s’exprimer jusqu’à ce qu’un individu plus vaillant ose se racler la gorge pour alerter de sa présence. L’homme et l’adolescent se retournèrent et après une seconde de surprise décochèrent à leur public un sourire malicieux. Le boulanger inspiré nourrit alors son auditoire d’envolées plus ou moins lyriques pour expliquer que « oui, la boulangerie allait renaitre de ses cendres. Il expliqua en une économie de phrases confondante son ras le bol de la ville, son besoin de retour aux sources, sa certitude de n’avoir rien à perdre et son pari de faire revivre son village. L’attroupement qui s’était formé accueillit la nouvelle avec surprise, scepticisme pour les plus pessimistes, enthousiasme pour les plus optimistes. Toujours est-il qu’aucun ne repartit les mains vides alléchés par les odeurs irrésistibles de baguettes chaudes et autres viennoiseries. « Mais vous comptez vraiment rester ? se risqua un touriste égaré parce que si c’est le cas, il va falloir faire quelque chose à votre vitrine ! ». Le boulanger ne s’en laissa pas compter et très pragmatique expliqua brièvement son projet. Un mois d’essai, et si le client est là, je vais vous la refaire la devanture ! Faites-moi confiance ! A vous de me montrer si je commande la peinture ou pas ! ».
    Il ne fallut pas trois heures pour que tous les curieux du canton rappliquent, repartant pour les premiers les mains pleines de gâteries, pour les autres, de frustration car vides, le tout de la production ayant été vendu en un temps record. Le propriétaire pouvait déjà cocher la case « donner envie de revenir ».
    Un mois plus tard, les échafaudages furent installés avant de laisser place à une devanture colorée et joyeuse qui put s’appuyer quelques temps plus tard sur celle du café qui ouvrit juste à côté.

  12. Fanny Dumond dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client ; qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais voilà qu’un tumulte réveilla les riverains qui l’avaient connue si animée avec ses commerces alignés les uns à la suite des autres. Seule végétait tant bien que mal une boulangerie. C’était un crève-cœur de passer devant ces vitrines repoussantes de saleté ou barricadées par des planches. Certains commerçants avaient pris leur retraite et faute de repreneurs avaient transformé leur fonds en logements ou en garages. On ne voyait plus la marchande de laine tricotant à longueur de journée devant sa boutique. On ne sentait plus les odeurs de café du torréfacteur ni celles du poisson qui en incommodaient certains. On ne flânait plus bras dessus, bras dessous entre copines à la recherche de la petite robe et des escarpins qui iraient si bien avec. On n’allait plus boire un petit quelque chose à la terrasse ombragée du bistrot ou pour refaire le monde accoudé au zinc. Cette rue était devenue si paisible qu’on entendait même le gazouillis des oiseaux.

    Ce matin, à sept heures, les têtes ébouriffées des habitants étonnés apparurent aux fenêtres. Que se passait-il ? La rue, leur rue était envahie de voitures, de camions d’où émergèrent une ribambelle d’hommes qui couraient dans tous les sens et intimaient aux habitants l’ordre de ne pas sortir de chez eux. Certains pensaient que cette fois-ci le virus était arrivé et ils s’empressèrent de fermer leurs fenêtres et se mirent un mouchoir sur le nez, faute d’avoir été prévoyants. Il faut dire que le centre commercial était si loin ! D’autres interrogeaient leurs voisins qui n’en savaient pas plus. Ils étaient sûrement à la recherche d’un malfrat, d’un voleur, d’un tueur en série, d’un drogué. Que sais-je encore. Les éboueurs, un brin déconcertés, obéirent aux ordres de faire disparaître toutes les poubelles qui traînaient dans la rue, puis des gars embauchés en intérim pour la journée arrivèrent avec des plantes et des arbustes en pot qu’ils alignèrent le long de la chaussée pendant que d’autres, armés de balais, s’ingéniaient à faire disparaître le moindre papier gras. Une habitante, plus téméraire que les autres, demanda la cause de toute cette agitation à un jeune homme qui s’époumonait tant et plus.

    – Vous ne savez pas que le préfet et le maire viennent ce matin pour inaugurer la Tour de l’Horloge ?

    – La Tour de l’Horloge ! s’étonna la commère. Et dire que nos impôts y sont passés pour la restaurer. Tous autant qu’ils sont, ils feraient mieux de se pencher sur la misère. Elle est pas là leur tour, vous êtes totalement à l’opposé.

    – Ah bon ! Et pourquoi cette rue s’appelle-t-elle la rue de l’horloge, alors ?

    – J’en sais fichtrement rien. Peut-être parce que, de mon temps, il y avait deux ou trois bijouteries dans cette rue, deux marchands de fromage, deux pharmacies, une quincaillerie, une librairie, trois…

    – Merci madame, la coupa-t-il au comble de l’agacement. Je suis stagiaire pour deux mois à la mairie alors je ne la connais pas, moi, votre bourgade si minuscule qu’on doit en faire le tour en une demi-heure. Je suis là depuis deux semaines et mon chef, pour m’aguerrir, m’a confié la mission de nettoyer les abords de la tour.

    – Et vous ne l’avez pas vue ? s’étonna la femme. Pourtant elle se voit de loin.

    – Ben non ! parce qu’après mon travail, enfermé dans un bureau sans fenêtre, je rentre directement à l’hôtel pour y faire des cauchemars toutes les nuits.

    Il sortit son téléphone de sa poche et mit cinq minutes à consulter le plan de la ville et, après l’avoir examiné dans tous les sens, il hurla :

    – Remballez tout. Nom d’un chien ! Dépêchez-vous, on va être en retard. Vous vous êtes trompés. La tour se trouve Boulevard de la Tour de l’Horloge. Je me disais bien aussi que cette rue était miteuse quand j’ai navigué sur Internet.

  13. LURON'OURS dit :

    😺JOUR ET FÊTE.
    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client.
    Mais voilà le tumulte tambour battant, carnaval grotesque. La nique à la macabre ! Tympan hideux, statues mitrées, le flot sur la place. ‘ Il faut que jeunesse se passe ‘. Un momône étudiantin, les filles à califourchon sur les épaules des gars. Barricade des commerçants, volets baissés. Saisons affrontées, giboulées, c’est le printemps catapulté😺

  14. Nadine de Bernardy dit :

    Rue des boutiques abandonnées,pas l’ombre d’un client.Qu’un silence obstiné feutrant la rue déserte.
    Mais voilà qu’un tumulte,une rumeur,un brouhaha joyeux se font entendre.
    D’où ? Pour l’instant le dernier habitant de la rue ne saurait le dire.Ca semble venir d’en dessous,sourdre des soupiraux,se faufiler par des lézardes pour dégouliner sur les trottoirs.
    Un chahut de petits cris de joie.C’est l’aube,notre homme tend l’oreille,un sourire dont il n’a pas conscience aux lèvres.
    Il descend en courant,plein d’espoir.Découvre la rue qui ressemble à un ruisseau de fourrure grise: des rats,des souris par milliers,réveillés après leur long sommeil d’hiver,qui sortent de partout, agitant les moustaches,affamés,ivres de liberté.Ils ont quitté leurs refuges,tout heureux de trouver la rue vide,sans danger,salie d’immondices pour assouvir leur faim.On assiste à des retrouvailles,des rencontres,on se donne des nouvelles.
    Les uns s’arrêtent pour déjeuner,d’autres courent toujours plus loin.Le bonhomme,ébahi,rentre prudemment chez lui pour observer du haut de son balcon.
    Le défilé se déroule pendant environ une heure.Il les voit avec regret disparaître,laissant derrière eux quelques déjections et touffes de poil ici et là.
    Le rue a retrouvé son calme.
    L’occupant solitaire rentre préparer son petit déjeuner,va s’asseoir devant la télévision comme tous les jours.
    S’y rendort comme tous les jours.
    En se réveillant vers midi, il se demande s’il a rêvé.Regardant par le balcon il voit,en bas,des touffes de poils qui batifolent encore dans la brise.
    Le silence est revenu dans la rue des boutiques abandonnées.
    Comme avant.

  15. Grumpy dit :

    Longtemps déjà qu’il s’est promis de revenir un jour sur les pas de son enfance. L’y voici enfin, mais sans doute n’aurait-il pas dû ?

    Premier secousse : il entre en ville et s’étonne de pouvoir s’y garer en plein cœur. Disparues les larges allées ombrées de platanes centenaires, adieu les sons cuivrés du kiosque à musique parti faire danser à la décharge. Un parking, pratique certes, mais …

    C’est ainsi qu’il reçoit le premier coup sur la casquette. Il continue sachant qu’il prendra bien d’autres. Il est venu pour ça, faire son deuil ?

    Les rues commerçantes sont devenues piétonnes, ça c’est pas mal. Il faut savoir vivre avec son temps. Le temps, c’est lui justement qui fait mal. Dès ses premiers pas il comprend que ça va être douloureux, très douloureux. Aussi, c’est de sa faute, quel besoin de venir essayer de recoller ses souvenirs sur ces pavés de granit qui n’adhèrent plus comme l’ancien bitume.

    Il a décidé de remonter la rue principale et de ne parcourir qu’elle et pas plus s’il ne supporte pas qu’elle ait trop changé. Il reconnaît qu’on y marche mieux sans devoir esquiver les 4 CV et les Simca.

    A droite, le palais de Justice, sa belle façade corinthienne de marbre gris. Mais ce ventre des Assises qui vit déambuler tant de robes noires, de képis et de mains menottées, a été éviscéré. Pas tout à fait : galerie marchande à moitié morte et sinistre malgré les élégantes colonnes. Le cinéma lui, est toujours là, sauvé par sa façade Arts Déco classée, plus rien dans ses tableaux d’affichage aux vitres blanc opaque.

    A gauche la Mairie qui, monument historique, n’a pas bougé, on a juste repeint façade et balcons, pavoisé son écusson. A côté d’elle « la Corbeille à Ouvrages », charmante mercerie, il y accompagnait sa mère venue chercher des soies à broder, fasciné il y tournait les pages d’un catalogue plus grand que lui, offrant un choix infini de toutes sortes de boutons cousus sur ses pages de carton.

    En face le pâtissier qui faisait les meilleurs gâteaux du monde et où chaque dimanche, en sortant de la grand messe, s’arrêtaient les pères de famille pour retirer leur sacro-sainte commande, après avoir jeté un regard en coin sur la vitrine de lingerie voisine.

    Ensuite la boutique tenue par deux demoiselles photographes solidaires dans leur métier autant que dans leur célibat. C’est-là qu’ainsi que toute sa fratrie il était venu poser bien raide, debout près d’un prie-Dieu, tiré à quatre épingles dans son costume de premier communiant. Emotion.

    Plus haut, le chapelier, ses deux filles étaient dans sa classe. Ah, son école, il n’ira pas jusque-là, on lui a dit qu’elle avait été transformée en musée d’Arts & Traditions populaires. Il ne reste qu’à voir le marchand de tissus où sa mère venait choisir celui de ses robes, une pour le printemps, une autre à l’automne.

    Enfin son pire souvenir : le salon de coiffure de Mlle Renée, vu la tête avec laquelle il en était ressorti, on n’avait à cette époque sûrement, pas exigé d’elle de détenir un CAP.

    Abattu, le cerveau migraineux du tumulte de ses souvenirs morts, il s’assoit au Café du Commerce et commande un remontant. Le seul endroit qui n’a pas bougé d’un iota, resté exactement le même dans le jus démodé d’un passé qui fut si chic.

    Parce que toutes ces boutiques, il ne les a pas vraiment revues, peut-être sont-elles toujours derrière leurs rideaux baissés ?

    Finalement , Il n’a fait que parcourir sa « RUE DES BOUTIQUES OBSCURES. »

  16. Nouchka dit :

    Dans ce bourg, autrefois animé, règne aujourd’hui un silence obstiné feutrant la rue principale désertée. Cette rue où la plupart des boutiques ont été abandonnées depuis que le principal axe routier évite le cœur de la ville et que les activités de l’économie locale ont disparues. Ce silence est inhabituel : une ville sans voiture, sans l’ombre d’un client à cette heure de la journée.
    Le ciel clair permet de parcourir les lieux lentement, d’observer l’architecture et d’imaginer ce que furent ces commerces du temps de leur vie.
    Elles sont belles ces devantures. Leurs boiseries travaillées gardent l’attrait des objets du passé. Les teintes ne sont pas celles des commerces récents mais une lasure naturelle que les saisons, les années successives sans entretien, leur ont donnée. Ces dégradés pastel sous lesquels il est plaisant d’observer le travail des menuisiers et ébénistes d’antan. Les inscriptions peintes ou sculptées au dessus des vitrines permettent d’imaginer ce que furent les articles ou services proposés du temps de leur gloire.
    Habituellement, de tels décors sont réservés aux films qui plongent le spectateur dans l’époque suggéré par le scenario.
    Ici, il n’y a que le décor ; le scenario doit être créé par chaque visiteur. C’est un exercice grisant dans la quiétude ambiante. La plupart des devantures permettent d’apercevoir, dans l’ombre et sous la poussière, quelques objets abandonnés qui sont, comme des pistes, pour retracer l’histoire.
    Les pavés irréguliers de la chaussée vibrent sous les pas. Quelques merles chanteurs tentent de donner d’autres nuances sonores à la brise, seule en mouvement, en ce début d’après-midi.
    Mais soudain, voilà qu’un tumulte emplit la rue. Tumulte est un bien grand mot mais par comparaison avec le silence qui précédait, l’adagietto de la Symphonie n° 5 de Mahler Gustav vient occuper l’espace. C’est magique ! Peu importe par quel miracle ce morceau arrive sur les lieux ; c’est très exactement celui qui convient à la nostalgie ambiante, nostalgie empreinte de rêveries et d’accents plus lyriques qui illustreraient la vie qui bat dans les veines de la ville…
    …. en dépit de tout…

  17. Patrick LABROSSE dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais, voilà qu’un tumulte présage de nouveaux horizons !
    -Ne vois-tu rien venir ? Se lamente Manu
    -« Je ne vois rien que le soleil qui poudroie, et l’herbe qui verdoie. » réplique le bougre d’âne.
    – Mais enfin, observe mieux. Par les foudres d’Afflelou, enchâsse ta seconde paire de binocle, au cas où tu aurais égaré la première.
    – Merci manu, c’est mieux comme ça, beaucoup mieux.
    – Que vois-tu à présent ?
    – Deux barbouzes qui se pressent à notre rencontre
    – Parfait ! Prépare les calibres !
    Vingt-trois heures et quarante-trois minutes : deux agents des forces spéciales d’Erdogan, costards Armani et ray ban opaque s’avancent avec prudence dans la sombre ruelle. Sous le halot fatigué d’un vieux réverbère, un panonceau bleu marine, aux écornures mordues de rouille signale l’endroit.
    – Burası doğru sokak mı (est-ce la bonne rue) ? Murmure l’un des agents.
    – aptal, kirli dilini okuyamazsın (imbécile tu ne sais pas lire les pancartes) ?
    Le plus petit, râblais de son état, aux sourcils proéminents et front court, type eurasien brachycéphale indique du doigt le petit panonceau, l’autre docile acquiesce.
    A l’autre bout de la rue, planqué dans un combi Volkswagen rose fuchsia mordorée de fleurs new Age et authentique autocollant Greenpeace, Manu et Larcenet s’apprêtent à bondir.
    – on attend les ordres de Pasqualovvitjh, on ne bouge pas tant que Charles n’a rien dit grommelle manu.
    Scritch, scritch, scritch …. Crépitement de radio… scritch, scritch, scritch…
    – mandarins en vue au croisement de la rue des boutiques abandonnés et du croissant fertile. Préparez-vous à intervenir.
    Manu retire la sécurité de son calibre 22, canon scié et balle pivotante nouveau modèle.
    Au passage de la devanture d’un ancien chausseur, on devine le reflet d’un sabre qui scintille. Les deux bonzes avancent rapidement, dans quelques secondes ils seront en contact avec les descendants de Gengis khan.
    Chaque faction est en alerte maximum, la tension monte d’un cran. .
    – miaouh … (hurlement de chat)
    – putain c’est quoi ce tumulte à l’horizon, grogne le scénariste.
    – c’est rien patron, juste un chat.
    Scritch, scritch , scritch : silence /on tourne ! scritch, scritch , scritch…
    Pétarade, cris, sirène, hélicoptère. Les uns venus du ciel, d’autres sortis d’une poubelle, manu et larcenet au volant de leur combi rose fuchsia foncent dans le tas.
    Dans la rue des boutiques abandonnées, Steven Spielberg est en effervescence !

    Petit message à l’intention des amateurs de BD : le nouveau Manu Larcenet « thérapie de groupe » est en vente !

  18. Blackrain dit :

    Mais voila qu’un tumulte agitait quelques jeunes femmes au fort accent de l’Est européen. « Elle exagère la Simone, elle est encore fermée ! ». Je lançais un regard discret sur la pancarte jaunie qui affichait ses tarifs d’une encre fatiguée. 60 francs la permanente. Je n’en revenais pas de ce petit prix. Je soupçonnais l’incompétence mais décidais tout de même de revenir le lendemain. Suite aux averses de ses jours derniers, j’avais le cheveu plat qui m’implorait de reprendre un peu de volume. Et ce fut hésitante que, lent de main, je poussais la porte vétuste. Contrairement à la veille, le salon était empli. La patronne, une cinquantenaire boulote et guillerette, me fit signe de m’installer. Elle démêlait les boucles rebelles d’une créole volubile qui roulait bruyamment les R. Le skaï usé du dernier fauteuil me tendait désespérément ses bras décharnés. Je cherchais parmi les Marie-Claire, Nous Deux et Femme d’aujourd’hui, laquelle de ces revues n’était pas de l’année dernière. Je plongeais mon désintérêt dans le magasine froissé. Est-ce que « La guerre est finie » entre les époux ? S’interrogeait un journaliste à l’occasion de la sortie du film d’Alain Resnais, car les amours notoires de son interprète principal Yves Montand avec Maryline Monroe, ne s’ignoraient plus dans les yeux alcoolisés de Simone. Mais je m’en lassais bien vite. Alors, faute de mieux, je regardais le bal des ciseaux, des peignes et des rouleaux. Je m’imprégnais des effluves de shampoing ou m’agaçais des relents alcalins d’une teinture. J’écoutais les derniers ragots et les gloussements qui s’échangeaient entre deux sourires gênés. Mais voilà que bientôt je n’entendais plus rien. Les dames se mettaient sous le casque. Le vrombissement des séchoirs couvrait les échanges de paroles que deux clientes s’obstinaient à continuer au prix de gros efforts. Sous leurs blouses aux couleurs pastel, elles formaient un étrange aréopage. On aurait dit un équipage de Martiennes prêtes pour le décollage. Enfin, c’était l’atterrissage. La coiffeuse coupait les moteurs. Une multitude de rouleaux colorés libérait alors les mèches qui se contractaient en vagues serrées. C’était alors le lissage. La brosse ronde se mettait à l’ouvrage. Elle étirait le cheveu pour lui donner la courbure voulue. La patiente souffrait en silence. Elle n’avait plus l’âme à raser sa voisine avec une nouvelle histoire. Elle ne se barbait pas, elle admirait le mouvement de sa toison dans le miroir. Moi je trouvais le temps long. Personne ne me parlait. J’étais nouvelle dans le quartier. Enfin, c’était mon tour. J’aurais voulu ressembler à une vedette de cinéma, Michelle Morgan ou bien Micheline Presle. Je le suggérais en plaisantant à la plantureuse coiffeuse. Son rire cristallin fut sa seule réponse. Quelques épingles et bigoudis plus tard, elle me fit miroiter les volutes arrière de ma chevelure gonflée. Elle avait ajouté un air satisfait à sa bonne humeur. Je n’en croyais pas mes yeux. J’étais devenu le sosie de Danielle Darrieux. Je renvoyais à madame Figaro son sourire auquel j’ajoutais un bon pourboire. C’était décidé, je reviendrais dans ce décor désuet qui cachait en son sein une coiffeuse aux mains d’or mais qui n’en faisait pas payer le prix. Il ne me restait plus qu’à dénicher la petite robe à volants qui me ferait virevolter au prochain bal musette.

  19. camomille dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client.
    Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée.
    Mais, voilà qu’un tumulte… me fait sursauter.
    Je remonte la rue des boutiques abandonnées pour voir ce qu’il s’y passe mais :
    RIEN… RIEN …je ne vois RIEN
    Cependant, j’entends un TUMULTE !
    Moi je croyais qu’un tumulte ça s’entendait et que ça se voyait ?
    Un tumulte en fait c’est un grand désordre aussi bien sonore que physique.
    C’est une agitation,
    C’est un BOUCAN quoi !
    Mais là RIEN… Il n’y a rien.
    C’est un TUMULTE sonore mais invisible ?
    Mais si je l’entends… c’est qu’il existe n’es-ce-pas ?
    Mais si je ne le vois pas ???
    – Si tu ne le vois pas Mamie, c’est que… Ben c’est que….
    – Finis tes phrases Jules, ce n’est pas la première fois que je te le dis !
    – Mais Mamie, tu t’embrouilles les pédales toute seule voyons…. ;
    Nous, on n’en a rien à cirer de ton soi-disant tumulte de la rue des boutiques abandonnées…. et de cette rue, encore moins !
    – Ça fait deux heures que tu nous bassines avec cette histoire de tumulte dans cette rue sinistre.
    D’ailleurs, on n’a jamais compris pourquoi tous les samedis matin tu vas te promener dans cette rue déserte et silencieuse.
    Des fois t’es un peu bizarre tout de même Mamie… mais après tout si ça te plaît, c’est ton affaire !
    – Exactement… C’est mon affaire !
    Et si j’ai entendu un tumulte invisible… ça aussi c’est mon affaire !
    Bon, ceci dit, faut que j’y retourne pour en avoir le cœur net, car si le tumulte n’est que dans ma tête ? (comme ils disent tous en croyant que je ne les entends pas), ça voudrait dire alors… Ça voudrait dire alors… Ça voudrait dire alors… ???
    – Mamie !… On t’attend !… tu viens ?

  20. Laurence Noyer dit :

    Mais voilà qu’un tumulte
    _________Rue des boutiques abandonnées
    ___________Camisole les trottoirs bâillonne les accès
    __________Déloge les clameurs détenues
    _________________________Déchirures sans cicatrice

    Mais voilà qu’un tumulte
    _________De silence obstiné
    ___________L’a bientôt entrainé
    _________________________Dans sa chute
    _______Des murmures en écho des supplices insinués

    Le voilà ce tumulte
    ________Où les ombres demeurent
    ________Ghetto, asile ou cachot

    Tumulte de
    ____________Voix lointaines, tues
    ____________________Quartiers d’isolement
    ________D’asphalte revêtus

    Feutrant d’ecchymoses
    La
    Rue
    Désertée

  21. Antonio dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Rien qu’un silence obstiné feutrant la rue déserte.

    Mais voilà qu’un tumulte attira mon attention. J’entrais dans la rue Pascal Perrat quand, entre deux boîtes à lettres, un abonné, sans écriture fixe, libre comme l’air du vent qui se levait, prenait chaque volet à pleines mains et les faisait claquer les uns après les autres, battant la mesure de son inspiration. Je décidai de le suivre, en rythme et sans me faire remarquer, quand il fit grincer le son d’une grille comme une guitare électrique entamant une intro du tonnerre. Sur la place, les arbres se mirent à remuer leurs branches et à faire bruisser leurs feuilles comme un choeur de gospel. Woh ! Ça groovait grave !

    Un morceau de papier gras et blanc qui contenait la partition s’envola à travers la chaussée, laissant place à une totale improvisation. L’abonné fit rouler une canette vide sur un frottoir et un air cajun s’en dégagea aussitôt, invitant le vent à souffler dans son harmonica pour un solo endiablé. Woh ! Quel pied !

    Je n’avais pas entendu pareil déferlement de notes depuis la venue de Katrina à la Nouvelle-Orléans. Ça allait faire des vagues, c’est sûr, la place commençait à se remplir de monde, depuis la rue Pascal Perrat. Comme je n’avais rien d’autre à dire, rien de mieux à commenter, j’évacuais de cette page et remontais sur mon harmo. Pour sûr, cette impro de Monsieur Durand allait m’inspirer.

    (Merci Jean-Marc pour m’avoir inspiré cette forme d’improvisation sur un texte que j’ai beaucoup apprécié 😉 )

  22. ourcqs dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Qu’un silence obstiné feutrant la rue désertée. Mais, voilà qu’un tumulte…

    Quelques mots commencent à s’afficher sur les vitrines. La librairie, papeterie avait gros coeur, on avait baissé les rideaux depuis si longtemps… alors agitant tous ses volumes, les poèmes, jeux de mots, chroniques, échos et éditoriaux, se dispersent, certains s’accrochent, bien en vue, à l’extérieur et sur les arbres. Le ton monte. Ils haranguent les voisins, tout le monde doit sortir, retrouver les verbes, raconter,rompre le silence. Chacun se sent concerné, chez le marchand de couleurs billets doux, billets d’humeur, très flaschy arc-en-cielisent la rue, les meilleures interjections du fruitier verdurier fusent des étals vides, même les charentaises et autres mocassins du chausseur ont des fourmis dans les semelles, et battent le pavé pour rythmer le mouvement.
    Un grondement sourd surgit des caves du bistrot qui ne s’est jamais pris au sérieux, Chateau la soif et autre Saint amour ont commencé à faire sauter les bouchons, pour un petit bal de Nuits Saint Georges, et ne jamais se quiter … 

  23. durand JEAN MARC dit :

    Rue des boutiques abandonnées, pas l’ombre d’un client. Rien qu’un silence obstiné feutrant la rue déserte. Ce fut ma première impression dans cette voie piétonne. Pas un claquement de talon, pas une sonnette de vélo, même pas le frôlement d’une trottinette. Je m’étais arrêté un instant pour refaire un lacet. J’avais entamé, parmi les inutiles une pause utile, pour une fois.

    Et voilà qu’un doux tumulte envahissait peu à peu mes oreilles saturées des bruits du commun. Ce furent d’abord quelques volets qui claquèrent. Comme si, depuis le temps qu’on ne les manipulait plus, ils réclamaient un peu d’exercice. Puis ce fut une grille qui grinçât. Je me retournais mais aucun livreur ne déposait aucun carton. Sur la petite place, un arbre, maigre balai, secouait ses branches comme pour dépoussiérer un coin du ciel. Un papier gras et blanc, tel un petit fantôme traversa la chaussée. Bien que vierge d’écriture, il avait beaucoup à raconter. Une canette vide suivait. Elle roulait sa cavalcade comme aurait pu pénétrer les fers d’un méchant cavalier dans la ville désertée d’un mauvais western italien.

    Même le vent allait jouer de l’harmonica.

    Et puis non, le lacet reconstitué dans son rôle de ferme maintien de la chaussure autour de mon pied, ce n’était que les prémices de la grande marée. On l’annonçait une fois de plus exceptionnelle. Pourtant, Les vents dominants d’ouest n’ allaient que porter les vagues au delà des digues abattues. Une fois de plus. Les eaux ne léchaient plus rien, elles avaient depuis longtemps croqué les dunes et une partie des falaises. Elles allaient à nouveau envahir la petite place. L’arbre s’accrocherait encore à ses racines.

    Ca ruissellerait partout, ca revisiterait les caves, ça stagnerait. Les algues apportées décoreraient les balcons. En séchant, elles dessineraient aux fenêtres d’étranges rideaux. Ca durererait suffisamment longtemps pour être indiscutable. Et confirmer la retraite des humains.

    Moi, je n’avais rien d’autre à dire, rien à commenter, j’évacuais de cette plage et remontais sur mon vélo. Les pistes cyclables allaient me ramener au centre de la grande ville.

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