Exercice inédit d’écriture créative 266

Exercice d'écriture très créative
© S.Mouton-Perrat
Boutique


Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An,

ils vendaient des  » Premières fois »
Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.

Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où
une étrange demande les tourneboula.

Imaginez la suite

Avec mes vœux les meilleurs : santé ♥, joie ♥, bonheur ♥, écriture 

Sur ce blogue, on n’apprend pas à écrire un roman ou des nouvelles, on enflamme son imagination. Les exercices que j’invente, aiguillonnent l’esprit. Mon but est de conduire toute personne vers le créateur plus ou moins claquemuré en elle. L’enfant imaginatif avec lequel elle se réconcilie définitivement dès qu’elle se prête au jeu. Après quoi, elle décide de mener le projet d’écriture qui lui convient.

21 réponses

  1. Françoise - Gare du Nord dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An, ils vendaient des « Premières fois » : Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.
    Un couple, la cinquantaine ayant connu des jours meilleurs, leur demanda s’ils accepteraient de vendre des dernières fois : dernier soupir, jugement dernier, dernier mot, dernier avertissement
    Leur chiffre d’affaires doubla. Jamais rassasiés de profit, ils cherchèrent une nouvelle activité et optèrent pour la vente d’articles de seconde main. Dès le premier jour, ils virent défiler dans leur boutique des jouets semblant tout neufs. Curieux, ils les interrogèrent sur la raison de leur venue :
    – Je suis un baigneur avec un sexe de garçon. Or, iel n’a pas voulu de moi car iel voulait un poupon avec les deux sexes ou, à la rigueur, pas de sexe du tout.

    – Moi, je me suis fait éconduire car je n’arrête pas de dérailler – répondit le train et moi je ne résiste pas aux secousses surenchérit le jeu de Légo

    – J’ai été décliné car la petite fille pourrie-gâtée exigeait un vrai cheval – confie, le mors dans l’âme, le cheval à bascule

    – Nous avons été refusés car les parents ne voulaient pas d’un travail manuel pour leur petit chéri – avouent les Playmobil « spécial Chantier »

    – Quant à nous, nous avons été repoussées par le rejeton d’un sympathisant de Mélenchon et de la France Insoumise – disent 3 fiches de règles de jeu de société

    – Une dînette admet avoir été récusée suite à une scène de ménage entre Barbie et Ken, aucun d’eux ne voulant faire la vaisselle

    – Un jeu de fléchettes rejeté en raison d’un tir maladroit dans les yeux du chat de la maison

    Le soir même, Monsieur et Madame Zuckerberg appelèrent Mark, leur neveu américain, pour lui relater les dernières évolutions du marché français

    Dès le lendemain, celui-ci posa les premiers fondements d’une plate-forme d’achats en ligne mondialement connue sous le nom d’Amazon

  2. Florence K dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An, ils vendaient des « Premières fois » : premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc. Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.
    Une jeune femme semblait perdue au rayon des premiers émois. Princeps s’approcha, pour la renseigner.
    – Mademoiselle ? Puis-je vous aider ?
    – Bonjour. Je cherche un deuxième premier baiser.
    – Un deuxième premier baiser ? Comment cela ? Princeps était perplexe. Un deuxième baiser ne peut pas être un premier, par définition, vous voyez ? Nous ne vendons que des premières fois certifiées originales.
    – Je … je comprends. La jeune femme avait pâli.
    – Puis-je me permettre de vous demander pourquoi vous cherchez un … autre premier baiser ? C’est donc que vous en auriez déjà acheté un ?
    – Oui, je… Je ne connaissais pas votre boutique, malheureusement. J’ai acheté un premier baiser au rabais, sur un site Internet, et… Elle hésitait.
    – Et ? l’encouragea Princeps.
    Elle rougit.
    – J’ai été très déçue. Il ne correspondait ni à ce que je cherchais, ni même au descriptif fourni sur le site.
    Princeps lui sourit avec indulgence.
    – Je comprends. J’imagine votre déception. Mais une première fois n’est pas toujours merveilleuse, ni même satisfaisante, vous comprenez ? Une première fois doit sa valeur à son caractère de première fois, justement. C’est le début de ce qui s’appelle l’expérience, et qui permet bien souvent à la deuxième fois d’être plus réussie. Je suis convaincu, ajouta Princeps, que votre deuxième baiser sera à la hauteur de vos attentes.
    – Ah vous croyez ? Et que dirai-je à mes petits enfants, quand je serai bien vieille et qu’ils me demanderont de leur raconter mon premier baiser ?
    – Vous ne serez pas obligée de leur dire la vérité. Vous oublierez bien vite ce premier baiser si décevant, vous verrez. A vos petits enfants, vous parlerez de votre deuxième baiser, votre premier vrai baiser en quelque sorte, celui dont vous vous souviendrez toujours avec émotion. Promettez-moi juste de prendre le temps d’en acquérir un de bonne qualité, d’accord ?
    La jeune femme sourit, les yeux encore embués. Elle remercia Princeps, et quitta la boutique.
    Pour la première fois, Princeps eut l’impression d’avoir raté une vente mais réussi sa journée.

  3. Emmi A dit :

    Dans leur petit boutique, rue du Premier de l’An, ils vendaient des « premières fois ».
    Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc .
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour ou une étrange demande les tourneboula.

    Bertie tenait le magasin depuis plusieurs années maintenant, succédant ainsi à son grand-père, qui lui-même le tenait de son grand-père, qui lui-même… etc. Il y tenait d’ailleurs comme à la prunelle de ses yeux ! Et avec sa femme et son fils, ils faisaient fleurir ce commerce dans sa plus pure tradition. Les « premières fois » dans sa famille c’était un bien précieux ! Et le secret bien gardé quant à leur fabrication…
    Bertie rangeait donc avec attention toutes les petites fioles des premiers rendez-vous galants, quand le clochette de la porte retentit.
    Un vieux monsieur apparut vêtu d’un pardessus beige et d’un costume très élégant semblant venir d’une autre époque : « sans doute année 50 » se disait Bertie.

    Son expérience lui fit penser que le vieil homme désirait sans doute retrouver sa première jeunesse, mais il lui demanda tout de même en quoi pouvait il l’aider. Et là quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il entendit ceci :
    « – Bonjours Bertie ! Ça m’fait bien plaisir de t’voir en chair et en os ! Crois moi d’en haut tu ressemble pas ça !
    – Mais comment connaissez vous mon nom ?
    – Ton grand-père pardi ! C’est lui qui n’arrête pas de parler de toi ! Il est tellement fier ! D’ailleurs laisse moi t’dire qu’ malgré la réussite il trouve quand même que t’es peu minutieux avec la comptabilité… Bref… ce n’est pas ça qui m’amène…
    – Mais mon grand-père est… est mort !
    – Ben je l’sais bien pardi! J’le suis aussi moi ! Tu crois qu’à 229 ans je serais encore de c’monde !Non j’viens de l’au-delà moi ! »

    Heureusement qu’une chaise était juste derrière Bertie car il y tomba à la renverse. Le vieux monsieur lui raconta son histoire. Qu’il connaissait la boutique du temps où il vivait sur Terre et qu’avec sa Lucette ça l’avait bien aidé pour son premier rendez-vous et son premier baiser aussi ! Qu’il connaissait aussi son grand-père et que tous les mercredi soir à minuit ils faisaient une partie d’échec parce que les étoiles éclairaient mieux à cette heure ci ! Que lorsqu’il était encore sur Terre on lui avait trouvé une maladie bizarre qui faisait qu’il perdait tous ces souvenirs mais qu’une fois parti en haut il les avaient tous retrouvés !
    « – Une maladie bizarre Al… Al… vas-y ailleurs…un truc dans c’genre… encore un truc dont tu peux pas t’souvenir pour qu’t’es l’air de perdre encore plus la tête !  Ils sont bien allés ailleurs mes souvenirs, mais du coup j’les ai retrouvés après tiens ! »
    Il lui parle de l’au-delà qui existait bel et bien et qu’on écoutait radio Terréalité en plus de regarder la vie d’en-bas. Il lui expliqua que tous les ans à leur anniversaire d’arrivée en haut ils avaient un cadeau au magasin des souhaits. Et que cette année sa Lucette avait râlée parce qu’il avait oublié leur anniversaire de mariage ! Alors que quand on partage un nuage avec une Lucette énervée c’est pas une partie de plaisir et on a qu’une envie c’est de se faire pardonner! Et que donc son souhait à lui c’était de revenir une journée sur Terre pour aller dans la boutique des premières fois.
    Son ami Pierre, qui gardait les portes d’entrée, lui avait dit de se dépêcher parce que quand il fallait rentrer, il fallait rentrer sinon le tonnerre grondait et que c’était déjà une mesure exceptionnelle qu’ils acceptent sa sortie.
    Ce qu’il voulait c’était revivre une dernière fois ses « premières fois » avec Lucette pour pouvoir lui livrer tous ces moments avec sincérité et exactitude sur un bout de nuage indélébile (nouvelle technologie céleste qui consistait à graver sur un nuage pliable et extensible à son envie tout ce qu’on voulait, le must du must dernier cri qu’on s’arrachait pour quelques gouttes de pluies à peine!). Ce serait un beau cadeau que Lucette serait enchantée de recevoir et qui ferait son petit effet, et lui permettrait d’être pardonné illico presto !

    Bertie se gratta la tête et alla chercher un espèce de grimoire tout poussiéreux. La tâche ne fut pas aisée et bien qu’il pensait être en train de rêver, il finit par créer le flacon des premières fois de Yvon (c’était le nom du vieux monsieur) et Lucette. Il lui tendit et Yvon le prit en le remerciant et en lui rappelant que son grand-père et sa grand-mère seraient toujours près de lui pour lui inspirer les meilleurs recettes de premières fois. Et il partit.

    Une fois dehors, il ingurgita le flacon et comme dans ces instants magiques où le temps semble s’arrêter il revit tout : la robe bleu marine de Lucette le jour de leur premier rendez-vous, l’odeur de son parfum de pivoine lorsqu’il l’embrassa pour la première fois, la couleur de ses yeux non maquillés lors de leur premier réveil ensemble… et toutes, toutes leurs autres premières fois.

    Et c’est dans un éclair qu’il remonta au ciel. Il enregistra toutes les images et retranscrivit ses émotions sur le nuage indélébile. Puis il retourna sur son petit nuage, pour y retrouver sa Lucette, qui, n’en croyant pas ses mirettes, pour le remercier du cadeau (et lui pardonner le petit oubli) l’embrassa aussi passionnément que la première fois.

  4. AB dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An,
    ils vendaient des » Premières fois »
    Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où
    une étrange demande les tourneboula.

    La porte de la boutique, s’ouvre, tellement doucement qu’un grincement sinistre fait retourner le commerçant, curieux de cette entrée.
    Elle a une allure de pauvresse, la tête baissée, fagotée d’un manteau gris pas très chaud pour cet hiver rigoureux. Pas d’écharpe, rien qu’un petit sac qu’elle serre très fort sur ses hanches. Elle n’est pas grosse, pas très grande non plus mais, elle est belle malgré son visage qui semble ravagé par les larmes.
    Le boutiquier suit ses pas, semble les compter, bouche ouverte, jusqu’à ce qu’elle s’arrête devant son comptoir. Là, il referme enfin ses lèvres, toussote et d’un sourire presque forcé s’adresse à elle d’un ton calme mais rassurant :
    – Que puis-je pour vous chère petite madame ?
    Pas de réponse, mais, un regard levé vers lui plein de suppliques le met très mal à l’aise et se raclant la gorge une nouvelle fois, il rajoute.
    – Jolie comme vous êtes, vous n’allez sans doute avoir aucun problème à trouver ce qui vous intéresse. Vous savez, chez nous, il n’y a que des premières fois. Nous vendons l’invendable. C’est pour cela que nous sommes uniques. Tout, nous pouvons tout vous vendre pourvu que cela soit une première fois.

    – Alors, je crois que j’ai frappé à la bonne porte et un sourire enfin, illumine sa bouche.
    – Je vais appeler ma femme, elle pourra mieux vous conseiller que moi.
    – Oh, non, non, gênée, elle insiste. Vous ferez très bien l’affaire.
    – Alors que désirez-vous ?
    – Un billet pour…..Soudain, deux larmes s’échappent de ses beaux yeux qu’elle essuie rapidement d’un revers de main.
    Un billet pour l’au-delà. Voilà, c’est dit.
    – Un billet pour l’au-delà ? Je ne comprends pas, c’est la première fois qu’on me demande cela!
    – Mais, n’êtes-vous pas la boutique des premières fois ? Honteuse, elle recule d’un pas. Boutique des premières fois, rue du 1er de l’an, c’est bien ça ?
    – Oui, oui, hum, vous avez raison, un billet… encore raison, mais, pour l’au-delà ?
    Elle éclate en sanglot, ne pouvant plus retenir tout le flot qui se bloquait en elle.
    – Vous, …..Vous vendez toutes les premières fois, et pour moi, c’est une première fois.

    – Et la dernière. La dernière fois à penser « vouloir mourir ». Quelle mauvaise idée ! Vraiment. Vous voulez que je vous donne un secret ? Et bien, ce sera la première fois que je ne pourrai abonder à une demande client et j’en suis fier, croyez-moi. Non, non, je n’ai pas de billets pour l’au-delà. Jamais.
    Par contre, si je vous dis, un thé chaud, des petits biscuits confectionnés par mon épouse qu’elle a fait de la couleur rose pour la première fois. Un bon fauteuil, là, juste derrière le comptoir où vous allez tout nous raconter. Ce sera la première fois qu’un client nous offrira fois sa compagnie. N’est-ce pas tentant pour les deux ?
    SVP, je vous en conjure, dites oui.

  5. Gontier Christine dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An,
    ils vendaient des » Premières fois »
    Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où
    une étrange demande les tourneboula.

    Un homme entra et fit sonner la porte. Il paraissait perdu.
    Il se mit à regarder autour de lui. Sur les étagères peu nombreuses se trouvaient des cartes, des lettres, des bagues, des joujoux, des plans de maisons, des plans d’inventions, des cadastres et toutes sortes d’objets insolites, de manières de s’y prendre, de mode d’emplois, de protocoles…

    L’homme approcha du petit comptoir en bois et demanda :
    -pourrais-je avoir ma dernière fois ?
    La vendeuse, surprise, ne su quoi répondre et appela son époux occupé à dépoussiérer l’étagère des premières inventions qui n’intéressaient plus personne à l’heure de la haute technologie.

    Elle lui dit :
    -nous avons une première mon cher, un client voudrait une dernière fois ! ! ! Veux-tu t’en occuper ?
    -bien sûre, j’y vais.

    Il s’avança vers le comptoir et dit au bel homme :
    -monsieur, que demandez-vous exactement ?
    -simplement la dernière fois que ce fut ma première fois car je suis si vieux que je ne vis plus de première fois depuis bien longtemps et je me lasse de cette vie connue et sans surprise.
    -et bien c’est une demande bien particulière car je ne sais pas si je peux y répondre. Voyez-vous monsieur, je ne sais pas s’il s’agit d’une première fois ou d’une dernière fois. Et ce n’est pas du tout la même boutique ni le même métier pour les dernières fois. Surtout à votre âge où on s’en approche beaucoup.

    L’homme s’attristant :
    -si vous m’aidez Monsieur, je vous offre cette première fois pour vous qui sera de vendre une dernière fois. Ainsi nous pourrions appeler ça un troc.

    Le vendeur déconcerté par cette première s’asseya un instant. Il se mit à réfléchir à la proposition qui pourrait bien changer sa vie et sa vision de celle-ci ainsi que de son métier jusque là très tranquille. Puis il se leva, regarda l’homme dans le yeux et lui dit :-hé bien mon cher Monsieur, j’ai le grand honneur de vous offrir aujourd’hui votre dernière fois où vous avez pour la première fois décidé de vivre une première fois pour la dernière fois.

    Il lui remit un document attestant de cette première et dernière fois, cachet de la boutique faisant foie.

    L’homme réjouit, ouvrit grand les yeux et le regarda :
    -monsieur, voici l’espoir de revivre des premières fois là où je ne m’y attendais pas. Vous honorez votre réputation.

    Le vendeur, heureux d’avoir une fois de plus rempli sa mission de commerçant de bonne foie le remerciant de cet échange et de ce moment vécu d’exception vécu ensemble.

    Le soir il rentra avec sa femme, heureux de toujours découvrir de nouvelles fois aussi variées que le sont les êtres humains.

  6. +Dans leur boutique, rue du Premier de l’an, ils vendaient « des premières fois ». Premier baiser, premier dépit, premier émoi etc. Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.
    Depuis un petit moment déjà ce client errait dans la boutique, feuilletant un catalogue, manipulant quelques premières fois d’appel.
    – Monsieur, puis-je vous renseigner ? s’inquiéta poliment le patron.
    – A vrai dire , c’est un peu compliqué…
    – Ah racontez moi tout !
    – Bon, je voudrais être une première fois mais attention une première fois importante pour quelqu’un .. et je n’y arrive pas !
    Je suis le deuxième garçon de la famille, je ne tombe amoureux que de femmes qui s’avouent mariées. J’ai même essayé d’être le premier client d’un nouveau magasin réputé . J’ai dû laisser passer la vieille madame Michu qui a des difficultés à marcher …
    – Ah voilà qui est ennuyeux.. cherchons un peu ! Je dois avouer que votre demande est insolite et la boutique ferme pour un an dans 5 minutes. Mais nous avons toujours réussi à satisfaire nos clients, oui cherchons !
    Ding, ding, ding ding …..

    – Oh monsieur, je suis désolé !
    C’est bien la première fois que la demande d’un client n’est pas honorée
    – La première fois ?? vous êtes sûr ?? oh merci !!!!!!!!!!!!
    – C’est ma fois vrai , mon échec est votre succès .. à une minute près !
    La porte s’ouvre sur une cliente .
    – Désolé madame, il est minuit passé, la boutique est fermée, revenez l’année prochaine !
    – Ah personne ne vous a dit que votre horloge avançait, il est minuit moins deux ….
    – Encore raté ! s’exclame le client « première fois » désespéré

  7. smoreau dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An,
    ils vendaient des « Premières fois ».
    Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où
    une étrange demande les tourneboula.
    Une femme entra. Pas de 1ère main apparemment. C’était la 1re fois, qu’elle venait. Elle avait la moitié du visage triste et l’autre moitié, joyeux. La moitié du corps était souple, leste et l’autre avachi, recroquevillé.
    C’était très étrange. C’est la 1ère fois, qu’ils voyaient une telle asymétrie. On ne savait pas quel côté regarder.
    Elle désirait acheter une 1re année sans chicane, dit-elle en expliquant qu’elle se sentait à moitié heureuse et à moitié contrariée. Joyeuse et peureuse.
    Optimiste et pessimiste. Elle nous raconta qu’étant très sensible, sa joie de vivre virait à l’envie de mourir dès que l’harmonie disparaissait. Un mot un peu dur, une intonation sèche, une remarque désagréable et son bonheur disparaissait.
    Elle voulait une première année sans anicroche, sans contrariété, sans reproche. C’est cela une 1re année sans reproche, ni critique.
    Elle souhaitait une 1ère année paisible, heureuse, harmonieuse. Pleine de joie, de rires et de sourires complices.
    Ils n’avaient pas ça en magasin… Ils appelèrent leur fournisseur Monsieur Dieu. Il était occupé comme d’habitude. Un sous-fifre, un ange au standard prit leur appel. « Jamais vu cela, dit-il, Jamais entendu parlé de ce produit. Désolé. Elle devrait plutôt acheter notre 1er produit de gamme, le lâcher prise. La première fois, c’est difficile à s’en servir. Ensuite, c’est la routine »
    La dame fut tentée puis s’apeura devant cet inconnu. Elle n’aimait pas les 1 ères fois. Elle dit qu’elle allait réfléchir.
    La dame aux deux facettes repartit, un côté optimiste, espérant et l’autre pessimiste ne croyant à rien.
    A cloche pied, elle hésita encore une fois de plus à la première intersection. A gauche ou à droite ?

  8. oholibama dit :

    Dans leur petite boutique du Premier de l’An…ils vendaient des  » Premières fois » premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc. Leur commerce prospérait rondement, jusqu’au jour ou… une visite et une étrange demande les tourneboula.

    Jean et Ameline étaient heureux.Mais,en ce petit matin frileux,les deux amoureux qui franchirent la porte emmenant avec eux un courant d’air froid, semblèrent s’excuser tout en avançant à petits pas; un peu comme deux petits vieux.
    Ameline qui, assise sur son tabouret préféré sourit en pensant que ces deux là, devaient s’aimer depuis de nombreuses années.
    Elle les regarda un moment…puis, les laissa chercher parmi tout les objets qui étaient rangés sur les étagères.
    Ils examinaient tout, mais ne prirent rien dans leur main. Leurs yeux semblaient être leur mode de recherche. Ameline se demanda si ils avaient besoin de son aide…mais, les regardant avec tendresse, elle s’aperçut que leur mode de recherche leur était familier et que leurs petits hochement de tête s’accompagnaient souvent d’un tendre sourire.
    Ils firent ainsi le tour et Ameline fut sûre que ces deux là avaient tout vu. Timidement la jeune fille s’approcha d’Ameline et toussotant osa demander de sa douce voix: » Madame! Nous cherchons le  » Livre des Oublis ».
    Elle regarda son compagnon qui a son tour demanda : » Madame! Avez-vous ce livre avec vous? Un ami commun Monsieur Spouzt, nous a affirmer l’avoir vu chez vous. Est-il toujours en vente? Votre prix sera le nôtre.
    Ameline surprise par cette requête leur demanda de patienter; le temps qu’elle aille chercher son époux qui était, le seul à s’occupé des livres rares. Ils lui sourirent de cette douce manière qui fait le charme des amoureux. L’étincelle dans leurs yeux était merveilleuse à contempler.
    Ils acquiescèrent et Ameline se leva doucement de son tabouret.
    _ Oh! vous allez avoir un enfant Madame ? La jeune fille ne put retenir sa question et rougissante se tourna vers son compagnon qui d’un geste fit comprendre à celle-ci que ce n’était pas grave.
    Ameline leur sourit et répondit avec fierté  » oui, et ce petit sacripant bouge beaucoup en ce moment et, riant elle appuya sur un bouton vert.
    Une voix se fit entendre…
    _ oui! tu as besoin de moi c’est urgent ?
    _ oui, Jean j’ai besoin de ton aide, nous avons des acquéreurs pour un livre, peux tu venir s’il te plait!
    Au son de la voix de son épouse, Jean comprit qu’il se passait quelque chose d’étrange; alors, laissant en plan l’ouvrage qu’il était en train de lire…il se pressa pour rejoindre Ameline.
    En arrivant, il fut ébloui par la douce lumière qui semblait émanée du couple. Il pensa en lui-même (comme ils sont beaux et si jeunes).
    Alors, le jeune homme posa de nouveau sa question : » Monsieur avez-vous en votre possession le  » Livre des Oublis » si c’est oui, nous aimerions vous l’acheter. Si c’est non, ou, si vous l’avez déjà vendu…pouvez-vous nous dire à qui? Monsieur Spouzt nous a assurer l’avoir vu sur une de vos étagères.
    Jean regarda Ameline et un affreux soupçon sembla peser dans son regard. Ameline lui renvoya par le biais de son regard le même doute et la même suspicions. Comment allaient-ils faire? Ils étaient si jeune!

  9. Isabelle D dit :

    Dans leur boutique, rue du Premier de l’An, ils vendaient des « Premières fois ». Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc… Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.

    Habituellement, c’étaient plutôt premiers pas, premiers regards, premiers mots, premiers câlins, premiers pleurs, premiers jours à l’école, premières lettres d’amour, premiers boulots, premiers…. enfin bref… rien de très original. Arthur et Elsa s’étaient habitués à cette situation confortable, ils se réjouissaient ou se désolaient suivant la demande mais surtout ils avaient toujours réussi à satisfaire le client. Ils aimaient leur métier, ça se voyait. C’était leur raison de vivre, ça leur prenait quasiment tout leur temps. Mais, ils étaient si heureux de voir la réaction des gens lors de toutes ces premières fois. Ils avaient l’impression de faire quelque chose de bien.
    Ça leur avait pris comme ça, ils avaient quitté leurs anciens boulots qui ne les passionnaient guère et avaient commencé à s’atteler à la tâche. La concurrence était rude, les premiers temps furent difficiles. Mais la boutique était ouverte depuis maintenant deux ans, les tâches étaient bien reparties et la mécanique bien huilée. 48h chrono c’était la garantie annoncée et jusqu’à présent ils n’avaient jamais eu de réclamation, même lors des périodes de pointe. L’affaire tournait bien et le personnel se composait à présent du petit couple, ainsi que d’une dizaine d’employés. Parfois on prenait même quelques intérimaires. Et toujours un seul mot d’ordre. Pas un jour de fermeture.

    Alors quand elle déboula ce jour là, ce fut d’abord l’étonnement. C’était une journée très calme. Arthur héla sa femme pour être sur qu’il ne rêvait pas. La petite fille qu’ils avaient devant eux était haute comme trois pommes. Elle avait des cheveux couleur des blés, des yeux verts pétillants et un sourire plein de malice. Elle portait un déguisement de princesse dont les strass brillaient dans la pénombre. Elle ressemblait aux autres petites filles de son âge, mais tandis que le couple la regardait, ses expressions et sa silhouette leur parurent étrangement familiers.
    « Tu es perdue? Où sont tes parents ? demanda Arthur.
    – C’est justement pour ça que je suis là.  »
    Allons bon…. que pouvait-elle donc vouloir? Elle ne semblait pas malheureuse. Plutôt impatiente.
     » Quel âge as-tu?
    – J’ai six ans trois quart. »
    C’est à ce moment la qu’un nouveau client arriva, la cinquantaine. Il ne semblait pas trop dans son assiette. Il en voulait à la terre entière. La petite fille se cacha derrière les jambes d’Elsa et l’homme demanda finalement à Arthur.
     » Je voudrais une première explosion de rage, s’il vous plait. Cela fait tant de temps que je prends sur moi que je n’en peux plus.
    – J’ai ce qu’il vous faut, venez avec moi dans mon bureau. Vous repasserez au guichet en sortant pour le règlement . »
    Arthur abandonna là sa femme et la petite fille pour se consacrer au client.
     » Alors que veux tu? redemanda Elsa.
    – J’ai besoin d’une première fois bien particulière mais je n’ai rien pour payer.
    – Hum… je m’arrangerais avec mon mari, ne t’inquiètes pas pour ça. »
    La fillette avait mis les mains dans son dos et se dandinait curieusement.
     » Alors? commença à s’impatienter Elsa.  »

    Ce fut ce moment que choisit une nouvelle cliente pour entrer, en même temps qu’un cri strident s’échappait du bureau d’Arthur. La jeune femme à la vingtaine éclatante s’arrêta stupéfaite.
     » Ne vous en faites pas. Ça correspond à la demande du client. »
    La demoiselle visiblement sceptique, continua d’avancer avec méfiance vers le comptoir.
     » Tom, beugla Elsa, tu peux venir s’il te plaît.  »
    Il s’exécuta et ne se fit pas prier pour s’occuper de cette ravissante cliente. Elle l’accompagna dans l’arrière boutique.

    Pendant ce temps, Elsa s’était mise à la hauteur de la petite fille. Elles se regardèrent dans les yeux. Et la gérante crût y voir quelque chose qu’elle-même recherchait depuis longtemps. La petite fille approcha ses lèvres de l’oreille d’Elsa, et mis sa main devant sa bouche pour que personne d’autre n’entende son secret. Bouleversée, les bras d’Elsa se serrèrent autour de la petite fille et elle la souleva du sol pour la prendre dans ses bras. Arthur revint alors avec la première personne qui avait franchi le seuil de la boutique, visiblement soulagée, et Tom aidait sa cliente qui peinait à tenir debout pour sa première fois en hauts talons. Tout le monde souriait malgré l’incongruité de la situation.

    Une fois seuls, Elsa s’adressa à son mari et à leur employé, la petite fille toujours blottie dans ses bras.
    « Tom, tu es le plus ancien, on va te confier la boutique. Et nous aussi on va s’offrir une première fois avec Arthur. »
    Les deux hommes la regardèrent avec interrogation.
     » Mais qu’est ce qu’elle t’a demandé cette petite? Tu as l’air toute chamboulée.  »
    Elsa fit un signe de la main à son époux pour qu’il s’approche et lui répéta à l’oreille ce que la petite lui avait dit. Il blêmit d’un coup, il avait presque les larmes aux yeux. Elsa lui prit la main tendrement, déposa un baiser sur sa joue et elle conclut :
     » Allez, maintenant, viens, on va faire les valises ! « 

  10. Clémence dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An, ils vendaient des  » Premières fois »
    Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.

    Ce premier matin pluvieux de janvier, un homme entra dans la petite boutique. Monsieur Adam le regarda avec bienveillance, et attendit qu’il reprenne son souffle.
    – Bonjour, Monsieur. Puis-je vous aider ou préférez-vous regarder à votre guise?
    – Bonjour, Monsieur. En effet, vous pouvez m’aider. Je suis décontenancé….
    – Désirez-vous un verre d’eau?
    – Non, merci… En fait, euh… comment vous dire? Ah! J’ai pris le dernier métro après avoir visionné le denier tango à Paris. J’ai cru vivre mon dernier jour! Ce fut comme le dernier coup de marteau reçu au creux de l’estomac, étourdissant comme le dernier pour la route…
    – ….
    – Vous êtes donc, Monsieur, mon dernier rempart. Je me prépare pour mon dernier voyage…
    – Mais non, voyons, vous êtes dans la force de l’âge…
    – Je vous remercie, mais si, je me prépare pour mon dernier voyage et je veux faire preuve d’un dernier coup de génie…
    – Je vous entends bien, Monsieur, mais voyez, ici, nous sommes spécialisés en « Premier » en tous genres…
    – Certes, mais si vous êtes spécialisés en « Premier », cela implique la certitude qu’il existe un « Dernier »…
    – Effectivement, vu sous cet angle….
    – Voilà donc, avant mon dernier voyage, mon dernier vol préciserais-je même, je cherche le premier livre qui parle de la naissance de l’Univers…
    – Un rayon complet est à votre disposition… Premiers instants de l’Univers…Je vous conduis…
    – Bien, bien….Le Big Bang, nous y voilà… bien, bien…
    – Autre chose, Monsieur?
    – Accepteriez-vous d’être mon premier confident avant mon dernier voyage?
    – Un honneur que vous me faites… j’accepte…
    – Auriez-vous un espace pour nous asseoir, je prends mon stylo et un papier…
    – Voilà, prenez place….
    – Regardez… ici, ce gros point, c’est le Big Bang…. Et là, cet espèce d’étroit entonnoir… c’est l’inflation qui a suivi le Big Bang… et puis, voyez-vous, cela s’élargit brusquement… c’est l’accélération…les savants appellent cela l’expansion de l’Univers…
    – Mmmmm oui….
    – Suivez mon résonnement…s’il y a expansion, elle …. elle….
    – Elle ? ….
    – Elle s’essoufflera un jour, il y aura contraction et la contraction conduira l’Univers à….
    – A…..un deuxième Big Bang, et dans ce même processus, un troisième, un quatrième, un cinq.…
    – Et bien, non ! Mon coup de génie avant mon dernier voyage est d’affirmer que le premier Big Bang et le second ne sont qu’un seul et même….
    – Et donc, nous vivons en boucle, en boucle, en boucle, en boucle, en boucle, en …
    – CQFD : ceci est mon coup de génie ! La fin de la tyrannie du Premier et du Dernier….

    Monsieur Adam reconduisit son étrange passager de la pluie vers la porte. Ils se serrèrent la main.
    L’homme s’en alla…
    Monsieur Adam referma la porte de la boutique et rejoignit Eve, sa femme, en murmurant….
    – Quand je pense que j’ai ouvert cette boutique de « Premier » pour me venger d’avoir toujours été le dernier de ma classe….

    © Clémence

  11. Christine Macé dit :

    Dans leur petite boutique rue du Premier de l’An, ils vendaient des « premières fois ». Premier baiser, premier dépit, premier émoi…

    Le petit homme entra rapidement dans la boutique, entraînant dans son sillage une bouffée d’air glacial. Quelques flocons, annonciateurs de neige, voltigeaient dans la nuit froide de janvier. Il faudrait saler rapidement le trottoir devant le magasin pour éviter de fâcheuses chutes.
    Alphonse qui finissait de compter la maigre recette, s’apprêtait à baisser le rideau quand ce client tardif fit irruption. C’était bien sa veine, pour une fois qu’il espérait rentrer tôt.
    – Bonsoir monsieur, puis-je vous aider ?
    En toutes circonstances, Alphonse tenait à rester poli. S’imaginant pourtant, à cet instant, prononcer des mots moins gracieux :
    – Vous ne voyez pas que nous allons fermer ?!
    Ou pire encore :
    – Demi-tour, et bonsoir chez vous !
    Un vieux rêve : mettre une fois dans sa vie un fâcheux dehors – celui-là justement ! Plutôt que lui faire mille politesses et salamalecs, l’écouter patiemment tergiverser sur ce qu’il cherchait, voudrait, espérait trouver là… Lui faire les meilleures offres qu’il déclinerait une à une, sous prétexte que « pas assez… trop peut-être… pas certain… » Avant de tourner les talons et planter là un Alphonse furieux d’avoir déployé des trésors de patience en pure perte.
    – Tu sais Georgette, je crois que je vieillis. Ou alors c’est eux qui ne tournent plus rond. On devrait peut-être vendre le magasin.
    Sa femme comprenait cette lassitude : un jour ou l’autre, il faudrait s’y résoudre, c’était inévitable. Elle se consolait en songeant à l’époque où ça allait et venait dans la boutique, du matin au soir. En ce temps-là, les clients savaient ce qu’ils voulaient. On leur en montrait quelques-uns et l’affaire était faite. Il y avait ceux qui en prenaient toujours plusieurs, d’autres qui se contentaient d’un ou deux, soigneusement sélectionnés. On savait trouver ici un excellent choix de « premiers », baisers, dépits ou émois, et chacun s’en allait content, son paquet sous le bras. Le stock fondait à vue d’œil, le tiroir-caisse tintinnabulait joyeusement, Alphonse et Georgette aimaient la vie, et la vie leur souriait.
    Puis tout changea. Les clients recherchaient désormais autre chose, Alphonse ne savait pas quoi. Lui qui croyait aux baisers, à l’émoi et au dépit éternels. Le tiroir-caisse ne chantait plus aussi souvent. Il arrivait qu’on ne vît personne de l’après-midi. Tous ces « premiers », invendus, risquaient fort de finir en poussière. Refusant malgré tout cette fatalité, Georgette s’obligeait à ouvrir le magasin aux heures habituelles. Alphonse obtempérait, couvant un mauvais feu. Un feu que ce visiteur tardif pourrait bien attiser.
    Pressentant la tempête, Georgette s’interposa :
    – Puis-je vous montrer nos tout derniers modèles ?…
    Le client ne répondit pas, arpentant la boutique comme s’il y était seul, et chez lui. S’arrêtant brusquement devant un article, l’examinant en détail, en jaugeant le prix, avant de reprendre sa navette fébrile. Georgette fit une nouvelle tentative pour attirer son attention. En vain.
    Alphonse, réfugié derrière la caisse, se demandait s’il supporterait encore longtemps le manège de ce jean-foutre, quand l’homme se tourna vers lui :
    – Vous auriez…des « premières à gauche » ?…

    Je vous souhaite une très belle année 2016, pleine d’inspirations, avec des « premiers » et « premières » à consommer sans modération. Christine

  12. …une bourgeoise première classe leur demanda une avant-première
    « Désolé, madame, nous n’faisons point cet article-là. Adressez-vous donc au Théâtre des Nouveautés, c’est à deux pas d’ici. »
    Elle s’en fut donc, au lieu indiqué.
    La rue qu’elle emprunta était bordée de petites boutiques,
    Une brocante proposait des avant-hier,
    Un restaurant vantait ses avant-goûts,
    une maternité accueillait les avant-termes.
    La clinique réparait les avant-bras.
    Elle flâna devant chacune d’elle, prenant son temps.
    Quand enfin elle arriva au théâtre, avant-midi
    On lui montra à l’avant-scène des pièces d’avant-garde, mais elle avait manqué l’avant-première :
    A cause de son arrêt dans la boutique de l’horloger des avant-veilles,

  13. …Une bourgeoise première classe leur demanda une avant-première
    « Désolé, madame, nous n’faisons point cet article-là. Adressez-vous donc au Théâtre des Nouveautés, c’est à deux pas d’ici. »
    Elle s’en fut donc, au lieu indiqué.
    La rue qu’elle emprunta était bordée de petites boutiques,
    Une brocante proposait des avant-hier,
    Un restaurant vantait ses avant-goûts,
    une maternité accueillait les avant-termes.
    La clinique réparait les avant-bras.
    Elle flâna devant chacune d’elle, prenant son temps.
    Quand enfin elle arriva au théâtre, avant-midi
    On lui montra à l’avant-scène des pièces d’avant-garde, mais elle avait manqué l’avant-première:
    A cause de son arrêt dans la boutique de l’horloger des avant-veilles.

  14. Beryl Dey Hemm dit :

    Très bonne année à vous Pascal et à tous les participants!

  15. Beryl Dey Hemm dit :

    Il fallait se faufiler dans les rues étroites de la vieille ville pour la trouver. Mais, enfin, dans le recoin d’une petite place sombre, une boutique aux volets de bois s’ouvrait sur une large devanture où les livres les plus incroyables étaient disposés sans souci de classement. Tous les volumes abordaient le même thème, avec une variété inattendue : Le premier baiser, la première dent, le premier de l’an à travers les âges , le premier homme, être le premier et se distinguer en toutes circonstances, choisir les « premiers prix » au supermarché, le primo-accédant : conseils pour acheter son premier logement…. et au milieu de la vitrine, bien en évidence, le bouquin du lauréat couronné pour son premier roman.
    Le libraire se vantait d’être le premier dans sa spécialité. Ce que personne ne lui contestait. C’était un plaisir de discuter avec lui : comme il savait toujours avant les autres quelles seraient les prochaines sorties littéraires, et qu’il se faisait un devoir de lire avant quiconque chaque roman qui entrait chez lui, précédant même sa mise en vente, il était d’excellent conseil pour choisir un livre qui venait de paraître. On était sûr au moins que sa critique ne serait pas polluée par des effets de mode ou par des avis de confrères parfois mal intentionnés.
    La petite boutique sentait bon le bois vermoulu et le papier neuf. On s’y attardait une et parfois deux heures sans voir le temps passer. Et chaque fois qu’on y pénétrait, le renouvellement perpétuel du stock donnait l’impression que c’était la première visite.
    Mais le libraire, lui, vous recevait comme un ami de longue date. Il avait toujours une nouvelle anecdote à raconter, en avant-première, et vous prenait à parti pour obtenir votre avis sur tout nouveau sujet de discussion qui passait à sa portée.
    Dans ces conditions, les habitués étaient nombreux et la petite boutique souvent encombrée de flâneurs. Il était parfois difficile d’accéder à certains ouvrages, pris d’assaut à peine posés sur les étals. Car le client lui-même se faisait une fierté d’être le premier à lire les volumes dernièrement édités.
    Un matin pourtant, la librairie demeura fermée. Alors qu’ elle était toujours ouverte à la première heure, les volets restèrent clos jusqu’au début de l’après-midi, et un visage défait, inhabituel pour le propriétaire, d’ordinaire enjoué, apparut dans l’entre-bâillement. Après quelques banalités il parvint enfin à révéler son souci : Il avait reçu ce matin même un avis de démolition du pâté de maison et sa librairie en faisait partie. Une lettre d’expulsion y était jointe. Il avait trois mois pour vider les lieux. Il devait plier boutique dès le lendemain.
    Quand il raconta sa disgrâce plusieurs clients lui proposèrent leur soutien, suggérant d’envoyer une pétition aux autorités pour retarder le processus et si possible l’annuler. Mais le terrain devait être revendu aux HLM et l’adversaire n’était rien moins que l’Etat.
    L’après-midi fut lugubre et les adieux bien tristes. Quand les volets de bois se fermèrent pour la dernière fois, les clients attardés avaient la larme à l’œil. Et le libraire aussi.
    Mais soudain, un sourire inattendu éclaira son visage. Et il lança à la cantonnade :
    « Vous savez quoi ? Je vais trouver une autre librairie très vite, et dès que ce sera fait je pendrai la crémaillère avec vous tous dans ma nouvelle boutique ! Parce que je n’ai encore JAMAIS déménagé ! Ce sera LA PREMIERE FOIS !!! Et il faut fêter ça !!!

  16. durand dit :

    Dans leur boutique, rue du Premier de l’an, ils vendaient « des premières fois ». Premier baiser, premier dépit, premier émoi etc. Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.

    Un monsieur âgé, visiblement plus de la première fraîcheur poussa la porte du magasin. Il fit un premier pas vers le comptoir, s’arrêta net, se gratta une première fois le nez, repris sa marche vers le patron.

     » En quoi puis je vous être utile, cher Monsieur!
    – Ce serait pour une association caritative!
    – C’est à dire ?
    L’homme se gratta à nouveau une première fois le nez.
    – Et bien voir si vous n’auriez pas quelques premiers invendus à nous offrir!
    – Mais encore ?
    – Pour nos cours d’illettrisme, par exemple, nous cherchons un premier de la classe!
    – Ah désolé, ce type de modèle n’a plus court! Mais peut être trouverez vous votre bonheur dans notre catalogue!
    L’homme feuilleta négligemment le recueil…
     » Mais vous savez, si vous aviez un deuxième de la classe, ça pourrait nous convenir!
    – Désolé, cher Monsieur, mais, ici nous ne proposons que des premiers….et cela est bien précisé sur la devanture!
    – Ah oui….tiens,c’est bien la première fois que j’entend un truc pareil.
    Et il se gratta encore une première fois le nez.
    – Alors qu’est ce que vous pourriez bien nous offrir…ou si ça vous arrange, je repasse à la fin des premières soldes ?
    – Bon écoutez, c’est le premier jour de l’année, choisissez ce qui peut être utile à votre association.
    La maison vous l’offre.
    L’homme pour la première fois se gratta le front.
     » Bah écoutez, je ne vois vraiment pas….et c’est déjà si aimable de votre part…écoutez,mettez moi une première fois de ce que vous voulez!
    – Et bien voilà…comme quoi on peut toujours s’arranger. Et je vous en met combien ?
    – Oh…juste une tranche!

  17. ducos dit :

    Dans leur petite boutique, rue du Premier de l’An,
    ils vendaient des » Premières fois » Premier baiser, premier dépit, premier émoi, etc.
    Leur commerce prospérait rondement jusqu’au jour où une étrange demande les tourneboula.
    Un homme d’une trentaine d’année entra dans la boutique. Il portait un costume gris bien trop grand pour lui et un chapeau qui cachait ses yeux.
     » Monsieur, que peut on faire pour votre première fois ?
    – je voudrais ma mort…
    – Votre mort ?
    – oui je veux vivre cette mort…maintenant…c’est bien une première fois, n’est ce pas ? »
    Madame et Monsieur Marchands de Premières Fois eurent besoin de quelques secondes pour reprendre leurs esprits. C’était la première fois qu’on leur demandait cela.

     » Monsieur, vous savez ici, nous avons de merveilleuses premières fois à vous offrir…une première fois d’éclats de rire, une première fois de matin ensoleillé, de rêves éveillés, d’amour même…mais la mort… »

    L’homme en costume gardait la tête baissée.
    « Vous ne pouvez donc rien pour moi ?
    – C’est que vous voyez, nous aimerions avant vous offrir d’autres premières fois. Acceptez vous de nous faire confiance ? Nous vous offrons notre gamme entière de premières fois et vous donnons rdv dans un an  »
    L’home n’avait plus rien à perdre. Il portait les malheurs sur ses épaules depuis son plus jeune âge.

    Les mois qui suivirent furent une cascade de premières fois les plus fabuleuses qui soient. Il voyagea autour du monde, gouta les plats et les vins les plus raffinés.

    Un an après il poussa la porte de la boutique. Il avait changé son costume et ses cheveux avaient poussé.
     » Bonjour mes amis !
    – Avez vous toujours envie de votre première mort ? demanda le marchand inquiet
    – Non mes amis, je voulais vous remercier pour la première et dernière fois. Grâce à vous, j’ai découvert que la vie était sacrée. Je ne veux plus rien seulement apprécier le goût de chaque première journée de ma vie ».

    Fin

  18. Antonio dit :

    L’homme tournait dans le magasin depuis une bonne heure, comme s’il inspectait les lieux, soulevant chaque objet dans chaque recoin, prenant le soin de le remettre à sa place, ce qui rassura Max bien occupé à empaqueter des premiers mais qu’il venait de recevoir en ce jour de fête du travail.

    C’est qu’il y avait la queue au magasin, comme chaque année ce jour-là. Des ouvriers, des travailleurs syndiqués la plupart, qui défilaient dans la boutique pour récupérer leurs commandes. C’était un jour à ne pas rater, 30% du chiffre d’affaire de l’année, loin devant les premiers du mois et de la semaine.
    Max ne pouvait se permettre de quitter sa place derrière le comptoir où il empilait les premiers mais à tour de bras tandis que Rosie encaissait avec le sourire d’une première fois qu’elle offrait toujours avec la facture.
    L’homme soufflait au loin. Il semblait désespéré, relevant la tête de temps à autre, espérant peut-être que quelqu’un vienne l’aider, ce qui finit par agacer Max.

    « Excuse-moi un instant, Rosie, je reviens de suite »

    Il se dirigea à grand pas dans le couloir où se trouvait le curieux, au rayon des premières menstruations.
    « Excusez-moi, vous cherchez quelque chose de particulier ? »
    L’homme fut surpris et très embêté comme si on venait de le prendre la main dans le sac.

    « Euh… C’est à dire…
    – C’est à dire, cher monsieur, que vous êtes au rayon puberté… J’ai peur qu’il n’y ait rien qui puisse vous convenir. A moins que ce soit pour offrir à un adolescent ?
    – Non… euh, c’est bien pour moi. Mais je ne sais si… »
    L’homme semblait gêné, il tournait machinalement une boite de premier flirt dans sa main.

    « Ah ! Si c’est pour un premier flirt, évidemment, j’ai peur que vous ne rentriez pas dedans. Venez plutôt au rayon mariages et adultères, vous pourriez trouvez amour à votre pied avec un premier orgasme si c’est cela que vous n’osez me dire. Vous savez vous ne seriez pas le premier ici à nous faire une telle demande, sinon on vous mettrait de suite en rayon, ah ah ! … ah ah ! »
    L’homme ne semblait pas voir ce qu’il y avait de drôle dans cette remarque. Il haussa les épaules.

    « Non, vous n’y êtes pas. Il ne s’agit pas d’amour ou de sexe. Je me suis remarié trois fois et j’ai eu cinq enfants de ces mariages. Quant à mes maitresses, je ne les compte plus, j’ai même oublié le nom de la première.
    – Bien, bien… alors que puis-je pour vous satisfaire ?
    – Je cherche, euh… je sais, c’est gênant par les temps qui courent. Mais il me la faut.
    – Eh bien, je vous écoute… Dites-moi, nous avons toutes les premières fois.
    – Et bien justement il m’en faudrait une…
    – Oui. Laquelle ? Nous n’avons que ça ici monsieur…
    – Je crois que vous ne m’avez pas bien compris. Je voudrais une première foi, chrétienne, musulmane ou juive, ce que vous aurez sous la main en bon état. »

    Max fut sur le cul, lui qui était athée, il n’avait pas plus de foi en lui qu’en stock. Il se tourna vers Rosie qui semblait débordée de ses sourires de premières fois.
    « Rosie ! … Rosiiie !
    – Oui ?
    – Des premières fois, ça te parle ?
    – Hein ? tu te fous de moi ?
    – Oh pardon… Je veux dire des premières fois de religions… musulmane, juive ou chrétienne, quoi !
    – La foi chrétienne ou juive, jamais vu. On a bien eu des premiers catéchismes, des premiers sacrements, des premières communions, mais jamais avec la foi. ça ressemble à quoi ? »

    L’homme mystérieux haussa une nouvelle fois les épaules.
    « Bah, je ne sais pas justement. C’est pourquoi je voulais en connaître une, au moins une fois. »
    Rosie sortit du comptoir et tendit des feuillets à Max.
    « Tiens, je m’en occupe. Va chercher les paquets de ces commandes-ci. »
    S’adressant au client qui ne lâchait pas son paquet sous la main.
    « Arrêtez de tripoter ce premier flirt, vous allez nous l’abîmer. Une foi chrétienne vous dîtes ?
    – Ou autre.
    – Ecoutez monsieur, trouvez moi sur cette terre deux personnes qui puissent vous décrire de la même manière leur première foi. Vous n’en trouverez pas parce que la foi ne se ressent pas comme l’amour ou la peur, elle vous tombe dessus ou pas. Après d’où elle vient, qui l’a lancé par derrière les nuages, ce n’est pas mon business. Alors je suis désolée de vous dire que nous ne pouvons malheureusement rien pour vous ici.
    – Que puis-je faire ? Aller voir un rabbin, un prêtre ou un imam ?
    – Si vous voulez, pas sûr qu’elle leur soit réellement tombée dessus. Non. Je crois que vous n’avez qu’à faire comme tout le monde.
    – Quoi ?
    – Vivre sur cette terre chaque jour comme si c’était la dernière fois. »

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