Au sujet du détecteur de clichés

J’ai reçu ce commentaire de la part d’un abonné* au blog :

« J’ai testé votre modèle de détecteur de clichés (ma hantise ).

Résultat de l’analyse:

Clichés de maladresse: 0
( Euréka ! Je jubile )

Clichés facilités: 1% exemple : à l’oeil, comme quatre, rentrer dans le lard, à gorge déployée, du beurre dans les épinards.

De mon point de vue, ce sont des expressions soit dites dans les dialogues d’une famille populaire ou dans le style indirect libre. Faire dire, par exemple: « J’ai mangé à satiété  » par un maçon en 1940, ça ne serait pas très juste.

Je me suis amusé à coller des extraits de Swann, Bovary, et l’Étranger. Des références ! Les auteurs en utilisent aussi (moins, Proust !). Par contre, dans l’analyse des mots à tout faire, tous ces grands auteurs en abusent.

9% chez Flaubert, Plus de 10 % chez Proust, 13 % chez Camus.

Perso, j’en ai 7 %. Comment se passer des verbes et mots ternes (avoir, être, dire, faire, voir ou et, qui… )

J’ai fait personnellement la chasse aux « que » trop nombreux hors utilisation du subjonctif. Pour en revenir au cliché « expression « , doit-on tout renouveler ? Il est clair qu’il faut éviter : un rai de lumière, des myriades d’éclats…, mais qu’est-ce qu’on en trouve chez les meilleurs éditeurs !  

Quelques précisions

Le détecteur de clichés que j’ai créé et financé grâce aux dons versés à l’association Entre2lettres n’est qu’un outil destiné à à repérer les phrases stéréotypées dans un texte. Ces formules toutes faites qu’on ressasse souvent à l’oral comme à l’écrit.

Pareil, pour les maladresses ou les mots à tout faire.

Mais revenons aux centaines de clichés que j’ai recueillis au fil du temps. Que fait le détecteur quand on lui soumet un texte ? Il le compare à sa base de données et les signale. Point barre (cliché)

Après, c’est à l’auteur du texte de faire preuve de bons sens. De s’interroger s’il doit supprimer tel cliché ou le conserver selon le contexte.

Il est évident, quand il s’agit d’un dialogue ou d’un monologue, qu’un ou plusieurs clichés sont acceptables, voire nécessaires, tout dépend du statut ou niveau social des personnages qui s’expriment.

S’agissant des maladresses, tels les pléonasmes ou les faux amis par exemple, plus elles sont nombreuses moins elles sont pardonnables. C’est toujours rédhibitoire pour un comité de lecture.

Pour les mots à tout faire, (avoir, être, dire, faire, voir ou et, qui, il, elle, etc. ) ce n’est pas parce que le détecteur les souligne qu’il faut tous les supprimer. C’est impossible.

Ne soyez pas plus royaliste que le roi. Il n’est pas question de perdre le sens d’une phrase pour faire plaisir au détecteur !

En revanche, si le détecteur vous signale une phrase truffée de « ET », comme celle qui suit, arrangez-vous pour en supprimer ou remplacer quelques-unes de ces conjonctions de coordination : « Il trouva des bougies dans un tiroir de la cuisine et en alluma deux et fit fondre la cire sur le plan de travail et les posa droites dans la cire. Il sortit et rapporta encore du bois et l’empila à côté de la cheminée. »

Pareil pour « ETRE », « FAIRE », « AVOIR », « IL » ou « ELLE »

Tout n’est qu’une question de bon sens et de bon style. CQFD

* Merci Gaston pour ce sujet de réflexion