418e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment…
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Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment de bon ton de parler aux parents après le travail.
Le papa s’était réfugié dans un coin de la salle d’accouchement, blanc comme un linge, il avait fini par se fondre dans l’espace, et malheureusement pour lui qui refusait de sortir de son isolement, une montée d’hormones avait saisi la jeune maman qui était dans sa bulle.
– C’est pas possible ! C’est impossible ! Comment est-ce possible ? Le papa devenu invisible était loin d’être muet. On entendait sa voix plongée dans des sanglots qui faisaient pitié à madame.
– C’est pas possible ? Mais tu te fous de moi ou quoi ? C’est pas possible ? ben il faut croire que si ! Regarde ! Ouvre tes yeux, il dort ! et je t’assure que oui c’est possible, puisque je l’ai fait !
– Tu l’as fait ? C’est nous… notre osmose c’était du fantasme, du délire ! Il ne nous ressemble pas pour un centimètre carré ! Ho mon dieu !… on a transgressé les lois de la nature ; on est allé au-delà des lois de l’attraction. Nous avons voulu croire que c’était possible.
– Du délire ? Un fantasme ?
– Les opposés s’attirent, hein ? Tu me disais pas ça quand je voulais te mettre au carré ? Il aurait pas pu avoir des angles ronds comme tes… hein ?
– Tais toi ! regarde-le comme il est beau ! regarde son visage, il est exceptionnellement beau ! C’est ton fils, il te ressemble tellement et…
– Bouhouhou !
– Tais toi ! c’est une chance que nous avons ! nous sommes une famille maintenant et personne ne pourra jamais dire que nous ne sommes pas une vraie famille… il lui faudrait une petite sœur ou un petit frère !
– Toi tu es complètement en surdosage d’hormones ! tu n’es pas un peu folle non ? comment va-t-on expliquer ça aux gens ? comment leur dire qu’il est le fruit de notre… osmose !
– Maintenant ça suffit ! je ne te permets pas de parler de Pyt’ comme ça. Il a la tête au carré, regarde sa grosse tête ! Je peux te dire que je l’ai sentie passer sa tête ! Et puis, encore mieux, regarde son hypoténuse… elle ne fait pas pitié, hein ? C’est bien le fils à son papa ça ! Tu sais qu’un jour, avec toutes les propriétés que lui donnera sa différence, il fera des heureuses… comme son papa ! C’est bien le fruit de l’amour et non de l’osmose… quoique… des deux ! Un aussi beau triangle rectangle ! C’est notre triangle rectangle à nous ! Il est nous. Nous sommes trois maintenant. Et…
– Comment ? Mais j’ai pas d’hypoténuse…
– Ha bon ? tu n’as pas d’hypoténuse ! Alors tu es encore plus con que je pensais, et dire que c’est moi qui vient d’accoucher et qui s’est fait anesthésier… il semblerait que tu te sois tenu trop près de moi. Bon ! Tu vas me rejoindre car je ne pourrais pas rouler jusqu’à Pyt’ toute seule. Mais avant, juste pour le principe, tu vas soulever ton t-shirt et jeter un œil là où je passe beaucoup de temps avec mes deux meilleures copines… ce truc, c’est l’hypoténuse ! Ton hypoténuse !
Les yeux ronds comme des billes, le papa choqué d’apprendre une telle nouvelle baissa la tête. Son regard perdu cherchait à voir en quoi il pourrait être le père de cet enfant. Soudain ses yeux s’écarquillèrent !
– Ho mon dieu ! C’est mon fils !… mais attends, c’est quoi ces deux trucs ?
– Ces deux trucs ?! Tu veux dire sous l’hypoténuse ? S’il te plait épargne-moi les détails ! J’ai assez souffert comme ça ! Ne brise pas mes rêves ! Ne me dis pas que tu es aussi con que ça ! Je nous croyais en osmose…
Madame le regardait regardant son fils nouveau-né. Il avait sur le visage ce mélange de joie et de peur. Il venait de réaliser qu’il avait une hypoténuse, et elle réalisait que d’être au carré n’était pas toujours un avantage ! Heureusement qu’elle était en mesure d’arrondir les angles…
La sage-femme, un gentil octogone, entra pour s’occuper de la maman.
– Alors madame, comment allez-vous appeler ce petit garçon ?
– Pythagore Carré-Rond !
– Vous êtes sérieuse ? Carré-Rond comme l’HP ? C’est un truc de fou !
– Non ! C’est un signe du destin… c’est l’amour. Imparfait mais unique. Au fait, il est né à quelle heure ?
– A trois heures quatorze.
La maman sourit, et regardant son fils avec amour lui dit… tu es le fruit de l’Amour.
Le papa qui avait rampé jusqu’au lit, finit par se lever, ayant mordu dans le matelas pour ne pas lâcher prise.
– Tu as entendu mon Amour ? Pyt’ est né à 3 heures 14 ! C’est pas…
Madame eut à peine le temps d’aligner deux phrases, qu’aussitôt ses yeux s’ouvrirent en grand, la nouvelle nouvelle l’assomma et un grand « boum » se fit entendre. La sage-femme resta là à le regarder ronfler.
– Ne vous inquiétez pas, c’est un grand sensible !! On dirait pas comme ça, mais c’est la joie ! Il est tellement heureux qu’il somatise ! Regardez un peu son regard hagard ! Quand il est teigneux il est plus bavard… Je vous assure que c’est un homme très courageux… en général ! C’est mon pieux chevalier ! Il a du mal à y croire, mais il a la foi… alors ça devrait aller d’ici à ce qu’il se réveille…
– Oui… mais il dort ? parce qu’il a déjà les yeux ouverts ! C’est normal ?
– Oui ! C’est un grand observateur ! il en a des qualités ! On en a de la chance… Vous pourrez éteindre la lumière, s’il vous plait ? Je ne voudrais pas que Pyt’ se réveille et que Monsieur finisse aveugle…
– Oui…
La sage-femme fini de ranger et après avoir enjambé monsieur, quitta la salle et éteint la lumière, laissant la famille se remettre de ses émotions…
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Ils n’étaient pas vraiment très contents de leur nouveau-né , pensez donc ils avaient mis au monde un triangle et se rejetaient mutuellement la faute.
Le docteur Pythagore présent était bien ennuyé . Il regarda le papa : La houppette de ses cheveux gris, son oeil dont le sourcil était relevé par le monocle et qui souriait, sa boutonnière en fleurs rouges, formaient comme les trois sommets mobiles d’un triangle convulsif et frappant.Il leur conseilla d’investir dans une gomme et d’essayer avec celle-ci de donner au nouveau-né la forme géométrique de leur choix. Pour les dérider il leur rappela la citation « le carré est un triangle qui a réussi ou une circonférence qui a mal tourné ». Il avait à peine fini de parler qu’il se dit qu’il aurait mieux fait de tourner sa langue sept fois dans sa bouche plutôt que de plaisanter dans de telles circonstances. Redevenant sérieux il leur conseilla de faire le nécessaire le plus rapidement possible.
Il claqua la porte un peu fort tout en chantonnant :
les cercles vicieux
les triangles amoureux
et les esprits carrés
Puis il partit en courant pour donner son cours de géométrie euclidienne
Ils ne se ressemblaient pas. Vraiment pas, mais ils démentaient le proverbe et pour le meilleur et le pire, constituaient ce qu’on appelle « un couple bien assorti ».
Lui, droit dans ses bottes, à cheval sur des principes venus on ne sait d’où, mais auxquels il tenait fermement.
Elle, superficielle au possible, absorbait toute influence extérieure, telle un buvard. Elle se fondait dans la société qui l’entourait mieux qu’ un caméléon. Elle avait ce pouvoir de digérer les opinions dominantes et de les faire siennes, y mêlant ses propres foutaises. Jusqu’à ce qu’on émette un autre avis, qu’elle adoptait dans la minute qui suivait. Dans un processus sans fin, le dernier à parler donnait le sens du vent à cette girouette.
A l’opposé, son compagnon ne changeait jamais d’idée. Même les plus irréfutables arguments n’avaient aucune prise sur son opinion congelée. Il serait parvenu à vous prouver que la Terre tournait autour de la lune si telle avait été sa conviction.
Conviction ? Un grand mot ! Et « prouver », c’était beaucoup dire ! En réalité un tissu d’idées toutes faites, prêtes à mâcher et non argumentées. Les choses étaient ainsi, et un point c’est tout ! Seules des vérités premières, faciles à écarter avec un minimum de réflexion, étayaient ses dires.
Inutile de contredire ce lointain cousin de Diafoirus, il avait évidemment réponse à tout. Et il inventait sans vergogne ce qu’il ne savait pas.
Elle ne valait guère mieux. Tout ce qu’on pouvait lui dire passait à travers et ne s’y fixait pas. Elle oubliait sur le champ ce qu’elle entendait et ses propres discours tout aussi instantanément. Elle se contredisait d’ailleurs à chaque phrase sans perdre pour autant son aplomb. Totalement superficielle, aucune raison n’imprimait durablement sa cervelle. Un esprit qu’on aurait pu qualifier d’évanescent. Une personnalité transparente.
Et ces deux êtres si différents se toléraient et même s’appréciaient. Car aucun des deux ne tenait compte réellement de la présence de l’autre. Ils se côtoyaient sans se voir ni s’entendre. Chacun discourait de son côté, dans un monologue permanent. L’autre servait à se persuader qu’on ne parlait pas tout seul : Un alibi contre la folie, pour un duo de figurants.
Contre toute attente, – car à quel moment une symbiose suffisante permit la rencontre d’ un spermatozoïde avec un ovule ?!! – un beau jour, un enfant fut conçu par ce couple improbable.
Évidemment ! – ô Fatalitas ! – le rejeton naquit mutique. Sans doute en prémonition de ce qui l’attendait, il préféra garder pour lui toute expression orale qui lui aurait attiré les foudres de l’un ou l’autre de ses parents impossibles, et l’aurait forcé à choisir son camp. Sagesse innée parfois surprenante chez les enfants.
Quelques gestes, dont il apprit très vite à se servir, suffirent à pourvoir efficacement à ses besoins de base.
Dans un tel contexte, l’avenir du bambin semblait définitivement compromis. Enfermement et repli sur soi seraient son lot.
Mais le hasard voulut qu’il pénètre un jour dans une salle de théâtre.
Là, fasciné, il découvrit qu’on pouvait parler pour dire des choses sensées. Qu’on pouvait être n’importe qui tour à tour sans s’engager pour autant puisque ce n’était qu’un rôle provisoire, que le lendemain on jouerait un autre personnage. Et les possibilités variaient à l’infini.
Tout était possible. Sans s’arrêter jamais. Sans se heurter à quiconque puisque ça restait un jeu.
Et quel jeu ! Traduire la diversité incroyable des sentiments et des passions humaines !
Il sortit enfin de sa coquille. Il se résolut à employer les mots, les grands et les petits, mais uniquement dans ce contexte bien précis, et il se mit à vivre par procuration.
Comme il n’avait pas été, depuis des années, souillé par un verbiage insensé, qu’il était au contraire un novice du verbe, il se glissa dans les rôles les plus variés avec une innocence, une fraîcheur, une vérité qui firent sensation. Sa spontanéité charmait le public qui le paya de triomphes répétés.
Il avait trouvé sa voie et fit une longue carrière.
Il était devenu le kaléidoscope des humanités improbables.
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment…
Premier jour : j’ai failli m’étrangler en avalant mon café matinal.
Deuxième jour : j’ai relu à tête reposée.
Troisième jour : j’ai tenté de mettre le problème en équation . Cela se solda par un échec.
Quatrième jour : je commençai à douter de mes capacités : comment moi, la littéraire allait pouvoir relier harmonieusement les mathématiques et la poésie ?
Cinquième jour , en fin de journée : l’esprit fatigué, je pris le large…
J’enfilai un pull bien chaud, enroulai une écharpe autour de mon cou et enfonçai un bonnet sur la tête. Je fermai la porte de la maison et m’engageai sur le petit chemin.
Au bout de celui-ci, je savais que j’y retrouverais ma sérénité à défaut d’une solution à l’exercice qui commençait à m’échauffer les oreilles.
Marcher m’a toujours fait du bien, cela m’évitait de tourner en rond.
Enfin, j’arrivai à mon endroit préféré. Là où mon cœur se mettait à battre la chamade.
Je m’adossai à un pin d’Alep. Je respirai profondément d’abord, puis, de plus en plus doucement.
Les couleurs étaient sublimes. L’ocre des maisons du village médiéval scintillait sous les rayons du soleil couchant.
Des nuages corail dansaient dans un ciel turquoise. Les crêtes se paraient de dentelle noire et la silhouette du mont à double sillon se révéla, mystérieuse avec ses teintes bleutées.
Je retins ma respiration devant tant de beauté.
Le campanile tinta.
Un bleu plus foncé chassa doucement le turquoise alors que les roses, les pourpres et les rouges s’enflammaient sous les derniers rayons.
Et ce fut le soir.
Sur le chemin de retour, mes pensées vagabondaient. Et tout à coup, je repensai à lui, cet homme extraordinaire. Était-ce les couleurs du ciel ou les douces courbes des collines esquissées dans l’obscurité qui me firent penser à Lui ? A cette énigme permanente ?
A peine rentrée, je m’installai devant mon ordinateur et lançai une série de recherches.
Les images dansaient. Les douces collines, vertes au printemps, blondes en été.
Je le voyais dans sa maison.
Je le voyais à sa fenêtre, le regard perdu dans ses pensées.
Je le voyais hausser les sourcils lorsque les rires le firent revenir sur terre.
Je voyais son regard se poser sur la jeune femme, s’attarder sur ses seins nacrés bombés, s’échappant du corsage de velours, descendre sur les hanches aux courbes gourmandes.
Il regarda le jeune homme qui marchait à ses côtés. Une stature franche. Carrée. Un visage aux traits nets entouré d’une longue chevelure brune et bouclée.
Je suis sûre qu’un instant, un seul, il imagina leur vie, leur avenir, les enfants qui naîtraient de cette union. Les choses se gâteraient-elles ensuite ?
Mais l’homme de mes pensées effaça bien vite ce souci.
Il quitta sa fenêtre et s’assit à sa table.
Il fit de la place au milieu de ses documents et instruments.
Il s’empara d’un feuillet couleur sépia, trempa sa plume dans l’encrier.
Sous ses doigts, l’harmonie des proportions se révéla.
Parfaite.
Léonard annota son dessin.
Anchiano- Vinci – 1490 – Uomo dei Vitruvio
© Clémence.
Une circonférence et un carré s’était entiché l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde, les choses ses gâtèrent.
– Vous n’étiez pas vraiment faits…
– Pas vraiment, non.
– Vous êtes pourtant prof de maths mais voilà…
– Ben oui ! je bossais en parallèle.
– Ah bon ! sur quoi ?
– Je traçais des plans…
Marge écoutait leur conversation. Ils finissaient leurs phrases uniquement par des gestes. De plus avec ce bruit, elle n’entendait pas distinctement. Elle connaissait la ligne sur le bout des ongles. Heureusement, pour se repérer dans leur causerie, elle avait le compas dans l’oeil. Depuis une demi-heure qu’elle les pigeonnait ils devraient commencer à se méfier. Mais rien ne transparaissait dans leur attitude. Elle avait pris une photo d’eux, c’était déjà pas mal. Elle perçut la réponse de l’autre sur ses lèvres :
– Sur la comète !
Son vis à vis répondit non et elle ne discerna pas la suite.
Dans le col de son gilet noir elle dissimulait son micro. Elle n’aimait pas l’esprit obtus de son correspondant, toujours à décomposer les mots pour en faire des jeux compliqués. Elle venait de comprendre pourquoi l’homme à l’imper qu’elle surveillait se faisait appeler Pierre II. Dans le brouhaha du métro, ses méninges lui donnèrent une solution : PiR2 était amoureux de Circonférence.
Quant à l’homme à la veste, Le Carré c’était son vrai nom, un cartésien écologiste. Dans cette histoire, qu’était devenu l’enfant ?
Comme si son collègue avait deviné ses pensées, il dit qu’il avait été placé au Centre.
– Quel Centre ?
– Vous n’avez pas lu la circulaire ? Au Centre pour les prémas.
Marge fut rassurée. Le métro s’arrêta à la station Euclide. Sur le quai les deux hommes se séparèrent. Le Carré stagna un moment sur ses bases puis il contourna l’angle décoré du carrelage blanc de la station. Il sembla réfléchir pendant que son acolyte filait vers l’angle opposé. Il prit un carnet dans sa poche pour écrire quelques mots sur une feuille qu’il laissa involontairement tomber sur le bitume. Elle se dit qu’il valait mieux suivre le double-mètre à la tête de prof plutôt que Le Carré rustique qui se dirigeait vers le kiosque à journaux. Elle le retrouverait de toutes façons. Elle profita d’un moment de distraction de celui-ci pour aller ramasser son billet. Puis elle se dépêcha dans la direction diamétralement opposée avant que tête de prof ne prenne la tangente.
Il avait de l’avance. Elle crut l’avoir perdu dans le labyrinthe des couloirs. Mais elle eut sa grande taille en point de mire. Elle se faufila et réussit à lui emboîter le pas dans la foule, il ne remarqua rien.
Dans le grand magasin, il s’arrêta au rayon des parfums.
Elle en profita pour lire le papier récupéré dans le métro : » Que j’aime à faire connaître un nombre utile au sage. »
Quand elle releva la tête pour se concentrer sur sa poursuite, l’homme s’était volatilisé.
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un pour l’autre. Au début ce fût l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment dans la norme. Ils avaient donné naissance à chiffre, à un sacré numéro. Si cela ne leur posait pas de difficulté dans la forme, ils étaient habitués à leur angle et leur point de vue différents, ils vivaient un vrai problème de fond. Ce sacré numéro n’avait pas sa place dans la rigueur d’un monde géométrique et encore moins dans le cercle familial.
Chacun d’eux y allait de sa théorie et de sa croyance .C’est un mauvais sort. Il va nous diviser. Ce sera un vrai calculateur. Il va semer le malheur de façon exponentielle.
Chaque jour passait. Madame et Monsieur s’affolaient par le manque de perspective offert à leur enfant.
Madame circonférence qui en connaissait un rayon dans l’aire de la réflexion, tournait en rond. Monsieur carré si solide et si équilibré sur tous ses côtés ne savait plus par quel angle attaquer.
Ils s’isolaient. S’éloignaient l’un de l’autre. Prenaient des tangentes de plus en plus différentes.
Un soir de lune au quartier ascendant, soir où la lumière astrale se fraye un chemin pour sortir de son côté obscur et offrir une forme lumineuse, ni trop ronde, ni trop carré. Soir où les courbes naissantes de l’astre vénéré laissent apparaître à côté d’elles une ombre aux formes non conformes. Soir où le cycle de la lune si énigmatique et effrayant au temps d’avant, a laissé place aujourd’hui à quelque chose de banal, voir de rassurant. Ce soir là donc, Madame et Monsieur eurent par surprise la même conjecture, et commencèrent à se rapprocher.
« Pour sortir de l’obscurité, il suffit d’accepter ce qui doit être, d’observer la curiosité, d’arrondir parfois ses angles et laisser ainsi passer la lumière ».
Ils décidèrent alors d’élargir ensemble leur vision du monde géométrique. De réduire leur fraction et d’accueillir sous toutes ses formes leur petit dénominateur commun, leur sacré numéro !!!
il manque un lampadaire à ton histoire !
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment…
le rejeton rêvé et désiré, il était fractal. Les questions commencèrent à se poser, doutes et suspicions s’insinuaient subrepticement. Qui s’était laissé manipuler ? À la fête de la Tangente, ils avaient fait des rencontres étonnantes loin des traditions euclidiennes. Avec les algorithmes ils avaient découvert un autre monde, autres dimensions, autres possibilités. C’était une ambiance mémorable, chacun de leur côté ils avaient testé de nouvelles fonctions, complètement grisant, planant. Et voilà le résultat … génial, finalement
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment joli, encore moins intelligent ni même grand seulement gros…
Un gros lard ! Vous savez de ceux qu’on rencontre parfois aux abords des « fast-food ». On aurait dit que son seul but fut d’avaler, d’engloutir, d’amasser en son centre des quantités pharaoniques d’aliments.
Même si la parenté se tenait dans un cadre respectable, normalisé, lui ne tenait dans aucune circonférence encore moins dans un carré. Médecins, psychologues, scientifiques, tous avaient tenté d’infléchir la courbe, d’arrondir les angles, de vouer la bête à se soumettre à de nouvelles formes.
Le moule social imposait d’être svelte et affiné, affuté comme une lame, tranchante et vive comme l’éclair, prêt à en découdre avec ses homologues. Darwin avait classé l’affaire, érigé les codes, établit la norme : s’adapter ou mourir…
Alors évidemment on ne pouvait ressembler à une boule de suif, de gras, et faire partie de l’élite.
Mais l’autre résistait, plus on l’ignorait, plus la bête engraissait.
Lorsqu’il s’affichait dans un restaurant, en quête d’un exutoire, d’un dialogue. Les mâchoires s’arrêtaient, les dents se verrouillaient, canines cadenassées, on se retenait de déglutir. On jetait derechef ces satanés plats de graisse, on s’enfuyait vomir dans un autre espace. Il nous fallait respirer de l’air, de l’eau, juste de l’eau sans aucune calorie. Il suffisait de présenter la carcasse du gros sur la foire public pour que le monde devienne Vegan.
Et pourtant la bête suçait, aspirait, mâchouillait, encore et toujours. Par pitié, il fallait crever cette baudruche, nom de dieu qu’elle explose, qu’on la noie, qu’on l’enterre… la mode fut aux lignes épurées, aux angles droits, aux parallélépipèdes, à la limite on tolérait les triangles pour peu qu’il inhibe leur base sous d’amples manteau noir mais on ne pouvait accepter les ronds, les cercles, ou les mauvaises courbures.
Et pourtant lorsque la bête ruminait dans son étable, il eut suffi de se pencher à son auge pour voir naitre un chant.
Mais personne ne s’attardait à sa table, on eut peur de la contagion, se pouvait-il que l’infamie soit contagieuse ? Alors les autres formes s’échappaient, courraient vers leur salut longiligne. Il fallait user de sa prestance, de son apparence. Peu importait l’éclat, l’intelligence ou la sensibilité de la bête on s’en tenait à l’aspect, aux formes sociales.
Alors n’y tenant plus, la bête asocial gonfla comme un astre et explosa en plein Paris. Certains songèrent à l’expression d’un attentat terroriste. Aux funérailles de la bête, il fallut éviter les taches de graisse qui pouvait encore s’échapper du cercueil, le gras n’avait point de répit il vous pourchassait même après la mort. Sans aucun doute la crémation se ferait rapidement.
Malgré les quelques larmes fantasques, chacun s’accorda pour affirmer que la circonférence et le carré avaient retrouvé le sourire.
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment…
…seul. Trois autres enfants naquirent à la suite. Maman carré donna vie à quatre magnifiques triangles. Les jumeaux étaient à la fois rectangles et isocèles. Impossible de les distinguer les uns des autres. Lorsqu’ils se couchaient sur maman ils se collaient les uns aux autres par leur angle droit pour embrasser la forme de leur mère. C’était carré, pas la moindre surface qui dépassait. Papa se sentait comme le roi des poires, un vrai sir conférence. Il n’y avait plus de place pour lui. Il ne pouvait plus entrer dans ce carré très fermé. Il restait frustré. La famille géométrie faisait cercle autour d’eux, intrigués par cette complémentarité. Losange était aux anges, il n’avait jamais vu tant de symbiose entre des enfants et leur mère. Sphère, qui en connaissait un rayon, examina diagonales et symétries. Tout était parfait. Eloigné de la couche, monsieur circonférence se réfugia dans son travail. Il était maître de conférences. Il se fit une raison. Il eut toutefois une aventure avec une élève rectangle. Ses côtés n’étaient pas aussi égaux que ceux de sa femme mais il s’en contentait.
Les années passèrent. Dans sa bonne ville de Lyon, on complimentait souvent la bonne éducation de ses enfants. « Ce sont de très serviables et polis gones », lui disait-on. Circonférence en était fier bien qu’il jalousait toujours la fusionnalité de ses enfants avec leur mère. A cause d’eux il n’avait jamais retrouvé la quadrature du cercle
NONO a vingt ans et la tête au carré. Ce ne sont pas ses copains d’école qui la lui ont mise comme ça (ni les cours de maths, il était nul en géométrie.) C’est de naissance, héréditaire, ils ont tous la même dans sa famille venue d’Irlande, les O’Carré.
Nono pense que le temps est venu pour lui de se marier. Je ne pas peux croire que ma destinée soit de rester vieux garçon se dit-il : « Je veux une belle épouse et avoir avec elle plusieurs jolis petits panneaux. »
Des panneaux …. ? Ah oui, Nono est un panneau routier. Il pense que ce n’est pas en restant planté là où on l’a mis qu’il fera la bonne rencontre. A moins que …
A moins que la DDE, sa patronne, avec laquelle il a d’excellentes relations et où il est bien noté soit compréhensive, et y mette un peu du sien. Après tout, il est beau Nono, sa plaque flambant neuve émaillée d’un reluisant bleu Roy attire les regards, justement parce que dessus il est marqué « Impasse ». Un gage de caractère calme et pacifique, un atout de plus en sa faveur.
Et voilà que ce mardi la camionnette de la DDE est venue. Elle a extrait du fourgon un panneau tout neuf, encore emballé. Nono a un peu tremblé, craignant qu’on ait finalement ouvert sa rue et que, devenu inapproprié, on vienne le remplacer par un « sens unique ».
Mais non, un trou fut creusé juste à son côté. Il ne fut rasséréné que lorsque le panneau planté et cimenté, on ôta enfin sa gangue de bulles.
Si seulement il n’avait pas eu le pied pris dans le béton, il aurait sauté de joie ! Une vraie beauté ce panneau. Ouh là … Quelle belle NANA se dit NONO ! Elle avait le visage parfaitement rond, plein de santé, rouge vif, avec un blanc et large sourire en son milieu.
Ce « sens interdit » avait été ajouté là pour protéger encore davantage l’impasse envahie par de plus en plus de voitures au mépris de son propre affichage sans issue.
Avec une pareille interdiction, ça risque de ne pas être facile se dit Nono. Pour l’instant, la Nana, elle est raide comme un piquet. Bof, elle va vite s’habituer, elle finira par s’y faire. Il ne croyait pas si bien dire, dès le deuxième jour elle lia connaissance, lui dit qu’ils avaient de la chance d’avoir été tous les deux mutés dans un coin si tranquille qui leur permettrait, etc … etc …
Leur signalisation ne changeant jamais, ils vécurent heureux et eurent plusieurs petits panneaux, d’accord, un peu étranges avec leurs têtes triangulaires, n’empêche que leur trouvant foule d’utilité, la DDE eu tôt fait de les embaucher.
F-L
Un cercle et un carré entichés l’un de l’autre – comme une greffe
Souhaitaient pour fêter leur amour – exceptionnel
qu’un monument soit élevé – derechef
– très haut – jusqu’au ciel
Ils voulaient une tour – comme une nef
surmontée d’une ronde- nacelle
Des pieds carrés -plantés au fief
d’une exposition -universelle
Vue du sol ou – d’aéronef
même si son angle est -informel
ils n’évitèrent pas – le grief
du snobinard-rationnel
En mettant en- relief
ce qui n’est pas-habituel
L’enfant né d’un Cercle et d’un Carré-devint un chef
Et s’appela -Gustave Eiffel
Lire: « ils voulaient »
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment heureux d’être gênés aux entournures par cet humain qui avait investi leur domicile.
Le carré en avait assez de cette tête qui le chatouillait et de ces quatre bras qui le tâtaient. Le cercle, quant à lui, craignait de perdre sa forme si parfaite et d’être transformé en un ballon ovale par les quatre jambes du gamin qui sautait à longueur de journée.
– On était bien nous deux avant, disait le carré. Nous étions convenus de ne pas se marier et de garder notre liberté. Déjà que ce n’est pas une sinécure de supporter ton poids à longueur de journée.
– Mon poids ! Qu’est-ce qu’il a mon poids ? Que veux-tu, je ne peux résister à tes bons petits plats, s’exclama le cercle un tantinet taquin. Et je vois bien que tu y tiens à ta chère liberté. J’ai bien remarqué tes petites escapades à 10 heures le lundi et 14 heures le vendredi. Je n’ai jamais rien dit, mais…
– Serais-tu jaloux, par hasard ? s’étonna le carré. Tu sais bien que je tiens à ma ligne. Si je vais à la salle de gym c’est justement pour ne pas devenir aussi rond que toi, j’aurais l’air de quoi. Et tu ne m’aimeras plus. Et, si cet enfant continue de pousser de la sorte sur mon périmètre j’aurais bien du mal à garde ma ligne parfaite. Je n’ai pas du tout, mais alors pas du tout envie de me transformer en trapèze, un hexagone ou un polygone, comme notre voisine de palier. Je ne sais pas comment elle fait pour supporter tous ses gosses.
– Un seul me suffit amplement, admit le cercle. D’autant plus qu’il commence vraiment à m’agacer depuis qu’il sait parler. Quel bavard ! Nous étions si tranquilles avant. On va prendre un rendez-vous chez le docteur Léonard.
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment…
comme ils l’avaient imaginé…Le pauvre…Il était tout biscornu, des joues très rebondies et un front carré qui lui donnait un air sévère, avec ce qui semblait être des cornes saillantes en embuscade sous la peau qui ne demandaient qu’à percer et quand cela arriverait, il ressemblerait en tout point à un sacré petit diable !
Sa mère lui confectiona donc un drôle de bonnet rouge qui lui allait à ravir. Il masquait un peu le haut de son visage et mettait ainsi en valeur le reste de sa petite bouille qui paraissait plus poupin.
Lorsqu’il grandit, il ne perdit pas son petit ventre bien rond et il fallut bien l’admettre, il avait des pieds carrés qui furent bien difficiles à chausser ! Seule une paire de bottes noires lui allaient. Ils les portaient tout le temps et le cordonnier qu’ils eurent bien du mal à trouver pour fabriquer ses chaussures inédites refit une paire tous les ans à ce fameux petit garçon très souriant en dépit du sort qu’il l’avait frappé.
Mais le quotidien fut rude. Surtout l’adolescence. Pas facile d’encaisser les remarques désobligeantes, blessantes et permanentes. Il prit donc une grande décision un soir de décembre. Il partit vers une contrée lointaine. Ses parents, écrasés par le chagrin ne purent se résoudre à le voir partir et l’accompagnèrent dans son périple. Ils s’installèrent dans une région lointaine du nord dans un village de charmantes petites maisons en bois. Ses parents s’habituèrent très vite à cette nouvelle vie, c’était inespéré. Sa mère fabriquait de magnifiques boules de Noël à son image et son père était intraitable sur le design des paquets cadeaux qui étaient tous carrés bien sûr, bien plus faciles à stocker sur les étagères et à ranger dans le traineau !
Ils avaient ensemble trouvé un sens à leur vie, faire le bonheur autour d’eux avec toujours une attention particulière envers les enfants « différents ».
Et un espoir sans forme, qui ne rentre dans aucun paquet cadeau, fut il rond ou carré, celui d’accepter les différences, transmettre des valeurs de tolérance et de bienveillance.
Une circonférence et un carré s’étaient entichés l’un de l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment d’équerre, trop rond avec une face anguleuse. Le père carré resta circonspect. Sa mère carrément con le trouva suspect. Ils l’appelèrent quadrature et lui firent une vie impossible.
Tant pi.
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment comme eux, tellement plus différent !
Le Carré devint suspicieux envers son aimée et petit à petit une jalousie lui fit avoir des comportements étranges.
La circonférence ou plutôt le Cercle comme elle aimait se faire appeler, avait beau lui jurer, à ce compagnon jaloux, que jamais, ô jamais elle lui fut infidèle il n’y avait rien à faire, le Carré devint irascible.
L’enfant, lui, était serein, toujours souriant et ne pleurait jamais.
Il était si beau et si équilibré que lorsque toute la famille des polyèdres vinrent voir ce nouveau né ils en restèrent sous le charme et tout émus.
La tension devint telle que le Carré et le Cercle décidèrent d’aller voir un conseiller conjugal.
Des semaines passèrent mais le Dodécaèdre conjugal ne résolut pas leur malaise.
Vint ensuite la visite chez un psychologue Icosaèdre très réputé mais ce fut le même échec.
Ce couple pourtant était fait l’un pour l’autre mais la jalousie rongeait le Carré à l’en rendre fou et une amie leur conseilla de partir en vacances afin de prendre du recul et regarder leur problème différemment.
Les grands parents de l’enfant s’occuperaient de lui pendant l’absence des parents.
l’Egypte fut leur choix de vacances.
Lors de la visite de la grande pyramide des sensations étranges dans leurs corps se firent ressentir
Sentiment de déjà connus, sentiment de complétude et un rapprochement instinctif entre le Carré et le Cercle devint de plus en plus fort tout au long de leurs visites touristiques des lieux.
Ils prirent un guide pour faire une petite exploration du désert Blanc d’Egypte et se fut en ce lieu que la vie du couple se transformât !
Un soir, assis auprès d’un feu de camp un bédouin Octaèdre vint s’asseoir près d’eux.
Au fil des discussions le Cercle et le Carré finirent par lui exposer leur désarroi de couple.
L’Octaèdre leur racontât alors une histoire.
L’histoire d’un Carré et d’un Cercle s’aimant d’un amour si fort que lorsque leurs corps s’unirent, leur amour fit germer la petite graine du Nombre d’Or.
Le Cercle qui incarne l’Esprit, le Cosmos, le Tout et le Carré, le Cube, qui incarne la Matière, la Terre, la Stabilité créèrent avec l’aide du Nombre d’Or lors de leur union sacré un enfant Triangle nommé Tétraèdre enfant Feu.
La quadrature du cercle fut une rencontre harmonieuse et équilibrée entre l’Esprit et la Matière qui créa un trésor.
la quadrature du cercle donna par la suite également naissance à d’autres enfants Trésors tels que Hexaèdre enfant Terre, Octaèdre enfant Air, Dodécaèdre enfant Ether et Icosaèdre enfant Eau.
La ressemblance de ces enfants d’avec leurs parents étant si subtils et mystérieux que parfois il arrive que même les parents ne peuvent plus se reconnaitre en leur progéniture.
Le bédouin racontât ensuite au couple qu’il tenait cette histoire d’un autre bédouin que le tenait aussi d’autres bédouins dont un il y a bien longtemps aurait rencontré un vieille homme du nom de Platon qui transmit cette histoire à ses frères bédouins.
Le Carré sentit une immense joie l’envahir et serra sa compagne dans ses bras, toute jalousie s’étant évaporée.
Avant de quitter l’Egypte les amoureux retournèrent voir la grande pyramide et ils vibrèrent à l’unisson devant ce majestueux bâtiment qui parlait à leur cœur et le Carré se sentit enfin en union avec son petit Trésor l’enfant Triangle, l’enfant Pyramide qui attendait leur retour à la maison.
Le Carré en était maintenant bien certain, il allait revoir son fils.
🐀 UNE LIGNE MALINE
Elle s’était défilée, la ligne, arrondie pour mieux échapper à la rectitude de son milieu régit par la seule devise: le moyen le plus court d’un point à un autre est LE trait bien droit
Et il n’y avait pas à sortir de là!
La gamine, qui avait besoin d’air, alla voir ailleurs et s’insinua en diamètre dans un cercle.
Le cercle qui dormait paisiblement enroulé sur lui-même se demanda ce qui lui arrivait. Il faut dire qu’il avait toujours eu des penchants » bi-sexe-trices » et que, s’il aimait les ronds il allait aussi de temps en temps chatouiller de son rayon le carré d’à côté.
Un jour, le père Carré qui voyait ça d’un mauvais œil le happa et tout bonnement l’enferma.
Voilà notre cercle circonscrit !
Mais pour sortir il poussa… poussa tant et si bien qu’en élargissant sa circonférence il épousa le carré. Dans le petit coin tout en bas l’angle droit céda, le diamètre s’échappa et le carré donna naissance à une drôle de forme. À la fois carrée et rectangle, ses côtés moins longs que d’autres pas de ronds dans ce bébé en 3D. les parents étaient bien embarrassés. Tout chez lui était para-… Les enfants suivants présentèrent les mêmes caractéristiques. Des longs des courts jamais des ronds. Les petits restèrent entre eux et se nommèrent: Parallélépipèdes.
Le père Cercle, désabusé abandonna son carré par l’intermédiaire de médiatrices. Cela ne se fit pas sans segments ni pics d’angles mais les deux parties restèrent dans la famille de la géométrie.
Le diamètre s’extirpa de cet imbroglio, considérant qu’il avait fait assez de dégâts, pour rejoindre sa famille, celle des traits droits.
🐀 Souris-Verte
Mmmmh, la proposition que je préfère 🙂
Une conférence et un carré s’étaient entichés l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, puis l’apothéose. Leur premier enfant vint au monde. Les choses se gâtèrent. Serait-ce bientôt l’apocalypse ?
Le nouveau venu n’était pas…parfait !
C’était un triangle, emboîté dans l’espace vital d’un carré, lui-même, imbriqué dans l’univers cosmique du cercle.
Ils le trouvaient moche et quelconque ! Scalène fut son prénom.
Les parents ne ménagèrent pas leurs efforts pour qu’il s’améliore physiquement et intellectuellement.
Pour qu’il soit un peu plus droit, un peu moins bancal.
Un peu plus harmonieux, un peu moins aigu.
Moins ordinaire. Plus remarquable.
Mais le cercle se prenait pour le Centre du monde. Il obligea Scalène à apprendre ce nombre fascinant qui faisait sa force, sa fierté, sa perfection.
– Scalène, je t’écoute.
– 3,141592653589793…
– Ensuite ?
– Euh… et … des poussières !
Catastrophe !
Même le carré essaya d’arrondir ses angles pour aider Scalène. Trop tard !
Le cercle explosa. Ce fut le temps de la colère, du mépris et de l’humiliation. Il chassa Scalène. Répudia ce carré qu’il croyait parfait et magique.
A ce jour, le cercle fait des conférences dans l’univers entier. Parfaitement !
Tandis que le carré et Scalène, solidaires, cherchent encore à résoudre la quadrature du cercle.
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un de l’autre.Au début ce fut l’osmose,mais quand leur premier enfant vint au monde,les choses se gâtèrent.
Il n’était pas vraiment conforme à l’image que s’en était faite son père.La forme,le poids,la couleur,rien à dire. Mais il y avait cette petite marque au centre de la circonférence enchâssée dans le carré parfait qu’était leur rejeton.Et ça le chiffonnait.
La mère,elle,était en extase devant un petit être aussi réussi.Elle le berçait et gazouillait dans une félicité post natale sans nuage.
Le père se pencha au dessus du nouveau né,examinant de près ce qui le chagrinait,et là,horreur!la petite tache au centre,hé bien c’était…
Il s’étranglait de colère,se sentait devenir tout losange de chagrin.
C’était…
Il se penchât un peu plus,sentant la rage l’envahir plus encore.
C’était..un chiffre!!!,un tout petit mais bien reconnaissable,une preuve algébrique indiscutable de la félonie de sa circonférence.
Elle l’avait trompé,sa douce,sa ronde si parfaite.Avec un chiffre qui plus est,dont la preuve ADN ne pouvait être contestée.
Il se releva péniblement,regarda la jeune maman avec une telle douleur en montrant le centre de leur enfant qu’elle comprit aussitôt qu’elle était démasquée.
» Ne dis rien,rugit le carré bafoué,comment as tu pu faire ça?Trahir notre amour!Je te renies mère indigne,compagne impie,tu ne me reverras jamais.Disparaît de ma vue avec ton bâtard numéroté.Puisse tu en fabriquer toute une série, gourgandine. »
Se drapant dans une douloureuse dignité,le carré s’en alla chercher un endroit perdu où il ne risquerait plus de tomber amoureux,laissant derrière lui une jeune mère frivole mais aimante et un enfant qu’une tache honteuse désignerait à tout jamais à la vindicte algébro-géométricale.
oups désolé Pascal
j’ai oublié un r…
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre. au début, ce fut l’osmose,mais quand leur premier enfant vint au monde, les choses se gâtèrent. il n’était pas vraiment au point.
Leurs amis ne comprenaient pas, d’ou venait donc le problème? L’équation du départ bien dérangeante était du domaine du possible alors…
Les parents désabusés rond comme une queue de pelle n’avaient pas vraiment l’envie de comprendre si c’était de la faute au cosinus du carré ou à l’absence dérisoire certes d’une circonférence plutôt rance!
Leur couple battit de l’aile…aucun ami ne sut les consolés.Le pot au rose fut enfin mis sur le tapis…
La lune avait mis son grain de sel lors de leur fusion…
L’enfant asymptote, segmenté en losange isomorphe, contrefait, rhomboïde ne valait rien dans leur équation primale.
Il fallait tout recommencé…tâche partiellement ingrate car si l’enfant à naître était cette fois un triangle…ou un rectangle quel polygone!
( petit texte, pas à l’aise avec la géométrie. sur une idée de P. Perat.
y-l.)
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment à l’aise dans ses langes. Son nom déjà ! Quadrature… Maman cercle était ravie d’avoir circonscrit son mari. Mais avec un prénom pareil ! Et pour l’habiller dès qu’on serrait un peu une fermeture les angles pointaient … quant au caractère un être paradoxal qui hésitait entre la rigidité mathématique de son père et la flexibilité des courbes maternelles. Les tiraillements étaient constants et invivables … il décida de s’éloigner. En Europe il ne trouva nulle part où aller, en Amérique pas plus … il arriva en Australie chez les aborigènes. Il resta discret, observa leurs coutumes et quand un sorcier le prit en amitié il fut accepté.
On jugea ses formes trop grandes mais son rêve d’unité entre ronds et pointes rencontra l’approbation. Un érudit passé par une université allemande rappela la pièce de Brecht „têtes rondes et têtes pointues“ que personne n’avait jamais vue. Quand il fonda une famille, certains tracés connurent une évolution : les points ronds alternèrent avec les carrés. La tribu eut les honneurs d’une galerie et … ainsi quadrature connut ce grand bonheur de voir la petite communauté sortir de la pauvreté.
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment comme on l’attendait.
Ils ont eu beaucoup de mal à l’avoir.
Au début, c’est le carré qui a essayé de rouler sur le cercle, mais c’était difficile. Quiconque a essayé de rouler dans une voiture à roues carrées sait que c’est pénible.
Lassé des secousses, le cercle a décidé de rouler sur le carré, mais ça patinait. De plus le passage du côté horizontal à une descente verticale vertigineuse faisait très peur au cercle qui craignait de tomber, et au carré qui voulait éviter que le cercle en profite pour prendre la tangente.
– Tu es plus petit que moi, fait le carré. Alors, je t’invite. Tu n’as qu’à rentrer.
– Facile à dire, tu n’as pas de porte !
– Alors, tu me prends sur le côté et tu glisses sur moi.
– J’ai peur de basculer à l’intérieur !
– T’inquiète. Il n’y a pas de filet, mais tu seras retenu par la feuille de papier sur laquelle je suis dessiné. Tu seras bien au chaud entre mes quatre murs.
Au moment où le cercle était en équilibre sur le côté du carré, tous les deux ont senti qu’il se passait quelque chose de bizarre.
Sécante ça arrive qu’on se rend compte qu’il est trop tard :
Ils avaient fusionné ensemble et créé une œuvre d’art moderne.
Le dessinateur, trouvant que c’était un peu léger, a décidé de colorer en rouge la surface commune aux deux figures.
Il a trouvé un titre : « intersection dangereuse ».
Et il est impatient de préparer l’accrochage de son œuvre à l’exposition des peintres du dimanche.
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre.
Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent.
Il n’était pas vraiment…
comment dire… dans les normes !
– Mais il est bien bizarre cet enfant ? s’exclame le père fort inquiet en se penchant sur le berceau,
– Bizarre toi-même !, répond la mère épuisée
– ?
– Son côté droit…à angle droit ne passait pas… et j’ai souffert le martyre
– ?
– Oui…le martyre ! et de qui tu crois qu’il la tient cette partie anguleuse hein ? De qui tu crois qu’il la tient ce pauvre enfant ?
Pauvre de lui!….Pauvre de lui…..
Si au moins il avait été tout arrondi, comme moi !
Mais non….. il a fallu que tu t’en mêles et tu le vois le résultat hein ? Tu le vois ? : moitié rond, moitié carré….
Ho Misère… j’ai accouché d’un monstre !
Papa carré, sortant de son ahurissement, réagit enfin :
– HOLA ! Circonférence … tu vas te calmer un peu ?
Ce petit, il est comme il est : moitié rond moitié anguleux !
Y a qu’a arrondir les angles, et nous ferons avec !
Une circonférence et un carré s’étaient entiché l’un pour l’autre. Au début ce fut l’osmose, mais quand leur premier enfant vint au monde les choses se gâtèrent. Il n’était pas vraiment la synthèse espérée, un mélange équilibré de rondeurs et d’angles droits.
Ca avait la forme d’un machin avec plein de queues et plusieurs têtes. Vu de l’est, la chose faisait octogone mâtiné d’ellipses bizarres avec des angles opposés. Observé de l’ouest, le bidule tirait vers le parallélépipède croisé avec un cylindre aux rayons divergents. Examiné du nord, le truc penchait vers l’obtusangle entrelacé d’un pentagone aux bissectrices aléatoires. Etudié du sud, le bidule pouvait faire songer à un dodécaèdre dont la moitié des faces, soit six, se serait développé en pyramides rectangulaires, ce qui, vous en conviendrez est impossible.
La surprise fut telle que le couple évita de se poser certaines questions gênantes…le carré , par exemple, à savoir si sa « moitié » n’avait pas fait le cirque avec clowns et ménagerie lors d’une conférence au sommet de son bas ??
Heureusement, parents et beaux parents présents à la clinique, pour la forme (ils n’étaient pas chauds pour cette alliance) arrondirent les angles.
« Ne vous inquiétez pas mes chéris, c’est normal, un premier enfant, on ne sait jamais par quel bout le prendre! »