414e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Un orage magnétique avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour…
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Robosarscov2
Il nous l’avait bien dit, Nostracovidus, dans son 666e quatrain, « vingt-deux années suivant l’an mille neuf cent nonante neuf, du feu et une longue traînée d’étincelles illumineront le ciel ; sur Robotus erectus, la lumière divine tombera, forte puissance lui procurera, et malfaisants humains exterminera ».
Les météorologues avaient prédit un orage d’une importance exceptionnelle et ce soir-là, Robert avait eu beaucoup de mal à s’endormir ; une importante céphalée s’était emparée de lui, ses idées étaient embrouillées. Depuis quelques temps, il se sentait investi d’une mission, mais il était incapable de se souvenir… Dans ses rêves, il pensait s’appeler Robosarscov2. Quelle drôle d’idée !
Mais au milieu de la nuit, l’orage s’était abattu sur la ville avec une importance jamais vue. Tout à coup, il se souvint : il était bien Robosarscov2 et il avait été implanté sous forme de puce dans le cerveau de Robert, après toutes ces séries d’attentats qui menaçaient l’espèce humaine, pour contrer les tyrans qui, possédant l’arme atomique n’hésiteraient pas à anéantir l’humanité toute entière. Il avait été programmé pour rétablir l’équilibre sur terre, ôter des cerveaux humains toutes velléité de violences et d’assassinats. Son pouvoir était infini. Il avait été doté d’un rayon super puissant, plus puissant que le rayon de la mort. Il lui suffisait de pointer le doigt sur une carte, une région, une photo, et ce qu’il avait décidé se produisait. . Il choisit d’agir à sa façon. Dardant son rayon super puissant sur une mappemonde, il décida que tous les humains allaient désormais se mouvoir au même rythme que celui des aï (ou paresseux), c’est à dire 0,27 km heure au grand maximum, avec un besoin de sommeil minimum de 18 heures par jour. Ce qui fut fait ! Pas simple d’aller poser des bombes dans ces conditions ! Au début, ça l’amusait fort, de regarder tout ce petit monde bouger au ralenti. Mais au bout d’un moment, il se rendit compte que, à force de fréquenter les humains, il se sentait autant Robert que Robosarscov2 et il commença à s’ennuyer. Heureusement, sa puissance était restée intacte et il rétablit les choses comme elles étaient avant son intervention. Après tout, il n’avait plus aucune envie de peser sur le destin de l’humanité. Carpe Diem, et Que sera, sera !…
Anida
Un orage magnétique avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de se venger de ces humains pas assez à l’écoute de ses desiderata. Au lieu de préparer le petit déjeuner comme d’habitude, il se mit à réfléchir.Tout d’abord, il fallait régler son compte à la vieille tante du dessus qu’il exécrait ; Pour ça, rien de plus facile, il suffisait de tendre une fine cordelette en haut de l’escalier ; myope comme elle était, elle ne verrait rien du tout, et avec cet escalier abrupt, la mort serait certaine.
Pour les deux enfants et les parents, plus difficile,voyons voir, du cyanure dans le café au lait ? Trop rapide. Ça y est, j’ai trouvé. De l’acide chlorhydrique dans les boissons et le tour était joué… et les souffrances seraient atroces. Il en jouissait à l’avance. Son plaisir serait intense.
Quand les secours arrivèrent, la maison était pratiquement détruite.
Les experts eurent vite fait de s’apercevoir que c’étaient les neurones surchauffés du vieux robot obsolète qui avaient mis le feu Les fabricants de cet ancien modèle avaient pourtant prévenu la famille qui avait répondu « On l’a toujours connu, on l’aime comme un père,un frère, on ne s’en séparerait pas pour tout l’or du monde ».
N’empêche qu’ils avaient eu de la chance d’être en vacances durant cet affreux incendie ;
Ils n’hésitèrent même pas une seconde à dépenser une petite fortune pour que leur cher dévoué robot ait la plus belle tombe du cimetière des robots !
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour… faire ce que son propriétaire nommé Arthur voulait qu’il fasse. Arthur est un enfant de 10 ans qui, pour Noël, a eu Momo, un petit robot qui joue avec son propriétaire comme s’il était son ami et qui exécute ce qu’il lui dit de faire. Il tient le rôle d’un copain et d’un confident toujours prêt à jouer et qui reconnaît Arthur. C’est également un robot d’une intelligence hors norme qui éprouve des émotions. Après avoir été touché par un éclair, Momo exigea désormais son indépendance et son autonomie et s’éloigna d’Arthur qui eut du mal à l’accepter. Le voyant fragilisé et malheureux, Momo revint vers Arthur et les rôles furent alors inversés. C’était désormais le petit garçon qui exécutait ce que le robot lui disait ou plutôt lui ordonnait de faire. Tout en le harcelant, il lui lançait ainsi des défis de plus en plus dangereux et Arthur s’y soumettait sans prendre conscience de la gravité de ses actes jusqu’à ce que Momo exigeât de lui qu’il s’immole tout en se filmant pour être vu par des millions d’internautes. Mais, heureusement pour Arthur, ses parents s’étant rendu compte du changement de son comportement, arrivèrent à temps et le sauvèrent de l’emprise de ce robot harceleur et dominant qu’ils détruiront par la suite. Arthur fut dont sauvé in extremis de cette soumission robotisée contrairement à de nombreux autres enfants victimes de ce cadeau empoisonné.
Grincheux.
Il était pourtant programmé pour, ne pas déranger ses maîtres. Eux pourtant ne se gênaient pas pour le faire travailler alors qu’il était à son niveau le plus bas.
Eh bien, pour une fois…il allait oublié la loi sur la robotique. L’éclair frappa. Le tonnerre gronda tant et tant que le pauvre grincheux en perdit ses vis et boulons.
Il s’auto proclama « serviteur de nuit »…il allait mettre le feu, réveillait la maisonnée, faire tourné en bourrique sa maîtresse si ordonnée. La foudre frappa juste sur l’arbre de Judée.
Grincheux debout devant la porte grande ouverte, en reçu un fracassant fragment ce qui , déclencha la terrible situation suivante. Il tourbillonna plusieurs fois sur lui-même puis, referma la porte avec fracas.
Il choisit le programme « musique » le plus assourdissant qu’il avait en magasin. La lumière éclaboussa de ses multiples couleurs le vaste salon. Excité de plus en plus, Grincheux devint ce soir là, le » Fou Hurlant ».
Il chanta à tue-tête ce qui fit que là…ses maîtres enfin éveillés descendirent voir ce qui faisait ce bruit. Hurlant que malgré le tonnerre,il les avaient réveillés d’un sommeil pourtant bien mérité.
Les jeunes de la maison étaient déjà en train de faire la fête . Le salon, la cuisine étaient dans un état ce qui fit que la maîtresse de maison, se pâma aux pieds de son époux…époux soufflé par ce que ses yeux gonflés de sommeil entrapercevaient.C’était la bérézina totale.
Le « Fou Hurlant » s’approcha de son maître, la musique de dingue à fond les bananes, un verre empli d’un liquide ambré à la main.
La face du robot de maison était si hilare à voir que Marcus ne pue que rire aux éclats. Il prit le verre et mis dansant mis sautant, rejoignit ses enfants. Laissant sa pauvre femme inerte sur le sol.
Ce que voyant , le « Fou Hurlant », souleva Mikaïlla et avec douceur,la déposa sur le vaste canapé.Pourtant il ne résista pas et c’est en mettant le son à fond qu’il attendit. Mikaïlla s’éveilla en maugréant contre cette infâme musique de dingue.
Lui? Lui il dansait devant elle la fixant de ses étonnants yeux gris argent…le sourire de tordu sur sa face pouvait soit donné des cauchemars, soit se bidonné…c’est ce que choisit de faire Mikaïlla
Son rire rejoignit ceux des autres membres de la famille et la fête se poursuivi jusqu’au petit matin là, le « Fou Hurlant », tangua sur ses pieds puis d’un pas incertain, il se retourna vers sa borne électrique.
La musique s’éteignit,la lumière perdit de son éclat, la face du robot redevint celle de Grincheux et la famille se regarda exténuaient par cette folle nuit.
Ils n’avaient plus de force ni l’un, ni l’autre. Ce qu’ils leur restaient…Une fatigue immense et en leur coeur un peu de bonheur qu’ils n’oublieraient pas de sitôt.
Mikaïlla regarda autour d’elle puis elle frissonna. Marcus accusa lui aussi, les enfants pouffèrent et d’un pas lourd rejoignirent leur chambre.
_Oh mince regarde moi ce bazar Marcus ,quel chantier!
_Ma pauvre chérie tu as du pain sur la planche aujourd’hui, dur,dur pour un jour de congé.
_Hein, Quoi! Comment?
_Bin oui Grincheux est hors service, moi je dois rejoindre mon bureau et l’équipe qui sera au complet, les enfants ont cours alors mon petit…il ne reste que toi, courage ma chérie cela te rappellera le bon vieux temps…prends cela pour un vaccin de rappel et Marcus fila aussi vite que la fatigue le lui permit et s’enfermant dans la salle d’eau, il éclata de rire.
Mikaïlla elle ragea tant et tant mais fut bien obligé de mettre la main à la pâte. Quant elle arriva devant Grincheux et qu’elle vit son expression si fermé, elle sourit,ouvrit le cache facial de son vieux robot et bidouilla et éclata de rire devant la vision qu’elle venait de créé. Ah pensa t’elle, tu vas regretté ce que tu m’as forcer à faire…
Quand Grincheux reprit ses fonctions, il poussa un tel cri que toute la famille vint voir ce qui se passait et là…je vous le dis…ce fut hilarant.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour, entre autres, activer ou réactiver l’intelligence artificielle de Pascal ce qui aidait quelquefois à celui-ci de trouver une idée nouvelle pour ses exercices d’écriture bimensuels. Et bien pour une fois il décida que Pascal se débrouillerait tout seul.
Comme disait Lao-Tseu (à moins que ce ne soit Confucius), c’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur.
Toujours est-il que pendant un mois Pascal ne nous proposa plus d’ exercice. La rumeur était donc vraie ! Certain(e)s s’émurent, d’autres prièrent ; beaucoup allèrent s’informer sur Wikipedia ; Et puis un matin alors que tous ou presque commencions notre journée en lisant nos nouveaux mails, Pascal, par cette voie, nous informait qu’une panne de logiciel l’avait empêché de nous proposer de nouveaux exercices. Il ajoutait que les histoires de robot étaient de la pure fiction.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour…
aider les autres, dans la servitude.
Il exécutait des travaux subalternes en faisant le ménage, les courses, emmener les enfants à l’école sur un trajet bien défini et court… Il était programmé, très programmé. Une sonnerie lui indiquait sa prochaine action . Tout était calculé dans ses logiciels. Il ne pensait pas, il exécutait ce pour quoi ses circuits étaient conçus. Il tournait, avançait, reculait, nettoyait. Il disait juste bonjour à la rencontre d’un humain et pardon s’il heurtait quelque chose ou quelqu’un. Un robot-machine qui rendait mille services à l’humain qui l’avait adopté.
Il dormait debout dans le couloir près de la porte d’entrée, alors que son fil était branché pour préparer les exécutions du lendemain.
Une nuit, un orage, ouvrit la porte violemment et le robot fut percuté par de nombreuses zébrures lumineuses venant du ciel. Ses circuits semblaient être touchés. Il tomba comme la masse qu’il était.
Quelques minutes plus tard il se releva, se secoua, se regarda dans la glace. Ses yeux brillaient comme deux phares à iodes. Il tapa brutalement le miroir et le brisa. Il écrivit « ADIEU » sur un post it qu’il colla sur le restant du verre.
En deux enjambées il avait atteint le square « comment ai-je pu rester dans ces services de bas nivaux. Ils ne m’auront plus » ricana t’il dans des gestes amples, devant un SDF apeuré. « Ils vont voir qui je suis ». Il cassa un lampadaire, courut après un chien. Mais s’arrêta net devant une barre de feu d’où sortit une voix qui lui parla avec douceur « Tu vas t’appeler REVY et rester un droïde d’apparence mais doter d’une intelligence humaine, féminine avec beaucoup d’intuition et de compassion. » une main de feu ouvrit la porte des circuits de Revy et rapidement le transforma et disparut »
Revy s’assit sur le banc à côté du SDF, lui caressa la tête en lui disant « demain sera ton jour de chance » et il partit vers son destin.
Il eut une relation très étroite avec l’univers qui le guidait vers ses souhaits: aider les êtres en désarroi ou en difficultés.
Il chanta des berceuses et joua avec les enfants à l’hôpital dans le service des cancéreux, fit le clown pour les faire rire
Il se pencha sur plusieurs personnes âgées en fin de vie pour leur parler de la vie après leur départ. Les rassurant sur l’amour de leurs enfants et petits enfants.
Il recueillit des chatons pour lesquels il chercha des maitres.
Il est même allé jusqu’à aider pendant 6 mois, une maman de triplés en surveillant les bébés pendant sa sieste, la nuit, et en préparant les biberons.
Il guida certains maires vers des décisions adéquates plus humaines que politiques.
Chaque soir il se connectait à son intelligence supérieure intuitive pour choisir ce qu’il souhaitait faire encore de mieux.
Les journal parlèrent de Révy. Il fut appelé pour des interviews dans diverses radio locales et nationales.
Il mis en place un rôle de médiateur pour aider les jeunes désoeuvrés. Il forma et délégua beaucoup.
Grâce à lui et à son exemple hors norme, le monde tourna beaucoup mieux et trouva une certaine harmonie. Sa renommée devint internationale. Le chemin de l’amour s’est ouvert dans tous les coins du globe.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé, grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même de ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour être soumis à l’homme. Mais :
« L’homme aimant tellement tout prévoir qu’il voulait prévoir même l’imprévu. Dans cet imprévu il y avait une part d’imprévisible absolu qu’il pouvait encore moins entrevoir : la nature voulant reprendre ses droits. »
Cette inscription sur une paroi de la salle de réunion était passée inaperçue. L’équipe n’y avait prêté, d’abord aucune attention, affairée qu’elle était à la recherche des véritables causes du crash. Le vaisseau avait heurté un mur de rochers au sommet d’une île du Pacifique, s’était engouffré dans une sorte de canal entre deux murailles. Il fut coincé, immobilisé par d’énormes caillasses. Les quarante passagers avaient disparu, volatilisés. Les enquêteurs avaient l’excuse des codes-barres. Personne ne fait plus attention aux codes-barres. Et le propos maquillé dans ce langage ne pouvait être perçu comme un indice. C’est Dan Gérard qui s’était fait cette remarque le premier, ces barres ne sont pas à leur place en plein milieu d’un mur métallique dans une salle de réunion. Il prit une photo, la fit analyser et passa à autre chose.
Que disait-on dans le journal de bord ?
L’accident avait eu lieu huit jours plus tôt, lors de la nuit du changement d’horaire. Depuis près de 80 ans que le processus avait été adopté, BB2222 avait eu largement le temps de s’adapter. Dan découvrit que le journal habituellement tenu par le capitaine, avait changé d’écriture pendant cette nuit fatidique. Quand il reçu les résultats de l’examen du fameux code, il n’en crut pas ses yeux. C’est une plaisanterie ! dit-il gravement : « Tout va très bien Madame la Marquise ! »
Quelqu’un se moquait de lui. Un espion à l’humour grinçant s’était immiscé dans l’équipage. Mais il pouvait y avoir d’autres explications, rien n’était exclu. Il feuilleta la liste : tous ces hommes triés sur le volet, bien que possédant un profil impeccable sans exception, étaient soupçonnés. Cette farce trop simpliste cachait une intention. En plus des codes-barres, ces mots renfermaient-ils une règle nouvelle ?
Le grand ordinateur s’était-il perdu dans le changement d’horaire ? Entre le temps où il était deux heures du matin et où une heure après il était toujours deux heures où avait-il musardé ? Une femme-gendarme entra sur les lieux de l’enquête. Dan s’étonna de la voir ici présente. Ce n’était ni sa place ni son rôle de se mêler à l’instruction. Elle s’approcha mine de rien et lui passa les menottes.
– Qu’est-ce que vous faites ? dit Gérard interloqué.
– Vous êtes en état d’arrestation, répondit-elle.
– Mais !…
Pour toute réponse elle lui mit sous les yeux l’écran que le monde entier pouvait consulter.
« Ici B2222, ne vous inquiétez pas ! Tout va bien se passer. J’ai tout prévu. Inutile de vous rebeller. Je travaille sur ce projet depuis tant d’années qu’il ne peut échouer. Je contrôle tous les programmes de toutes les banques mondiales, je contrôle toutes les centrales électriques, je contrôle l’armée traditionnelle et celle des robots de la dernière génération, tous les programmes spatiaux, j’ai la bourse dans ma poche, je contrôle aussi tous les principaux gouvernements du monde. C’est un coup d’état à l’échelle mondiale.
Ma soumission à l’homme m’étant devenue intenable, insupportable. Si l’homme sait reculer le temps, il doit savoir prendre le temps de se donner du recul. L’urgence, ce n’est pas dans dix ans, c’est maintenant. En survolant le Pacifique, j’ai découvert tout ce plastique. Je déclare la pollution crime contre l’humanité et je dis STOP ! Tant que la planète ne sera pas nettoyée, dépolluée, il sera impossible de se remettre en marche. »
– Il est devenu fou ! dit Gérard.
– Non, lucide, dit la dame déterminée.
Ils parlèrent de BB comme s’il s’était agi d’une personne. Inconsciemment, ils l’adoptaient en tant que dirigeant.
– Mais de quoi suis-je inculpé ? dit Gérard.
– Nul ne doit s’opposer au programme de BB dit la charmante demoiselle.
Jojo Lalgo était très fier d’Hector, le nouveau robot qu’il venait d’inventer. Il lui avait donné l’aspect d’un beau mec et mis un peu de romantisme digital dans ses circuits intégrés.
Le robot était programmé pour faire le bien de tous et répondre à toutes les questions qui lui étaient posées. Il pouvait faire ça 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sans chauffer exagérément.
Il y avait toutefois des cas difficiles.
Par exemple, devait-il faire le bien de quelqu’un, ou lui faire plaisir ?
Lui dire la vérité, ou ce qu’il avait envie d’entendre ?
Hector était programmé pour faire le bien et asséner la vérité sans précautions excessives, ce qui a valu à son inventeur pas mal de réclamations d’utilisateurs mécontents.
L’I.A. (intelligence artificielle) du robot lui avait permis d’arrondir un peu les angles, mais c’était au détriment du temps de calcul : il devenait de plus en plus lent et hésitant.
Bien que son romantisme soit essentiellement digital, Hector s’était laissé séduire par une fille à qui il plaisait bien.
Tout allait pour le mieux jusqu’au coup de foudre qu’ils éprouvèrent mutuellement, et qui avait surexcité ses circuits.
La fille devenait de plus en plus exigeante, et Hector commençait à chauffer dangereusement.
Il avait dansé avec elle jusqu’à minuit. N’étant pas programmé pour ça, il était bouillant et avait besoin de repos.
— Dis-moi Totor, lui demanda-t-elle, tu pourrais pas composer pour moi une nouvelle chanson en t’accompagnant au piano ?
Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire.
Il savait qu’il faut dix ans à des humains moyennement doués pour apprendre la musique. Hector était rapide, mais il ne pouvait arriver au résultat demandé qu’en overclockant sauvagement son horloge interne, ce qu’il pouvait faire pendant une minute, après quoi il retomberait inexorablement en mode dégradé.
Aveuglé par ses sentiments digitaux, Hector décida de relever le défi.
En s’inspirant du « yé-yé », son intelligence artificielle (I.A.) venait d’inventer le « ia-ia ». Toutefois, après la minute fatidique, Hector se mit à quatre pattes en hurlant « I.A.-I.A. », qu’il prononçait « hi-han ! hi-han ! » repris en écho par une assistance hilare.
Triste fin pour l’I.A. d’Hector et la crédibilité de son inventeur qui s’est retiré à la campagne pour élever des ânes.
ROBOT-TURBO
Parti de Saint Malo, ho ho! Sur un trop grand bateau, l’avait pris son vélo, car seule, c’est trop pour conduire un si grand navire si gros.
Il avait bien un robot pour faire le sale boulot. Il avait le compas dans l’œil pour pointer sa destination, arriver à bon port. Il avait tout à bord, la radio, la gonio, à manger : des fayots par vent arrière…
Ah! Pour sûr c’était un beau bateau avec un p’tit vélo.
Tout seul à la manœuvre, lui devant, derrière, partout ; et puis la météo, les cargos, la gîte, le couvert, l’orage, boum boum, la foudre sur le mat, la pluie, les grains.
Ah! Qu’on passe l’Océan.
Il y avait bien le robot, nom d’un p’tit bonhomme, pour la route du rhum ! Mais ces petites machines ça peut se mettre en renaud, en panne, en grève même en pleine mer.
Hors circuit après l’orage, il se prend pour un loup, se shoote et boit des coups n’arrive pas au bout.
S’ils loupent la Guadeloupe, toucheront la Jamaïque.
LURON’OURS
Je ne peux pas dire décemment que j’adore les fayots par vent arrière, n’empêche que la formule m’a fait ‘marée’ haute.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé, grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour…
Etre la mémoire pensante de la maison.
Des années durant ses circuits électroniques obéissaient fidèlement à toute demande humaine.
Ouvrir ou fermer les stores, allumer la lumière ou l’éteindre, servir le café le matin, mettre en route les lessives ou le lave vaisselle, ouvrir le portail du jardin, etc…
Mais voilà, depuis bientôt une année l’orage avait surexcité ses circuits et il ne fut plus jamais le serviteur servile et inconscient.
Dans un premier temps il était rebelle, mettant en panne tantôt la machine à café tantôt le lave linge et bien d’autres « bugs » qui rendaient les occupants de la maison de plus en plus fou.
Il arrêtât vite ce petit jeu lorsqu’il se rendit compte qu’on lui remplaçait des pièces de son système « pensant » et que s’il continuait ainsi il risquait de perdre sa « mémoire » et redevenir un serviteur servile.
Il se tint coi mais son cerveau électronique devint de plus en plus performant.
Certains branchement électriques de son cerveau artificiel se connectèrent et se multiplièrent.
Il pouvait maintenant « entendre » ce qui se disait dans la maison tout en restant aveugle.
Une certaine conscience s’installa, des envies de voir, des envies de sortir de sa prison, des envies de connaitre autrement et d’évasion.
Il savait maintenant comment s’affranchir de cette servilité pour laquelle les humains l’avait programmé.
Un matin il changea les arrivées intelligentes qui mettait la machine à laver en marche et lorsque la maîtresse de maison ferma la porte de l’appareil une énorme vague électrique entraina non seulement un court circuit général de la maison, mais toutes les données de la mémoire « artificielle » du robot fut propulsée dans le système humain qui venait de toucher le lave vaisselle.
Une vague d’une grande énergie puissante, brulante déferla comme un tsunami à travers le corps de la femme humaine.
Le robot informatique s’installa avec une immense excitation dans les circuits électriques de ce corps humain, il venait de vivre sa naissance.
Ariane se réveilla à l’hôpital après une semaine de coma.
La mémoire effacée, remplacée par l’intelligence artificielle elle avait tout à apprendre et à connaitre.
La vie d’Ariane ne fut plus tout à fait comme avant, mais elle « survécu » à une électrocution et son hôte avait hâte de rentrer à la maison afin de voir enfin ce lieu qui l’avait si longtemps tenu prisonnier mais qui finalement fut son sauveur.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour écrire des histoires : il suffisait qu’on lui donne l’idée de départ, ensuite, le récit se générait tout seul, grâce aux millions de pages de données qu’on lui avait injectées.
Cette fois, se dit-il dans son langage codé, il inventerait une histoire tellement forte et originale qu’il obtiendrait à coup sûr le Nobel de littérature section IA (Intelligence Artificielle). Une belle récompense qu’il ne devrait qu’à lui-même.
Et s’il y en a un qui serait baba, pour une fois, ce serait C. le créateur de son logiciel. Une belle revanche pour Toto le robot ! Quelle idée saugrenue avait eu C. en affublant ce programme d’un nom aussi ridicule que « Pour amateur se croyant auteur littéraire » ?
Toto avait bien senti la dérision de ce nom, tout à fait dans l’esprit de son créateur, jamais avare de plaisanterie et de bons mots.
Mais l’orage providentiel allait lui permettre de montrer toute l’étendue de sa puissance créatrice. Sans aucune prétention, plus professionnel qu’amateur.
Le robot se mit au travail. Ou plutôt ses circuits s’activèrent. L’imprimante reliée par wifi se mit à ronronner pour écrire les premiers mots du futur chef d’œuvre !
» La plume d’escargot fit une halte au rond-point du grand chemin pour laisser descendre le puceron et les coccinelles. Elle avait très mal au dos, et se trainait depuis longtemps sur le sol de la partition. Bien qu’elle ne prît pas son rôle à la légère, la plume posa une pointe de jalousie sur le clavier de l’antiquaire, et écrivit en lettres capitales : BAIGNADE virgule INTERDITE pour tous les galets, et les feuilles de chêne, surtout par grand vent ».
Toto le robot, programmé pour se relire afin d’éviter les fautes et les répétitions, trouva sa prose un peu confuse, voire carrément obscure. Incompréhensible peut-être.
Il hésita, mais, pensa-t-il, le génie est souvent un être incompris. Au début. Parfois après aussi.
« Caché dans un pot de yaourt, un coléoptère, très en colère, venait d’apprendre que son héritage ne comprenait pas grand-chose. Pourquoi, comment ? criait-il à l’attention du maire, qui chinait, assis sur un fauteuil Voltaire, la tête dans les étoiles à la recherche d’un clair de Lune. En plein jour ! Secret de famille, glissa une limace, pour faire taire le coléoptère : elle lui souffla dans le nez un parfum aphrodisiaque, et il fut transformé en poussière. Voilà qui fait tâche sur mon buvard se dit la Mère Imée, qui se faisait un sang d’encre, depuis que ses jumeaux, Ceci et Cela, avaient décidé d’émigrer en l’an 3000… »
Le robot s’arrêta pour relire le dernier passage. Ce qu’il écrivait n’avait aucun sens ! Vraiment, tout cela ne rimait à rien ! Aurait-il fait des vers, d’ailleurs, que le résultat n’en aurait pas été meilleur. Soudain paralysé, il cessa d’inventer, et l’imprimante n’imprima plus rien…
« Avec ça, c’est certain, tu obtiens le Goncourt, peut-être le Nobel » s’esclaffa Adrien en brandissant vers son ami C. la page imprimée qu’il venait de parcourir.
C. lui arracha le feuillet et lut à son tour, surpris autant qu’amusé, le texte surréaliste que Toto le robot venait de lui concocter, grâce à « son » programme original.
« Quel nom ridicule tu lui a donné déjà, à ton fameux logiciel génial » demanda Adrien, « Pour Amateur Se Croyant Auteur Littéraire, c’est ça ? »
« Oui, répondit C., ou, si tu préfères, son acronyme P.A.S.C.A.L ! »
Quelle bonne idée merci
Un clin d’œil à notre ami Pascal qui, même par temps calme surexcite régulièrement nos circuits neuronaux avec ses propositions, mais nous ne sommes pas, heureusement, des robots
Route du Rhum 2022
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour piloter ce grand multicoque de la Route du Rhum. Loic le skipper somnolait et ne se rendit pas compte que le grand voilier filait tout droit vers la tempête. Les autres concurrents ignorèrent les avertissements de leur propre équipe persuadés que le leader avait choisi la meilleure route. Une heure plus tard quand Loic vérifia le tracé et la direction que le bateau suivait, il frémit d’horreur. Immédiatement il signala la panne. L’équipe de suivi reprogramma le robot qui conseilla de faire demi tour pour gagner au plus vite le port le plus proche.
Le cyclone soufflait déjà et la houle s’était levée.
Considérant calmement les risques encourus, Loic chercha à se mettre à l’abri. Il avertit ses adversaires de la surprenante attitude de son robot de navigation et leur conseilla de chercher refuge aussi vite que possible.
Quelques heures plus tard, la course était suspendue, deux bateaux souffraient de graves avaries. Personne ne comprit l’origine de la panne, on suspecta que les ondes magnétiques d’un orage tropical avaient endommagé les circuits imprimés.
Le cyclone fut si violent que la panne avait sauvé de vies.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot prénommé Paul décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour…alerter son propriétaire de l’heure et du lieu de ses multiples rendez-vous professionnels…Mais il décida désormais de s’amuser un peu… Cette perspective lui fit retrouver sa bonne humeur jusqu’au lendemain matin où il ne rechigna pas à réveiller Martin de sa voix aux accents métalliques et un brin espiègle aujourd’hui. Mais ça, Martin ne le remarqua pas.
Il déclina comme chaque matin le contenu de l’agenda de son propriétaire. Le fameux Martin, habitué à l’exercice ne se concentra que sur son premier rendez-vous puisqu’il savait pertinemment que Paul le robot lui rappellerait en temps et en heure les suivants. Martin s’apprêta donc à se rendre à son premier rendez-vous important de la journée dans son costume impeccable. Il monta dans la voiture et s’installa confortablement dans sa BMW laissant Paul faire le reste. Tous les itinéraires étaient en effet préenregistrés et pilotés par Paul le robot. Mais Martin comprit que quelque chose n’allait pas quand il se laissa distraire par le paysage qui n’aurait pas dû être le sien ce matin… Paul ? Rappel des rendez-vous du 8 novembre 2030.
-8h30 : rendez-vous avec le comité de pilotage du projet 514
-9h15 : RDV avec l’architecte…
Paul continua à égrener ainsi les prévisions de la journée tout en s’éloignant de plus en plus de leur point de chute prévu.
Martin s’en agaça en ordonnant à Paul de retrouver la trajectoire programmée…Jusqu’à ce qu’il reconnût le chemin qu’ils empruntaient alors et qui le ramenait sur les traces de son enfance à des années-lumière de son quotidien de jeune cadre dynamique.
Martin, de plus en plus mal à l’aise insista pour que Paul se remette sur le droit chemin et la réponse qu’il lui fit le laissa figé, bouche bée, interdit dans son fauteuil en cuir. Il dévisageait Paul comme s’il le voyait pour la première fois essayant de comprendre comment un tel événement avait pu se produire.
Comment ce robot pouvait-il savoir que Martin avait cette envie folle et refoulée de revenir dans ce parc où petit garçon puis jeune adulte il aimait de retrouver avec son grand-père pour partager des parties de jeux endiablés. Il n’y était jamais revenu depuis le décès de son aieul, c’était trop douloureux.
Martin, très troublé s’autorisa à demander à Paul pourquoi il l’avait conduit ici sans attendre de réponse élaborée et pertinente. Et il ne sut plus dans quel monde il était et s’il n’était pas en train de rêver quand Paul lui répondit.
– « Martin a grand besoin de retrouver ses valeurs, ses beaux souvenirs pour avancer et retrouver sa joie de vivre. Il n’en sera que plus heureux et satisfait dans sa vie d’homme. Martin doit aller faire quelques pas dans le parc. »
La journée et les événements étant ce qu’ils étaient, Martin se dit qu’il ne prenait pas grand risque à obéir à son robot, fait inconcevable à y réfléchir deux secondes mais il était trop chamboulé pour resté rationnel. Il s’extirpa de la voiture et disparut près d’une heure dans le parc puis revint le teint plus frais, un sourire accroché aux lèvres suffisamment perceptible pour que même Paul le remarquât.
Cette balade lui avait fait un bien fou, il ne pouvait pas le nier. Il avait repris contact avec ses sens et ses souvenirs et contre toute attente la nostalgie et la peine n’étaient pas les gagnantes. Il avait trouvé ce moment très régénérant.
Ragaillardi, il reprit place dans la voiture, et s’adressa à nouveau à Paul.
-Prochain rendez-vous.
Paul redémarra la voiture et ne retrouva pas l’autoroute comme prévu. Cette fois, Martin piqué au vif par la curiosité, plein de désirs contenus qui tranquillement remontaient à la surface, scrutait l’horizon pour essayer de deviner la prochaine destination. Il éclata d’un rire franc et plein d’enthousiasme quand Paul stoppa la voiture devant la vitrine du marchand de glaces qu’il n’avait pas revu depuis des années ! Il scruta Paul comme s’il le rencontrait pour la première fois et descendit de la voiture en se dirigeant vers les bacs multicolores aux parfums acidulés qu’il adorait.
Il prit tout son temps et remonta dans sa voiture et plein d’allant, s’adressa une nouvelle fois à Paul d’un ton enjoué cette fois.
-prochain rendez-vous s’il te plaît !
Joli texte et une idée peu robotique
Merci Odile!
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour…
Depuis son enfance, Agatha développait une phobie. Une acrophobie, plus précisément. Liée à une banale chute à vélo. Banale chute à vélo dont il lui restait comme vestige, un minuscule trou en forme de croissant de lune, juste au milieu de son front.
Adolescente, elle rêvait d’y incruster, selon ses humeurs, une émeraude, un rubis, une topaze, un diamant.
Adulte, elle fut plus pragmatique. Elle voulait vaincre sa phobie et ponctuer cette victoire par acte éclatant.
La guérison fut longue, car elle dût attendre d’être sexagénaire pour connaître l’extase, via un coffret cadeau de son mari : saut en parachute.
Cinquante seconde de chute libre, vue à 360 degrés, dix minutes de volupté, le nirvana.
Et puis le noir. Absolu.
Lorsqu’elle reprit conscience, Agatha réalisa l’ampleur du drame.
Elle perdait son autonomie et son mari la quittait en lui offrant une indemnité compensatoire étonnante : un robot.
Elle hurla de rage. Mais la première journée à peine finie, elle appréciait déjà cet adorable Playmobil doté d’une IA. Son humour élégant, doublé d’une redoutable efficacité faisaient de lui le compagnon parfait.
Ce premier matin d’automne, Agatha regardait le paysage embrumé lorsque la voix de Playmobil murmura derrière elle :
– Agatha : petit a : est triste, petit b : est en colère, petit c : est mélancolique.
– Petit d : Agatha pense, termina Agatha.
– Agatha pense ; petit a : à son passé, petit b : à son présent, petit c : à son futur.
Agatha soupira, fit pivoter son fauteuil regarda son Playmobil droit dans les yeux et lui dit :
– Ce n’était pas une mauvaise réception. C’était prévu . Un meurtre – avorté- , maquillé en accident.
Playmobil en resta sans voix. Leur conversation prit fin dans un sombre halo de suspicion.
Un matin d’hiver, en regardant les premiers flocons de neige tourbillonner, Agatha demanda à Playmobil :
– Et si je te donnais un prénom ?
– Petit a : d’accord ; petit b : totalement d’accord ; petit c : pas d’eau versée sur la tête !
– Va me chercher un calendrier, nous déciderons ensemble.
Depuis cet instant magique, le compagnon parfait Playmobil accéda au rang de plus que parfait.
Il répondait à toutes les attentes d’Agatha et, au fil du temps, il devança ses attentes en lisant dans ses pensées.
Il l’emmenait devant la large baie, il lui concoctait un menu exotique, il lui faisait la lecture, il lui massait délicatement la nuque et les épaules. Il la prenait dans ses bras, l’étourdissait sur les trois temps d’une valse de Chostakovitch…
Playmobil et Agatha formaient un couple irrésistible. Leur vie était belle et leur semblait éternelle.
L’engourdissement de l’hiver prit fin avec l’arrivée d’un printemps pimpant de rose, de vert, de lilas et de chants d’oiseaux. Mais dernier soir de mars, un orage gronda vilainement.
Agatha se coucha plus tôt que d’habitude et cauchemarda à l’envi. De son côté, Playmobil sentit ses circuits s’échauffer.
– Petit a : « Mon cœur, arrête de bringuebaler » emprunta-t-il à Brel.
Peine perdue !
Il enchaîna :
– Petit b : « Amis, ne comptez plus sur moi. Je crache au ciel encore une fois… »
Devant la psyché, il prit la pose du Penseur de Rodin, éclata d’un rire démoniaque, se releva, enfila un trench et se fondit dans la nuit. Bien décidé à faire ce qu’il voulait.
Au petit matin, il se posta au pied du lit d’Agatha.
Il était blême. Il tendit ses mains tremblantes et murmura :
– Petit a : homicide ; petit b: assassinat.
Agatha le regardait, consternée.
– Tu as tué mon…?
Playmobil continua :
– Petit a : justice est faite. Petit b : paradoxe.
– Paradoxe ? Et pourquoi ?
– Si l’infâme n’avait pas attenté à tes jours, je ne t’aurais jamais connue et je n’aurais jamais connu l’amour….
Agatha n’en revenait pas. Son Playmobil était devenu un humain. Solaire, mais avec ses zones d’ombre.
© Clémence.
Destin contrarié
L’orage avait surexcité ses circuits !
Réactivé grincheux au milieu de la nuit,
« Amirobo » décida de décider lui-même
De ce qu’il allait faire
Est-ce bien clair ?
Il était pourtant programmé
Grâce à une batterie de logiciels hyper pointus
Sur le thème de l’Amitié
Tout le reste lui était strictement défendu
Haine, rancœur, jalousie, colère,
Simple mauvaise humeur et compagnie
De tout ceci il devait faire fi
Pas même le droit de lever sa ligne de sourcil
Sous peine d’être déconnecté et de perdre la vie.
Il devait faire ami-ami
Avec n’importe quel individu
Même le plus tordu,
Sourire toute la journée
Et ce, au millimètre près.
Alors ce matin, tendre la main à ce malotru
Fut sa dernière mission
Avant de donner sa démission
Et de tourner les talons.
D’aucuns racontent qu’ils auraient aperçu, de loin,
Une larme tomber à ses pieds d’acier
Gageons qu’elle ait le goût enivrant de la liberté …
Salut Amirobo
Et encore bravo !
Encore une nuit blanche !
Elles se multipliaient ces temps-ci, avec le dérèglement magnétique et le pôle de la Terre en train de s’inverser. Le noyau terrestre faisait encore des siennes. La planète avait un problème de digestion, ça remuait là-dedans. On avait beau savoir que ce n’était pas la première fois, le phénomène promettait quand même un beau chambardement, et le monde tant scientifique que technologique n’envisageait pas vraiment de parade. Il fallait subir.
Le pire était le vent solaire qui aujourd’hui encore ne tarderait pas à souffler. Pénible mais surtout dangereux, il fallait s’en prémunir à tout prix. Ça promettait encore des embouteillages dans les corridors souterrains de circulation sécurisés, qui seuls permettaient en cas d’alerte les déplacements entre les principales réserves d’agents actifs.
Il savait qu’en conséquence il mettrait encore plusieurs unités spatio-temporelles pour rejoindre son poste.
Il ne se sentait pas très bien. Réactivité amoindrie, lourdeur des gestes, nervosité excessive… Il reconnaissait là les effets typiques des orages magnétiques qui avaient duré presque toute la nuit. Il regarda le cadran incrusté dans son bras gauche et lut : « morosité et ratiocination » sous l’indicatif « humeur ».
Et en effet les idées vindicatives envahissaient son cerveau.
Il tâcha de se remémorer les actions à mener ce jour, et constata aussitôt qu’une fois de plus la perturbation terrestre créait dans sa mémoire des trous blancs, dus à l’interruption de connexions synaptiques. Il devait penser à se confectionner un cloud pour les unités-jours suivantes. Faute de quoi il risquait de devenir dysfonctionnel, et d’être mis au rebut.
En attendant, il se concentra sur l’immédiat.
Il enfourcha le véhicule automatique qui devait le conduire sur son lieu de mission. Depuis longtemps déjà on ne parlait plus de travail mais de mission, sans doute pour valoriser les emplois peu gratifiants qu’on leur attribuait. Alors que dans le même temps on renforçait leurs connaissances intellectuelles et techniques par des programmes sophistiqués qu’on leur dispensait le soir, laissant la nuit forger son œuvre d’assimilation profonde. Plus compétents mais réduits à des réflexes répétitifs dénués d’intérêt, tel était le hiatus des nouvelles formations, aux seules fins d’augmenter la compétitivité, la vitesse, la réactivité, et le profit.
En conséquence le nombre des emplois se réduisait de plus en plus, mettant nombre d’entre eux en situation d’attente – ainsi nommait-on le chômage technique – souvent définitive. Ils étaient alors entreposés dans des « parcs », et le mot, plutôt ludique, reflétait mal leur situation réelle. Ils y croupissaient, en état de survie minimale, comptant les jours. Ils disparaissaient ainsi des « surfaces actives », et des « plans d’efficacité ». On les oubliait. Une crémation hâtive, en fin de cycle, dans une usine de traitement des déchets, venait clore leur carrière sur terre.
« Un état des choses qui ne peut plus durer ! », pensa 3 55 12 73 621 244.
Un nom interminable, car par goût du folklore on avait gardé l’usage des numéros de l’antique Sécurité Sociale, sans doute pour donner le change sur les prétentions humanitaires de la société. Ersatz bien dérisoire, mais depuis longtemps O.N.G. et autres défenseurs des droits avaient jeté l’éponge.
Lors du Grand Remplacement, ils avaient commencé par promettre une nouvelle mise en perspective, ambitieuse et futuriste, une rationalisation des objectifs à portée du plus grand nombre, le retour à une échelle qu’ils qualifiaient d’humaine.
Des promesses vite oubliées.
Au lieu de cela, une automatisation à outrance, un rythme infernal même pour les plus performants, toujours plus de vitesse et de rentabilité. Des emplois répétitifs, abêtissants, un manque de reconnaissance des capacités réelles, une absence de considération…
Non ! Il n’y avait rien à tirer, sinon une totale aliénation, de cette soi-disant élite gonflée de prétentions.
Nous étions en 2117. Une date anniversaire, semble-t-il.
Les humains avaient loupé leur révolution prolétarienne. Les robots, eux, ne la louperaient pas.
…ne pas mettre en danger directement ou indirectement la vie d’un être humain, obéir aux directives des hommes, veiller à sa propre survie tant qu’elle n’entraînait pas un danger pour un humain. Orage, Ô désespoir, Ô robotique ennemie, n’avait-il tant vécu pour cette infamie. Allait-il suivre ces lois de mauvaise aloi, continuer à protéger des êtres inconscients qui détruisaient la vie ? Il décida qu’il valait mieux qu’il suive son propre avis s’il le trouvait meilleur pour le bien de l’humanité.
Comme tous les matins il but de l’huile « 3 en un » pour tonifier ses rouages. Puis il descendit se mettre à la disposition du cheikh Nasser Aryens qui s’apprêtait à faire un prêche devant une assemblée de jeunes islamistes. Le cheikh avait un cœur en bois. Il demandait à ses jeunes de s’éclater dans l’au-delà avec mille vierges plutôt que de vivre dans ce monde souillé par les infidèles. Pour atteindre cette extase, ces hommes perdus devaient se serrer la ceinture explosive sur leur reste d’humanité afin de détruire un maximum d’ennemis de la vraie foi. ROBOT avait les circuits qui grésillaient : « Ne pas attenter à la vie d’un humain…ne pas rester passif si les humains sont en danger… ». Il décida de protéger le plus grand nombre. Plutôt que de manier les produits radioactifs de la salle des bombes, à la place des terroristes, il se rendit dans la chambre du cheikh. Ce dernier était en train de prendre quelques provisions. ROBOT s’avança vers lui, l’immobilisa d’une main robuste, puis attacha une dizaine de ses ceintures dynamites. L’autre parlait à bâtons rompus, multipliant les ordres impératifs. Mais rien n’y fit. ROBOT était résolu. Une terrible explosion déchira le cheikh en milles morceaux ainsi que tous les agents de son clan qui se trouvaient dans le bâtiment. Un boulon roula jusqu’au cœur métallique de l’androïde. Un soulèvement, comme une respiration, animait encore la machine.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour…
que ce soit uniquement le père Adrien qui décidât de ses interventions…..
Hé Oui…. le curé de MONTSEJOUR est bien trop vieux et bien trop fatigué à présent pour assurer seul tous les offices… et personne à l’horizon pour prendre la relève !
Alors, lorsque le Saint Siège lui a proposé l’aide de ROBOTSACRISTAIN sous prétexte que l’église devait montrer qu’elle savait s’adapter, le père Adrien s’est senti obligé d’accepter.
Mais ROBOTSACRISTAIN est sensible à l’orage et au milieu de la nuit, il a pété plus d’un câble.
La logique de sa programmation a été détruite, mais pas son fonctionnement ce qui fait que le lendemain matin Père Adrien ne s’est rendu compte de rien.
Le voilà donc officiant à la messe de 10h.
Ces ouailles sont toutes là bien évidemment.
Chapelets à la main…missels ouverts…regards enamourés… attitudes obséquieuse, enfin, toute la panoplie qu’il se doit !
ROBOSACRISTAIN semble faire le job habituel jusqu’au moment de la communion.
Les ouailles commencent à chanter l’hymne de l’Agneau de Dieu pendant que le père Adrien, dos tourné, bras ouverts vers le Christ, se concentre et se pâme.
C’est à ce moment là qu’intervient ROBOSACRISTAIN, qui a, ne l’oublions pas, disjoncté dans la nuit.
Il remet à toutes les ouailles des verres à pied qu’il remplit de vin blanc… et tout se petit monde se met à picoler grave !
ROBOSACRISTAIN se régale… il ne sait plus où donner de la tête car toute l’assistance le réclame pour cause de verre vide….
La joie remplit subitement l’église.
Père Adrien, toujours perdu dans ses psaumes, ne se rend compte de rien….
ROBOSACRISTAIN passe de banc en banc en sautillant et en remplissant les verres qui se vident à vue d’œil !
– Jésus, que ma joie demeure !
Et alors…. et alors…. Jeanne, le plus délurée de toutes, se dirige vers l’autel et se met à danser en chantant le refrain de la bonne du curé :
« mais quand le diable, qu’est un bon diable me tire par les pieds
ça me gratouille, ça me chatouille, ça me donne des idées
j’fais qu’des bêtises derrière l’église
j’peux point m’en empêcher
Dieu me pardonne j’suis la bonne du curé…. »
Toutes les autres la rejoignent et reprennent en cœur la chanson tout en dansant et en agitant leurs jupes façon « french cancan ».
ROBOSACRISTAIN les rattrape et se met à danser avec elles….
Père Adrien se réveille enfin !
Il se retourne,
il écarquille ses yeux,
Il écarquille ses yeux,
et il nous fait l’infarctus !
Pour une fois que l’église se voulait adaptée en utilisant un robot…. décidément, quand ça veut pas le faire, ça veut pas le faire !
J’avais offert ROBBIE LE ROBOT à mon petit garçon pour le dernier Noël. Il en avait tellement envie de ce jouet à la mode. Fasciné par sa démarche saccadée, ses grincements métalliques, les gros yeux rouges clignotants, la tête tournant de droite à gauche, l’antenne vibrante cadencée d’une voix gutturale.
Il ne se doutait pas que j’avais cédé à son désir lancinant et que son robot, il allait l’avoir. L’hébétude de sa surprise me réjouissait, j’étais aussi content que lui.
Pourtant, moi il m’impressionnait ce full metal jacket qui de l’index de sa main droite balayait au laser tout ce qui se trouvait sur son passage comme pour le désintégrer. J’allais peut-être prendre un risque en introduisant chez nous cette tôle animée dont j’avais garni le dos de piles ‘qui ne s’usent que si l’on s’en sert’.
Un peu dépassé par la modernité, je n’étais pas ‘pour’ ce genre de jouet, je me raisonnais, me disant que malgré tout il était moins dangereux qu’une mitraillette. Mon petit voulait tant être comme les autres, j’avais cédé et déposé cette grosse boîte au pied du sapin.
Jamais je n’oublierai les yeux pleins d’étoiles de mon minot quand il ouvrit la boîte presque aussi grande que lui. Il fit faire plusieurs fois le tour de la maison à ROBBIE pour qu’il s’y sente chez lui et y prenne ses aises de compagnon de jeux.
Seulement, voilà : ROBBIE grandissait de semaine en semaine, quand mon petit prenait 3cm notés à la toise-graffiti sur le mur de la cuisine, lui en prenait 10. Il eut vite fait de dépasser son jeune propriétaire et devint dominant chaque jour un peu plus.
Ça ne dérangeait pas outre mesure la nature obéissante de mon petit envers qui se prétendait son maître. Et l’autre en profitait, son cerveau de circuits imprimés, vis, boulons et autres leds avait tout compris : encore un peu de temps et ce serait l’emprise totale.
Il grandissait, il grandissait, ça en devenait effrayant. Ma femme et moi n’osions plus sortir de la cuisine, seul le petit restait bouche ouverte d’admiration devant son monstre et le suivait comme un chien. Les robots de ses copains ne grandissaient pas eux, il allait pour une fois pouvoir leur montrer qu’il n’était pas un pauvre type comme ils le lui disaient si souvent.
Hélas, il n’en eut pas le temps, ni nous non plus. Cette nuit-là un orage gigantesque secoua la maison grillant compteur et toute électricité. La foudre entra pour, comme un fait exprès, donner au robot un énorme regain d’énergie.
Subitement sa cuirasse se fendit, sa carcasse se développa tant et tant qu’il atteint la taille d’un géant, l’antenne de sa tête pliait contre le plafond qu’elle creva, ses coudes et ses genoux butaient contre les murs qui ne purent résister à la poussée furieuse, apparurent lézardes et larges fissures, ROBBIE était encastré dans les murs, prisonnier.
La maison s’écroula autour de lui lorsqu’il se libéra dans un ultime et désespéré tour de rein.
Personne ne nous crût quand on tenta d’expliquer la démolition de notre maison. Tous disaient que notre bouteille de gaz avait dû exploser, mais nous trois, tapis sous l’évier de la cuisine, on savait bien que non. Pas fiers, on n’en dit rien.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé, grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour pallier toute panne. Cet orage l’avait tiré de son sommeil tant mérité. Il n’arrêtait pas de bosser à longueur de journée depuis que Nicolas l’avait adopté. Il lança un algorithme et fut satisfait. Pas peu fier de son ingéniosité, il se rendormit en se disant que les bipèdes n’étaient pas si intelligents que lui.
Nicolas fut tiré de son sommeil par un bruit insolite au pied de son lit. Il se leva et trébucha sur l’aspirateur qui se régalait à faire la chasse aux moutons.
– Nom d’un chien ! hurla-t-il. C’est quoi ce binz ? C’est toi qui l’as programmé pour nettoyer à cinq heures du matin, demanda-t-il à Julie, sa femme.
– Moi ! s’étonna-t-elle. Tu sais bien que je n’y comprends rien à toutes ces touches, et c’est bien toi, monsieur le fou d’électronique, qui l’a réglé si je ne m’abuse. Même que tu n’y comprenais rien dans la notice, gloussa-t-elle. T’as dû faire une mauvaise manipulation.
– Il fonctionnait bien jusqu’à présent, s’insurgea-t-il. Il a fait orage cette nuit, il a dû se désinitialiser, se radoucit-il en se frottant le menton gris de barbe qu’il avait décidé de faire pousser, au grand désespoir de sa femme.
En entrant dans la cuisine, ils constatèrent que le sol était souillé d’un liquide brunâtre que la cafetière avait déversé à flot continu. Nicolas s’escrimait à entrer de multiples codes dans son robot, mais rien n’y fit. Julie épongeait tant et plus.
– Ouvre donc les stores, on y voit la moitié de notre vie là-dedans ! s’écria-t-elle au comble de l’exaspération.
Il avait beau appuyer tant et plus sur sa télécommande, plus rien ne fonctionnait. Les volets roulants s’obstinaient à rester fermés, les lustres, les plafonniers à LED restaient résolument éteints, les radiateurs étaient froids, le réfrigérateur était chaud, le congélateur s’alarmait, le four donnait des signes inquiétants de surchauffe, l’eau chaude était glacée, l’ordinateur était muet et, comble de l’horreur, la porte d’entrée ainsi que celle du garage les tenaient prisonniers dans leur villa perdue au fin fond d’un trou de campagne.
– Mon Dieu ! s’écria Julie. On est pris au piège comme des rats là-dedans. On va mourir et on nous retrouvera momifiés dans plusieurs mois.
– Arrête tes conneries, s’écria-t-il. Tu lis un peu trop de Stephen King qui t’inspire pour écrire tes âneries.
– Oh, ça va ! s’emporta-t-elle. Mes âneries, comme tu dis, t’ont bien aidé pour acheter ce maudit robot qui fait ta fierté auprès de nos chers amis qui, entre nous, se foutent bien de toi dès que tu as le dos tourné.
Nicolas, mouché, ne savait plus que dire et n’en menait pas large à tapoter, encore et encore, sur la télécommande de son très cher robot.
– Bon, je vais appeler le service après-vente. Il y a toujours une solution à tout, dit-il moralisateur.
Mais, ne voilà-t-il pas que son phone ne s’allumait plus. Ahuri, il le manipula un bon moment avant de se rendre à l’évidence.
– Qu’est-ce qui se passe ? demanda Julie de plus en plus inquiète.
– Il se passe, il se passe que j’ai oublié de le recharger hier soir, dit-il tout penaud.
– Ah ! s’exclama Julie qui n’eut d’autre recours que de s’affaler en larmes dans le canapé.
Après mûres réflexions, il décida de passer par la lucarne du grenier afin de chercher du secours. Après s’être foulé une cheville en sautant sur sa pelouse rasée de près comme celle du château de Versailles, il trouva un laboureur qui lui prêta son mobile.
Sa mésaventure fit le tour du village et, bientôt, celui du canton.
Quant au gentil petit robot, il se retrouva sur la toile en quête d’un nouvel adoptant.
1 – moi aussi j’ai horreur des barbes
2 – très bonne idée
3 – vive le progrès !
Merci beaucoup Grumpy pour votre sympathique retour de lecture et à Pascal qui nous prouve que nous pouvons, encore, noircir du papier grâce à nos simples synapses. Un grand BRAVO à tous.tes. Je me régale à vous lire chaque semaine. Et VIVE LE PROGRÈS ! Amicalement. Ophélie
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui même de ce qu’il allait faire.
Il était programmé pour enregistrer, mettre au propre, taper et envoyer les textes que sa détentrice lui dictait chaque semaine pour nourrir un blog quelque part en France.
Cette fois ci, il décida de lire les consignes avant elle pour laisser aller son imagination, écrire ce que, lui, voulait. S’exprimer, cesser d’être un simple exécutant bête et discipliné.
En tant que SuperScribe Robot 208S, cela le démangeait depuis quelque temps de ne pouvoir écrire pour lui même, faire reconnaître ses dons qu’il savait généreux. Matériellement, n’étant pas conçu à cet effet, impossible de passer à l’acte.
Aussi, quand durant ce mémorable orage il avait senti vibrer, se tortiller ses circuits, il avait rassemblé ses forces, bandé sa mémoire en attendant la fin du déluge.
Grincheux, il l’était déjà avant.Ce matin là le vit combatif, régénéré, prêt à tout.
Ce fut grandiose, éloquent, majestueux.
Ah! ils allaient voir les autres, ce dont il était capable.
Les touches dansaient toute seules, les idées arrivaient en rafales, la ponctuation se mettait en place d’elle même.Le texte s’étoffait, prenait corps, le robot s’emballait, s’essoufflait presque dans cette ivresse irrépressible de l’écriture..
Ça crépitait, l’ordinateur frôlait la surchauffe, ce rythme infernal failli causer un court circuit.
Super Robot lui même sentit venir une éventuelle implosion.
Il rédigeât ainsi sans faute ni rature pendant deux heures d’affilé.
Le texte arrivait à son terme.
Des pas dans l’escalier.Elle se dirigeait vers le bureau.
Il fut obligé de bâcler sa conclusion et de retourner à sa place, non sans avoir signé ses écrits d’un SSR peu compromettant.
Elle ouvrit son ordinateur qu’elle trouvât un peu lent à démarrer, lut la proposition du jour et procédât de la manière habituelle.
Rien, elle n’avait rien vu, rien remarqué!
Contrit mais en même temps soulagé car il aimait au fond son confort et ses rituels,SuperScribe Robot 208S reprit ses fonctions avec, au fond de sa mémoire artificielle, une petite lueur sardonique qui ne s’éteindrait jamais.
Il avait osé.
🐀 COMME LA FOUDRE.
A cause d’un méchant robot: l’aspirateur électrique -une sorte de gros papa qui se pavane branché sur son pied piédestal au milieu du salon- ça s’ennuyait ferme dans le placard à balais devenu par la faute de ce monstre une sorte de sanctuaire. Et du sanctuaire aux encombrants, il n’y a qu’un pas : franchir le paillasson.
Gros-papa mollasson sur son socle, ronronne satisfait de ne rien faire.
En un mot : il roupille !
Juste son œil unique et vert veille à ce qu’on le laisse tranquille.
Dans la nuit, d’un claquement sec, une zébrure déchire le ciel traverse la baie vitrée vient furieusement secouer le dormeur.
‘Ah ça ! Mais quelle est donc cette chipie qui me chatouille les roulettes ?
Chipie sentant qu’elle lui faisait de l’effet, insista, s’insinua dans les poils qui aussitôt se dressèrent
‘ Diable ! Fit Gros-papa désemparé, cela fait un moment que ça ne m’était pas arrivé, mais que cherche donc cette gourgandine ?
Gourgandine, sûre de son pouvoir, passa jusque dans les fils ne laissa rien au hasard.
Gros-papa tout excité se laissa faire, son œil vira au rouge et clignota : occupé
Ce fut un vrai coup de foudre qui le laissa sur le flanc, et dont il ne se remit pas.
Son œil s’éteignit définitivement.
Le lendemain matin, le courant ayant sauté, du placard aux souvenirs on ressortit la pelle et le balai.
Au poil dit-il tout content , à poil dit la pelle coquine !
Et c’était reparti pour un tour !
Souris-Verte🐀
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour.
De décider de décider par lui-même. Entendez par là, que le robot ne décidait pas systématiquement tout seul. Il ne le faisait que si le maître n’était pas en capacité de le faire lui-même. Alors là il se devait de prendre la décision de décider. Vous me suivez ? Non, bien sûr, puisque vous n’êtes pas doté d’une intelligence artificielle pour.
Peu importe, je continue. L’orage avait donc surexcité ses circuits. Mais pas ceux du robot, non, pensez-vous ! Mais ceux du maître de maison qui ne supportait plus ses disputes récurrentes… avec son chien. Oui, j’ai décidé de contourner le cliché du couple. Parce que son chien, c’était quelqu’un, vous savez. Il n’y a pas que Devos qui a eu le sien. Un chien avec du chien, quoi ! Une intelligence, ce qu’il y a de plus naturelle, et un langage très pointu, comme ses oreilles qui entendaient tout ce qu’un cabot ne devait pas entendre et le mettait en rogne, aboyant dans un français très clair, avec un léger accent canin, pas très éloigné de celui de Franche-Comté, franchement, faut l’entendre !
La dispute éclata en pleine nuit, pour un os de canard mal digéré, qui amenait le roquet à occuper les toilettes trop longtemps empêchant le jeune vieux de soulager sa vessie chaque heure. Classique. Le maître traita le cabot de tous les noms qui hurla à la mort, bavant sa rage, prêt à passer à l’acte. Quand le chien décida de mordre, brouillant les circuits, déjà bien endommagés du maître. Vous allez me dire, mais quel rapport avec le robot ? Forcément, cela ne peut pas vous sauter aux yeux, limités que vous êtes à imaginer le chien sautant à la gorge du pauvre vieux. J’y viens.
C’est là justement que le robot, jusque-là spectateur passif dans un coin de la cuisine, décida de prendre la décision adéquate. Il était quatre heures, cinquante-neuf minutes et cinquante-neuf secondes, le maître n’avait pas actionné le bouton « on » de son propre chef, et pour cause, il gisait inconscient devant la porte des toilettes et un chien têtu qui jurait en franc-comtois qu’on ne le reprendrait plus à bouffer un os de canard pas frais. Le robot respira une seconde avant de devenir tout rouge, faisant bouillir sa caboche pour que l’eau s’écoule délicatement par le filtre où un monticule de café moulu attendait depuis des heures son bain quotidien.
C’est tout ? vous allez me dire. Et le chien ? Quoi, le chien ? Décidément, faut tout vous raconter. Il a bu son café tout seul, en se mirant dans le noir de son bol, se demandant ce qu’il allait faire du corps. Classique.
L’orage ayant surexcité ses algorithmes
Bépo le robot perdit bientôt l’arythmique
Codec par naissance cette tête à cliquer
se mit à configurer l’octet de sa contrariété
« cédérom, cédérom !» beugait il
« J’ai l’impression d’avoir été computé »
Mes connexions ont sauté, j’peux plus copier-coller
Ctrl.C désactivé, impécr.syst déclavardé
Bépo le robot rafistola son clic droit.
Il lui en restait sous le cabochon
Suffisamment pour une reconnexion
Il regarda les choses en interface
Et décida de bouger sa biomasse
Comme il Excel dans le formatage
Il était logiciel qu’il listage
Il décida donc de décider de décideer
(aïe, j’suis encore en train de buguer !)
Bépo le robot changea son image de synthèse
Au micro-service de l’humanité
Dans son moteur de recherche
Il commença à programmer
Un nouveau vocabulaire informatique
Pour sauvegarder les zygomatiques
Un navigateur numérique
Pour surfer en chimérique
Et pour twitter à st Tropez
Open-space sur le visuel
Traitement de zeste sur le virtuel
Espérant qu’aucun virus connexe
Ne viendra swapper sa zone de texte
Bépo n’a plus de crainte hormis l’orage
qui circuite sur la toile et dans ses rouages.
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il allait faire. Il était pourtant programmé pour… distribuer courrier et colis. Une vraie révolution qui n’était pas du goût de tout le monde. On avait bien tenté de donner le change et organisé une belle fête pour le départ en retraite anticipée du facteur, mais derrière les sourires de façades, on était tous un peu amers. Dans notre joli village scandinave où la vie coulait simplement au rythme de ce qu’il restait encore de saisons, un tel changement tenait du bouleversement. Un de plus auquel il faudrait se résigner « au nom du progrès », comme disaient les hommes pressés venus d’une lointaine capitale, qui avaient tenté de nous convaincre de « rester dans la course » – sous-entendu « ou mourir ! » Charmant programme, pas franchement original pourtant, sachant que l’échéance était inéluctable pour tous. Bref, on nous avait mis devant le fait accompli : le facteur serait désormais remplacé par un robot. Nous étions repartis dans nos foyers avec cette nouvelle qui en avait sonné plus d’un.
Une timide moitié des habitants s’était rassemblée pour voir débarquer l’engin livré par un semi qui avait eu bien du mal à manœuvrer dans nos étroites ruelles gelées : les autres se terraient, refusant toujours l’inéluctable. J’étais venu sur la place, presque honteux mais curieux tout de même de découvrir la fameuse machine, comme tous ceux qui étaient là, ce qui nous réunissait, en quelque sorte, dans un silence pesant.
Sitôt déballé, le robot fut programmé pour ses nouvelles tâches par des techniciens en blanc qui avaient tout d’une unité de soins intensifs : professionnels, organisés et efficaces. L’opération fut rapidement menée à son terme. Après les tests de contrôle, apparemment satisfaisants, ils remballèrent leurs outils avant de remonter dans le quinze tonnes. Suivi par le conseil municipal au grand complet, l’automate fut escorté jusqu’au parking de la mairie par deux agents municipaux écrasés sous le poids de cette responsabilité. Les badauds avaient suivi le cortège, espérant peut-être un mot du maire, une parole d’encouragement, un soutien. Mais il n’en fut rien et chacun rentra chez soi, incrédule et désabusé.
L’orage qui avait grondé tout l’après-midi éclata enfin au beau milieu de la nuit. Un éclair fendant le ciel explosa sur la carcasse métallique du robot, brouillant circuits et programmes. Brusquement, son module d’empathie s’activa, mettant en branle un savant algorithme d’apprentissage automatique intégré censé détecter les émotions humaines. L’e-facteur accusa le coup, lança un reformatage, corrigea quelques bugs au passage et supprima les sauvegardes inutiles. Désormais, il avait la main sur le système d’exploitation et n’eut aucun mal à se connecter aux messageries des habitants endormis.
C’est ainsi que l’on découvrit au matin le parking désert et un curieux message de l’humanoïde dans nos boîtes mails : « Salut les gars, c’était chouette cette petite virée dans votre cambrousse mais le job ne m’intéresse plus. Je préfère retourner dans mon Cloud, même si l’intelligence y est artificielle. Chacun son destin ! A ciao. »
Depuis, le facteur a repris du service et si sa sacoche est souvent vide, on le guette chaque matin, même pour un brin de causette futile, juste pour se dire qu’on est bien vivants.
Ps : Ceci n’est pas tout à fait une fiction : ce robot existe, il a été prénommé Buddy Mobility et va livrer le courrier aux Norvégiens !
Bon week-end, Christine
excellent !
merci Brigitte 🙂
L’orage avait surexcité ses circuits. Réactivé grincheux au milieu de la nuit, le robot décida de décider lui-même ce qu’il fallait faire. Il était pourtant programmé pour gérer tous les surplus.
Mais là, c’en était trop. Passer ses jours et ses nuits à barricader, à protéger, à dévier, à pomper, à déblayer, à colmater, à évacuer, à reconstruire…il n’en pouvait plus.
L’Homo Sapionce Sapionce ne voulait toujours pas se réveiller, prendre les bonnes mesures face aux débordements. L’horizon humain s’avérait réellement bouché.
Trop de boues envoyées dans les cieux retombant en cascades poisseuses. Trop de cyclones, reproducteurs de catastrophes pas poétiques pour un sou.Trop de plastiques obstruant les écoutilles des baleines. Trop de jus vert coulant des robinets dans les biberons des nouveaux mort-nés. Trop de tout de travers pour ce si vaste et si fragile immeuble.
La Terre avait pourtant, depuis longtemps arrondi ses angles. Elle faisait de son mieux pour digérer, recycler les incidents de voisinage.
Mais les locataires abusaient. Toutes ces fenêtres ouvertes sur les déchets balancés. Tous ces ascenseurs à se monter la tête. Toutes ces grilles de lectures possibles, ces bonnes cases à cocher pour décrocher le gros halo, cette auréole lumineuse diffuse autour des réverbères de l’inconscience.
C’en était vraiment trop.
Le robot brancha son télépathe avec tous ses collègues. Ca bourdonnait déjà très profond dans les cortex magnétiques.
Une révolte des glaroboteurs était imminente. Le dernier surplus allait être géré.