375e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Imaginez un papotage* entre Patati et Patata
- Papotage : propos légers, conversation primesautière
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Patati : Bonjour. Comment allez-vous ?
Patata : Très bien merci. Et vous ?
Patati : Un peu fatiguée, je l’avoue. Il ne fait pas encore ses nuits. Et le vôtre ?
Patata : Lui aussi a des nuits agitées, des insomnies, des réveils nocturnes. Il paraît qu’à son âge c’est normal
Patati : Je crois qu’il fait ses dents. Il en a déjà 8. Et le vôtre ?
Patata : 4
Patati : J’ai hâte de le voir manger autre chose que du jambon haché. Et le vôtre ?
Patata : Le mien c’est purée de légumes et fruits en compote
Patati : Savez-vous qu’il commence à parler. Hier, il a dit son premier mot « Papa ». Et le vôtre ?
Patata : Quelques borborygmes « Areu » « Agaga ». Je ne le comprends pas
Patati : Je ne vous ai pas dit, mais il a fait ses premiers pas la semaine dernière. Et le vôtre ?
Patata : Il marche très difficilement. Il tombe souvent
Patati : Question propreté, je commence à lui apprendre à se tenir sur le pot. Et le vôtre ?
Patata : Le mien, c’est couche-culotte 24 h/24
Patati : Demain nous fêtons son premier anniversaire. Et le vôtre, quel âge a-t-il ?
Patata : 93 ans
Cet impérissable dialogue a eu lieu dans un jardin public, près d’un bac à sable, entre Patati, maman de Noël 12 mois, inscrit à la crèche « Les petits loups » et Patata, fille de Léon 93 ans, résident de la maison de retraite « Les vieux loups ».
– C’est pas Tatie, c’est pas Tata non plus. C’est pas moi, ça peut être que toi.
– Quoi ?
– Ni l’une ni l’autre n’aurait marcher sur le carrelage mouillé.
– Qu’est-ce que tu racontes, quel carrelage mouillé.
– Ne fais l’innocent. Il n’y a pas de fantômes ici, que je sache.
– C’est peut-être toi pour te disculper…
– Arrête ton cinéma.
– C’est pas grave.
– Donc, c’est toi.
– Il est sec maintenant.
– Oui mais si je nettoie et que tu salis derrière, c’est pas démocratique.
– J’étais pressé.
– Tu ne travailles pas et tu étais pressé !
– Justement, j’ai trouvé du boulot.
– On peut savoir quoi ?
– Un stage.
– Un stage de quoi ?
– T’as pas une lampe de poche ?
– Pour quoi faire ?
– Ben, pour l’interrogatoire démocratique.
– Arrête de te moquer. Un stage de quoi ?
– D’écriture.
– A ton âge ! A 25 ans, Môssieur apprend à écrire ! N’importe quoi !
– Je t’ai inscrit aussi.
– Mais je sais écrire, moi ! dit-il avec emphase.
– C’est de l’écriture créative.
– Ecriture créative ! Qu’est-ce !… Et ça paye bien ?
– C’est selon ton inspiration et ta persévérance. Tu as raison, ça te changera de ton ménage.
– Oh ! Je n’ai pas dit que j’en ferai.
– Mais si, tu penses déjà à être édité. Je suis sûr que tu seras doué.
– T’as pas lu, dans je journal : « Un pape otage ! »
Imaginez un papotage entre Patati et Patata
Elles s’étaient rencontrées, un jour ou peut-être une nuit. Sur une aire.
Une aire qui avait un petit air de Saint-Germain-des-Prés.
Et elles ne se sont plus quittées.
On pouvait les rencontrer partout. Elles se mêlaient à la foule, sur les quais de la Seine, sur le grand Parvis. Elles dansaient avec les gouttelettes d’une fontaine, elles rêvaient chez un antiquaire ou philosophaient dans une librairie désuète.
Elles étaient de toutes les fêtes, de toutes les rencontres, de tous les événements, qu’ils soient heureux ou malheureux.
Ce matin, elle se retrouvèrent rue Saint-André des Arts, dans un café dont elles avaient entendu dire beaucoup de bien…
Elles choisirent une table dans la petite salle du fond. Elles se rendirent à peine compte que tous les regards s’étaient portés sur leur duo.
Elles étaient lumineuses et leur complicité était troublante. Un client murmura :
– Elles sont deux et ne semblent faire qu’une…
Les autres étaient rêveurs. Subjugués par leur attitude.
Elles étaient assises face à face, les mains légèrement ouvertes. Chacun pouvait voir leurs lèvres remuer tour à tour.
– On dirait que l’une commence à dire quelque chose…
– Et que l’autre termine….
– Mais on n’entend rien….
Les rencontres se répétèrent chaque jour, des semaines durant, en un rituel immuable. Sauf…ce samedi. Ils en restèrent bouche bée. Le duo, surnommé avec bienveillance : Patati et Patata, rompit ses habitudes et piqua la curiosité de tous.
Dans une parfaite symétrie, elles prirent place sur leur chaise. Sortirent une feuille blanche et une plume. Entre elles deux, un encrier.
Et dans le silence, si rare de la salle, deux voix légères se firent entendre…
– Pour une aubaine, c’est une aubaine !
– Comment as-tu trouvé cette merveille ?
– Sur le Net !
– Et pourquoi celui-là ?
– Le titre m’a fait de l’œil !
– Accrocheur ?
– On peut le dire ainsi !
– C’est audacieux…
– On tente ?
– On tente….
La fin de leur conversation se perdit dans les vapeurs de l’énorme machine à café, au grand désespoir des curieux. Ils durent se contenter de regarder, d’imaginer. D’imaginer ce qu’elles pouvaient écrire.
Une heure passa. Elles levèrent la tête, posèrent leur plume, se regardèrent, échangèrent leurs pages et les lurent.
Après quelques minutes, leur dialogue reprit.
– Jamais je n’aurais pensé à cela…
– Moi non plus….
– On tente le coup ?
– On tente!
Elles plièrent bagage et partirent en riant.
– Patati et Patata ont bien changé aujourd’hui….
– Elles sont peut-être amoureuses…
– Allez savoir !
Au café de la rue Saint-André des Arts, ils ne surent jamais…
Mais moi, je sais….
Patati et Patata étaient retournées sagement dans leur aire, où elles attendaient le samedi avec impatience. C’était gravé dans leur mémoire.
Elles avaient rendez-vous avec un ami magicien, qui titillait leurs neurones.
L’histoire avait commencé … patati, patata…
en l’an deux mille dix, et patati et patata…
le vingt-deux du mois de septembre exactement, et patati et patata…
Et depuis, les plumes courent, courent et les mots s’envolent….
© Clémence.
Imaginez un papotage* entre Patati et Patata
Patati s’était levé du pied gauche ce qui amena patata à lui demander ce qui lui arrivait ?
– tu me parles à demi-mot, hier c’était à mots couverts, demain tu emploieras des périphrases peut-être? mais qu’est-ce qui se passe ? çà va devenir difficile pour moi de papoter avec toi.
-Je m’inquiète pour mon i : depuis quelque temps il a l’air de vouloir se mettre la malle, et que deviendrait mon intégrité physique dans ce cas !
– tu exagères un peu non , on te mettrait une autre voyelle un e peut-être ! la cinquième voyelle de l’alphabet tout de même, tu n’aurais pas à rougir de ce changement :
– et les cruciverbistes comment feraient-ils sans i hein, tu y as pensé !
– réfléchis un peu ce n’est pas parce qu’on t’enlèverait ton i que cette lettre disparaîtrait de l’alphabet elle est indispensable. Prenons pour exemple cette citation « “Pour le bien des Hommes, si quelqu’un a mal agi, écris son nom dans le marbre; s’il a bien agi, écris son nom dans la poussière.” il y a sept i et seulement 3 a
– tu sais je crois qu’en ce moment je suis un peu dépressif, il faut que je réagisse !
– oui tu es dans un champ de patate ce matin comme disent les Québécois
– çà veut dire quoi ?
– avoir tout faux, être loin de la réponse.
– tu sais que c’est les grecs au VIII°S avant notre ère qui ont introduit les voyelles dans l’alphabet. Et ils continuèrent :
Et patati et patati…
Et patata et patata…
Et patati et patata…
Et patata et patati…
Oh! Patati! Amènes-toi,viens boire un p’tit coup avec moi. Mince voila Patata, galère,bon je lui répond je sais qu’il a un bon fond,après tout c’est un pote…_Oui…j’arrive. Je traverse la grand place et d’un pas nonchalant je me dirige vers la terrasse du Café de la gare._Salut toi tu vas comment? me demande t’il avec ce doux sourire qui lui fait une face de clown._Oh bien mon cher très bien même,vois comme je respire la santé!_Hum oui tu as une mine superbe, que bois-tu?_Un petit thé citron, ce serait parfait._La ligne des femmes ça me donne des boutons._Bien sûr,mais crache-tu sur un beau bouquet? Riant un peu trop fort, c’est vrai qu’il a de belles dents ce faquin.Il regarde le groupe de filles qui s’installent deux tables devant nous. Il se trémousse, enlève son blouson, son essence vole lentement vers moi, vétiver…agrume. Il sent bon en plus. Les filles hument et tournent la tête vers nous.Et voila, les pigeonnes sont ferrées. Le grand sourire refleurit._ Bon, tu veux que je te laisse?_ Nan Patati écoute j’ai un gros truc à te dire.Dis tu es aller au ski ou pas?_Oui bien sûre comme tous les ans,d’ou mon beau hâle…tu vois non?_ Sourire crispé, yeux moitiés fermés, le grand blond se sent seul.__ Oui, je vois, donc je te disais que…j’ai un truc qui va te faire crisé.Rot et Péron se sont offert une virée nocturne qui a mal tournée,ils en ont pour un bon mois idem pour Phal , Tib et Col, bien brisé celui-là, je les ai vu pas plus tard qu’hier et ma doucette…ils douillent un max. Tu devrais leur rendre une petite visite, la clinique n’est pas si loin de chez toi,non? _Oui mais là…je dois voir Hanc et Côt grosses fractures pour elles et ce sont mes copines…chacun sa galère mon pote. _Oui je me disait aussi, mais content qu’au moins toi, tu sois en forme…_Itou toi on est des bons nous deux…Le fou rire nous prend et c’est ainsi que nous nous quittons…sur une note positive car bien que l’on aime papoter, on aime aussi prendre des nouvelles de nos bons amis…ainsi va la vie.
Et blablabli,
Et blablabla,
T’as vu ce nouveau sujet….
Oh oui, c’est original
Et t’as trouvé comment le traiter ?
Ben non, j’ai rien compris
D’abord, ça veut dire quoi, « papoter » ?
J’ai cherché, j’ai trouvé « conversation creuse et futile »
Mais comment on pourrait faire ?
Nous, on parle toujours sérieusement,
On n’est pas comme ces têtes en l’air
Qui parlent juste pour parler
Alors, on fait quoi ?
On rend « copie blanche »
Tant pis si on se tape un zéro
Faut assumer, quand on est sérieuse !
oui, j’assume!
manque d’inspiration….
bravo à vous tous
(je ne vous ai lu qu’après avoir rédigé, je me suis régalée!)
Que serait Patati sans Patata ?
Ces inséparables se le demandent justement :
_Que serai-je sans toi Patata ? Imagine un Patati isolé, abandonné au détour d’une phrase. Nous lirions « et Patati… » ou seulement « Patati », perplexité du lecteur. Pourquoi ce Patati sans suite, ce Patati sans but dans la vie, ce Patati déprimé, sans patate, en quelque sorte.
_Et un Patata posé là, ce n’est guère mieux, ça n’a pas de sens. A moins d’imaginer que le personnage a perdu sa tante, mais il dirait « où est Tata ?» ou « Tata,où t’es ?» mais pas « Patata » comme ça brutalement. Ou alors, il ne veut pas qu’elle vienne, il s’écrie et ça s’écrit « pas Tata, surtout pasTata. Ça marche aussi avec toi, « Pas Tati »
_Certes, il serait question de parenté refusée si je te suis bien. Notre personnage n’aime guère ses tantes. « ni Tati, ni Tata » serait mieux formulé. Tu peux noter au passage qu’il n’y a pas d’équivalent pour « pas Tonton » ; « et pas tonton et pas mon oncle » ne fonctionne pas.
Nous pourrions peut-être créer un « et Patonton, et Patintin », qui sonne assez bien ma foi.
Bref, tout ça pour parler, pour écrire, pour de rire et pour de lire. Il faut bien répondre à la commande du samedi matin. Et Patati, et Patata…
Joli temps, un peu frais ….
Allons madame Patara doux pour la saison
Vous avez raison comme toujours…
mettez un foulard
Un quoi ?
Une écharpe
Ah oui un foulard
Je suis sur que vous en avez plein vos tiroirs
Mes armoires oui je devrais ranger mes armoires .. vous avez encore raison
C’est commode les tiroirs …
une commode , non je n’ai pas de commode … trop vieillot je suis plutôt penderie
Pendre qui ? Je n’ai rien compris … pendre des foulards ?
Je n’ai pas dit cela … j’ai une penderie …
un rang de riz dans une armoire ? Vous êtes bizarre madame patata.
Merci du compliment … vous ne seriez pas sourd …. monsieur patati
Sourd non pas du tout c’est tout ce bruit … on ne s’entend pas … je dois y aller …
eh bien oui allez-y et … bonne journée …
Je ne tourne pas … je prends le bus … elle a fermé sa fenêtre … elle est étrange… ces derniers temps … je ne sais pas quelle mouche la pique … elle vieillit … et moi toujours jeune, l’oeil vif et l’oreille fine !
Sa stature élancée est toujours vêtue de noir. Ses cheveux- casque sont coupés au carré, elle aime porter des parkas, mais pas des bermudas ; arpenter des boulevards, les soirs de cafard, dans les bourrasques et le blizzard. Elle est comme ça, Natacha Patata, venue tout droit d’un pays froid, l’Alaska. Allongée, élégante, sur son sofa, près de sa chatte angora nommée Isadora (du nom d’une antique actrice de cinéma), ou exhibant son chihuahua sur la promenade en contrebas, elle se voit, diva, enchaîner quelques entrechats sur la scène de l’Alhambra. D’autant, elle ne rate aucun de ses cours de cha-cha-cha, de zoumba et de samba. Sans blague, vous la voyez danser la polka, pratiquer le yoga ?
Pendant ce temps-là…
Sylvie Patati ne vit qu’en bikini, alanguie sur une plage de Capri ou de Miami. Elle ne sait plus si elle est née en Italie, en Roumanie ou en Transylvanie. Elle oublie. Elle rêve sa vie : autour de minuit, elle suit son circuit, au volant de sa mini. Elle se sait jolie, mais se veut assagie. Dans son petit logis, il n’y a qu’elle et Titi, son petit canari. Sa silhouette longiligne s’inscrit dans un cycle biologique très « in ». Elle pratique le ski, la cuisine, la botanique et la sophrologie en compagnie de sa cousine Virginie.
Pour que ces deux-là se rencontrent, il faudrait un fameux coup de pouce du hasard, voire un tsunami. Pourtant…
« Alors c’est vous Sylvie ? Vous êtes célèbre jusqu’en Alaska. » « Merci Natacha, vous et votre chihuahua, à Miami, on ne parle que de ça. » Elles passèrent par ici, puis repassèrent par là… c’est fou, tout ce qu’elles ont pu trouver à se dire. Elles affrontèrent quelques instants les flashs et le brouhaha, puis s’éclipsèrent, de conserve, en catimini…
Dézingage à tous les étages
Et patati et patata…
Mais que se racontent-elles
Ces quelques demoiselles
Tantôt la mine réjouie
Tantôt l’air ahuri ?
Quels secrets partagent-elles
Ces satanées pipelettes
Qui n’en perdent pas une miette ?
Et patata et patati…
C’est le « club des vieilles pies »
Ou celui des vieilles toupies
Comme dirait le poète
Qui détrône la gazette du pays
– Et tu l’as vu lui hi hi hi
– Et sa nouvelle nana ha ha ha
Et patati et patata…
Ce sont elles les vraies vedettes
Elles sont à peine six ou sept
Mais font plus de bruit
Qu’une douzaine de baïonnettes !
Entre la mairie et le boucher
Il y a déjà plusieurs cadavres à ramasser
Depuis le matin jusqu’au soir
Elles en conduisent de pauvres victimes à l’abattoir !
Et patati et patata…
Rien n’arrête cette belle brochette
Le village est régulièrement passé au peigne fin
Et patati patin couffin…
Gare à celui qui fait le malin
Il se retrouvera vite au bout de leur arbalète
Et patati et patata
Mais quand donc cessera tout ça ?
Pas avant que ces drôles de vipères
Ne se retrouvent sous terre
Au cimetière des commères.
Imaginez un papotage* entre Patati et Patata
patata: Il ne fallait patatifer de la sorte aussi !
Patati : Pourquoi ? Ça ne va patatiser me semble-t-il ?..
patata: Je ne vais patatacher non plus, n’exagérons rien mais me balader avec toi dans cette tenue comme ça…
patati : patatirance cela provoque dans le regard de ceux qu’on croise tu remarqueras !…
patata: Patatachoum ! Tu plaisantes?! Tout le monde nous regarde !
Patati : avec un patatirail comme ça, tu parles…
patata: J’avais promis de ne patattaquer mais là, je sens que ça monte…
patati : c’est pathétique cette patatitude !
Patata: Arrête, dépêche toi accélère, le resto va être plein et le service ne va patatarder. On ne pourra patatabler avec tes copines de shopping…J’espère qu’elle ne seront pas attiffer comme toi…
patati : Tu ne perds rien pour attendre, attends de te prendre de la patatartiner sur la tronche, attends qu’on soit au dessert ! Tu ne seras patatittré gentleman de l’année !
Tiens ! Salut Patati ! Çà va ?
Oui ! Moi ça va ! Et toi Patata ça va ?
Cou-ci cou-ça ! Mais oui ! Dans l’ensemble ça va !
Bon ! … On a pas trop mal commencé , dans le genre papotage, mais maintenant il va falloir trouver la suite !
M’oui ! Un peu classique, peut-être ! Faudrait se bouger le papotin !! Et d’ailleurs c’est ton tour, Patata !
C’est toujours pareil ! Toujours à moi à trouver la transition !!…
Bon, ben : Hier tiens, je suis allé à la bibliothèque, et j’ai trouvé un gros bouquin avec un titre !!! Tu devineras jamais !!! : « La phénoménologie de l’esprit »
Peut-être bien !! Mais là, je te signale que pour ce qui est des « propos primesautiers, conversation légère », tu t’éloignes du sujet !!…
Mais non !!!!… Attends !
Je trouve ce livre. Je vois pas du tout ce que le titre signifie. Alors je me dis qu’il me faut un dictionnaire pour comprendre le titre. Je sais pas qui est l’auteur. Alors je me dis qu’il me faut une biographie de Hegel. Je sais rien sur la pensée de l’époque. Alors j’emprunte une encyclopédie de philosophie au XIXe siècle ; C’est bourré de mots en allemand. Je vais devoir emmener une méthode d’apprentissage rapide de la langue…. Bref de fil en aiguille je suis ressorti de la bibliothèque en ayant emprunté la moitié du fond !
Et tu as lu tous ces bouquins ???!!
Quelle drôle d’idée ! Depuis quand les livres sont faits pour les lire ?? L’essentiel, c’est seulement d’en parler !! … Alors je les ai mis en tas chez moi. Selon les besoins ils me servent de siège… de table… d’escabeau…. C’est du mobilier à géométrie variable.
Mais tu devras les rendre au bout d’un délai !
Oui ! C’est embêtant ! Je vais les faire prolonger au maximum. Mais après je vais être obligé de trouver une autre solution pour me meubler .
Bon ! Ok ! Et ça nous mène où ton histoire de bouquins ?
Ça nous mène à mission accomplie pour ma part puisque c’est à toi de trouver une transition à présent pour continuer notre papotage.
Ok ! Bien joué ! Donc à moi !
Eh bien moi je perds pas mon temps avec des bouquins idiots, moi je rencontre des jolies filles dans le couloir ! Et pas plus tard qu’hier, j’ai croisé la petite du quatrième gauche quand on tourne le dos à l’ascenseur.
Celle qui a un gros nez et des nattes ?? Je te la laisse !!
Non ! La porte en face, légèrement décalée, avec ses griffures de chat en bas !
Aaah !! Celle qui s’est teint les cheveux en orange fluo ? Même que sa mère a piqué une colère qu’on a entendu dans tout l’immeuble le jour où elle l’a découverte comme ça. Tu sais pourquoi elle a teint ses cheveux de cette couleur ?
Elle a dit à sa mère que c’était pour être mieux vue quand elle traversait la rue, vu qu’elle part et rentre du travail la nuit . En quelque sorte une mesure de sécurité. Moi j’la comprends : Fluo pour fluo, entre ça et le gilet …
N’importe quoi !! Et pourquoi pas en jaune les cheveux alors ? C’est encore plus voyant !
Non !! c’était déjà pris par un homme politique outre-atlantique! Elle avait peur qu’on les confonde . Et comme il ressemble à un singe…
Bof ! Un lointain cousin de l’humain, le singe, parait-il !
Oui ! Malheureusement, on choisit pas sa famille !!
Mais bon !! Elle nous mène où ton histoire alors ???
Oui ! Donc, pas plus tard qu’hier, j’ai vu la petite du quatrième…. Et figures-toi que…
Et patati, et patata… Verba volent ? … Pas étonnant que l’air soit pollué !!!
Papotage* entre Patati et Patata
Papotage : propos légers, conversation primesautière
Popotage (ou patatage) : malheureusement, ces mots n’existent pas. Tant pis !
Patati, une Belle de Fontenay se trouvait dans un grand bassin d’eau froide après avoir subi les derniers outrages : on l’avait dénudée et on lui avait même arraché la peau. Elle était furieuse.
– Quelle honte ! Faire ça à une grande dame issue de la noblesse comme moi ! Je soupçonne mon Économe d’être dans le coup. Ça fait pas mal de temps qu’il cherchait à se frotter à moi.
Elle s’adressait à une autre infortunée qui se trouvait dans le même bouillon qu’elle.
Dans sa fureur, elle ne s’était pas aperçue que la nouvelle venue était d’une condition bien plus modeste, voire prolo, mais ça ne se voyait pas dans l’état où elles étaient.
Cette dernière, beaucoup plus jeune et désirable qu’elle, a pris la parole.
– Et maintenant, nous sommes toutes les deux dans le même bain, fait celle-ci. Moi, c’est Amandine Patata. Ma petite sœur Agata Patata vient de connaître une fin tragique. Je travaillais avec elle dans l’établissement où se rendait votre mari chaque mercredi après le travail. Vous avez été trahi par votre Économe, moi c’est par le Cuisinier. Et pourtant, il aimait bien me caresser en répétant : « ma chère et tendre, j’adore votre peau douce et votre chair tendre ». Cela me faisait verdir de plaisir. Et un jour…
– Quand je pense que c’est avec une salope comme vous que mon mari…
– Et oui, chère Madame ! Je me permettrais juste de vous faire remarquer que votre titre de Belle de Ch’sais pas où est quelque peu usurpé, et ça ne m’étonne pas que votre mari…
– Vite des sels ! Je sens que je vais m’évanouir !
– Rassurez-vous, chère Madame, ils ne vont pas tarder ! Et je ne serais pas surprise de voir arriver une vieille branche de céleri, très apprécié des clients un peu âgés comme votre mari.
– Quand je pense que c’est avec mon argent que ce salaud…
C’étaient ses dernières paroles.
L’eau était devenue bouillante.
Amandine, malgré sa chair plus tendre, a survécu un peu peu plus longtemps que sa collègue vieille et fragile. Elle était résignée sur son sort car elle savait que son destin était de donner du plaisir aux autres. Et pas seulement de l’argent.
– Mamie, Tatie ! Bonjour ! Je vous présente Alexander !
– Alex, ma chérie ! Enfin ! Tu es venue avec ton amoureux ! s’exclame Mamie.
– Bienvenu parmi nous, Alex ! Tu permets qu’on t’appelle Alex …comme notre chère Alex ? ! s’esclaffe Tatie.
La bouche d’Alexander forme un rond parfait. Pourtant aucun mot, aucun son n’en sort !
En plus, il se demande si, subitement, il ne souffrirait pas de diplopie.
Devant la stupeur manifeste du jeune homme, Alexandra et les deux sœurs jumelles laissent fuser leurs rires lumineux et tellement vivifiants que, très vite, Alexander mêle le sien à cette cascade joyeuse. Il a devant lui, deux clones parfaits et hilares !
– En fait, je m’appelle Mimi, diminutif de Michelle, dit l’une
– Et moi, je m’appelle Gigi, diminutif de Gisèle, dit l’autre.
– A moins que ce soit le contraire, disent-elle en chœur.
Et les rires reprennent de plus belle.
– Et la belle Alexandra est ma petite-fille, cher Alex, dit Mamie.
– Et elle est mon adorable nièce, très cher Alex, dit Tatie.
– A moins que ce soit le contraire, disent-elles en chœur.
Et ce fut le point de départ des bavardages.
Et patati et patati…
Et patata et patata…
Et patati et patata…
Et patata et patati…
Et ce fut le point de départ d’une grande complicité et d’une énorme tendresse entre ces quatre-là. Ils se voient le plus souvent possible. Les deux Alex viennent se ressourcer dans cette fontaine de rires, de mots. Du bonheur brut !
Les années passent. Et le jour fatal arrive. Mais, elles ont tout prévu.
Alex et Alex, entrent dans la chambre funéraire, les yeux brillants de retenir leurs larmes, et découvrent les deux sœurs, main dans la main, dans le même cercueil blanc, fait sur mesure.
Alors, ils comprennent, se regardent et sourient.
Et ce fut le début de leur adieu.
Et patati et patati…
Et patata et patata…
Et patati et patata…
Et patata et patati…
Depuis, les deux Alex viennent, dès que possible, s’assoient sur la large pierre tombale et racontent. La vie, tout simplement. Et leurs souvenirs communs !
A chaque fois, avant de partir, ils relisent l’épitaphe :
Je m’appelle Mimi, disait l’une.
Je m’appelle Gigi, disait l’autre.
A moins que ce soit le contraire, disaient-elles en chœur.
Et leurs rires résonnent dans les allées de ce petit cimetière breton.
Et patati et patata…
Et patali et patala…
Imaginez un papotage entre Patati et Patata
Patati et Patata papotaient de leur papy Pipou, Grand chef papou de Papouasie, à propos d’un pépin de papaye que leur pépé avait planté dans le parc de Petipas.
Te rappelles-tu pourquoi – demanda Patati à Patata ? – En principe, la papaye [petite pépite pour les papilles] pousse sous les tropiques.
Peut-être, – répondit Patata à Patati – mais je pense qu’il a prévu, avec un procédé précurseur d’une impensable ampleur, de proposer à partir d’une pratique épatante et patriotique, la culture interplanétaire de ce trésor des tropiques.
Après son rempotage, la production de papaye pourrait se répéter et se perpétuer à travers tous les pays, du plus petit au tout puissant.
Parce que la pulpe de la papaye apporte tonicité et pérennité, c’est prouvé.
En potage ou en purée, en paupiette ou en potée.
Peps à perpet !
Avec cette publicité : « La papaye ça donne la patate ! »
Et ça pourra rapporter des pépettes à Patati et Patata.
Et tout ça pour pouvoir élever correctement leurs deux enfants Patapouf et Patacrêpes! Un texte bien bio…!
Ah super! ce cher Patapouf m a replongé dans mes souvenirs de lecture enfantine
Merci Jean Marc pour ce clin d’œil 😉
Patati: Ah, quel beau temps dans ma tête!
Patata: Ah, quel beau temps dans mes pieds, si nous allions marcher au marché ?
Patati: Peut-être, quand j’aurai fini ma Ricorée, joie de la matinée.
Patata: A quoi donc rimerait cette bien mauvaise idée d’un café réchauffé ?
Patati: C’est comme ça, quand le jus a coulé, il faut le boire, disait ma grand-mère, mon arrière grand-mère et un petit cousin que, d’ailleurs je n’ai jamais connu.
Patata: Le grand, celui qui jouait de l’harmonica ?
Patati: Non, Léon lui jouait de l’accordéon, le soir, au fond des vallons.
Patata: Et toi, qu’en est-il de ta vocation de maître verrier ?
Patati: Un jour, je suis passé à travers une verrière. Patatras, plus de vocation.
Patata: Rien de cassé ?
Patati: Aujourd’hui non, c’est pour cela que je t’aurai bien accompagné marcher au marché. Mais à l’époque, j’avais eu les deux jambes brisées et un petit doigt.
Patata: Tu étais mal tombé.
Patati: Sur le petit doigt, oui!
Patata: Et puis un jour, tu es tombé sur moi.
Patati: Ah que l’escalade fut maladroite mais la chute duveteuse!
Patata: A l’époque, j’avais du charme!
Patati: Et pas mal du saule pleureur, tu sanglotais au moindre bobo de la vie.
Patati: Alors que la vie est si belle et l’amour en sabots.
Patata: A propos, quand arrêteras tu de vapoter ?
Patati: Quand les crocodiles n’auront plus de dents.
Patata: Moi je préférai quand tu fumais la pipe, ca faisait plus mâle….et ça t’occupait les mains.
Patata: Oui, mais nous ne sommes pas sur Terre pour reproduire les erreurs de nos ancêtres.
Patati: Crois-tu que j’aurais le temps d’étendre le linge presque sec sur le fil du temps, sous l’influence croisée du soleil printanier et du vent du sud….tout cela avant d’aller marcher au marché ?
Patata: Va savoir….qui sait d’ailleurs…who know, mais un jour, il faut bien que ça sèche, tout ça!
Patati: …tout ce bavardage inutile…
Patata: … ce babillage enfantin…
Patati: …cette futilité du verbiage…
Patata: …cette jacasserie de pie…
Patati: …cette bavasserie de fin de repas de noces…
Patata: …ce caquetage de poule en train de pondre…
Patati:… Tiens justement, je vais aller relever les œufs dans le poulailler bien protégé, là où la wyandotte à écailles argentées peut narguer le reginhart.
Patata: Et si une profusion d’œufs nous incitait à les vendre au marché plutôt qu’uniquement aller marcher au marché…penses tu que ça marcherait!
Patati(murmurant): C’est à voir, à voir….qu’il nous faut!
Patata (haut et fort):…tu disais…?
Patati sort de la scène par une porte qui grince comme un coq mal réglé. Un rideau de pluie tombe sur le décor pastoral.
Le public applaudit à tout rompre. Le théâtre s’écroule.
FIN
Note de l’éditeur:
La Wyandotte ou yandotte est une poule originaire des Etats Unis, bonne pondeuse, bonne couveuse, excellente mère, très rustique, elle est peu sensible aux maladies et parasites….sa chair est très bonne.
Le reginhart est issu du francique, de « ragin » « conseil » et « hart » « fort ». Il donna reinhart en allemand, puis renard en français, négligeant l’Ysengrin et le Goupil.
Devant moi dans le Paris Brest de 11h40,deux têtes blanches papotent joyeusement:
» Je suis si heureuse d’avoir revu Patapouf.Notre cousine a quand même pris un sacré coup de vieux,non, Patata?
– C’est sûr Patati, mais nous aussi nous n’y échappons pas
– Oui, mais nous avons quand même dix ans de moins qu’elle et ça se voit bien
– A quoi ressemblerons nous dans dix ans?
– A deux jumelles fringantes capables encore de plaire!
– Oh!arrête,pouffe Patati,tu me fais trop rire.J’ai oublié de mettre mon Colladent ce matin et mon dentier a envie de se faire la malle
– Remarque,de mon côté,c’est pas mieux,le Sonotone m’écorche les oreilles quand on me parle de trop près.
Ah il n’y a pas à dire on fait la paire toute les deux!
– Tu as raison ma bichette,si on nous entendait, on nous prendrait pour deux vieilles folles
– Vieilles, tu exagères,on vient juste de fêter nos 82 ans.Ah!la nouba qu’on s’est offerte,tu te souviens?
– Oui quand même, je ne suis pas gâteuse je te ferai dire.C’était il y a tout juste trois mois!
Nous étions en super forme,le médecin nous avait autorisé le champagne avec modération
– Modération tu parles,tu en as bu quasiment une bouteille
– C’est pas vrai,j’ai partagé avec le Hubert,ton amoureux transi qui se vante toujours de faire des pompes au saut du lit
– Déjà, il faudrait qu’il soit encore capable d’en sauter,de son lit
– Oh! tu recommences à me faire rire.Stop,pitié.
Ce vieil Hubert,je le reverrai toujours quand il était arrivé avec son beau bouquet de fleurs pour faire sa déclaration
– Là,tu n’avais pas été gentille,tu l’avais rembarré vite fait
– Tu ne croyais tout de même pas que j’allais chausser les pantoufles de sa défunte Mathilde,me séparer de toi
– C’est vrai soeurette,nous,c’est à la vie à la mort.Personne pour se mettre entre nous,et pas un homme en plus! Il ne manquerait plus que ça!
Bon dis donc,c’est pas le tout,j’ai un petite faim,ça te dirait un repas SNCF grandiose au bar?
– Certes,allons gaspiller notre argent avec leurs plats réchauffés.On se prendra une petite bouteille pour trinquer ensemble à l’avenir de nos livrets A
– Ouais,c’est toujours ça que nos héritiers n’auront pas. »