448e exercice d’écriture créative imaginé par Pascal Perrat

Exercice d'écriture très créative

Racontez l’histoire de la famille Alto désaccordée par l’héritage d’un piano.

Comment cette idée est née

22 réponses

  1. Françoise dit :

    Il était une fois un piano Steinway
    dont le propriétaire vint à mourir
    les membres de la famille Alto
    qui vivaient jusqu’alors en parfaite harmonie se désaccordèrent les clefs de fa ,ut, sol, semblèrent vouloir rivaliser entre elles
    les notes, bien qu’énervées, gardèrent leur calme
    sachant qu’il n’y a pas de musique sans elles .
    Soudain Do fit le gros dos
    Ré pensa qu’il suffit d’un rien pour que sa vie se désaccorde, elle aussi, pour que son existence, tellement unique, si précieuse, perde son harmonie et sa valeur. Comme si elle était faite d’air, et rien que de cela.
    Mi se sentit peu de chose, tout au plus la moitié d’un rien
    Fa comme à son habitude était quelque peu infatué de sa personne
    Sol eut soudain envie de se confronter aux lumières, aux hasards, de forcer sa curiosité, d ‘ouvrir, briser ses idées reçues, d’exorciser cette peur du monde.
    La subitement voulut trouver une portée musicale et peu lui importait la clef
    Si avait entendu dire qu’avec des « si » et des « peut-être », on pourrait mettre un cachalot dans une boite d’allumettes et si c’était vrai s’interrogea-t-il .Peut-être que Do pourrait lui dire…..
    Soudain, la famille Alto réaccordée entra dans la nef et un pianiste de renommée internationale joua le requiem de Mozart dans le plus grand silence…..

  2. oholibama dit :

    Marc Alto n’en revient pas, Barry son fils d’à peine sept ans vient de rentré tout fier de lui, les joues rouge brique tant il a couru…annonçant à tue tête que Monsieur Géreud le vieux, lui a donné un vieux piano datant des années cinquante dont il ne se sert plus; à la condition que lui Barry apprenne avec sa mère le chant.

    _Comment! rugit M.Alto.Comment M.Géreud connaît’ il ta voix?
    _Euh…c’est parce que j’étais dans le petit bois et que je chantais ne me doutant pas qu’il y avait du monde puisque les oiseaux chantaient.
    Quand j’ai eu fini, M.Géreud, m’a applaudi en me félicitant…me disant que je venais de lui rappelais  » la voix d’or  » qu’il avait connu dans son enfance.

    _Ah oui! Et de quelle voix s’agit ‘il? demanda bourru M.Alto. Barry étant tout à son plaisir ne remarqua pas la colère dans la voix de son père et continua fanfaronnant du haut de son jeune âge.

    _Joselito! Tu connais papa?(Joselito Jimenez) Ou encore Farinelli , il m’a dit que c’était un Castra ( 1705-1782), j’ai pas compris …tu vas m’expliqué hein papa! Les yeux ronds, M.Alto fixe son fils. _ Un Castra…un piano pour un castra? Jamais de la vie, il es hors de question que…que… rouge d’une forte indignation, il en béguai presque…pa ,pa pas, pou ,pour ,un piaaa ,pinio ,piano. Non sûrement pas pour un piano dans cette maison…qu’il le garde son piano…moi,je garde mon fils.

    _Mais papa, le piano arrive,ils sont si heureux de nous le donner et Madame Géreud a dit que je pouvais le partagé avec Soprane, elle aussi, elle chante bien.
    _Ah mais non, mais non pas du tout.
    Un klaxons retentit, une fumée noire,un bruit crachotant et le tracteur du vieux père Géreud arriva avec sa remorque pleine de paille, d’un peu de bouse et j’en passe. Brinquebalante, ses fils assis sur le châssis rouillé, le piano noir trônant attaché dans la remorque en jette un max.
    _Oh qu’il est beau soupire M. Alto, ta mère va être aux anges, elle qui en rêvait. Elle va jubilé pendant des jours et des jours.
    _Ouais, mais il est a moi soupira doucement Barry.

    Son père lui mit une claque derrière les oreilles…ce qui mit Barry de fort méchante humeur. Il s’enfuit sans attendre la famille Géreud mais, le vieux avait encore une bonne vue et le geste du père, ne lui avait pas échappé. Dans un grand coup de volant, il fit faire demi_tour à son tracteu qui crachota de plus belle sous les cris de ses fils.

    M.Alto couru derrière le tracteu en demandant d’une voix forte afin de couvrir le bruit… »Nous le voulons bien ce piano, il sera fort utile pour la famille,pourquoi faites-vous demi-tour,nous le voulons,la famille sera fier de le faire… »_C’est pas pour la famille crachota M.Géreud le vieux, l’est pour le petit, pour qu’il devienne un bon chanteur de lyrique que dit ma mère et pas pour que vous lui donniez des baffes…m’en retourne chez moi, le petit y viendra prendre des cours avec ma vieille mère…comme ça…elle me foutra la paix!

    Sans un mot de plus,mais fort en colère,il fixa de ses yeux noir un M.Alto pas très bien dans ses chaussures. Trois jours plus tard, la famille Alto vint frapper à la porte de M.Géreud le vieux. Un peu penaud,ils ne savaient comment se tenir sauf Barry qui courut vers la vieille dame assise sur un fauteuil presque aussi vieux qu’elle. Ils entendirent la voix chevrotante demander au garçon: » chantes pour moi petit,tu veux bien? »

    Barry souriant hocha se belle tête d’ange et d’une voix merveilleuse, il se mit à chanter. La voix du piano se fit entendre, l’un des fils jouant au mieux. Tous le monde se tus.
    Puis Barry se tourna vers M.Géreud en lui disant: » Maurice on vient pour le piano,papa ne me frappe plus, on a vue un Monsieur pour un conservatoire,j’ai pas tout compris mais là_bas, je vais apprendre à bien chanter .C’est grâce à vous. On a besoin du piano pour les mois de vacances la Monsieur il a dit qu’il était temps de s’occupé de ma voix. Baissant le ton, il dit: » Soprane n’est pas contente, son prénom ne lui va pas. Maman et papa ne sont pas content non plus mais… »

    _Barry tu vas te taire! Le tança M.Alto._Bon venez donc la famille on va discuté un peu, le piano a été réaccordé,il a toutes ses notes. Et là…ils entendirent les premières notes de l’Avé-Maria la voix douce de Barry résonna pour leur plus grand plaisir. Maurice Géreud regarda la famille Alto et d’une voix bourrue emplit d’un soupçon de larme dit: » alors, c’est pas une voix d’ange ça? »

    La voix de Barry changea au fils des années pourtant,il garda une certaine tessiture, une suavité dans son timbre. Il fit une grande carrière mais pas dans le lyrique. Le chant après tout reste le chant. Barry Alto devint Barry White, vous connaissez sa voix? Non! alors écoutez-le et vous comprendrez…comme le dit si bien Maurice Géreud dit le vieux, il suffit de peu de chose pour emplir une vie,un vieux piano tout poussiéreux reprit et embellit la vie d’un enfant à la voix d’ange.y.l.(Oh! il ne devint jamais un castra, ça vous l’aviez compris…)

    Tout ça c’est que de l’imagination sur une idée de Pascal Perrat.

  3. Anne Lonjaret dit :

    Racontez l’histoire de la famille Alto désaccordée par un piano.

    Et voici que la famille s’agrandit et que la cuisine n’est plus assez grande. Les REJENT décident d’investir dans un nouvel ensemble. Madame aime cuisiner et recevoir. Avec son mari, elle fait des plans, prend les mesures de la pièce qui va recevoir l’ensemble. Forte de ces cotes, ils font les cuisinistes pour se faire proposer des devis et étudier les références. Leur choix va sur le modèle Alto tout équipé.
    La livraison arrive à leur domicile. Il faut une semaine au monteur pour poser le tout. Afin de ne pas être dans les travaux, la famille s’absente. A leur retour, surprise, l’ensemble Alto n’est pas comme demandé. En effet, four, hôte et plaques sont de modèle standard. Le magasin est naturellement contacté.
    « Mme REJENT, ces éléments sont de série, nous n’y pouvons rien. Ces modèles sont tout à fait accordés entre eux. »
    « Sauf que je souhaitais un piano, donc une plus grande capacité pour cuisiner. »
    « Bien, mettez vous en contact avec votre poseur pour voir directement les modifications, mais vous en serez de votre poche. »
     » Bien, merci, c’est notre souhait. »

    Et voici que le professionnel installe ce piano. Mais il a du mal. Les meubles, bien que de simples objets semblent se jouer de ce nouvel élément et perturbent son installation. A chaque fois, il manque quelques millimètres pour l’insertion. L’homme ne souhaite pas les rogner, il désaccorderait l’ensemble. Reprenant les cotes, il cherche comment gagner ces précieux espaces. Mais peine perdue.
    Mme REJENT décide malgré tout de commencer à cuisiner dans cette pièce. Elle a choisi ce piano et souhaite qu’elle remplisse son office.

    Et voilà que les couteaux coupent, que les marmites sonnent aux bruits des instruments de cuisine, que les odeurs exhalent les narines…Un son mélodieux aux différentes tonalités.
    Oh, surprise ! Lorsque les mets sont finis et que la nuit arrive. La lune se déploie sur les meubles qui bougent doucement.
    C’est ainsi que les REJENT ont pu grâce à ces portées musicales de mets ré-accorder l’ensemble.

  4. Clémence dit :

    Racontez l’histoire de la famille Alto désaccordée par l’héritage d’un piano.

    Les premières paroles dont Elisa se souvenait étaient celles de sa famille réunie alors qu’elle venait de faire ses premiers pas…
    Il ne se passait pas une seule journée sans qu’elle ne se répète ces mots, sur tous les tons, sur tous les tempi…
    – Ah… elle est bien de notre famille, la petite ! chantait le père d’une voix grave.
    – Regardez, elle ne marche pas…s’exclamait la mère, d’une voix de velours.
    – Elle glisse, susurrait le grand-père…
    – C’est magique, disait la grand-mère en essuyant furtivement une larme…

    De jour en jour, Elisa surprenait, subjuguait, émerveillait tous ceux qui la regardaient. Elle avançait, droite et fière. Droit au but. Sans fioriture, sans détour.

    – Elle est un archet qui glisse sur les cordes ! se vantaient les Alto.
    – La musique coule dans ses veines ! opinaient les violons.
    – Elle ira loin dans la vie ! répétaient les contre-basses.
    – Elle a toute sa place au sein de notre grande famille ! s’extasiaient les violoncelles…

    Alors, Elisa reprenait sa course ! A la maison ou à l’extérieur, aucune ligne droite ne lui échappait. Et ce qui l’amusait le plus, c’était les trottoirs de la ville. Les pavés étaient devenus son obsession. Elle choisissait une rangée et alignait tous ses pas sur le fil. Et elle était capable de se mettre en colère si un passant gênait sa marche. Elle poussait des cris dont les arpèges auraient fait fuir un sourd !

    Pour canaliser cette énergie, les parents Alto inscrivirent Elisa au Conservatoire de Musique. En quelques mois à peine, elle s’y distingua par des qualités inouïes. Pas seulement dans l’exécution des œuvres, mais par sa créativité.
    – Un vrai petit Mozart au féminin, murmurait la mère  Alto!
    – Pourvu que ça dure, soupirait le père Alto !

    Mais ce que personne n’avait vu venir, c’était l’arrivée de l’autre petit génie : Ludo. L’as du plaquage. Dès sa naissance, il tapait sur tout ce qui était à portée de ses mains.
    – Il frappe comme un sourd ! se désolait sa mère en se bouchant les oreilles.
    – Nous en ferons un forgeron ! clamait le père en sifflant aussitôt l’air du Choeur des Forgerons …
    – C’est perdu d’avance… aucune femme ne voudra de lui s’il frappe sur tout ce qui bouge, renchérissait la mère.

    Mais Ludo s’en fichait pas mal de ce qui se colportait. Lui, il savait ce qu’il voulait. Mais il faisait tout de même des efforts lorsqu’il sortait en ville. lorsqu’il se promenait sur les trottoirs. Il ne cognait sur rien, mais il choisissait ses pavés et sautaient de l’un à l’autre, sans jamais toucher un côté. « Si non, ça me portera malheur ».

    Et pourtant, vint le jour où Elisa, glissant sur sa ligne imaginaire, percuta de plein fouet Ludo qui sautait de pavé en pavé.

    Le face-à-face commença par une bagatelle, s’enflamma en fugue et se termina en tempête. Et puis, tel un adagio, le calme revint.

    Ce qui ressemblait à un incident banal , ne le fut pas une banalité pour Elisa et Ludo. Ils se complurent à rejouer leur vive rencontre.
    De billets en lettres, ils devisèrent musicalement.
    Elle, glissant harmonieusement sur les notes de la gamme et jouant des émotions . Ton, ton, demi-ton…
    Lui, dénigrant les conceptions désuètes, maniérées et mièvres, imaginait un nouveau monde, plus égalitaire, jouant sur la gamme chromatique, écartant les ton, ton, demi-ton….

    Leurs joutes musicales explosèrent, causant la consternation dans les orchestres. Allait-on rejouer le match des Anciens contre les Nouveaux ? Des Classiques contre les Contemporains ? Des Romantiques contre les Réalistes ?

    Mais, pour Elisa et Ludo, ce manichéisme n’avait aucun sens  !
    Même si le lourd héritage du piano semait la zizanie dans l’empire des Alto, le point d’orgue était d’une pureté absolue : Elisa et Ludo s’aimaient.

    Et pour sceller l’union de ces deux enfants d’Euterpe, ce ne fut pas la Neuvième de Beethoven qui retentit sous la voûte de la petite chapelle romane, mais les notes miroitantes de Spiegel im spiegel…

    © Clémence

  5. Catherine M.S dit :

    Instrument de désaccord

    – Mi, ré, do, tenez-vous le pour dit
    – Do, ré, mi, c’est plus en harmonie
    Mr et Mme Alto n’étaient jamais d’accord
    Et le ton montait encore et encore
    Tout ceci depuis qu’ils avaient reçu en héritage…
    Un vieux piano !

    Le couple ne cessait de tergiverser
    Sur la meilleure façon de le faire fonctionner
    Ils n’avaient guère de culture musicale
    Et leur sens du rythme était plutôt bancal.
    Les 7 notes de la portée
    Leur étaient plus étrangères
    Que les 26 lettres de l’alphabet
    Qui leur servaient, au moins, à s’invectiver
    – Tout ceci, c’est la faute de votre grand-père
    Disait Madame
    – Laissez mon grand-père en paix
    Disait Monsieur
    Mon grand-père qui êtes aux cieux …
    – Aux cieux, aux cieux
    Pas si sûr qu’il y soit
    D’après ce que je crois
    Il aimait bien conter fleurette aux filles
    C’est ce qui se dit dans votre famille
    Et quand ses doigts glissaient sur le clavier
    Certaines tombaient en pâmoison
    Avant même qu’il n’entonne une chanson
    Fa, sol, la, si
    On dit même qu’il les emmenait au paradis …
    Que dîtes-vous de cela mon ami ?
    Avec ce piano en héritage
    Avez-vous également reçu le goût du marivaudage ?
    Glissait Mme Alto à l’oreille de son cher mari
    Car elle possédait parfaitement
    Le sens du persiflage.

    L’histoire ne dit pas si le piano resta longtemps
    Dans les parages …

  6. RENATA dit :

    Leurs voisins et amis , Les Claviers , les avaient invités à prendre un verre afin de leur présenter le nouveau venu , hérité suite au décès du grand-père .
    Mme et Mr Alto s’apprêtent , chiffon doux pour le corps et les cordes , nettoyage des Ouïes , tension et colophane pour l’archet .
    Ils sonnent chez les Claviers . Accueil mélodique , champagne , puis le sujet de l’invitation est présenté :
    Le Piano du grand-père qui trône au milieu du salon .
    Et là ! Mme Alto , belle violonne de 35 ans se fige , ses cordes frémissent , son archet glisse , devant ce magnifique piano à queue qui se met lui aussi à vibrer de toutes ses touches et à frapper ses cordes devant les courbes de Madame . Leurs mélopées sont immédiatement en harmonie , elles se caressent , se mélangent , se repoussent et s’attirent , du prélude au point d’orgue aucune dissonance c’est un véritable unisson . Un ballet musical apprécié par tous les présents .
    La soirée se passe , bercée par cette symphonie improvisée .
    Le lendemain matin , quand Mr Alto se lève , il trouve sur sa partition une note :  » Je fugue vivre cette romance , j’ai rencontré mon âme sœur , le crescendo dont j’avais besoin , la clé de ma portée , tout simplement l’accord parfait .  »
    Les claviers auront la même surprise en découvrant le vide dans leur salon .
    Depuis , les désaccords font fausses notes entre Mme et Mr Alto qui ne sont plus en cadence , mais aussi pour les Claviers dont l’héritage fut à l’origine d’un duo en parfaite harmonie mais en contrepoint Mr Alto contraint au solo .

  7. Fleuriet Mireille dit :

    La famille Alto, prit enfin possession de la belle maison, qu’elle reluquait depuis des mois. Enfin, elle leur appartenait, à la seule condition du vendeur qu’il y laissât le piano. Dès l’acte signé, c’est là que commencèrent les ennuis.
    Monsieur Alto exécrait ce piano, pour être sûr d’avoir la maison il avait accepté ce dernier, il aurait signé n’importe quoi pour acquérir cette belle bâtisse, tandis que Madame Alto en fine musicienne l’avait apprécié de suite, il était désaccordé, certes, mais, c’était une chose qui allait se régler dans un avenir proche, quelques petites rayures dues au temps, n’étaient pas irréparables. Et puis, c’était tout de même un Pleyel.
    Un soir Monsieur Alto, prit d’envies assassines était venu à pas de loup tenant dans sa main une énorme masse afin de le démolir.
    Tapie dans l’ombre, Madame Alto trouvant son mari bizarre, le suivit. Où moment où levant sa masse, elle l’arrêta dans son élan et hors d’elle se mit à l’injurier, lui disant qu’il n’y connaissait rien à la musique, abîmer un piano de cette facture même désaccordé était inadmissible, s’ensuivit une dispute dont les murs se souviennent encore.
    Lorsque soudain une mélodie se fit entendre. Monsieur et Madame Alto, d’un même élan, se retournèrent vers le piano. Ce qu’ils virent les laissèrent baba. Un fantôme, dont le drap était immaculé (vous savez ce fameux fantôme chantant qui était dans un précédent exercice d’écriture créative), était assis sur le tabouret et leur jouait La petite musique de nuit de Mozart. Ils en restèrent bouche bée. Pas une seule fausse note, pas un son désaccordé, c’était sublime et irréel.
    Monsieur et Madame Alto se regardèrent émus, se prirent dans les bras et s’embrassèrent , en catimini quittèrent la pièce, pendant que notre fantôme continuait de jouait…
    Le lendemain matin, ils se précipitèrent dans la pièce où trônait le piano, celui ci était étincelant, pas une égratignure de visible, Madame Alto jouant quelques notes se rendit compte que le piano était accordé.Il était comme neuf. Ils n’avaient pas rêvé la nuit dernière… C’était un miracle.
    Ce soir, c’est l’anniversaire de Monsieur Alto. Famille et amis étaient invités. En l’honneur de son mari, Madame Alto avait décidé de faire une soirée piano. Dans un silence religieux, elle commença La petite musique de nuit. Tout le monde goûtait et appréciait ce morceau. Tandis que derrière le lourd rideau de la pièce, on pouvait distinguer un fantôme qui souriait ravi.
    C’est ainsi que le piano restât dans la famille Alto.

  8. Souris verte dit :

    SERAIENT-ILS DANS LE COLLIMATEUR DE  » L’INCIPITEUR »?😜
    C’est pendant la marche funèbre que le pupitre de la famille Alto reçu l’information : Alter onker ist gestorben -paroles que de mémoire d’altistes ils n’avaient jamais entendues auparavant. C’ était donc bien à eux que ce message s’adressait.
    Enfin ce vieux fou qui déshonorait la famille depuis tant d’années à activer le pédalier et chatouiller les tuyaux s’en est allé. Quand il était jeune et fringant, il jouait du piano avec dextérité et certain chic.
    Bon ! Là, c’était raisonnable. Il n’y a que deux pédales voire trois sur les instruments perfectionnés. Mais un orgue, non, il s’est trop donné, à coup sûr, il s’est pris le doigt dans un bémol. C’est pervers un bémol, à force de se frotter… Ça coince. Et puis un orgue, c’est trop gros, les Altos lui avaient dit : si tu veux pédaler tonton fait du vélo.
    – Mais têtu il avait répondu : c’est incompatible avec mes leçons de sons.
    Enfin. On ne va pas refaire l’histoire. Il est mort et basta.
    Et puis lui qui ne dépensait rien doit nous laisser un joli magot.
    Ragaillardis, il entamèrent l’hymne à la joie.

    À la lecture du testament, ils se figèrent. Le tabellion leur apprit qu’ils ne seraient dépositaires que de son vieux bonnet bordé d’un Astrakan miteux qu’il ne mettait que pour les  » viandes froides  » entendez par là : les enterrements.
    Une robe de chambre brodée de fil d’or qui fut pimpante dans les années trente et dont il ne se paraît que pour les  » soudures  »’ c’est à dire les mariages. Chaque occasion avait sa tenue adéquate. C’est que là haut devant le buffet, il ne fait pas chaud.
    Enfin.. Il est mort… On ne va pas se disputer pour des oripeaux…

    – Ah si ! Le piano, dit le notaire qu’en faites-vous ?
    – il l’avait gardé ? C’est curieux ça, il n’y a pas de meuble et le piano n’est pas entier.
    – votre oncle l’a emputé de son appendice caudal pour en faire un bahut. Depuis c’est un crapaud.
    Mais regardez à l’intérieur vous serez surpris.
    Médusés, c’est peu dire.
    Des tasses en argent étaient accrochées à l’abattant. Des carafes en cristal gravé remplies de liquides ambrés. Des godets minuscules juste pour boire la goutte. À côté, dans une boîte en marqueterie de loupe et d’Ivoire, une danseuse en os sculpté évoluait gracieusement sur L’air Cygne de Saint-Saëns qui s’échappait du rouleau à musique. Et dessous, des bagues, des charmes en pierres précieuses pour accrocher à son bonnet… Une splendeur… Une fortune !

    Mais lui qui était toujours poursuivi par les huissiers, comment a-t-il pu conserver un tel trésor ?
    Pour original qu’il était votre oncle il n’ était pas idiot. Il savait que dans
    une saisie on laisse l’instrument de travail. Jamais l’homme de loi n’aurait eu l’idée de regarder dans le piano !
    L’instrument de travail ainsi que le lit dit le notaire goguenard.

    La famille Alto se regarda et d’un même élan tous se précipitèrent dans la chambre… Le lit ! Comment n’y avaient-ils pas pensé.

    Le notaire referma la porte et les laissa avec le pucier.
    Il savait lui, ce qu’ils allaient trouver et ne voulait pas être présent au moment de la découverte. Certainement, il y aurait de la bagarre… Peut-être même refuseront ils l’héritage… Allez savoir ! 🐀

  9. Grumpy dit :

    La voisine du dessous était perplexe. Qu’était-il arrivé à la famille ALTO ?

    Des gens si calmes, discrets comme des souris, on n’entendait jamais venant de chez eux que le bruit d’une mouche qui volait.

    – Une mouche ? Ah, c’est donc ça, elle a dû en piquer un ou peut-être les deux ?

    Mais de jour en jour les éclats de voix, les bruits de dispute s’amplifiaient, tôt le matin jusque tard le soir. On en était au point que les cris crevaient les plafonds du haut et les planchers du bas.

    La voisine n’en pouvant plus bloqua dans l’escalier celle du dessus.

    – Qu’est-ce qu’il vous arrive ? Ça a tellement changé chez vous … On ne s’entend plus, ou plutôt on n’entend plus que vous

    – La faute au piano

    – Au piano ? Ah, c’est ça qui a fait tant de bruit quand on l’a livré chez vous ?

    – Oui, et depuis rien ne va plus

    – Vous vous disputez parce qu’à cause de lui vous vous êtes désaccordés ?

    – C’est exactement ça ….

    – Ben oui, je comprends mais il serait temps que ça s’arrête !

    – Je suis bien d’accord moi, c’est mon mari qui ne veut pas, il a hérité du piano et dit qu’un legs familial, c’est sacré, qu’il est là et qu’il y reste. Alors je lui ai dit que c’était ou moi, ou le piano,

    – Et il a choisi qui ?

    – Le piano …

    – Moi, à votre place, je l’aurais mal pris

    – Et vous croyez que je lui crie dessus pour quoi ?

    – J’ai bien une idée, écoutez-moi …

    – Formidable ! C’est ça qu’il faut faire, on s’y met demain dès qu’il sera parti au travail.

    Et c’est comme ça que par la grâce de ces dames qui ont poussé, poussé, poussé, jusqu’à en prendre un tour de rein pour l’une, un torticolis pour l’autre, le monstre de piano a été déménagé.

    Et vous voulez savoir jusqu’où ?

    Jusque dans le hall des départs de la Gare de Lyon.

    Il n’a jamais tant servi ce vieux piano, un voyageur suit l’autre sur son tabouret pour jouer son morceau, toutes les musiques du monde y chantent.

    Les voyageurs s’arrêtent, écoutent, savourent, applaudissent et courent attraper leur train en faisant de petits sauts de joie.

    • Camomille dit :

      Merci Grumpy pour cette fine idée… que j’aurais bien aimé avoir eue!

      • Grumpy dit :

        Merci Camomille, les images de ces pianistes improvisés offrant dans le hall de cette gare un instant d’oubli, de grâce et de bonheur m’ont émues, il resterait donc encore un peu d’espoir dans notre monde de brutes ?

  10. Nadine de Bernardy dit :

    Bon voilà,il était enfin là,celui que toute la famille Alto attendait depuis plus de trois mois.cet héritage qui allait changer leur vie,les porter au sommet.
    Un piano,énorme,noir,majestueux.
    Six feux à gaz,deux grands fours avec tourne broche,la réserve à eau chaude sur le côté.Une pure merveille!
    Le piano de tonton George,chef cuisinier du restaurant  » Le cerf aux abois » à Fontainebleau.
    De marque prestigieuse,culotté par les ans,en fonte,lourd comme pas possible.Ils étaient tous là à l’admirer,bouche bée,et les ennuis commencèrent.
    Le père,chef lui aussi,décrétât que cet héritage lui étant destiné,il serait le seul à utiliser cette Rolls Royce des pianos de cuisson.
    Ses fils protestèrent aussitôt, faisant valoir leur talent de cuistots qui les rendait aptes à utiliser le piano.La mère de ces toqués prit fait et cause pour eux mais son mari n’en démordait pas.
    Chacun défendait son point de vue et le monstre noir,impavide,trônait au beau milieu de la cuisine du restaurant,avec ses boutons et ses poignées de cuivre un peu ternis.
    Le débat dura plus de deux semaines,on fit venir famille et amis pour trancher, mais les avis donnèrent raison aux deux candidats sans départager personne.
    Outré,bafoué dans son orgueil,ne voulant pas céder,le père alla s’enfermer dans sa cave et but sa réserve en moins d’un mois.
    Sa femme le trouvât un matin en allant lui porter son petit déjeuner,gonflé comme un outre,une bouteille de Château Bardins à la main,il avait cessé de respirer.
    Les fils,n’ayant pas supporté la situation,étaient partis monter leur propre établissement à l’étranger et ne vinrent pas assister aux obsèques de leur père.
    Le piano restât là,muet,inutile,couvert de poussière,des souris squattant ses fours accueillants et sombres.
    La mère mourut à son tour.
    Le restaurant et la maison furent mis en vente.
    Un chef étoilé en fit l’acquisition.En visitant les lieux il le vit,l’admirât bouche bée,n’en croyant pas ses yeux.
    Un joyau!Un Falcon professionnel de 1956!Une véritable Rolls Royce en matière de cuisine.
    Une émotion l’étreignit,il le reconnaissait,le piano du restaurant  » Le cerf aux abois  » de Fontainebleau où il avait fait ses premières armes sous les ordres de Monsieur George.

  11. durand JEAN MARC dit :

    Le notaire eut bien du mal à caser tout le monde dans son petit bureau. De mauvaises ondes vibraient dans l’air et certaines cordes tremblaient au moindre soupçon de bruit. On entendait les mouches atterrir et décoller.

    Les premiers violons se tassèrent dans un vieux canapé. Les seconds violons restèrent debout, derrière. L’un d’eux agaçait les autres à se gratter sans cesse le bouton d’éclisse. Il se prit un discret mais violent coup d’archet. Les altos demeurèrent à l’ombre de leur aînés, ils ne connaissaient pas bien la partition.Les violoncelles s’adossèrent au radiateur et l’on du ramener plusieurs fauteuils pour installer les quelques contrebasses.

    Le notaire allait commencer son laïus lorsqu’entèrent deux vagues cousins, une mandoline et un banjo.

    L’officier public prit la parole: » Nous voilà réunis ce jour, suite au décès de Ludwig Amadeus Prokozart van Furtalljan. Cet immense chef qui dirigea notre orchestre intercommunal pendant 80 ans nous a quitté, sa surdité ne lui ayant pas permis d’éviter le tramway électrique descendant notre avenue.

    Le maître a souhaité vous léguer la structure intégrale de ce qu’il espérait votre harmonie, les bâtiments, l’autobus pour les tournées, les comptes bancaires positifs et la cave pour la troisième mi-temps…plus quelques babioles qu’il serait ici trop long d’ énumérer. Mais cela, à l’inaltérable condition que vous intégriez à ce futur orchestre son piano personnel.

    Je vous ai tous et toutes reçu individuellement, afin d’écouter vos remarques et doléances et nous sommes ici, ce jour, pour faire un point définitif. Je tiens à signaler que j’ai été missionné pour représenter le théorbe qui immobilisé par une furieuse crise de rhumatismes n’a pu se déplacer. La guitare, également contactée, comme le défunt le souhaitait a abandonné tous droits sur l’héritage car elle aurait choisi d’entamer une carrière de soliste.

    Bref, j’ai pris note de toutes vos réflexions. Certains ont mis en avant que ce piano d’étude était bien trop vieux pour accompagner un orchestre de cet acabit. D’autres, au contraire qu’il était trop imposant et allait gêner les déplacements. Certains sont allé jusqu’à dénoncer, les touches en ivoire, que, à notre époque, ce n’était plus possible. D’autres ont paru plus ouverts, ont signalé que par le passé, d’autres instruments, picolo, saxo et cie… avaient été intégré à l’orchestre sans que cela ne dérange aucun collègue. Néanmoins, une contrebasse a évoqué clairement le fait que le maître n’entendait plus rien et que l’exécution de certaines œuvres a coupé plus d’une oreille ou une langue qui se mordait de douleur. Sa chute lors d’un récent concert n’a rien arrangé. Il faut dire que l’on n’escalade pas la Symphonie Alpestre de Richard Strauss sans être solidement en…pardon accordés.

    Il s’avère donc qu’aucune adhésion n’étant envisageable entre les divers partis, je me doive d’appliquer le dernier souhait et l’ultime décision du défunt. Soit, je lis ce chapitre: « Un accord n’ayant pu être établi entre les divers membres de ma famille proche et éloignée, je lègue intégralement ma fortune, mes biens, ma cave et mon piano à mon très cher ami Léopold Aubert, notaire de son état, qui en profitera pour transformer, comme il le souhaitait, le dit instrument en piano bar et y stocker les liqueurs que nous aimions partager, certains soirs d’automne, bretelles et chemises à l’air en, écoutant à l’accordéon une petite valse musette « 

  12. Christine Macé dit :

    En entrant dans le salon, impossible de le manquer : le piano droit trônait, accrochant irrémédiablement le regard. Je l’avais toujours connu là, près de la fenêtre où mes parents l’avaient découvert lorsqu’ils avaient acheté la maison. Dont ils se débarrasseraient, un jour…
    Finalement, ils l’avaient gardé.
    Faute de trouver un accordeur, l’instrument avait conservé ses fausses notes. Souvent, les touches d’ivoire jauni restaient coincées et les deux pédales résistaient sous le pied. Mais le meuble, soigneusement astiqué, avait fière allure. On avait dégoté un tabouret Napoléon III un peu branlant dans une brocante.
    Ma mère continuait d’espérer trouver un professeur qui me ferait travailler la Méthode rose et franchir les portes du conservatoire. Un des rares sujets de discorde avec son mari : à croire que ce piano leur donnait une occasion d’en découdre. Elle, prétendant qu’une vie sans musique était comme un plat sans sel : lui, grommelant qu’ils s’en étaient bien passé jusque-là, que ça continuerait ainsi… et que si elle n’arrêtait pas ses fadaises, l’instrument finirait en bois de chauffage !
    Dès qu’ils avaient déserté la maison, je venais m’asseoir face à lui. J’aimais en caresser le couvercle que j’ouvrais délicatement. Ma main droite risquait un premier do aigrelet, avant de monter la gamme. Et de la redescendre, tout aussi lentement. Une fois, deux fois, puis avec assurance. La main gauche démarrait alors un trille aigu en guise d’accord, totalement décalé, qui libérait ma cacophonie débridée.
    A la fin de cette brillante exécution, je levais lentement les mains au-dessus du clavier pour laisser mourir le son. Guettant les premiers applaudissements de mon public conquis qui réclamait un bis.
    Mes parents n’en surent jamais rien, ma mère persistant à rêver et mon père à se fâcher après elle.
    Jusqu’au jour où, rentrant de l’école, je fus saisi par le vide palpable qui envahissait le salon. Le souffle coupé, muet de stupeur, j’interrogeai ma mère du regard : elle soupira avant de se réfugier dans la cuisine.
    « On a enfin trouvé à le fourguer… pour ce qu’il t’aura servi !… » déclara mon père.

    Bon week-end, Christine

  13. Nouchka dit :

    – « Non, non et non », hurla Mme Alto d’une voix de soprane excédée, « je ne veux pas de cette caisse sombre dans mon décor ».
    – « Et voilà, et voilà », conclut d’un timbre lugubre de basse M. Alto, « dès qu’il y a héritage, il y a brouille dans les familles ! »
    – « Mais Maman, j’ai toujours rêvé de jouer d’un instrument de musique. Tu le sais. Alors de récupérer ce piano, c’est le Père Noël en plein été ! »
    – « N’insiste pas Harmony, je ne me répèterai pas ».
    – « Ce serait dommage de refuser l’unique cadeau que nous fait en héritage Tonton Amadeus », ponctua, comme pour lui-même, M. Alto. « Je vais demander l’expertise de cet instrument avant même que nous allions le voir ».
    – « Demande ce que tu veux mais je ne le veux pas chez moi », insista Mme Alto.
    – « Tu es bien égoïste Maman ! Je suis certaine que si l’héritage était venu de ta propre famille, tu aurais été honorée de l’accepter et de le garder près de toi », jeta Harmony sans détour.
    Une semaine plus tard, le rapport d’expertise indiqua que le meuble, d’un mètre trente sur un mètre quarante, bénéficiait d’une marqueterie de qualité, bien conservée, de la signature d’un facteur de piano reconnu mais que le mécanisme, les feutres entre autres, avaient mal vieillis et nécessitaient une restauration.
    M. Alto, persuada avec tact et diplomatie Mme Alto, de venir voir l’objet dans l’antre de feu Tonton Amadeus. Lieu où elle ne s’était jamais rendue précédemment.
    Dans la petite datcha blottie au creux d’une clairière de la vallée de Chevreuse, Mme Alto fut impressionnée par la végétation profuse et la variété des chants d’oiseaux qui les accueillirent. En entrant, les parfums présents : murs de rondins, parquet rustique, meubles anciens et piano crapaud brillant sous les rayons de soleil de cette fin de matinée la désorientèrent.
    Mme Alto silencieuse regardait cet intérieur chaleureux dans ce cocon tout de bois revêtu. Elle n’avait jamais visité de lieux semblables. Elle en avait juste entre-aperçus dans quelque scène de film du style « Docteur Jivago ».
    M. Alto ne rompit pas l’observation et le cheminement de sa femme par des propos superflus. Il attendit qu’elle décide, comme elle le fait toujours quand il s’agit du choix des couleurs, matières et objets de leur lieu de vie.
    Mme Alto finit par se retourner, en larmes, tant son émotion était intense et sincère. Elle venait de prendre conscience que tous ses choix n’avaient été dicté que par les tendances à la mode, en terme d’aménagement. Son intérieur était celui de M. et Mme tout le monde, quelque chose qui vous classe, aux yeux des autres, mais qui n’exprime aucune histoire, qui n’imprime aucune âme au logis.
    Faute de reconnaître son absence de personnalité en la matière, elle accepta que le piano crapaud trouve une place dans le décor aseptisé. Par la suite, d’autres objets et meubles vinrent remplacer les lignes de leurs meubles sans charme.
    Harmony crut à une révolution mentale de sa mère et éprouva le besoin de l’observer régulièrement du coin de l’œil.

    L’état du mécanisme du piano crapaud était tel que le projet de sa restauration fut abandonné. L’objet n’émit plus jamais le moindre son mais il resta le souvenir de Tonton Amadeus, cette touche de chaleur et d’authenticité qui manquait tant à leur intérieur.
    Au Noël suivant, Harmony reçut en cadeau un clavier électronique qu’elle mit dans sa chambre. Elle démarra le long apprentissage des gammes et des morceaux que, peut-être, Tonton Amadeus avait-il joué sur le piano crapaud au fond de sa datcha.

  14. Laurence Smits dit :

    Le piano de Mozart

    La famille Alto n’arrivait pas à se mettre au diapason concernant le piano du grand-oncle reçu en héritage. Elle était même complètement désaccordée à ce sujet. Cet instrument encombrait dans la demeure familiale. Il était quand même très imposant, le genre de piano symphonique, en bois de noyer. Il mesurait tout de même 1.50 mètre de long.
    Personne ne jouait d’aucun instrument, personne n’avait appris la musique. Chacun avait son violon d’Ingres, mais aucun membre ne souhaitait apprendre le piano, sachant les difficultés qui les attendaient. Luciano, le père, pratiquait le chant classique, il avait une belle voix de ténor. Maria, son épouse, excellait dans l’art de la tapisserie. Elle filait sans cesse et fabriquait de ses mains tous les vêtements de la maisonnée. Vittorio, le fils aîné, s’adonnait à la lutte gréco-romaine ; il avait toujours eu besoin de se dépenser. Pénélopa, la benjamine, écrivait des articles dans un magazine de mode. Francesco, quant à lui, peignait, dans le genre figuratif.
    Toute la famille avait donc plusieurs cordes à son arc, mais elle peinait à accorder ses flûtes quant au devenir de l’organe à pinces frappées qui les gênait. Ce pauvre piano, vieux comme Hérode, ne vibrait pas en eux. Ils passaient sans le voir, sans même un regard oblique, qui aurait pu lui rendre une quelconque dignité.
    Leur avis sur le sujet du piano était plus ou moins bien orchestré. Certains voulaient le vendre pour une somme modique, pour s’en débarrasser. D’autres souhaitaient en faire quelque chose sans tambour ni trompette. Oui, mais quoi ? Là était la question, qui divisait la famille depuis plusieurs mois !
    On dit que la musique adoucit les mœurs, mais ce n’était pas vraiment le cas chez les Alto. Ils avaient beau porter fièrement ce nom de famille, leur passion à chacun était réglée comme du papier à musique. Chacun restait fermement campé sur ses positions et ne changeait pas de disque.
    Pour harmoniser les opinions divergentes de sa femme et de ses enfants, Luciano fit appel à un expert pour enfin savoir si ce clavier avait de la valeur. Ceux qui le vouaient à la destruction ou à la vente, pensaient que c’était purement et simplement du pipeau. Mais le père avait touché la corde sensible ; l’expert parlerait et sa voix était probante.
    Ce spécialiste connaissait la chanson ; il resta plusieurs heures à examiner le piano sous toutes ses cordes. Enfin, l’expert parla. Pour lui, ce piano datait de l’époque de Mozart et valait plusieurs millions de dollars. Tous les visages se décomposèrent instantanément à cette nouvelle et tous changèrent de refrain, ébahis par l’avis sur cet objet qu’ils voulaient jeter au rebus.
    Monsieur Vivaldi, l’expert, haussa le ton. Il annonça son verdict :

    « Il est fort probable que cet instrument a été utilisé par Mozart lui-même. Il a été fabriqué en Allemagne par le fabriquant célèbre de pianos, Christian Baumann à Zweibrucken en Rhénanie-Palatinat, l’un des fabricants préférés du musicien de génie autrichien. Mozart lui-même a évoqué cet instrument dans des lettres adressées à son père et une toile de Vienne présente le compositeur Josef Haydn à ce même clavier. Croyez-moi, ce piano possède un pédigrée de valeur. D’ailleurs, ce modèle est un pianoforte, figurant parmi les huit exemplaires connus au monde fabriqués en 1775 ».

    La famille se fit donc sonner les cloches quand l’expert apprit fortuitement que le bel objet avait été voué à disparaître de la circulation. Il tonitrua à corps et à cri que c’était une grande honte. Le cœur de chacun des cinq membres battait la chamade. Même avec autant de valeur, qu’allait-on en faire de cet instrument ? Impossible de le garder à la maison, trop risqué avec les voleurs, le donner, pas question, le vendre, peut-être ! En tout cas, personne ne désirait claironner à tout va qu’ils possédaient un instrument d’une telle valeur.
    De concert, ils furent tous d’accord pour s’offrir les services de l’expert pour trouver un pianiste de renom pour l’acquérir. Au moins, il servirait la cause d’un musicien. Renaud Capuçon possédait bien un violon guarnerius de 1737.
    Cela prit quelques mois, puis l’expert vint en personne leur annoncer qu’il avait trouvé un acheteur : une banque souhaitait acquérir le piano pour que le célèbre pianiste virtuose chinois, Lang Lang, donne ses concerts dans le monde entier. C’était une forme de mécénat, très répandue à l’étranger, mais encore méconnue en France.

    Dans la discrétion la plus totale, la famille Alto empocha 30 millions de dollars. Elle fut enfin débarrassée de cet instrument, mais enfin accordée sur l’utilisation de cet argent…

  15. Ophélie E. dit :

    La famille Alto vivait en harmonie aux yeux de leurs amis de l’orchestre et de leurs proches parents. Chacun s’étonnait de les voir s’entraider, se câliner, rire à l’unisson. Mais ce qu’ils ignoraient ces braves gens c’est, qu’entre ses murs, ce ménage battait plus que de l’aile. La mère, fatiguée, n’en pouvait plus d’avoir accouché toutes les années et ne savait plus où donner de la voix tant ses cinq rejetons étaient insupportables à écouter ; leurs chamailleries faisaient une cacophonie intolérable. Sa fille aînée, qui faisait sa frimeuse, avait pour ambition de rejoindre la philharmonie de la Capitale ; elle rechignait de plus en plus à travailler dans la formation de cette ville qu’elle nommait le trou du cul du monde. Les quatre garçons n’en finissaient plus de se battre et se pétaient la carcasse et les cordes si bien que le porte-monnaie ne suivait plus pour payer le facteur d’instruments. Quant au père, pour échapper à cette atmosphère délétère, il dépensait leur maigre recette à traîner dans divers tripots.

    Un matin, ils reçurent un courrier les informant qu’ils héritaient d’une grand-tante qui leur laissait un fort joli magot. Mais, quand ils lurent les petites lignes en bas du document, ils déchantèrent bien vite. Pour hériter, ils devaient héberger le concubin de la tata. Sacrée tatie ! Son béguin n’était autre qu’un imposant piano à queue. Où l’avait-elle dégoté celui-ci, nul ne le savait. À force de gesticuler et de hurler, la mère en brisa son archet. Le père s’en fichait comme de sa première éclisse et s’en retourna voir ses potes. La fille ne voulait pas qu’un vieux débris, aux marteaux tout flasques, partage sa chambre et les garnements tiraient déjà des plans sur la comète pour se payer du bon temps avec Viole, Guitare, Ukulélé et Mandoline.

    Si elle battait encore un tant soit peu la mesure, ce désaccord fit exploser cette famille qui se retrouva sur divers étals de brocanteurs.

  16. Avoires dit :

    Ils étaient tous réunis dans le salon au plancher de chêne qui craquait encore sous les pas, même si les chaussures reposaient sur des patins.
    La famille Alto avait décidé de se retrouver chez tante Henriette qui voulait faire part à ses neveux, nièces et petits neveux et nièces de ses dernières volontés avant de quitter cette Terre.
    La vaisselle, le linge, chacun y trouvait son compte sans trop de conflits. La Clio de 1990, bon, elle pouvait encore servir pour Jérémie qui allait bientôt passer le permis. Les livres, eux, s’étaient répartis entre les Alto, pas tant pour les lire que les proposer, ultérieurement à un vide grenier. L’ambiance était plutôt sympathique, autour du plateau de thé agrémenté de petits fours que tante Henriette achetait toujours chez Bérard, le meilleur pâtissier de la ville.
    Tout en dégustant un petit croissant aux pignons, Anastasie, la plus jeune des petites-nièces de tante Henriette s’écria :
    -Tata, et le piano de mamy Sophie , qu’est-ce que t’en fais ?
    Las, il n’en fallait pas tant pour que les tasses de thé soient renversées sur le parquet de chêne, que tout le monde s’éjecte de son siège et que tante Henriette s’effondre sur le sien. Quoi, le piano de mamy Sophie ?
    Neveux et nièces tapotent les joues affaissées de leur tante, installent derrière son dos des coussins qu’ils tapotent également et attendent avec effroi le verdict. Oui, effroi, car personne ne veut s’encombrer de cet énorme instrument qui avait scandé les beaux jours de la famille Alto depuis 1896. Il était hors de question qu’il soit largué comme un vulgaire piano droit.
    Tante Henriette reprenant ses esprits, se redressa sur son fauteuil, avala le fond de thé devenu froid et lança :
    Le piano, il est à vous, vous le savez bien, il ne sortira pas de la famille.
    S’en suivirent cris, hurlements, gesticulation, l’ambiance était devenue incandescente.
    Mais tante, il désaccordé, personne dans la famille ne joue du piano et surtout, aucun d’entre nous ne peut le mettre chez lui : nos appartements sont trop petits, tu le sais. Ce piano est une calamité !
    Tout le monde parle en même temps, le brouhaha est total, Anastasie s’empiffre de petits fours, le plancher craque de toute part. Le piano dans son coin contemple la scène, il attend la sentence de tante Henriette :
    Et bien, puisqu’il en est ainsi, le piano finira sur ma tombe.

  17. Antonio dit :

    Chez les Alto, on n’était pas du genre à pisser dans un violon. Quand l’un d’entre eux pointait le bout de son archet, c’était pour exécuter froidement sa partition. Et il ne manquait jamais sa cible.

    Chez les Soprano, des voix commençaient à s’élever.

    — On ne va tout de même pas les laisser nous descendre, comme ça, en plein chœur, sans répliquer !
    — C’est vrai quoi ! Ils se jouent de nous, sans respecter nos accords. Il serait temps de hausser le ton, Joe !

    Joe Sax avait son idée.

    — Piano ! On ne peut pas aller plus vite que la musique. Faites-moi confiance, au prochain couplet, ils vont bientôt déchanter.
    — C’est toujours le même refrain avec toi, Joe ! On n’aura même pas dégainé une note qu’ils nous auront tiré dans le do, nous plantant au sol, sans qu’on ait pu abattre la moindre quarte. Ce n’est plus possible !
    — C’est vrai quoi ! J’en peux plus d’entendre leurs notes me siffler aux oreilles. Si c’est pour que nos tympans tombent les uns après les autres comme au chant de bataille d’Hélène Ségara !
    — Piano !
    — Piano, piano ! t’as que lui à la bouche !

    Et pour cause. Le piano hérité du grand Martello, parrain du sextet du New-Jersey, allait entrer en scène. Les Alto s’enorgueillissaient de cette acquisition de prestige, avec sa grande queue, tel un paon déployant les plumes de ses harmonies, et une sonorité aux accords parfaits qui n’avaient jamais été heurtés à aucune contestation. Qui détenait le piano de Martello avait le pouvoir de contrôler la musique.

    Sauf que Martello se méfiait de Tony Alto, son neveu d’Ingres, avec qui il n’avait jamais pu accorder leurs violences. Il savait qu’un jour le gamin n’hésiterait pas à tirer sur le vieux pianiste pour prendre sa place. Juste avant sa mort, il lui avait réservé une petite surprise. Joe était dans la confidence.

    Au troisième couplet, le violon de Tony se lança dans une complainte, en la mineur, que Herbie, son bras droit, au piano devait accompagner dans une harmonie parfaite. Seulement, les notes martelées par le jeune pianiste en herbe, pétaradaient comme une kalachnikov enrayée, un demi ton en dessous de la tonalité des Alto. La partition s’enflamma alors quand, en chœur, les Soprano dégainèrent parfaitement leurs voix en contre chant, plantant sur place tous les violons altistes, laminés.

    Aucun Alto ne survivra au règlement de compte du vieux Martello. On pouvait juste voir Tony pisser son sang dans un violon.

  18. iris79 dit :

    Moi, depuis qu’on doit composer avec ce piano, j’en perds ma voix.
    -Ne m’en parle pas . Je ne comprends pas, tout se passait bien avant qu’il arrive. Mes cordes vibraient profondément, je pouvais exprimer toute la hauteur de mon talent. Depuis que nous partageons les partitions et les salles, rien ne va plus et je vois bien que toi non plus !
    -Ah mon dieu quel malheur, alors toi aussi tu as remarqué ? Ma voix ne répond plus. Je ne peux plus aller chercher les notes inhérentes à mon rang, à ma ligne. On m’a même confondu la semaine dernière avec une soprano !
    -Par tous les saints, quelle horreur !
    -Mais qu’est-ce qu’on va faire ?
    -Je n’en sais rien. On aurait pu faire intervenir le violoncelle ou la contrebasse. Avec leur poids et leur prestance, peut-être auraient ils pu l’ »abîmer » par erreur, un accident est si vite arriver…
    -Comme tu dis, avec ces parquets glissants, les accidents vont crescendo.
    -Quel toupet ce piano…
    Non comptant de monopoliser les trois quarts de la scène, de briller comme une voiture trop lustrée, il perturbe les vibrations des autres instruments. Impossible de s’accorder avec lui.
    -L’autre jour, alors que je me lançais sur mon solo, ma main a pris appui quelques secondes sur son dos. Je pensais ainsi gagné en stabilité et emmener ma note plus haut. Il m’a lâché en plein élan !
    -ah tous ces problèmes ne sont plus des bémols ni de simples anicroches mais de vraies casseroles et ne comptons pas sur le chef d’orchestre pour remettre un peu d’harmonie dans tout ça ! Il est bien trop préoccupé par le reflet que lui renvoie le vernis du piano.
    -Ne t’en fait pas, le vernis finit toujours par craquer.
    -Ah je ne sais pas, je suis épuisée.
    -Tu as raison, moi aussi. Je pense qu’un peu de musique de chambre nous ferait du bien.
    -Bien entendu, tu as encore les mots justes. C’est ce que j’aime chez toi. Ton oreille et ta sagesse absolues.
    -Silence…

  19. Camomille dit :

    – Monsieur le Commissaire, comprenez-moi…. ça devenait insupportable !
    – Mais tout de même M. ALTO, tout de même…
    – Je voudrais bien vous y voir moi, à ma place,
    – Et vous Mme ALTO ? Qu’avez-vous à dire ?
    – Oh moi, M. le Commissaire, vous savez, il n’y a que le charleston qui m’intéresse et…
    – Vous voyez M. le Commissaire, vous voyez, elle le dit elle-même, il n’y a que ça qui l’intéresse,
    – Taisez-vous M. ALTO ! Taisez-vous. Poursuivez Madame,
    – Ben, le charleston, c’est toute ma vie, c’est mon oxygène, du matin au soir il faut que j’entende de la musique charleston. Alors, quand mon vieil oncle Alfred m’a offert en héritage son vieux piano bastringue désaccordé, vous pensez bien que je n’allais pas m’en priver ! Vous auriez fait quoi à ma place hein ? Vous auriez fait quoi ?
    -Il ne s’agit pas de moi Mme ALTO, mais de vous… Est-il vrai, comme le prétend votre mari, que vous vous levez la nuit pour en jouer et que vous invitez les voisins à venir danser le charleston chez vous ?
    – Oui… ça c’est vrai, et ce n’est que du bonheur Monsieur le Commissaire. D’ailleurs, si vous vouliez vous joindre à nous la nuit prochaine, ce serait bien volontiers !
    – Vous voyez M. le Commissaire…elle délire. Depuis qu’elle a hérité de ce piano pourri, désaccordé, elle a perdu la tête… elle a attrapé le virus du charleston et a contaminé tout le voisinage ! Le drame c’est que le virus se propage et que maintenant c’est la moitié de la ville qui arrive tous les soirs et envahit ma maison, mon jardin : et que ça danse, et que ça danse, et qu’elle joue, et qu’elle joue… et que moi, et que moi…
    – et que vous, vous avez tiré sur tout le monde cette nuit !
    – Oui….mais c’était une vielle carabine à blanc, héritée de mon oncle Charles, et ça n’a pas fait grand mal tout de même !
    – OUAIS… vous direz ça au Juge !
    en attendant Madame… en attendant…. vous ne voudriez pas me jouer un petit morceau s’il vous plaît ? Juste un petit morceau ?

  20. Webfourmi dit :

    Racontez l’histoire de la famille Alto désaccordée par l’héritage d’un piano.

    La boite à musique déroulait ses notes précises et claires qui rythmait ainsi en sourdine les eclats de voix sporadiques qui s echappait par la porte du bureau.
    – Je suis sûre que maman pensait à moi en léguant le piano. Regarde, Armand, il est écrit « au seul virtuose accompli de la famille ». Je suis la seule à pouvoir jouer toutes les nuances des’ nocturnes’ et tu le sais.
    – Ca m étonnerait beaucoup, Anna, tout le monde s endort quand tu le joues. Alors que moi, des les premières notes de ‘la marche turque’, tout le monde se prend à marquer la mesure , du bout du pied, de la tête ou de la main. Ma musique réveille, vivifie et met de bonne humeur.
    – Tu joues tellement fort que les chaises du public vibrent, forcement ils réagissent en se tortillant comme ils peuvent.
    Alors que moi, je vois les larmes perler au coin des yeux des plus émotifs, le regard des autres perdus dans leurs souvenirs de leurs amours perdus. Je les remue au plus profond de leur être.

    La boite à musique s est tue.

    Mais de petites notes continuent de s’échapper du petit salon. D abord hésitantes, une à une , légères et aériennes, l écho de l une attendant l autre. Puis une cascade joyeuse, un feu d artifices de sons s appelant les uns ,les autres. Une explosion inédite d’ harmonies , d accords oubliés envahit la pièce et roule vers le bureau.
    Anna s aggrippe au bras d Armand, le souffle haletant, les joues pâles, une larme perle au coin des cils. Armand s’appuie sur elle, le coeur battant, la main esquissant la mesure.
    Puis ils se bousculent, se precipitent et courent vers le piano.
    Un petit garçon, les pieds bien loin des pédales, laissent danser ses mains sur les touches d ivoire.
    Il s interrompt, inquiet, et se tournant vers son père et sa tante, murmure:
    – Je voulais juste essayer le piano de mamie.

    Les deux adultes contemplent, émerveillés, le petit virtuose, qu ils ont nourri sans le savoir de chant et de contrechants, qui vient d’éclore .

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