L’incorruptible juge Renaud Van Ruymbeke.

Nous avons tous de vagues réminiscences de brefs instants de notre vie. Des images et des impressions si lointaines qu’à peine est-il possible de les faire revivre. Ces souvenirs, imprécis et ténus, ont des contours si flous qu’il faut les verbaliser pour tenter de les éclairer. Je m’y emploie de temps en temps, c’est un bon moyen d’associer mémoire et imagination pour romancer des instants de vie.

C’est ce que j’ai fait en apprenant que l’incorruptible juge Van Ruymbeke venait de mourir des suites d’un cancer.

Je l’ai rencontré en 199… ou 200.. ? Rue du Louvre, je crois ? Nous étions trois ou quatre, conviés à le rencontrer en privé. Je me trouvais en compagnie de journalistes, il me semble.
Le juge avait commencé sa carrière en instruisant un dossier épineux : l’affaire Boulin.
Robert Boulin, ministre du Travail en exercice, s’était parait-il suicidé en se noyant dans une petite mare de la forêt de Rambouillet. Thèse toujours mise en doute par sa famille.
Qualifié de juge rouge, Renaud Van Ruymbeke devint, peu à peu, un spécialiste des affaires financières : Kerviel, Cahuzac, Balkany, Elf, Urba, entre autres. Que du beau monde…

Comme vous pouvez le constater, tout ce que j’avance est imprécis, pas étayé, flou. Mais j’ai gardé de cette rencontre, un instant inoubliable, ce que nous a dit le juge s’agissant de la mafia.  » L’argent de la mafia est présent partout France, si elle décidait de retirer cet argent de notre pays, il serait ruiné « . J’ai presque tout oublié de cette rencontre, sauf ces paroles. Cet instant de vie où j’ai perdu bien des illusions.