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Lilou

C’était comme ça, la vie avec Lilou.

Dès qu’elle voyait la boîte de crayons de couleurs posée sur la table, elle courait chercher un bout de papier. Elle grimpait sur une chaise et s’agenouillait.

Elle admirait le camaïeu des crayons, dont les pointes luisaient doucement sous la lampe.

Elle tendait une main potelée et s’emparait des bâtons magiques.

D’abord le bleu, puis le rouge et le jaune. Ils étaient les rois.

Et tout à coup, le monde n’existait plus. Lilou dessinait.

La mère de Lilou s’approcha de la table.

Lilou ferma les yeux.

Elle aurait voulu que sa mère lui dise que ses arcs-en-ciel étaient plus beaux que les vrais.

Elle aurait voulu que son père lui promette d’aller à leur rencontre, là-bas, près de la rivière.

Mais Lilou savait que ces deux petites phrases allaient encore déclencher une dispute.

Alors, elle rangea les crayons dans la boîte. Elle plia ses arcs-en-ciel et les glissa dans sa poche. Elle se réfugia dans son coin préféré et réfléchit en attendant la fin de la tempête.

Lilou appela sa mère au secours.

Elle plia sa feuille aux étoiles, la glissa dans sa poche. L’orage n’allait pas tarder….

Un soir d’hiver, Lilou était heureuse. Elle avait trouvé une immense feuille. A vrai dire, une chute de papier peint.

  s’écria son frère

Ce jour-là, Lilou commença à comprendre.

Les saisons défilaient, brillant chacune de subtiles couleurs.

La boîte de crayons se languissait.

Les papiers volaient dans le vent.

Lilou dessinait dans les nuages.

Par un doux mois de septembre, les arcs-en-ciel et les étoiles, la lune et le soleil emmenèrent Lilou sur les chemins des lettres et des mots.

Alors, sur chaque petit bout de papier, elle écrivait.

Les mots s’enchevêtraient et dansaient de folles sarabandes.

Lilou était heureuse. Elle riait.

Et elle écrivait.

C’était cela pour quelques années encore.

A la fin des vacances d’été, Lilou changea. Les étoiles de ses yeux s’éteignirent une à une, le soleil de ses rire disparut.

  Ça lui passera, répétait sa mère….

Un dimanche après-midi, ils étaient tous les quatre à table. Lilou ressentit une impression étrange. L’orage menaçait.

La mère jeta au milieu de la table un petit paquet de feuilles reliées de coton rouge.

Elle fit courir son doigt sur l’écorce blanche et lisse du bouleau.

Le cœur de l’arbre craqua

Le cœur de Lilou se brisa.

Le petit cercueil fut déposé dans la chapelle, là-haut, sur la colline.

Lorsque le cloches sonnèrent le glas, les fleurs frissonnèrent doucement dans la lumière dorée. Les pétales se couvrirent de milliers de mots qui s’envolèrent vers les étoiles.

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