319e proposition d’écriture créative imaginée par Pascal Perrat
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour.
C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience.
Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures. Ne devient pas tueur de temps, qui veut…
Imaginez la suite
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour.
C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup, de patience.
Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures, ne devient pas tueur de temps, qui veut…
Car, en dehors de la patience, il faut être capable de beaucoup de sérénité et d’abnégation.
Tueur de minutes, est un peu comme apprendre les touches d’un piano. Cette étape peut aller très vite.
Tueur d’heures, nécessitera une attention plus soutenue car vous n’êtes pas libre de vos actions. Vous dépendez de la volonté d’un humain. Bien que ce métier soit d’une utilité indiscutable, vous ne pouvez exister seul. Vous dépendrez de l’Homme. Pour cet emploi, pas d’agenda, pas de rendez-vous, une pensée servira d’appel spontané, parfois dans un moment de détresse où vous aurez à tuer des heures insupportables pour celui qui les vit.
N’oubliez pas l’empathie, moteur de votre tâche et ne jugez jamais. On a besoin de votre aide ce qui donne déjà une valeur inestimable à cette vocation qui s’approche du bénévolat, comme celui des pompiers.
Tueur de temps. En ce qui concerne ce grade, seuls vos capacités, votre savoir-faire et ce fameux temps que vous aurez appris à maîtriser, vous permettront d’atteindre cette promotion honorifique.
Votre cible étant abstraite :
JAMAIS ASSASSIN
TOUJOURS BIENFAITEUR
Tu t’ennuies ? ha oui, bon, tu ne sais pas quoi faire ? bah tiens c’est marrant que t’en parle parce que, oui, justement, pas plus tard, qu’hier, alors que j’étais assise au bord de l’eau, sur la petite jetée, oui tu sais celle en face du café des phares. Oui, donc, sur cette petit jetée, je regardais la mer, l’horizon, l’infini, enfin tu sais toutes ces choses qu’on regarde au clair de lune. Et bien j’étais paisiblement assis, je pensais au tout du rien, enfin tu sais bien, je me demandais ce qui me différenciait réellement de cette mer, infinie et immense, immortelle, j’essayais d’imaginer mon moi de la même manière, infini et immense, libéré de mon corps, immortel.
Enfin je m’égare, j’étais donc sur cette petite jetée, quand tout à coup j’entendis des bruits étranges, qui résonnaient comme un chant monotone, un disque rayé. Intrigué, je fus sorti de mon infini mental et me concentrais sur ce son, qui peu à peu grandissait, prenait son sens. Je ne distinguais d’abord que la mélodie éraillé et répétitive, puis peu à peu entendais les mots : « cache-toi, attends, écoute, attaque ». Alors bien sûr, je fus surpris, je fus même un peu effrayé par ce refrain frénétique qui n’annonçait rien de bon. Seul dans la nuit, seul sur cette plage, je crus être pris au beau milieu d’un braquage, d’un attentat, de toutes ces choses absurdes qui peuvent passer dans la tête d’un homme seul au beau milieu de la nuit. J’ai presque cru un instant être victime de vol, être la cible de fusillade, j’ai cru qu’on me volerait mes biens, mes enfants, qu’on m’arracherait à la vie aussi rapidement, facilement qu’on m’y avait mis. Enfin, je m’égare encore, c’était bien sur idiot de ma part de laisser mon imagination construire toutes ces images, c’était purement humain, n’est-ce pas.
Donc, après quelques minutes à rester irrationnellement figé, je m’approchais finalement de l’origine de ces paroles, qui continuaient leur inlassable refrain « cache-toi, attends, écoute, attaque ». une ombre dansait mécaniquement : assise, elle se levait, avançait d’un pas et tendait son bras droit, comme celui qui tend une épée, et répétait cette chorégraphie, en enchainant « cache-toi, attends, écoute, attaque ». Je m’approchais assez pres pour parler à cette ombre, qui se transformait à mesure que j’approchais en un petit homme, un peu rougit, un peu gras, marqué par la vie de la même manière que le sable l’était devant lui l’était par les vagues.
« bonsoir monsieur » . Au vu de sa non-réponse aggravé par le fait qu’il continuait son cinéma, j’ajoutais, comme tout bon gentleman digne de ce nom : « je me permets de vous parler, parce que nous sommes tous deux seuls, et voyez-vous, je trouve agréable l’idée d’un échange, pour passer le temps ». Rien à faire, vois-tu, il continuait, continuait, encore et encore, son interminable refrain. Peut-être était-il sourd me diras-tu, mais il semblait ailleurs, détaché de toute réalité, mécanisé par son refrain infernal. Je m’assis donc, non loin de lui, et le regardais avec une certaine fascination, partagée entre l’incompréhension, la compassion et l’admiration. Je trouvais absolument merveilleux cet entêtement inébranlable, absolument étrange, et absolument génial.
Je restais donc là, un temps aussi indéterminé que l’est celui de la nuit, celui du jour, celui du monde. Il ne changeait rien à sa démarche, il était toujours ainsi lorsque je me décidais à rentrer aux premières lueurs du jour. Vois-tu, assis ici, face à ce qui me semblait infini, la mer, au sein de ce qui me semblait l’infini, la nuit donc, je me confrontais pour la première fois à l’infinité de l’humain. Cet homme, devant moi, était hors de toute normalité humaine, il luttait contre le temps qui filait, il n’était même plus au sein de ce temps. Pour ainsi dire, il semblait paradoxalement avoir à la fois saisi les clefs du temps qui passe, avoir réussi à interrompre le défilement des heures, et dans un même temps il semblait se laisser porter par ce temps, impuissant, il répétait les mêmes secondes, les mêmes minutes, indéfiniment.
Vois-tu tueur de temps ne s’apprend pas en un jour. C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience. Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures. Je pourrais bien te conseiller de t’occuper, de te divertir, de concentrer ton corps et ton esprit dans une activité distrayante, qui te ferait oublier ton ennui un moment. Comme tout tueur d’heure, tu te battrais contre l’horloge de manière éphémère. Ephémère, oui, c’est cela, à l’échelle de la vie humaine.
Mais je pense que l’histoire est bien plus complexe, il faudrait que tu mènes une lutte constante et imperturbable contre cela même qui te crée de jour en jour, contre le temps qui te façonne, qui te transforme. Il faudrait te déshumaniser, littéralement, laisser voguer ton esprit par-delà ton corps, le laisser prendre les marques du temps à la place de ton âme. Alors, peut-être que tu deviendrais infini, comme la mer, tu effectuerais inlassablement les mêmes mouvements, comme les vagues qui se jettent et qui se retirent, comme cet homme qui parlait. Tu te dégagerais de l’ennui, grand fléau de l’homme, tu n’aurais plus peur non plus de la mort, plus peur du risque. Peut-être vivrais-tu mieux, tu n’aurais plus l’angoisse des aiguilles qui tournent, de la vie qui disparait. Enfin, là est un autre débat, c’est en fait assez contestable et discutable, peut-être abandonnerais-tu plutôt la vie au profit de ta lutte contre elle, peut-être l’humain perd-il toute ses particularités dès lors qu’il arrête le temps. Il n’est plus que robot, machine, toute ses choses qui peuvent être à la fois immortelles et infinies. Enfin, retourne vaquer à diverses occupations et « attends, cache-toi, écoute, attaque ». Je suis sûre que tu peux mieux faire que regarder la télé, tu y parviendras, nous y parviendrons, nous aussi à tuer le temps.
Mais, vois-tu, ce n’est pas une mince affaire, il faut de la persévérance, une lutte constante contre la vie toute entière, ta vie, vois-tu je pense que ne devient pas tueur de temps qui veut.
Tuer le temps ? Ou tout au moins le neutraliser ?
C’est un vieux rêve !
Un vieux rêve pour l’humanité qui dès l’antiquité déjà essaie de domestiquer ce tyran en l’enfermant dans différents systèmes, par exemple le sablier. Mais voilà, il trouve toujours un petit trou par où il se faufile.
Alors on le comprime dans des boites : Dans une caisse pour en faire une horloge ou une montre. Et on lui colle une aiguille de métal, sorte de baguette mécanique destinée à le faire marcher au pas. Sans succès : il court toujours et devient de plus en plus contraignant.
On le cloisonne alors dans des agendas, avec des pages numérotées, histoire d’ordonner, de séquencer, de dompter sa fougue et sa fuite en avant. Mais tandis qu’on s’en croit maître, on se rend vite compte que c’est lui qui garde le pouvoir et domine l’homme, et non le contraire.
Un enseignement est organisé pour apprendre à l’amadouer, à mieux en prendre conscience pour tirer parti de ce temps qui s’impose sans demander l’avis de ses victimes. Et on crée des « plannings » de plus en plus serrés. Jusqu’à rendre les gens fous et provoquer une génération de déprimés qui souffrent de « burn out ».
Les plus grands poètes lui décernent des odes romantiques, de véritables incantations pour adoucir ce dieu intransigeant, et Lamartine écrit son fameux « O Temps, suspens ton vol… » sans attendrir pour autant le despote.
La Science s’en mêle. Et, pensant écarter définitivement le géneur, elle démontre qu’il se confond avec l’Espace, histoire de lui rabattre le caquet. L’Espace par ailleurs n’étant que du vide, il n’y a vraiment pas de quoi faire le fier ! Einstein, puisque c’est de lui qu’il s’agit, asaisonne le tout d’une formule que tout le monde retient sans savoir ce qu’elle veut dire, et l’envoie sur les roses avec un E=mc2 bien senti !
Ca, c’est au début du 20éme siècle, siècle de la science triomphante.
Et en 1992, un dénommé Fukuyama pond triomphalement un bouquin intitulé : « La fin de l’Histoire », autrement dit du Temps. Et on se croit définitivement débarrassé…
Jusqu’à ce qu’en 2016, il nous revienne, tout droit de l’Espace, sous forme d’ondes gravitationnelles…
Mais là, les dirigeants du Monde entier, à bout de nerf, dépassés par les questions angoissées de leurs concitoyens, et profondément déprimés, afin de réfléchir calmement au problème, demandent … un temps mort !
ne devient pas tueur de temps qui veut. pour tuer le temps il faut réussir à l’oublier. celui qui arrive à oublier le temps qui passe peut alors le tuer à ses aises sans être pris par le temps.
comment alors oublier le temps qui passe? rien de tel qu’un exercice d’écriture créative d’entre2lettres pour ce faire. on se concentre sur la création et on oublie que le temps passe.
Moi c’est comme cela que j’ai réussi à tuer un peu le temps aujourd’hui
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour.
C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience.
Mon histoire avec Mr le temps a commencé à ma naissance. Ma mère n’avait pas le temps d’accoucher. Elle était acrobate au Cirque « Minute papillon ». Aux 12 coups de minuit, je quittai brutalement le ventre de ma mère, concentrée sur un double saut périlleux, pour atterrir dans le sable de la piste. Pas une seconde pour me regarder, me reconnaitre, maman enchaina. Un funambule qui passait par là me prit sous son aile.
Dès lors, je ne touchai terre. Il me berçait sur son fil tout en s’entrainant. Il me nourrissait comme il pouvait. Aucun horaire. D’ailleurs, dans ce cirque, il n’y avait aucune pendule, aucune montre. L’intuition, l’envie ou la fatigue réglaient les activités de la journée.
Les minutes, les heures et les jours s’enchainaient sans que je le sache.
Chaque jour semblait une année. Et une année parfois une seconde.
Quand mon pantalon était trop court, je savais que j’avais grandi. Mais nul ne me parlait de mon âge.
Aucun anniversaire dans ce cirque.
Un jour, me promenant dans une ville de passage, j’aperçus un vieil homme avec de drôles d’instruments autour de lui. Des cercles, des chiffres et deux espèces d’aiguilles.
Curieux, j’entrais et m’informais.
Surpris de mon ignorance, il m’apprit LE TEMPS !
Les pendules, les horloges, les montres, les heures, les minutes et les secondes.
J’étais enthousiaste ! Je me mis à compter toute la journée. 1,2,3… 60. Une minute ! 1,2,3… 60. une heure. Ce temps m’obsédait.
Depuis combien de temps je n’avais pas vu ma mère.
Je me mis à compter, recompter…
Mon entourage au cirque me regardait de travers.
20 ans aujourd’hui que j’avais atterri dans la poussière.
Je l’appelai, je hurlai, je pleurai…
En vain… Le temps l’avait tuée.
A ce jour, je devins TUEUR DE TEMPS. Je l’assommais, je le poignardais, je le ligotais, je ne lui laissais aucune seconde de répit.
Je passais mon temps à le traquer. Parfois, je gagnais du temps pour mieux le perdre.
Je supprimais tous les passe-temps, les temps composés, les mi-temps, les temps de chien…
J’ai découvert au fil de l’eau, que le temps, ce n’est pas de l’argent !
Je suis riche aujourd’hui !
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour. C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience. Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures, ne devient pas tueur de temps, qui veut…c’est ce que m’a expliqué mon père quand je lui ai dit que moi aussi je voulais être tueur de temps.
Tu ne vois pas que tu me déranges , je suis en train d’ essayer de passer le temps par le trou de l’aiguille des heures
Mais pourquoi as-tu mis un coupe-vent alors qu’il fait un temps de curé.
C’est parce que j’ai pris un bain sans eau car je n’avais pas le temps de me sécher .
Tu sais papa, je suis à la recherche du temps perdu.
Ne perds pas ton temps à çà et n’oublie pas que le temps est un grand professeur qui tue tous ses élèves.Marche au même pas que lui et à la même allure que lui.Et rappelle-toi aussi que le temps est le maître de celui qui n’en a pas.
Ce matin pour tuer le temps j’ai écouté un aigle qui disait qu’il n’avait jamais perdu plus de temps qu’en écoutant les leçons d’un corbeau.
A ton âge, tu peux aussi , de temps en temps, faire ce qui ne se fait pas çà fait du bien.
0h regarde Papa la mort arrive avec son appareil à mettre sous vide…..
Palaïos était furieux, Chronos lui avait volé sa jeunesse. Chaque jour qui passait accroissait son amertume et son mal être. Un soir de déprime, il résolut de se venger. Il voulait tuer Chronos, mais le dieu aux ailes noires, l’impressionnait. Il lui fallait s’entraîner, le toucher d’abord par ses proches. Il se mit en embuscade, pour l’épier.
Chronos était très entouré. A ses côtés, les Heures, ces jolies muses, se succédaient en un immuable défilé. Le jour, elles faisaient la course avec le soleil, se miraient sur les cadrans, jouaient aux chaises musicales chaque fois que sonnait un clocher. Quand le soir tombait, elles s’étiraient, langoureuses ou amoureuses, passaient le reste de la nuit allongées. Parfois, elles allaient danser au clair de lune, jusqu’aux aurores. Une nuit d’automne, Palaïos réussit à kidnapper l’une d’elles. Une première victoire ! songea-t-il. Chronos, en colère, déploya ses ailes noires, saisit sa faux et, chaque soir d’hiver, vint hanter ses cauchemars. Au printemps, peu avant l’aube d’un matin de pluie, Palaïos, épuisé, laissa la muse s’échapper.
Son désir de vengeance n’en fut que plus grand. Il lui fallait d’abord éliminer Kairos qui servait de bouclier à Chronos. A peine apparu, Kairos disparaissait, revenait immédiatement. Il se multipliait, toujours présent, jamais passé, pas encore futur. Pour l’atteindre, il fallait être plus vif que la lumière, saisir une opportunité fulgurante, tirer plus vite que l’instant. Masquant son projet, Palaïos alla consulter les plus grands savants. Il s’arma d’une gomme quantique. Il allait surprendre l’insaisissable Kairos, le projeter à des années-lumière. Mais, quand il approcha, Chronos sentit un fourmillement inhabituel au bout de ses ailes, perçut sa présence. Courroucé, il fronça les sourcils, posa la lame de sa faux sur le sol, ouvrit ses grandes ailes noires et proféra, d’une voix sépulcrale :
– Ah, c’est encore toi Palaïos ! Tu veux me tuer… Inutile ! Je te donne l’éternité, Palaïos ! Ainsi tu auras, dans ton errance infinie, mille vies pour tuer le temps.
©ammk
Grandiose ! Bravo.
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour.
C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience.
Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures. Ne devient pas tueur de temps, qui veut…
Petite allégorie sans pitié et sans reproche.
Je me souviens… c’était il y a quelques temps déjà…Mais je m’en souviens comme si c’était hier. Je me souviens de cette horrible déchirure adoubée d’une douleur infinie.
J’étais assis sur un banc et le temps passait entre mes doigts. Aucune idée, aucune couleur, aucun son ne parvenait à s’accrocher à ma mémoire. Tout était d’une fugacité effrayante.
C’est alors que je le vis arriver. Fringant et arrogant dans son costume à peine froissé. Il dardait les cimes des arbres d’un regard clair comme l’acier. Il pointait d’un geste élégant les premières pousses vertes puis esquissait, d’une baguette imaginaire de maestro , quelques arabesques dans l’air frais…
Arrogant jusqu’à l’extrême, il ravivait ma déchirure et m’anéantissait sans vergogne…
Je m’en souviens encore, à défaut de le tuer, j’aurais voulu, seulement, l’amputer de quelques secondes…, Mais je ne pus m’y résoudre. Comme si une force souterraine m’en eut empêché. J’abdiquai de mes vils instincts meurtriers, du moins, pour le présent.
Je croyais avoir pansé mes plaies, je croyais avoir trouvé un peu de répit, un peu de sérénité, lorsque brutalement, il m’estourbit.
– Ultime estocade, cria-t-il, vindicatif.
Il m’écrasait de sa superbe. Il pénétrait les ramures profondes, les transperçant de ses rayons brûlants et projetant des ombres d’une noirceur indéfinissable. D’un geste immense, il déployait des arcs-en-ciel de couleurs et fit chanter mille sons dans le ciel d’airain.
Arrogant lui aussi, dans sa superbe luxuriance. Il ravivait une fois de plus ma déchirure. Je fus incapable de dire si je m’enfonçais dans des abîmes inconnus ou si je me consumais.
Je m’en souviens encore. Oh combien je voulais le tuer, l’anéantir. Mais sa fougue eut raison de ma passion dévorante. Je dus m’incliner et admettre mon impuissance à le priver de la moindre minute….
Je me vidais de mon énergie et appelai Chronos de tous mes vœux. Mais celui-ci ne daigna me répondre. Je puisai au fond de moi mes ultimes ressources et tel le Phénix, je pus renaître de mes cendres.
Je partis à la recherche des indices infimes qui me permettraient d’engager la bataille.
Il apparut discrètement d’abord, puis, sournoisement. De sa dague, il griffait, balafrait, ridait, racornissait tout vivant sur son passage. La nature se rebellait, se rebiffait. Je sentais que je tenais enfin les premières bribes de ma victoire. J’assurai mes jalons, jour après jour. Je grappillais avec une force décuplée des grappes de minutes et me réjouissais traîtreusement de son alanguissement. Il crânait avec ses ors et ses pourpres, sans même voir que le pourpre était celui de son sang qui le quittait.
Je m’en souviens encore…je le terrassai de la flèche d’une heure de plus, pour mon heur le plus grand.
Telle une biche blessée, il s‘allongea. Il avait perdu sa bataille.
Je criais victoire et me transformai en véritable tueur…
Un dernier assaut fut donné.
Un allié inattendu. Souffle de glace, morsures d’acier.
Un allié, me répétai-je.
Mais c’était oublier son regard qui s’insinua en moi et instilla un sentiment de terreur inexorable.
J’étais assis sur mon banc, prêt à lui tendre la main. Je m’en souviens comme si c’était hier…
Il se planta devant moi et me toisa :
– Que fais-tu ? Me demanda Le temps Qu’il Fait.
– Je passe, répondis-je. Je suis Le Temps Qui Passe et qui tue tout ce qui passe….
© Clémence
Le temps passe, parfois il est gris ou gros car il est à la pluie, parfois il est au beau et c’est un vrai passe temps que de parler de ce qu’il fait entre la pluie et le beau temps.
Je cours après lui, pour en gagner et l’épargner. Sur mon emploi du temps, il y a les RTT que je récupère en temps utile. Un laps de temps pour moi, qui me laisse prendre du bon temps, mais qui en un rien de temps est déjà passé.
De temps à autre, je rêve de prendre le temps de vivre de l’air du temps, de regarder ses couleurs comme dans mon jeune temps, mais l’espace de temps m’est compté.
Nous vivons des temps troublés ou le temps perdu est de l’oisiveté. Aujourd’hui qui a encore du temps à perdre ? et qui a besoin de le tuer ?
© Dameleine janvier 2017
Tueur de temps ne s’apprend par en un jour.
C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup, de patience.
Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures, ne devient pas tueur de temps, qui veut…
Métier exigeant discernement, subtilité.
Bien cibler les secondes à liquider, et conserver d’autres courts instants merveilleux
Éliminination de longues minutes d’attente, d’angoisse ou accélération de leur défilement ??
Ne pas oublier les heures grises interminables,
Laisser le Temps Libre , le Temps pour soi,
Stopper la marche du Temps ?? changer d’Espace Temps ?
Actuellement, concurrence de Sites sur le Net « pour tuer le Temps » …..
Alors, je vais vivre à Contre temps …..
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour.
C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience.
Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures, ne devient pas tueur de temps qui veut…
Cela nécessite de l’endurance pour le prendre, du courage pour le braver et beaucoup de sang-froid pour le tuer. D’ailleurs certains temps qualifiés de modernes ont une grande capacité d’accélération et sont particulièrement forts, surtout après les avoir défiés. Leur courir après pour les rattraper exige souplesse et rapidité.
Il faut également être méticuleux car une fois le temps mort, il est indispensable de le suspendre quelques instants pour qu’il ne soit pas perdu. Après en avoir tué beaucoup, bien-sûr il faut le compter ce qui demande des aptitudes en calcul.
Le métier peut paraître monotone car de temps en temps, peu de choses changent ; pourtant la recherche du temps perdu peut être exaltante.
Le tueur de temps ne devra pas espérer une quelconque retraite car le temps ne s’arrête jamais ; c’est un engagement sans fin… Inutile d’espérer du temps pour soi, c’est un métier au service de l’éternité qui n’entre pas dans le cadre de la loi des 35 heures.
On se demande donc, vues les exigences et les contraintes de cette activité, pourquoi ce métier attire autant de volontaires. Eh bien il ne faut pas chercher bien loin… Tueur de temps est une profession très bien payée car, comme chacun le sait, le temps, c’est de l’argent !
Depuis la nuit des temps, sur le mont Immortel, de père en fils, ils étaient tueurs de temps. C’était un savoir-faire familial, une vocation qui leur venait depuis le plus jeune âge. Le métier était exigeant et ne s’apprenait pas en un jour. Quel que fût leur talent, ils commençaient tous en bas de l’échelle. Le petit voyou du moment commençait par chiper les secondes dans les courses contre la montre. S’il était performant, il devenait mangeur d’heures et se régalait pendant tout l’hiver. Puis il passait raccourcisseur de jours, voleur de semaines, et, s’il était particulièrement talentueux, meurtrier des jours fériés. Il avait pour cela un statut spécial et un contrat à durée déterminée. Ensuite il y avait les cambrioleurs de fin de mois, que l’on mettait d’office en congé sabbatique les années bissextiles.
Mais les éléments les plus brillants de tous les temps étaient les agents des quatre saisons et les chasseurs d’ennui qui dérobaient le temps en toute discrétion. Ils avaient alors pour mission de placer leur butin dans la boîte des temps trouvés, chez le maître du temps.
Un jour de neige, pendant que toute sa famille était occupée à tuer le temps, le petit Constant, fils du maître du temps, se languissait. Il avait pour seuls jouets quelques heures perdues. On lui avait toujours dit qu’il ne fallait pas jouer avec le temps, que c’était un don précieux. Mais Constant trouvait vraiment le temps trop long.
Après avoir hésité quelques instants, il ouvrit la boîte des temps trouvés. Depuis le temps qu’il en rêvait ! Sortirent alors de la boîte tant convoitée une farandole de temps contenu : des minutes de silence, des heures de gloire, des jours heureux, des années fastes mais aussi des périodes sombres, des mois sans lune, des décennies de misère et des siècles des lumières. Ce temps précieux, aussitôt sorti de la boîte, fila entre les mains du petit Constant qui ne put le retenir. Le temps s’échappait. Il s’écoulait, lentement, dans le firmament et regagnait délicatement, tels les flocons qui caressent les toits, la mémoire des humains.
©Sylvie Wojcik
Bravo ! J’aime beaucoup votre proposition !
Très joli texte Sylvie, plein d’humour et de poésie.
Merci Hélène et Anne-Marie.
Dans les nuages
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour
Dans ce domaine, le dilettantisme n’a pas cours
C’est un métier exigeant qui demande beaucoup de patience
C’est même une vraie science
Il faut commencer tout en bas de l’échelle
Comme simple tueur d’heures,
Ne devient pas tueur de temps qui veut
Monsieur l’Inspecteur !
J’ai embrassé cette profession
Comme une véritable mission
Les gens ne savent plus comment faire
Pour occuper leur temps de quelque manière
Pour eux c’est un vrai mystère
On entend tout le temps :
J’ai une heure devant moi, je ne sais pas quoi faire …
Et que dire des enfants
Qui s’ennuient dès qu’ils ont un p’tit moment
C’est la panique
Ils font tourner leurs parents en bourrique !
Chanter, danser, observer, imaginer, créer
Ne RIEN faire
Ne font plus partie de leur vocabulaire.
– Mais moi, Monsieur le commissaire,
Je sais parfaitement tuer le temps intelligemment
Je suis le meilleur, Inspecteur,
Et je peux vous le prouver
– Ah oui et avec quelle arme s’il te plaît ?
Avoue, mais avoue donc, quel est ton secret ?
– C’est un mot de cinq lettres, je vous laisse deviner
– Dis donc, malotru, pas de gros mot ici
– Mais pour tuer le temps et chasser l’ennui
Une seule chose à faire, Monsieur le commissaire,
Une « petite » chose extra-ordinaire :
REVER
– Mettez-moi tout de suite au trou cet hurluberlu
Et confisquez-lui, sur-le-champ,
Son lot de chimères,
Parole de commissaire !
Tueur de temps ne s’apprend pas en un jour. C’est un métier exigeant, qui demande beaucoup de patience. Il faut commencer en bas de l’échelle, comme simple tueur d’heures. Ne devient pas tueur de temps qui veut.
Gringo lisait l’écriteau plaqué sur la porte de bois, à l’entrée du Fort.
« On demande des tueurs de temps, se dit-il. Ca a l’air d’être bien payé en plus, logé, nourri. Il réfléchit cinq minutes. Vu les circonstances, c’est presque un boulot de fonctionnaire, c’est tentant. »
La caserne venait de recruter vingt tueurs aguerris. Ils avaient fait les dernières campagnes dans les pays les plus chauds. La petite annonce précisait : « des gens jeunes avec beaucoup d’expérience, capables de tuer le temps sans état d’âme. »
« Des états d’âme, je n’en ai pas, ça tombe bien, se dit-il ! »
Le premier arriva avec sa caméra de ralenti. Le Capitaine lui dit : « Ca ne tue pas le temps, ça le ralentit, seulement. Je ne veux pas d’amateurisme. Oust ! On te rappellera. »
Comme cette phrase était bizarre. Qui avait inventé cette idée de tuer le temps ? Tuer est un acte physique, alors que le temps est immatériel. Quelqu’un s’était trompé dans l’utilisation des termes. On passait du temps de tuer à celui de tuer le temps. Il y avait quelque chose de…
« On t’a dit : sans état d’âme ! »
Le deuxième arriva avec sa machine à remonter le temps. Le Capitaine intéressé la considéra avec respect. « C’est juste une pendule qui fonctionne à l’envers, se dit-il. Mais ça ne tue pas le temps. »
– Attendez Capitaine, si vous arrêtez au bon moment, vous pouvez vivre éternellement ce moment que vous avez particulièrement apprécié.
– Et ma promotion, vous en faîtes quoi !
– Vous pouvez aller vers le futur et stopper au moment qui vous intéresse.
– Trop aléatoire, ta machine ne peut pas faire ses preuves, le futur restera toujours le futur. Il y aura toujours un moment qu’elle ne pourra prévoir. Oust ! On te rappellera.
Le Capitaine devint de plus en plus dubitatif. « Des tueurs de taons, j’en ai à la pelle ! Ce sont des tireurs d’élite, certes ! Ils pourraient me servir à tuer quelques heures ou même quelques jours, si j’organise un concours, mais, après que ferai-je avec tout le temps qu’il me restera ? J’ai bien une idée : je pourrais peut-être les mettre dans la machine à remonter le temps, histoire de voir comment elle fonctionne. On verra plus tard, quand j’aurais le temps ! »
Arriva Marylène, femme soldat qui intrigua le Capitaine.
– Alors, que proposes-tu pour tuer le temps ?
– Mon Capitaine, lorsque j’ai vu votre annonce, j’ai su tout de suite que je n’avais pas de temps à perdre. Je me suis inscrite. Dans certaines expressions toutes faites, il faut inverser la tendance.
– C’est-à-dire, expliquez-vous !
– Mon Capitaine, je connais une méthode toute simple consistant à tuer le temps.
– Ah ! Ah ! Tu m’intéresses, et quelle est cette méthode ?
– Mon Capitaine, c’est juste que le temps que vous avez en trop pour vous, vous devez le donner aux autres. Et vous verrez, vous n’aurez plus à vous soucier de tuer le temps. Le mot « tuer », vous le transformez en « créer », et le mot « temps », vous le transformez en présent. Vous créez ainsi votre présent. Le temps se crée, mon Capitaine ! C’est le sens du mot « Récréation ». C’est le plus beau mot que je connaisse.
Deux coquilles : « a l’heur » et « suspends », Lamartine me pardonnera.
Tuer le temps : quelle idée ? Non mais ! Si vous croyez que j’ai le temps de m’occuper de ça. Sûr que j’en prendrais le temps si je tenais l’imbécile heureux qui le premier s’est mis à calculer le temps alors que personne n’y avait pensé. Qu’est-ce qui lui a pris, on ne lui en demandait pas tant.
Ah, il en avait du temps, lui, pour le perdre à imaginer le cadran solaire. Bravo ! Et ça lui a rapporté quoi au genre humain cette invention, je vous le demande ?
Il ne pouvait pas laisser défiler naturellement à leur allure les aubes, les crépuscules, les nuits, les laisser vivre leur vie de phénomènes selon l’intention de leur créateur ?
Avant l’initiative irréfléchie de ce gros malin, la planète tournait à son rythme, tranquillement. Savoir combien de temps il lui fallait pour faire un tour complet sur elle-même était le cadet des soucis de la population terrienne. Pas un qui se posât la question : ni le premier batracien, muté en lézard, lui-même devenu un poilu à quatre pattes pour enfin se dresser sur deux jambes. Adam et Ève eux-mêmes ne s’étaient pas pressés d’accomplir la première bêtise qui allait tout changer de la vie des humains. Et encore, s’il n’y avait eu qu’elle, on s’en serait bien sortis.
Il a fallu que celui-là avec sa tête un peu plus enflée que celle de ses congénères s’imagine indispensable à l’organisation d’une société minutée et bien réglée en instaurant la mesure du temps qui passe. Ordre, discipline, obéissance étaient nés.
Et, du même coup, comme de juste, naquirent de la division entre les Biens Rangés et les Bordéliques, la pagaille, l’insoumission et la révolte.
Voilà où nous en sommes maintenant. C’est à cause de lui que nous n’avons plus qu’un temps sur terre et que s’il ne s’était pas mêlé de ce qui ne le regardait pas … De cool Raoul, à l’aise Blaise, relax Max, tranquille Émile, nous sommes passés à en selle Marcel, fonce Alphonse … On a beau courir après le temps, on n’a plus le temps de rien.
Ce que cet inventeur néfaste n’avait pas prévu, c’est qu’il en perdrait l’immortalité et que sa création du comptage du temps lui serait fatale.
Heureusement pour lui, il n’est plus de ce monde depuis des ères et des ères, si je tenais ce responsable du stress mondial des horaires, je le planterais de la grande aiguille des minutes bien aiguisée.
Le tueur de taons vit dans une campagne profonde et solitaire (et glacée, en hiver, mais comme il n’y a de taons qu’en été, il est inutile d’en parler). Il utilise pour tuer le taon une gaje (le mot d’origine très discutée (basque ?), désigne une sorte de tapette souple et dure à la fois) parce qu’il n’existe pas de filet de taon. Ainsi, le tueur à gaje erre à la recherche du taon perdu. Il souffre beaucoup de cette errance, il est donc très patient, surtout dans les salles d’attente bondées des médecins spécialisés dans le traitement de l’angoisse liée au temps qui passe, et pauvre (le taon ne fait rien à ses affaires, ce n’est pas non plus de l’argent quand on lui court après), et en même temps il est très investi dans sa quête, au point (du jour, oui, bien sûr, et aussi un peu plus tard) qu’il a l’heur (du moins le croit-il… mais chacun croit ce qu’il veut) de se prendre pour son objet. Il répète en s’adressant aux patients (à en juger par leurs mouvements incessants, ils ne le sont pas autant que lui) de la salle d’attente « je suis le taon qui passe ». Certains diptèrophobes agités tournent une tête inquiète à gauche et à droite, d’autres qui pensent avoir compris ce qu’ils n’ont pas écouté opinent en disant « Oui, oui, tu es le temps » pour ne pas le contrarier parce qu’ils sont impressionnés par les coups qu’ils pressentent violents de sa gaje, heurts redoutables…
La police qui passe par là par hasard entend les derniers mots, arrête le tueur à gaje et le conduit chez le juge. Le tueur reconnaît avoir tué le taon. Comme il n’a été à l’école que jusqu’en CE2, il est accusé de meurtre au premier degré et condamné à vingt ans de prison.
« Ô taon, suspends ton vol dans le ciel par-dessus le toit, s’écrie-t-il à travers les barreaux de sa cellule ! »
Merci superbe
Bonne année
Odile
« Tuer le temps pas facile ! Il faut déjà l’attraper. Au filet à rêves ? Non là sur une montre avec chronographe ! Ensuite prendre des ciseaux et le tailler en heures, minutes, secondes pour l’apprivoiser ! S’attaquer à la journée pas question ! il aurait trop peur d’être perdu à jamais. Faut être malade, alité pour qu’il se fasse à l’idée de perdre sa journée. On peut parfois demander sur la pointe des pieds une RTT et prendre son temps : flâner, musarder. On ne vas pas chez le médecin ou le dentiste à non. Poireauter dans une salle grise et triste, non merci. C’est si rare.
Tuer une heure de son temps c’est beaucoup un peu trop …
trop »
– vous êtes un dévoreur de temps. vous n’en avez jamais assez. Vous courez après ! Ok Ok on attaque les minutes. Sacrifier 5 minutes. facile vous fermez les yeux et vous sautez dans le vide. Oui oui c’est ça ! on appelle cela de la méditation. Sans penser à rien, à rien, oui rien du tout.
quoi ça fait trop peur ! Vous êtes un tueur de temps vous. Laissez en pour les autres tout de même !
3 petites minutes ? même pas ? juste une ? Un forcené du chronomètre, eh bien. Le nez sur la montre ? Même pas ! je vois la dictature du smartphone ? pas non plus ? La secrétaire ! Ah tiens j’ignorais que cela existait encore !
Mon Dieu tuer des secondes, ça fait petit jeu, vraiment je vous voyais plus ambitieux. je sais je sais
le temps c’est l’étoffe dont nos vies sont faites. De qui déjà ? C’est rien, je retrouverai en tuant quelques minutes … pas le temps de lire … Votre quotidien est tissé serré. la retraite vous y pensez ? Si si ça va venir vite au rythme ou vous avalez les mois les années et là une éternité rien qu’à vous, des années à tuer, à massacrer.
Au fait bonne année je vous laisse les mois, les semaines, les journées, moi je garde les minutes, les secondes. ça chatouille l’air de mon temps. bon j’y vais tuer les minutes finalement, ça prend du temps
Tueur de temps ne s’apprend par en un jour.
Témoignage d’une ancienne inspectrice d’abatemps :
« Ici, le temps n’a pas d’identité, ni de fin. La machine tourne à bon train, elle rugit et dévore chaque instant qui passe. Secondes sans espoir, condamnées, dépecées. Pour ces heures qu’on égorge, pas de pitié !
La chaîne doit continuer, elle doit tuer rapidement sans perdre une minute, massivement. »
Les différentes étapes de la formation d’abatemps:
1-Le désossage. On prend le temps, on le décompose et on le suspend à une clepsydre, pendant plusieurs ères.
2-Le parage permet d’ôter le superflu et l’ennui ; le temps est ainsi prêt à être découpé.
3-Le piéçage de chaque morceau de temps est réparti et distribué : Pour l’avoir ou le gagner, il sera passé, perdu ou pris.
4- Le conditionnement du temps requiert souplesse et précision, pour éviter sa décomposition selon qu’il sera moderne, fort, partiel ou imparti.
Ainsi conditionné, le temps mort pourra être consommé sans modération.
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Merci bonne année Odile
Le tueur de temps venait d’entrer dans l’enceinte même du Gros Bourdon. Il se sentait ému, grâce à une petite erreur de jugement, le préposé principal venait de perdre le droit d’activer ce Gros Bourdon. Mentéas jubilait, que de bon moment il allait passé là, juste avec le Gros Bourdon. Se sentant frémir des pieds à la tête, il se dit qu’il était temps d’activer le Gros Bourdon s’il ne voulait pas à son tour perdre sa place. En bas de l’échelle trois jour avant à astiqués les lueur du temps, il se sentait en verve. Avec des gestes simples mais pleins de componctions, il s’approcha…mit ses gants de velours blancs et légèrement poussa sur le ménic. Un petit clic se fit entendre et Mentéas soupira d’aise. Il se retourna et bondit sur place. Le Gros Bourdon venait de se détacher de son socle. L’ivresse du moment s’empara de Mentéas, il venait de réussir. Il s’acharna sur la porte, celle-ci ne voulant s’ouvrir, il grinça des dents. Le Gros Bourdon s’approchait inexorablement de lui et s’il ne sortait pas…