379e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

Un rat des villes prenant trop d’embonpoint

Un rat des villes prenant trop d’embonpoint
décida d’aller vivre à la campagne.
 » Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, 
ce sera bon pour ma santé. me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé  »  
Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…

Racontez la suite

 

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16 réponses

  1. Emmi A dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint décida d’aller vivre à la campagne.
    « Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé. Me gaver de poubelle en poubelle c’est terminé. »
    En effet, la révélation lui vint quand il eut fini de lire «santé et vitalité » magasine ratier mensuel qui prônait une vie saine et équilibrée, avec tout un tas de conseils d’exercices, de recettes à partir de mets finement triés dans les poubelles, d’articles bienveillants sur la façon de ménager sa santé sans stress et revenir en harmonie sur son corps. Bref… ce mois, le dossier spécial était consacré à la vie des rats des champs «  ruralité : et si c’était la clé de votre santé ? »
    Il constatait avec stupéfaction que ces rats des champs, à chaque page passante, avait l’air plus épanouis, un poil soyeux et luisant et non graisseux et terne comme le sien, une silhouette également proportionné et surtout aucun essoufflement apparent dans l’exercice de roue ou de course folle dans les herbes… Somme toute, tout ce dont il rêvait…
    Ni une ni deux, ce citadin de rat de toujours prit sa valise, claqua la porte de son emploi informatique chez « souris et cie » (nom qu’il n’avait d’ailleurs jamais bien compris… c’était réservé aux rats depuis toujours et son patron un réel sourithrope… ! Lui était particulière indifférent aux souris, il les trouvait simplement trop petites et trop fouineuses… trop passe partout globalement…)
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…
    Il alla chez son cousin germain autant rat des champs que lui rat citadin ! Son lit de paille pour dormir lui fit déjà un mal de dos et il regretta presque aussitôt son vieil oreiller miteux mais molletonné à souhait… Mais laisse une chance à sa première journée. S’ensuivit donc le lendemain une course folle dans les épis pour chasser quelques graines tout en échappant à la moissonneuse batteuse… Il demanda naïvement à son cousin
    « -N’est-ce pas mieux de faire ça la nuit, sans agriculteurs dans les parages?
    – Oulà !Bien sûr que non, mon ami… les renards, chouettes et autre buses nous mangeraient tout crus… ils ont bien assez des petites souris têtes en l’air et guillerettes, je ne veux pas leur servir de festin !
    – Oh… ce n’est pas si zen que ça ici alors…
    – C’est bien une réflexion de citadin ! »
    Après sa seule graine de blé attrapée et un dessert marguerite tant apprécié par « Santé et vitalité » (mais très fade pour son palais chocolaté)… son ventre cria frugalité… son court repos tinté de bruits d’animaux et de silence qu’il ne connaissait pas, l’angoissa et il sorti son museau de la chaumière sous terre de son cousin pour jeter un œil sur la vie nocturne de cette campagne…
    Loin des villes où il entendait sans cesse marcher, rouler, klaxonner, festoyer… il ne voyait rien… le néant… Ah oui certes reposant… un jour ou deux pour lui… mais le néant n’était pas assez assomant…
    Et c’est là qu’il l’aperçut… La couverture de « santé et vitalité »… la vie rurale mise en scène… ce n’était autre que miss Minnie, cette grande mannequin souris déguisée… C’était elle, la souris, qui lui avait fait miroiter cette vie saine et convoitée… Et préféra retrouver son ancien trousseau de clé…
    Ni une ni deux, il reprit bagages, retourna dans sa vie urbaine effrénée et se désabonna de « Santé et vitalité » avec un courrier bien médité…
    Il se le dit : rat des villes ou rat des champs, l’important c’est d’être bien là où l’on est et là où l’on veut, puis surtout l’important arrêter d’être frustré pour savoir être content !

  2. Liliane dit :

    Un rat des villes avait pris trop d’embonpoint. Cependant, même si la nourriture était en surabondance, il mangeait peu. En fait, il déprimait. Parmi cette énorme colonie de rats qui siégeait la capitale, il faisait partie d’une petite minorité non tolérée.

    C’était un rat blanc.

    La plupart de sa famille avait péri suite à des ratonnades.

    Pour sauver sa peau, il décida donc d’aller vivre à la campagne.

    Il pensait que là-bas, la vie serait meilleure.

    Ses moustaches frissonnaient de plaisir à l’idée de glaner, chaparder, engranger.
    Fini le gavage de poubelle en poubelle.
    Fini le ratisme.

    Il était certain que ce serait bon pour sa santé et surtout pour son moral.

    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait.

    Il alla de village en village. Sans heurt. Sans peur.
    Allègrement, il grappillait, chipait, rusait.

    Peu à peu, l’enthousiasme fit place à une triste inquiétude.
    Il réalisa soudainement qu’il n’y avait pas rat qui vive.
    Ni des noirs, ni des gris, encore moins des blancs.

    Un monde sans rat ? Inadmissible !
    La peur s’immisça.
    Il perdit l’appétit et son embonpoint.

    Un jour, assoiffé, alors qu’il se dirigeait mollement vers un point d’eau, il tomba dans un trou. Noir.
    Un piège.
    Malgré tous ses efforts, il ne put s’évader.
    Mais pourquoi donc être parti ? En fait, c’était la belle vie…
    Epuisé, il se laissa mourir.

    Quelques heures plus tard, il sentit comme une morsure.
    Il se réveilla.
    Dans un endroit aux néons éclaboussants.
    Avec plein de matériel dont il ne connaissait pas le nom.

    Et des cages ! Des cages !
    Et des souris, des rats !
    De toutes les couleurs !

    Il se mit à crier, à hurler comme un humain en détresse.

    Il avait compris.

    Il était devenu rat de laboratoire.

  3. Jean-Pierre dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint
    décida d’aller vivre à la campagne.
    Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé.
    « Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé !   » se disait-il.

    Il avait oublié qu’on ne va pas comme ça de la ville à la campagne, même si quelques-uns de ses copains d’égoût avaient réussi à attraper le camion d’un maraîcher et à s’installer dans une grange sympa à l’abri des chats et des dératiseurs.
    Cet idiot est monté dans le premier camion venu, où il a fait son trou dans un tas de sable.
    Rien à bouffer, mais ça ne va durer que le temps du voyage.

    Un énorme glissement de terrain fit dégringoler son tas de sable sur une espèce d’autoroute en caoutchouc qui avançait à toute allure dans un grand bruit de ferraille.
    Cet autoroute qui avançait tout seul dans un paysage métallique ne lui disait rien qui vaille.
    « Il faut vite que je saute sur le bas-côté avant l’entrée du tunnel ! », se dit-il.
    Il réussit à redescendre juste avant de se faire happer par les mâchoires du broyeur.

    Puis il pénétra dans un grand bâtiment où étaient entreposés des milliers de sacs en papier.
    « Enfin de la bouffe ! Des tonnes de bouffe ! »
    Il éventra un des sacs pour en chaparder le contenu.
    Horreur et désolation ! C’était gris et imbouffable. Aucun doute, c’était du ciment.

    Alors, il sauta dans un autre camion qui transportait du ciment.
    Par chance, le camion s’arrêta en ville, mais dans un quartier misérable où une bande de rats maigres lui fit clairement savoir qu’il n’y avait pas de place pour lui.
    « Sauf si tu sais te battre », ajouta le chef.

    Notre rat des villes court toujours, et c’est comme ça qu’il a perdu son embonpoint.

  4. Clémence dit :

    Un rat des villes, prenant trop d’embonpoint, décida d’aller vivre à la campagne.
    « Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé. Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé  »  
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…

    Le Rat regarda une dernière fois sont squat et fut pris d’un fou rire.Il se remémora les réponses cinglantes qu’il avait faites aux passants qui lui avaient balancé des lieux communs d’une platitude absolue.
    – Tu pues comme un rat ! avait hurlé une fillette aux boucles rousses en pinçant son nez en trompette.
    – Ben mon gros, t’es comme un rat dans l’fromage, avait persiflé un être filiforme planté dans des godillots sans lacets.
    – Gras comme tu l’es, tu dois avoir des rats dans la tête, murmura l’artiste en sortant un carnet de croquis…

    Dans un dernier soubresaut, Le Rat se dit qu’il était effectivement temps de quitter le navire. Dans quelques instants, les sirènes hululeraient, les camions gronderaient et les éboueurs hurleraient…Il hésita une seconde, fit demi-tour, se faufila derrière un pavé décelé puis revient en caressant la petite clé dorée suspendue à son cou. La chaîne s’incrustait dans sa peau.

    – J’ai pris de l’embonpoint, dit-il en papouillant ses fesses rebondies. Il est grand temps de revenir à une vie plus saine, soupira-t-il en se frottant le ventre au doux pelage . La campagne me semble tout indiquée, chantonna-t-il en fronçant son museau bouffi. Enfin, n’empêche, je me trouve un peu trop balourd pour jouer au routard….

    Perdu dans ses pensées, Le Rat ne vit pas une camionnette multicolore qui pila sec pour ne pas l’écraser.
    – Ho ! Hé toi… ça va pas la tête ?
    Feignant la honte, il s’écarta discrètement, mais au moment du redémarrage du véhicule, il y grimpa, se faufila parmi les malles et s’installa dans l’une d’elle.

    Le voyage dura toute la journée et il en conclut qu’ils étaient arrivés à la campagne. Il caressa la petite clé et murmura :
    – Clé de fée, clé de si… chante ta musique…
    Vers vingt heures, un vent de panique se leva. Une petite danseuse avait disparu. Il se colportait qu’elle avait suivi son amoureux, un rat de bibliothèque ! Le Rat sauta sur l’aubaine. Il se glissa dans un tutu blanc et enfila les ballerines fatiguées. Petit cygne il serait….
    Il se présenta sur la scène mais fut recalé :
    – Trop court sur pattes poilues…
    La honte ne le rongeant pas, il s’en alla en trottinant.
    – J’ai osé, j’ai osé… confia-t-il à la petite clé dorée. Et maintenant ?
    – Maintenant, retourne dans la malle….

    Le lendemain matin, la camionnette colorée s’arrêta dans une zone artisanale. Le Rat pointa son museau à une des vitres et tomba nez à nez avec une pancarte. «  Casting pour film animalier ».
    – Clé de fée, clé de si, qu’en penses-tu ?
    – Qu’attends-tu, tintinnabula-t-elle. Vas-y, fonce…

    Trois heures plus tard, Le Rat rat revint. La queue balayant le sol avec rage.
    – Incroyable, j’ai eu beau la jouer « À bon chat, bon rat », ils m’ont refusé. Trop réaliste ! Trop en 3D pour incarner Ratatouille, le héros d’un film animé ! Quelle bande d’ingrats !
    – C’est que ce n’était pas ton destin, dit la petite clé d’une voix rassurante. Ne te décourage pas….retourne dans ta malle, le voyage n’est pas fini.

    Perdu au milieu des tutus, Le Rat ruminait.
    – La ville ne m’a pas réussi, la campagne non plus, la zone artisanale encore moins. Que me reste-t-il ? Dis-moi, clé de fée, clé de si….
    – La banque ! Les sous ! Pour un rat, ce n’est pas mal, scanda la petite clé. J’ai entendu que la prochaine escale est une petite ville de province. Un beau compromis entre la capitale et la campagne. La banque Ratchlid y a bonne réputation…

    Le Rat s’y présenta et y passa des jours heureux. Autant il encaissait les dépôts d’argent, autant il perdait en embonpoint ! Mais le bonheur fut de courte durée car il fut pris, comme un rat ! La main dans le sac alors qu’il glissait une poignée de billets roses dans les remplis de son pelage distendu. Il fut viré. Illico presto.
    – Mais qu’est-ce qu’il t’a pris, gronda le petite clé. Si tu continues comme ça, je me tire !
    – S’il te plaît, accorde-moi encore une chance, sil te plaît, supplia Le Rat en s’agenouillant.
    – Demain, demain…tu te présenteras à cette adresse.
    – Non, nooon, implora Le Rat. Je ne veux plus vivre à la ville, je veux vivre à la campagne.Je veux glaner, chaparder, engranger…
    – Sans instruction, tu n’iras nulle part, sermonna la clé en haussant le ton. Foi de fée, foi de si ! C’est ainsi !

    Le temps passa, Le Rat était acculé. Il se rendit à l’adresse. Il poussa la porte de la maison d’édition. Il fut reçu aimablement. Mais à peine eut-il le temps de se présenter, il fut interrompu:
    – C’est dommage pour vous, nous le regrettons, vous aviez vraiment le profil, mais vous êtes arrivé trop tard. Si vous vous étiez présenté une heure plus tôt, Ratus était pour vous, dans la poche ! In the poket…. Désolé…
    Le Rat fut reconduit, tout aussi aimablement.

    -J’suis foutu…. Aucun avenir pour moi ! Nulle part ! J’n’ai plus qu’à…
    – Mais non, mais non, je suis sûre que tu trouveras ta voie.
    – Ma voie, ma voix, mon œil ! hurla le rat.
    – Justement, continua la petite clé imperturbable. Tu vas… la petite camionnette s’apprête à franchir la frontière. Direction les Pays-Bas. J’ai entendu dire que la Police Scientifique…
    – Non, mais, t’es pas sérieuse….
    – Si, je t’assure, lui dit-elle en lui tendant un papier plié en quatre. Vas-y, ils t’attendent…

    Le jeu en valait la chandelle. Un job super génial. Bien payé, logé et nourri sainement. Il n’avait qu’à se servir de son odorat. Rapidement, il montra ses capacités et fut retenu sous le pseudo « Magnum ». Chaque soir, il faisait un compte-rendu détaillé au chef de section. Compte-rendu qu’il répétait avec un plaisir évident à sa fée de petite clé.
    – Cinq sur 5 ! Je les ai bluffé ! En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, je détecte la poudre ! Ils ont même avancé ma candidature pour d’autres odeurs. Boulot payé au max….
    Mais cette deuxième expérience fut en fait la seconde. Il donna son préavis.
    – Détecter la poudre d’armes à feu, passe encore, mais pas la drogue, ça vous déglingue les neurones…
    Argument accepté par la Police Scientifique qui le dédommagea royalement.

    – Sage décision, répéta la petite clé de si….mais tu dois t’accrocher. Ton « ratmoovie » n’est pas terminé. Encore une escale et à toi la vie de gentleman-farmer, si ça te chante encore. Moi, je te sens prêt maintenant pour accepter pour ton véritable destin…

    Regonflé à bloc, Le Rat s’en alla confiant. Il poussa la porte d’un Laboratoire ayant pignon sur rue. Il fut conduit à sa cellule qui ne ressemblait en rien à un trou à rats. Que du contraire. Lumières tamisées, murs blancs, sièges confortables, canapé moelleux….
    – Clé de fée, clé de si, es-tu sûre que cela ne cache rien…. ?
    Le Rat n’eut pas le temps d’entendre la réponse. Une main l’empoigna, il sentit une piqûre dans sa cuisse droite…
    – Chut, voilà, c’est fini, lui dit une voix suave, c’est fini, c’est juste un premier contrôle…

    Le Rat, quelque peu sonné, fut déposé délicatement sur le canapé. Il reprenait doucement ses esprit lorsque tout à coup résonna, la Chevauchée des Walkyries …
    Le Rat se mit à suffoquer, à griffer le sol puis à taper sa tête contre les barreaux. La musique cessa. Dans le haut-parleur, une voix neutre déclara :
    – Agressivité.
    Le Rat fut à nouveau délogé, piqué et recouché.
    – Taux cholestérol alarmant, déclara la voix dans le haut-parleur.

    Les séances s’enchaînèrent sur le même algorithme. Musique. Réaction. Piqûre. Résultats. Tous les compositeurs y passèrent. Tous révélaient des résultats incohérents entre émotions, sentiments, comportements et analyses sanguines. Tous sauf…

    Après la dernière expérience où Le Rat afficha en un temps record une santé éblouissante, le Laboratoire publia : « De l’influence de la musique de Mozart sur les vaches et les rats ». L’étude se terminait par cette envolée : «  Oui, toutes les études le prouvent. La musique de Mozart ouvre les portes de l’Univers.
    Avec nos remerciements à tous les participants dont notre cobaye modèle : Le Rat, à qui nous offrons en signe de gratitude la Croix de l’anagramme. Désormais, il a le droit de s’appeler : Le Rat d’Art.  »

    © Clémence.

  5. Maryse Durand dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint décida d’aller vivre à la campagne. « Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé, me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé ! » Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…

    Ratonnet avait eu une belle vie : il aurait pu être un simple rat des villes comme sa naissance l’y prédestinait, comme tant d’autres. Mais il se sentait au-dessus du lot. Après avoir vécu, petit, rat à l’Opéra, il décida de devenir rat de bibliothèque. Il s’installa donc confortablement dans le rayon supérieur de la bibliothèque municipale. Là étaient rangés des ouvrages très anciens, très peu demandés et à la couverture épaisse. Ainsi, pendant des années, Ratonnet eu sa ration quotidienne de lettres, de mots, de chapitres. De l’extérieur, rien ne se voyait. Quand toutes les pages furent dévorées, il fallut faire un choix : les rayons inférieurs, bien garnis, mais accessibles au balai de la bibliothécaire… non, Ratonnet décida de devenir rat de cinémathèque. Toujours dans les étages, les vieux Charlot, les Buster Keaton dont les films s’échappaient de leurs boîtes… en quelques mois il avait tout dévoré ! Il lui fallut alors se résoudre à errer de poubelle en poubelle pour trouver sa pitance. C’est alors qu’il prit du poids de manière inquiétante. Consulté, son psy lui conseilla d’émigrer à la campagne où plus d’exercice lui ferait le plus grand bien. Ratonnet dut quitter sa rue, son quartier, sa ville.
    Le long périple qu’il dut accomplir ayant déjà eu raison de sa surcharge pondérale, Ratonnet songeait à faire demi-tour lorsqu’il fit une rencontre : elle était là, devant lui, esquissant quelques pour se monter à son avantage. « Bonjour, je suis Ratonnet. » « Et moi, je m’appelle Ratonine, et je meurs de faim. Vois ce noyer, cours-y et rapporte-moi de ses noix ! » Et Ratonnet dut faire tant d’allées et venues de l’arbre à la belle qui n’en avait jamais assez, qu’il s’endormit sans avoir goûté le moindre de ces fruits.
    De ce jour, la vie de Ratonnet se résuma à une recherche perpétuelle de nourriture, pour sa belle et pour la nombreuse progéniture qu’ils engendrèrent. Lors des rares minutes de repos qui lui étaient concédées, Ratonnet revoyait en pensée sa jeunesse insouciante, et toutes ces œuvres dont il s’était repu… Diderot, l’Encyclopédie qu’il avait tant dégusté, les Marx Brothers, ah ! et le mécano de la Générale… Nostalgie, nostalgie…

  6. oholibama dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint, décida d’aller vivre à la campagne. « Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé. » Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminer ». Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait.
    Par un beau matin pluvieux, Bocart rat des villes trop enrobé détala vers le rail le plus proche espérant rejoindre ainsi la campagne.
    Il sauta sur le premier wagon libre et s’installa poussant un grand soupir, il fini par s’endormir. Un vilent mouvement du rail lui mit la puce à l’oreille…il se gratta vivement puis, regardant par le petit trou, il sauta aussi vite que son gros bedon le lui permit.
    « Ouf, je suis arrivé, bon je dois maintenant trouver une carriole qui me mènera vers les champs pleins ( gorgés) de bonnes choses toutes saines…
    Salivant par avance,il chercha un peu partout, se dressant sur ses courtes pattes arrières, il rumina un : » non mais…ils sont ou les chevaux, les mulets, les boeufs, les chariots et charrettes? »
    Un bruit, une odeur désagréable emplis son petit museau. Quel est ce… Perdu, il était perdu, quoi! ici aussi il y avait de ces véhicules à moteur toussant et puant? Mais, elle est ou la belle campagne saine et variée de bonnes choses?
    Son museau remua de plus belle. Un vieux matou passant par là , se ri de voir ce gros rat démuni et pensa en lui-même à lui joué un bon tour.
    _Quoi! Messire Rat vous ici! Mais que diantre ou sont donc vos gardes?
    _Hummm, je me promène incognito voyez-vous. Dites-moi sire chat, sauriez-vous me conduire vers le premier champ de blé de votre connaissance? Ce serait bonté de votre part.
    _Mais ce sera grande joie mon bon ami. Répondit le vieux matou tout fier du coup pendable qu’il s’apprêtait à jouer à ce gros bedonnant. Il vous faudra marcher messire Rat en aurez-vous la force?
    _ Le voyage sera t’il difficile?
    _Eh bien pour vous dire vraie, il sera un peu fatiguant, mais je gage que votre courage étant l’apanage de votre espèce vous fera voir ce voyage comme une belle aventure, n’est ce pas?
    _Oh comme vous me chantez beau Sire chat, je comprends votre langage, je ne suis pas né de la dernière grande pluie. Disant cela Bocart le Rat se faufila dans un trou ou, il était sûr que le chat ne pourrait-y entrer. Riant de la déconvenue du gros rat, le chat s’en alla.
    Bocart comprit que sa ville bien que trop riche, était en fait son pays de cocagne.
    Frisant ses moustaches, il s’enfuie pestant contre les gens de la campagne. Il retrouva ses poubelles et ses ruelles, sa petite vie douillette…se targuant auprès des autres d’une aventure qu’il n’oubliera pas de sitôt.
    y-l.

  7. Sylvianne Perrat dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint décida d’aller vivre à la campagne.
    « Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé. me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé »
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…
    A la gare Montparnasse, il quitta sans regrets la capitale et grimpa péniblement dans un wagon à bestiaux qui partait vers le Sud ouest. Au milieu de la paille et de quelques veaux vagissant, il découvrit les premières odeurs de la campagne. Un peu spécial… A Bordeaux, il sauta sur le quai. Mais point de campagne à l’horizon. Comme à Paris, il ne voyait que des poubelles comme lieu de ravitaillement. Mais une gare est généreuse de nourriture : restes de sandwich, vieilles frites et fonds de soda. Il se remplit la bedaine.
    Pour rejoindre la campagne et ses joies bien connues, il avait surfé sur Blablacar et avait opté pour le voyage avec une souris. Elle s’arrêtait à Cadillac. Elle vantait l’Entre deux Mers. Ok, c’est parti, ce serait sa première expérience en pleine nature.
    Le paysage était magnifique. Et la nourriture abondante : des raisins mûrs à point à perte de vue ! La souris, très avenante, lui proposa le gîte dans sa grange. Impec ! La chance lui souriait. Mon dieu ! Quelles odeurs, quels parfums ! Finies les poubelles, les caves et les égouts. Une nouvelle vie commence.
    Et il avait déjà minci à force de parcourir les vignes. Au fur et à mesure des jours, il affinait sa récolte. Il opta pour le Bio.
    Il croisait, de temps à autre, d’autres bêtes à poils amateurs de raisins. Mais elles étaient pacifistes. Plus de bagarres comme à Paris avec des durs à cuire.
    Puis, vint le début de l’hiver. Gavé, il ne se méfia pas.
    Et un matin, plus un raisin sur les vignes !
    Il courut dans tous les sens. RIen !
    Il galopa jusqu’à Cadillac : pas une poubelle en vue. Ils avaient installé des vide ordures souterrains. Chez les particuliers, des poubelles mais sans déchets alimentaires. Ils triaient, parait-il. Messieurs et Mesdames étaient écolo !
    Ecologistes ! Incroyable. Ils pratiquaient le compost. Bien sûr, bien fermé !
    Il commençait à paniquer. Il se précipita vers la souris qui l’hébergeait. Elle avait disparu, Un mot sur la porte : « je reviens au printemps ».
    La grange était close. Le froid s’annonçait.
    Il grelottait de peur. Il se mit à pleurer.
    Une petite fille le vit. Elle s’agenouilla. Le prit dans ses bras, le blottit sous son manteau contre son tutu rose.
    Elle sautilla gaiement vers son école de danse « Les petits rats de Cadillac »
    Elle le déposa dans une corbeille remplie de paille fraiche, de pommes et de noix.
    Entre deux larmes, notre petit rat vit les petites filles danser pour lui.

  8. Cetonie dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint décida d’aller vivre à la campagne.
    « Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé. Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé »
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…
    Prudent, il avait décidé de se méfier des gros céréaliers de la Beauce ou de la Brie, où il risquait de se gaver de pesticides dans un environnement trop soigné, trop surveillé.
    Et il se décida pour une région encore peu fréquentée, le Sud-Ouest réputé pour sa douceur de vivre et ses bons vivants. Évitant encore une fois les fermes trop civilisées, il arriva au bout d’une allée où deux maisons anciennes lui promettaient des conditions de vie idéales, des humains vivant près de la nature donc pas trop hostiles sur ceux que les citadins considéraient comme nuisibles, pas trop radins sur les déchets réutilisés en compost dans lesquels puiser à volonté (pas de poubelles à fouiller, c’est tout de même plus sain quand c’est bien trié avant), et puis, la vie au grand air, une vie saine… Il devint rapidement un authentique néo-rural, prêt à partager toutes ses compétences avec ses voisins plus arriérés.
    Mais…
    Les hommes le déçurent : l’un, retraité un peu maniaque, rangeait, nettoyait, désinfectait si nécessaire, et, le jour où il découvrit qu’un animal invisible avait mangé un de ses œufs, n’hésita pas à utiliser la mort aux rats pour s’en débarrasser, comme s’il ne pouvait pas partager !
    Et sa femme, toujours prête à essayer les dernières recettes naturelles, avait trouvé sur Internet les meilleurs « secrets de nos grand mères » pour éloigner rats et souris, certains réellement efficaces.
    Dommage, leur compost était assez intéressant, c’était de bons vivants et les restes de leur table méritaient le détour (ce n’est pas chez eux qu’il aurait fait diminuer son embonpoint, mais on ne peut pas tout avoir).
    Les voisins, ouvriers agricoles depuis vingt ans au chômage, lui parurent plus accueillants, dans un désordre indescriptible entre une maisonnette mal rafistolée et un poulailler grouillant de poules, oies, canards, lapins bien nourris, la réserve de maïs à portée des dents, un grand choix de trous pour s’installer confortablement, persuadé de n’avoir rien à craindre de leur part.
    Mais ces braves gens étaient bien des ruraux authentiques et n’avaient pas besoin de recettes ou de produits dangereux, les chats et chiens en liberté étaient bien assez efficaces pour garder ces nuisibles à distance respectueuse, ceux qui insistaient n’échappaient pas à leurs dents gourmandes.
    Il en réchappa de justesse, se réfugia dans les bois voisins, sans domicile fixe, à la merci des prédateurs habiles qui y pullulaient.
    Très déçu de devoir renoncer à vivre la Dolce Vita escomptée, il songea sérieusement à retourner dans sa ville natale et sa vie si facile.

  9. iris79 dit :

    Ici à la campagne on avait le souci de la chasse au gaspi.
    Les restes alimentaires étaient immédiatement déposés dans un compost fermé qui alimentait une chaudière installée récemment. Le pauvre rat des villes ne put donc s’approvisionner à une source qu’il pensait facile.
    Quant aux autres ressources possibles, pensez donc ! Le rat n’était pas le seul sur les rangs ! Chats, chiens, cochons, poules, oiseaux divers et variés s’étaient rassemblés depuis longtemps en comité qui permettait de gérer et d’attribuer de façon équitable les restes de denrées éventuelles.
    Le système après quelques ajustements et de petites querelles oubliées fonctionnait à merveille. Chaparder ici ! Que nenni ! Il lui faudrait une autre façon, honnête, citoyenne et écoresponsable de gagner sa pitance !

    Rien ne l’empêchait de demander un entretien auprès des responsables de l’association, qui assurément examineraient avec attention sa requête. Association qui avait diversifiée ses offres car elle organisait régulièrement des matchs amicaux et des olympiades qui permettaient d’allier dégustation et activités sportives ! Tout ceci dans une très bonne ambiance, festive et honnête. « Aliments sains dans un corps sain » était d’ailleurs leur devise et coïncidait avec ce que le rat des villes était venu chercher !

    Il décida donc piteux et un peu honteux de solliciter une audience auprès du président de l’association, le Rat des Champs….

  10. françoise dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint
    décida d’aller vivre à la campagne.
    Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé.
    Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé !  
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait à ne pas se cantonner au rôle que Monsieur de la Fontaine lui avait attribué dans sa fable «le rat des villes et le rat des champs ».
    A peine sorti, traversant l’autoroute sans aucune prudence, il provoqua une collision entre plusieurs véhicules à moteur. Un peu choqué, coincé entre deux engins chenillés qui eux non plus n’auraient jamais dû se trouver sur cette route à quatre voies , il fut intercepté par un gendarme arrivé sur place pour rétablir la circulation et mis derrière les barreaux sans aucune nourriture dans l’attente de son procès.
    Quelques semaines plus tard, amaigri, il comparut devant le tribunal correctionnel sous le chef d’inculpation «présence inappropriée sur voie publique qui aurait pu entraîner la mort de plusieurs automobilistes ». Aucun avocat n’avait été commis d’office pour sa défense.La salle était déserte, pas même le rat des champs n’avait cru bon de venir le soutenir.
    La séance fut bâclée et il fut condamné à devenir rat de laboratoire.
    lci-bas, nul être vivant n’échappe à sa destinée. ……..
     

  11. grumpy dit :

    Dès la petite école il fut affublé de l’affligeant sobriquet « le Rat ». Vrai, il ressemblait à un rat : maigrichon, teint gris, long nez terminé d’une drôle de boule, petites lunettes rondes, cheveu maigre, ongles effilés, le tout complété de deux incisives agressives. Rien d’un sourire ravageur.

    Puisqu’on le traitait de rat, il se dit que ce devait être dans ses gènes et se comporta comme tel, se fabriquant une personnalité chiche, mesquine et rapiate. Même son taille-crayon il ne l’eût pas prêté.

    Au lycée, il s’ennuyait comme un rat mort sauf lors des cours de littérature, il aurait même volontiers rogné les petits livrets des Classiques par la tranche si on l’avait laissé faire. Il vécut un jour l’humiliation suprême lorsque la classe s’esclaffa quant à la lecture de l’Avare, c’est sur lui que tomba le hasard qui l’obligea à lire la réplique « la peste soit de l’avarice et des avaricieux. »

    Sa démarche était vive mais zigzagante, il frôlait les murs, s’arrêtait dans les coins, crispant et remuant le nez pour tirer le plus de profit de ses capacités olfactives. Ayant réussi le concours d’entrée à la Trésorerie générale et son travail ne consistant qu’à compter les sous des autres, il s’y trouva comme un rat dans un fromage.

    Les voisins de son immeuble et les commerçants du quartier eurent tôt fait de lui forger une réputation de grippe-sou. Il se chuchotait « plus avare que lui, tu meurs. »

    Il ne prenait ses vacances qu’en fin d’année pour ne revenir qu’une fois passé le temps des étrennes au facteur, aux éboueurs, à la concierge.
    Chez le boulanger il ne demandait que du pain de la veille, meilleur marché.
    Chez le boucher il surveillait que l’on pesa sa bavette au milligramme près.
    À la supérette il n’achetait qu’avec des tickets de promotion.
    Il attendait la fermeture du marché pour en glaner les restes.
    Sauter avec agilité par-dessus le tourniquet du métro était un jeu d’enfant.
    Les séances de cinéma à prix réduit du lundi soir avaient sa prédilection.
    C’était lui le rat de la bibliothèque gratuite.
    Jamais de monnaie au moment du pourboire.
    Non, il ne fumait pas, excepté les cigarettes des autres.

    Il rencontra un jour une petite souris de fiancée, laquelle prit ses jambes à son cou après avoir visité le trou à rat qu’il habitait et s’être aperçue que la bague était du toc.

    L’âge venant sa santé déclina, il devint obèse, le médecin lui conseilla de s’en aller illico vivre plus vert et plus léger à la campagne sous peine de se trouver bientôt fait comme un rat entre le cholestérol et le diabète. Il obtempéra.

    Sa réputation de thésauriseur le suivit jusque là-bas ce qui donna des idées à certains. Des voyous vagabonds lui tendirent une embuscade. Malmené, secoué et battu il fut bien obligé pour sauver sa peau de révéler la cachette de son magot.

    Et c’est ainsi qu’il se trouva complètement ratiboisé.

  12. Nadine de Bernardy dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint,décida d’aller vivre à la campagne.Là, pensait-il,il me faudra glaner,chaparder,engranger ce sera bon pour ma santé.
    Me gaver de poubelle en poubelle,c’est terminé.
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait.
    Il pensait avoir encore quelque famille dans divers coins de France.
    Las!les cousins de Beauce avaient été éliminés par des cultivateurs excédés de voir disparaître leurs récoltes de blé dans la panse insatiable de hordes de rongeurs sans scrupule aucun.
    Dans le Beaujolais,la cirrhose avait,en quelques générations,eut raison d’une parentèle se nourrissant de raisins trop mûrs.
    A Marseille la guerre des gangs entre autochtones et rats pas triés n’avait laissé que trois ou quatre éléments caccocchymes incapables de différencier un rat des villes d’une musaraigne provençale.
    Et ainsi de suite.
    Il alla tâter de la campagne alsacienne,des champs bourguignons,des greniers savoyards,accumulant les déceptions.
    Complètement désespéré,à peine consolé par une perte de poids pourtant bien visible due à cette longue et épuisante quête,il envisageait le retour au bercail.
    Pourtant, un soir,il vit ,collée sur un tronc d’arbre,une affiche où l’on recherchait des rats pour vivre une expérience unique et prometteuse.
    Il était précisé que les postulants devaient être en bonne santé et n’avoir aucune famille à charge.
    « Gîte et couvert assurés »
    Le rat se rendit à l’adresse indiquée. A la sortie d’une bourgade fort tranquille, une petite caravane.
    Devant s’allongeait une longue file de mammifères de son espèce .Tous le poil brillant,alertes,impatients d’en savoir plus.
    Quand ce fut son tour,il entra,il était le dernier,on ferma la porte à clef derrière lui.
    Pas un bruit à l’intérieur,la pénombre régnait ainsi qu’un froid humide.
    Il se sentit saisi par la peau de cou,jeté dans un cage étroite en compagnie de souris et de rats de toutes tailles,leurs petits yeux inquiets scrutant les lieux,les moustaches aux aguets.
    Il passa la nuit dans l’angoisse la plus profonde

    Le lendemain matin,la caravane se mit en route.
    Jamais plus on ne revit le rat des villes.

  13. Blackrain dit :

    Comme son cousin lui avait dit que tous les égouts sont dans la nature, ce rat débile quitta bientôt la ville pour se rendre chez le rat Deschamps, son oncle épris de football.

    En son honneur, l’oncle organisa un grand festin avec toute sa progéniture, quatre vingt quatre petits ratons que sa compagne lui avait joués sur les sept portées de l’année dont il payait la note. Pourtant, il adorait sa ratounette. Malgré tous ces mois qui avaient passés, il était toujours en émoi. Il trouvait qu’elle était toujours la poubelle pour aller danser au bal, au bal musqué, Ohé ! Ohé !

    L’oncle campagnard se montra fort civil. Plutôt que le grain de seigle ou de maïs qui composait son ordinaire, il offrit à son hôte un met de roi, un ortolan qu’il avait tué la veille. L’invité se montra si vil qu’il se rua sur le rôt sans idée de partage.

    Mais tandis que le rat des villes s’empiffrait, voilà qu’un bruit effraie l’oncle dans sa chouette campagne. Un prédateur volait au dessus d’eux. Deschamps alerta sa nombreuse famille qui fila à la queue leu leu sans manger son reste. Indifférent aux alertes puisqu’il ne vit aucun chat à l’horizon, le rat débile poursuivit son repas. Il ne fallut pas milan pour que la buse plonge sur lui et ne l’emporte pour un prochain repas.

    En voyant son neveu monter dans les airs la tante eu des vapeurs. Elle était toute froissée par ce repas sage qui s’était mal terminé. L’oncle avait la bouche sèche. Il courut à La Fontaine pour se rafraichir les idées et se demander s’il y avait une morale à cette histoire.

  14. Laurence Noyer dit :

    Harpagon, rat des villes, prenait trop d’embonpoint
    Non par excès de bonne chère,
    « quand il y en a pour huit, il y en a pour dix »
    mais par excès de frugalité.

    Il se gavait de produits de mauvaise qualité,
    récupérés parfois dans les poubelles,
    non par souci d’économie
    mais parce que c’est gratuit.

    Il était aussi surchargé d’émotions, de sentiments, d’énergie, de pognon
    Mais il gardait tout pour lui, sur lui, en lui :
    Il engrangeait, mais ne se dépensait pas,
    Il ne lâchait rien, ne donnait rien
    Et il gardait ses rondeurs, il «capitonnisait »
    On le surnommait K7

    Harpagon le rapiat un jour décida d’aller vivre à la campagne
    Il pensait que ce serait bon pour sa santé
    Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait :
    La légèreté, les « pas comptés »
    la fertilité et l’abondance
    la largesse et la générosité

    La nature n’est pas avare
    sauf pour les pingres
    car pour eux peu importe l’endroit
    des villes ou des champs
    Quand on est rat on est rat !

  15. durand dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint décida d’aller vivre à la campagne. » Là, pensait ‘il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé. Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé ». Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait.

    Esope, cousin germain par alliance l’accueillit en sa fermette. C’était un rat lettré de fables, de récits, de poésies et autre sous-préfet aux champs. En entrée, il lui proposa quelques grimoires moyenâgeux qui le mirent en appétit. Et justement le cousin bavard n’était pas qu’à fables. Il possédait un excellent pupitre, cachant sous son couvercle de belles inclinaisons vers les foies. Foie en pâté, brochettes de foies de cailles, foie gras, bleu, mi-cuit, à point….un vaste étalage de dévotion aux lobes hépatiques.

    Le citadin ne se trompa pas. Il ne se ne se bourra point, et s’empiffra encore moins. Il dégusta, siesta et reprit ses lectures. Rabelais lui tendait ses tentacules. Il surfa sur les gourmandises et traîna plutôt ses guêtres dans les bréviaires de gastronomie.La cuisine des mots, c’était quelque chose, quand même, ça vous déglaçait le bouillon mental. Ca vous tamisait l’indispensable. Plus de grumots. Une bonne littérature de l’estomac, avec un zest d’agrume, sans pieds de cochon. Le juste bon gras goûteux, sans trop de soupe. Avec la juste tartine, ni trop fine, ni trop épaisse. Une parole recueillie dans une belle jatte à marbrures, une couture discrète, des tranches à peine rognées.

    Le citadin vivait un rêve et le cousin Esope s’en rendait bien compte.Il ouvrit grandes les fenêtres de la bibliosine

    Ce matin-là, on en parle encore,les herbes frémissaient de joie. Les bosquets tanguaient sous la brise, les oiseaux improvisaient une chorale. Aucune autoroute n’osait s’approcher du canton. Même le coq de l’église ferma son clapet. Le bon silence allait engendrer un doux chant vital, une germination de possibles.

  16. Odile Zeller dit :

    Un rat des villes prenant trop d’embonpoint décida d’aller vivre à la campagne.
    Là, pensait-il, il me faudra glaner, chaparder, engranger, ce sera bon pour ma santé.
    Me gaver de poubelle en poubelle, c’est terminé !  Ce niais n’imaginait pas ce qui l’attendait…
     Il risqua un museau prudent dans une grange. Le blé, qui y était stocké, dégageait une odeur répugnante. Un rat des champs, qui passait par là, l’apostropha : «  eh camarade n’y touche pas, ne t’approche pas. Le grain est traité et le sol aussi pour nous empoisonner. Fais quelques pas sur la toile de jute et demain tu n’es plus de ce monde. « 
    En observant son congénère, le rat des villes s’aperçut qu’il n’avait que la peau sur les os. L’autre croisa son regard. «  oui je sais … le bon air, les produits bio, les recettes de grand-mère …tu lis trop les journaux… La terre regorge de plomb, de pesticides et de toutes sortes de produits chimiques et d’engrais. On nous empeste, on nous tue… bien sur pour maigrir c’est l’idéal … pour survivre il faut tout tester, manger en très petites quantités des plantes qui sont loin des surfaces cultivées… viens suis moi… »
    Ils trottèrent sur plusieurs kilomètres, longèrent un dépôt de déchets ultimes, une décharge à ciel ouvert, une déchèterie. Ils grimpèrent en haut d’une colline, escaladèrent une falaise et là rencontrèrent la famille du rat des champs. Il avait trouvé refuge dans une petite grotte, à l’abri de la pluie et du soleil. L’espace était tapissé de mousse et le rat des villes aperçut des réserves de nourriture : des carottes, des navets… le rat des villes se léchait les babines. Son compère le rat des champs était rentré chez lui.
    Le rat des villes se croyant seul s’approcha à pas prudents des réserves délicieuses.
    Un rat âgé s’interposa et l’arrêta d’un geste … « n’y touche pas… c’est notre garde manger pour l’hiver et le dépôt de toute la vallée. Si tu te sers, je te chasserai et d’autres t’attaqueront et te tueront. Rentre chez toi, ici personne ne voudra de toi ici.En ville, vous avez encore du choix … ici y a plus rien à manger. Tout ce qu’on a c’est vous qui en profitez. Vous êtes si gâtés … regarde toi, gros et gras. Tire toi, si tu ne veux pas avoir des ennuis. »
    Tout penaud, il prit la route du retour. Dans un bosquet, une voix fluette l’interpella : «  et toi, viens m’aider » c’était une belette, elle n’avait plus un poil sur le dos et de la bave coulait entre ses quelques dents… ses yeux rouges étaient injectés de sang. En la voyant le rat des villes prit la fuite et peut être court-il encore …

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