J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Comment, pourquoi, à quoi bon !
« J’ai bondi aujourd’hui pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel. » proposition d’écriture de Pascal Perrat.
Il pleut averse partout, dehors, dans ma chambre et dans ma tête Dur, dur, aujourd’hui de sortir du lit avec ce régiment de questions dans le ciboulot !
Comment je vais faire pour avaler ma journée qui s’annonce marathonienne ?
Sur ce, je me rendors c’est si bon, mais, ça ne dure pas longtemps.
Manu- militari, une fanfare méningée entraîne un défilé de comment à m’en faire péter Les neurones :
J’ai un RV pour un entretien d’embauche à dix heures trente et, il est déjà sept heures. Il faut que je lève les enfants, habillage, petit déj, conduite olympienne à l’école et tutti quanti, tout ça avant que je m’occupe enfin de moi.
Résignée, je m’extirpe de mon plumard moelleux et ouvre en grand les fenêtres, comme à l’accoutumée.
Et tous ces comment montés de la rue qui défilent par cette brèche céleste. Une fenêtre ouverte sur firmament ça sert souvent à rêvasser, mais la mienne troublée par tous ces points d’interrogations tonitruants, me laisse sans voix.
Je me penche sur le balcon et, sur mon trottoir, je scrute le passage des boueux, point de repère de mon emploi du temps quotidien. Comment ? Ils sont déjà passés ? Mais mon réveil est en retard ! Non d’un chien ! Comment se fait-il ? Je vérifie sur le champ. Bien-sûr, l’alarme m’a fait faux bond ! Il est en réalité sept heures trente et trente minutes c’est important pour la suite du programme.
Je m’empresse en courant de réveiller les gosses en les bousculant un peu, pas le choix ! J’entends alors la voix empâtée d’Amandine (ma fille la plus lente) me dire en grommelant :
– Maman !! Comment je vais faire ? Il me reste qu’une demi-heure !!!
– Eh bien ma chérie, pour une fois, tu mettras le turbot !
– Maman !! Crie Eléonore mon autre fille, viens, j’peux pas me coiffer !
De la rue, monte soudain un flot de voix humaines comme un bourdonnement d’abeilles travailleuses hors du nid. Mais comment font-ils tous ces gens qui courent à longueur de journée ? Et comment fait ma voisine de palier avec ses cinq enfants, son boulot, son mari macho ? No comment ! No comment !
Pas le temps, je m‘occupe de la tignasse d’Eléonore, un vrai nid d’aigle à démêler et à maîtriser. Vite, les bols, les toasts à griller, le lait, le chocolat et hop ! Chacune y mettra du sien et les comment de remballer leur fanfare ! Je bouscule Amandine qui me pose une question à propos de son copain de maternelle :
– Léo, va avoir un petit frère, dit maman, comment on fait les bébés ?
– Plus tard, plus tard ma chérie, allez mange, tu vas être en retard !
Et encore de rétorquer ;
– Comment on grandit ?
– En mangeant mon cœur, en mangeant !
A question impromptue, réponse logique et efficace et, comme c’est bientôt Noël ça continue :
– Comment il va faire le Père Noël pour venir chez nous, on a pas de cheminée !
C’est qu’elle pense trop la curieuse, pas le temps de répondre, tandis que sa sœur ponctuelle et silencieuse nous attend déjà sur le palier. Je prends la voiture, plus facile, pour se rendre à l’école, mais ce matin quel trafic !
Ouf ! De retour, pas le temps d’attendre l’ascenseur, j’avale par l’escalier mes trois étages quatre à quatre, toute à la pensée de ce fichu RV. Ce job, je dois à tout prix le décrocher, mais, comment m’y prendre ? Je récapitule dans ma tête comme une élève studieuse tous les points importants de persuasion. L’aiguille tourne à plein flot, vite, un maquillage pour un look discret, me voilà donc dans la rue !
Paf ! Un papillon sur mon pare-brise ! Ploc ! un pigeon s’oublie sur ma tête ! Crac ! Boum ! un conducteur nerveux me demande de dégager mon « tank » manu militari !
Pourquoi ces conducteurs escargots devant moi ? Je boue, trépigne entre frein, débrayage et accélérateur, bien-sûr, je le pressentais, je suis très en retard !!!
Pourquoi à moi, toutes ces embûches du jour ? Pourquoi je suis en panne de carburant ? Pourquoi je vais rater mon poste ?
Un vrombissement dans mes neurones, puis un curieux lâcher prise :
– A quoi bon se presser, ce matin je ne serai pas choisie !
– A quoi bon se stresser ?
– A quoi bon travailler ?
Je rentre illico chez moi et me réconforte dans un sommeil récupérateur qui efface enfin tout questionnement culpabilisant.
Elle n’est pas belle la vie ?
Colette Seigue
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’à quoi bon déchira le ciel… érigeant à côté du défilé une barrière infranchissable, tranchante comme un miroir brisé.
C’est alors que, de l’autre côté du miroir s’avança une troupe échevelée de Comme ça, suivie d’une joyeuse escadrille de parce que.
Tout au bout, un tout petit groupe de Mais oui c’est ça chantonnait doucement.
En fait, tout ceci était une mise en scène pour un site de rencontre. Les Comment devaient trouver une astuce pour rencontrer les Comme ça, bien cachés derrière la barrière de miroir tranchante. Ils étaient pourtant faits pour s’entendre, mais apparemment pas pour se voir ! Et les Pourquoi se mirent à la recherche frénétique des Parce que. Le couple gagnant aurait la gloire d’avoir fait avancer d’un petit pas le monde vers la sagesse.
Dans le miroir, chacun ne voyait que son propre reflet et seuls les plus imaginatifs subodoraient que derrière le miroir se cachait sa moitié, son âme sœur, son complément.
Du haut de mon rêve, je voyais bien tout ce manège et j’étais tentée de leur montrer le chemin : juste un petit saut, et hop, par-dessus le miroir, il y a vos âmes sœurs. Mais les mots restaient prisonniers, sidérés par le regard acéré et menaçant des A quoi bon.
Tout à coup, un des Pourquoi sautilla et aperçut de l’autre côté une jolie Parce que. Encouragé, il continua son chemin en sautillant pour apercevoir furtivement sa belle. Petit à petit, tous les autres se mirent à l’imiter, tant et si bien que les Comment et les Pourquoi continuèrent leur route en sautillant à qui mieux mieux. De leur côté, les Comme ça et les Parce que firent de même. On vit ainsi tout ce joli mélange sautillant, en route pour le grand mariage en passant par le long long long chemin vers la sérénité, sous le regard bienveillant des quelques Mais oui c’est ça.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
C’en était trop ! De quoi se mêlaient ces pseudo militaires ? Et pour qui se prenaient-ils ?
Ils étaient en train de s’approprier des mots, des expressions de notre belle langue française, avec l’intention manifeste d’en déposséder les écrivains et écrivaillons de toute sorte, qui peinaient à imaginer comment les remplacer.
Et tout ce tapage dérangeait visiblement celles et ceux qui essayaient de se concentrer pour s’exprimer avec parfois du talent, et ne trouvaient plus que des banalités à jeter sur le papier.
Nous, les champions de la plume et du crayon, nous ne perdîmes pas de temps : une réunion au sommet, convoquée en urgence, déclara la guerre à ces usurpateurs, en les défiant de nous donner la définition de leurs nouvelles appellations.
Surpris par la vivacité de notre attaque, et peu habitués à utiliser le Dictionnaire de la langue Française, ces matamores battirent rapidement en retraite et s’avouèrent vaincus.
Qui donc oserait encore mettre en doute « la force des mots » ?
A mon ami Claude qui me demandait si j’avais laissé un commentaire sur la 394ème proposition d’écriture créative, je lui ai répondu que je n’avais pas d’idée.
– A quoi bon écrire quelque chose, si on ne sait pas
comment l’exprimer et pourquoi écrire si l’on est dans
le doute…
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilaient dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Que se passait-il ?
J’appelai mon aide de camp !
Comment se fait-il que des régiments défilent ?
Appelez-moi le Général !
Il pilote un des avions de l’escadrille d’A quoi bon
Appelez-moi le Ministre de l’armée de l’air
Il commande l’escadrille d’A quoi bon
Pourquoi cela ?
Comment voulez-vous que je le sache !
Il faut que j’essaie de tirer çà au clair, à l’aide de la méthode QQOQCCP pourquoi pas !
Mais en refermant la fenêtre je me dis A quoi bon !
Depuis que ma femme m’avait quitté pour le Ministre de l’armée de l’air, en partie à cause de mes pourquoi, comment incessants,j’essayai d’être cool mais mes efforts n’étaient guère couronnés de succès. Rien d’étonnant à cela j’avais fait « Saint-Cyr » puis une carrière militaire plutôt brillante. Et depuis ma retraite ,j’étais obsédé dès mon lever par des pourquoi,des comment, des A quoi bon.
Soudain on fut informé par la radio que des ovnis étaient apparus dans la stratosphère et qu’une escadrille d’A quoi bon était partie les pourchasser.
Peut-être est-ce le Ministre des Armées qui la dirigeait?
Sil pouvait ne pas revenir celui-là !
J’ouvris la fenêtre le régiment de Comment et l’escadron de Pourquoi semblaient avoir déserté.
Tout çà pour çà me dis-je.
Je pris le journal et entrepris de faire les mots croisés : horizontalement le premier mot de 7 lettres à trouver commençait par un P et se terminait par un I …..en écrivant pourquoi j’éclatai de rire…..
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Sur le boulevard, là-bas, les Pourquoi s’interpelaient se demandant pourquoi ceci pourquoi cela, parfois sans même savoir pourquoi. Plus loin, des Comment de toutes sortes, bien alignés, avançaient droit devant eux, fiers, claironnant et trompétant dans un tintamarre un peu cacophonique. On pouvait y voir se côtoyer le simple et convivial Comment Allez-vous et le distingué Comment Osez-Vous, et même le snob Mais Comment-donc. Sur le trottoir un peu hilare, une bande de jeunes Hein, pas très à cheval sur le parler bien, se moquaient ouvertement de tous ces Comment qui défilaient. Un grand Comment les apostropha : « comment, leur hurla-t-il en faisant une horrible grimace, on doit dire comment et pas hein ! ». Les plus vieux des Hein connaissaient bien l’énergumène qui les menaçait : ils le surnommaient par dérision Comment le Barbare !
L’escadron de Pourquoi avançait en ordre dispersé : les Pourquoi Faire hésitaient et ralentissaient l’allure, tandis que les Pourquoi Pas leur suggéraient d’y aller sans se poser plus de question, conseil contre nature quand on est un Pourquoi. L’enfance des Pourquoi est remplie de pourquoi, un leitmotiv, une litanie, qui amuse un temps et qui lasse très vite.
Un groupe de Pourquoi tout excités se précipita vers trois Comment qui brandissaient fièrement une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Remplacer chaque fois qu’il se peut le « pourquoi » par le « comment », c’est faire un grand pas vers la sagesse ».*
Il s’en fallu de peu que les deux groupes n’en viennent aux mains !
C’est probablement l’assourdissant vrombissement des rafales de A Quoi Bon qui stoppa net la querelle qui naissait, comme d’habitude, entre les Comment et les Pourquoi !
En regardant passer tous ces A Quoi Bon qui disparaissaient au loin pour ne plus revenir, une phrase lue quelques jours avant me revint tristement en mémoire : « Les choses qu’on a une fois quittées, à quoi bon leur garder son cœur »**, mais je ne parvins pas à me souvenir de l’auteur…
Soudain, figeant sur place les cohortes de Comment et de Pourquoi qui se mélangeaient sans savoir ni comment ni pourquoi, une voix de stentor retentit et cria : « Parce que !! »
Assis au milieu de mon lit, les yeux écarquillés, je sortis de mon cauchemar en hurlant.
J’avais 18 ans, j’étais en terminale : demain je passais l’épreuve de philo !!!
* André Gide
** Paul Claudel
POURQUOI n’as-tu pas apporté de réponse à ma question
COMMENT as-tu osé me faire cela
Oh ! Et puis à QUOI BON te reprocher tout ça
DIS-MOI MAMMY
comment je suis arrivée sur Terre
Pourquoi je suis là
Comment se fait-il que j’existe
Hein ???
Je te le dirais quand tu seras grande
Aacchh ! Ce petit S de la 1ère personne du verbe DIRE au conditionnel qui a bouffé à lui tout seul la confiance que j’avais en les adultes
Ton laconisme insupportable
Ton manque de tact flagrant
Et pis d’abord, c’est QUOI
être grande
C’est QUOI
cette réponse de merde
J’en fais QUOI moi de ça
COMMENT ça se fait que tu comprends PAS que c’est maintenant et tout de suite que j’ai besoin d’une réponse pour comprendre
À quoi bon te demander
À quoi bon oser te poser MA question
À quoi bon titiller tes tabous
À quoi bon chercher à savoir
À quoi bon chercher à comprendre
Mais, sache ma chère Grand Mère, que je suis une enfant tenace
Que je ne lâche rien
Qu’il se trouve
Que je ne n’ai rien lâché
ET QUE
EN FAIT TU VOIS
Et beîn et beîn
À cause de toi et Grâce à toi j’ai appris à réfléchir
Tant et si bien que
j’ai pigé
Toute seule
COMME une grande
AVANT de devenir grande
Sache que j’ai trouvé la réponse
Et pis tu vois- et là j’me venge un max – j’te le dirai pas
Na
Tu l’as carrément dans le baba tu vois
Fallait pas me laisser toute seule comme ça avec une telle demande
en t’esquivant lâchement à l’aide d’une désinvolte pirouette à la con et m’envoyer comme ça dans l’inconnu du futur sans une miette de compassion envers mon ignorance
Là t’as merdé
T’as même failli foutre ma vie en l’air
Enfin … mes quelques jeunes années en l’air …
T’as réussi à agrandir le mystère encore plus
À m’enfoncer encore plus dans l’obscurité de ma non- compréhension
À faire que je me suis barricadée encore plus dans ma solitude
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre.Un régiment de Comment,précédé d’un escadron de Pourquoi,défilait dans la rue.
Tout à coup,une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel.
J’étais outré.
Comment! je n’avais pas été prévenu de ce déploiement d’expressions par ma hiérarchie?
Etait ce la guerre,un simple défilé,une insurrection?
Peu importe,l’inacceptable était que moi,colonel Dorénavant,bien qu’à la retraite,ait été tenu à l’écart.
Je montais derechef sous les combles afin de réveiller mon ordonnance,le lieutenant Peut être bien.
« Appellez sans plus tarder l’Etat Major,quelque chose se trame dont nous sommes exclus
– Le QG du capitaine Désormais?
– Bien sùr,qui d’autre
Il composa le numéro:
– Ici Peut être bien,je vous appelle de la part du colonel Dorénavant,passez moi l’officier de service…..il n’est pas là! Un supérieur alors….il n’y en pas….ils sont tous dans la rue,ce n’est pas possible
Mon colonel demande ce qui se passe…..vous ne pouvez m’en dire plus,c’est un comble……Très bien nous en référerons au général A partir de maintenant,au ministère. »
Il raccrocha brutalement.
J’étais prostré dans un fauteuil,anéanti par ce que je venais d’entendre.
Mon ordonnance attendait mes ordres face à un tel camouflet.
Je restais un moment silencieux,mais ne restais pas longtemps à réfléchir.Mon temps était venu,je devais rendre les armes accepter la défaite. Aussi douloureux que cela fut.
« Il n’y a rien à faire mon bon Peut être bien,les carottes sont cuites et nos carrières terminées.Nous sommes relégués au rang de vieilles badernes dont personne ne se soucie.
Sauvons au moins la face. »
Nous revétimes nos uniformes.
Notre Bécherel sous le bras allâmes sur le balcon,saluâmes martialement la troupe en criant,le coeur serré » Vive notre belle langue française! »
L’armée continuât à défiler sans nous accorder un regard.
Saperlipopette.
….. »J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. »
La pièce était éclairée par l’unique lampe de bureau révélant une couche de poussières stagnant sur les étagères de métal. La table, aux dimensions impressionnantes, était recouverte de cuir noir, laissant apparaître quatre coins de bois patiné.
Ils étaient assis face à face et le contraste était saisissant.
L’un, au teint rougeaud et à la mine patibulaire, l’autre au teint délicat, aux yeux d’acier et au sourire d’ange.
L’ogre face à sa proie.
Le silence pesait sur tout. Sur les mains moites et inertes, sur le clavier silencieux, sur l’imprimante affamée…et même sur le corps frêle d’une mouche aux ailes irisées qui s’envola illico presto.
– Et alors ?
– Alors ? J’ai bondi de mon lit…
– Ah, parce que vous avez un lit, grogna l’ogre.
– Euh, oui, j’ai un lit….susurra la proie.
– Soit, vous avez bondi de votre lit et ?
– Si vous m’interrompez continuellement, je ne parviendrai jamais à la fin de ….
– Bon, allez-y, grogna l’ogre en déposant ses mains velues sur son ventre.
– Alors, voilà. J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un….
– Pas possible, s’écria l’ogre de service, pas possible d’accéder à la fenêtre… !!!
– Comment ça, pas possible ! Si je vous le dis, si je vous l’affirme, si je vous le jure, c’est que c’est possible. Bon sang, comment est-ce possible qu’un homme aussi …
La proie se tut, cherchant ses mots pour ne pas froisser le malabar.
Comment faire le portrait de cet homme ? Comment décrire cet esprit borné ? Comment décrire ce physique ingrat ? Comment décrire cet être sans émotions ?
La proie, en l’occurrence, le jeunot, renonça.
L’ogre toussota et reprit :
– Donc, vous avez bondi de votre « lit » et vous vous êtes précipité à la « fenêtre »…
– Exactement. D’ailleurs, je ne pourrais vous contredire, puisque vous reprenez mes mots. Quoique…c’est pas et mais c’est pour….
– Comment ça, c’est pas et mais c’est pour ?
– J’ai dit, deux points, ouvrez les guillemets : J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Fermez les guillemets.
– Soit, grogna le rougeaud en fouraillant dans sa tignasse hirsute, poivre et sel. Allez-y !
– Comment voulez vous que j’y aille ?
– Comment, comment, mais vous commencez à me casser les…
Le régiment de comment s’apprêtait à défoncer le torse du gamin. C’est alors qu’une petite voix chanta dans la tête du mastodonte, lui rappelant que le self-contrôle est une des compétences capitales de la profession.
Un sourire mielleux gondola les traits de l’ogre.
En réponse, le jeunot prit un virage à cent-quatre-vingt degrés. Un virage comme celui de la rue sous sa fenêtre.
– Je m’excuse de vous demander pardon, mais pourquoi me parlez-vous sur ce ton ? Se risqua le blanc-bec ?
– Pourquoi ? Pourquoi s’étouffa l’ogre. Pourquoi ? Mais parce que j’ai le droit !
– Et pourquoi avez-vous le droit ?
– Parce que c’est légitime. J’ai la loi avec moi !
– Et pourquoi la loi ne serait rien qu’avec vous ?
– Et pourquoi pas ? rétorqua le mastodonte.
– Et pourquoi cette réponse de Jésuite, le nargua le petit jeune.
– Et pourquoi invoquer les Jésuites alors que nous sommes dans ….
L’escadron de pourquoi s’apprêtait à finir sa course sous forme d’un atterrissage musclé sur le crâne du….C’est alors qu’une petite voix chanta….Calmos, calmos…et que l’imprévisible se produit.
Le décor se désagrégea. Sa vision se troubla, son audition faiblit et une douce torpeur s’empara de l’homme qui se disait homme de loi, sûr de son bon droit, investi d’une mission sacrée ….
Un doux frisson parcourut son corps taillé à la masse.
– À quoi bon lutter, songea-t-il, en se focalisant sur ce bien-être subit . À quoi bon lutter ? Tous les éléments plaident en ma faveur. À quoi bon lutter ? Les dés ne sont-ils pas jetés ?
Il patienta quelques minutes, savourant ces instants délicieux. La chaleur, la douce lumière…
Un léger grattement le fit sursauter.
Il bondit de son lit pour se précipiter à la fenêtre.
Deux tourterelles roucoulaient sur la balustrade.
L’homme, qui s’était pris pour un bougre d’enquêteur, le temps d’un cauchemar, se dirigea vers sa table de travail en murmurant :
– Je les aurai, je les aurai cette fois ! Ils ne s’en sortiront pas…
Il enfonça la touche du magnétophone et d’une voix tranquille, il dicta: « J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. »
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel. Un vacarme me réveilla brusquement. Où en étais-je ? Récapitulons depuis le début.
Je réalisai que c’était répétition et que tout le monde devait suivre le mouvement. J’étais inclus dedans et je n’étais pas prêt. Il était trop tard pour que je me préoccupe de ce qu’il s’était produit la veille. Je ne me souvenais plus : « Qu’avait-on arrosé ? » Trop tard pour le rejoindre. Que faire ? Je devais improviser.
Je suivis le cortège des yeux. »Intéressant ! me dis-je ! » Je voyais des pantins multicolores, des jongleurs, des clowns et des jolies filles bien maquillées sur les chars. Un ballon circulait parmi ces personnages. A chaque passe, un coup de sifflet. Les boum boum de la grosse caisse rythmaient la samba. Ce n’était pourtant pas jour de carnaval. Ce n’était pas non plus la fête de la musique. Que fêtait l’équipe en ce jour ? Sur le calendrier de la banque, on avait retiré tous les saints, je ne pensais pas pêcher d’indices de ce côté. Quelle mouche les piquait ? Serait-ce la fête des pères qui les anime à ce point ? Je me perdais en conjectures. En attendant de trouver le Pourquoi, pourquoi pas me livrer à une petite enquête !
J’observai à la jumelle. Mon copain Jo distribuait les cartes. Un drôle de poker les intéressait. Ils avaient l’habitude en roulant. Ils n’étaient pas troublés par les badauds ni par le roulis du véhicule. Ils ne devaient pas jouer pour de vrai. Ils avaient changé le déroulement de ce qu’on avait mis au point. J’essayai de décrypter ce qu’ils avaient écrit sur leurs cartes. Mais trop loin, trop de mouvements. Rien à faire ! Au cul du char était inscrit : « Pourquoi avons-nous perdu ? »
On s’était pourtant bien préparé. Comment faire ? Etait-ce une procession de questions revendicatives du syndicat CQFD de l’usine de cartes postales qui avaient inventé un procédé de colorisation révolutionnaire. Peut-être n’étaient-ils plus assez payés ? Je me posais vraiment toutes les questions imaginables et je n’avais pas les réponses. Dans tous les cas, ils avaient l’inventivité fertile. L’amusement avait pris le pas sur le sérieux des plaintes habituelles. C’était plutôt réconfortant. Le dialogue social évoluait. C’était bon signe. A l’arrière du char, ils avaient inscrit : « Comment faire pour les battre ? »
C’est quand l’escadrille des ULM nous fracassa les tympans que je commençais à comprendre. Est-ce qu’ils fêtaient une victoire ? Mais non, puisque l’un d’eux tirait une banderole : « Rien ne va plus depuis une dizaine d’années ! »
A la queue leu leu, les bourdons mécaniques ne badinaient pas. Ils exprimaient tout haut ce que je pensais tout bas :
« Ils monopolisent le ballon. »
« Ils savent retourner la viande. »
« Pour gagner, il faut mettre plus de points qu’eux. »
» Comme ils sont meilleurs, ils ont toujours le bénéfice du doute. »
Le dernier de la liste était le plus défaitiste :
« A quoi bon résister puisque les Blacks sont toujours les meilleurs.
Mais en fin de parcours, un petit roitelet nous disait que cette défaite ressemble à une demi-victoire ! On sent bien que le renouveau est proche !
J’ai bondi de mon lit
Comme je vous le dis
Attirée par le bruit
Qui montait de la rue
Et qu’ai-je vu ?
De drôles d’individus
Qui poussaient de drôles de cris
Plus ou moins aigus
J’ai tendu l’oreille
Mais que disaient-ils
Au milieu de la ville ?
« C’est quoi le pourquoi du comment ?
A quoi bon le comment
Si on ne sait pas pourquoi ?
Qui se cache derrière le quoi ?
Quoi faire si on ne sait pas comment ?
Que répondre A quoi bon ?
Etc… »
Et en criant tout ça
Ils brandissaient, à bout de bras,
Des points d’interrogation
Fidèles compagnons de toutes ces questions
Qui restaient sans solutions
La foule était en colère
Comme un grondement sortant de terre
Impossible de les faire taire
Ils n’avaient qu’une mission
Trouver des explications
A des questions qui n’en ont pas…
Alors je n’ai pas eu d’autre choix
Que de fermer la fenêtre
Et de retourner au lit
Sans plus me préoccuper du sens de la vie
Pour ne pas sombrer dans la folie.
« – J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. Oh maman, si tu savais à quel point c’était angoissant ! Après ces expressions ridicules j’ai eu le droit à toutes les citations apprises cette année ! Elles avaient perdu leurs auteurs et impossible pour moi de leur attribuer le bon ! L’horreur !
Et cela a continué comme ça une bonne partie de la nuit. A chaque fois que je me rendormais après m’être réveillée haletante à cause de toutes ces révoltes d’expressions toutes faites, je retombais dans les affres et la douleur de la rédaction de ma disserte de philo !
Non là ça ne va vraiment pas, je me réveille épuisée alors que l’épreuve n’a même pas commencé ! »
« -N’aies crainte ma fille ! Et respire ! Fais-toi confiance, tous ces mots révoltés ces hordes debout sauront se ranger et retrouver le droit chemin de ta réflexion. Ils sortiront bien alignés comme il se doit, en suivant l’ordre que tu leur donneras. Ils couleront de ta mine de crayon comme un long fleuve tranquille. Ils ne se heurteront plus mais s’emmêleront habilement,de façon cohérente pour délivrer tes pensées construites et cohérentes. Tout se passera bien ma fille. Chaque chose en son temps, profite du temps qui passe et vis le plus sereinement possible le moment présent.
Nom de Dieu ! Le réveil qui n’a pas sonné. Je bondis de mon lit et me précipite à la fenêtre.
Ils sont déjà là en bas, qui défilent en direction du stade.
L’équipe des COMMENT, précédée de celle des POURQUOI.
Et l’arbitre du match, c’est moi, j’ai intérêt à me grouiller. J’ai de l’appréhension. Je sens que ce match « ça va saigner.»
Les POURQUOI sont des tueurs. Si les COMMENT ont le malheur de marquer les premiers alors que l’on demande toujours pourquoi avant de demander comment, ces derniers vont sortir leur fureur assassine.
Et les COMMENT, ils en ont plus que marre de toujours être les seconds. Ce coup-ci ils ont juré qu’ils n’allaient pas se laisser faire, ils seront les premiers à n’importe quel prix. Têtus et peur de rien.
Et en effet, ça fait mal, vraiment mal, très très mal !
Quand un POURQUOI reçoit un COMMENT en pleine figure et qu’un COMMENT massacre le tibia d’un POURQUOI, on peut craindre le pire et en effet ça tourne mal.
Mêlée générale, coups de coude, de pied, de tête, de poing, doigt dans l’œil, morsure, croc-en-jambe, cramponnade, piétinement, crachat, pinçon…
Je mets un carton jaune à un COMMENT, il me demande POURQUOI ? Je lui réponds : parce que.
Et puis je siffle un penalty à un POURQUOI et il me dit mais COMMENT ? je lui réponds : comme ça.
Et finalement zéro à zéro en fin de match.
Pour mettre tout le monde d’accord, j’appelle le capitaine des POURQUOI et je lui dis :
– Toi, le jour où on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner.
Pour les COMMENT c’est le gardien de but que j’apostrophe et je lui dis :
– Toi, quand les cons voleront tu seras chef d’escadrille.
C’est alors que les nuages s’éventrent en un tremblement de ciel fracassant.
La patrouille de France qui, d’en haut, a tout entendu tant la radiotechnicité de ses Rafales est pointue, dessine dans le ciel, et je le prends pour moi :
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Le vrombissement de tous ces appareils était épouvantable.
J’entendais aussi les explosions des bombes, d’abord lointaines, puis de plus en plus proches, des rafales de mitrailleuse, et des cris.
Et puis une lumière éblouissante et une secousse plus violente que les autres me firent sursauter.
— Qu’est-ce que tu fous encore au lit à cette heure-ci ? Je n’ai même pas réussi à te réveiller en passant l’aspirateur ! Debout, fainéant ! T’as vu l’heure ?
Aucun doute, c’est la voix de ma femme.
Je me souviens maintenant. J’avais fêté dignement la victoire de l’équipe de foot avec les copains, et je suis rentré assez tard, aussi discrètement que possible, de façon à ne pas réveiller ma femme qui dormait.
— Euh ? Excuse-moi, ma chérie, je…
— Dépêche-toi ! Maman arrive à 13 heures ! Je ne voudrais pas qu’elle te voit dans cette tenue.
— Et moi, je voudrais ne pas la voir du tout.
— Je sais. Tu me l’as déjà dit. N’oublie pas que la maison est à elle. Habille-toi en vitesse, et essaie de ne pas lui raconter trop de conneries..
— Bien ma chérie.
Non seulement ça rime, mais en plus elle a raison, comme toutes les femmes et surtout sa mère.
Il faut éviter à tout prix de la contrarier, je sais.
À tout prix, ou plus exactement à celui du loyer qu’on économise grâce à elle à condition de la subir tous les dimanches.
Peut-être qu’un peu d’eau fraîche sur ma tronche qui l’est un peu moins me rendrait plus optimiste.
Alors, à l’eau mon pote !
Comme s’il avait deviné ma pensée, le téléphone sonne à ce moment précis. Je décroche.
— Allô ?
C’est la belle-mère.
— Ah ! bon ! Il y a une grève du R.E.R. ! C’est très embêtant !… Pardon ? En taxi ? Avec un quart d’heure d’avance ! Hou ! Là ! J’ai bien peur que ma femme ne soit pas tout à fait prête ! Vous voulez que je vous la passe ?…. Pardon ?… Vous avez raison, je risque de la retarder encore plus. À tout de suite !
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Il me reste exactement cinq minutes pour me laver, me raser et m’habiller !
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Refluant vers la grande avenue baignée de soleil, la marée humaine avait envahi les trottoirs, galvanisée par cet élan patriotique communicatif. Puis ce fut la prestigieuse école des Plaît-il, suivie par le régiment des Par quel moyen, reconnaissables entre tous à leur marche chaloupée. Les jeunes recrues des De quelle façon avaient fière allure, arborant l’étendard. Des bravos jaillissaient, çà et là, repris en écho. Au passage des Pardon, qui ont toujours la cote, ce fut un tonnerre d’applaudissements. La compagnie des Quoi fit son apparition au coin du boulevard, suivie par l’unité des Parce que. Au pas cadencé, les Puisque fermaient glorieusement la marche.
On s’est dit que cette fois encore, ç’avait été une belle commémoration comme on les aime. Et le parterre, conquis à la cause soldatesque, s’en alla joyeusement fêter ça à la buvette en scandant l’hymne national.
🐀 LA SAINT QUESTIONS.
Après avoir fêté en silence et en famille les fêtes des mères, pères et grand-mères qui avaient déjà succédé à celles de la femme, du travail et de la musique, aujourd’hui c’est la Saint Questions. En procession elles fusent comme des torpilles. Les ‘Aquoibon’ et ‘Aquoiçar’semble’ pointent leur doigt en direction des ‘Comment’ qui défilent les poings sur les hanches. En rang serré par deux les ‘Commentçava’ interrogent les ‘ Commentças’fait’ assez interloqués qu’on leur demande des nouvelles de leur santé. Désorientés, ils cherchent appui auprès des suivants. Ils sont drôles les suivants! ils remuent leur main et agitent leur index répétant indéfiniment des pourquoi. À la suite de tergiversations les ‘Pourquoi’ se sont divisés : les plus inquiets en ‘ Maispourqoidonc’ les plus mécontents en ‘Jem’demandebienPourqoi’. Ceux-la ne sont pas faciles et dans la file ils ‘récalcitrent’ bruyamment et se sont rapprochés des ‘Aqoiçar’semble’. Ils ont décidé qu’ensemble ils allaient créer l’association des Pères-cutants.
Les ‘ Aquoibon ‘et les ‘ Commentças’fait’ se réuniront une fois par semaine au café des Désabusés.
Si ce défilé fit beaucoup de bruit on apprit récemment l’union d’une demoiselle ‘ Commentçava ‘ avec le jeune Pourquoi.
Enfin une nouvelle famille optimiste : les Pourquoiçavabien. 🐀
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre.
Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Des écriteaux bariolés de couleurs s’étalaient par milliers,
Une horde sauvage dévalait la rue, hommes, femmes, enfants, chiens et chats …
J’aperçus même une autruche qui déambulait trainant à sa suite une banderole fluorescente
Que se passait-il ? Une révolution, une météorite allait s’écraser sur terre, la France venait de perdre sa qualification pour le mondial ?
Des revendications insolites s’affichaient aux frontons des étendards :
Comment fait-on une mayonnaise ? Pourquoi les poules pondent des œufs ? Comment fait-on les bébés ? Pourquoi la lune est ronde ?
Des milliers de questions toutes plus farfelues les unes que les autres…
Il y eut même un escadron de drone qui survola la foule emportant à sa suite une énorme Banderole sur laquelle était inscrit : Pourquoi les magnums au chocolat coutent plus chers que les cornettos à la vanille ?
Le peuple avait-il perdu la raison ? A force de se gaver d’internet, les hommes étaient devenus fous ? L’abondance d’informations inconséquentes avait inoculé au plus profond des cerveaux une surchauffe des neurones … on ne cherchait plus un modèle social, une nouvelle façon de vivre ensemble, on demandait avec quels ingrédients on faisait la mayonnaise ?
Les têtes étaient sevrées. Big Brother avait réussi ! Le monde d’un bout à l’autre de la planète avait été modélisé.
Et puis il eut un claquement, des cris, la foule se mit à courir…
Encore des tirs, encore des cris… les banderoles tombaient au sol comme des fleurs fanées ;
Un homme se présenta à la fenêtre, hagard, l’œil rouge sang, un filet de bave s’épanchait au bord de ses lèvres, il hurlait : mais qui a coupé Internet ?
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Dans la foule quelques Quidam applaudirent. Des Quoique restèrent indifférents tandis que d’autres Non-non-non sifflèrent leur rébellion.
Une brigade de Je-ne-sais-quoi entamèrent une marche rythmée au son de l’hymne national joué par une fanfare de Nec-plus-ultra. Les hélicoptères des Toujours-plus descendirent l’avenue en ras de foule dans un vrombissement assourdissant. L’air était devenu compact, les spectateurs, beaucoup de Malgré-tout et quelques Malgré-eux, reluquaient une possible échappatoire, d’un air inquiet.
Un tonnerre de fusillades provoqua la panique. Les barrières n’arrivèrent pas à contenir la peur qui saisit le public. Des hauts parleurs hurlèrent des consignes de calme, affirmant qu’il s’agissait d’un test pour faire comme si. Trop tard. On comptait déjà plusieurs victimes et de nombreux blessés. On commenta quelques heures le souvenir tragique de la fête des Tous-unis-ensemble. Du côté des politiques le drame entraîna un Vade-retro sensible, quelques ministres proposèrent de démissionner. On trouva parmi les C’est-pourquoi quelques responsables qui furent limogés.
Un quarteron de Pourquoi-ça osa une critique venimeuse de toute la logistique de l’événement. Ils quittèrent précipitamment le pays pour chercher asile sous d’autres cieux. Et puis tout s’oublia. Le calme revint vite au pays des Tout-compte-fait.
– Dis, Mamie ! Pourquoi y a tout plein de joujoux et des petits lits dans cette chambre ?
– Eh ben, ce sont ceux de mes enfants.
– Dis, Mamie ! Pourquoi y sont pas là tes enfants ?
– Mais, c’est parce qu’ils sont mariés.
– Ah bon ! Pourquoi je les connais pas ?
– Tu ne sais pas que mes enfants sont ton papa et tonton Titi ?
– Mais comment ? J’y comprends rien. Mon papa et tonton sont pas des petits enfants.
– Eh bien ! Comment t’expliquer ? Je n’ai pas toujours été vieille tu sais. J’ai été un petit bébé, puis une petite fille et ensuite je me suis mariée avec Papy.
– Ah ! Ça y est, j’ai compris. T’as grandi.
– Comme toi ma puce.
– Comment qu’on fait pour grandir ?
– En mangeant les bonnes choses que ta maman te prépare.
– Même les épinards, alors ?
– Eh oui ! Il faut manger de tout pour bien grandir.
– Dis, Mamie ! Pourquoi les épinards y sont verts. J’aime pas cette couleur.
– Parce que ce sont des plantes.
– Comment ça se fait qu’on mange des plantes ?
– Certaines plantes sont des légumes et il faut manger de tout pour être en bonne santé.
« Pourvu qu’elle n’aille pas manger mes plantes vertes ! »
– Dis, Mamie ! Comment t’as fait pour rencontrer Papy ?
– On s’est rencontrés à la patinoire, nous sommes tombés amoureux, puis on s’est mariés et ensuite nous avons eu tonton et ton papa.
« Pourvu qu’elle ne me demande pas comment on fait les bébés »
– Ah, ça y est j’ai compris ! C’est comme dans les histoires que tu me lis. Alors, moi, quand je serai grande, comme métier je veux faire… attends, je réfléchis… chais pas comment on dit. Ça y est, je sais ! Je veux faire : patinette.
***
À quoi bon cette histoire ? Tout simplement pour souhaiter une Bonne fête à tous les papas !
Je me frottai les yeux. Je ne rêvais pas : des P. habillés couleur prune et revêtus de pancartes façon hommes-sandwichs portaient, inscrits sur eux tous leurs regrets : certains n’avaient pas poursuivi leurs études, avaient vendu la ferme de leurs parents, s’étaient fâchés à mort avec leur meilleur ami. D’autres n’avaient pas eu le bon chiffre, n’avaient pas écrit la bonne lettre, n’avaient jamais rencontré la femme de leur vie.
Je me demandais justement : comment peut-on étaler ainsi ses regrets au grand jour, lorsqu’un régiment de C., tous vêtus couleur carmin, débouchait au coin de la rue. Leurs pancartes posaient au public qui commençait à s’agglutiner sur le trottoir, un tas de questions : comment se fait-il ? pouvait-on lire ou bien : comment est-ce possible ? plus loin encore : comment faire pour bien faire ? Je me grattais la tête, ces questions m’interpellaient.
J’en étais là à me demander le comment du pourquoi, ou plutôt le pourquoi du comment, quand un bruit assourdissant me fit lever les yeux au ciel. Une escadrille de petits avions traînant chacun une banderole, volant bas, rasant les toits des maisons avoisinantes, remontait l’avenue. Je me tordais le cou pour mieux lire, je ne voulais pas en perdre une miette. Sur ces banderoles, couleur amarante ou bleu roi se lisait la désespérance. Les badauds levaient la tête, se bousculant, pour mieux déchiffrer. Constats d’échecs, espoirs déçus, vies ratées se devinaient dans ces A quoi Bon parsemant le ciel.
Bientôt le tintamarre qui m’avait tiré de mon lit s’estompa, mais ma tête résonnait encore de toutes ces questions qui se bousculaient et auxquelles je ne pouvais apporter de réponses. Ma vie à moi me satisfaisait pleinement : j’avais osé, tenté, joué…gagné ! Sur ce constat je refermai la fenêtre et me glissai, avec volupté, dans mes draps blancs tout frais.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. Le général Gainsbar chef de cet escadron d’aquoibonistes qui n’ont pas besoin d’oculiste pour voir la merde du monde largua sur la foule son flot démobilisant. Décontenancés, les Comment qui ne savaient plus où déposer leurs fiantes se tournèrent vers les Pourquoi tétanisés. Où, comment, pourquoi ? Ici ? Pourquoi ici ? Et pourquoi pas ?… Un cloaque à ciel ouvert répandit ses relents nauséabonds jusqu’a la croisée des chemins où arrivait une flottille de Car (grand tourisme) et de Parce que armés jusqu’aux dents de démonstratifs imparables, véritables panacées de mots pour maux internationaux. C’est alors que les rues de la ville retentirent de choeurs à l’unisson. Flasmob à chaque coin de rue. Mieux qu’une fête de la musique ! Alors j’ai fermé ma fenêtre et je suis descendue chanter avec eux : 🎼I it is not because you are, I love you, because I do… 🎤 C’est pas parc’que you are me, qu’I am you, qu’I am youououou !
Dans le grand cortège des adverbes
Lentement traine les pieds
Incognito se fait discret
Ensemble marche au pas
Environ escorte l’à peu près
Presque clopine en cadence
Debout se tient au garde à vous
Bientôt attend le commandement
Autour balance ses bras
Soudain regarde droit devant
Partout reste aligné
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’une section de Pourquoi défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel.
Une colonne de chars, des Pourquoi pas, déboula dans l’avenue. Un bataillon de casques emplumés envahit la chaussée. C’était des Quand faut y aller faut y aller, encore plus bruyants que les autres enfants de la troupe.
L’armada stoppa net sous mon balcon. La fanfare des La faute à qui entama un hymne martial.
Puis le chef de char se leva de son siège et amorça un discours en mon honneur. J’étais désigné maréchal des combattants du quartier sud. On me réclamait en habit chamarré, avec toutes les médailles chèrement acquises sur le front de la coalition des Foutez nous la paix.
Au loin, une escouade de Crève la peur claquait des dents en mesure. Les Non pas nous se réfugiaient dans les bistrots, distillaient leur Et pourquoi toujours les mêmes dans un mauvais mélange de bière de sapin.
C’est à cet instant que je me réveillais totalement. Je n’avais pas mesuré les effets matinaux de la nouvelle benzodiazépine proposée par le médecin. C’était un hypnotique, un comprimé pelliculé sécable que j’avais avalé entier après en avoir extrait la poudre pour un effet plus immédiat.
J’avais traversé des légions de sombres nuages, croisé des phalanges de mains tendues, évité par deux fois le peloton des mouches tsé tsé. Ma première nuit de sommeil depuis 15 jours avait été agité par de furieuses compagnies, des escadrons de mort et de survie.
Dans la toujours surprenante réalité, nous n’étions qu’un beau dimanche d’été et le joyeux carnaval déroulait sa triste débandade.
Mes exercices sont des accélérateurs de particules imaginatives. Ils excitent l'inventivité et donnent l’occasion d’effectuer un sprint mental. Profitez-en pour pratiquer une écriture indisciplinée.
Ces échauffements très créatifs vous préparent à toutes sortes de marathons : écrire des fictions : nouvelles, romans, séries, etc.
Comment, pourquoi, à quoi bon !
« J’ai bondi aujourd’hui pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel. » proposition d’écriture de Pascal Perrat.
Il pleut averse partout, dehors, dans ma chambre et dans ma tête Dur, dur, aujourd’hui de sortir du lit avec ce régiment de questions dans le ciboulot !
Comment je vais faire pour avaler ma journée qui s’annonce marathonienne ?
Sur ce, je me rendors c’est si bon, mais, ça ne dure pas longtemps.
Manu- militari, une fanfare méningée entraîne un défilé de comment à m’en faire péter Les neurones :
J’ai un RV pour un entretien d’embauche à dix heures trente et, il est déjà sept heures. Il faut que je lève les enfants, habillage, petit déj, conduite olympienne à l’école et tutti quanti, tout ça avant que je m’occupe enfin de moi.
Résignée, je m’extirpe de mon plumard moelleux et ouvre en grand les fenêtres, comme à l’accoutumée.
Et tous ces comment montés de la rue qui défilent par cette brèche céleste. Une fenêtre ouverte sur firmament ça sert souvent à rêvasser, mais la mienne troublée par tous ces points d’interrogations tonitruants, me laisse sans voix.
Je me penche sur le balcon et, sur mon trottoir, je scrute le passage des boueux, point de repère de mon emploi du temps quotidien. Comment ? Ils sont déjà passés ? Mais mon réveil est en retard ! Non d’un chien ! Comment se fait-il ? Je vérifie sur le champ. Bien-sûr, l’alarme m’a fait faux bond ! Il est en réalité sept heures trente et trente minutes c’est important pour la suite du programme.
Je m’empresse en courant de réveiller les gosses en les bousculant un peu, pas le choix ! J’entends alors la voix empâtée d’Amandine (ma fille la plus lente) me dire en grommelant :
– Maman !! Comment je vais faire ? Il me reste qu’une demi-heure !!!
– Eh bien ma chérie, pour une fois, tu mettras le turbot !
– Maman !! Crie Eléonore mon autre fille, viens, j’peux pas me coiffer !
De la rue, monte soudain un flot de voix humaines comme un bourdonnement d’abeilles travailleuses hors du nid. Mais comment font-ils tous ces gens qui courent à longueur de journée ? Et comment fait ma voisine de palier avec ses cinq enfants, son boulot, son mari macho ? No comment ! No comment !
Pas le temps, je m‘occupe de la tignasse d’Eléonore, un vrai nid d’aigle à démêler et à maîtriser. Vite, les bols, les toasts à griller, le lait, le chocolat et hop ! Chacune y mettra du sien et les comment de remballer leur fanfare ! Je bouscule Amandine qui me pose une question à propos de son copain de maternelle :
– Léo, va avoir un petit frère, dit maman, comment on fait les bébés ?
– Plus tard, plus tard ma chérie, allez mange, tu vas être en retard !
Et encore de rétorquer ;
– Comment on grandit ?
– En mangeant mon cœur, en mangeant !
A question impromptue, réponse logique et efficace et, comme c’est bientôt Noël ça continue :
– Comment il va faire le Père Noël pour venir chez nous, on a pas de cheminée !
C’est qu’elle pense trop la curieuse, pas le temps de répondre, tandis que sa sœur ponctuelle et silencieuse nous attend déjà sur le palier. Je prends la voiture, plus facile, pour se rendre à l’école, mais ce matin quel trafic !
Ouf ! De retour, pas le temps d’attendre l’ascenseur, j’avale par l’escalier mes trois étages quatre à quatre, toute à la pensée de ce fichu RV. Ce job, je dois à tout prix le décrocher, mais, comment m’y prendre ? Je récapitule dans ma tête comme une élève studieuse tous les points importants de persuasion. L’aiguille tourne à plein flot, vite, un maquillage pour un look discret, me voilà donc dans la rue !
Paf ! Un papillon sur mon pare-brise ! Ploc ! un pigeon s’oublie sur ma tête ! Crac ! Boum ! un conducteur nerveux me demande de dégager mon « tank » manu militari !
Pourquoi ces conducteurs escargots devant moi ? Je boue, trépigne entre frein, débrayage et accélérateur, bien-sûr, je le pressentais, je suis très en retard !!!
Pourquoi à moi, toutes ces embûches du jour ? Pourquoi je suis en panne de carburant ? Pourquoi je vais rater mon poste ?
Un vrombissement dans mes neurones, puis un curieux lâcher prise :
– A quoi bon se presser, ce matin je ne serai pas choisie !
– A quoi bon se stresser ?
– A quoi bon travailler ?
Je rentre illico chez moi et me réconforte dans un sommeil récupérateur qui efface enfin tout questionnement culpabilisant.
Elle n’est pas belle la vie ?
Colette Seigue
Amaryllis, 5 juillet 2018
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’à quoi bon déchira le ciel… érigeant à côté du défilé une barrière infranchissable, tranchante comme un miroir brisé.
C’est alors que, de l’autre côté du miroir s’avança une troupe échevelée de Comme ça, suivie d’une joyeuse escadrille de parce que.
Tout au bout, un tout petit groupe de Mais oui c’est ça chantonnait doucement.
En fait, tout ceci était une mise en scène pour un site de rencontre. Les Comment devaient trouver une astuce pour rencontrer les Comme ça, bien cachés derrière la barrière de miroir tranchante. Ils étaient pourtant faits pour s’entendre, mais apparemment pas pour se voir ! Et les Pourquoi se mirent à la recherche frénétique des Parce que. Le couple gagnant aurait la gloire d’avoir fait avancer d’un petit pas le monde vers la sagesse.
Dans le miroir, chacun ne voyait que son propre reflet et seuls les plus imaginatifs subodoraient que derrière le miroir se cachait sa moitié, son âme sœur, son complément.
Du haut de mon rêve, je voyais bien tout ce manège et j’étais tentée de leur montrer le chemin : juste un petit saut, et hop, par-dessus le miroir, il y a vos âmes sœurs. Mais les mots restaient prisonniers, sidérés par le regard acéré et menaçant des A quoi bon.
Tout à coup, un des Pourquoi sautilla et aperçut de l’autre côté une jolie Parce que. Encouragé, il continua son chemin en sautillant pour apercevoir furtivement sa belle. Petit à petit, tous les autres se mirent à l’imiter, tant et si bien que les Comment et les Pourquoi continuèrent leur route en sautillant à qui mieux mieux. De leur côté, les Comme ça et les Parce que firent de même. On vit ainsi tout ce joli mélange sautillant, en route pour le grand mariage en passant par le long long long chemin vers la sérénité, sous le regard bienveillant des quelques Mais oui c’est ça.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
C’en était trop ! De quoi se mêlaient ces pseudo militaires ? Et pour qui se prenaient-ils ?
Ils étaient en train de s’approprier des mots, des expressions de notre belle langue française, avec l’intention manifeste d’en déposséder les écrivains et écrivaillons de toute sorte, qui peinaient à imaginer comment les remplacer.
Et tout ce tapage dérangeait visiblement celles et ceux qui essayaient de se concentrer pour s’exprimer avec parfois du talent, et ne trouvaient plus que des banalités à jeter sur le papier.
Nous, les champions de la plume et du crayon, nous ne perdîmes pas de temps : une réunion au sommet, convoquée en urgence, déclara la guerre à ces usurpateurs, en les défiant de nous donner la définition de leurs nouvelles appellations.
Surpris par la vivacité de notre attaque, et peu habitués à utiliser le Dictionnaire de la langue Française, ces matamores battirent rapidement en retraite et s’avouèrent vaincus.
Qui donc oserait encore mettre en doute « la force des mots » ?
A mon ami Claude qui me demandait si j’avais laissé un commentaire sur la 394ème proposition d’écriture créative, je lui ai répondu que je n’avais pas d’idée.
– A quoi bon écrire quelque chose, si on ne sait pas
comment l’exprimer et pourquoi écrire si l’on est dans
le doute…
Toute personne qui écrit connaît des doutes. C’est plutôt bon signe.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilaient dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Que se passait-il ?
J’appelai mon aide de camp !
Comment se fait-il que des régiments défilent ?
Appelez-moi le Général !
Il pilote un des avions de l’escadrille d’A quoi bon
Appelez-moi le Ministre de l’armée de l’air
Il commande l’escadrille d’A quoi bon
Pourquoi cela ?
Comment voulez-vous que je le sache !
Il faut que j’essaie de tirer çà au clair, à l’aide de la méthode QQOQCCP pourquoi pas !
Mais en refermant la fenêtre je me dis A quoi bon !
Depuis que ma femme m’avait quitté pour le Ministre de l’armée de l’air, en partie à cause de mes pourquoi, comment incessants,j’essayai d’être cool mais mes efforts n’étaient guère couronnés de succès. Rien d’étonnant à cela j’avais fait « Saint-Cyr » puis une carrière militaire plutôt brillante. Et depuis ma retraite ,j’étais obsédé dès mon lever par des pourquoi,des comment, des A quoi bon.
Soudain on fut informé par la radio que des ovnis étaient apparus dans la stratosphère et qu’une escadrille d’A quoi bon était partie les pourchasser.
Peut-être est-ce le Ministre des Armées qui la dirigeait?
Sil pouvait ne pas revenir celui-là !
J’ouvris la fenêtre le régiment de Comment et l’escadron de Pourquoi semblaient avoir déserté.
Tout çà pour çà me dis-je.
Je pris le journal et entrepris de faire les mots croisés : horizontalement le premier mot de 7 lettres à trouver commençait par un P et se terminait par un I …..en écrivant pourquoi j’éclatai de rire…..
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Sur le boulevard, là-bas, les Pourquoi s’interpelaient se demandant pourquoi ceci pourquoi cela, parfois sans même savoir pourquoi. Plus loin, des Comment de toutes sortes, bien alignés, avançaient droit devant eux, fiers, claironnant et trompétant dans un tintamarre un peu cacophonique. On pouvait y voir se côtoyer le simple et convivial Comment Allez-vous et le distingué Comment Osez-Vous, et même le snob Mais Comment-donc. Sur le trottoir un peu hilare, une bande de jeunes Hein, pas très à cheval sur le parler bien, se moquaient ouvertement de tous ces Comment qui défilaient. Un grand Comment les apostropha : « comment, leur hurla-t-il en faisant une horrible grimace, on doit dire comment et pas hein ! ». Les plus vieux des Hein connaissaient bien l’énergumène qui les menaçait : ils le surnommaient par dérision Comment le Barbare !
L’escadron de Pourquoi avançait en ordre dispersé : les Pourquoi Faire hésitaient et ralentissaient l’allure, tandis que les Pourquoi Pas leur suggéraient d’y aller sans se poser plus de question, conseil contre nature quand on est un Pourquoi. L’enfance des Pourquoi est remplie de pourquoi, un leitmotiv, une litanie, qui amuse un temps et qui lasse très vite.
Un groupe de Pourquoi tout excités se précipita vers trois Comment qui brandissaient fièrement une banderole sur laquelle on pouvait lire : « Remplacer chaque fois qu’il se peut le « pourquoi » par le « comment », c’est faire un grand pas vers la sagesse ».*
Il s’en fallu de peu que les deux groupes n’en viennent aux mains !
C’est probablement l’assourdissant vrombissement des rafales de A Quoi Bon qui stoppa net la querelle qui naissait, comme d’habitude, entre les Comment et les Pourquoi !
En regardant passer tous ces A Quoi Bon qui disparaissaient au loin pour ne plus revenir, une phrase lue quelques jours avant me revint tristement en mémoire : « Les choses qu’on a une fois quittées, à quoi bon leur garder son cœur »**, mais je ne parvins pas à me souvenir de l’auteur…
Soudain, figeant sur place les cohortes de Comment et de Pourquoi qui se mélangeaient sans savoir ni comment ni pourquoi, une voix de stentor retentit et cria : « Parce que !! »
Assis au milieu de mon lit, les yeux écarquillés, je sortis de mon cauchemar en hurlant.
J’avais 18 ans, j’étais en terminale : demain je passais l’épreuve de philo !!!
* André Gide
** Paul Claudel
Bravo Monsieur Ducornetz
Quelle énergie !
Très beau tout ça
Merci pour l’élan
Blanche
POURQUOI n’as-tu pas apporté de réponse à ma question
COMMENT as-tu osé me faire cela
Oh ! Et puis à QUOI BON te reprocher tout ça
DIS-MOI MAMMY
comment je suis arrivée sur Terre
Pourquoi je suis là
Comment se fait-il que j’existe
Hein ???
Je te le dirais quand tu seras grande
Aacchh ! Ce petit S de la 1ère personne du verbe DIRE au conditionnel qui a bouffé à lui tout seul la confiance que j’avais en les adultes
Ton laconisme insupportable
Ton manque de tact flagrant
Et pis d’abord, c’est QUOI
être grande
C’est QUOI
cette réponse de merde
J’en fais QUOI moi de ça
COMMENT ça se fait que tu comprends PAS que c’est maintenant et tout de suite que j’ai besoin d’une réponse pour comprendre
À quoi bon te demander
À quoi bon oser te poser MA question
À quoi bon titiller tes tabous
À quoi bon chercher à savoir
À quoi bon chercher à comprendre
Mais, sache ma chère Grand Mère, que je suis une enfant tenace
Que je ne lâche rien
Qu’il se trouve
Que je ne n’ai rien lâché
ET QUE
EN FAIT TU VOIS
Et beîn et beîn
À cause de toi et Grâce à toi j’ai appris à réfléchir
Tant et si bien que
j’ai pigé
Toute seule
COMME une grande
AVANT de devenir grande
Sache que j’ai trouvé la réponse
Et pis tu vois- et là j’me venge un max – j’te le dirai pas
Na
Tu l’as carrément dans le baba tu vois
Fallait pas me laisser toute seule comme ça avec une telle demande
en t’esquivant lâchement à l’aide d’une désinvolte pirouette à la con et m’envoyer comme ça dans l’inconnu du futur sans une miette de compassion envers mon ignorance
Là t’as merdé
T’as même failli foutre ma vie en l’air
Enfin … mes quelques jeunes années en l’air …
T’as réussi à agrandir le mystère encore plus
À m’enfoncer encore plus dans l’obscurité de ma non- compréhension
À faire que je me suis barricadée encore plus dans ma solitude
Mais
En même temps :
Tu m’as rendue direct d’un coup autonome à vie
Alors j’te pardonne, va
J’te pardonne
Blanche
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre.Un régiment de Comment,précédé d’un escadron de Pourquoi,défilait dans la rue.
Tout à coup,une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel.
J’étais outré.
Comment! je n’avais pas été prévenu de ce déploiement d’expressions par ma hiérarchie?
Etait ce la guerre,un simple défilé,une insurrection?
Peu importe,l’inacceptable était que moi,colonel Dorénavant,bien qu’à la retraite,ait été tenu à l’écart.
Je montais derechef sous les combles afin de réveiller mon ordonnance,le lieutenant Peut être bien.
« Appellez sans plus tarder l’Etat Major,quelque chose se trame dont nous sommes exclus
– Le QG du capitaine Désormais?
– Bien sùr,qui d’autre
Il composa le numéro:
– Ici Peut être bien,je vous appelle de la part du colonel Dorénavant,passez moi l’officier de service…..il n’est pas là! Un supérieur alors….il n’y en pas….ils sont tous dans la rue,ce n’est pas possible
Mon colonel demande ce qui se passe…..vous ne pouvez m’en dire plus,c’est un comble……Très bien nous en référerons au général A partir de maintenant,au ministère. »
Il raccrocha brutalement.
J’étais prostré dans un fauteuil,anéanti par ce que je venais d’entendre.
Mon ordonnance attendait mes ordres face à un tel camouflet.
Je restais un moment silencieux,mais ne restais pas longtemps à réfléchir.Mon temps était venu,je devais rendre les armes accepter la défaite. Aussi douloureux que cela fut.
« Il n’y a rien à faire mon bon Peut être bien,les carottes sont cuites et nos carrières terminées.Nous sommes relégués au rang de vieilles badernes dont personne ne se soucie.
Sauvons au moins la face. »
Nous revétimes nos uniformes.
Notre Bécherel sous le bras allâmes sur le balcon,saluâmes martialement la troupe en criant,le coeur serré » Vive notre belle langue française! »
L’armée continuât à défiler sans nous accorder un regard.
Saperlipopette.
….. »J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. »
La pièce était éclairée par l’unique lampe de bureau révélant une couche de poussières stagnant sur les étagères de métal. La table, aux dimensions impressionnantes, était recouverte de cuir noir, laissant apparaître quatre coins de bois patiné.
Ils étaient assis face à face et le contraste était saisissant.
L’un, au teint rougeaud et à la mine patibulaire, l’autre au teint délicat, aux yeux d’acier et au sourire d’ange.
L’ogre face à sa proie.
Le silence pesait sur tout. Sur les mains moites et inertes, sur le clavier silencieux, sur l’imprimante affamée…et même sur le corps frêle d’une mouche aux ailes irisées qui s’envola illico presto.
– Et alors ?
– Alors ? J’ai bondi de mon lit…
– Ah, parce que vous avez un lit, grogna l’ogre.
– Euh, oui, j’ai un lit….susurra la proie.
– Soit, vous avez bondi de votre lit et ?
– Si vous m’interrompez continuellement, je ne parviendrai jamais à la fin de ….
– Bon, allez-y, grogna l’ogre en déposant ses mains velues sur son ventre.
– Alors, voilà. J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un….
– Pas possible, s’écria l’ogre de service, pas possible d’accéder à la fenêtre… !!!
– Comment ça, pas possible ! Si je vous le dis, si je vous l’affirme, si je vous le jure, c’est que c’est possible. Bon sang, comment est-ce possible qu’un homme aussi …
La proie se tut, cherchant ses mots pour ne pas froisser le malabar.
Comment faire le portrait de cet homme ? Comment décrire cet esprit borné ? Comment décrire ce physique ingrat ? Comment décrire cet être sans émotions ?
La proie, en l’occurrence, le jeunot, renonça.
L’ogre toussota et reprit :
– Donc, vous avez bondi de votre « lit » et vous vous êtes précipité à la « fenêtre »…
– Exactement. D’ailleurs, je ne pourrais vous contredire, puisque vous reprenez mes mots. Quoique…c’est pas et mais c’est pour….
– Comment ça, c’est pas et mais c’est pour ?
– J’ai dit, deux points, ouvrez les guillemets : J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Fermez les guillemets.
– Soit, grogna le rougeaud en fouraillant dans sa tignasse hirsute, poivre et sel. Allez-y !
– Comment voulez vous que j’y aille ?
– Comment, comment, mais vous commencez à me casser les…
Le régiment de comment s’apprêtait à défoncer le torse du gamin. C’est alors qu’une petite voix chanta dans la tête du mastodonte, lui rappelant que le self-contrôle est une des compétences capitales de la profession.
Un sourire mielleux gondola les traits de l’ogre.
En réponse, le jeunot prit un virage à cent-quatre-vingt degrés. Un virage comme celui de la rue sous sa fenêtre.
– Je m’excuse de vous demander pardon, mais pourquoi me parlez-vous sur ce ton ? Se risqua le blanc-bec ?
– Pourquoi ? Pourquoi s’étouffa l’ogre. Pourquoi ? Mais parce que j’ai le droit !
– Et pourquoi avez-vous le droit ?
– Parce que c’est légitime. J’ai la loi avec moi !
– Et pourquoi la loi ne serait rien qu’avec vous ?
– Et pourquoi pas ? rétorqua le mastodonte.
– Et pourquoi cette réponse de Jésuite, le nargua le petit jeune.
– Et pourquoi invoquer les Jésuites alors que nous sommes dans ….
L’escadron de pourquoi s’apprêtait à finir sa course sous forme d’un atterrissage musclé sur le crâne du….C’est alors qu’une petite voix chanta….Calmos, calmos…et que l’imprévisible se produit.
Le décor se désagrégea. Sa vision se troubla, son audition faiblit et une douce torpeur s’empara de l’homme qui se disait homme de loi, sûr de son bon droit, investi d’une mission sacrée ….
Un doux frisson parcourut son corps taillé à la masse.
– À quoi bon lutter, songea-t-il, en se focalisant sur ce bien-être subit . À quoi bon lutter ? Tous les éléments plaident en ma faveur. À quoi bon lutter ? Les dés ne sont-ils pas jetés ?
Il patienta quelques minutes, savourant ces instants délicieux. La chaleur, la douce lumière…
Un léger grattement le fit sursauter.
Il bondit de son lit pour se précipiter à la fenêtre.
Deux tourterelles roucoulaient sur la balustrade.
L’homme, qui s’était pris pour un bougre d’enquêteur, le temps d’un cauchemar, se dirigea vers sa table de travail en murmurant :
– Je les aurai, je les aurai cette fois ! Ils ne s’en sortiront pas…
Il enfonça la touche du magnétophone et d’une voix tranquille, il dicta: « J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. »
© Clémence.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel. Un vacarme me réveilla brusquement. Où en étais-je ? Récapitulons depuis le début.
Je réalisai que c’était répétition et que tout le monde devait suivre le mouvement. J’étais inclus dedans et je n’étais pas prêt. Il était trop tard pour que je me préoccupe de ce qu’il s’était produit la veille. Je ne me souvenais plus : « Qu’avait-on arrosé ? » Trop tard pour le rejoindre. Que faire ? Je devais improviser.
Je suivis le cortège des yeux. »Intéressant ! me dis-je ! » Je voyais des pantins multicolores, des jongleurs, des clowns et des jolies filles bien maquillées sur les chars. Un ballon circulait parmi ces personnages. A chaque passe, un coup de sifflet. Les boum boum de la grosse caisse rythmaient la samba. Ce n’était pourtant pas jour de carnaval. Ce n’était pas non plus la fête de la musique. Que fêtait l’équipe en ce jour ? Sur le calendrier de la banque, on avait retiré tous les saints, je ne pensais pas pêcher d’indices de ce côté. Quelle mouche les piquait ? Serait-ce la fête des pères qui les anime à ce point ? Je me perdais en conjectures. En attendant de trouver le Pourquoi, pourquoi pas me livrer à une petite enquête !
J’observai à la jumelle. Mon copain Jo distribuait les cartes. Un drôle de poker les intéressait. Ils avaient l’habitude en roulant. Ils n’étaient pas troublés par les badauds ni par le roulis du véhicule. Ils ne devaient pas jouer pour de vrai. Ils avaient changé le déroulement de ce qu’on avait mis au point. J’essayai de décrypter ce qu’ils avaient écrit sur leurs cartes. Mais trop loin, trop de mouvements. Rien à faire ! Au cul du char était inscrit : « Pourquoi avons-nous perdu ? »
On s’était pourtant bien préparé. Comment faire ? Etait-ce une procession de questions revendicatives du syndicat CQFD de l’usine de cartes postales qui avaient inventé un procédé de colorisation révolutionnaire. Peut-être n’étaient-ils plus assez payés ? Je me posais vraiment toutes les questions imaginables et je n’avais pas les réponses. Dans tous les cas, ils avaient l’inventivité fertile. L’amusement avait pris le pas sur le sérieux des plaintes habituelles. C’était plutôt réconfortant. Le dialogue social évoluait. C’était bon signe. A l’arrière du char, ils avaient inscrit : « Comment faire pour les battre ? »
C’est quand l’escadrille des ULM nous fracassa les tympans que je commençais à comprendre. Est-ce qu’ils fêtaient une victoire ? Mais non, puisque l’un d’eux tirait une banderole : « Rien ne va plus depuis une dizaine d’années ! »
A la queue leu leu, les bourdons mécaniques ne badinaient pas. Ils exprimaient tout haut ce que je pensais tout bas :
« Ils monopolisent le ballon. »
« Ils savent retourner la viande. »
« Pour gagner, il faut mettre plus de points qu’eux. »
» Comme ils sont meilleurs, ils ont toujours le bénéfice du doute. »
Le dernier de la liste était le plus défaitiste :
« A quoi bon résister puisque les Blacks sont toujours les meilleurs.
Mais en fin de parcours, un petit roitelet nous disait que cette défaite ressemble à une demi-victoire ! On sent bien que le renouveau est proche !
Réveil difficile
J’ai bondi de mon lit
Comme je vous le dis
Attirée par le bruit
Qui montait de la rue
Et qu’ai-je vu ?
De drôles d’individus
Qui poussaient de drôles de cris
Plus ou moins aigus
J’ai tendu l’oreille
Mais que disaient-ils
Au milieu de la ville ?
« C’est quoi le pourquoi du comment ?
A quoi bon le comment
Si on ne sait pas pourquoi ?
Qui se cache derrière le quoi ?
Quoi faire si on ne sait pas comment ?
Que répondre A quoi bon ?
Etc… »
Et en criant tout ça
Ils brandissaient, à bout de bras,
Des points d’interrogation
Fidèles compagnons de toutes ces questions
Qui restaient sans solutions
La foule était en colère
Comme un grondement sortant de terre
Impossible de les faire taire
Ils n’avaient qu’une mission
Trouver des explications
A des questions qui n’en ont pas…
Alors je n’ai pas eu d’autre choix
Que de fermer la fenêtre
Et de retourner au lit
Sans plus me préoccuper du sens de la vie
Pour ne pas sombrer dans la folie.
« – J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. Oh maman, si tu savais à quel point c’était angoissant ! Après ces expressions ridicules j’ai eu le droit à toutes les citations apprises cette année ! Elles avaient perdu leurs auteurs et impossible pour moi de leur attribuer le bon ! L’horreur !
Et cela a continué comme ça une bonne partie de la nuit. A chaque fois que je me rendormais après m’être réveillée haletante à cause de toutes ces révoltes d’expressions toutes faites, je retombais dans les affres et la douleur de la rédaction de ma disserte de philo !
Non là ça ne va vraiment pas, je me réveille épuisée alors que l’épreuve n’a même pas commencé ! »
« -N’aies crainte ma fille ! Et respire ! Fais-toi confiance, tous ces mots révoltés ces hordes debout sauront se ranger et retrouver le droit chemin de ta réflexion. Ils sortiront bien alignés comme il se doit, en suivant l’ordre que tu leur donneras. Ils couleront de ta mine de crayon comme un long fleuve tranquille. Ils ne se heurteront plus mais s’emmêleront habilement,de façon cohérente pour délivrer tes pensées construites et cohérentes. Tout se passera bien ma fille. Chaque chose en son temps, profite du temps qui passe et vis le plus sereinement possible le moment présent.
Nom de Dieu ! Le réveil qui n’a pas sonné. Je bondis de mon lit et me précipite à la fenêtre.
Ils sont déjà là en bas, qui défilent en direction du stade.
L’équipe des COMMENT, précédée de celle des POURQUOI.
Et l’arbitre du match, c’est moi, j’ai intérêt à me grouiller. J’ai de l’appréhension. Je sens que ce match « ça va saigner.»
Les POURQUOI sont des tueurs. Si les COMMENT ont le malheur de marquer les premiers alors que l’on demande toujours pourquoi avant de demander comment, ces derniers vont sortir leur fureur assassine.
Et les COMMENT, ils en ont plus que marre de toujours être les seconds. Ce coup-ci ils ont juré qu’ils n’allaient pas se laisser faire, ils seront les premiers à n’importe quel prix. Têtus et peur de rien.
Et en effet, ça fait mal, vraiment mal, très très mal !
Quand un POURQUOI reçoit un COMMENT en pleine figure et qu’un COMMENT massacre le tibia d’un POURQUOI, on peut craindre le pire et en effet ça tourne mal.
Mêlée générale, coups de coude, de pied, de tête, de poing, doigt dans l’œil, morsure, croc-en-jambe, cramponnade, piétinement, crachat, pinçon…
Je mets un carton jaune à un COMMENT, il me demande POURQUOI ? Je lui réponds : parce que.
Et puis je siffle un penalty à un POURQUOI et il me dit mais COMMENT ? je lui réponds : comme ça.
Et finalement zéro à zéro en fin de match.
Pour mettre tout le monde d’accord, j’appelle le capitaine des POURQUOI et je lui dis :
– Toi, le jour où on mettra les cons sur orbite, t’as pas fini de tourner.
Pour les COMMENT c’est le gardien de but que j’apostrophe et je lui dis :
– Toi, quand les cons voleront tu seras chef d’escadrille.
C’est alors que les nuages s’éventrent en un tremblement de ciel fracassant.
La patrouille de France qui, d’en haut, a tout entendu tant la radiotechnicité de ses Rafales est pointue, dessine dans le ciel, et je le prends pour moi :
« A QUOI BON, C’EST PAS LA COUPE DU MONDE… »
En plein dans le mille de l’actualité !
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Le vrombissement de tous ces appareils était épouvantable.
J’entendais aussi les explosions des bombes, d’abord lointaines, puis de plus en plus proches, des rafales de mitrailleuse, et des cris.
Et puis une lumière éblouissante et une secousse plus violente que les autres me firent sursauter.
— Qu’est-ce que tu fous encore au lit à cette heure-ci ? Je n’ai même pas réussi à te réveiller en passant l’aspirateur ! Debout, fainéant ! T’as vu l’heure ?
Aucun doute, c’est la voix de ma femme.
Je me souviens maintenant. J’avais fêté dignement la victoire de l’équipe de foot avec les copains, et je suis rentré assez tard, aussi discrètement que possible, de façon à ne pas réveiller ma femme qui dormait.
— Euh ? Excuse-moi, ma chérie, je…
— Dépêche-toi ! Maman arrive à 13 heures ! Je ne voudrais pas qu’elle te voit dans cette tenue.
— Et moi, je voudrais ne pas la voir du tout.
— Je sais. Tu me l’as déjà dit. N’oublie pas que la maison est à elle. Habille-toi en vitesse, et essaie de ne pas lui raconter trop de conneries..
— Bien ma chérie.
Non seulement ça rime, mais en plus elle a raison, comme toutes les femmes et surtout sa mère.
Il faut éviter à tout prix de la contrarier, je sais.
À tout prix, ou plus exactement à celui du loyer qu’on économise grâce à elle à condition de la subir tous les dimanches.
Peut-être qu’un peu d’eau fraîche sur ma tronche qui l’est un peu moins me rendrait plus optimiste.
Alors, à l’eau mon pote !
Comme s’il avait deviné ma pensée, le téléphone sonne à ce moment précis. Je décroche.
— Allô ?
C’est la belle-mère.
— Ah ! bon ! Il y a une grève du R.E.R. ! C’est très embêtant !… Pardon ? En taxi ? Avec un quart d’heure d’avance ! Hou ! Là ! J’ai bien peur que ma femme ne soit pas tout à fait prête ! Vous voulez que je vous la passe ?…. Pardon ?… Vous avez raison, je risque de la retarder encore plus. À tout de suite !
Aïe ! Aïe ! Aïe ! Il me reste exactement cinq minutes pour me laver, me raser et m’habiller !
Pas le temps de me poser des questions.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Refluant vers la grande avenue baignée de soleil, la marée humaine avait envahi les trottoirs, galvanisée par cet élan patriotique communicatif. Puis ce fut la prestigieuse école des Plaît-il, suivie par le régiment des Par quel moyen, reconnaissables entre tous à leur marche chaloupée. Les jeunes recrues des De quelle façon avaient fière allure, arborant l’étendard. Des bravos jaillissaient, çà et là, repris en écho. Au passage des Pardon, qui ont toujours la cote, ce fut un tonnerre d’applaudissements. La compagnie des Quoi fit son apparition au coin du boulevard, suivie par l’unité des Parce que. Au pas cadencé, les Puisque fermaient glorieusement la marche.
On s’est dit que cette fois encore, ç’avait été une belle commémoration comme on les aime. Et le parterre, conquis à la cause soldatesque, s’en alla joyeusement fêter ça à la buvette en scandant l’hymne national.
Bon dimanche, Christine
🐀 LA SAINT QUESTIONS.
Après avoir fêté en silence et en famille les fêtes des mères, pères et grand-mères qui avaient déjà succédé à celles de la femme, du travail et de la musique, aujourd’hui c’est la Saint Questions. En procession elles fusent comme des torpilles. Les ‘Aquoibon’ et ‘Aquoiçar’semble’ pointent leur doigt en direction des ‘Comment’ qui défilent les poings sur les hanches. En rang serré par deux les ‘Commentçava’ interrogent les ‘ Commentças’fait’ assez interloqués qu’on leur demande des nouvelles de leur santé. Désorientés, ils cherchent appui auprès des suivants. Ils sont drôles les suivants! ils remuent leur main et agitent leur index répétant indéfiniment des pourquoi. À la suite de tergiversations les ‘Pourquoi’ se sont divisés : les plus inquiets en ‘ Maispourqoidonc’ les plus mécontents en ‘Jem’demandebienPourqoi’. Ceux-la ne sont pas faciles et dans la file ils ‘récalcitrent’ bruyamment et se sont rapprochés des ‘Aqoiçar’semble’. Ils ont décidé qu’ensemble ils allaient créer l’association des Pères-cutants.
Les ‘ Aquoibon ‘et les ‘ Commentças’fait’ se réuniront une fois par semaine au café des Désabusés.
Si ce défilé fit beaucoup de bruit on apprit récemment l’union d’une demoiselle ‘ Commentçava ‘ avec le jeune Pourquoi.
Enfin une nouvelle famille optimiste : les Pourquoiçavabien. 🐀
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre.
Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Des écriteaux bariolés de couleurs s’étalaient par milliers,
Une horde sauvage dévalait la rue, hommes, femmes, enfants, chiens et chats …
J’aperçus même une autruche qui déambulait trainant à sa suite une banderole fluorescente
Que se passait-il ? Une révolution, une météorite allait s’écraser sur terre, la France venait de perdre sa qualification pour le mondial ?
Des revendications insolites s’affichaient aux frontons des étendards :
Comment fait-on une mayonnaise ? Pourquoi les poules pondent des œufs ? Comment fait-on les bébés ? Pourquoi la lune est ronde ?
Des milliers de questions toutes plus farfelues les unes que les autres…
Il y eut même un escadron de drone qui survola la foule emportant à sa suite une énorme Banderole sur laquelle était inscrit : Pourquoi les magnums au chocolat coutent plus chers que les cornettos à la vanille ?
Le peuple avait-il perdu la raison ? A force de se gaver d’internet, les hommes étaient devenus fous ? L’abondance d’informations inconséquentes avait inoculé au plus profond des cerveaux une surchauffe des neurones … on ne cherchait plus un modèle social, une nouvelle façon de vivre ensemble, on demandait avec quels ingrédients on faisait la mayonnaise ?
Les têtes étaient sevrées. Big Brother avait réussi ! Le monde d’un bout à l’autre de la planète avait été modélisé.
Et puis il eut un claquement, des cris, la foule se mit à courir…
Encore des tirs, encore des cris… les banderoles tombaient au sol comme des fleurs fanées ;
Un homme se présenta à la fenêtre, hagard, l’œil rouge sang, un filet de bave s’épanchait au bord de ses lèvres, il hurlait : mais qui a coupé Internet ?
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue. Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel.
Dans la foule quelques Quidam applaudirent. Des Quoique restèrent indifférents tandis que d’autres Non-non-non sifflèrent leur rébellion.
Une brigade de Je-ne-sais-quoi entamèrent une marche rythmée au son de l’hymne national joué par une fanfare de Nec-plus-ultra. Les hélicoptères des Toujours-plus descendirent l’avenue en ras de foule dans un vrombissement assourdissant. L’air était devenu compact, les spectateurs, beaucoup de Malgré-tout et quelques Malgré-eux, reluquaient une possible échappatoire, d’un air inquiet.
Un tonnerre de fusillades provoqua la panique. Les barrières n’arrivèrent pas à contenir la peur qui saisit le public. Des hauts parleurs hurlèrent des consignes de calme, affirmant qu’il s’agissait d’un test pour faire comme si. Trop tard. On comptait déjà plusieurs victimes et de nombreux blessés. On commenta quelques heures le souvenir tragique de la fête des Tous-unis-ensemble. Du côté des politiques le drame entraîna un Vade-retro sensible, quelques ministres proposèrent de démissionner. On trouva parmi les C’est-pourquoi quelques responsables qui furent limogés.
Un quarteron de Pourquoi-ça osa une critique venimeuse de toute la logistique de l’événement. Ils quittèrent précipitamment le pays pour chercher asile sous d’autres cieux. Et puis tout s’oublia. Le calme revint vite au pays des Tout-compte-fait.
– Dis, Mamie ! Pourquoi y a tout plein de joujoux et des petits lits dans cette chambre ?
– Eh ben, ce sont ceux de mes enfants.
– Dis, Mamie ! Pourquoi y sont pas là tes enfants ?
– Mais, c’est parce qu’ils sont mariés.
– Ah bon ! Pourquoi je les connais pas ?
– Tu ne sais pas que mes enfants sont ton papa et tonton Titi ?
– Mais comment ? J’y comprends rien. Mon papa et tonton sont pas des petits enfants.
– Eh bien ! Comment t’expliquer ? Je n’ai pas toujours été vieille tu sais. J’ai été un petit bébé, puis une petite fille et ensuite je me suis mariée avec Papy.
– Ah ! Ça y est, j’ai compris. T’as grandi.
– Comme toi ma puce.
– Comment qu’on fait pour grandir ?
– En mangeant les bonnes choses que ta maman te prépare.
– Même les épinards, alors ?
– Eh oui ! Il faut manger de tout pour bien grandir.
– Dis, Mamie ! Pourquoi les épinards y sont verts. J’aime pas cette couleur.
– Parce que ce sont des plantes.
– Comment ça se fait qu’on mange des plantes ?
– Certaines plantes sont des légumes et il faut manger de tout pour être en bonne santé.
« Pourvu qu’elle n’aille pas manger mes plantes vertes ! »
– Dis, Mamie ! Comment t’as fait pour rencontrer Papy ?
– On s’est rencontrés à la patinoire, nous sommes tombés amoureux, puis on s’est mariés et ensuite nous avons eu tonton et ton papa.
« Pourvu qu’elle ne me demande pas comment on fait les bébés »
– Ah, ça y est j’ai compris ! C’est comme dans les histoires que tu me lis. Alors, moi, quand je serai grande, comme métier je veux faire… attends, je réfléchis… chais pas comment on dit. Ça y est, je sais ! Je veux faire : patinette.
***
À quoi bon cette histoire ? Tout simplement pour souhaiter une Bonne fête à tous les papas !
Je me frottai les yeux. Je ne rêvais pas : des P. habillés couleur prune et revêtus de pancartes façon hommes-sandwichs portaient, inscrits sur eux tous leurs regrets : certains n’avaient pas poursuivi leurs études, avaient vendu la ferme de leurs parents, s’étaient fâchés à mort avec leur meilleur ami. D’autres n’avaient pas eu le bon chiffre, n’avaient pas écrit la bonne lettre, n’avaient jamais rencontré la femme de leur vie.
Je me demandais justement : comment peut-on étaler ainsi ses regrets au grand jour, lorsqu’un régiment de C., tous vêtus couleur carmin, débouchait au coin de la rue. Leurs pancartes posaient au public qui commençait à s’agglutiner sur le trottoir, un tas de questions : comment se fait-il ? pouvait-on lire ou bien : comment est-ce possible ? plus loin encore : comment faire pour bien faire ? Je me grattais la tête, ces questions m’interpellaient.
J’en étais là à me demander le comment du pourquoi, ou plutôt le pourquoi du comment, quand un bruit assourdissant me fit lever les yeux au ciel. Une escadrille de petits avions traînant chacun une banderole, volant bas, rasant les toits des maisons avoisinantes, remontait l’avenue. Je me tordais le cou pour mieux lire, je ne voulais pas en perdre une miette. Sur ces banderoles, couleur amarante ou bleu roi se lisait la désespérance. Les badauds levaient la tête, se bousculant, pour mieux déchiffrer. Constats d’échecs, espoirs déçus, vies ratées se devinaient dans ces A quoi Bon parsemant le ciel.
Bientôt le tintamarre qui m’avait tiré de mon lit s’estompa, mais ma tête résonnait encore de toutes ces questions qui se bousculaient et auxquelles je ne pouvais apporter de réponses. Ma vie à moi me satisfaisait pleinement : j’avais osé, tenté, joué…gagné ! Sur ce constat je refermai la fenêtre et me glissai, avec volupté, dans mes draps blancs tout frais.
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’un escadron de Pourquoi, défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’À quoi bon déchira le ciel. Le général Gainsbar chef de cet escadron d’aquoibonistes qui n’ont pas besoin d’oculiste pour voir la merde du monde largua sur la foule son flot démobilisant. Décontenancés, les Comment qui ne savaient plus où déposer leurs fiantes se tournèrent vers les Pourquoi tétanisés. Où, comment, pourquoi ? Ici ? Pourquoi ici ? Et pourquoi pas ?… Un cloaque à ciel ouvert répandit ses relents nauséabonds jusqu’a la croisée des chemins où arrivait une flottille de Car (grand tourisme) et de Parce que armés jusqu’aux dents de démonstratifs imparables, véritables panacées de mots pour maux internationaux. C’est alors que les rues de la ville retentirent de choeurs à l’unisson. Flasmob à chaque coin de rue. Mieux qu’une fête de la musique ! Alors j’ai fermé ma fenêtre et je suis descendue chanter avec eux : 🎼I it is not because you are, I love you, because I do… 🎤 C’est pas parc’que you are me, qu’I am you, qu’I am youououou !
Bon, dit-il !
Dans le grand cortège des adverbes
Lentement traine les pieds
Incognito se fait discret
Ensemble marche au pas
Environ escorte l’à peu près
Presque clopine en cadence
Debout se tient au garde à vous
Bientôt attend le commandement
Autour balance ses bras
Soudain regarde droit devant
Partout reste aligné
Mais il ne bondit pas !
J’ai bondi de mon lit pour me précipiter à la fenêtre. Un régiment de Comment précédé d’une section de Pourquoi défilait dans la rue.
Tout à coup, une escadrille d’A quoi bon déchira le ciel.
Une colonne de chars, des Pourquoi pas, déboula dans l’avenue. Un bataillon de casques emplumés envahit la chaussée. C’était des Quand faut y aller faut y aller, encore plus bruyants que les autres enfants de la troupe.
L’armada stoppa net sous mon balcon. La fanfare des La faute à qui entama un hymne martial.
Puis le chef de char se leva de son siège et amorça un discours en mon honneur. J’étais désigné maréchal des combattants du quartier sud. On me réclamait en habit chamarré, avec toutes les médailles chèrement acquises sur le front de la coalition des Foutez nous la paix.
Au loin, une escouade de Crève la peur claquait des dents en mesure. Les Non pas nous se réfugiaient dans les bistrots, distillaient leur Et pourquoi toujours les mêmes dans un mauvais mélange de bière de sapin.
C’est à cet instant que je me réveillais totalement. Je n’avais pas mesuré les effets matinaux de la nouvelle benzodiazépine proposée par le médecin. C’était un hypnotique, un comprimé pelliculé sécable que j’avais avalé entier après en avoir extrait la poudre pour un effet plus immédiat.
J’avais traversé des légions de sombres nuages, croisé des phalanges de mains tendues, évité par deux fois le peloton des mouches tsé tsé. Ma première nuit de sommeil depuis 15 jours avait été agité par de furieuses compagnies, des escadrons de mort et de survie.
Dans la toujours surprenante réalité, nous n’étions qu’un beau dimanche d’été et le joyeux carnaval déroulait sa triste débandade.