Quand un texte manque de sel…
Dans notre village, à deux pas de Sauternes…, nous avons la chance d’avoir un boulanger qui cuit son pain au feu de bois dans un four bâti il y a plus de 100 ans.
Cet artisan, ignorant tout du marketing, façonne « avec amour du métier » un pain « authentique » dans le respect de « la plus pure tradition ».
Si bien que l’on vient de loin dans les collines pour acheter son pain.
Mais passé 11 h, inutile d’espérer trouver le moindre quignon sur les présentoirs, tout est déjà vendu.
Longtemps, vu la demande, je me suis demandé pourquoi il ne produisait pas davantage de pain.
» Parce qu’il faudrait que je change de four, que je « m’industrializzzeeee » m’a-t-il répondu avec un bel accent chantant, alors je ne serais plus boulanger, mais fabricant de pain ! Et des fabricants de soi-disant pain, ça ne manque pas ! »
Vous l’avez compris, cet homme produit un pain délectable, il croustille sous la dent, doré juste-ce-qu’il faut, et encore bon le lendemain.
Sauf que parfois, ce brave homme qui n’est plus tout jeune, oublie le sel quand il prépare sa pâte.
Cela s’est déjà produit deux fois ce mois-ci…
Pourquoi je vous raconte cette anecdote ?
Parce que parmi les textes que je reçois à lire beaucoup manquent de sel.
On attend d’une histoire qu’elle nous méduse, nous intrigue ou nous surprenne. Voire, nous sidère.
Ce n’est pas souvent le cas.
Trop de manuscrits, même bien écrits, nous désintéressent dès les premières pages.
Soit le sujet est rebattu, l’éternel trio mari-femme-amant, par exemple, soit l’inaction m’endort car il ne se passe rien de captivant pendant des pages, soit les dialogues sonnent faux et appauvrissent le texte. Soit l’auteur nous parle de son nombril…
Comme parfois le pain de notre boulanger, l’histoire manque de sel.
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