1 avis sur écrit est souhaité par Béatrice Dassonville

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« Si seulement tu prenais du temps et tu t’armais de patience,
tu verrais l’étincelle divine, au fond de chacun.
« 

Eileen Caddy

                                                                   À ma mère    (extrait)

De l’amer à l’Amour 

  Comme je t’ai haï Maman !

  Je me disais que tu étais une ogresse qui coupait la tête aux enfants, car chez toi, nous étions tous en train de la perdre.

  La maternité t’avait fauchée à l’âge de dix-sept ans et j’en étais principalement la cause.

  J’ai bouleversé ton corps Maman ! Je l’ai mis sens dessus dessous, je l’ai grignoté de l’intérieur et je me suis accrochée à ton cœur pour en ralentir, à tes yeux, le mouvement.

  Pauvre Maman ! Tu avais seulement aimé mon père et, de mon point de vue aujourd’hui, tu avais eu raison de le faire. Oui, l’amour n’attend pas. Je comprends la flamme qui t’aguidée, qui t’ajetée nue dans ses bras,qui t’afait oublier les précautions.

  Ce jour-là, pour le conquérir, tu avais relevé tes cheveux, mis du rouge sur tes lèvres, et tu lui avais menti sur ton âge. Lui, qui accomplissait son service militaire dans ta ville, était tombé amoureux.

  Pauvre Maman, j’ai envie de te prendre dans mes bras, pour te consoler des mots que tu n’avais pas pour dire ce feu qui crépitait en toi. Tu voulais la vie, dans sa pleine mesure. Mais j’ai stoppé la course des rivières pourpres qui, chaque mois, coulait entre tes jambes de vierge.

  Je suis née dans la maison de ta mère, un 1eravril. Quelle farce Maman ! Quelle délivrance pour toi de te libérer de cet enfant qui colonisait tes chairs et rendait ton corps malade !

  Cependant, lorsque la sage-femme m’a déposée sur ton sein, tu as senti naître en toi un sentiment de fierté et ton lait avait le goût de ces secondes de joie. Tu as palpé sur ma peau ce prodige de la vie, ce miracle que ton corps avait accompli. Cet enfant avait si peu à voir avec tes pâles poupées de porcelaine !

  Ma naissance te conférait désormais le statut de femme et, pour la première fois, tu découvrais dans les yeux de ta sœur, de deux ans ton ainée, une lueur d’envie.

  Dans les jours qui suivirent, tu écoutais les conseils qui t’étaient prodigués ; tu minais les gestes de mains plus expertes que les tiennes. Et,pendant que ton corps démoli récupérait des forces, ta mère redoublait d’énergie, s’affairait aux lessives, se substituait peu à peu à toi. Cela t’irritait. De nouveau, tu te sentais en échec. Tu étais l’improbable maman d’une poupée vivante, mais pas encore la louve qui se bat pour ses petits.

  Ta mère te disait que tu étais trop jeune pour élever seule ton enfant ; qu’il était déraisonnable de vouloir rejoindre un homme que tu connaissais à peine et qui, son service militaire terminé, était reparti chez lui, à l’autre « bout de la France ». Trop loin pour qu’elle puisse venir t’aider en cas de besoin !

  Elle se proposait à élever cet enfant. Mais, ce n’est pas ce que tu voulais. Alors, en secret, tu allais téléphoner à mon père.

  Vos voix se mêlaient et se réconfortaient, toutes vibrantes des étreintes et des caresses à venir.

  Tu t’échappais alors, comme une voleuse, qui emporte avec elle, enfant et bagages, pour qu’on ne lui dispute pas.

  Dans ce train qui s’élance et prend de la vitesse, tu fais corps avec les paysages qui fuient. Nul ne te rattrapera à la gare prochaine ou celles d’après. Lorsqu’on s’apercevra de ton absence, tu seras loin. Si loin de ce passé qui jusque-là te contraignait ! 

  Tu regardes alors l’enfant que tu portes et qui sourit en dormant. Lui, au moins, il croit en toi. Comme tu te sens forte Maman ! Tu entres enfin dans une nouvelle histoire ; tu la sens en toi vivante, agile, frémissante. 

  Tout ton être épouse l’entêtement du train, se met au diapason de sa voix persistante, accueille l’énergie de feu qui le conduit vers ta destination.

  Tu dégrafes le corsage d’où jaillit un sein volontaire, gonflé de lait. Le nectar de vie coule sur les lèvres de l’enfant.

  Tu souris aux promesses de l’homme qui nous attend.

Si vous donnez votre avis sur un écrit, respectez l’auteur (e) de ce texte. Soyez constructif. Votre avis doit lui permettre de s’améliorer. De faire mieux encore, grâce à de pertinentes remarques et de bons conseils.

20 réponses

  1. Votre commentaire a également un très doux parfum. Merci ! 🙂

  2. oholibama dit :

    Hello
    L’histoire est belle, émouvante, dans l’attente. On a envie de partageait ces moments de doutes …l’effort d’être mère à un âge si jeune…de comprendre le cheminement de l’esprit de cette jeune femme qui soudain se sent si forte mais qui, se rend bien compte que quelqu’un lui manque malgré les conseils avisés de sa mère. Ogresse, Moment difficile ou l’enfance vole en éclat? Ou l’on s’aperçoit de la vraie difficulté? Aucun doute sur le père ce qui donne l’espoir mais l’enfant voit plus loin puisqu’il ou elle parle de frères de sœurs…Oui une bien belle histoire en devenir, bravo.

  3. Souris verte dit :

    🐀 si je peux me permettre à l’alinéa 10 je me pose la question sur  » tu minais  » ? Mimais peut-être ?
    Bien cordialement 🐀

  4. Claudine Huberman dit :

    Très bien écrit et intéressant, émouvant. Cependant l’histoire ne peut s’arrêter là, une suite d’impose. Sinon, le début fort et violent et bon’e accroche ne colle pas avec la suite qui est l’hi d’une jeune femme douce et aimante et non une ogresse avec son enfant et le père. Ce serait plutôt la mère de la jeune femme qui serait une ogresse en voulant s’emparer de sa petite-fille. Donc des infos à rajouter ou une suite à cette belle histoire. En tout cas bravo !

    • Merci Claudine pour l’intérêt que vous avez porté à mon texte. En effet, une suite s’imposait et je l’ai écrite. Ce que vous avez lu en est juste un extrait. A la troisième grossesse consécutive, cette mère qui a tout juste 21 ans voit sa vie basculer et se transformer en ogresse.
      Ma démarche dans ce récit était de revisiter cette histoire, non pas dans mes perceptions et celles de ma fratrie, mais dans les yeux de ma mère. Au-delà de tout jugement. Avec bienveillance.

  5. Emilie dit :

    Très beau texte, très bien écrit et émouvant. Je suis aussi gênée par le début qui parle de haine et ensuite un si beau portrait.

    • Comment peut-on passer de l’état de mère aimante à ogresse? C’est ce que je raconte dans la
      suite de mon récit de vie dont je n’ai délivré qu’un court extrait. Merci Émilie pour l’intérêt que vous avez manifesté à sa lecture. 🙂

  6. alizé dit :

    Bonjour,pour le fond, c’est une belle histoire qu’on sent vécue.Mais je reste un peu sur ma faim de détails: description de votre mère et vous,le lieu,les autres (frère sœurs etc…je ne vois pas les personnages.
    La première phrase accroche bien,vous avez le sens de la formule :
    « Je me disais que tu étais une ogresse qui coupait la tête aux enfants, car chez toi, nous étions tous en train de la perdre. »
    peut-être à rendre plus percutante: Étais-tu une ogresse….? ou: tu es…
    Donc je vous dis: à retravailler pour rester dans la même veine ! n’hésitez pas à lire votre texte à haute voix pour garder le rythme,et l’esprit de votre première phrase …

  7. Très beau texte excessivement bien écrit das un style émouvant. Mais le début me gêne un peu avec ce qui suit, qui est vraiment une ode au courage de chaque mère.
    Bravo pour ce texte magnifique.

  8. Lamina dit :

    Cela m’a beaucoup plu , on a envie de lire la suite. Je me pose juste la question des points d’exlamations à certains endroits, je ne pense pas qu’ils soient nécessaires. Au contraire laisser un point serait mieux.

  9. Camomille dit :

    De la haine à l’amour, en passant par la culpabilité incontournable….vous nous faites entrer dans cette intimité avec naturel.
    Dès la première phrase, on est piégés. Le décor est planté.
    Ca interpelle et on gagne du temps.
    On a envie de connaître la suite. Alors… on attend la suite!

  10. Françoise - Gare du Nord dit :

    J’ai beaucoup aimé ce texte, non seulement parce qu’il provoque un écho en moi mais simplement parce qu’il est émouvant voire bouleversant

    Hormis une simple réserve – je trouve le mot « crépitait » (ligne 10 pour dire ce feu qui crépitait en toi) inapproprié pour décrire cette passion amoureuse, j’ai trouvé ce texte bien écrit

    J’aimerais lire la suite : l’histoire d’amour de ses parents et surtout comment cette jeune femme s’est transformée en ogresse et quelle a été l’enfance de l’auteur. L’histoire m’intéresse

    Je souhaite bonne chance à Béatrice pour la poursuite de ce livre s’il n’est pas terminé ou la suite de l’aventure de son ouvrage

    • Bonsoir Françoise,

      J’ai réfléchi à votre réserve sur le mot « crépitait ».
      Personnellement, j’y trouve beaucoup de bonne énergie, de vigueur, de joie même et c’est mieux quand même qu’un amour qui se meurt sous la cendre. Qu’en pensez-vous ?

      Si je ne vous ai pas convaincu, sachez que ce n’est pas grave. Nos perceptions sont différentes et c’est ce qui fait la richesse des échanges, n’est-ce pas ?

      Merci pour ce partage très constructif ! 🙂

  11. Iris79 dit :

    On est tout de suite embarqué par cette histoire intiimiste qui semble très autobiograhique et est, ca je vous l assure, très partagée et c est pour ca je pense qu il parlera au plus grand nombre.
    Peut etre l emploi du « tu » aurait pu étre remplacer par elle pour mettre plus de distance vec votre mère et lui donner un côté plus universel.
    Je vous souhaite bonne chance pour la suite. Bien cordialement

  12. Souris verte dit :

    Vous écrivez si bien votre tourment qu’on a l’impression de respirer un bouquet de roses anciennes.
    Une 🐀 qui vous comprend… Oh combien !

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