377e proposition d’écriture créative imaginée pas Pascal Perrat
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
Inventez la suite de ce dialogue
Le dialogue imaginatif permet de donner la parole à des objets muets. On parvient plus facilement à faire dialoguer si l’on s’identifie aux choses. PONCTUATION : dans un dialogue, la virgule d’incise est supplantée par toute autre marque de ponctuation. Elle s’efface dès qu’un autre signe (!, ?) fait rupture entre texte dialogué et incise.
– J’en ai marre ! cria Robert, en sortant.
– Que se se passe-il ? demanda Félix
– Ce n’est rien… bougonna Sophie. Je viens avec vous.
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Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
– l’air fin, l’air fin çà veut dire quoi pour une tache tu peux m’expliquer !
– si tu veux on prend du white spirit et on s’efface mais alors plus de visite chez le teintu-
rier où c’est si amusant de tourner en rond, mélangés à d’autres vêtements qui ne sont souvent pas là pour une visite de politesse comme nous tant ils sont crades ,
– je ne sais pas, j’ai encore envie de rester un moment sur cette cravate, j’ai remarqué que
j’attire les regards, surtout des femmes et des jolies en plus
– tu sais on réapparaîtrait sur d’autres vêtements car ce que je ne m’explique pas d’ailleurs c’est que dès que les hommes ou les femmes changent de tenue ils ont hâte de faire une ou plusieurs taches. Les teinturiers ne risquent pas d’être au chômage ?
– détrompe toi, j’ai remarqué que dans les tambours où ils étaient si nombreux avant on ne
voit pratiquement plus de vêtements de travail,
– il ne faut pas voir l’avenir si sombre voyons. Par exemple il y aura toujours des hommes politiques qui font un usage immodéré de chemises et qui ont des CDD renouvelables, des travailleur(e)s du sexe qui ne connaissent pas le chômage et changent souvent de vêtements , des enfants qui ont besoin au moins d’une tenue ou deux
par jour etc etc.
– j’aime beaucoup par exemple quand je suis une tache de cerise (c’est délicieux) ou de chocolat surtout quand il est fourré, de mangue aussi,
– moi j’ai une petite préférence pour une tache de whisky, çà m’enivre,
– dommage qu’on ne soit pas sur le même vêtement on pourrait vivre une belle histoire d’amour sans doute fugace mais qui pourrait peut-être marquer notre vie.
– adieu on me change pour une nouvelle cravate ou peut-être à bientôt chez le teinturier…..
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et vous, sur ce blazer!Croyez-vous avoir l’air fin ?
– Dis donc, qu’est-ce que c’est ce drôle de petit chapeau pointu ?
– C’est trop difficile à expliquer. C’est très subtil voyez-vous ?
– Et ça sert à quoi ?
– Secret d’état !
– Rien que ça ! Oui, enfin je crois plutôt que ça ne sert à rien
– Détrompez-vous ! C’est du lourd
– Explique-toi !
– En ce moment vous me voyez sur une cravate, n’est-ce pas ?
– Oui et alors ?
– Hé bien, habituellement, je pèse sur les épaules et le dos d’un homme très puissant
– Tu parles du jeune blanc-bec, là-bas ?
– Mais ce n’est pas un blanc-bec croyez-moi
– Et comment pèses-tu sur son dos et ses épaules ?
– Je dois lui rappeler chaque jour son devoir et ses promesses
– Ah bon ! Lesquels ?
– Redresser la France
– Pffff !
– Que signifie ce ricanement ?
– Rien, rien. Mais tu ne m’as toujours pas dit à quoi servait ce drôle de petit chapeau pointu
– Je peux vous dire une chose : Lui sans moi n’est rien et moi sans lui je ne suis que vous !
– C’est-à-dire ?
– Une tache. Une pauvre tache
– Dis-donc ! Pour qui te prends-tu ? Tu veux que je te montre qui je suis?
– Ce ne sera pas nécessaire
– Ah bon ! Et pourquoi ?
– Mais parce que vous n’êtes rien. Vous ne vous en rendez pas comte mais vous êtes en train de vous dissiper. Non seulement vous n’êtes qu’une tache mais en plus vous n’êtes qu’une tache d’eau appelée à disparaître
Dialogue entre une tache d’eau et une tâche présidentielle
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
L’histoire, leur histoire aurait pu commencer par ce premier échange. Mais la réalité fut tout autre….
La conférence – un baptême du feu pour elle – s’était terminé dans une ambiance assez tendue, mais le cocktail en soirée avait été maintenu.
Ils arrivèrent en même temps. Lui, en berline. Elle, en moto.
Lorsqu’elle retira son casque et secoua sa tignasse, il ne put empêcher un haussement d’épaules : « Et maintenant, elle veut se la jouer cool… », pensa-t-il.
Lorsqu’il jongla avec ses clés avant de les glisser dans sa poche, elle pensa : « Mais quel est ce film où le héros… »
D’un pas vif, il se dirigea vers la salle de réception.
Elle attendit qu’il fut hors de sa vue. Elle ouvrit le coffre de sa moto, retira ses gants de cuir, sortit une paire d’escarpins, enleva ses bottes et sa combinaison de protection.
Elle fit son entrée.
Tailleur pantalon noir, chemisier lavallière blanc.
Tous les regards se tournèrent vers elle.
Un léger sourire se dessina sur ses lèvres. Elle avait conscience que tout allait se jouer maintenant.
Son regard se posa, sans insistance, sur les groupes qui s’étaient déjà formés. Elle n’avait aucun doute sur la nature des commentaires qui fuseraient. Elle était convaincue d’avoir une réponse acceptable à toutes les récriminations. Elle se remémora rapidement quelques principes pour veiller à maintenir une communication sereine.
Des serveurs passaient entre les groupes. Boissons aux couleurs acidulées et petits fours.
Ils se retrouvèrent face à face.
Elle, un délice aux fruits rouges prêt à croquer. Lui, une coupe de cocktail à la main.
Une bousculade. Etoile de fruits sur le revers de la veste, anneau écarlate sur la lavallière.
– Désolé, dit-il d’une voix grave.
– Désolée, répondit-elle vivement.
– Attendez…
– Non, ne vous donnez pas la peine, j’assume.
Tous les regards se tournèrent vers eux.
Tous se demandaient quelle tournure prendrait cette rencontre « choc ».
Certains misaient sur un échange corsé.
D’autres pariaient sur une sortie explosive.
Il n’en fut rien. Ils se regardèrent, silencieux.
Lentement, il tendit le bras, glissa sa main sous son coude et ils s’en allèrent….
© Clémence.
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
-Waou mais regarde moi ça mon gars ! La tâche la plus subversive que notre temps nous ait donné. Waou, impressionnante. Vive, bien placée, accidentelle à souhait…honteusement belle.
-Ha oui effectivement, je n’aime pas ce genre de tâche personnellement. Trop voyante, presque vulgaire. Elle a un peu abusé sur le rouge à petites lèvres. Elle aurait pu faire plus léger, tout le monde la regarde.
-Rho mais justement, c’est la reine de la soirée ! Regarde là mon vieux ! En plein dans le mille ! Parfaitement centrée !Pantalon blanc ! On ne peut pas faire mieux. Quelle féminité…je suis en admiration.
-Tu perds tous tes moyens, regarde toi. Ça va on y a le droit tous les mois à la même période, c’est lassant.
-Ben moi je me ferai bien 100% coton hygiénique pour être collé à elle…
-Pauvre mec.
Ça fait un peu tache, non?
OUI 🙂 J’assume !
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
– Tu n’es pas au courant ? C’est du dernier cri ! Mais pas de n’importe quoi !
– Et pas n’importe où ! Regarde cette ombre de chocolat sur ce col de chemise : ça, il faut le faire, c’est d’un recherché !
– Allez, on se fait un concours, à celle qui trouvera la plus originale
– Par exemple, de la sauce tomate sur la cravate, c’est un peu facile
– D’accord, on exclut les souvenirs alimentaires sur les plastrons
– Par contre, ces herbes frottées sur ce pantalon blanc, c’est d’un plouc !
– Celle-ci ; elle est trop mignonne, de la fraise sur pull bleu pastel…je parie que le gosse s’est essuyé la bouche avec sa manche
– Et ce trait de peinture sur mon blazer, c’est du grand art : un artiste dans ses rêves…
– Discret, ce bout d’oreille décoré d’un soupçon de rouge à lèvres, une amoureuse…
– Pas comme celle-ci, quelle honte : du vin renversé sur sa jupe
– Par contre, cette tache de vin sur la tempe, mal dissimulée sous les cheveux
– Celui-ci, c’est sûrement un paysan, avec de la boue sur ses chaussures
– Et celle-ci, sans forme, sans couleur…. A ton avis ?
– Vu l ‘emplacement, elle s’est juste essuyé les mains, mais de quoi ?
– Oh, attention ! Cache-toi ! Cette folle est armée d’une bombe, elle nous en veut
– « Détachant express », au secours !
– Oui car moi je suis une tache distinguée. Elle est une signature ! Elle encre le contrat d’édition que mon locataire Hachette avec son talent. Toi par contre, tu n’es que l’emprunte de la vulgarité d’un beaujolais de comptoir.
– Mais tu es une tache devin ! C’est en effet la goutte qui a fait déborder la vase qui enlisait celui que personne ne lisait. Celle d’un homme qui se tue à la tâche depuis des années sans que la chance ne vienne tourner la page de son anonymat.
– Moi je suis le sang bleu qui s’est hissé au sommet du Montblanc, un sang qui atteint ces auteurs parce qu’il découle d’une lignée d’écrivains, des écrivains qui ne se sont pas corrompus en écrits vains, en gribouillages de tacherons qui devaient pêcher à la ligne un modeste salaire.
– Je vois que monsieur n’est point de la plèbe. Il n’a pas connu le salaire de la peur, la peur de ne pas vivre de son art, la douleur de cracher des mots pour un autre, de ne connaitre que les maux du nègre enchaîné aux caprices d’un écrivain mondain. Dans le monde impitoyable de l’édition il n’est qu’une traînée de crayon qui se mine de se voir gommer.
– C’est trop facile de larmoyer ! Il boit la tasse en noyant son chagrin dans la vinasse. Moi le mien se détache du lot de ces écrivaillons, de ces écrits haillons qui mendient le droit d’être publié. Il est écrivain de droit divin. Il n’a même pas besoin de génie pour faire bouillir sa marmite. Son carnet d’adresse suffit pour qu’il touche la cible.
– Tu me dégoûtes ! Tu es cynique. Mais peut-être as-tu raison. Cette romance inique serait donc la vraie vie, une vie qui a quitté l’équité depuis une éternité ?
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée:
« Tu t’es vu sur cette cravate? c’est ring!
-Et toi, sur ton blazer! tu crois que tu as l’air fin!
– Bon, tu ne vas pas commencer avec ta mauvaise foi…de morue trop dessalée, tu sais pertinemment que ma cravate a été créé par Igor Maculowsky, le grand maître du Tachisme post soviétique… Pas comme toi, cette lamentable bavure d’un tâcheron du sport, sur gazon!
– Arrête ta médisance, tu connais très bien les talents de mon grand couillon de golfeur. S’il rate rarement la petite balle, et le trou, il ne peut pas éviter toutes les merdes de sansonnets.
– Sansonnet, sansonnet…un oiseau bien peu poétique….!
– Bof, pas pire que le coup de pinceau très caca que tu portes ce soir…. c’est sa période tachiturne à ton artiste?
– Mais non, tu le sais très bien, juste un peu de tachicardie, pauvre vieux…surtout quand je pose pour lui.
– Une éclabousure…ça se dit ?? Faudra que je le rajoute dans mon fictionnaire.
– Bon…eh…hein… on arrête nos âneries! Tu sais bien qu’au delà de trois vodkas, on ne sort plus que des conneries sur nos hommes!
– C’est qu’on s’y attache à ces grosses bêtes (Rires!)
– Et deux autres vodkas…DEUX!
Tu t’est vu sur ce blazer ? c’est d’un ring !!
A ce point là ? J’ai pourtant fait ce que j’ai pu mais bon je n’ai pas choisi que veux-tu… et toi ? je voie que tu est sur du beau monde aujourd’hui…
Toi aussi tu as remarqué ? ma foi je ne suis pas mécontente… et elle ne l’a pas volé d’ailleurs !
C’est vrai que tu l’as bien souillé son beau chemisier… et on te voit bien en plus !! d’ailleurs on n’a d’yeux que pour toi ce soir…
ça lui apprendra à cette bécasse… pour une fois, elle n’arrivera pas à me détacher. Non mais qu’est ce qu’elle s’imagine ? qu’à coups de K2R elle peut nous dégager comme ça ? Mais nous aussi on a une vie ! nous aussi on a droit à notre soirée !
Houuuu ! mais c’est que tu as l’air en colère ma chère !? Aurais-tu eu du mal à tâcher ces derniers temps que tu rumines ainsi ?
Hé bien oui je rumine !! leurs produits sont de plus en plus efficaces ça devient compliqué… Mais la… alors la… ce chemisier en soie… je l’ai ruiné !
C’est vrai tu as raison ça devient périlleux mais quand on y arrive… quel régal !
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
-Et bien au moins c’est du champagne alors que toi,avec ton énorme auréole de vin rouge, tu n’aides pas ton hôte qui va probablement passer pour un rustre maladroit !
-Rien que ça ?! Et bien tu n’échappes pas à la réputation de celle qui te porte ! Prétentieuse, bêcheuse,hautaine ! Mais que fais-tu ici dans ce gala de charité ?
-Non ma chère, détrompe-toi ! Je suis belle, légère et discrète. Dans quelques minutes je ne serai qu’un doux souvenir. Je me serai élevée au-dessus de vous tous, emportée par la chaleur de cette pièce. Du haut de cette salle je contemplerai toutes les bulles et perles de breuvage qui finiront ou pas sur toutes ces tenues exquises ou de mauvais goût. Je me régale par avance du spectacle qui m’attend !
Je n’aurai pas à subir les regards embarrassés, les agressions de remèdes tous aussi inefficaces les uns que les autres, les tentations de camouflage. Quel bonheur d’être issue d’une noble cuvée.
-Tu me dégoûtes presque autant que l’énorme tache de gras qui vient de s’afficher tel un médaillon ostentatoire sur le chemisier de ta voisine…
-Oh mon dieu, c’est d’un laid ! Et en même temps si drôle ! Je ne suis pas loin de regretter de ne pas pouvoir rester pour saisir son regard honteux et consterné quand elle découvrira l’intruse. Mais je commence à disparaître je le sens.
Sans rancune très chère, je dois bien t’avouer que parfois d’être transparente me prive de reconnaissance,aussi violente soit-elle…Alors que toi avec ta jolie couleur pourpre et ta forme parfaite, tu as quelque chose de spécial, on va te regarder, te parler, peut-être même ne partiras-tu pas ?
-Oh je préférerais pourtant, sans trop tarder d’ailleurs. Peut-être pourrions nous nous retrouver ?…Non je sais que c’est impossible. Profite de ton destin ! Continue à rire de nous pauvres mortelles. Tchin !
-Tchin ! Eut-elle le temps de répondre avant de disparaître du revers du blazer.
Vernissage à la galerie de peinture contemporaine SEQUANA. Ultime coup de marteau, dernier tableau rivé à son clou, serveurs aux gilets, nœuds pap et tabliers blancs impeccables déjà aux garde-à-vous devant le buffet.
Dans la plus petite salle deux tableaux se font face et se regardent en toiles de faïence.
– Psssst !
– Quoi ? C’est toi en face qui me siffle ?
– Oui. Discutons cinq minutes avant que le cirque ne commence.
– D’accord. Qui est-ce qui t’a peint ?
– Un jeune américain, une découverte paraît-il, la nouvelle coqueluche du milieu new-yorkais. On m’a envoyé à Paris en éclaireur pour voir si ça prendrait sur le marché français. Mais toi qui est ton maître ?
– Oh, moi je suis la dernière œuvre d’un peintre japonais aussi minimaliste que cela puisse l’être dans ce pays
– En effet, je vois ça, large tâche dégoulinant du rouge sang sur fond blanc lumineux…
– En revanche, toi c’est tout le contraire : des taches et des taches de couleurs enchevêtrées, écrasées les unes sur les autres, se ruisselant dessus, éparpillant de fines coulures dans tous les sens, j’hésite entre marasme ou pire, apocalypse
– Et ça ne te plaît pas ?
– Ah non ça me plait beaucoup, et toi ?
– Moi je m’aime aussi mais mon histoire est triste, je suis un testament
–Sans blague ? Raconte…
– Mon auteur perdait la vue, alors un soir de désespoir, il s’est plaqué contre la toile et a sorti son revolver
–Malheur ! Je ne crois pas qu’un jour mon peintre en arrive-là, il est jeune, il est gai et gay, la sniffette l’inspire
– Et ça ne te choque pas que l’on nous ait si mal accrochés dans la plus petite salle ?
– Oui, mais justement à nous de trouver une idée pour nous faire remarquer
– Attends, je l’ai l’idée : fais comme moi lorsque le galeriste qui nous a relégués au plus mauvais endroit va s’approcher pour nous présenter à ses invités.
Regarde-le, il arrive. Il n’a pas l’air fin le minet avec sa cravate rose et son blazer blanc aux boutons dorés !
Allez, c’est bon… Vise la cravate de cet efféminé et mosaïque-la de tes multi-taches, moi j’explose de sang son blazer immaculé.
Sûr qu’on va parler de nous.
377 – Deux taches se rencontrent lors d’une soirée.
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer, tu crois que tu as l’air fin ! Tu vois la paille dans l’oeil de ton voisin mais tu ne vois pas la poutre que tu as dans le tien !
– Pardon, chère amie ! Vous m’en voyez fort aise mais j’ai des taches dans l’oeil. Je n’ai pas bien vu. On dirait du vin n’est-ce pas ! Pas très classe tout ça ! Vous étiez bourrée, il me semble !
– Je vous en prie Marie-Françouaze ! Ne joue pas les mijaurées ! Tu pètes plus haut que ton cul, je suis sûre que tu en as oublié une !
– L’inconvénient, voyez-vous, dans ce genre d’échange, c’est qu’à un moment, on ne sait plus qui est qui ! Je n’aime pas le mélange. Une tache de rouge qui tache, c’est le cas de le dire, avec du jaune d’oeuf par-dessus, c’est un menu de choix. Le rouge tirant sur le violet avec le jaune, beau contraste. Chapeau !
– Un peu de tenue ! Vous ne voyez pas qu’ils nous regardent !
– Bof ! Au point où ils en sont. Tous bourrés. Ils voient tellement de taches sur leurs tableaux, une de plus, une de moins, ce n’est pas deux taches comme nous qui allons les émouvoir. Ce qui les intéresse, c’est la spéculation, vous comprenez !
– Oui, je comprends bien, nous faisons partie de l’élite des taches et ils ne nous regardent même pas. Ils ont de la merde dans les yeux.
– Chut ! Si tu deviens vulgaire, ils vont nous remarquer. Ils vont nous prendre pour des chefs d’oeuvre…
– Arrête ! Je ne me fais pas d’illusions ! Tâchons d’être discrètes. Le pire qu’il pourrait nous arriver, c’est K2R. Finies les soirées !
– Ah ! Oui ! Il paraît que le tableau a été volé ! Tu sais K2R ! Ca laisse des traces quand même. Le peintre, je ne sais plus comment il s’appelle. Tu sais, un petit avec des moustaches, comment se nomme-t-il déjà ? Aide-moi…
– Non, je ne vois pas. Mais continue ça m’intéresse.
– Eh bien ! Comme il a peint son tableau avec une bombe de K2R, il dit qu’il a atteint la pureté. Mais au bout de quelques années, ça laisse des traces. Il va avoir une surprise quand il va récupérer son tableau.
Veuillez excuser le langage châtié.
S’agissant de taches bourrées, elles font ce qu’elles peuvent.
Châtier son langage signifie : donner le style le plus pur et le plus correct possible à son langage.
J’apprends.
Tachacrav et Tachablaz se rencontrent lors d’une soirée et commencent un dialogue :
– Tu t’es vu sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin !
Alors là, s’exclame Tachacrav, je t’arrête tout de suite, les dialogues, pour moi c’est un cauchemar ! Il est hors de question que je me plie à cette tâche. – Ah bon ? Mais pourquoi ?, demande Tachablaz. C’est la technique d’écriture la plus contraignante que je connaisse, répond Tachacrav. Explique-moi ça, l’encourage Tachablaz !
– Revenir à la ligne sans arrêt, rappeler qui parle, c’est rébarbatif, dit Tachacrav, on a l’impression d’un texte au garde à vous !
– Et toute cette typographie !, ajoute Tachablaz: les tirets, les Majuscules, les points d’exclamation et d’interrogation, les guillemets, on ne sait plus dans quel ordre les placer ! On dirait un sapin de Noël, ça me donne le tournis ! Tiens je te les donne en vrac : « », ?!—. Débrouille-toi avec ça !
Et parfois, le nom du personnage vient se placer devant, continue Tachacrav.
Tachablaz : Comme ça ?
Tachacrav : Comme ça ! On évite ainsi les verbes de paroles – du style : dit-il, propose-telle… , – qui donne du relief au dialogue.
« Sans oublier le « t » euphonique, l’interrompit-il ! »
-Mais, qui parle ?
-C’est Tachacrav, dit Tachacrav
-Il faut te présenter, le somme Tachablaz !
Tachacrav : comme ça ?
Tachablaz : comme ça !
Bravo cela répond aux deux côtés de la consigne et c’est drôle
Merci
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est ring !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fin …
_ C’est une voisine, elle… On ne va pas en faire un plat.
_ Regarde ta voisine … pas celle-là, l’autre à ta droite, en robe rose …
_ Oui, eh bien … je … Oh la la … et elle n’a rien remarqué … un … oh oh
_ Sa robe en soie est fichue … un macaron au chocolat écrasé au niveau des …
_ fesses …
_ Un invité vicieux .. un coup pareil … C’est fait exprès !
_ J’ai vu une fois des messieurs très comme il faut, se servir de la capuche d’une dame comme cendrier … le summum du bon goût … elle était non fumeuse et sa robe sortait de chez un couturier… Dans les cocktails, maintenant, on voit de tout …
_ Tu crois qu’ils font marcher l’assurance ?
_ Uniquement si un serveur est en cause …
_ Tu as entendu ce bruit ?
_ Dégringolade imprévue d’un plateau entier …. dommage … le champagne, ça ne tache pas.
_ Certes, mais ça mouille … et … non ne te retourne pas …. Je vois deux dames douchées au champagne. Tu imagines le temps de séchage ?
Deux taches se rencontrent lors d’une soirée :
– Tu t’es vue sur cette cravate ? C’est horrible !
– Et toi, sur ton blazer ! Tu crois que tu as l’air fine ?
– Fine ou pas, j’suis pas plus moche que toi !
– Qu’importe ! Mais tâchons de ne pas nous disputer. Soyons discrètes. Tant que nous serons transparentes, nous serons vivantes ! Dès que nous serons découvertes, nous serons massacrées.
– C’n’est pas faux ! D’ailleurs, à bien regarder, le coulis de myrtille qui a coulé sur cette belle cravate en satin blanc, on dirait un point d’exclamation ! Ça pourrait ressembler à un chef-d’œuvre ! Tu vas peut-être finir dans un musée.
– Et toi, cette tache de graisse d’un jaune auréolin, on dirait un soleil dont les rayons veulent s’échapper vers le ciel. Cet élégant blazer en lin écru est bien illuminé ! Mais ça pourrait être une idée de mode et faire tache d’huile. Tu seras belle et célèbre !
– A nous faire des compliments, nous allons finir par nous attacher !
– Alors faisons plus ample connaissance !
Le lendemain, sur le dos d’une chaise, une veste abandonnée et toute chiffonnée attendait tristement. Dans la poche droite, on y trouva une cravate toute tremblante…
Bien vu et amusant
Merci
Merci Odile, c’st sympa.
Bon Dimanche.