1 avis sur écrit est souhaité par Eric Veille

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Boréaléas

Dessus la tête frondeuse aux voltes saoules

Sort luisant et glacé le fer bleu ébréché

De la framée où danse l’aveugle trophée

Qui salut à la ronde et bave sa houle.

 

A son chef fendu, une fontaine d’aura

Eclaire des pièges à fées verts et mauves

Et signe la tranche de son destin chauve,

De gerbes irisées, son accroc sur la soie.

 

Sa chair rouge et ronde hérisse encore sa joue

Où ronflent des noms brefs conjurés dans le sang

Et s’enroulent, poisseux, des reptiles hors du temps

Qui coulent de sa lèvre dans des vapeurs floues.

 

Mais au faîte écorché où l’humeur se vide,

Son fantasme salé cède à l’immensité

Et livre à la nuit de pales visions gelées,

Sillonnant sobres et propres ce pole aride.

 

Le vent pulvérise la trace fragile

Des maigres avances de ces forçats blanchis

Qui fêlent le silence et se retirent, honnis,

Dans l’étendue de leur noblesse fébrile.

 

Serrant le chemin de la mort apatride,

A la grâce rare d’une rive errante,

Ils s’absentent sous la nue basse et cinglante,

Polis par la bise et les courants avides.

 

Là, la cendre de l’air épuise la couleur,

La gloire des déserts endort un rêve osseux ;

Là, l’haleine des loups est un son langoureux,

Ô Déesse, un hymne à la dernière vigueur.

 

La plainte est merveilleuse et se répand partout.

Sa mélopée s’enfle de tes soupirs sacrés,

Se charge des larmes par tes prêtres humées

Dans les brumes molles qui montent de ta toux.

 

Tout semble s’accorder d’une trêve infinie :

Les folles créatures au pouvoir faillible,

Seules, soumises par la note inflexible,

Honorent de leur mère le charme sali.

 

Le grand ours puissant, lui, dédaigne le dictat,

Oppose à la rumeur la muraille d’un flanc,

Lui si près de la terre, qui y retourne souvent,

Car il berce, preux savant, le songe en l’état.

 

Tes plus dignes enfants animent ta froideur ;

Tourne, marâtre, éprise d’un beau cœur brûlant,

Entrouvre tes lèvres à sa conquête d’amant,

Puis étire un front haut, sous la moue de tes

Sœurs…

Ta belle volonté d’un caprice distinct

Oppose des hivers à ton exil froissé

Et se pare d’une exubérance blasée,

Agitant l’éclat d’un diadème cristallin.

© Eric Veille 2015



La littérature est-elle le socle des Arts ?

arts » Pourrait-on s’attendre à produire de bons films dans un environnement où la Littérature n’est pas suffisamment promue ; les hommes de Lettres encouragés, mis en avant, et même, pour les plus doués, célébrés par des distinctions et des hommages officiels et médiatiques ?

Reformulons la question autrement
La littérature n’est-elle pas le socle granitique des Arts dramatico-cinématographiques, et même, dans une certaine mesure, de la bonne musique ?
Exemples : Les grands classiques hollywoodiens ne sont-ils pas pour la plupart inspirés de romans à succès ? La mélodieuse musique de Cabrel ne tient-elle pas pour beaucoup du caractère poétique de ses textes ? Les textes de Tupac (oui, le gangsta-rappeur !) n’avaient-ils pas été étudiés dans certains lycées américains pour leur qualité littéraire ?
Et le traditionnel conteur africain, fût-il bon joueur de Mvet, pourrait-il tenir l’auditoire en haleine s’il n’a pas d’abord en lui de la verve littéraire à revendre ?

On pourrait se poser la question de moult autres façons, la réponse serait toujours plus ou moins celle-ci : Subventionner, sponsoriser des festivals, des spectacles de musique, de cinéma et même de comédie sans commencer par investir en amont dans la Littérature, la mère nourricière de tous ces arts, reviendrait tout simplement à mettre la charrue avant les bœufs, et l’on ne pourrait que s’attendre, à moyen ou à long terme, à des résultats conséquents »

Texte de Julie des Montagnes (Palabre intellectuelle)
publié avec son aimable autorisation

Je me permets d’ajouter à cette réflexion pertinente, qu’au départ de la littérature est l’écriture, socle de la plupart des arts.
Ecriture, rarement promue hors du système scolaire, et encore…




1 avis sur écrit est souhaité par Céline M

1-avis-sur-ecrit« Je souhaite partager une nouvelle que j’ai écrite. Merci pour votre lecture. Céline ».

Hors-jeu

Le ballon atterrit à ses pieds. Tous les regards se tournèrent vers lui. Un silence abyssal envahit le stade. Les supporters retinrent leur souffle. Enrique le jaugea. Son emplacement était idéal pour tirer et faire remporter à son équipe le point qui leur vaudrait la victoire.

À la surprise générale, le jeune joueur en décida autrement. Il fit une passe à un membre de l’équipe adverse. Incompréhension dans les tribunes. Déception chez les joueurs. Embarras sur le banc de l’entraîneur.

Enrique, par son geste contrôlé, avait sonné le début assuré du scandale et dans le même temps, la fin inéluctable du club.

Le retour au vestiaire se déroula en silence. Têtes baissées. Chacun muré dans ses propres pensées mais tous habités par la même peur. Le seul joueur à regagner les coulisses la tête haute fut Enrique. Il assumait et revendiquait ostensiblement son acte. Son visage impassible et la dureté de son regard étaient là pour en témoigner.

– Combien tu veux ? lui demanda Rodriguez qui avait attendu que tous les autres joueurs aient quitté le vestiaire.
– Je ne te demande rien, répondit Enrique. Laisse-moi passer.
– Tu montes tout ça en épingle, Rique, ce n’est qu’un jeu, se radoucit l’entraîneur.

Enrique ne répondit pas. Rodriguez allait encore essayer de l’amadouer. Il se méfiait. Il devait tenir bon.
Rodriguez, qui sentit la vulnérabilité de son capitaine, lui passa la main sur la nuque avant de descendre dans le dos.
Le jeune homme serra les dents. Il sentit la rage monter en lui et, en écho, l’humiliation. Il retint ses larmes.

– J’ai énormément de respect pour toi et tu le sais, poursuivit l’entraîneur. Je t’ai toujours considéré comme mon fils depuis le jour où tu es arrivé dans le club. J’ai toujours cru en toi et tu as toujours été récompensé à la hauteur de tes performances, il me semble.

– Oui, reconnut Enrique en redressant la tête.

– Alors, ce serait dommage de tout gâcher pour des broutilles, non ? Tout ce qu’on a construit ensemble. On forme une équipe, Rique. On ne fait rien de mal tu sais. Le football exige une discipline irréprochable et tu es bien placé pour le savoir.

– C’est sûr, approuva-t-il.

– Les gens ne pourraient pas comprendre ce qu’on vit. C’est trop fort. C’est notre univers. Notre univers de champions. Mais nous on va au bout des choses, on se surpasse, c’est ça qui est formidable. On vit des expériences uniques.

Enrique acquiesça d’un hochement de tête.

– La famille, les amis, ce ne sont pas eux qui te donnent la gnak, qui te boostent et qui te poussent à l’extrême, poursuivit Rodriguez qui sentait opérer l’influence qu’il exerçait sur son jeune joueur. C’est l’énergie qu’on a créée au sein de l’équipe toi et moi Enrique qui nous porte, qui nous porte tous.

– Je sais tout ça, répondit-il. Enrique se détendait. C’est juste que parfois, je me pose des questions et …

– Ttt-ttt-ttt, le coupa Rodriguez. C’est normal ça, le rassura-t-il. J’étais comme toi à ton âge. On a tous des moments de doute, même les meilleurs.

L’entraîneur agrémenta son compliment d’un clin d’œil et lui passa la main dans les cheveux.

– Je ne t’en veux pour ce que tu as fait ce soir, poursuivit-il. Mais promets-moi de toujours garder à l’esprit que l’équipe est la seule valeur à laquelle on peut croire, ok ? S’il y en a un qui tombe, c’est tout le monde qui s’écroule.

– Entendu, lui répondit-il en esquissant un sourire. Je ne déconnerai plus. Promis.

Rodriguez baissa son pantalon et conduisit, d’un geste calme mais qui ne laissait pas de place à un refus, le visage d’Enrique à ses genoux.

– N’en parlons plus, lui souffla-t-il.

– C’était l’heure des explications ? interrogea une dame aux couleurs de l’équipe qui attendait, impatiente, devant les grilles du stade.

Rodriguez et Enrique s’approchèrent d’elle.

– Ca méritait un petit débriefing, en effet, répondit d’un ton bienveillant Rodriguez. Mais pas d’inquiétude. Tout est ok, la rassura-t-il.

– Allez viens maman, on rentre à la maison. J’ai encore beaucoup de devoirs à faire pour demain et je suis crevé, dit Enrique, le regard fuyant, en s’engouffrant dans la voiture, côté passager.




Genèse d’une idée par Laurence Noyer

Ci-dessous, Laurence Noyer nous explique en détail comment lui vient une idée pour répondre à une proposition d’écriture :

Création et genèse d’une idée pour un exercice créatif proposé par Pascal Perrat le 07 juin sur la proposition suivante : « Toute sa vie elle avait couru devant,croyant que ceux qui la suivaient couraient après elle. Un jour, elle décida de se laisser doubler. »

Voici, minute par minute et même seconde par seconde, la décomposition de mon travail et les déambulations de mon esprit pour parvenir au texte final.

1 – J’écris la phrase sur une feuille pour m’en imprégner. J’écris vite volontairement pour que certains mots se déforment, des lettres disparaissent ou en forment de nouvelles, de nouveaux mots apparaissent. Par exemple, vie devient vue.

2 – Je laisse des images se former en lisant le texte : «  voir ceux qui suivent » = rétroviseur = miroir. (première piste)

3 – Qui est « elle » ?

4 – Je cherche des expressions avec courir et j’en invente moi-même : Je me souviens que Proust, que je lis actuellement, parle des odeurs, des sons qui arrivent vers lui, qui le précèdent. =remplacer courir par accourir

5 – Je pense aux endroits de mon enfance = Je relis le texte = elle, c’est la vue. Ceux qui suivent, les autres sens : odorat, gout, toucher, ouïe. Je réécris tout le texte en remplaçant ces mots : « Toute sa vie , la vue avait couru devant,
croyant que l’odorat, le gout, le toucher, l’ ouïe qui la suivaient
couraient après elle.
Un jour, la vue décida de se laisser doubler… » = Je vois une nouvelle idée à exploiter : VOIR DOUBLE

6 – J’aimerais faire 5 strophes avec l’idée qu’à chaque fois un des sens se fait doubler un autre, mais sans les nommer. Garder « elle » pour le suspense.

7 – Je cherche ce que j’aime voir, entendre, toucher, sentir = Je note les vagues, le vent, l’odeur du matin…

8 – Je sens que je cale, ça part un peu dans tous les sens, certaines idées, certains concepts, s’amoncellent, mais rien de concret ne jaillit. Il faut trier, il faut surtout faire une pause. Et que mon texte se pose.

9 – Je regarde l’heure, il est 12h26 = en écrivant, ces chiffres, je sens (physiquement) que quelque chose se passe en moi, c’est ce qu’on appelle le déclic, la sensation qu’il faut creuser, qu’il y a matière à réflexion et je découvre une nouvelle piste : les AIGUILLES d’une montre.

10- Je note quelques expressions en rapport avec les heures :    « au quatrième top il sera », « 1,2,3, soleil » = et là je vois une trotteuse se retourner vers les autres aiguilles. Non seulement je la vois mais je SUIS (du verbe être) la trotteuse

Emboîtant le pas à cet article très intéressant, j’ail créé une courte vidéo
dans laquelle j’explique comment j’ai trouvé l’idée de l’exercice 237

Et vous, comment procédez-vous pour trouver vos idées ?  

Pour aller + loin voir : Mes astuces pour trouver des idées




Au sujet du détecteur de clichés

J’ai reçu ce commentaire de la part d’un abonné* au blog :

« J’ai testé votre modèle de détecteur de clichés (ma hantise ).

Résultat de l’analyse:

Clichés de maladresse: 0
( Euréka ! Je jubile )

Clichés facilités: 1% exemple : à l’oeil, comme quatre, rentrer dans le lard, à gorge déployée, du beurre dans les épinards.

De mon point de vue, ce sont des expressions soit dites dans les dialogues d’une famille populaire ou dans le style indirect libre. Faire dire, par exemple: « J’ai mangé à satiété  » par un maçon en 1940, ça ne serait pas très juste.

Je me suis amusé à coller des extraits de Swann, Bovary, et l’Étranger. Des références ! Les auteurs en utilisent aussi (moins, Proust !). Par contre, dans l’analyse des mots à tout faire, tous ces grands auteurs en abusent.

9% chez Flaubert, Plus de 10 % chez Proust, 13 % chez Camus.

Perso, j’en ai 7 %. Comment se passer des verbes et mots ternes (avoir, être, dire, faire, voir ou et, qui… )

J’ai fait personnellement la chasse aux « que » trop nombreux hors utilisation du subjonctif. Pour en revenir au cliché « expression « , doit-on tout renouveler ? Il est clair qu’il faut éviter : un rai de lumière, des myriades d’éclats…, mais qu’est-ce qu’on en trouve chez les meilleurs éditeurs !  

Quelques précisions

Le détecteur de clichés que j’ai créé et financé grâce aux dons versés à l’association Entre2lettres n’est qu’un outil destiné à à repérer les phrases stéréotypées dans un texte. Ces formules toutes faites qu’on ressasse souvent à l’oral comme à l’écrit.

Pareil, pour les maladresses ou les mots à tout faire.

Mais revenons aux centaines de clichés que j’ai recueillis au fil du temps. Que fait le détecteur quand on lui soumet un texte ? Il le compare à sa base de données et les signale. Point barre (cliché)

Après, c’est à l’auteur du texte de faire preuve de bons sens. De s’interroger s’il doit supprimer tel cliché ou le conserver selon le contexte.

Il est évident, quand il s’agit d’un dialogue ou d’un monologue, qu’un ou plusieurs clichés sont acceptables, voire nécessaires, tout dépend du statut ou niveau social des personnages qui s’expriment.

S’agissant des maladresses, tels les pléonasmes ou les faux amis par exemple, plus elles sont nombreuses moins elles sont pardonnables. C’est toujours rédhibitoire pour un comité de lecture.

Pour les mots à tout faire, (avoir, être, dire, faire, voir ou et, qui, il, elle, etc. ) ce n’est pas parce que le détecteur les souligne qu’il faut tous les supprimer. C’est impossible.

Ne soyez pas plus royaliste que le roi. Il n’est pas question de perdre le sens d’une phrase pour faire plaisir au détecteur !

En revanche, si le détecteur vous signale une phrase truffée de « ET », comme celle qui suit, arrangez-vous pour en supprimer ou remplacer quelques-unes de ces conjonctions de coordination : « Il trouva des bougies dans un tiroir de la cuisine et en alluma deux et fit fondre la cire sur le plan de travail et les posa droites dans la cire. Il sortit et rapporta encore du bois et l’empila à côté de la cheminée. »

Pareil pour « ETRE », « FAIRE », « AVOIR », « IL » ou « ELLE »

Tout n’est qu’une question de bon sens et de bon style. CQFD

* Merci Gaston pour ce sujet de réflexion




La création de mon livre, par Daniel Mathieu

l-ultime-foie-D-M

Je ne suis pas novice dans l’écriture et la publication d’un livre. C’est donc appuyé sur une solide expérience que je me suis lancé dans l’édition du récit des trois années du parcours avec la maladie culminant sur la greffe du foie et ma convalescence.

L’écriture de ce récit est avant tout pour moi un chemin solitaire et strictement personnel. J’écris pour moi. Je me raconte. Même si j’ai le projet de publier ce que j’écris, et donc de concevoir comment un lecteur potentiel réagira devant telle phrase, tel paragraphe ou telle page, je ne cherche là qu’une auto critique imaginaire. Personne ne lira le manuscrit avant qu’il ne s’achève, même si je peux en lire ou en raconter des extraits à mes proches. Mon processus est simple dans le cadre de ce récit : je suis le fil des pages de mon carnet de notes et je les organise en fonction du calendrier (réel ou le plus probable, en fonction de ma mémoire). Je réorganise les paragraphes de la façon qui me semble la plus cohérente. Parfois, sous l’impulsion créative, je peux écrire dans le désordre chronologique pour ensuite glisser l’article dans la suite logique du récit. J’avance, j’ajoute, je corrige, je retranche, je réorganise, j’écris. Chaque jour je commence par relire ce que j’ai couché sur papier la veille avant de laisser couler la suite. Ainsi, jusqu’au point final.



Je travaille énormément la première phrase, le premier paragraphe, le début. Il doit m’accrocher par les tripes. Je dois avoir envie de lire la suite. Sinon je recommence maintes fois. C’est pareil pour la conclusion. La correction du manuscrit est très ardue pour moi : lire, relire, corriger, reprendre, peaufiner, élaguer, l’essentiel, le superflu, l’orthographe, la grammaire, la conjugaison, les accords, les répétitions, les clichés, élagage, élagage, élagage… Quand j’en viens à connaître le texte par cœur, il est temps d’être relu par autrui car je ne progresse plus.

Le format de publication s’est imposé en fonction de l’objectif que j’ai choisi d’atteindre : un projet de levée de fonds pour des associations caritatives de mon choix. Alors que je me suis laissé tenter un temps soit peu par les offres des maisons d’édition à compte d’auteur (ECA), en fait, je n’y trouvais pas mon compte financièrement puisque que je ne toucherais qu’entre 10 à 40% des profits. Une peau de chagrin ! Compte tenu du prix à verser à l’ECA à titre de « participation aux frais », il me revenait moins cher de payer directement l’impression moi-même et de financer le ebook. Et je conservais 100% de mes droits d’auteur et des revenus du prix de vente, au profit de ma levée de fonds caritative. Donc, un scénario imbattable financièrement.
Sauf qu’il me fallait prendre seul toutes les décisions et encourir seul tous les risques. Cela n’est pas donné à tous les « créatifs ». Artiste n’équivaut pas à vendeur. Créer est un don ou un art, mais diffuser, promouvoir et vendre est une profession. Elle s’apprend pour qui a le temps et l’énergie. Ou la bourse bien remplie pour retenir la personne compétente.

Mon premier roman (350 pages A5) a été publié à compte d’éditeur en 2002 en 1 750 exemplaires et mes droits d’auteur me revenaient à 10% du profit. Malgré un salon de livre organisé par l’éditeur, le stock de livres s’est vendu grâce à mes initiatives : signatures, ateliers de lecteurs, conférences, liste d’amis et de contacts.
Mon second roman (250 pages A5) que j’ai publié avec un éditeur en ligne (sans stock pré-imprimé) ne m’a rien rapporté non plus ; il fallait payer pour faire de la pub et je n’ai pas voulu.
J’ai payé pour les services professionnels de correction et mise en page (350€). La vente par le biais d’internet me suffisait. Mon troisième livre (150 pages A4 avec CD photos) était destiné exclusivement à ma famille alors je suis passé en direct par un imprimeur local, un projet valorisant à un coût minime (5 € l’exemplaire) pour un contrôle absolu de l’ensemble du processus.

Internet aidant, et m’appuyant sur mon expérience de créateur de blogs antérieurs, j’ai lancé mon blog pour y afficher les articles à la base de mon récit. J’y ai ajouté des photos et je l’ai complété par des références, des liens et des ressources. La mise à jour garde le blog vivant. Trois mois après la greffe, le blog fonctionnait.

De là, j’ai entrepris l’affichage du manuscrit en format ebook. Internet aidant, j’ai trouvé le bon consultant qui a pris en charge l’aspect technique et la mise en ligne chez les quatre principaux distributeurs (pour 150 €).
J’ai fait ma demande en direct pour un numéro ISBN.
J’ai cherché en ligne et acheté la photo de couverture qui me plaisait pour le livre, j’ai fait la mise en page, le pdf et remis le tout à mon consultant et Pouff ! Voilà ! Le ebook était accessible en ligne en un mois pour moins d’un euro. Là, encore je n’ai pas choisi l’option « pub ».

Phase suivante : le choix de l’imprimeur pour l’auto édition du livre. Internet aidant, à la suite de divers contacts et demandes de devis, j’ai trouvé « mon » imprimeur.
Il m’a fourni la matrice qui me convenait, j’ai reformaté le manuscrit et il m’a produit le B.A.T. (papier) avec ma couverture « améliorée » par sa graphiste pour un léger supplément (150€).
J’ai obtenu de nouveaux numéros ISBN (il en faut pour chaque format : électronique et papier).
J’ai relu et recorrigé le texte avec l’aide de ma compagne pour qu’il me plaise vraiment. L’imprimeur m’a produit un nouveau B.A.T. électronique pour un léger supplément convenu d’avance (50€).
Relu et approuvé, il partait pour les presses. Sorti tout chaud de l’imprimeur, j’allais chercher les 150 exemplaires de mon premier tirage mi avril, après avoir enclenché le processus mi février (à savoir que c’était le délai qui me convenait ; le délai de l’imprimeur était trois fois plus court). Mon prix : 5,23€ l’exemplaire, tous frais compris, 125 pages, format A5. Les prochains tirages du livre, bien sûr, seront encore moins chers.
Et je suis absolument ravi du produit fini. Un bel accomplissement !

Le livre est disponible en me contactant.
Il sera principalement diffusé par le biais des associations caritatives que j’ai retenues.
ADOT-France qui œuvre pour le don d’organes. C’est un don de foie qui m’a sauvé la vie.
Le FONDS-CSP qui lève des fonds pour la recherche sur la cholangite sclérosante primitive. Je veux donc les soutenir. Je communique avec d’autres associations pour la diffusion du prochain tirage.

Quoiqu’il advienne de ce projet, j’aurais tenu la promesse que je me suis fait suite à la greffe : partager mon témoignage s’il peut aider d’autres comme moi. J’ai tout raconté de ce que j’ai appris sur ce parcours. C’est disponible en trois formats et auprès de diverses sources. Les revenus générés lèvent des fonds pour des associations caritatives méritoires. Tant que l’initiative continuera de susciter de l’intérêt, j’en ferai la promotion. En attendant, j’ai le sentiment de respecter ma mission et de valoriser les cadeaux qui ont prolongé ma vie.

Daniel Mathieu




1 nouvel avis est souhaité par Waryam

1-avis-sur-ecritUn souffle sur le cou

Qui n’a pas connu ce terrible moment de doute, avec le sentiment que le monde allait lui tomber sur la tète. Rassurez-vous. Le monde ne tombe pas. La pomme de Newton, elle, elle est tombée et peut-être que quelqu’un est passé pour la ramasser. Nous aussi nous tombons, mais ce qui est merveilleux, c’est que nous pouvons nous relever, en nous appuyant bien sur les genoux et les mains, sans attendre que quelqu’un vienne nous ramasser à la cuillère. Et ce qu’il y a d’encore plus merveilleux, c’est que nous pouvons éviter de trébucher une deuxième fois.

Il t’arrête n’importe où, au mois de Mars ou bien d’Août.

Tu le sens tout à coup, comme un souffle sur le cou.

Il te grise ; tu vois flou ; tu risques le tout pour le tout.

Tu cours, tu sautes, tu ris, mais tu pleures surtout.

Tu le chantes, tu le cries. L’amour, ça nous rend fou.

Tu en parle à tes amis, tu l’arbores comme un bijou.

Avec lui, tous tes verbes, se conjuguent au pronom nous.

Sous tes pieds, tu ne sens plus l’herbe, tu vis sur un nuage doux,

Dans un monde superbe, sans pesanteur, ni méchants loups.

Avec lui, tu mets les voiles, tu navigues de bout en bout.

Tes secrets, tu lui dévoiles. Tu lui caresses la joue,

Dans le sens du poil, il ronronne ton toutou.

Il t’aime jusqu’à la moelle, il te le dit à genoux.

Un matin, comme une ombre, ou comme un mauvais sort,

Dans tes mains, il se cambre, il te griffe, il te mord.

Tu crains que tout s’effondre, à lui tu tiens encore.

Lui, tu l’entends prétendre, qu’il ne sait pas encore.

Tu te moques de ces méandres, tu le supplies si fort,

Qu’il essaie d’être tendre, de t’apporter du réconfort.

Mais tu refuses de comprendre, et tu lui colles tous les torts.

« Tu me laisses sous les décombres, sans peine et sans remords ?»

Tu pleures, tu fais la moue. « Je vais mourir si tu parts ».

Tu l’embrasses partout. Tu sais pourtant que c’est trop tard,

Qu’il faut oublier ce minou et larguer les amarres.

Tu sèches tes larmes, tu te secoues et tu te joints aux fêtards.

Avec la vie, tu renoues, et tu oublies les mots geignards.

Malgré tout ça, tu restes debout. Avec le temps, tout se répare.

Tu es en vie. Tu as tes atouts. Toutes les plantes ont leur nectar.

Là où te mène ton frou-frou, sur tous les quais, à toutes les gares,

Tu  cries ce conseil un peu fou, qui peut servir à tout hasard,

Vous aussi n’ importe où, sur la chaussée, sur un trottoir,

Un souffle magique sur le cou, peut vous atteindre tôt ou tard,

Soyez prudents et rappelez vous, prenez toujours un foulard.
Waryam

 




1 avis sur écrit est souhaité par Waryam

1-avis-sur-ecritPain de campagne

Hammamet, en fin d’après-midi d’un fébrile mois d’Août.
Le soleil était maintenant plus clément. En clignant des yeux, j’arrivais même à le regarder en face. Nous avions eu du mal à nous arracher à l’eau.
Les enfants se chamaillaient encore, mais leur excitation ne tarderait pas à succomber aux bercements de la voiture. Dans le rétroviseur, leurs visages halés respiraient toutes les joies vécues pendant cette journée à la plage.
J’espérais trouver encore des vendeurs au bord de la route.
Du pain de campagne et une omelette feraient un bon dîner. J’en voyais un. C’était une enfant.
J’appuyais sur le bouton, la vitre automatique était descendue, découvrant un petit visage brûlé par le soleil.
– Bonjour. Donnes moi deux pains.
– S’il vous plait, prenez les quatre pains qui me restent, s’il vous plait. Comme ça, je pourrais rentrer.
– C’est loin chez toi ?
– Non. Deux kilomètres.
– D’accord, je vais les prendre mais tu rentres vite, avant qu’il ne fasse nuit.
– Merci madame, merci.

Tunis, en fin d’après-midi d’un rude mois de Février. Il pleut.
Le froid arrogant fige les plantes de mon jardin. Le temps est mauvais mais il est beau à voir, de la fenêtre de ma chambre chauffée.
Soudain, son visage me revient. Où est-elle ? Au bord de la route, attendant que quelqu’un s’arrête et veuille bien lui acheter les derniers pains qui lui restent ?

Je ferme les yeux et des flashs de sa vie défilent devant moi.
Toute la nuit, tu rêves, tu erres ; comment dormir sous ce fin drap ?
Par ce matin sombre d’hiver, où même ton lit est bien trop froid,
Tu te lèves tôt pour faire la guerre, à une journée pleine d’arias.
Tu fais tout ça pour tes trois frères, ta petite sœur et ton papa,
L’école, la bouffe, sont tellement chères, que son salaire ne suffit pas.
Pour les aider dans cette misère, tu ferais tout et n’importe quoi.
Tu te réveilles la premièr pour allumer le feu de bois.
Tu y vas toujours avec ta mère, ici les femmes, c’est fait pour ça.
La fumée brûle tes paupières, puis l’habitude reprend le pas.
Le premier pain cuit sur la pierre, apaise enfin ton estomac.
Tu vois ta mère qui récupère, le dernier pain avec ses doigts,
Ils sont rugueux bien que naguère, ils étaient lisses comme la soie,
Mais ses caresses sont si sincères, qu’elles sont pour toi source de joie.
Il faut faire vite et tu espères, que vous pourrez vendre tout ça.
L’autoroute est là, pas loin derrière et les camions passent déjà.
Sur le chemin, le froid vous serre et vous étouffe entre ses bras,
Vous marchez vite, la bouche amère, et sur le sol, tu entends ses pas,
Ils te murmurent une prière, qui chaque matin te donne la foi :
« Je remuerais, le ciel, la terre, si je pouvais t’éviter ça. »
Waryam




LIVRE EN NOUS critique littéraire d’un club de lecture (7)

« Charlotte  » de David Foenkinos

« L’histoire de Charlotte Salomon, une artiste-peintre juive allemande, déportée à Auschwitz à 26 ans. Avant sa mort, la jeune femme parvient à confier ses toiles, principalement autobiographiques, aujourd’hui conservées au musée juif d’Amsterdam. »

–  un véritable choc, une émotion intense ressentie à la découverte de l’histoire de cette famille marquée par une succession de suicides, de cette jeune fille juive conduite inexorablement à Auschwitz

– tous ces questionnements : quelle est la part du réel découvert par l‘auteur et l’imaginaire créé par lui, du vécu vrai de l’histoire entre Charlotte et Alfred et des propres fantasmes de la jeune fille ?

– pour certains la confirmation d’un auteur de talent découvert grâce à ses livres précédents (« La délicatesse » « Souvenirs ») ; pour d’autres, peu enthousiasmés au contraire à la lecture de ces mêmes ouvrages, la découverte d’un auteur qui méritait amplement une seconde chance

–  une forme d’écriture originale, de la poésie en prose – dont certains ont craint d’être rebutés et qui ont été finalement séduits. Cette forme d’écriture tend à alléger une histoire poignante, à libérer le lecteur d’une oppression en rendant plus respirable cette insoutenable tragédie et maintient malgré tout l’émotion dense et intacte

– La publication de cet ouvrage ainsi que les deux prix attribués (Renaudot et Goncourt des lycéens) ont sorti de l’anonymat une artiste d’un immense talent injustement méconnue du grand public. Les membres du club espèrent que la notoriété née de la publication du livre de Foenkinos suscitera de la part de galeristes ou de directeurs musées l’idée de mettre en place des expositions sur ses œuvres

– l’aspect « documentaire » «recherche biographique » intervenu au milieu du livre a été jugé dérangeant. Il aurait mieux trouvé sa place dans un prologue

Vous pouvez consulter sur YouTube plusieurs interventions de David Foenkinos sur son ouvrage notamment :

https://www.youtube.com/watch?v=-AIcXMLoKTQ

https://www.youtube.com/watch?v=clIbzmIMCyU

« Maus » d’Art  Spiegelman

« Spiegelman nous raconte l’histoire de son père, rescapé des camps de concentration. L’histoire alterne les rencontres entre l’auteur et son père et les souvenirs du dernier. Heureusement, les vignettes « contemporaines » injectent une dose d’humour grâce aux dialogues entre le père et le fils, car le reste est proprement effroyable. Ce destin particulier est peut-être plus touchant que l’histoire globale de l’holocauste.

On s’attache à cette famille parce que l’on apprend à la connaître, elle prend pour nous une réalité qui fait ressortir l’horreur. »
–  il s’agit d’une BD de grande qualité – peu facile d’accès – et de littérature au vrai sens du terme. Beaucoup de réalisme tant dans le texte que les dessins malgré le fait que ce soit une BD

  • bien que l’histoire de la Shoah ait fait l’objet de multiples fictions, celle-ci parvient à nous surprendre et à nous interroger encore et encore
  • le parti pris de la BD, d’abord plus facile, a pu ou peut inciter les jeunes générations, a priori peu intéressées par l’Holocauste, à la découvrir par ce genre littéraire et, de plus, alléger l’oppression ressentie à la lecture
  • le choix du noir et blanc est justifié en raison du fait que ce soit la guerre et qui plus est d’un épisode particulièrement horrible de celle-ci

–   la caricature du Juif avare et prêt de ses sous a été jugée gênante

  • le fait qu’une telle tragédie soit représentée par des animaux et de plus dans une BD genre jugé un peu léger en a incommodé certains
  • les clichés sur le choix des animaux censés représenter les humains par nationalité ou religion : les souris (les Juifs) chassées par les chats (les Nazis), les cochons (les Polonais), les chiens (les Américains), la grenouille (la Française) et les porcs-épics (les Israéliens qui ne figurent pas dans la BD mais il s’agissait d’une intention de l’auteur)
  • cette histoire familiale et personnelle est traitée de manière très détachée, peut-être en raison de la distance instaurée entre le père et le fils, du fait que ce soit une BD, de la narration d’Auschwitz faite à des moments indus et dans des endroits peu appropriés (sans qu’aucune intimité entre père et fils ne soit préservée)
  • beaucoup de difficultés à entrer dans cette BD en raison du graphisme noir voire sombre.



1 avis sur écrit est souhaité par Vincent Beau

1-avis-sur-ecritPour racines

De toute éternité

J’ai senti peser sur moi

Confusément

Le poids écrasant des souffrances de mes ancêtres

Les massacres perpétrés

Et la terre défendue

Aux confins des plaines gelées

Et puis la longue marche vers le sud

A travers de noires forêts

Et l’espoir levé et les genoux ployés

A la découverte du très grand fleuve

J’ai tant vécu savez-vous

J’ai traversé les siècles sous des formes diverses

Le génome corrompu et comme mis en abysse

Rien ne m’est sûr aujourd’hui vraiment

De ces souvenirs partagés

Je sais seulement que je viens du nord

Qu’avec ma horde

J’ai quelque jour franchi la limite

Traversé la grande eau glaciale

Et imploré de nouveaux soleils

A bien y regarder

Les fragments mystiques venus du sud

M’ont de tout temps laissé indifférent

Je ne comprenais ni le livre ni la parole

Et même à la parfin des âges païens

Je préférais fuir au cœur des forêts profondes

Préférant l’Irminsul

Au dieu faible et mort que l’on me priait d’adorer

Trop de mièvrerie

Définitivement

Etrangères m’étaient la culpabilité

La commisération et les mortifications hypocrites

Mes dieux à moi

N’avaient jamais connu que la force et l’intransigeance

Et les siècles de se tordre

Et le temps d’hésiter

Dans le malstrom crépusculaire

D’un avenir désobligeant

Des Deux Roses

J’ai oublié celle que j’avais choisi

A Constantinople c’est certain

J’ai combattu aux côtés du dernier empereur

J’ai été paysan sans terre

Ouvrier sans espoir

Vendu comme esclave

Molesté emprisonné condamné

Voleur menteur et assassin

Officier sans pitié

Prêtre sans compassion

Et de ces mille regrets et remords

Je ne puis rien absoudre aujourd’hui

Quelque jour je reprendrai le chemin du septentrion

Rejoindre mes racines vandales

Retrouver la mer Baltique

Et qu’elle me reçoive bien

Qu’elle sorte les oriflammes

Qu’elle me témoigne du respect

Sans quoi je pourrai bien la conduire au désespoir

La Muse contrite

Ainsi

Au milieu de la nuit

Une fois nouvelle

Tu aspires à son charme

Tu implores sa sagacité

Son innocence et sa vertu

Tu espères son sourire et son pardon

O elle est si belle quand elle est fière de toi

Ainsi

Tu voudrais tant rallumer le feu ancien

Que coulent à nouveau

Les torrents d’espérance

Ainsi

Il te faut supplier la petite

Une nouvelle fois

Celle que tu as laissé perdre

Tant de fois

O tu sais de qui je parle

La petite éternelle

Celle qui te souriait parfois

Au juste moment

La première ingénue de la réalité onirique

Rappelle toi

Tu t’isolais du bruit

Tu scrutais le fond de ton verre

Tes yeux se fermaient malgré toi

Seul au milieu de tous ces corps

Au milieu du métal

Les étiquettes se confondaient devant tes yeux

Forts alcools heure tardive âme proche de vomir

Elle arrivait alors

Par delà tes larmes imméritées

Elle disait

Je suis le soleil lointain

Mon éclat ne souffre point de nuages

Je te recueille

J’ai tant cueilli sais-tu

J’ai donné tant de réconfort

Pour pauvres caresses

J’ai soigné tant de plaies

Et jamais la moindre reconnaissance

On ne m’est point gré

Quoi

La douceur de mes mains

La joie de ma chair

A des esprits petits

Des illuminations grandioses

Perdues à jamais

Procurées pour rien

Je me sens devenir mauvaise

Elle disait

Sommes-nous revenues vraiment

Pour butors et faquins

Sommes-nous revenues en vain

Les nymphes sylphides du fond des âges de malheur