328e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat

« C’est à quel sujet ? » demanda le Complément,
au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.

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23 réponses

  1. Joe Krapov dit :

    QUATRE OUVERTURES DE PORTE

    – C’est à quel sujet ? demanda la chandelle en ouvrant la porte.

    – Je viens te brûler par les deux bouts ! Je veux que tu te consumes d’amour pour moi ! » répondit le briquet.

    – Passe ton chemin, le briquet ! Ce dont j’ai envie c’est d’une flamme au développement durable, pas d’un petit riquiqui qui fait des étincelles. Et moi j’aime aussi qu’on mette des formes aux déclarations enflammées : je ne suis pas de celles qu’on allume à l’improviste en venant frapper à leur porte ! Et enfin, pour tout t’avouer, mon cœur est déjà pris. Je me suis mise en ménage avec la bougie. Nos nuits sont plus belles que tes jours ! Tu peux aller te faire battre chez la voisine, si tu veux !

    ***

    – C’est à quel sujet ? demanda le briquet en ouvrant sa porte

    – Je viens pour te battre, le briquet !

    – OK, entre, chère voisine. Tu as de la chance que je sois dans une période sado-masochiste mais je te préviens, c’est la dernière fois. Si tu me fouettes trop fort, j’irai déposer une plainte au commissariat pour coups et blessures.

    ***

    – C’est à quel sujet ? demanda Poudre d’escampette en ouvrant sa porte.

    – Je viens te prendre sauvagement ! Je veux fuir cette situation de femme au foyer stupide, obligée d’attendre indéfiniment le retour de son menteur de mari !

    – Ah écoute, tu es bien gentille, Pénélope, mais là tu nous déranges un peu. On était en train de prendre le thé pour fumer des pétards mouillés avec Poudre de riz, Poudre de Merlin Pimpin et Poudre à canon. Mais bon, entre quand même. J’ai reçu un nouveau rouet pour tisser des costumes en tweed. Ca pourra te dépanner !

    – Pourquoi ? Comment ?

    – A défaut de prendre la poudre d’escampette, tu pourras toujours filer à l’Anglaise !

    ***

    – C’est à quel sujet ? demanda l’escarpolette en ouvrant sa porte à Fragonard.

    – Je viens te pousser, répondit Fragonard. J’ai besoin de peindre des dentelles.

    – Hé ! Ho ! Faut pas pousser, Frago ! Je n’ai pas envie de m’envoyer en l’air aujourd’hui. Va chez la voisine, je crois qu’elle y est car dans sa cuisine on bat le briquet.

    – Ah ben non, alors ! Elle est vieille, elle est moche, elle ne porte que des jeans troués et son jardin est envahi de mauvaises herbes qui piquent.

    – Hé ben quoi ? Ta religion t’interdit de pousser Mémère dans les orties ?

  2. PEGGY dit :

    328 « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément, au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.

    – Je viens me joindre à vous. Comment pouvez-vous exister sans moi qui vous donne la vie ?
    – Premièrement je vous demande de vous calmer. Vous frappez chez moi sans y avoir été invité. Je n’ai besoin de personne. Savez-vous le nombre de fonctions que j’ai ?
    – Oui, mais sans moi vous ne pouvez rien faire. Votre vie est inanimée, ajoutez-moi n’importe où et hop ! il y a de l’action.
    – Mais vous êtes rouge d’excitation, on dirait que vous allez faire tout flamber. Je ne comprends pas.
    – Je m’ennuie seul. Ne voulez-vous pas que nous allions chercher un sujet, un adjectif et pourquoi pas un attribut, des articles, définis, indéfinis, je ne sais pas il y a tellement de choses à trouver dans la grammaire plus on est de fous plus on s’amuse, et qu’ensemble nous formions des phrases que nous ferions évoluer au gré de nos fantaisies ?
    – Vous me paraissez très farfelu et puis vous m’ennuyez, j’ai une grande famille de compléments, dois-je vous les énumérer ?
    – Non non c’est bon, je les connais. Néanmoins ils sont statiques.
    – Réveillez-les ! Nom d’un chien ! Secouez la poussière ! Tenez, rien que des points d’exclamations donnent de la vie.
    – Fichez moi la paix et allez-vous en. Vous êtes écarlate de colère.
    – Pas du tout, c’est d’enthousiasme. S’il vous plait essayez. Prenons avec nous les ponctuations et jonglons.

    – Bravo, je ne me suis jamais autant amusé. Je ne vous quitte plus.

  3. Michel-Denis ROBERT dit :

    « C’est à quel sujet ? » demanda le complément, au verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    – C’est au sujet de votre toi, il faudrait le renforcer.
    – Mon moi, dit le complément qui s’étonnait qu’un verbe haut, rouge de colère s’intéresse à lui ? Intimidé, il s’apprêta à lui refermer la porte au nez.
    Mais prestement, le verbe d’action la bloqua. De son pied d’alexandrin, il la repoussa. Puis, de son bras musclé, il l’ouvrit. Il obligea le complément à reculer. Surpris, celui-ci fut saisi par la pugnacité de son adversaire qui, petit à petit gagnait du terrain.
    – Ouvrez, ouvrez, mais ouvrez donc ! dit le verbe qui se contenait.
    – Tout est complet ici, dit le post-scriptum qui tendit l’ajout dont il disposait en remplacement, pour se justifier. Il se sentit agressé. Je n’ai pas besoin d’appoint, dit-il.
    – Réfléchissez, je vous ai sélectionné. Vous gagnez trente pour cent sur les actions que nous vendons. Vous deviendrez plus efficace et plus ciblé. Vous agirez sur votre avenir.
    – Je me suffis à moi-même répondit l’accompagnement pressé de retrouver son divan. Je contemple un tableau avec délectation. Laissez-moi tranquille.
    – Mais c’est juste de cela dont je veux vous parler. Si vous êtes avec votre amie, je tiendrai compte de son avis.
    – Je n’ai pas besoin de supplément, vous ai-je dit.
    – Nous avons tous besoin d’un complément. Moi-même pour être plus que parfait, j’utilise un complément. C’est mon auxiliaire. Il a déjà du métier. Si vous voulez, pour vous convaincre, je vous offre une complémentaire.
    – Ciel ! se dit le complément, je vais y réfléchir.
    – Vous ferez une bonne action. Vous verrez, vous ne serez pas déçu. Vous aurez plus de liberté et vous vous épanouirez. Le verbe vous emmènera partout.

  4. Jean-Pierre dit :

    « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément,
    au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.

    – « Vous êtes Complément frappé », mon vieux, hurla le Verbe qui s’attendait à ce que le Complément se précipite sur son extincteur pour arrêter l’incendie.

    Le Complément voyait très mal, mais il ne pouvait rester sourd à une telle insulte.
    Alors, il frappa sauvagement le Verbe qui se retrouva étendu sans connaissance sur le sol.
    Il en avait marre de tous ces importuns qui sonnent à sa porte sous n’importe quel prétexte.

    « Champagne frappé, O.K., mais Complément frappé, c’est idiot », pensa-t-il en refermant la porte.

    Alors, le Complément avait frappé. Un peu fort peut-être, mais pas suffisamment pour éteindre les flammes qui recouvraient maintenant tout le corps du Verbe.
    Heureusement, les pompiers sont arrivés à temps pour éteindre l’incendie.
    Le verbe était au plus bas, mais on a pu le sauver.

    Traduit devant la justice pour tentative de verbicide, le Complément avait avoué avoir frappé le Verbe parce que ce dernier l’avait traité de « Complément frappé ».

    « A Complément frappé, Verbe frappé, ce n’est que justice », plaida l’avocat.

    « Ce n’est pas le Sujet », affirma le procureur.

    « Complément, Verbe, Sujet, c’est dans le désordre, mais tout y est. Il ne faut pas se frapper pour ça », telle fut la sentence du juge.

    Et l’affaire a été classée.

  5. Jean-Pierre Peyrard dit :

    Deuxième tentative d’envoi
    Le Complément majuscule qui pose la question du sujet minuscule au Verbe majuscule… J’ai déjà lu ça quelque part… Mais où ?… Voyons… Par définition, un complément n’existe pas sans ce qu’il complète… Il dépend donc ce qu’il complète… Mais, en même temps, est-ce que ce qui est complété peut exister sans son complément ?… De deux choses, l’une : ou bien il peut exister par lui-même, sans son complément, et on dira qu’il est une essence, ou bien son existence dépend de son complément, et on dira qu’il est, comme le complément lui-même, une contingence… Oui… Mais s’il est une essence, quelle est la nécessité du complément dont il est forcément le créateur ? Si donc il a besoin de ce complément pour être, il cesse d’être une essence pour devenir une contingence… Hum… Dans une phrase, un complément peut compléter soit le verbe (s’il indique une action), soit le sujet (qui agit ou qui subit)… Bon… Maintenant, si je mets une majuscule à Verbe et à Complément, je les personnifie, et je laisse le sujet minuscule dans son état de simple élément de langage…
    Alors… l’Homme majuscule utiliserait le Verbe majuscule pour créer de toutes pièces un démiurge minuscule dont il contesterait l’existence en tant qu’essence en frappant à la porte du sens des mots…
    Effectivement, ça me rappelle quelque chose, mais quoi ?

  6. Christine Esnault dit :

    – C’est à quel sujet?, demanda le Complément au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    – Je fulmine!, dit le Verbe.
    – Je vois, mais pourquoi?
    – Tu demandes?
    – Je ne devrais pas?
    – Tu te moques!
    – Meuh non!
    – Écoute! Sans toi, la phrase s’étiole. Le sujet et moi, nous ne suffisons pas. Ton absence nuit. Allez! Reviens! Veux-tu?
    – Je ne sais pas.
    – Que faire?
    – S’excuser?
    – Je reconnais. Je n’aurais pas dû. Pardonnes-tu?
    – Peut-être.
    – Aide-moi!
    – D’accord! Vas-y!
    – Merci! Tu es indispensable. L’attribut fait ce qu’il peut pour te remplacer, mais il n’a pas ta polyvalence. Direct, indirect, circonstanciel, tu occupes une fonction essentielle. Avec le sujet, toi et moi formons une équipe. Quand j’ai affirmé que le verbe était tout, je me trompais. Nous avons tous notre place et c’est ensemble que nous prenons du sens. Acceptes-tu de pardonner ma vanité déplacée?
    – C’est bien de reconnaître que tu peux être imparfait! Je te pardonne d’autant plus volontiers que je m’ennuyais de vous! Allons! Ne perdons pas plus de temps et allons, de ce pas, compléter toutes ces phrases en suspens!

  7. ISABELLE PIERRET dit :

    – C’est à quel sujet ? » demanda le Complément,
    au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    – V : Viens, j’ai besoin de … , sans toi je ne suis …. !
    – C : Ah… c’est pour faire quoi ?
    – V : Ben, tu sais, à vrai dire, je n’ai pas  ….. je vois juste…. , je meurs d’ …..
    Enfin…. Tu vois bien
    – C : Quoi ?????
    – V : Ben, regardes-moi…..tout seul, j’ai l’air de….., et à nous deux, on peut…..
    – C : Faire quoi ????
    – V : Tout ! Viens, et accolons-nous !
    – C : Un trait d’union ?
    – V : Si tu veux ! Un Pacs de sens, un Pacs d’idées, un Pacs solidaire, un Pacs verbe-complément-qui-explique
    – C : Mais expliquer quoi ?
    – V : La finesse, la précision, les subtilités, le sens quoi !
    – C : Et pour qui ?
    – V : Pour les lecteurs, les auditeurs, les rêveurs….
    – C : Tu crois qu’on rêve en phrases ?
    – V : Je ne sais pas ….
    – C : Peu importe… j’ai toujours rêvé de toi
    – V : Viens, je t’aime mon complément

  8. « Au commencement était le Verbe » : Voilà la phrase qu’on pouvait lire sur les nouvelles affiches du parti du Verbe-roi. Ses partisans défilaient dans les rues avec fierté, conscients de la majesté de leur slogan.Et ils frappaient à chaque porte pour défendre leurs idées auprès des habitants.
    Une porte s’ouvrit sur une question : « C’est à quel sujet ? » bailla un gringalet très maigre ligoté dans une robe de chambre soyeuse élimée.
    – « Être ou ne pas être » vous connaissez ? Dit le verbe Être en lui tendant un prospectus.
    – « Ah pardon !! Être ou avoir ? Là est la seule question ! affirma Avoir en lui donnant un coup de coude.
    – « Tu veux toujours avoir raison ! » rétorqua Être
    – « Au moins, moi j’ai l’air de quelque chose alors que toi, tu n’es qu’un courant d’air !! »
    La dispute pour la suprématie à l’intérieur du parti menaçait une fois de plus de s’envenimer.
    Mais le gringalet avait eu le temps de lire le tract et il coupa court :
    – « Au commencement… Au commencement… Vos idées sont d’une autre époque ! Je suis le complément de temps, je sais de quoi je parle. Moi j’ai besoin de me changer les idées. Alors faites moi rêver, plutôt, variez un peu les circonstances ! Évoquez des lieux nouveaux, donnez moi des moyens pour défendre de nouvelles causes, créez-moi des buts, et surtout, changez de manières ! Vous êtes là à vous disputer devant mon entrée ! J’ai sommeil, moi ! Le temps me pèse et j’ai un lourd passé à assumer. »
    Depuis dix minutes déjà, le voisin guettait derrière sa porte entrouverte et écoutait secrètement la discussion. Il jugea qu’il était temps pour lui d’intervenir :
    – « Écoutez ! J’entends depuis un moment ces deux messieurs – désignant Avoir et Être – se disputer sur leurs prérogatives respectives. Je suis le Participe passé et je peux apporter une contribution utile à votre différent. Ainsi, j’affirme que Avoir qui est un verbe actif est assujetti à Être qui est passif et reçoit donc les honneurs dus à son rang. J’en prends pour preuve l’obligation que j’ai, par contrat, de m’accorder avec le sujet, en présence du verbe Être, et ce quelles que soient les circonstances. Alors qu’avec Avoir ma dépendance est conditionnée à la place du complément d’objet dans la phrase. Je m’y accorde ou pas !
    Le complément de temps avait écouté cette diatribe sentencieuse en baillant de plus belle :
    – « Qu’ils s’accordent ou se gourment, qu’importe !! » grommela-t-il, de très mauvaise humeur, citant la réponse de la servante de Molière aux femmes savantes .
    – « Ca n’a rien à voir !! Ca n’a rien à voir !! » protestait Avoir déchainé.
    – « Rien à voir ?? Ben circulez alors !! » intervint la Police de caractère qui faisait sa ronde alentours et commençait à trouver suspect ce rassemblement bruyant dans la rue.
    Une intervention mal à propos mais qui avait une excuse : On venait de la changer et la relève en cette heure matinale était légèrement cafouilleuse.
    Car bien sûr toute cette histoire ferait l’objet d’un rapport détaillé à l’Académie Française, qui depuis plus de trois siècles se disputait sur l’évolution de la Grammaire et qui trouverait là encore grain à moudre à sa convenance.
    Peut-être même aurait-elle le dernier mot…
    Mais ce jour, s’il devait advenir, serait bien triste.
    Car alors il n’y aurait plus rien à dire et cela clorait définitivement le cycle et du Verbe et du Commencement.

  9. Kimcat dit :

    Un début intéressant… C’est juste le temps qui me manque pour composer quelque chose…

  10. Sylvianne dit :

    C’est à quel sujet ? demanda le Complément,
    au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    – C’est au sujet du Passé. Aux dires de Gram’maire, française de souche, vous touchiez un complément de vocabulaire étranger. L’Objet direct placé devant, est concerné. Je dois épeler vos papiers de A à Z.
    – Avez-vous une Lettre ? C’est Inconditionnellement indispensable.
    – La Lettre est en cours de lecture, elle arrivera dans le Futur antérieur. C’est Impératif, ouvrez !
    – Le Nom commun de cette intrusion est irrespect.
    – Tout ça, c’est de la Rhétorique. Ouvrez la Parenthèse !
    C’est une Métaphore bien sûr. Où est l’Entrée lexicale ?
    – Ca Suffixe ! J’ai touché un Complément circonstanciel, voilà ! J’avoue. Et en plus, j’ai un Accent !
    – Bon ! C’est Imparfait mais on va établir les Règles d’accord.

    vocabulaire

    present
    futur
    phrase emphrasé
    odbjet direct
    mot lettres
    verbe adverbe adjectif qualificatif

  11. Clémence dit :

    « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément,
    au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.

    – C’est à quel …? demanda le Complément en ouvrant la porte.
    Sa question resta en suspens lorsqu’il vit des gouttes rouge sang s’écraser aux pieds d’un Verbe enflammé.
    – Je me meurs…soupira le Verbe. Mes globules rouges s’étiolent. Bientôt, je ne serai plus qu’une pâle copie de moi-même. De ma parure enflammée et flamboyante, ne subsistera bientôt qu’une toile orange diaphane et étiolée…
    – Qu’est-ce donc qui vous met en tel état de colère noire ? demanda le Complément, rougissant de son audace soudaine.
    – La perspective d’un chaos indescriptible…

    Le Complément ressentit un élan l’embraser et le poussa à poursuivre sans retenue. Il invita le Verbe en sa demeure. Il l’installa dans son Voltaire alors que lui prit place dans un simple crapaud.

    Le Verbe reprenait lentement ses couleurs. Le Complément se leva et se dirigea vers la cuisine.
    – Thé noir, vert ou blanc ?
    – Thé vert, avec plaisir…

    Le Complément revint quelques instants plus tard et déposa le plateau sur la table basse. Tous deux sirotèrent leur breuvage en silence.
    Finalement, le Verbe rompit le silence.
    – Un régal, votre breuvage… dit le Verbe. Il observait discrètement l’environnement de ses yeux bleu clair.
    – Ma bibliothèque… très éclectique, reprit le Complément. Mais ne vous y trompez pas, je suis très engagé. Je lis beaucoup… je réfléchis…je pense….je doute….j’imagine…
    Le Verbe lui sourit et tout à coup, il sembla absent. Des images défrayaient la chronique de ses souvenirs. Les slogans, les pavés, les balles perdues, les cris, les pleurs, les hurlements…
    – J’ai mal, dit le Verbe. Son visage prit une teinte violette. J’ai mal à ma Démocratie… j’ai mal…
    Sur ces dernières paroles, le Verbe s’affala….

    La panique s’empara du Complément. Il ne pouvait laisser le Verbe perdre son essence. Le rouge de la force, le jaune de la lumière, le bleu de la conviction…

    Le Complément se rendit à la cuisine. Il rempli deux verres d’eau fraîche. Il ouvrit les placards , en sortit quelques fioles, fit glisser trois gélules dans sa main : une orange, une violette et une verte et les avala d’un trait.

    Une force incroyable surgit en lui. Plus question de fadeur, plus question de repli. Il fallait agir de toute urgence.
    Il aida le Verbe à boire quelques gorgées d’eau.
    – Nous y arriverons, répétait le Complément. Nous y arriverons…

    Le Verbe ouvrit les yeux et se leva….plus grand, plus fort que jamais…
    – Allons, dit-il … allons, à deux, nous serons plus fort pour lutter contre la barbarie.

    En souvenir d’une belle rencontre avec Alain Bentolila *.

    © Clémence

    * Le Verbe contre la barbarie: Apprendre à nos enfants à vivre ensemble.
    Livre d’Alain Bentolila – Odile Jacob.

  12. Blackrain dit :

    – Monsieur, votre réunion plurielle qui tape du pied au dessus de mon « épi tête » me tape sur les nerfs. Non seulement vous faite du bruit sans l’accord du verbe mais vous assassinez la grammaire ainsi que les oreilles de ma grand-mère fatiguée par votre langage singulier. Votre rap dérape sur des faits qui participent à un passé qui se croyait plus-que-parfait mais que vous décomposez doctrinement pour décrire, clamer et slamer un futur imparfait.
    Il est impératif que vous gardiez certains noms propres et de ne pas les livrer aux communs en pâture, en faire un sujet de discorde et de haine.

    Le complément vit rouge. Il se fit vindicatif, fort d’avoir bu un vin dit actif. Il m’apostropha de vils indicatifs, d’injonctions et de conjonctions sans aucune coordination, m’indiquant la sortie avec le poing comme ponctuation.
    Je pris une voix passive pour composer l’indicatif de la police. Le verbe avait pris cet accent des banlieues qui se nourrit de texto ou tard réduits à peu de mots et souvent source de nombreux maux.

  13. françoise dit :

    ——
    « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément,
    au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    Justement, lui répondit-il, j’ai perdu mon sujet
    et le problème c’est que j’ai un trou de mémoire et je ne m’en rappelle plus !
    Vous pourriez peut-être en inventer un autre
    Facile à dire mais faut-il encore qu’il s’accorde avec nous deux !
    Un adjectif ferait peut-être l’affaire !
    mais un adjectif ne peut pas être un sujet !
    Je ne comprends pas très bien dit le complément !
    C’est une affaire de grammaire !
    Expliquez-moi ! Vous me faites perdre mon latin !
    Vous connaissez donc le latin ?
    Non et d’ailleurs je n’ai que quelques vagues notions du prédicat ! Laissez-moi à ma place qui est après le sujet et le verbe ! Je me demande d’ailleurs qu’est-ce qui vous arrive !
    Je crois que je vis dans l’angoisse d’un pléonasme !
    C’est une maladie ? non contagieuse j’espère ?
    Non, tout au plus une faute !
    Faites un effort, sinon nous risquons d’être effacés par une gomme ! J’ai vu des compléments disparaître ainsi !
    La belle affaire, nous nous réincarnerons dans une autre phrase !
    Vous êtes boudhiste ?
    Non je suis agnostique ! Oh çà y est j’ai retrouvé mon sujet aux pages « D » du dictionnaire : direction  ; la phrase : la direction organisera une rencontre.
    Bye, bye !

  14. Cétonie dit :

    « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    Ce brave Complément, paressant dans son hamac, n’avait pas encore pris connaissance des dernières modifications de la grammaire française, dont l’enseignement devait faciliter l’apprentissage des chères têtes blondes – ou brunes – qui peuplaient nos écoles primaires.
    Contenant mal sa fureur, le Verbe entreprit de l’en informer :
    « Imaginez que les vieilles barbes qui nous gouvernent ont décidé de nous mélanger, vous et nous, dans une innommable bouillie qu’ils ont baptisée « prédicat », où vous et nous ne serions plus qu’un seul responsable d’apporter quelque précisions sur le Sujet !
    Jusqu’alors, nos rapports étaient équilibrés, Sujet + Verbe + Complément, cela faisait une phrase raisonnable qui permettait de partager des informations utiles à chacun,
    Mais maintenant, avec cette invention diabolique, comment allons-nous continuer à nous distinguer, vous et moi ? Laisserons-nous le Sujet seul se parer des plumes du paon et devenir le centre du discours ? »
    A contre cœur, le Complément se pencha sur le paquet de journaux apportés par son ami, et essaya d’abord d’en comprendre le charabia…
    Une recherche sérieuse sur Internet, des graphiques savants, des explications plus ou moins rassurantes lui permirent de se faire une vague opinion, et il rassura son ami :
    « Toutes leurs réformes ne changeront rien à ce qui fait notre raison d’être, que je sois complément de nom ou de verbe, vous seuls –sujet et verbe – restez indispensables, et je reste à votre service pour donner tout complément d’information qu’il vous plaira de me demander
    A votre service, ami Verbe, et buvons ensemble à votre santé ! »
    Et, à l’immense déception des révolutionnaires de l’enseignement, rien ne changea dans la construction des phrases.

  15. Grumpy dit :

    – Bonjour Monsieur VERBE, entrez-donc, longtemps que vous n’êtes plus venu, que me vaut l’honneur … ?

    – En effet, bonjour Monsieur COMPLÉMENT.

    – Je suppose que vous venez animé par un sujet particulier ?

    – C’est que, voyez-vous, dit Monsieur VERBE (enflammé très peu, gêné beaucoup), j’aimerais récupérer le Littré que vous m’avez emprunté il y a quelques vingt ans …

    – Vingt ans ! Juste ciel ! Mille excuses, vous voudrez bien me pardonner, Tempus fugit …

    – Eh oui, le temps passe répliqua Monsieur VERBE, c’était mieux avant, c’était le bon temps. La langue française a tellement changé. Je ne me retrouve plus dans le nouveau vocabulaire, à tel point qu’après avoir perdu mon latin, voilà que je perds mes mots, certains jours 2 ou 3, des fois jusqu’à quinze et parfois des chapelets entiers. C’est effrayant !

    Je crains de bientôt ne plus pouvoir ni parler, ni écrire, tant mon vocabulaire s’appauvrit. Déjà je ne parviens plus à faire des phrases complètes, il me reste bien les verbes et les prépositions, mais les noms et les adjectifs et même les adverbes ont disparu. Il n’y a plus qu’à l’impératif que je reste compréhensible mais pour combien de temps ?

    Alors, si vous pouviez me rendre mon Littré vous me rendriez grand service.

    – Certainement, répond Monsieur COMPLÉMENT à Monsieur VERBE. Vous me voyez compatissant. D’ailleurs éprouvant le même désarroi j’ai pris les devants et pour être certain de continuer à m’exprimer (et donc à exister), je me suis mis à l’anglais.

    – À l’ANGLAIS ! dit Monsieur VERBE. Horreur et damnation ! Vous cédez donc devant l’envahisseur perfide, Pffff …. Les rosbifs, et ça juste au moment où ils vont quitter le navire !

    – Comprenez-moi Monsieur VERBE, j’abandonne, je baisse les bras et pourtant vous vous souvenez qu’au Lycée c’est moi que j’étais le fameux professeur de français dont au sujet duquel on vous avait parlé.

    Sic transit gloria professoris.

  16. Laurence Noyer dit :

    Je ne voudrais pas être indiscret
    « C’est à quel sujet ? »
    demanda le Complément,
    de manière très directe
    au Verbe enflammer
    qui sonnait à sa porte.

    Vous faut-il une escorte ?
    Sous forme d’épithète
    La proposition est-elle
    Un pronom personnel ?
    Singulier, pluriel ?

    Qui ou quoi ?
    peut bien s’enflammer ;
    le discours, l’étincelle ?
    le cœur ou la colère ?
    La question est bien là!
    générale, invariable.

    En tant que complément
    mon sujet, c’est l’objet
    mais si vous permettez
    je peux auxiliairement
    vous mettre en relation
    pour la conjugaison
    avec le groupe nominal.

    On y donne la recette
    de l’expression banale,
    et de la phrase toute faite.

  17. ourcqs dit :

    « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément,
    au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.

    Je me présente, Verbe d’action et non d’état, qui, en cette période complexe, voudrait vous faire part de quelques réflexions, analyses logiques. Vous pouvez vérifier mon aspect régulier.
    Les propositions indépendantes sont rares, trop souvent subordonnées, avec leurs compléments circonstanciels de lieu, de moyens bien sûr , et de condition, les pires. Concordance des temps (futur antérieur, passé composé ) à surveiller avec attention. Certains démonstratifs se voudraient déterminants, prudence .. D’autres ne réfléchissent plus, ils sont réfléchis , bien triste. Vous savez combien les périphrases séductrices cachent souvent quelques vérités, comme toutes ces locutions, nominales, prépositives. Méfiance envers tous ces adverbes sûrs d’eux car invariables, et qualificatifs redondants. Les anaphores, les apostrophes sont banalisées.
    Conjuguons nos efforts, et disons avec N Boileau :
    « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement »

  18. Antonio dit :

    « C’est à quel sujet ? » demanda le Complément, au Verbe enflammé qui sonnait à sa porte.
    « Vous faites l’objet d’une mise en examen, lui répondit le verbe, direct, accompagné d’un groupe bien monté. Est-ce que vous voulez bien nous accompagner, s’il vous plait ?
    – Au présent ? demanda le Complément, sans attributs. Vous m’accorderez bien cinq minutes, le temps que j’enfile au moins un adjectif ?
    – Inutile de trop vous charger, un article de toilette, un nom propre, ça suffira. Nous allons vous conjuguer avec votre passé composé.
    – Mais qu’avez-vous à me reprocher, au juste ? s’insurgea le Complément devant cette interpellation à l’accusatif.
    – Les temps changent, cher collègue. Vous ne lisez donc pas les journaux ?
    – Quoi ? Au sujet de… prit soudain peur le Complément. Vous êtes… ?
    – Oui. Le Prédicat. On embarque tout ce qui complexifie nos phrases, dans un but de réduction d’effectifs. Moins de fonctionnaires quoi !
    – Mais, j’ai mon utilité…
    – Inutile de grammatiser. Veuillez nous suivre à notre nouveau poste, s’il vous plait ! »

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