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éditeur méridional très actif. J’ai reçu et lu avec plaisir ce roman policier de 300 pages. 

D’autre part, pour les admirateurs de Flaubert, 4450 lettres intimes, écrites par Gustave en cinquante ans, dont 120 inédites. À lire gratuitement sur Correspondance de Flaubert« .  




LIVRE EN NOUS critique littéraire d’un club de lecture (8)

Avis sur LEURS écrits« La lucidité » de José Saramago

« Au lendemain des élections municipales organisées dans la capitale sans nom d’un pays sans nom, la stupeur s’empare du gouvernement: 83 % des électeurs ont voté blanc. Incapables de penser qu’il puisse s’agir d’un rejet démocratique et citoyen de leur politique, les dirigeants soupçonnent une conspiration organisée par un petit groupe de subversifs, voire un complot anarchiste international. Craignant que cette  » peste blanche  » ne contamine l’ensemble du pays, le gouvernement évacue la capitale. L’état de siège est décrété et un commissaire de police chargé d’éliminer les coupables – ou de les inventer. Aussi, lorsqu’une lettre anonyme suggère un lien entre la vague de votes blancs et la femme qui, quelques années auparavant, a été la seule à ne pas succomber à une épidémie de cécité, le bouc émissaire est tout trouvé. La presse se déchaîne. La machine répressive se met en marche. Et, contre toute attente, éveille la conscience du commissaire. »

Roman à la thématique intéressante et ambitieuse ainsi qu’aux intéressantes réflexions qu’il suscite : l’ascension de la violence dans un état de droit, les droits et les devoirs du citoyen, la fragilité de la démocratie occidentale.

Critique acerbe et ironique des perversions du pouvoir politique : manipulations, ambitions, répression

Ce livre peut se lire aussi comme une intrigue criminelle et possède le pouvoir d’attraction de certains romans policiers

Impossibilité de situer l’époque et le lieu, difficultés à identifier les personnages et institutions qui demeurent anonymes et impersonnels n’étant jamais nommés mais décrits de manière impersonnelle : « parti de droite, du centre, de gauche », « le président », « le commissaire », « la femme du secrétaire ». Mais cet anonymat contribue cependant à donner à cette fable politico-philosophique une valeur universelle

Et puis le style qui a déconcerté, rebuté, pour finalement décourager. Trop compact. Trop dense. Peu de respiration. L’auteur, probablement un grand pervers, a-t-il rédigé ce roman sans reprendre son souffle ? Pourquoi un tel parti pris de rédaction ?

En tout cas, le lecteur, lui, a la nette sensation d’étouffer. Les dialogues sont fondus dans la narration, les phrases sont longues voire interminables -Proust aurait-il trouvé son maître ? – les paragraphes denses, la ponctuation réduite

Un roman qui, si l’on se risque à la métaphore culinaire, se révèle être de la grande gastronomie hélas parfois indigeste. Mais qui mérite amplement d’être poursuivi pour que l’on y prenne goût et qu’on le savoure. Bref accrochez-vous !!!

 *** 

« Le monde s’effondre » de Chinua Achebe

« Destruction de la vie tribale à la fin du siècle dernier par suite de l’arrivée des Européens ; tragédie d’un homme dont toute la vie a tendu à devenir l’un des personnages les plus importants de son clan mais qui finit de la façon la plus misérable ; conversion au christianisme – cette abomination – de son fils qu’a éloigné de la vie ancestrale un rite cruel et sanguinaire dont a été victime son meilleur ami d’enfance ; vie quotidienne des femmes et des enfants d’un village de la forêt qui, presque totalement coupé du monde extérieur, pouvait se croire « le » monde avec ses dieux et ses ancêtres, ses coutumes et ses interdits, l’inépuisable littérature orale de ses contes et de ses proverbes ; voilà quelques-uns des thèmes d’un roman qui est sans doute l’un des plus riches et des plus pondérés que nous ait donnés l’Afrique Noire. »

La description poétique et pleine d’humour mais jamais méprisante des coutumes, croyances et traditions tribales.

Des incursions dans le réalisme magique sud-américain avec des scènes relevant de l’extraordinaire

Restitution honnête : l’auteur a souhaité montrer aux Africains non une Afrique idéalisée mais au contraire l’objectivité de leur histoire, n’hésitant pas à décrire la barbarie de leur civilisation (sacrifice de jumeaux, violences envers les femmes…)

Roman dense et riche sur la perte des traditions et l’effacement pour et simple d’une mythologie, le désastre causé par la colonisation et la fin d’une civilisation

Détestation par certains du personnage principal – Okonkwo – jugé psychorigide, intolérant, d’une extrême dureté et inflexible malgré la victoire inéluctable de l’Homme blanc. Son dogmatique fanatique et déshumanisé a agacé voire heurté. Individu impossible à évacuer car tout passe par lui et pour lui. S’agit-il de la caricature et du stéréotype d’un certain Africain ?

Une des limites du livre écrit au XXe siècle : le décalage inévitable dû au regard d’un auteur nigérian instruit et formé par les Anglo-saxons sur une époque révolue d’une part et où, d’autre part, existait la seule culture orale.

Attention à notre regard et nos jugements de valeur de lecteur occidental du XXIe siècle qui ne doit pas oublier qu’il peut et doit apprendre de ces ethnies : rapport à la nature, à la mort…

Ici aussi des questions portant sur deux registres différents demeurent en suspens :

1)Est-on obligé d’aimer les personnages ? Un héros – ou à défaut le personnage d’une œuvre écrite ou filmée – doit-il être nécessairement sympathique et positif ? Les personnages insignifiants et ternes ou a contrario malsains et odieux gâchent-ils réellement la lecture ?

2)Les ONG n’auraient–elles pas tendance à se comporter comme les nouveaux missionnaires voire les néo-colonialistes en tentant d’exporter notre bonne morale occidentale, certaines de détenir à l’image des évangilisateurs du XIXe siècle la vérité ?

« Les ONG prennent l’argent des pauvres des pays riches pour le donner aux riches des pays pauvres » (auteur inconnu)

« Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, l’histoire de la chasse glorifiera le chasseur » (Chinua Achebe)

***

  « Pyongyang » une BD de   Guy Delisle« Lorsqu’on lui demande de passer ses deux prochains mois à Pyongyang, dans le but de superviser la sous-traitance d’un studio d’animations, Guy Delisle accepte sans trop hésiter. C’est la curiosité qui le pousse à embarquer vers cette destination dont il ne sait presque rien. A peine arrivé sur le sol nord-coréen, les visites protocolaires des lieux emblématiques de la capitale s’enchainent. Tous sont voués au culte du président éternel Kim-Il-Sung. L’auteur expatrié est rapidement confronté à cette vie sous régime totalitaire et c’est à travers de nombreuses anecdotes piquantes qu’il partage ce quotidien digne d’un bon roman de science-fiction. Il est par ailleurs impossible de ne pas penser à 1984 du visionnaire George Orwell. »Découverte d’un pays-forteresse réputé comme le plus fermé de la planèteTous les signes d’une dictature sont bien montrés : la propagande avec les haut-parleurs égrenant leur litanie en l’honneur du Chef Suprême, le faste des monuments érigés à sa gloire et la pauvreté de son peuple, autoroutes sans sortie possible avant la fin, les rues désertes où nul passant ne flâne, seuls les hommes mariés et pères de famille sont autorisés à aller à l’étranger àsentiment d’étouffement pour lecteur accentué par celui de compassion envers le peuple. La référence récurrente à 1984 de Georges Orwell trouve toute sa place dans cet ouvrageDe nombreuses pointes d’humour qui viennent alléger le caractère sombre et désespérant de son témoignageIndéniable talent de dessinateur de G.Delisle : le trait est sûr – les monuments par exemple sont conformes à la réalité -, le silence est même palpable, les noirs et gris sont nuancés ce qui interdit de qualifier cette BD de monochromeLe graphisme et l’absence de couleurs ont gêné mais cela est dû au fait que l’auteur a souhaité montrer l’absence de lumière endémique et plus généralement l’uniformité et l’indigence de ce pays. Il s’agit de plus d’une habitude de Guy DelisleLe comportement condescendant, les réflexions dédaigneuses de l’auteur envers le guide sur son pays :Un peu d’ennui : la BD a été ressentie comme répétitive dès le 3e tiersEnormément de frustration : Nord-Coréens peu visibles et absence totale d’informations sur la vie quotidienne en Corée du Nord bien que l’auteur ne reste pas dans la tour d’ivoire des quartiers d’expatriés et cherche à en connaître plusUne dictature : « Ferme ta gueule »Une démocratie : « Cause toujours »



LIVRES EN NOUS critique littéraire d’un club de lecture (6)

Avis sur LEURS écrits« Pour en  finir avec Eddy Bellegueule » d’Edouard Louis

Il est bon de rappeler la mention « Roman » écrite sur la jaquette du livre et qui nous conduits à nous interroger, tout au long de la lecture, sur ce qui est réel et ce est imaginé ou même fantasmé.

♥ le lecteur ne peut ressentir que de l’empathie envers ce jeune garçon mais aussi de l’effroi tant la description est réaliste et le style alerte et direct : la souffrance, les sévices imposés par les uns, l’indifférence des autres, la différence qui dérange, l’ignorance crasse et ses propres consentements.

Et de l’indignation envers l’indifférence des adultes (famille, voisinage, enseignants). Une question lancinante à laquelle le livre n’apporte pas de vraie réponse : que savaient les adultes ?

Un terrible constat : la somme de ce que peut supporter un enfant comme souffrances et humiliations  pour être accepté » par le groupe de conclusion est immense

Mais outre les aspects purement psychologiques (le harcèlement homophobe,  les insultes et humiliations subies, le manque de tendresse, la victimisation pourtant consentante)   la description quasiment sociologique à la Pierre Bourdieu – de cette classe sociale oubliée, ce sous-prolétariat «Les Invisibles » a  subjugué les lecteurs

Le style, mélange de narration de l’auteur (niveau plutôt soutenu)  et du « parlé » de l’entourage (niveau familier voire même grossier)

L’expérience d’E. Bellegueule n’est hélas pas un cas unique. L’auteur reçoit un nombre phénoménal de lettres portant le même témoignage et son ouvrage pourrait être le porte-voix – et libérer ainsi la parole  – d’une catégorie de personnes silencieuses et en souffrance

♠  Ce livre est un cri déchirant. Mais il met mal à l’aise, car jugé par certains comme indiscret et impudique. Cette démarche devrait être, selon certains, entreprise dans le cabinet d’un psy.

De la méchanceté, voire du mépris de la part de l’auteur envers sa famille ont été nettement ressentis et considérés parfois comme gênants. Un sentiment de supériorité probablement et aucune empathie ni aucun pardon  envers une classe méprisée et exploitée – qui l’a vu naître  et qu’il caricature pourtant – qui n’a jamais la parole  et qui mérite probablement une certaine compassion

Pourquoi le succès de ce livre ? Probablement parce qu’il s’apparente à la télé-réalité qui, rappelons-le fait le quotidien de la famille Bellegueule.  Pour faire un parallèle hasardeux : l’ouvrage d’Edouard Louis ne mériterait-il pas le nom de « roman réalité » ?

Les  lecteurs du club ont  terminé ce roman avec le sentiment d’une histoire inachevée  ou d’un livre inabouti. Beaucoup de zones d’ombres. En effet, de nombreux éléments de la vie d’Edouard Louis ne sont pas évoqués (comment a-t-il quitté sa famille ?  Pourquoi accepte-t-il ces sévices ? Quelles ont été les rencontres déterminantes ? Quel a été  son cursus scolaire et universitaire ? S’est-il réellement reconstruit ? Etc…).

Ce n’est pas de la vraie littérature et, pour certains, le fait que ce soit « une histoire vraie » n’apporte pas grand-chose en plus

Les membres du club  sont certains, qu’en raison du jeune âge de l’auteur, cet ouvrage n’est pas le dernier dans lequel il évoquera ses souvenirs.
Nous attendons donc la suite avec peut-être :

–        « Pour en revenir sur Eddy Bellegueule »

–        « Eddy Bellegueule est de retour »

–        « Eddy Bellegueule n’a pas tout dit »

–        « Les dernières révélations d’Eddy Bellegueule »

–        « Eddy Bellegueule se souvient de deux ou trois choses »

–        « Pour en finir définitivement avec Eddy Bellegueule »

« Lambeaux » de Charles Julliet. Auteur méconnu car peu médiatique et qui mériterait d’être découvert

♥ Livre autrement plus construit et abouti (psychologiquement parlant) que le livre d’Edouard Louis. Probablement en raison de la différence d’âge et donc de maturité entre les deux auteurs et du temps consacré à la rédaction. L’auteur ici fait la démarche de découvrir et comprendre : sa mère biologique qu’il n’a pas connue pour  arriver à accepter l’abandon.

Il s‘agit d’une reconstruction et le livre se termine avec la certitude de voir son auteur apaisé

Beaucoup de tendresse de la part de l’auteur envers ses familles biologique et adoptante toutes deux pourtant incultes et modestes.

Une analyse  psychologique très fine : de beaux portraits sans archétypes ni caricatures et des sentiments simples mais puissants : la mère dont les ailes ont été coupées et à  qui furent interdits les études et l’éloignement salutaire ; la sensation de culpabilité de l’auteur s’imaginant être la cause de l’enfermement et de la mort de la mère ; le père adoptif « grand taiseux » mais infiniment  tendre et pudique ; l’âpreté et l’austérité de la vie à la campagne.

Une terrible révélation : les malades mentaux ou ceux souffrant de troubles psychologiques, enfermés dans des asiles psychiatriques – et que leur famille cachait comme une honte et finissait par oublier –  où ils sont, durant la Guerre, morts affamés

♠  Phénomène rarement observé dans l’histoire de notre club : ce libre a fait d’une unanimité positive et n’a fait l’objet d’aucune critique réellement négative. Sauf peut-être au fait que, contrairement à ce que laissait supposer au 4e de couverture (ou au synopsis du livre) la mère d’adoption est un peu sacrifié car évoquée. Dommage car cette femme est certainement partie prenante dans la construction psychologique de l’auteur

–        Les deux livres ne sont pas des traités sur l’éducation. les écoles militaires, suggérées dans « Lambeaux » sont par définition vexatoires, il faut y mater l’individualisation  et former les gens à l’obéissance aveugle. L’auteur (Charles Juliet) a eu la force de s’extraire de ce schéma. C’est admirable !

Dans la livre «Pour en finir avec  Eddy Bellegueule » l’institution n’est pas vexatoire et E.Louis montre le harcèlement que peuvent subir dans les cours d’école  ceux qui sont différents ou perçus comme tels.

But du club de lecture « Livre entre nous »
– échanger sur des livres que l’on aime
– discuter d’ouvrages qui n’ont pas été appréciés
– faire découvrir et découvrir des auteurs inconnus.

Le club peut également organiser des réunions traitant de films adaptés de romans

Contact : 06 99 70 60 94




LIVRES EN NOUS (5) critique littéraire d’un club de lecture

Dernière réunion de notre club de lecture « Livres entre nous », nous avons débattu des ouvrages suivants :

La nature des choses », d'Antonio Antunes
un mineur à moitié fou, sa tante qui se meurt doucement et quelques autres laissés pour compte. Chacun joue sa partie, fait entendre sa voix, affirme sa vérité ; le résultat est une étrange polyphonie où entre satire et onirisme passent tous les rêves de grandeur du Portugal et ses errements dans des guerres coloniales et des luttes fratricides.»

Une très belle écriture, très inventive et innovante

♠ – Enormément de difficultés de tous les membres du club, déstabilisés justement par cette écriture novatrice  – jugée par certains comme un pur exercice de style – ; totalement égarés dans ces monologues entremêlés, cette mosaïque de personnages très difficiles à identifier, cette confusion passé-présent, cette absence d’histoire
– ce livre a même été purement et simplement détesté par certains
– la traduction a été également remise en cause.

– Seul un membre du club a eu la force, le courage et l’intérêt d’en terminer la lecture et suggère de lire cet ouvrage en se laissant aller par le fil du récit, sans se poser des questions et sans attendre quelque chose de cohérent et de cartésien

Impressionné par les entretiens de l’auteur – qui s’exprime au demeurant dans un excellent français –, ce lecteur pense que cet auteur très important mérite d’être découvert peut-être travers  d’autre ouvrages : « Le cul de Judas » « Connaissance de l’enfer »  « Le manuel des inquisiteurs » « Mémoire d’éléphant » pour n’en citer que quelques-uns

Il est regrettable  que le membre du club ayant proposé ce livre, mais absent le jour de la réunion, n’ait pas pu défendre cet ouvrage

 Ecouter l’interview d‘Antonio Lobo Antunes sur le site Babélio 

***

« Le liseur » de Bernhard Schlink

« A l’âge de quinze ans, Michaël – le narrateur – découvre l’amour dans les bras d’Hanna, une voisine de vingt ans son aînée ; pendant six mois, il la rejoint tous les jours et partage avec elle plaisirs de la chair et moments de lecture. Mais sa maîtresse, personnage secret, disparaît un jour mystérieusement. Sept ans plus tard, Michaël la retrouve par hasard, alors qu’il assiste à un procès pour crime de guerre, où elle figure au banc des accusés ; il découvre à cette occasion un fait qui pourrait atténuer sa condamnation, mais choisit de n’en rien dire, par respect pour celle qui a marqué si profondément sa vie. Il renouera leur relation au cours des dix-huit années d’incarcération de celle qu’il comprend enfin un peu mieux. »

   Contrairement au livre précédemment évoqué, la lecture est très aisée, très agréable et les membres du groupe n’ont eu aucune difficulté à entrer dans le récit grâce à une écriture simple, sans effet de style

–        le personnage d’Hannah complexe et complexé, est jugé, malgré l’horreur de son acte, attachant

–        le courage de l’auteur, allemand, d’évoquer un tel sujet rarement abordé dans son pays

–        les parties concernant le procès et l’entretien de Michael avec son père, philosophe, sur 

–        toutes les questions suggérées auxquelles aucune réponse n’est apportée

  • Fallait-il juger ces femmes ? Quel est leur degré de responsabilité ?
  • L’emprisonnement et même la mort sont-ils préférables à la honte d’être illettrée?
  • Pourquoi l’analphabétisme d’Hannah et les complexes qui lui sont liés sont-ils plus importants pour elle que la honte d’avoir commis un acte si ignoble ? Cette attitude est-elle crédible ?
  • Michael, en comprenant lors du procès le problème d’Hannah, s’est révélé moins perspicace  que le lecteur qui l’avait deviné bien plus tôt, a-t-il eu raison de ne pas dévoiler son secret la condamnant à la prison ?
  • Pourquoi Hannah se suicide-t-elle ?
  • Quel est le poids  de la responsabilité des parents impliqués dans la déportation des Juifs pour les jeunes générations ?
  • Quelle importance revêt la lecture que fait Michael à Hannah dans leur relation et dans le roman?
  • L’illettrisme d’Hannah explique-t-il sa psychologie et son engagement ?

Ces  questions ont suscité  un débat au sein du groupe, les différences d’interprétation ont enrichi la discussion

 – de la frustration en raison de l’absence d‘explication sur l’origine de l’analphabétisme d’Hannah.

– celui-ci  a été considéré par certains comme un artifice et jugé tendancieux car il pourrait éventuellement  justifier l’engagement d’Hannah comme gardienne dans les camps et même la barbarie de son acte

– cette histoire très forte qui évoque pourtant des sujets graves  – l’analphabétisme, la déportation des Juifs – est desservie par une écriture sans relief,  des dialogues d’une platitude consternante et une narration trop simple ont généré un certain ennui chez certains

***

 « L’odeur du gingembre » d’Oswald Wynd

« 1903, Mary Mackenzie, jeune Ecossaise de 20 ans, s’embarque sur un bateau, dûment chaperonnée par Mrs Carswell, pour aller à Pékin épouser l’attaché militaire britannique auquel elle a été promise. Dans ses lettres quotidiennes à sa mère, Mary décrit la vie à Pékin, l’insurrection des Boxers et les relations des Européens avec les Chinois »

Ce livre, hormis quelques réserves, a suscité un enthousiasme quasiment unanime

  – le portrait d’une femme à la psychologie complexe : courageuse, déterminée, de grandes facultés d’adaptation, cartésienne, dans un certain sens aventureuse mais totalement dénueé de sentimentalisme et inapte à montrer ses émotions. Sur ce point, un avis diverge : Mary n’est pas en cause, il s’agirait plutôt de la difficulté pour l’auteur à décrire certaines scènes et certaines émotions

–        son  parcours : ses échecs, les trahisons subies, son bannissement, le retrait de ses enfants et sa capacité à surmonter toutes ces déceptions pour atteindre une forme de libération et  un épanouissement final

–        le genre littéraire du livre : mi- journal intime, mi- roman épistolaire

–        malgré la dureté de cette histoire et tous les malheurs qui dégringolent sur l’héroïne le ton n’est jamais larmoyant

–        la scène finale où elle fait la connaissance de son fils est magnifique

♠   –   des évènements pourtant importants sont escamotés : la nuit de noce, le retour du mari trompé, les  relations avec le comte japonais etc.

–        contrairement aux personnages féminins qui sont fort, originaux et très foisonnants, les protagonistes  masculins sont desservis, peu d’épaisseur psychologique et guère sympathiques : le mari radin, coincé, le genre « la lumière éteinte » ; le consul français rêveur et amateur jardinage et de voitures  à qui son épouse a, par ambition, imposé la voie diplomatique ; le banquier américain malhonnête ; l’amant japonais empêtré dans les traditions et les codes sociaux

–        l’absence de regards extérieurs sur l’héroïne (ex : aucune lettre reçue n’est présentée)

–        la traduction été jugée médiocre : des erreurs de sens dans les mots en japonais ont été commises

–        beaucoup d’antipathie envers tous les Japonais  présentés dans le roman bien que l’auteur ait vécu longtemps au Japon

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LIVRES EN NOUS (4) critique littéraire d’un club de lecture

Avis sur LEURS écrits« Livre en nous »,
a la gentillesse de nous communiquer
régulièrement son compte rendu de lecture.

 

La disgrâce » de J. M. Coetzee
« David Lurie, 52 ans et deux fois divorcé, enseigne la poésie romantique et la communication. Encore très séduisant, ce Don Juan de campus se laisse aller à un dernier élan de désir et d’amour avec une jeune étudiante. Mais suite à cette aventure, il doit démissionner. Récit autobiographique. »

Ce roman, bien que sombre, a suscité un engouement unanime de la part des membres du club

• Un film a été adapté du roman avec John Malkovich dans le rôle de David Lurie (2010)

♠ – la narration et la relation des états d’âme du personnage principal (à la troisième personne) contribuent à la froideur du roman et à aucun moment l’auteur ne pénètre dans les pensées ni nous fait part des sentiments et émotions des autres personnages
« Les Soldats de Salamine » de Javier Cercas
« Dans les derniers jours de la guerre civile espagnole, l’écrivain Rafael Sanchez Mazas, un des fondateurs de la Phalange, échappe au peloton d’exécution des troupes républicaines en déroute grâce à un soldat qui, bien que l’ayant vu, lui laisse la vie sauve. Soixante ans plus tard, un journaliste s’attache au destin des deux adversaires qui ont joué leur vie dans un seul regard et entreprend de recueillir des témoignages pour transformer cette histoire en fiction.»

– Pourquoi un soldat républicain a-t-il épargné Sanchez Mazas, poète franquiste ? Cette question intrigante

♠ – de la déception : l’attente liée à cette intrigue était très forte. Or, la première partie avec cette longue succession de personnages rencontrés par le narrateur (témoins ou apparentés) est très fastidieuse. A la fin de cette première partie sans mouvement ni dynamisme, le roman n’a guère avancé. En fait, seule la 3e partie s’avère réellement intéressante et rachète tout le livre
– de la frustration : la Guerre civile espagnole (les origines du conflit, ses développements, la Phalange) n’est finalement guère exposée
Vous pouvez réécouter en poscast l’entretien de Javier Cercas enregistré lors de l’émission « La grande table » (France Culture)
http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-javier-cercas-2014-01-24

« Cœur de chien » de Mikhaïl Boulgakov
« Un illustre professeur, spécialisé dans le rajeunissement des êtres humains, tente une expérience sur un brave chien ramassé dans les rues de Moscou. Il lui greffe l’hypophyse d’un individu qui vient de mourir.
Résultat inattendu : l’animal se métamorphose en un petit homme ivrogne, grossier et méchant. L’explication est simple : le ” donneur ” était un voyou alcoolique et sans scrupule. Et voilà notre professeur harcelé et poursuivi par des comités et des commissions étatiques et prolétariennes en tout genre, guidés et fanatisés par le chien devenu homme. Et pire, homme de parti ! Comme toujours chez Boulgakov, l’irrationnel, la dérision et la folie rejoignent une cauchemardesque réalité. »

– mélange de satire politique et de fantastique avec un brin de cocasserie et d’humour dans de nombreuses expressions. « L’aspect métaphorico/pastiche que fait l’auteur de la société soviétique : la caricature, l’excès, au point de dépasser tout esthétisme ou toute forme convenue (Un peu comme pouvait le faire Federico Fellini dans beaucoup de ses films, ou Ionesco dans quelque uns de ses livres) »



♠ – Difficulté pour certains à entrer dans cette histoire jugée trop irréaliste et trop déroutante

« Livre en nous » Club de lecture à Paris

Avis sur LEURS écrits

 

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