Tenir son stylo d’une main et celle d’un enfant dans l’autre

conte-haricot-1Les enfants aiment les histoires et s’en souviennent une fois devenus adultes. C’est peut-être ce qui explique, en partie, l’envie prégnante chez de nombreuses personnes, d’écrire des textes destinés aux petits.

Les enfants sont beaucoup plus exigeants et moins patients que les adultes. Ils ont horreur de s’ennuyer à lire des histoires qui ne correspondent pas à leur univers imaginaire. Cet univers à l’envers, dont les adultes ont égaré les clés depuis des années…

« Vous animez des éveils poétiques pour les enfants, c’est le plus difficile, vous devriez intervenir dans les entreprises, ce sera beaucoup plus facile ! »
Il avait raison.

Intéresser les enfants et les séduire, tout en les instruisant est difficile. Plus on s’éloigne de la pédagogie traditionnelle, plus ils sont heureux.*
Il faut toujours les mettre en attente du plaisir de découvrir, faire en sorte qu’ils aient envie de vous suivre parce que vous les entrainez sur des terrains de jeux inhabituels et bienveillants.

Cet article m’amène à vous signaler Audine ou la véritable histoire du haricot de Castelnaudary le nouveau livre d’Andrée Avogadri, abonnée à l’Entre2lettres.

Ce conte mettant en scène les produits du Languedoc

Roussillon, oscille entre imagination et histoire. Joliment illustré par Claire Degans

Conte-enfant




LIVRES EN NOUS (5) critique littéraire d’un club de lecture

Dernière réunion de notre club de lecture « Livres entre nous », nous avons débattu des ouvrages suivants :

La nature des choses », d'Antonio Antunes
un mineur à moitié fou, sa tante qui se meurt doucement et quelques autres laissés pour compte. Chacun joue sa partie, fait entendre sa voix, affirme sa vérité ; le résultat est une étrange polyphonie où entre satire et onirisme passent tous les rêves de grandeur du Portugal et ses errements dans des guerres coloniales et des luttes fratricides.»

Une très belle écriture, très inventive et innovante

♠ – Enormément de difficultés de tous les membres du club, déstabilisés justement par cette écriture novatrice  – jugée par certains comme un pur exercice de style – ; totalement égarés dans ces monologues entremêlés, cette mosaïque de personnages très difficiles à identifier, cette confusion passé-présent, cette absence d’histoire
– ce livre a même été purement et simplement détesté par certains
– la traduction a été également remise en cause.

– Seul un membre du club a eu la force, le courage et l’intérêt d’en terminer la lecture et suggère de lire cet ouvrage en se laissant aller par le fil du récit, sans se poser des questions et sans attendre quelque chose de cohérent et de cartésien

Impressionné par les entretiens de l’auteur – qui s’exprime au demeurant dans un excellent français –, ce lecteur pense que cet auteur très important mérite d’être découvert peut-être travers  d’autre ouvrages : « Le cul de Judas » « Connaissance de l’enfer »  « Le manuel des inquisiteurs » « Mémoire d’éléphant » pour n’en citer que quelques-uns

Il est regrettable  que le membre du club ayant proposé ce livre, mais absent le jour de la réunion, n’ait pas pu défendre cet ouvrage

 Ecouter l’interview d‘Antonio Lobo Antunes sur le site Babélio 

***

« Le liseur » de Bernhard Schlink

« A l’âge de quinze ans, Michaël – le narrateur – découvre l’amour dans les bras d’Hanna, une voisine de vingt ans son aînée ; pendant six mois, il la rejoint tous les jours et partage avec elle plaisirs de la chair et moments de lecture. Mais sa maîtresse, personnage secret, disparaît un jour mystérieusement. Sept ans plus tard, Michaël la retrouve par hasard, alors qu’il assiste à un procès pour crime de guerre, où elle figure au banc des accusés ; il découvre à cette occasion un fait qui pourrait atténuer sa condamnation, mais choisit de n’en rien dire, par respect pour celle qui a marqué si profondément sa vie. Il renouera leur relation au cours des dix-huit années d’incarcération de celle qu’il comprend enfin un peu mieux. »

   Contrairement au livre précédemment évoqué, la lecture est très aisée, très agréable et les membres du groupe n’ont eu aucune difficulté à entrer dans le récit grâce à une écriture simple, sans effet de style

–        le personnage d’Hannah complexe et complexé, est jugé, malgré l’horreur de son acte, attachant

–        le courage de l’auteur, allemand, d’évoquer un tel sujet rarement abordé dans son pays

–        les parties concernant le procès et l’entretien de Michael avec son père, philosophe, sur 

–        toutes les questions suggérées auxquelles aucune réponse n’est apportée

  • Fallait-il juger ces femmes ? Quel est leur degré de responsabilité ?
  • L’emprisonnement et même la mort sont-ils préférables à la honte d’être illettrée?
  • Pourquoi l’analphabétisme d’Hannah et les complexes qui lui sont liés sont-ils plus importants pour elle que la honte d’avoir commis un acte si ignoble ? Cette attitude est-elle crédible ?
  • Michael, en comprenant lors du procès le problème d’Hannah, s’est révélé moins perspicace  que le lecteur qui l’avait deviné bien plus tôt, a-t-il eu raison de ne pas dévoiler son secret la condamnant à la prison ?
  • Pourquoi Hannah se suicide-t-elle ?
  • Quel est le poids  de la responsabilité des parents impliqués dans la déportation des Juifs pour les jeunes générations ?
  • Quelle importance revêt la lecture que fait Michael à Hannah dans leur relation et dans le roman?
  • L’illettrisme d’Hannah explique-t-il sa psychologie et son engagement ?

Ces  questions ont suscité  un débat au sein du groupe, les différences d’interprétation ont enrichi la discussion

 – de la frustration en raison de l’absence d‘explication sur l’origine de l’analphabétisme d’Hannah.

– celui-ci  a été considéré par certains comme un artifice et jugé tendancieux car il pourrait éventuellement  justifier l’engagement d’Hannah comme gardienne dans les camps et même la barbarie de son acte

– cette histoire très forte qui évoque pourtant des sujets graves  – l’analphabétisme, la déportation des Juifs – est desservie par une écriture sans relief,  des dialogues d’une platitude consternante et une narration trop simple ont généré un certain ennui chez certains

***

 « L’odeur du gingembre » d’Oswald Wynd

« 1903, Mary Mackenzie, jeune Ecossaise de 20 ans, s’embarque sur un bateau, dûment chaperonnée par Mrs Carswell, pour aller à Pékin épouser l’attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Dans ses lettres quotidiennes à sa mère, Mary décrit la vie à Pékin, l’insurrection des Boxers et les relations des Européens avec les Chinois »

Ce livre, hormis quelques réserves, a suscité un enthousiasme quasiment unanime

  – le portrait d’une femme à la psychologie complexe : courageuse, déterminée, de grandes facultés d’adaptation, cartésienne, dans un certain sens aventureuse mais totalement dénueé de sentimentalisme et inapte à montrer ses émotions. Sur ce point, un avis diverge : Mary n’est pas en cause, il s’agirait plutôt de la difficulté pour l’auteur à décrire certaines scènes et certaines émotions

–        son  parcours : ses échecs, les trahisons subies, son bannissement, le retrait de ses enfants et sa capacité à surmonter toutes ces déceptions pour atteindre une forme de libération et  un épanouissement final

–        le genre littéraire du livre : mi- journal intime, mi- roman épistolaire

–        malgré la dureté de cette histoire et tous les malheurs qui dégringolent sur l’héroïne le ton n’est jamais larmoyant

–        la scène finale où elle fait la connaissance de son fils est magnifique

♠   –   des évènements pourtant importants sont escamotés : la nuit de noce, le retour du mari trompé, les  relations avec le comte japonais etc.

–        contrairement aux personnages féminins qui sont fort, originaux et très foisonnants, les protagonistes  masculins sont desservis, peu d’épaisseur psychologique et guère sympathiques : le mari radin, coincé, le genre « la lumière éteinte » ; le consul français rêveur et amateur jardinage et de voitures  à qui son épouse a, par ambition, imposé la voie diplomatique ; le banquier américain malhonnête ; l’amant japonais empêtré dans les traditions et les codes sociaux

–        l’absence de regards extérieurs sur l’héroïne (ex : aucune lettre reçue n’est présentée)

–        la traduction été jugée médiocre : des erreurs de sens dans les mots en japonais ont été commises

–        beaucoup d’antipathie envers tous les Japonais  présentés dans le roman bien que l’auteur ait vécu longtemps au Japon

But du club de lecture  » Livre entre nous « 
– échanger sur des livres que l’on aime
– discuter d’ouvrages qui n’ont pas été appréciés
– faire découvrir et découvrir des auteurs inconnus

Le club peut également organiser des réunions traitant de films adaptés de romans

Contact : 06 99 70 60 94




LIVRES EN NOUS (4) critique littéraire d’un club de lecture

Avis sur LEURS écrits« Livre en nous »,
a la gentillesse de nous communiquer
régulièrement son compte rendu de lecture.

 

La disgrâce » de J. M. Coetzee
« David Lurie, 52 ans et deux fois divorcé, enseigne la poésie romantique et la communication. Encore très séduisant, ce Don Juan de campus se laisse aller à un dernier élan de désir et d’amour avec une jeune étudiante. Mais suite à cette aventure, il doit démissionner. Récit autobiographique. »

Ce roman, bien que sombre, a suscité un engouement unanime de la part des membres du club

• Un film a été adapté du roman avec John Malkovich dans le rôle de David Lurie (2010)

♠ – la narration et la relation des états d’âme du personnage principal (à la troisième personne) contribuent à la froideur du roman et à aucun moment l’auteur ne pénètre dans les pensées ni nous fait part des sentiments et émotions des autres personnages
« Les Soldats de Salamine » de Javier Cercas
« Dans les derniers jours de la guerre civile espagnole, l’écrivain Rafael Sanchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, échappe au peloton d’exécution des troupes républicaines en déroute grâce à un soldat qui, bien que l’ayant vu, lui laisse la vie sauve. Soixante ans plus tard, un journaliste s’attache au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans un seul regard et entreprend de recueillir des témoignages pour transformer cette histoire en fiction.»

– Pourquoi un soldat républicain a-t-il épargné Sanchez Mazas, poète franquiste ? Cette question intrigante

♠ – de la déception : l’attente liée à cette intrigue était très forte. Or, la première partie avec cette longue succession de personnages rencontrés par le narrateur (témoins ou apparentés) est très fastidieuse. A la fin de cette première partie sans mouvement ni dynamisme, le roman n’a guère avancé. En fait, seule la 3e partie s’avère réellement intéressante et rachète tout le livre
– de la frustration : la Guerre civile espagnole (les origines du conflit, ses développements, la Phalange) n’est finalement guère exposée
Vous pouvez réécouter en poscast l’entretien de Javier Cercas enregistré lors de l’émission « La grande table » (France Culture)
http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-javier-cercas-2014-01-24

« Cœur de chien » de Mikhaïl Boulgakov
« Un illustre professeur, spécialisé dans le rajeunissement des êtres humains, tente une expérience sur un brave chien ramassé dans les rues de Moscou. Il lui greffe l’hypophyse d’un individu qui vient de mourir.
Résultat inattendu : l’animal se métamorphose en un petit homme ivrogne, grossier et méchant. L’explication est simple : le ” donneur ” était un voyou alcoolique et sans scrupule. Et voilà notre professeur harcelé et poursuivi par des comités et des commissions étatiques et prolétariennes en tout genre, guidés et fanatisés par le chien devenu homme. Et pire, homme de parti ! Comme toujours chez Boulgakov, l’irrationnel, la dérision et la folie rejoignent une cauchemardesque réalité. »

– mélange de satire politique et de fantastique avec un brin de cocasserie et d’humour dans de nombreuses expressions. « L’aspect métaphorico/pastiche que fait l’auteur de la société soviétique : la caricature, l’excès, au point de dépasser tout esthétisme ou toute forme convenue (Un peu comme pouvait le faire Federico Fellini dans beaucoup de ses films, ou Ionesco dans quelque uns de ses livres) »



♠ – Difficulté pour certains à entrer dans cette histoire jugée trop irréaliste et trop déroutante

Y-a-t-il un gène de l’écriture dans votre famille ?

famille stylo 1Je me suis souvent demandé, moi qui suis dyslexique, pourquoi j’aime écrire.

On dit parfois d’une personne ayant une aptitude pour le dessin la peinture ou la musique,
« qu’elle tient ça » de son père ou de sa mère, voire d’un membre éloigné de la famille.

Y-aurait-il une sorte de gène familial qui nous prédispose à certaines aptitudes ?
Un membre de notre tribu qui répercuterait sur l’une ou l’un de ses descendants
quelque chose échappant à toute approche scientifique ?

N’ayant pas de données généalogiques me permettant de construire l’arbre des Perrat Durand, ni le temps de consulter les registres d’état civil,
j’ai questionné ma mémoire.

Qui, dans ma proche famille, avait un penchant pour l’écriture ?

Ma mère ? Non, pas vraiment. Elle correspondait bien avec son père et sa sœur et n’omettait pas de souhaiter fêtes,
anniversaires et vœux, mais pas plus.

Certes, elle notait toutes sortes de faits sur des agendas cartonnés offerts annuellement par la banque : visites, dépenses,
achats, morts, naissances, mariages, rancœurs… mais c’était habituel pour ces générations.

Un ami notaire m’a d’ailleurs montré un journal tenu pendant plus de deux siècles par une famille de paysans.
Chaque génération avait noté, jour après, le temps qu’il faisait et l’avancée ou le retard des récoltes. Pas plus…

Mon père, quant à lui, n’écrivait que « des choses sérieuses », lettres à l’administration, aux impôts, au propriétaire, etc.
Pas de quoi de me transmettre le moindre gène de l’écriture.

Je m’intéressais alors aux capacités particulières de mes oncles, tantes, cousins, cousines, cousins germains, etc.
Aucun penchant non plus de sur côté.

Quand tout à coup, j’ai songé à Léon Durand, mon grand-père maternel.
Toute la famille louait la prose de ce bistroquet honoré par un certificat d’études primaires obtenu brillamment.
Une syntaxe parfaite, aucune faute d’orthographe, un vocabulaire riche et précis, tel un khâgneux aujourd’hui…

C’était encore une fausse piste.
Grand-père Durand trempait plus souvent ses lèvres dans un verre de Bordeaux que sa plume dans l’encrier.

En dernier ressort, j’ai tenté une recherche sur Internet.
Et là, bingo !
Ont surgi des 18 et 19e siècles plusieurs Perrat auteurs de divers ouvrages à Lyon et ailleurs.

Ouf ! Ma théorie empirique sur un gène de l’écriture s’est confirmée.

Vous qui aimez écrire, qu’en pensez-vous ?
Y-a-t-il dans votre famille une personne qui pourrait vous avoir transmis le gène de l’écriture ?




Franchement, auriez-vous envie de lire ce texte ?

Essayez de lire ce pavé :

 « Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens, À l’aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur. Une fois dit ça… qu’ai-je dit? Que souhaité-je vraiment ?Je m’explique : Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier. D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires. Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur. Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers. Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer l’écriteau : “Chantier Interdit Au Public“ Je crois que j’ose parler de la démocratie. Être consultés de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous, tous, responsables de tout. Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance. L’État, en l’occurrence, c’est nous. Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence. Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres. Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif. Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entraînera et entraîne déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments.  Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent. Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont  ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs. Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants. Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère. Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient. Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici.

PS : Les deux poètes cités sont évidemment Pablo Neruda et Victor Hugo « 

Ce sont pourtant les vœux d’Ariane Mnouchkine, la fondatrice du Théâtre du Soleil.

Quel est mon but en proposant un texte difficile à lire ?

Démontrer que la lisibilité d’un écrit est moindre à l’écran.
Qu’au-delà de 5 à 6 lignes, notre regard, habitué à la finesse de l’écriture papier, se fatigue à déchiffrer des caractères pixélisés .

Logiquement, on devrait donc écrire des textes plus courts et plus aérés pour avoir plus de chance d’être lu.
Ce qui est une gageure en création littéraire.

Si j’écris sur ce sujet aujourd’hui, c’est parce que de nombreuses personnes souhaitant avoir 1 avis sur leurs écrits,
postent un texte sans trop se préoccuper de sa lisibilité.
Ignorant sans doute, que tout doit être mis en œuvre pour que l’on ait envie de le lire.

Comment s’y prendre pour rendre un texte plus facile et agréable à lire sur écran ?

Times New Roman, Garamond, Georgia.

et des polices sans empattement dites bâton ou linéales telles :

Arial, Century Gothic, Tahoma, Verdana

Utilisez ces dernières, elles rendent la lecture sur écran moins fatigante.

(ex retour chariot à la machine à écrire)

(espace entre 2 lignes)

Voyez, ci-dessous, le même texte basé sur ces 5 consignes :

images-1

d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.

himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers.

Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance. L’État, en l’occurrence, c’est nous.

et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.

Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine.

Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.

Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.

Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.

Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.




La pilule est amère

Le hasard fait très bien les choses.
Voyez plutôt :
Comme chaque année, je rédige des vœux à la Perrat et j’ai besoin de les illustrer.

Un sympathique commerçant bordelais nous dirige vers une personne qui fabrique des sapins écolos en carton prédécoupé.
Nous lui téléphonons. On aimerait placer mon texte dans le corps du sapin, cela ne semble pas lui poser de problème.

Nul doute, nous sommes faits pour nous comprendre.
Charles, nous présente Marion Larat avec laquelle il vit. Cette charmante jeune femme a été terrassée, à 26 ans, par un AVC provoqué, elle le saura plus tard, par une pilule anticonceptionnelle.
Elle est handicapée pour la vie, son corps restera meurtri pour toujours, mais elle se bat pour que cette pilule du malheur ne brise pas l’existence d’autres jeunes femmes.

Aidée par sa soeur, elle a écrit un livre sur ce sujet : La pilule est amère

LIRE POUR PAS CHER la chronique astucieuse de Jean de Marque (8)

Lire pour pas cher n°8

Lire pour pas cher

Noël, le temps des petits cadeaux entre grands enfants, de la lecture.

J’ai repéré pour bien préparer l’année 2014, essentiellement chez NOZ :

Une superbe éphéméride chez Hugo.Image : Un oxymore et autres… par jour (anagrammes, bizarreries, carabistouilles, métonymies, contrepèteries, polysémies… Et autres curiosités inattendues sorties de l’éprouvette du jeu des mots.

Trésor de la nouvelle aux éditions Les Belles Lettres. (2002 à 2007)

Plusieurs coffrets sous plastique raide, tout à fait élégants, comprenant 2 volumes, le premier, un choix d’auteurs disons classiques d’un pays et sur le deuxième des auteurs plus récents avec parfois des écrits traduits pour la première fois.

Trésor de la nouvelle (littérature française).

Trésor de la nouvelle (littératures étrangères).

Trésor de la nouvelle (littérature allemande).

Trésor de la nouvelle (littérature américaine).

Trésor de la nouvelle (littérature italienne).

Trésor de la nouvelle (littérature anglaise).

Trésor de la nouvelle (littérature irlandaise).

Chaque coffret de 2 volumes, moins de 3 € au lieu de 23 à 25 €.

Faire une cure de navets

livres en soldeComme je le précise dans Comment écrire son premier roman, si l’on se destine à écrire, rien ne remplacera jamais l’expérience que l’on acquiert en lisant les autres. 

Chaque livre que nous découvrons est une leçon d’écriture. 

Aucun cours de littérature, aucun atelier d’écriture ne nous apprendra mieux que la lecture, si ce que nous écrivons vaut son pesant de mots.

Lire est le meilleur moyen d’avoir une idée sur la qualité de ce que l’on écrit. 

Rien de tel pour se faire une idée sur la qualité de : nos descriptions, nos dialogues, la crédibilité de nos personnages, la richesse de notre syntaxe et celle de notre vocabulaire.    

Quoi lire en priorité ?

Les maîtres des lettres françaises : Racine, Corneille, Boileau, La Fontaine, Molière, Rimbaud, bien sûr,  les successeurs également : Balzac, Proust, Flaubert, Céline, Simenon, Camus, etc.,
mais aussi les navets, les nanars. 

Ces bouquins mal écrits que l’on trouve, pour quelques centimes, empilés dans les vides greniers, les brocantes et les bacs des soldeurs.

Pourquoi s’infliger de telles lectures ? Direz-vous. 

Parce qu’en appliquant les mêmes critères d’appréciations à ces navets qu’à de bons livres, vous vous souviendrez, à jamais, des pièges dans lesquels il ne faut surtout pas tomber.  

– Titre galvaudé

– Banalité de l’intrigue

– Incohérences

– Compilation de clichés

– Personnages stéréotypés

– Dialogues convenus

– Développements compliqués

– Descriptions inventaires

Etc.

Souvenez-vous de l’adage : « On voit la paille qui est dans l’oeil du voisin, pas la poutre qui est dans le sien »  Le même phénomène se produit quand on lit les textes des autres, les imperfections nous sautent aux yeux tandis que nous sommes aveugles devant les nôtres.

Faire une cure de navets est toujours bénéfique, l’effet miroir peut être saisissant….

Paraphrasant Carl Gustav Jung je dirais même que nous percevons chez les écrits des autres la plupart des défauts de nos propres défauts d’écriture.

Un navet, c’est un livre écrit avec beaucoup de naïveté, beaucoup d’innocence.
On s’en gausse au dépend de son auteur. Un nanar, selon les brocanteurs bouquinistes,
est un livre tellement médiocre qu’il devient drôle à lire.

Il en est de même pour les films.

Un dernier mot. Si vous « navet » pas le temps de fouiner dans les piles de bouquins bradés, allez sur Internet et cherchez parmi les petits concours de nouvelles, vous devriez tomber sur des perles…

Voir les chroniques astucieuses de Jean-de-Marque pour trouver des bons livres au moindre coût




Etes-vous enclin au syndrome de la relecture ?

Le syndrome de la relecture

le syndrome de la relecture.

Les verbes pauvres, les adjectifs superflus, les répétitions, les longueurs etc, ne sautent jamais aux yeux de leurs géniteurs.

Mais le lendemain, après quelques heures de vérifications et de corrections le syndrome de la relecture, revient !

Si vous êtes enclin au syndrome de la relecture, je connais un antidote pour lutter contre :

Le logiciel Text Analyzer, il est gratuit pour Mac ou PC.

Vous collez vos pages dans le cadre prévu à cet effet, et en un clic, vous découvrez illico :

Etc.

Après, quand vous reprenez la lecture de votre manuscrit, vos maladresses vous sautent aux yeux, ou presque…

Text Analyser existe pour Mac et PC




S’inspirer des faits divers

« Un jeune couple ayant hérité, décida de quitter Paris pour s’installer
dans une grande bâtisse au bord d’une charmante rivière.
L’hiver venu, ils eurent de l’eau jusqu’au toit.

Le père du jeune homme, très rationnel, leur dit : « Vous n’êtes pas raisonnables, vous auriez dû vous renseigner avant d’acheter cette ancienne boîte de nuit ».

La mère de la jeune femme, très inquiète, leur dit : « Il ne faut pas rester là, vous imaginez, si vous aviez eu un bébé ? »

Un pompier leur dit : « Chaque hiver c’est pareil, toutes les maisons au bord de cette rivière ont les pieds dans l’eau »

Le maire du village leur dit : « De mémoire d’ancien, on n’a jamais vu ça ! »

Le curé du village vint leur rendre visite et dit : « Cette maison était la maison du péché, tout le monde vous le dira ».

Un prof de yoga leur dit : «  Il faut savoir lâcher prise »

Un moine Tibétain leur dit : « C’est votre karma ! » 

Un thérapeute leur dit : « Cette inondation a un sens, cherchez bien dans votre enfance ».

Le médecin leur dit : «  Je vais vous prescrire un léger tranquillisant » 

Une adepte de la pensée positive leur dit : « Ce n’est rien, plaie d’argent n’est pas mortelle ! »

Un optimiste leur dit : « Vous avez eu de la chance, vous auriez pu mourir noyés ».

Un pessimiste ajouta : « Avec le changement climatique, ça ne fera qu’empirer ».

Un enfant passa et leur offrit sa bouée de plage.

Puis, un écrivain passa et se dit : « Ça va faire une belle histoire ! »

Ce petit texte est un prétexte pour vous inciter à trouver des idées parmi les faits divers actuels et anciens. 

Comme vous le savez, la réalité dépasse souvent la fiction. L’affaire Bettencourt, par exemple, est digne de Bel ami, une nouvelle de Maupassant. Conflit et rivalité entre la mère et sa fille micmac financier, gestionnaire épouse d’un ministre, ami généreusement récompensé, Président de la République dans les parages, etc.  

Même un fait divers à la télé peut nous inspirer

C’est en regardant un documentaire à la télévision sur le braqueur des années 70, Bruno Sulak, roi de l’évasion, que l’auteur Philippe Jeanada décida d’écrire un livre* de 496 pages sur cet homme hors du commun.  

* Sulak, Philippe Jaenada, Ed Julliard

Il m’arrive, quand je suis peu inspiré, d’aller fureter sur : faitsdivers.org.

Je vous invite à y jeter un oeil.

Ce fait divers, moi qui suis dyslexique, a évidemment retenu mon attention : 

« Le corps de la victime présentait de très nombreuses traces de coups.
Deux de ces coups, portés à l’aide d’un couteau à la tête, avaient entraîné son décès.
L’auteur des faits avait incendié le corps.
Ensuite, il avait laissé sur le corps des inscriptions nazies.

Le meurtrier vient d’être identifié car il était la dernière personne à avoir fréquenté la victime.
Il a été confondu par la présence du sang de la victime sur les vêtements
qu’il portait le jour des faits mais aussi par la particularité des inscriptions laissées sur le corps de la victime.

Dyslexique, le meurtrier avait écrit « Hilter » au lieu de « Hitler ».
Il avait répété cette erreur devant le juge d’instruction qui l’avait alors inculpé pour les faits »

Très bonne nouvelle !

Alice Munro, auteur de nouvelles basées sur la vie dans l’Ontario, vient d’obtenir le prix Nobel. 

C’est le première fois que l’Académie suédoise « nobelise » un auteur qui n’écrit que des nouvelles.

Encourageant, n’est-ce pas ?