Notre mémoire a du nez

Proust l’a brillamment remarqué, nous sommes tous imprégnés par une odeur plus ou moins agréable ou désagréable.
Personnellement, c’est l’odeur de la soupe aux poireaux, pommes de terre qui demeure en moi, beaucoup plus que celle de l’encaustique ou de la lavande.

Nous étions du peuple, nos logements étaient petits, vétustes et sombres. Pas de douche, de toilettes, de chauffage. Dans leur minuscule cuisine, les mamies tenaient leurs soupes au chaud sur une cuisinière à charbons, ça bouillonnait doucement des heures durant.

Depuis, je ne peux plus supporter l’odeur de poireaux. Hélas pour moi, ma femme aime cette asperge du pauvre et en prépare régulièrement en salade, après les avoir fait cuire…
Quand cela arrive, je m’enferme ou je me sauve. J’ouvre portes et fenêtres… Ceci pour vous dire que des effluves, des fumets et des relents se sont agrippés à notre mémoire, comme si elle était en tissu.

Cherchez bien les odeurs imprégnées en votre mémoire. L’une d’elle domine les autres. Si vous la trouvez, racontez-nous cela ici, c’est avec plaisir que nous vous lirons.