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Un souffle sur le cou
Qui n’a pas connu ce terrible moment de doute, avec le sentiment que le monde allait lui tomber sur la tète. Rassurez-vous. Le monde ne tombe pas. La pomme de Newton, elle, elle est tombée et peut-être que quelqu’un est passé pour la ramasser. Nous aussi nous tombons, mais ce qui est merveilleux, c’est que nous pouvons nous relever, en nous appuyant bien sur les genoux et les mains, sans attendre que quelqu’un vienne nous ramasser à la cuillère. Et ce qu’il y a d’encore plus merveilleux, c’est que nous pouvons éviter de trébucher une deuxième fois.
Il t’arrête n’importe où, au mois de Mars ou bien d’Août.
Tu le sens tout à coup, comme un souffle sur le cou.
Il te grise ; tu vois flou ; tu risques le tout pour le tout.
Tu cours, tu sautes, tu ris, mais tu pleures surtout.
Tu le chantes, tu le cries. L’amour, ça nous rend fou.
Tu en parle à tes amis, tu l’arbores comme un bijou.
Avec lui, tous tes verbes, se conjuguent au pronom nous.
Sous tes pieds, tu ne sens plus l’herbe, tu vis sur un nuage doux,
Dans un monde superbe, sans pesanteur, ni méchants loups.
Avec lui, tu mets les voiles, tu navigues de bout en bout.
Tes secrets, tu lui dévoiles. Tu lui caresses la joue,
Dans le sens du poil, il ronronne ton toutou.
Il t’aime jusqu’à la moelle, il te le dit à genoux.
Un matin, comme une ombre, ou comme un mauvais sort,
Dans tes mains, il se cambre, il te griffe, il te mord.
Tu crains que tout s’effondre, à lui tu tiens encore.
Lui, tu l’entends prétendre, qu’il ne sait pas encore.
Tu te moques de ces méandres, tu le supplies si fort,
Qu’il essaie d’être tendre, de t’apporter du réconfort.
Mais tu refuses de comprendre, et tu lui colles tous les torts.
« Tu me laisses sous les décombres, sans peine et sans remords ?»
Tu pleures, tu fais la moue. « Je vais mourir si tu parts ».
Tu l’embrasses partout. Tu sais pourtant que c’est trop tard,
Qu’il faut oublier ce minou et larguer les amarres.
Tu sèches tes larmes, tu te secoues et tu te joints aux fêtards.
Avec la vie, tu renoues, et tu oublies les mots geignards.
Malgré tout ça, tu restes debout. Avec le temps, tout se répare.
Tu es en vie. Tu as tes atouts. Toutes les plantes ont leur nectar.
Là où te mène ton frou-frou, sur tous les quais, à toutes les gares,
Tu cries ce conseil un peu fou, qui peut servir à tout hasard,
Vous aussi n’ importe où, sur la chaussée, sur un trottoir,
Un souffle magique sur le cou, peut vous atteindre tôt ou tard,
Soyez prudents et rappelez vous, prenez toujours un foulard.
Waryam