Croisements de vies

« Achète le magazine Psychologies et feuillète-le attentivement, cela devrait te rappeler quelques bons souvenirs », m’a conseillé un ami. J’ai donc lu Psychologies du mois de mars à la manière d’un jeu de piste balisé par mes souvenirs

Page 34, 35 et 36, un dossier m’attendait concernant Virginie Durant, abonnée à ce blog depuis plusieurs années.
Ses premiers textes nous sont parvenus quand elle était encore journaliste à Ouest-France. Plus tard, nous l’avons reçu en coaching d’écriture créative. Aujourd’hui, elle signe son livre dans de nombreuses librairies et tous les médias en parlent. « Des barbelés dans mon corps »

Page 38, Bérengère Arnal, gynécologue obstétricienne illustre à Bordeaux, éclaire sur l’endométriose avec l’exceptionnelle expérience qu’on lui connaît. Auteure de nombreux ouvrages, elle soutient activement et bénévolement la Maison Rose à Bordeaux. (cancer) Nous avons eu la chance de la rencontrer plusieurs fois, puis de la recevoir dans notre cabane à écrire.

Pages 70, 74,76, 79,79, 83, 84, 85, les photos d’Alain Laboile illustrent superbement un dossier sur l’enfance.
Alain est un créateur aux multiples talents : ébénisterie, ferronnerie, sculpture, écriture, photographie, etc. Quelques-unes de ses œuvres agrémentent notre propriété. Ses photos réjouissent des milliers de personnes.

Page 110, Perla Servan-Schreiber transmet sa passion pour la cuisine.
J’eus le privilège d’animer un stage d’écriture créative pour la Rédaction de Psychologies, quand elle élaborait le numéro zéro. Perla, Jean-Louis et David Servan-Schreiber étaient là, au CFPJ, pour une mise en train des journalistes.
Un training créatif proposé par Bruno Pfeiffer à Jean-Louis Servan-Schreiber, ce génial homme de presse.

Page 142, Claude Halmos, psychanalyste et auteure, répond au courrier des lecteurs de Psychologies. Nous l’avons croisée chez Jean Housset à Paris, lors de conférences riches d’enseignements. Notamment celle de Ron Davis : Le don caché de la dyslexie 

Page 122, La Première Séance de Robert Neuberger remarquable psychiatre et psychanalyste. Plusieurs fois invité par L’école des parents et des éducateurs de la Banque de France. Sylvianne, mon épouse,
co-organisait les conférences sur l’adolescence. Une phrase de Robert Neuberger l’a marqué à jamais : « Il n’y pas de crise d’adolescence, il y a une crise de parents d’adolescents ! »




La pilule est amère

Le hasard fait très bien les choses.
Voyez plutôt :
Comme chaque année, je rédige des vœux à la Perrat et j’ai besoin de les illustrer.

Un sympathique commerçant bordelais nous dirige vers une personne qui fabrique des sapins écolos en carton prédécoupé.
Nous lui téléphonons. On aimerait placer mon texte dans le corps du sapin, cela ne semble pas lui poser de problème.

Nul doute, nous sommes faits pour nous comprendre.
Charles, nous présente Marion Larat avec laquelle il vit. Cette charmante jeune femme a été terrassée, à 26 ans, par un AVC provoqué, elle le saura plus tard, par une pilule anticonceptionnelle.
Elle est handicapée pour la vie, son corps restera meurtri pour toujours, mais elle se bat pour que cette pilule du malheur ne brise pas l’existence d’autres jeunes femmes.

Aidée par sa soeur, elle a écrit un livre sur ce sujet : La pilule est amère

Je n’ai aucune chance d’être publié, c’est la crise !

C’est la crise, en France comme en Europe, je ne vous apprends rien.
Que se passe-t-il en période de crise ?
Tout le monde se recroqueville, se décourage, ne croit plus en l’avenir, n’imagine que l’échec, n’espère plus rien…

Pour résister à l’envie de baisser les bras, l’enthousiasme est nécessaire. Sans enthousiasme, impossible d’être stimulé.
Pourquoi est-ce que j’aborde ce billet sur le thème de la crise ?
Parce que les personnes écrivant un premier manuscrit sont souvent dans cet état d’esprit.
« C’est la crise me disent-elles ! Je n’ai aucune chance d’être publié, d’ailleurs ce que j’ai écrit ne vaut pas grand-chose, mon histoire n’est pas terrible. »

Elles n’y croient pas ! Elles sont en crise de confiance en elles.
Si vous doutez de vous, de votre travail, de votre talent, méfiez-vous, cela transparaitra dans vos écrits.
Ecrivez d’abord avec enthousiasme, comme un petit enfant auquel on propose une feuille et des crayons de couleur pour dessiner. Lancez-vous, comme ça, spontanément, pour jouer.
Ne vous demandez pas sans cesse : « Est-ce que ce sera assez bon pour être publié ? »
J’ai rencontré de nombreux artistes au cours de ma vie, aucun ne savait d’avance si ce qu’il avait envie de créer allait plaire et se vendre. Quand un artiste a une idée, il n’établit pas un business plan, un plan de développement ou d’affaire. Enthousiasmé par sa nouvelle idée, il la réalise en se disant : « On verra bien ! »
Dernièrement, j’ai rendu visite à ma fille, dans son atelier, elle réalisait de nouvelles petites sculptures en papier mâché, pour un expo dans un vieux kiosque à journaux, à Paris, près de Louvre. Son enthousiasme l’emportait sur le calcul. « Tu penses que tu vas les vendre ?  lui ai-je demandé »
‘On verra bien ! » m’a-t-elle répondu, ça m’amuse de les faire.
Si elle ne les vend pas, Sophie rangera ses dernières oeuvres dans un coin et s’enthousiasmera aussitôt pour d’autres projets.

C’est pareil pour un livre, même si le sujet est la crise…




Le truc d’une romancière quand elle manque d’idées

J’ai une amie, auteure de plusieurs livres jeunesse, qui a un truc quand elle manque d’idées.

Elle retourne chez ses parents et s’enferme dans la petite cabane en bois que son père avait aménagée pour elle quand elle était enfant.
« Parfois j’y reste deux heures » m’a-t-elle confié dernièrement,  » là, assise au milieu de mes vieilles peluches, je ferme les yeux et je retrouve peu à peu mes fantasmes d’enfant, ceux avec lesquels je m’inventais une vie extraordinaire. Après, quand je reviens sur terre, mon cerveau est en effervescence, j’ai plein d’idées nouvelles ».

Vous pensez que votre vie n’est pas très « sexy », pas originale, que vous n’avez pas grand-chose d’intéressant à dire.
Peu importe !

Emmenez votre mémoire faire un tour dans les terrains de jeux de votre enfance pour renouer avec votre enfant créateur.
Puis affabulez une vie très imaginaire, arrangez la réalité à votre manière, comme vous saviez si bien le faire, avant, quand vous rêviez d’être grand…

Imaginez que vous avez découvert le plus étrange pays du monde, accompagné en secret les premiers hommes sur la lune, capturé l’insaisissable yeti, cet abominable homme des neiges, dirigé un cirque lilliputien, rencontré le fantôme de Jules César.
Et racontez vos aventures « mensongère »s en décrivant des lieux et des gens inconnus, des événements incroyables, des situations étonnantes, des anecdotes surprenantes.

Romancez votre vie tel un escroc de grande envergure.
Mais ne restez pas dans l’approximation, donnez des détails, des particularités, des développements.
Écrivez plusieurs fois cette vie fabuleuse en l’amplifiant avec des rebondissements, d’autres péripéties, d’autres rencontres.
Tout ça sous la forme d’un brouillon, d’un premier jet.
Après quoi, laissez reposer quelques jours puis corrigez les erreurs et les incohérences.

Une fois cette mythomanie réalisée, vous devriez être prêt à écrire une nouvelle, voire un roman

Le site de notre amie : Sophie Ducharme, auteure jeunesse




Quelles croyances devons-nous dépasser pour croire en notre talent ?

Nous recevons en moyenne 2 à 3 personnes par mois dans notre cabane à écrire.
Elles passent 2 jours seules, en tête-à-tête avec moi pour faire le point sur leur écriture.
Toutes aiment écrire et sont très motivées.
Toutes rêvent plus ou moins secrètement d’être publiées, mais la plupart pensent n’avoir aucune chance.

Pas plus tard qu’hier, par exemple, j’ai reçu un jeune homme très imaginatif qui écrit avec une facilité étonnante.
Je l’ai testé avec des exercices de plus en plus difficiles, ce qu’il réussissait à produire m’épatait à chaque fois.
Mais quand je lui en faisais part, il refusait de m’entendre. Ce jeune homme restait convaincu que ce qu’il écrit est nul, banal, à jeter !
J’insistais, tentais de lui faire prendre conscience de ses remarquables possibilités. De sa fertile créativité. Rien n’y faisait.
Il me rappelait une jeune femme surdouée, venue l’été dernier. Capable d’écrire une nouvelle captivante et originale en moins d’une heure.
L’idée, le style, le suspense, tout y était.
Elle aurait pu, sans problème, se lancer dans l’écriture d’un best seller capable de séduire plus d’un éditeur.
Mais j’attends toujours le plaisir de lire le premier chapitre…

Je vous parle de ces deux exemples, mais ce ne sont pas les seuls. Ce manque de confiance se retrouve chez de nombreuses personnes.

Ces observations m’ont amené à réfléchir.

Quelles croyances devons-nous dépasser pour réussir à croire en nous ?
Quand j’avais une vingtaine d’années, la croyance qui me limitait le plus était l’image de moi.
Dès que je me comparais aux autres, je me trouvais nul, insignifiant.
C’est en lisant des livres sur la connaissance de soi que j’ai pris conscience du potentiel qu’il y avait en moi et comment l’exprimer.

Une seconde croyance m’entravait.
Je pensais que je n’étais pas assez courageux pour mener un projet jusqu’à son terme.
Une force destructrice m’amenait à ne pas terminer ce que j’entreprenais. À détruire ce que j’avais commencé à écrire.
Comme si ça ne valait rien.
Mais évidemment, c’étaient la conjoncture ou les autres qui étaient responsables de cet état de fait, pas moi !
C’est lorsque j’ai accepté d’assumer la responsabilité de ce qui m’arrivait que j’ai trouvé la cause.
Comme pour beaucoup de personnes elle était simple :  je recherchais l’amour et la reconnaissance de mes parents.
C’est à leurs yeux que je voulais briller, eux qui me trouvaient médiocre.
Dès que cette croyance négative m’est apparue au grand jour, elle s’est évaporée.

Une 3e croyance me desservait, moi l’autodidacte, le cancre, le dyslexique, le bon à rien.
Je m’imaginais quelconque, pas du tout à la hauteur de mes ambitions.
Un grand poète, Eugène Guillevic, en acceptant de préfacer mon premier livre, m’a libéré de cette croyance.

Il me restait encore une autre croyance à dépasser.
Je pensais que ceux qui réussissaient étaient des privilégiés, comme on dit aujourd’hui, ceux qui avaient des relations et donc un bon carnet d’adresses.
C’est en allant à la rencontre des autres : auteurs, artistes, éditeurs, etc., que je me suis libéré de cette croyance.
J’ai enfin réalisé que je pouvais avoir toutes les relations du monde si je le souhaitais vraiment.
Il me suffisait juste d’oser aller à la rencontre de celles et ceux qui m’attiraient, tout en sachant qu’ils ou qu’elles pouvaient refuser de m’ouvrir leur porte.
D’accepter que l’on puisse me dire non sans pour autant me sentir nul. Bon à rien.

Que faut-il en conclure ?

Quatre choses :

1 : Quel que soit votre physique ou votre QI, acceptez-le.
Mettez-vous dans la tête qu’il vous faudra faire avec toute votre vie.
Ce n’est pas le monde s’adaptera à vous mais le contraire.

2 : Oubliez définitivement les jugements portés sur vous par : vos parents, vos enseignants, vos employeurs.
Ne croyez qu’en une seule chose : EN VOUS !

3 : Soyez ambitieux
Comme Julien Sorel dans le Rouge et le noir de Stendhal soyez  « ivre d’ambition et non pas de vanité ».
Ayez toujours des projets ambitieux, voire chimériques, « ouvrez grand » vos envies, ne voyez pas petit.
Savez-vous combien de personnes faut-il pour réaliser un court-métrage, ne parlons pas d’un long métrage ? 25 à 30 personnes.
Alors qu’il ne faut que vous et vous seul pour écrire un roman, voire une saga !

4 : Provoquez la chance
Allez à la rencontre des autres, c’est là que se trouve votre chance d’occasions et de circonstances favorables.
Jamais la chance ne viendra frapper à votre porte, elle vous attend là où vous ne l’attendez pas : salon du livre, de la BD, rencontres littéraires, clubs de lecture, forums, ateliers d’écriture, stages, et bien sûr…, dans notre cabane à écrire.

« Si vous n’avez pas confiance,

vous trouverez toujours un moyen

de ne pas gagner »

Carl Lewis.




3 h avec Louis-Ferdinand Céline…

Pour les amateurs de Céline : 3 heures d’émission à écouter.

Emmanuel Ratier a réservé son Libre Journal du 16 novembre à Louis-Ferdinand Céline,
auteur admiré pour son génie d’écrivain,
exécré pour son antisémitisme

http://www.lepetitcelinien.com/ 

* Source : Le Petit Célinien




Souvenirs (2) « J’ai bien connu Amedeo Modigliani »

Lorsque vous signez un livre, il y a toujours quelques personnes qui tournent autour de vous pour vous dire qu’elles écrivent aussi.

Là, je me suis vraiment intéressé à ses dires.





Souvenirs (1) : « Devenu écrivain parce qu’il n’était bon à rien »

Un jour, j’eus la chance de rencontrer Pierre Mac Orlan et Georges Brassens, au bar de l’hôtel Moderne, à St Cyr sur Morin, en Seine-et-Marne.
L’hôtel restaurant, aujourd’hui devenu musée, était tenu par les frères Guibert.
Pierre Guibert, avait réuni une superbe collection d’outils briards, je lui avais d’ailleurs offert, comme tant d’autres personnes avant moi, un vieil outil, un martelé pour tailler les tuiles. Très jovial, bon conteur d’anecdotes sur son métier et sa collection, il était devenu l’ami de nombreux artistes.

Ce jour-là, Mac Orlan, lui qui disait  « je suis devenu un écrivain parce que je n’étais bon à rien. » portait son fameux béret, comme on en porte encore ici, au pays du rugby. Dans ses dernières volontés, l’auteur de  » Quai des brumes «  avait souhaité être enterré vêtu d’un maillot de l’équipe de France de rugby. Elle fut respectée.

Une autre fois, dans ce même restaurant, j’ai également rencontré Pierre Chabrol, autre romancier à la barbe fournie et à la verve inépuisable. J’ignorais que j’allais le revoir, des années plus tard, au Centre de Formation des Journalistes où nous intervenions comme formateurs. Dans une autre article, je vous raconterai une anecdote truculente concernant ce talentueux conteur.

Retrouvez d’autres photos et informations sur le site de ce beau village Briard.